Naples 2060, vers la réactivation d`un territoire volcanique

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Naples 2060, vers la réactivation d`un territoire volcanique
ESA - Ecole Spéciale d’Architecture
DES - Diplôme d’Etudes Supérieures
Villes en Projet Durable et Architecture des Milieux
Roberto D’ARIENZO
Naples 2060
Vers la réactivation d’un territoire volcanique
Directeur d’Etudes
Jury
Chris YOUNES
Stéphane BONZANI
Isabel HERAULT
Alain PELISSIER
Didier REBOIS
Chris YOUNES
PARIS - SEPTEMBRE 2009
1
INTRODUCTION / INTRODUCTION
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PARTIE 1 : SUR LE CONTEXTE
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CHAPITRE 1. NAPLES CAPITALE : LES RAISONS DE L’HISTOIRE
9
1.0 Introduction / Introduction
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1.1 1860 et l’unification de l’Italie : vers la ville moderne
1.1.1 Nouvel Etat, nouvelle Capitale
1.1.2 Le prestige de l’ancienne métropole bourbonienne
1.1.3 Le déclin progressif et le « Ventre de Naples »
1.1.4 Le XIX siècle et l’époque contemporaine
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1.2 Brève histoire de la fondation de Naples
1.2.1 Les contexte historico - géographique de la fondation
1.2.2 La « Grande-Grèce » et les colonisations : Palaepolis et Neapolis
1.2.3 Le choix du site : entre nécessités et symboles
1.2.4 Une ville souvent capitale
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1.3 Les problématiques actuelles
1.3.1 Naples métropole : entre ressources et résistances
1.3.2 La criminalité
1.3.3 Le taux de chômage
1.3.4 Les déchets
1.3.5 L’expansion incontrôlée
1.3.6 La congestion urbaine
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1.4 Des idées et des projets
1.4.1 Une somme de solutions partielles
1.4.2 Vers un regard exhaustif
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CHAPITRE 2. METRONAPOLI : LE DECRYPTAGE D’UNE OCCASION LOCALE
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2.0 Introduction / Introduction
24
2.1 Le nouveau réseau métropolitain : 100 stations
2.1.1 Naples, une « ville poreuse »
2.1.2 La restructuration des transports publics existants : trois instruments majeurs
2.1.3 Le Consortium « Napolipass » et le titre de transport « Unique »
2.1.4 Le réseau des 100 stations
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2.2 La ligne 1 : le métro dell’arte
2.2.1 Une double spécificité
2.2.2 L’hétérogénéité urbaine et la cohérence artistique
2.2.3 Le métro et les changements de la ville
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2.3 Origine du métro de Naples
2.3.1 Les expérimentations et les primats durant le royaume des Bourbones
2.3.2 Lamont Young
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2.4 Enquête dans le métro
2.4.1 Les déplacement urbains et leur perception
2.4.2 Les portes de la ville
2.4.3 Des nouveaux rapprochement urbains : ville réseau et temporalités
2.4.4 Le phénomène de perception de la ville
2.4.5 Les interviews aux usagers du métro de Naples
2.4.6 Le rôle stratégique du « Métro dell’Arte »
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2.5 Vers la durabilité
2.5.1 Un scénario pour la ville de Naples
2.5.2 La région de Naples et la question de l’énergie
2.5.3 Un nouveau regard orienté vers le territoire
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CHAPITRE 3. MARE NOSTRUM ET CAMPANIA FELIX : LA COMPREHENSION DU TERRITOIRE
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2
3.0 Introduction / Introduction
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3.1 Durabilité et Développement Durable
3.1.1 Le concept de durabilité
3.1.2 Le développement durable
3.1.3 Les facteurs critiques du développement durable
3.1.4 Les cinq dimensions du développement durable
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3.2 Climat - Ressources – Civilisation
3.2.1 La gestion des ressources et les civilisations anciennes
3.2.2 Le CO2 et l’effet de serre : la part de la nature et celle de l’homme
3.2.3 L’activité des hommes et les répercussions sur l’environnement
3.2.4 Optimum et pessimum climatiques
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3.3 Environnement : de la Nature au Paysage
3.3.1 Le résultat d’une relation synergique
3.3.2 Le paysage politique et le paysage habité
3.3.3 Le paysage de l’ingénieur
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3.4 Ville et Territoire
3.4.1 Les territoires aujourd’hui : les villes centripètes et les villes centrifuges
3.4.2 La libération du territoire : les prothèses technologiques
3.4.3 La ville contemporaine el les facteurs d’agression du territoire
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3.5 Ville et Energie
3.5.1 Les ressources d’énergie, le fonctionnements de la ville et les formes urbaines
3.5.2 Les villes contemporaines comme systèmes ouverts : la dissipation d’énergie
3.5.3 L’évolution des ressources énergétiques : états de crise et nouvelles ressources
3.5.4 L’apparition des ressources fossiles : la ville verticale et la ville horizontale
3.5.5 Les cinq paradigmes du rapport actuel entre les villes et l’énergie
3.5.6 Les « sustaining technologie » et les « disruptive technologie »
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3.6 Energie renouvelable
3.6.1 Ressources épuisables et ressources renouvelables
3.6.2 Energie hydraulique
3.6.3 Energie géothermique
3.6.4 Energie éolienne
3.6.5 Energie solaire
3.6.6 Energie des biomasses
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3.7 Ville renouvelable
3.7.1 Le système ville
3.7.2 La ville durable
3.7.3 Trois approches envers le territoire
3.7.4 L’approche territorialiste pour une Révolution Energétique Renouvelable
3.7.5 Les cinq aspects de la ville renouvelable
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3.8 Des échelles entrecroisées
3.8.1 La décomposition de la ville en éléments et en relations
3.8.2 Echelle 1 : le bâti
3.8.3 Echelle 2 : le quartier
3.8.4 Echelle 3 : l’urbain
3.8.5 Vers un système écologique en équilibre : la relation avec les éléments naturels
3.8.6 Synergie urbaine
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PARTIE 02 : SUR LE PROJET
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CHAPITRE 4. PHLEGRAIOS : LE CHOIX D’UNE TECHNOLOGIE FEDERATRICE
90
4.0 Introduction / Introduction
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4.1 Volcans et durabilité : la fin d’un oxymore ?
4.1.1 Une nouvelle synergie territoriale
4.1.2 Un nouveau regard sur les volcans
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4.2 Qu’est-ce que la géothermie
4.2.1 Les caractéristiques de la géothermie
4.2.2 La structure du globe terrestre et les ressources géothermiques
4.2.3 Les différents types de géothermie
4.2.4 Exploitation historique de la géothermie
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4.3 La géothermie dans le monde
4.3.1 Le gradient géothermal et les gisements mondiaux
4.3.2 Les deux filières principales de la géothermie dans le monde
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4.4 La géothermie en Italie
4.4.1 Un Pays entre deux plaques de la lithosphère
4.4.2 Des recherches prometteuses
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4.5 La géothermie à Naples : Vésuve et Champs Phlégréens
4.5.1 La Campanie et ses volcans récents
4.5.2 Le « Campi-Flegrei-Deep-Drilling-Project »
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4.6 Les technologies de la géothermie
4.6.1 Les technologies spécifiques et les usages dérivés
4.6.2 La centrale géothermique
4.6.3 La pompe à chaleur
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CHAPITRE 5. NAPLES SOUTERRAINE : LE CHOIX DES LIEUX DU PROJET
105
5.0 Introduction / Introduction
105
5.1 Une reterritorialisation
5.1.1 Déterritorialisation et reterritorialisation
5.1.2 L’identité du territoire : permanences et invariances
5.1.3 Le « génie du lieu »
5.1.4 Les villes et leur cadre géographique
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5.2 Un territoire volcanique
5.2.1 Les deux aires volcaniques
5.2.2 Les Champs Phlégréens
5.2.3 Le Vésuve
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5.3 Naples et son « Genius Loci »
5.3.1 Le Naples avant Naples
5.3.2 Analyse 1 : la morphologie des lieux
5.3.3 Analyse 2 : la morphologie urbaine et celle architecturale
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5.4 L’Italie souterraine
5.4.1 Un paysage articulé
5.4.2 Un réseau magique
5.4.3 Un réseau aquatique
5.4.4 Un réseau funéraire
5.4.5 Un réseau archéologique
5.4.6 Un réseau écologique
5.4.7 Un réseau primitif
5.4.8 Un réseau arabe
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5.5 La géologie napolitaine et la pierre de tuf
5.5.1 La morphologie volcanique : une ossature et un manteau
5.5.2 L’abondance du tuf et la localisation de la ville
5.5.3 Les caractéristiques du tuf jaune napolitain
5.5.4 Différentes méthodes d’extraction
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5.6 Les grottes de Naples dans l’histoire
5.6.1 Une symbiose perpétrée
5.6.2 Les nécessités de l’histoire
5.6.3 Un déséquilibre dangereux
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5.7 Différentes origines pour les grottes de Naples
5.7.1 Les deux catégories principales de cavité
5.7.2 Les carrières suburbaines
5.7.3 Les infrastructures hydrauliques urbaines
5.7.4 Une continuité physique brisée
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5.8 Les grottes de Naples entre réalité et légende
5.8.1 Des liens ancestraux
5.8.2 Des mythes, des croyances et des divinités
5.8.3 Une légende métropolitaine : le monaciello
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5.9 Les grottes de Naples dans les chroniques quotidiennes
5.9.1 Guerre et camorra
5.9.2 Désastres contemporains et déversoirs provisoires
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4
CHAPITRE 6. NAPLES 2060 : L’ENTRELACEMENT DES DONNEES
131
6.0 Introduction / Introduction
131
6.1 Un projet en trois phases
6.1.1 Réactualiser les données et les relations locales
6.1.2 Retisser les possibilités latentes
6.1.3 Un indispensable phasage temporel et programmatique
6.1.4 La porosité sociale
6.1.5 Un nouveau regard envers les grottes
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6.2 Phase 01 : de l’énergie urbaine
6.2.1 Profiter d’une occasion latente
6.2.2 L’aire industrielle de Bagnoli
6.2.3 Le cratère de Agnano
6.2.4 Le rôle névralgique de la centrale géothermique
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6.3 Phase 02 : les « Centres d’Architecture »
6.3.1 De parasites à catalyseurs autonomes
6.3.2 Le Monte Echia
6.3.3 Le Vallone de San Rocco
6.3.4 Structuration d’un Centre d’Architecture
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6.4 Phase 03 : de l’énergie domestique
6.4.1 Une déclination domestique de la virtuosité urbaine
6.4.2 Situation 1 : les zones périphériques étalées
6.4.3 Situation 2 : les quartiers centraux denses
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6.5 Naples durable
6.5.1 Une ville durable en cinq points
6.5.2 Le Passé, le Présent et le Futur
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145
REFERENCES
Ouvrages principaux
Ouvrages sur Naples
Autres ouvrages consultés
Références Internet
146
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5
Introduction / Introduction
Ancienne capitale de royaumes divers désormais détrônée, accablée aujourd’hui par des
nombreuses problématiques sociales et territoriales, intéressée par des projets ambitieux autant
que partiels, tournant le dos à un territoire qui constitue un unicum dans le panorama des villes
italiennes, Naples se présente aujourd’hui comme un laboratoire idéal pour concevoir un
développement durable à l’échelle locale.
A l’occasion de la réalisation du nouveau réseau métropolitain qui positionne la ville dans
un rôle névralgique au sein de toute la région et dont la finalisation est perçue comme stratégique
par ses propres habitants, « Naples 2060 » est un projet qui vise à mettre en oeuvre une durabilité
urbaine et sociale. Lorsque plus des trois quart de la population mondiale vivront en des milieux
urbanisés, et face à une crise énergétique globale qui se traduit par une forte dépendance de la
Campanie des importations d’électricité nécessaires à son fonctionnement, la redécouverte du
territoire comme ressource énergétique et l’exploitation du potentiel géothermique de ses volcans
pour la production d’électricité verte à l’échelle urbaine, permet de transformer le « Métro
dell’Arte » en un système de transport vertueux, et d’en faire ainsi un clair manifeste pour le
développement futur de la ville. Ce fil vert continu, qui a l’ambition et le pouvoir de relier des
parties de Naples très hétérogènes les unes des autres, devient le moyen commun pour re-venir
en contact avec les traces laissées par l’homme - bâtisseur sous les nombreux strates de la baie,
à savoir les grottes ancestrales qui depuis trois millénaires ponctuent ses profondeurs, et qui se
proposent aujourd’hui comme une incontournable ressource pour recréer un équilibre prospectif
entre la ville contemporaine et ses origines. Transformées pour l’occasion en des centres
d’agrégation et d’échange au seins de l’agglomération, elles deviennent les berceaux pour
l’acquisition des savoirs environnementaux et des principes énergétiques fondamentaux ; elles
informent et préparent en autre le transfert de ceux-ci dans les milieux domestiques, ou la
géothermie elle-même, adaptée efficacement aux différents tissus de la ville, peut garantir un
habitat durable.
6
Projet réalisé en trois phases distinguées, « Naples 2060 » vise à considérer de manière
nouvelle les différents héritages naturels et historiques de la ville ainsi que son potentiel social
poreux, afin de les conjuguer en un ensemble conscient, synergique et surtout opérationnel.
Ancient capital of various kingdoms now overcome, overwhelmed today by the many social
and regional issues, interested by ambitious projects that provided some partial solutions, turning
away from a territory which represent an unicum in the panorama of Italian cities, Naples is today
as a ideal laboratory to design sustainable development at the local level.
At the completion of the new subway network that positions the city in a vital role within the
region and whose completion is seen as strategic by its own people, "Naples 2060" is a project
which aims to implement a social and urban sustainability. When more than three quarter of the
world population will live in urban environments, and facing a global energy crisis which is reflected
by a strong dependence of Campania from imports of electricity necessary for its operations, the
rediscovery of the territory as energy source and the utilisation of the volcanoes geothermal
potential in the production of green electricity to the urban scale, can transform the "Metro
dell'Arte" in a virtuous transport system, and can make it a clear manifest for the future
development of the city. This green line, which has the ambition and the power to connect parts of
Naples very heterogeneous from each others, becomes the common means to re-come into
contact with the traces left by mans - builders in many strata Bay, the ancestral caves that
punctuate its depths since three millennia, and is now offering an essential resource for recreate a
prospective balance between the contemporary city and its origins. Transformed by the project in
some centres of aggregation and exchange inside the metropolitan area, they become the cradles
for the acquisition of basic environmental knowledge and principles about energy, they inform and
prepare the transfer thereof within the household, where the geothermal itself, efficacy adapted to
the different tissues of the city, can ensure a sustainable habitat.
Project in three distinguished phases, "Naples 2060" aims to consider anew the natural and
historical heritages of the city and its porous social potential to combine into a conscious,
synergistic and operational set.
7
Partie 1 : sur le contexte
8
Chapitre 1. Naples Capitale : les raisons de l’histoire
1.0 Introduction / Introduction
Naples, souvent capitale illuminée de royaumes divers et lointains, détrônée suite à
l’unification du Pays en 1860, se présente aujourd’hui fortement accablée par des nombreuses
problématiques, de nature sociale et territoriale, qui en rythment son histoire quotidienne et
contribuent de la sorte à assombrir son passé glorieux. La ville est intéressée, pour autant, par des
projets d’envergure, qui malheureusement traitent seulement d’aspects circonscrits de sa réalité
complexe, et qui la plupart des fois tournent le dos aux spécificités locales exceptionnelles, qui
rendent son territoire un unicum dans le panorama des villes italiennes. Le choix, alors,
d’appréhender cette complexité par le biais de son nouveau réseau métropolitain en cour de
réalisation, se base justement sur la nature même de cette infrastructure qui, de manière inédite,
renoue, même si le plus souvent invisiblement, toutes les parties de la ville contemporaine, en
nous permettant de la sorte de les retisser selon une nouvelle logique : celle d’un développement
durable à l’échelle locale.
Naples, often illuminated capital of various and distant kingdoms, overcome following the
unification of the country in 1860, is now heavily burdened by numerous problems, social and
territorial cohesion, which punctuate the story daily and contribute to the so as to darken its past
glory. The city is concerned, however, by large-scale projects, which unfortunately cover only
limited aspects of its complex reality, and most turning away from the local circumstances, which
makes it a unique territory in the panorama of Italian cities. The choice, then, to understand this
complexity through its new metro network under construction, is based precisely on the nature of
this infrastructure, so new, renewed, even if mostly invisible, all parts of the contemporary city,
allowing us to rethink them according to a new logic: that of sustainable development at the local
level.
9
1.1 1860 et l’unification de l’Italie : vers la ville moderne
1.1.1 Nouvel Etat, nouvelle Capitale
Le 7 Septembre 1860 la ville de Naples, avec les provinces méridionales, était incluse dans
un nouvel Etat naissant, l’Italie. La nouvelle capitale choisie était Rome, malgré le fait que, à
l’époque, la ville se présentait, selon les termes de Jean-Noël SCHIFANO, « parcourue de
troupeaux de moutons et de troupes de prêtres » ; en même temps, à 200 kilomètres au sud, une
vraie capitale, liée à toutes les grandes villes européennes, était détrônée 1 .
Après les premiers instants d’enthousiasme, exprimés par une foule en délire qui
accompagnait l’entrée et la pénétration de Garibaldi en ville ainsi que son discours aux citoyens, il
est apparu clairement que la perte du rôle de capitale allait avoir des conséquences néfastes pour
le futur de la ville 2 . Cette perte, en fait, allait provoquer, d’un coté, la disparition de nombreuses
avantages dont jouissez la noblesse, et, de l’autre, l’appauvrissement de toute une partie de la
population qui vivait et gagnait grâce à la présence de la cour royale, en un condition de symbiose
et de parasitisme ; d’autre part, les usines et les activités productives alors actives en ville étaient,
pour la plupart, soutenues et encouragées par les rois Bourbones eux même, et leurs existence
allait, de ce fait, être mise en péril.
1.1.2 Le prestige de l’ancienne métropole bourbonienne
Durant la domination espagnole, et en particulier sous l’égide de la dynastie des Bourbones,
derniers rois de Naples, la ville avait perdu son caractère provinciale et était devenue une vraie
métropole ; elle était devenue la capitale du Royaume des Deux Siciles, qui comptait toute l’Italie
méridionale, y compris la grande île méditerranéenne.
Naples avait donc été intéressée par une période de grands changements et innovations,
soit sur le plan culturel, soit sur celui technique et industriel. Il suffit, afin d’en saisir l’envergure, de
rappeler quelques-uns parmi les plus importants primats qui ont fait du royaume lui-même un lieu
1
2
SCHIFANO Jean-Noël, 2004. Sous le soleil de Naples. Gallimard, Paris
DI MAURO Leonardo, VITOLO Giovanni, 2006. Breve storia di Napoli. Pacini, Pise
10
d’avant-garde : l’inauguration, en 1839, de la première ligne ferroviaire ; la mise au point du
premier système d’illumination urbain au gaz ; la réalisation du premier programme d’habitat
social ; l’ouverture des premiers observatoires sismologique et astronomique ; la construction du
plus important nombre de théâtres et d’écoles de musique dans une ville 3 .
Les ouvrages défensives, désormais inutiles aux nouvelles techniques de guerre, avaient
étés détruites, et des nouvelles rues avaient étés tracées de manière à ouvrir enfin la ville à son
territoire. Pour des nécessités d’expansion, en autre, des nouveaux quartiers avaient été créés
dans des zones limitrophes, avec de projets ambitieux, signés par des architectes et des
urbanistes de grande renommé.
Tout ces changements, accompagnés par des ouvrages d’embellissement à l’intérieur du
tissu existant, avaient fait de Naples, quant au nombres d’habitants, la troisième ville en Europe
après Londres et Paris, sans doute la plus grande ouverte directement sur la mer 4 , et une des plus
importantes étapes touristiques européennes 5 .
1.1.3 Le déclin progressif et le « Ventre de Naples »
La perte de ce rôle, par conséquence, à inauguré une longue période de déclin, tant sur le
plan économique que sur celui sociale. La ville, en raison de son ancien rôle, se retrouvait devant
une double alternative : soit déclancher un vrai et moderne développement industriel au sein du
nouveau Pays auquel désormais elle appartenait, soit régresser progressivement en dépensant les
ressources accumulées jusqu’alors. Durant les décennies qui ont suivies l’unification d’Italie, le
taux de croissance de Naples a ainsi été le plus bas par rapport à celui des autres villes
industrielles du nord du Pays, telle que Milan, Turin ou Gêne, avec une activité productive peu
3
http://www.realcasadiborbone.it/ita/archiviostorico/primati.htm
4
NITTI Francesco Saverio, 1995. La città di Napoli. Studi e ricerche su la situazione economica e la possibile trasformazione
industriale. Caliceditori, Naples
5
ROSI Massimo, 2004. Napoli entro e fuori le mura. Le trasformazioni urbanistiche, demografiche e territoriali di un’antica capitale
rimasta per troppo tempo vincolata dalle sue stesse mura. Newton & Compton, Rome
11
importante si comparée au secteur de la construction immobilière ; ceci à démonstration du fait
qu’elle demeurait une ville habitée de gens riches, mais non pas une ville riche en elle-même 6 .
Le résultat de cette situation critique a été, entre autre, l’aggravation des conditions
hygiéniques à l’intérieur de la ville, ce qui allait emmener, en 1884, à une grave épidémie de
choléra. Cette épidémie, décrite superbement par Matilde SERAO dans son enquête journalistique
rédigée durant les journées mêmes de désordres citadins 7 , a été spécialement violente dans les
quartiers « bas » de la ville, ceux qui se trouvaient entre le socle de la fondation gréco-romaine et
la zone littorale de l’ancienne plage ; ces quartiers, appelés par SERAO elle-même le « ventre de
Naples », étaient caractérisés par des conditions de vie précaires, surtout à cause du taux de
pauvreté des habitants, de la grande concentration de ceux-ci, et de l’inexistence d’un système de
récolte et de séparation des eaux.
Le plan de réaménagement qui a fait suit à cette urgence a été mis en œuvre à travers la
transformation et l’éventrement du tissu ancien de la ville, ainsi qu’avec la construction de
nouveaux quartiers, surtout sur les collines jusqu’alors agricoles, choisies pour la salubrité de l’air.
Ce plan à, entre autre, emmené à la séparation horizontale des classes sociales, autrefois
réparties verticalement au sein d’un même immeuble, selon un rapport proportionnel entre hauteur
et prestige familial 8 . Une condition, celle-ci, qui a favorisé la diffusion de la camorra qui, débarquée
à Naples lors de la domination espagnole du XVI siècle, avait trouvée, en ville, les conditions
idéales pour sa survie et son développement 9 .
1.1.4 Le XIX siècle et l’époque contemporaine
A cette situation difficile, caractérisée par une économie basée presque complètement sur le
secteur édile et qui faisait ainsi de Naples, au sein de l’Italie, une ville de consommation plutôt que
6
7
8
9
NITTI Francesco Saverio, op. cit.
SERAO Matilde, 1988. Il ventre di Napoli. Gallina, Naples
DI MAURO Leonardo, VITOLO Giovanni, op. cit.
SCHIFANO Jean-Noël, op. cit.
12
de production, la loi du 1904 a répondu avec un vrais plan de « renaissance économique » 10 , à
déclencher à travers la réalisation de nouveaux complexes industriels aux deux extrémités du tissu
urbain ; ceux-ci, construit donc au-delà de la colline du Pausilippe vers les Champs Phlégréens, et
dans la plaine marécageuse vers le Vésuve, ont par la suite conditionnés fortement l’étalement de
la ville sur le territoire, jusqu’à l’époque contemporaine.
Après une période presque d’inactivité due à la première guerre mondiale, le régime fasciste
à promu de nombreux projets administratifs, de réaménagement et de construction, visant à faire
de Naples la troisième ville italienne avec plus d’un million d’habitants.
Les destructions causées par la deuxième guerre mondiale, ensuite, ont transformée la
structure physique et sociale de la ville ; ceci s’est produit, tout d’abord, à travers la mutation de
l’économie de proximité en une activité de contrabbando, et, ensuite, à travers une importante
activité de spéculation immobilière, guidée par les administrations locales en accord avec les
propriétaires et les entrepreneurs. Le résultat de cette construction sauvage a été celui d’une
profonde mutation de la physionomie de la ville et de ses paysages ; les collines et les moindres
zones libres ont été attaquées et recouvertes de construction, tout en gardant leur primitive trame
viaire qui s’est, de ce fait, démontrée inadéquate. L’activité de certain constructeur, liée à la
réalisation de bâtiments érigés dans des endroit névralgique de la ville et qui se sont, de se fait,
imposés dans son image millénaire, a marquée la physionomie de Naples comme l’avaient fait
autrefois l’œuvre des plus importants architectes et urbanistes.
Le plan urbain de la ville du 1958, à travers la réalisation des quartiers sociaux, a, de ce
point de vue, ultérieurement aggravé la situation en créant de vrais ghettos sans aucune
intégration, soit-elle sociale ou urbaine, nonobstant la présence, par fois, de projets architecturaux
de qualité.
Le tremblement de terre du 23 Novembre 1980, célébré dans la célèbre exposition Terra
Motus installée aussi au Grand Palais de Paris en 1987, à emmené, selon certain chercheurs 11 à
une transformation anthropologique des napolitains eux-mêmes. La successive croissance
10
11
NITTI Francesco Saverio, op. cit.
DI MAURO Leonardo, VITOLO Giovanni, op. cit.
13
incontrôlée de la ville a produit une fusion de Naples et des communes limitrophes, suite à
laquelle, comme nous le verrons à propos du réseau métropolitain, tous les projets doivent être
considérés dans une échelle provinciale ou même régionale.
Aujourd’hui, le plan de développement urbain, le « Piano Regolatore Generale », approuvé
en 2004, se réfère aux trois zones d’importance névralgique dans lesquelles de divise la ville de
Naples : le centre ancien, inclus dans la liste du Patrimoine de l’Unesco pour l’importance
historique de son tracé urbain, et les deux zones adjacentes, celle orientale, vers le Vésuve, et
celle occidentale, vers les Champs Phlégréens ; ces dernières, occupées jadis par des
établissements industriels désormais inactifs, sont aujourd’hui intéressés par des projets de
réaménagement de grande importance pour le développement futur de la ville.
1.2 Brève histoire de la fondation de Naples
1.2.1 Les contexte historico - géographique de la fondation
Avant de passer à l’analyse de la ville actuelle et de ses nombreuses problématiques
contemporaines, il nous parait de grand intérêt de s’attarder sur le récit des origines de Naples,
voici presque trois millénaires, afin d’essayer de comprendre les raisons premières qui ont dictées
sa fondation, son rapport ancestrale aux données environnementales, ainsi que la fonction
centrale qu’elle a toujours occupée, en raison, entre autre, de sa position géographique privilégiée.
Avant même la naissance effective de la ville, la baie de Naples, qui se trouve entre deux
aires volcaniques actives qui en ont fortement conditionnée l’occupation, étais fréquentée par des
populations de différentes origine et provenance. A l’époque préhistorique, en fait, les régions
italiennes, surtout celles plus internes, étaient habitées par différentes populations Italiques,
comme les Ligures, les Latins et les Samnites 12 ; les cotes, en même temps, étaient intéressées
par des trafiques commerciaux de la part de populations qui provenaient du nord, comme les
Etrusques, du sud, comme les Phéniciens, et de l’est de la Méditerranée, comme les Grecs. Ces
derniers, qui habitaient le proche orient, avaient une organisation urbaine basée sur les polis, dans
12
CUSTODERO Gianni, 2000. Antichi popoli del sud. Apuli, Bruzii, Lucani, Messapi, Sanniti e Greci prima della conquista romana.
Capone, Lecce
14
lesquelles était naît une nouvelle culture ; cette culture, encore aujourd’hui, représente la base de
notre tradition intellectuelle 13 .
La polis se basait sur un nombre idéal d’habitants, qui était une fonction de la possibilité de
garantir un développement harmonieux : un nombre qui garantissait une armée efficace en cas de
guerre et qui confirmait le bon fonctionnement de l’assemblée des citoyens ; un fois ce nombre
dépassé, il fallait fonder une nouvelle ville dans des terres lointaines.
Les conditions recherchées par les colons grecs étaient les suivantes : un port naturel pour
la protection et les échanges commerciaux, un socle en surplomb sur la mer pour la défense des
attaques ennemis, et la proximité d’eau potable 14 .
1.2.2 La « Grande-Grèce » et les colonisations : Palaepolis et Neapolis
Après des premières installations dans le sud de l’Italie, qui était ainsi appelée la « GrandeGrèce », et notamment sur les îles de Procida et Ischia et ensuite au nord de la Campanie vers le
IX siècle avant J.-C., le lieu choisit a été celui de la petite île rocheuse de Megaris, au milieu du
Golfe de Naples, ou un petit habitat est fondé au VI siècle avant J.-C.
Il s’agissait, tout d’abord, d’une base commerciale et d’un port militaire, située dans les
anfractuosités naturelles de l’île, creusée de nombreuses grottes par les vents, la mer et l’activité
des hommes (en grec megara veut dire grotte). Cette habitat s’est ensuite étalé sur le promontoire
de Pizzofalcone et il a pris le nom de Parthénopé, acquerrant la structure d’une vraie petite ville,
protégé aux quatre points cardinaux par l’eau et les irrégularités du terrain ; la colline, en fait,
surplombait la mer sur trois cotés, tandis que le quatrième, l’actuelle Via Chiaia, était une profonde
douve naturelle.
En 470 avant J.-C., les grecs provenant de Cumes ont décidés la fondation d’une nouvelle,
vraie ville. Pour cela, ils ont choisit un endroit à l’est de l’ancienne Parthénopé, au delà d’un petit
cour d’eau aujourd’hui enterré, endroit où actuellement se trouve le centre historique ; il l’ont doté
d’une structure urbaine que nous pouvons encore parcourir aujourd’hui et lui ont choisit le nom de
13
BENEVOLO Leonardo, 1975. Storia della città. Laterza, Roma-Bari
[Trad. franc. 2004] Histoire de la ville. Parenthèses, Marseille
14
ROSI Massimo, op. cit.
15
Neapolis, ville nouvelle, afin de marquer la différence avec le précédent centre urbain, qui allait
devenir Palaepolis, ville ancienne.
La ville a représentée immédiatement, pour les romains, le lieu de l’otium, oisiveté, loin du
negotium, négoce, de la ville de Rome ; elle s’est enrichie, pour ce fait, de somptueuses villas 15 .
1.2.3 Le choix du site : entre nécessités et symboles
Placé au milieu d’un système triangulaire de collines, le socle où a été réalisée la nouvelle
polis constituait la partie la plus élevée de la plaine située entre les amphithéâtres cratérisés des
Champs Phlégréens et du Vésuve 16 . Ce socle résultait meilleur du précédent et donc mieux
disposé à accueillir une vrai ville, car il était plus étendu et plus lié au territoire alentour, tout en
étant bien défendable. Selon Marcel RONCAYOLO, en fait, la condition nécessaire pour l’origine
de la ville est, toujours, l’existence d’un surplus, qui permette d’entretenir la population et les
activités urbaines 17 . Le site ainsi choisit, naturellement délimité, vers les cotés latéraux, par deux
canaux d’eaux pluviales, et, vers le coté opposé, par un vallon naturel, descendait
progressivement et finissait en aplomb sur la mer ; il résultait donc, par rapport à aujourd’hui,
mieux protégé car plus éloigné et plus élevé par rapport à la ligne de cote.
La conformation naturelle des lieux a suggéré l’implantation urbaine, qui s’est organisée
selon une « abstraction cosmique », afin d’enrichir les potentialités primitives des lieux : une
vingtaine de cardes secondaires, à orientation nord-sud, rencontraient à 90 degrés les trois routes
principales, les decumanii. Ceux-ci, avec leur direction est-ouest, parallèle à la ligne de cote,
représentaient le parcours du soleil.
« Appelés à dicter les normes pour la fondation de Périntie, les astronomes définirent le lieu
et le jour selon la position des étoiles, tracèrent les lignes entrecroisées du decumanus et du
cardo, orientées l’une d’après le cours du soleil et l’autre selon l’axe autour duquel roulent les ciels,
ils divisèrent le plan selon les douze maisons du zodiaque de telle sorte que chaque temple et
15
16
17
SCHIFANO Jean-Noël, op. cit.
DE SETA Cesare, 1981. Napoli. Laterza, Rome-Bari
RONCAYOLO Marcel, 2002. Lectures de villes. Formes et temps. Parenthèses, Marseille
16
chaque quartier reçoive des constellations opportunes le juste influx, ils fixèrent l’endroit où dans
les murs ouvrir les portes, prévoyant que chacune cadrerait une éclipse à la lune dans les milles
ans à venir. Périntie, assurèrent-ils. Allait refléter l’harmonie du firmament ; la raison naturelle et la
grâce des dieux allaient donner forme aux destins des habitants » 18 .
Il est clair que la ville est naît et s’est développée en tant que ville de mer ; le mythe
fondateur, la sirène Parthénopé, était en fait issu de la mer, cette même mer, ou Mare Nostrum,
qui a représentée et a demeurée la plus grande ressource pour la ville, des siècles durant. Il est
tout aussi vrai que, après un certain temps, les habitants ont commencez a regarder avec intérêts
aux campagnes fertiles environnantes, celle de la Campania Felix, pour leur soutènement 19 .
1.2.4 Une ville souvent capitale
Durant l’histoire qui suit cette fondation, et qui nous conduit à petits pas vers les temps
modernes, la ville de Naples, plusieurs fois capitale, a été une ville d’extrême importance pour des
royaumes et des vice-royaumes divers : ceux Normands, Allemands, Angevins, Aragonais,
Français, Espagnols, enfin Bourbons.
Selon certains chercheurs, c’est justement de cela qui dérive l’attitude de ses habitants :
l’avoir assisté aux processus d’amélioration de la ville et de la vie en général, aussi bien qu’aux
tragédie de son histoire, avec un rôle de spectateur en non pas d’acteur, a emmené à cette
manière de vivre le territoire en attendant que les choses se succèdent et, surtout, a profiter de la
situation donnée avant qu’elle ne finisse. Et, comme nous allons le voir par la suite, il est justement
sur la participation des habitants de la ville qui se base une stratégie urbaine durable.
18
CALVINO Italo, 1972. Le città invisibili. Einaudi, Turin
[Trad. franc. 1974] Les villes invisibles. Seuil, Paris
19
DI MAURO Leonardo, VITOLO Giovanni, op. cit.
17
1.3 Les problématiques actuelles
1.3.1 Naples métropole : entre ressources et résistances
Naples se présente aujourd’hui comme une métropole diffusée, comme un dense et ramifié
continuum urbain, peuplé, dans une extension de 50 kilomètres, par quatre millions de personnes,
à savoir, les deux tiers de la population de la Campanie, la région la plus dense d’Italie 20 .
La ville, suite à son évolution historique très articulée au fil des siècles, se montre, sous
différents points de vue, comme une réalité complexe et hétérogène, tissée autour de nombreuses
problématiques qui rythment le parcours quotidien de ses habitants. Aucune analyse qui
s’intéresse à sa compréhension, ne peut donc ignorer la tangibilité de cette réalité, visible ou
latente, qui oblige le chercheur de s’y attarder afin d’en discerner les potentialités ou les limites.
Dans un effort extrême de synthèse, guidé et obligé par une volonté de compréhension et
par l’opérativité que le projet lui-même nous impose, nous pouvons extraire, de cette complexité,
les problématiques suivantes, qui nous paraissent profiler au mieux le terrain sur lequel chaque
intervention doit se concrétiser.
1.3.2 La criminalité
Appelée ici Camorra, elle dérive de la présence, sur le territoire, de groupes criminels
organisés, ou clans, et est considérées comme étant, en même temps, la cause et l’effets des
problèmes socio-économiques de la Campanie.
D’origines très anciennes, nous l’avons vu, elle est souvent comparée à la Mafia sicilienne,
malgré le fait qu’elle soit différente de celle-la sous plusieurs aspects, comme celui, par exemple,
de la division du pouvoir en plusieurs clans, qui opèrent selon des méthodes différentes, souvent
en lutte entre eux pour conquérir la suprématie. Aujourd’hui elle compte des milliers d’adeptes,
répartis en plus de 200 familles différentes, et représente, en raison de sa percolation et de son
infiltration obstinées, un empêchement à l’essor et à la réussite d’activités productives, soient-elles
individuelles ou privées.
20
GRAVAGNUOLO Benedetto, 2006. Metrò-polis.
In Metrò-polis. Abitare Segesta, Milan
18
Ceci demeure un point très délicat lorsqu’on considère les possibilités concrètes
d’intervention, car il nous guide vers des solutions caractérisées par des résultats, malgré LE
CORBUSIER, qui ne sont pas de l’ordre de la chirurgie, mais de la médecine 21 .
1.3.3 Le taux de chômage
Sur la base des données du dernier recensement, celui du 2001, la ville de Naples,
comparée aux dix premières villes italiennes, présente les difficultés le plus importantes en ce qui
concerne le domaine de l’occupation. Dans un situation qui est dominée par les secteurs publique
et administratif, qui occupent, au totale, le 30,70% des habitant de la ville 22 , on y retrouve, en fait,
le plus important taux de chômage, qui implique le 31,40% de la population, alors que, dans le
reste de l’Italie, il concerne en moyenne le 11,60% 23 .
Un projet durable dans un tel contexte, nous allons le voir par la suite, est sûrement un projet
qui, tout en prenant appuis de la situation actuelle, crée de nouvelles occasions, capables de
conduire à une régénération interne, lente mais néanmoins propre.
1.3.4 Les déchets
Il s’agit d’une problématique datée, de nature technique, administrative, politique autant que
criminelle ; elle n’a jamais été résolue complètement, ne serait-ce que de manière épidermique, en
proposant à chaque fois, suite a des urgences plus ou moins graves, l’ouverture de nouvelles
décharges ou le transfert des déchets vers un ailleurs, porche ou lointain ; ceci, en réponse à une
attitude qui, en anglais, est appelée effet NYMBY 24 (Not In My Back Yard). Récemment, cette
même problématique s’est imposée, avec toute son urgence, dans un débat nationale et
internationale ; en même temps elle à été abordée, et en partie soulagée, grâce à l’intense
implication de la population de chaque quartier intéressé.
21
22
23
LE CORBUSIER, 1925. Urbanisme. Grès et Cie, Paris
http://www.na.camcom.it
http://www.comune.napoli.it
24
BROWN Lester R., 2008. Plan B 3.0 - Mobilizing to save civilisation. Earth Policy Institute
[Trad. it. 2008] Piano B 3.0. Mobilitarsi per salvare la civiltà. Edizioni Ambiente, Milan
19
Un aspect, celui de la participation, qui s’est démontré comme un indéniable ressource pour
la ville, et sur lequel nous reviendront par la suite, au moment de la proposition, pour Naples, d’un
projet durable à l’échelle urbaine.
1.3.5 L’expansion incontrôlée
Nous avons pu suivre, durant le récit historique qui nous a conduit vers la Naples moderne et
contemporaine, l’envahissement progressif et souvent illicite, de la part du bâti, des espaces
agricoles, ou simplement libres, qui entouraient la ville ; ceci afin de répondre à une forte demande
de logements, et de pouvoir soutenir le marché immobilier en plein essor.
Le résultat de ce processus a été celui d’une tache d’huile qui s’est répandue à partir des
zones anciennes de la ville et qui a « grimpée » sur les collines alentour, malgré les difficultés que
cela comporte. Ceci a emmené à la perte du rapport millénaire entre la ville et ses paysages
idylliques, rapport qui faisait de Naples, encore aux temps du voyage de GOETHE et de
STENDHAL, une étape imperdable du Grand Tour de l’Italie :
« Cette baie si belle, qui semble faite exprès pour le plaisir des yeux, les collines derrière
Naples toutes garnies d’arbres, cette promenade au village de Pausilippe par le chemin en
corniche de Joachim, tout cela ne peut pas plus s’exprimer que s’oublier » 25 .
Au cours du temps, cet envahissement s’est traduit non pas seulement par une nappe
minérale qui couvre, tant bien que mal, les irrégularités du territoire, mais notamment par une
soudure de la ville avec les centres urbains alentour, surtout vers la plaine en direction du Vésuve
et le long de la cote.
Cette même soudure, nous l’avons déjà évoqué, nous oblige à nous intéresser à la ville dans
un effort de lecture qui nous permette de la considérer dans une dimension non plus communale,
mais provinciale et régionale.
25
STENDHAL, 1987. Rome, Naples, Florence. Gallimard, Paris
20
1.3.6 La congestion urbaine
Elle dérive de la haute densité de population qui réside en ville et du fait que sa
concentration dans les zones centrales n’a jamais cessée d’augmenter, malgré des périodes
cycliques de forte crise qui se sont succédées.
Différemment aux autres villes européennes, il s’agit pour Naples, comme Massimo ROSI l’a
justement remarqué, d’une sorte de croissance endogène, non pas causée par des phénomènes
d’immigration, mais générée d’un processus de développement interne, qui pourtant ne se reflète
pas dans un changement de structure urbaine, culturelle, sociale ou économique de même signe
et de même importance 26 . Une situation, celle-la, qui a créée des importantes difficultés quant aux
déplacements quotidiens, qui concernent, selon le recensement du 2001, le 58,4% de la
population ; de ces déplacements, en outre, le 61,5% s’effectuent à l’intérieur de la ville avec le
recours, surtout, à la voiture privée 27 .
Cette complexité, qui à suggérée d’ailleurs la construction du nouveau réseau métropolitain
de la ville, constitue pour nous un point de départ ainsi qu’une opportunité, afin d’essayer
d’exploiter, à l’intérieur du tissu urbain presque saturé, les créneaux ignorés par cette croissance
aveugle, créneaux qui ont étés oubliés par la suite et qui, aujourd’hui, se re-présentent comme des
précieuses ressources.
1.4 Des idées et des projets
1.4.1 Une somme de solutions partielles
Malgré ces indéniables difficultés, Naples demeure une ville d’une beauté incontournable
ainsi qu’une réalité fort stimulante, sur laquelle pouvoir confronter des idées et des projets qui
s’intéressent aux différents aspect de sa complexité.
A l’image de l’indéniable hétérogénéité de sa structure urbaine et sociale, la ville se trouve
aujourd’hui au centre d’un nombre important de propositions, pour la plupart partielles, qui, pour
26
27
ROSI Massimo, op. cit.
http://www.istat.it
21
cela, reflètent et représentent au mieux la difficulté que l’on rencontre à vouloir considérer sa
réalité dans son ensemble. Les solutions envisagées, en fait, se proposent de soulager ce qui est
présenté et perçu, selon les cas, comme étant le nœud crucial ou la problématique centrale à
résoudre ; ce faisant, elles agissent à l’intérieur d’un périmètre d’action qui demeure trop
circonscrit, pour que cela puisse avoir des conséquences appréciables au niveau de l’ensemble de
l’organisme urbain.
1.4.2 Vers un regard exhaustif
Partant de la considération qu’une ville n’est pas la somme, quoique bien tissée, de
partialités, mais un organisme dont le bon fonctionnement dépend de l’articulation maîtrisée de ses
parties, la situation architecturale de Naples, autre que immobile, apparaît pour autant guidée par
un enthousiasme qui semble orienté vers la recherche de réponses circonscrites à des questions
partielles, qui manquent, de ce fait, d’un regard global, capable de saisir la ville en ses vrais enjeux
contemporains.
Mise à part la réalisation des infrastructures de transports, dont l’étude et l’analyse font
l’objet du chapitre suivant, et qui demeure la proposition la plus ambitieuse et infiltrée dans cette
complexité, les projets qui se mettent en œuvre dans la ville de Naples ponctuent désormais sa
surface en ses différentes parties, et se manifestent comme le résultat d’études conduites par des
équipes de professionnels d’envergure, appartenants souvent à la scène architecturale
internationale. Il concernent, souvent, les parties qui sont considérées comme étant les plus
névralgiques pour le futur de la ville ; les deux aires industrielles démantelées, à l’ouest et à l’est
de la partie historique, deviennent ainsi l’occasion pour des nouveaux parcs urbains ; la ligne
côtière, qui selon certain experts à perdu son rapport direct et immédiat avec la ville, se redessine
en un nouveau waterfront, qui se propose de redonner, au port de Naples, l’ancien rôle de
rencontre entre les gens, les marchandises et, surtout, les lingues et les cultures diverses ; les
anciens quartiers centraux, qui demeurent parfois en des conditions de forte dégradation, font
l’objet d’exigeants projets de réhabilitation 28 .
28
GRAVAGNUOLO Benedetto, 2005. Idee e cose: Bilancio sulle nuove architetture e infrastrutture in Campania.
In Dal duemila al futuro, architetture e infrastrutture per lo sviluppo a Napoli e in Campania. Casabella 737, Mondadori, Milan
22
Nous ressentons donc la nécessité, pour Naples, d’un projet qui regarde à la ville comme
envers un organisme à traiter dans son ensemble ; d’un projet qui soit complexe dans
l’entrelacement de ses actions, sans pour autant être compliqué dans sa mise en œuvre.
Le point de départ que nous allons choisir pour notre proposition est ainsi le réseau des
transports métropolitains en cour de réalisation en ville ; l’objectif est de pouvoir profiter d’un projet
qui, même si le plus souvent invisiblement, touche à toutes les parties de la ville, afin de pouvoir y
accéder et réussir à retisser cet ensemble selon une nouvelle logique : celle de la durabilité.
23
Chapitre 2. Metronapoli : le décryptage d’une occasion locale
2.0 Introduction / Introduction
La mobilité constitue aujourd’hui un défi décisif pour le développement de Naples Métropole.
Le réseau de transport souterrain conçu par la ville, qui fait écho à celui plus ancien de ses grottes
ancestrales, présente des nombreuses difficultés de nature technologique et historico archéologique. Il est pour autant caractérisé par une importante spécificité linguistique : il relie, tel
un canal de communication souterrain, des parties de la ville très hétérogènes les unes des autres,
avec une admirable continuité technologiques et artistique. La compréhension du rôle stratégique
de ce réseau au sein de la communauté nous permet d’intégrer, dans ses objectifs principaux,
celui de la durabilité énergétique, compte tenu que la ville, comme l’Italie elle-même, importe la
plupart de l’électricité dont elle nécessite pour son fonctionnement.
Mobility is now a challenge for the development of Naples Metropolis. The underground
transportation network developed by the city, which echoes the oldest ancestral caves, presents
many challenges such as technological and historical - archaeological. It is however characterized
by significant linguistic specificity: it connects, as an underground channel of communication, parts
of the city very heterogeneous from each other, with admirable artistic and technological continuity.
Understanding the strategic role of the network within the community allows us to incorporate into
its main objectives, that of energy sustainability, given that the city, like Italy itself, most important
of the electricity it requires for its operation.
2.1 Le nouveau réseau métropolitain : 100 stations
2.1.1 Naples, une « ville poreuse »
Naples, connue aussi comme la ville « poreuse », cache une réalité parallèle, souterraine, un
négatif de sa surface, qui est le résultat de l’action des hommes sur un territoire à la nature
exceptionnelle, friable et tendre ; ce territoire est le produit de la longue activité des volcans qui
entourent la ville, à l’est comme à l’ouest. Durant sa trimillénaire histoire urbaine, Naples a toujours
gardée un fidèle rapport avec ces lieux souterrains, qui n’ont jamais cessés de nourrir des secrets,
24
des légendes et des curiosités. Son développement urbain a toujours été accompagné de celui de
ses viscères, qui ont suivis fidèlement les directions adoptées par la ville.
Aujourd’hui,
à
cause
des
risques
d’écroulements
superficiels,
la
ville
procède
progressivement à la fermeture de ses viscères, qui deviennent, la plupart des fois, des lieux de
l’abandon et de l’oubli. Cette opération est, en même temps, équilibrée par l’ouverture de
nouveaux tunnels, ceux du réseau métropolitain qui, à terme, aura une dimension non seulement
urbaine, mais aussi régionale.
Si il est vrai que le réseau métropolitain suit l’étalement de la ville pour en reprendre les
directions du développement, la Naples souterraine, considérée comme le reflet de celle de
surface, se structure par contre selon une logique de signe inverse : elle précède ce même
développement car c’est en creusant le territoire que la ville de Naples, au fil de l’histoire, s’est
bâtie.
2.1.2 La restructuration des transports publics existants : trois instruments majeurs
Le nouveau réseau métropolitain, comme nous l’avons introduit dans le chapitre précédent,
fait partie d’un projet qui prévoit la restructuration du système de transport existant, à travers la
réalisation de lignes nouvelles ainsi que la construction d’arrêts supplémentaire pour celle déjà
présentes. L’objectif est celui d’améliorer le service de transport public actuel afin de réduire
l’utilisation de la voiture privé, qui représente une des causes de la forte congestion urbaine dont
souffre aujourd’hui la surface de la ville 29 .
Pour ce faire, la Mairie de Naples entreprend la planification, de manière intégré, à la fois du
territoire et du système de transports ; ceci à travers la rédaction de trois documents différents : le
Plan Communale des Transports, le Plan du Réseau Routier Principale, et le Plan des 100
Stations.
Ces trois instruments de planification visent à rendre possible, entre autre, la délocalisation
de certaines fonctions et services aujourd’hui concentrés en centre ville et, surtout, à transformer
le système existant en un vrai réseau de transport intégré. Suite, en fait, à la réalisation des
29
http://www.comune.napoli.it
25
premières lignes de transports public en siège propre, le système napolitain présentait, il y a
encore quelques années, une fragmentation physique, tarifaire et donc administrative, qui rendait
son utilisation difficile à profiter. Cette situation avait emmené, d’un coté, à l’usage extensif des
moyens de transport particuliers, et, de l’autre, à l’apparition de modes de déplacement parallèles,
comme les fourgonnettes illégales pour les trajets entre les communes limitrophes à Naples, ainsi
que pour ceux internes à la ville elle-même 30 .
2.1.3 Le Consortium « Napolipass » et le titre de transport « Unique »
La valeur des innovations récemment apportées à ce système consiste en une double
intervention : d’un coté, la dite rédaction des différents plans des transports, et de l’autre, la
constitution d’un consortium, le « Napolipass », qui dérive de la mise en réseau des différentes
entreprises agissant autrefois séparément sur le territoire. Il s’agit d’une vrai fédération des
différentes acteurs et non pas de la signature, entre eux, d’une simple convention 31 .
A cela s’est ajouté l’introduction d’un nouveau titre de transport, l’ « Unico », qui couvre
toute la région Campanie selon des tarifs qui varient en rapport à la distance entre la commune
intéressée et le centre ville de Naples, pris comme destination de référence.
L’espoir de ces opérations est celui de mettre en œuvre des innovations efficaces, qui
soient non seulement d’un ordre technique, mais aussi politique, institutionnel et procédural.
L’objectif serait d’aller au-delà des approches simplement monomodales en matière de transport,
afin de voir les politiques de « transports urbains » devenir progressivement des politiques de
« déplacements urbains » 32 : des politiques orientées non pas exclusivement au renforcement du
transport public comme alternative à la voiture particulière, par le biais de solutions d’ingénierie
civile et de système de maîtrise des heures de pointe, mais à des solutions qui s’intéressent aux
30
DI CIOMMO Floridea, 2003. L’accessibilité : l’enjeu prioritaire de la nouvelle politique des transports publics à Naples.
In JOUVE Bernard (sous la direction de), 2003. Les politiques de déplacements urbains en Europe. L’innovation en question dans cinq
villes européennes. L’Harmattan, Paris-Budapest-Turin
31
ibid.
32
JOUVE Bernard, 2003. Le double défi des politiques de déplacements urbains : innover dans la forme et sur le fond.
In JOUVE Bernard (sous la direction de), 2003. Les politiques de déplacements urbains en Europe. L’innovation en question dans cinq
villes européennes. L’Harmattan, Paris-Budapest-Turin
26
conséquences que ces déplacements ont sur les autres modes de transports à l’échelle de la ville,
à travers une vrai synergie entre différentes décisions sectorielles.
2.1.4 Le réseau des 100 stations
Le réseau des 100 station, dont la construction est au centre d’un effort considérable qui le
rend, juste après le TGV italien (TAV), l’œuvre publique la plus importante du Pays 33 , prévoit deux
phases pour sa mise en oeuvre : la première, de quatre ans et déjà conclue, est consacrée à la
mise en réseau du système existant et à la valorisation des différentes connexions ; la deuxième,
d’environ quinze ans dont la conclusion est prévue pour l’année 2011, est ciblée autour de la
construction de nouvelles lignes de métro et de funiculaires, ainsi que de la réalisation de
nouveaux nœud modaux d’échange entre différents modes de déplacement.
Le programme envisagé préconise, à terme, que le territoire desservi par le transport
ferroviaire passe de 1900 ha à 4350 ha, avec un taux d’incrémentation du 137%, ce qui
correspond à 2,5 fois le territoire actuel ; que les personnes intéressés par le système lui-même,
eu outre, passent de 536.000 à 970.000. Cela veut dire que presque le double des voyageurs
actuels aura, en partant à pied de chez-soi ou de son lieu de travail, la possibilité d’accéder au
métro, ainsi que plusieurs options s’offriront à la moitié d’entre eux.
Aujourd’hui, sur les 57 stations existantes, il y a un transit de 140.000 passagers durant les
heures de pointes, alors qu’à terme, sur le réseau complet qui prévoit 114 stations, ce même trafic
comptera, durant les mêmes horaires, plus de 500.000 voyageurs 34 . Le réseau final consistera en
53 kilomètres de voie ferrée, dont 45 kilomètres dérivants de la transformation de lignes existantes
de chemin de fer et de tramway, et 8 kilomètres obtenus à travers les extensions de lignes
précédentes, la construction d’une ligne entièrement neuve , ainsi que la réalisation de 4 lignes de
tramway et de six funiculaires 35 .
33
JERVOLINO Rosa Russo, 2006. Il Sindaco.
In Metrò-polis. Abitare Segesta, Milan
34
35
http://www.comune.napoli.it
DI CIOMMO Floridea, op. cit.
27
La ligne 1 du métro, connue aussi comme le « métro dell’arte », s’impose comme le berceau
de ces système, car elle se configure comme un anneaux qui entoure la ville et qui intercepte plus
de la moitié des transits de toutes les lignes, à savoir plus de 250.000 passagers 36 .
2.2 La ligne 1 : le métro dell’arte
2.2.1 Une double spécificité
Cette nouvelle ligne, dont les travaux déjà terminés ont suscité l’intérêt et l’admiration
internationales, ainsi qu’une chronique sur le Times de Londres qui le définit comme « le
métropolitain le plus beau du monde » 37 , se caractérise par une double spécificité.
La première, de nature technologique, est due à différentes raisons : d’un côté, le fort
dénivelé existant entre les différents quartiers desservis par le métropolitain, oblige à creuser de
tunnels à des profondeurs très importantes, ce qui le rend le métropolitain le plus profond au
monde 38 ; de l’autre, la présence inattendue d’anciennes structures, comme par exemple les
vestiges romaines de l’ancienne Neapolis, deviennent difficultés ainsi que stimules en ce qui
concerne leur intégration dans la conformation des arrêt.
La deuxième spécificité, de nature linguistique, est due à la nouvelle manière de concevoir
les stations : non plus comme des non-lieux 39 , des espaces techniques anonymes qui
accompagnent les usagers jusqu’aux trains, mais comme des centres d’agrégation à l’intérieur du
tissu de la ville, capables d’agir comme autant de véhicules de requalification des alentours, grâce
aussi à l’attention portée vers les questions d’accessibilité et de design urbain.
2.2.2 L’hétérogénéité urbaine et la cohérence artistique
Ces objectifs sont atteint grâce à une étroite collaboration entre architectes et artistes durant
le processus de conception de l’arrêt lui-même, en suivant le principe qui voit chaque station
36
http://www.comune.napoli.it
37
BASSOLINO Antonio, 2005. Presentazione.
In Dal duemila al futuro, architetture e infrastrutture per lo sviluppo a Napoli e in Campania. Casabella 737, Mondadori, Milan
38
39
www.danpiz.net/napoli/trasporti/MetroArte-Frames.htm
AUGE’ Marc, 1992. Non-Lieux. Introduction à une anthropologie de la sur-modernité. Seuil, Paris
28
caractérisée par un langage différent, selon la spécificité de chaque site. Si, en fait, on considère le
métropolitain comme « un canal de communication souterrain invisible qui fait correspondre, à la
cohérence technologique, une grande variété entre les parties de la ville desservies par les
différentes stations » 40 , nous pouvons reconnaître comme ce discours est valable spécialement
dans le cas de Naples, ville hétérogène et articulée en ce qui concerne sa géographie, son histoire
et son anthropologie.
Les efforts se concentrent, donc, sur le processus de conception des différents arrêts, qui
sont ainsi réalisés comme de vrais volumes bâtis, qui se prolongent en sous-sol avec des
généreux espaces d’exposition ; ceux-la accompagnent les voyageurs, durant leur parcours, le
long d’une sorte de musée d’art contemporain, qui se définit comme étant hypogé, dynamique et
émouvant, mais aussi obligatoire selon la définition de Achille BONITO OLIVA 41 , coordinateur
artistique des « STAZIONI DELL’ARTE ». Ces lieux sont, d’ailleurs, nés à partir de 2001, avant
même que la ville n’ait assisté à la naissance des ses actuels musées d’art contemporain, et ont
fonctionnée, pour cela, comme autant de précurseurs.
Les architectes italiens tels que D’ASCIA, FUKSAS, LAMPUGNANI, PODRECCA, SIOLA,
opèrent à côté de personnalités internationales de l’envergure de EISENMAN, HADID, FUTURE
SYSTEM, KOLLHOFF, MIRALLES-TAGLIABUE, PERRAULT, RASHID, ROGERS, SIZA, SOUTO
DE MOURA, dans un effort de collaboration avec des artistes du calibre de BASILICO, CHIA,
CUCCHI, DEL PEZZO, KAPOOR, KOUNELLIS, LEWITT, MERZ, PALADINO, ROTELLA, dont les
œuvres expriment leurs langages personnels, différents les uns des autres.
Ces œuvres, d’après le même OLIVA, « sont dotés d’une double dimension, celle du transit
et celle de la pause. Pendant le transit, le spectateur vit le fugitif, c’est-à-dire le temps nécessaire
pour se déplacer d’un endroit à un autre du parcours ; pendant la pause il développe le plaisir
esthétique d’une rencontre avec l’art et d’une surprise pour le regard ».
40
MENDINI Alessandro, 2006. La filosofia della Metropolitana di Napoli.
In Metrò-polis. Abitare Segesta, Milan
41
BONITO OLIVA Achille, 2006. Il museo obbligatorio.
In Metrò-polis. Abitare Segesta, Milan
29
2.2.3 Le métro et les changements de la ville
Selon l’architecte portugais Eduardo SOUTO DE MOURA 42 , « les villes changent
principalement pour deux raisons : à la suite des catastrophes, et après la construction des
réseaux de circulation tels que la voie ferrée, l’autoroute et le métropolitain ».
L’innovation apporté par le métropolitain de Naples nous apparaît, de toute évidence,
caractérisée aussi par une dimension sociale. Cela est vrai selon deux points de vue : d’un côté,
en raison du fait que ce même réseau finalise une liaison, jadis inexistante,entre les différentes
parties urbaines de la ville, en inventant une proximité entre « les quartiers anciens et ceux de
récente urbanisation, qui sont encore dépourvus d’une identité monumentale spécifique » 43 ; de
l’autre coté car, si nous reprenons l’affirmation de l’architecte portugais SOUTO DE MOURA selon
laquelle « là où passe le métropolitain, rien ne peut plus être comme auparavant », il faut
préconiser que le métropolitain, qui est naît comme réponse à certaines nécessités urbaines et
territoriales de la ville de Naples, va probablement déclencher des nouvelles réactions et
transformations, à considérer soit sur le plan urbain que sur celui social.
2.3 Origine du métro de Naples
2.3.1 Les expérimentations et les primats durant le royaume des Bourbones
Avant de passer à l’étude de cette dimension sociale du réseau napolitain, il nous parait
intéressant d’analyser les tâtonnements historiques qui ont conduit, à travers différentes étapes, à
la naissance du métro en ville. Il s’agit de projets qui, lors d’une réalisation concrète, auraient pu
marquer fortement le développement successif de la ville de Naples ; ils étaient dotés d’une
dimension utopique, quelque part, mais il ne manquaient pas, pour autant, d’une forte et pertinente
argumentation problématique 44 .
42
SOUTO DE MOURA Eduardo, 2005. Cambiare la città…pezzo dopo pezzo. interiview de Cornelia Tapparelli
In Forme del movimento. Casabella 739_740, Mondadori, Milan
43
GRAVAGNUOLO Benedetto, 2005. Idee e cose: Bilancio sulle nuove architetture e infrastrutture in Campania.
In Dal duemila al futuro, architetture e infrastrutture per lo sviluppo a Napoli e in Campania. Casabella 737, Mondadori, Milan
44
DI MAURO Leonardo, VITOLO Giovanni, 2006. Breve storia di Napoli. Pacini, Pise
30
Les transports ferroviaires et métropolitains ont toujours trouvés, dans la baie de Naples, un
terrain d’essai d’excellence. Après la réalisation de la première ligne ferroviaire italienne, la Naples
Portici, durant le royaume des Bourbones en 1839, la conformation de la ville et de l’extraordinaire
territoire alentour, ont données un élan particulier à l’expérimentation, notamment dans le domaine
des transports en siège propre ; à Naples il y avait en fait la première installation italienne de
seggiovia à sièges mobiles, ainsi que le premier système au monde de funiculaire capable de
grimper sur un volcan actif.
2.3.2 Lamont Young
Peu de temps après l’unification de l’Italie, nous l’avons déjà évoqué, la ville de Naples se
trouvait dans une situation très délicate à cause de la perte de son rôle de capitale ; malgré cela,
elle gardait le charme qui l’avait caractérisée durant toute son histoire, et restait donc une étape de
visite très recherchée par les intellectuels de toute l’Europe ; ceux-la venaient y séjourner pour des
longues périodes, par exemple durant les mois hivernaux, en raison surtout de la beauté de ses
paysages et de la clémence de son climat 45 .
A cette catégorie d’intellectuels appartenaient le couple anglo-indien YOUNG-SWINHOE,
parents du futur ingénieur Lamont YOUNG ; ce dernier, né donc à Naples mais éduqué par la suite
en Suisse et en Angleterre, allait garder, de ce fait, une extranéité et une distance envers la classe
professionnelle napolitaine. Cette même extranéité allait l’emmener, durant sa vie professionnelle,
à proposer des idées et des intuitions pour la ville qui, malgré le fait d’être issues des mêmes
prémisses que les autres concurrents, le conduisaient à des solutions fort différentes. Cette
extranéité nous la retrouvons notamment dans la rédaction, de la part de YOUNG, du projet de
métropolitain pour la ville de Naples. Ce projet, qui dérivait d’une profonde connaissance de la
réalité urbaine locale, était dépourvu pour autant des prévisions réalistes concernant le programme
de financement, et ignorait, de ce fait, les conditions économiques de la ville.
La première esquisse pour un projet de métro à Naples est à retracer dans l’idée d’un
concours qui, en 1874, imaginait la réalisation de voies ferrées à parcourir à chevaux, afin de
45
ALISIO Gian Carlo, 1978. Lamont Young. Utopia e realtà nell’urbanistica napoletana dell’ottocento. Officina, Rome
31
substituer les « omnibus », des simples véhicules guidés par les mêmes animaux. Ce projet, en
même temps, allait avoir des répercussions sur le tracé des rues concernées, déjà à l’époque
suffisamment congestionnées, car superposait sur celles-la des trajets fixes ; raison pour laquelle il
avait rencontré, comme réaction, beaucoup de scepticisme.
Durant la rédaction des premières propositions, YOUNG s’était rendu compte du grand
décalage existant entre les préoccupations du concours de Naples et les rapides progrès qui, en
même temps, étaient effectués, pour le domaine des transports, dans le reste de l’Europe. Il allait
donc proposer, en 1880, un vrai projet de métro qui partait de l’exemple du tube anglais qui date
de 1863 46 ; projet qui proposait des tracés à l’échelle territoriale et qui allait donc comporter la
modification de la structure même de la ville. Le projet prévoyait un tracé souterrain de 22
kilomètres, creusé à 15 mètres de profondeur sous la ville, afin d’éviter tous contacts avec les
fondations des bâtiments existants ; il comptait 12 arrêts en centre ville et une sur la colline du
Vomero ; il prévoyait en outre la construction de viaducs pour le parcours le long de la mer, en
raison des caractéristiques malsaines et instables des terrains côtiers.
Ce projet allait être bien accueilli par la presse, soit italienne que étrangère : le Times de
Londres allait lui consacrer un article d’éloges, en démontrant d’apprécier son caractère innovant
et ses équipements techniques, comme par exemple les ascenseur, éclairés au gaz comme le
reste des espaces de fréquentation ; la presse italienne, quant à elle, avait appréciée l’intelligence
de certaines solutions, comme celle qui prévoyait l’utilisation de dispositifs techniques de taille
compatibles avec ceux du système ferroviaire de l’Etat, afin de permettre, à terme, l’utilisation de
ses tracés par d’autres convois ferroviaires.
Le projet, jugé comme utile et raisonnable pour les nécessités contemporaines de la ville, n’a
pas pour autant été approuvé. Le suivant, qui date du 1883, était rédigé de concert avec un projet
d’expansion de la ville, à mettre en œuvre à travers la réalisation de deux nouveaux quartiers
résidentiels. Il confirmait l’hypothèse d’un tracé souterrain pour le métro, afin d’éviter les problèmes
dérivant de la forte congestion de la superficie de Naples : la ville, en fait, comptait à l’époque le
46
RAGON Michel, 1986. Histoire de l’architecture et de l’urbanisme modernes. Casterman, Paris
32
double de la population de la ville de Paris, et deux fois et demi celle de Londres, à parité d’unité
de surface considérée 47 .
YOUNG, à cette occasion, décrit Naples comme une « sirène », dont la tête est posée sur
les collines et les pieds baignent dans la mer ; en raison de sa topographie particulière et de sa
congestion, elle devient pourtant incommode et malsaine à vivre. Il avait en outre souligné
l’importance d’approuver les trois projets, celui du métro et ceux des quartiers résidentiels, comme
étant partie d’un même processus, afin de faire face aux problèmes de nature économiques et
techniques en même temps.
Ces projets ne devaient jamais voir leur concrétisation, surtout en raison du manque des
financements nécessaires. En tout état de cause, ce qu’à l’époque de YOUNG devait sembler
irréalisable, et qui avait fait considérer le projet comme utopique, nous apparaît aujourd’hui être
l’aspect le plus intéressant de la proposition. Selon les prévisions, en fait, le développement de la
ville ne se effectuait pas à travers, tout d’abord, les éventrements des quartiers centraux et,
ensuite, l’étalement à tache d’huile du bâti, mais se rendait par contre possible par le biais d’une
croissance dynamique en direction des villages périphériques qui entouraient la ville, grâce à un
efficace système de transport en commun ; un modèle, donc, qui n’était pas inspiré des
expériences parisienne du Baron Haussmann, mais des contemporaines dynamiques anglosaxonnes 48 .
Finalement, comme à l’image des rêves utopiques de Lamont YOUNG, le tracé ferroviaire
Naples-Rome du 1910, appelé direttissima et inauguré par l’Etat fasciste, réalisait un parcours qui,
lors du passage en souterrain à travers la ville, était doté d’arrêts urbaines intermédiaires. Cela a
effectivement emmené à la naissance du premier service métropolitain existant alors en Italie 49 .
47
48
49
ALISIO Gian Carlo, op. cit.
ibid.
DI MAURO Leonardo, VITOLO Giovanni, op. cit.
33
2.4 Enquête dans le métro
2.4.1 Les déplacement urbains et leur perception
Le métro, parmi les différents systèmes de transports qui parcourent le territoire d’une ville,
représente une innovation absolue, qui peut avoir des fortes répercussions sur au moins deux
aspects caractérisants sa structure : d’un coté, il agit sur la perception que les habitants ont de
l’espaces urbain en général ; de l’autre, son introduction intervient sur la modification des modes
de déplacements à l’intérieur de la ville ainsi que, dans certains cas, sur la manière même d’y
accéder car, en quelque sorte, il joue un rôle de substitut de l’ancien système de portes urbaines.
2.4.2 Les portes de la ville
Nous pouvons effectivement considérer le métro comme un moyen qui non seulement nous
permet la circulation à l’intérieur du tissu de la ville, mais aussi d’y accéder depuis des territoires
qui peuvent en être plus ou moins éloignés ; ceci sans pour autant nous y introduire
progressivement par le biais d’une succession d’espaces urbains, ce qui est le cas dans une
circulation de surface.
La porte, selon Marina CAVALIERI, à le pouvoir d’établir la limite de l’espace et d’en rythmer
le temps 50 . Pourvu que la découverte d’un lieu implique le franchissement de son seuil, la porte
urbaine, en tant que lieu visuellement remarquable, a toujours été chargée de valences
symboliques, en référence avec la ville à laquelle elle donnait accès.
En ce qui concerne, alors, le premier de ces changements, celui qui agit sur la manière
d’accéder à la ville, il s’est produit, dans le cas de Naples, suite à un processus qui a une longue
histoire, commune d’ailleurs à beaucoup d’autres villes occidentales. Cette histoire débute au XIX
siècle lorsque la destruction des remparts qui entouraient la ville, de concert avec et la
suppression des portes qui en constituaient les seuils, fait en sorte que les nouvelles et grandes
infrastructures urbaines, à savoir le port, l’aéroport et la gare des trains, commençaient a
constituer les nouveaux points de rentrée, les nouvelles portes urbaines. A partir de ce moment,
50
CAVALIERI Marina, 1995. Porte, portali e roste di Napoli. Newton £ Compton, Rome
34
les personnes arrivées, une fois franchi ce nouveau seuil, pouvaient se déplacer à l’intérieur de la
ville grâce aux différent systèmes de transports qui parcouraient sa surface.
Aujourd’hui, en revanche, la mise en œuvre du nouveau réseau métropolitain change ce
phénomène car, dans certain cas, il déplace le seuil dont le franchissement permet l’accès en
ville : depuis les nœuds de correspondance entre le métro et les infrastructures urbaines d’arrivé,
en fait, la possibilité de se servir du métro pour rejoindre directement, en souterrain, les lieux
souhaités, transforme les arrêts de celui-la, éparses sur un territoire urbain de plus en plus vaste,
en une sorte de nouvelles portes urbaines.
2.4.3 Des nouveaux rapprochement urbains : ville réseau et temporalités
En considérant maintenant le deuxième aspect du changement mis en œuvre par le réseau
des transports urbains, non pas celui de l’arrivée en ville mais celui des déplacements à l’intérieur
de celle-la, nous pouvons remarquer que les différents lieux touchés par le parcours du métro se
retrouvent, par le biais de ce dernier, rapprochés les uns aux autres.
Ce rapprochement ne se mesure pas selon un point de vue géographique, mais temporel :
en fait, ce n’est pas la contiguïté physique qui rend proches les différentes zones de Naples
desservies actuellement par le métro, mais la possibilité d’une liaison directe, jadis inexistante ;
une liaison qui requiert, aujourd’hui, seulement quelques minutes de déplacement.
La ville, selon les paroles de André CORBOZ 51 , ne se présente plus comme une surface,
mais comme un réseau. Une surface, en fait, nécessite de la présence d’un périmètre, alors que le
réseau n’est constitué que de points terminaux. L’auteur, toujours à propos d’analogies,
abandonne l’idée de texte, qui exige une lecture ordonnée du début jusqu’à la fine, et introduit
celle de hypertexte, caractérisé par une grande quantité de données qui peuvent se lire dans des
ordres et selon des modalités diverses.
En tout état de cause, il nous parait évident qu’une position centrale, en matière de
compréhension des nouvelles dynamiques qui se mettent en place avec la construction du métro,
est occupée par les habitants de la ville, considérées en tant qu’acteurs principaux de la scène
51
CORBOZ André, 2001. Le Territoire comme palimpseste et autres essais. Les Editions de L’imprimeur, Besançon
35
urbaine. Retracer alors le rôle que ces habitants reconnaissent au réseau lui-même, nous parait un
enjeu décisif, afin d’en discerner les potentialités latentes qui peuvent nous aider à constituer un fil
conducteur efficace à la réalisation d’un projet durable.
Les utilisateurs du métro se trouvent, par rapport au passé, à avoir accès à une expérience
directe d’une partie beaucoup plus étendue de la ville qui n’est plus, de ce fait, la seule
représentation de leurs rythmes. A cet égard, Bernardo SECCHI 52 nous aide à la compréhension
de ce phénomène : l’auteur du livre « la città del ventesimo secolo » nous explique, en fait, que les
nouvelles infrastructures de la mobilité peuvent modifier les temporalités de chaque individu, en
engendrant une nouvelle perception du temps et de l’espace. Les citoyens, autrefois, faisaient
l’expérience d’une partie restreinte de l’espace urbain à travers des déplacements qui avaient lieu
entre des endroits définis, récurrents et reconnaissables par eux-mêmes. Aujourd’hui, en
revanche, ces mêmes individus explorent un territoire élargi et aux confins incertains, et s’y
déplacent selon des trajectoires personnelles. Pour une partie toujours plus importante de la
population urbaine, de ce fait, l’image mentale de la ville et de son territoire correspond à celle
d’une série de lieux, très éloignés les uns des autres, mais connectés par le biais d’un réseau, qui
peut être ainsi matériel et immatériel.
Michel FOUCAULT parle de notre époque comme de l’époque de l’espace : « nous somme
à l’époque du simultané, nous somme à l’époque de la juxtaposition, à l’époque du proche et du
lointain, du cote à cote, du dispersé. Nous somme à un moment où le monde s’éprouve, je crois,
moins comme une grande vie qui se développerait à travers le temps, que comme un réseau qui
relie des points et qui entrecroise son écheveau » 53 .
2.4.4 Le phénomène de perception de la ville
Toutes ces considérations posent, il est certain, des nouvelles interrogations quant à la
perception de l’espace urbain en toute sa complexité, à travers la lecture qu’en donne le parcours
continu du métro. C’est ce que nous allons traiter par la suite au sein d’une série d’interviews
52
SECCHI Bernardo, 2005a. La città del ventesimo secolo. Laterza, Rome-Bari
53
FOUCAULT Michel, 1984. Des espaces autres.
In FOUCAULT, 1994. Dits et écrits II, 1976-1988. Gallimard, Paris
36
adressées aux usagers du métro de Naples, le but recherché étant celui de comprendre comment
les interviewés perçoivent la ville et son nouveau système de transport métropolitain.
Nous savons en fait, grâce aux analyses de François ASCHER 54 , que les systèmes de
transport rapide modifient les dimensions spatio-temporelles de la ville. L’auteur de Métapolis nous
démontre que les vitesses, dans les communications, concurrent à faire percevoir les différents
lieux d’une métropole plus proches ou plus lointains selon la rapidité du déplacement qui les
dessert, et que, par ailleurs, ceci peut provoquer une reconstitution de nouvelles continuités et
discontinuités urbaines ; si à ce phénomène nous ajoutons ce que l’auteur appelle l’« effet de
tunnel », il est clair que les zones desservies par les arrêts de métro peuvent apparaître, aux
usagers, plus proches de celles qui ne sont par contre que seulement traversées.
Le Corbusier 55 , à cet égard, avait noté combien les systèmes de transport rapides
bouleversaient les rythmes des actions humaines car, en rendant les distances moins importantes
et les communications beaucoup plus efficaces, ils faisaient apparaître le « soleil plus rapide » !
Les usagers du métro de Naples, auxquels sont adressées les questions qui font l’objet de
nos interviews, d’autre part, peuvent nous aider à discerner ce que Kevin LYNCH 56 définit comme
l’image publique d’une ville, considérée comme étant la somme des différentes images
individuelles. LYNCH, en se référant par exemple à ses propres analyses autour du réseau
métropolitain de la ville de Boston, décrit ce réseau comme une sorte de « fil invisible conceptuel
pour la ville » ; celui-ci n’est pas toutefois mis en relation avec le reste de l’ambiance, sauf aux
endroits où il monte en surface et où, par conséquent, il peut être considéré comme un potentiel
nœud stratégique, à relier avec le reste de la structure urbaine.
Encore une fois, le déchiffrage de l’image que les citoyens ont de leur ville, par le biais de
son réseau métropolitain, nous est utile à la compréhension de l’action que nous pouvons mener à
l’intérieur de sa structure urbaine, afin de rendre efficace une intervention visant à la reformulation
54
55
ASCHER François, 1995. Métapolis, ou l’avenir des villes. Odile Jacob, Paris
LE CORBUSIER, 1970. Sur les quatre routes. L’automobile, l’avion, le bateau, le chemin de fer. Denoël, Paris
56
LYNCH Kevin, 1960. The Image of the City. Massachusetts Institute of Technology and the President and Fellow of Harvard College,
Boston
[Trad. it. 2006] L’immagine della città. Marsilio, Venise
37
d’objectifs durables à l’échelle territoriale, en partant pour cela de l’échelle qui implique tout un
chacun.
2.4.5 Les interviews aux usagers du métro de Naples
Le grand intérêt du procédé que nous avons mis au point au sein des interviews est celui
d’agir en cours, à savoir durant le processus de réalisation du réseau métropolitain lui-même, le
but recherché étant celui d’essayer de comprendre le rôle actuel du réseau métropolitain et celui
que nous pourrions lui conférer à terme, en profitant de la finalisation du projet.
Une proposition de projet de type a priori, donc, est ici remplacée par une autre, que l’on
peut définir, en accord avec Françoise CHOAY, de a posteriori. Cette proposition dérive de la
connaissance du point de vue des habitants de la ville, afin de comprendre comment cette
dernière est perçue par les consciences qui l’habitent : l’usager du métro devient, à l’occurrence,
un interlocuteur précieux pour orienter les choix du projet 57 .
L’échantillon d’usagers sélectionnés pour nos interviews est constitué de personnes,
résidentes en ville ou non, qui fréquentent Naples quotidiennement ou périodiquement, ou qui l’ont
visitée seulement en tant que touristes. Ceci a l’avantage de nous donner des points de vue fort
différents entre eux, à croiser et retisser afin de pouvoir tracer le profil de la ville. La perception du
réseau de la part d’une personne qui traverse Naples pour aller a son lieu de travail est, en fait,
fortement éloignée de celle d’une autre qui, par exemple, habite la ville et y recours tout les jours
pour ses déplacements ; de la même manière, les attentes et les impressions sont fortement
différentes entre un individu, napolitain, qui prend rarement le métro, et un touriste qui visite
Naples pour la première fois et qui découvre, à cette occasion, son système de transport
souterrain. Toutes les personnes interviewés ont donc fait recours, pour les déplacements à
l’intérieur de la ville, à son réseau métropolitain, et spécialement à son nouveau « Métro
dell’Arte ».
Les interviews, quant à elles, sont structurées selon quatre parties différentes, afin
d’essayer tout d’abord d’introduire le sujet avec des questions générales, et de rentrer ensuite
57
CHOAY Françoise, 1965. L’urbanisme, utopies et réalités. Une anthologie. Seuil, Paris
38
pertinemment dans les thématiques traitées, sans pour autant troubler ou conditionner les critères
d’évaluation personnels. Durant la première partie, nous avons donc essayés de comprendre les
pratiques du transport métropolitain de Naples de la part de ses usagers, d’en discerner les
avantages et les inconvénients, et de clarifier les critères selon lesquels ce système de transport
est vu et considéré comme étant napolitain ; avec la deuxième partie, nous avons consacrés une
attention majeure à discerner l’imaginaire existant autour du concept de métro lui-même ; ensuite,
pendant la troisième partie, nous avons essayez de décrypter les sensations que l’on éprouve
lorsqu’on voyage en métro, et les différences que l’on arrive à percevoir entre le voyage en soussol et celui qui s’effectue en surface ; enfin, dans la quatrième et dernière partie, nous nous
somme préoccupés de nous faire décrire des scénarios pour un possible futur de la ville de
Naples.
2.4.6 Le rôle stratégique du « Métro dell’Arte »
Nous avons pu constater que, à l’image des grandes ambitions que le projet envisage avec
sa réalisation complète, les usagers d’aujourd’hui lui reconnaissent un rôle stratégique à partir de
différents points de vue, premièrement car le métro permet de rejoindre facilement des lieux qui ne
l’étaient pas auparavant, en raison de la distance géographique importante et de l’altimétrie
accidentée qui caractérise la ville.
En ce qui concerne le rapport entre les infrastructures propres au métro lui-même et la
surface de la ville, en outre, les usagers affirment de remarquer, à l’intérieur du métro, une
dimension de fiabilité, qui consiste en la possibilité d’éviter la ville de surface et les problèmes de
circulation que naissent à l’intérieur de son tissu urbain extrêmement dense, en raison du nombre
de personnes qu’y circulent et de la grande concentration de voitures. Quelqu’un s’est exprimé à
ce sujet en parlant d’aventure improbable quant aux déplacements en bus pendant les horaires
critiques de la journée, ainsi que des bruits assourdissants de la ville, comparés au sous-sol où
règne le calme et le silence. Les usagers remarquent, à l’intérieur des espaces de pertinence du
métro, une ambiance plus entretenue, et même les personnes se démontrent comme étant plus
éduqués et plus respectueuses.
39
En ce qui concerne le « coté régional » du réseau, contemplé par le projet lui-même, les
interviewés lui ont encore reconnu un rôle stratégique, car cela pourrait permettre aux gens
d’arriver depuis les autres villes de la Campanie, de bouger a l’intérieur de Naples, et de rejoindre
enfin les lieux d’arrivé et de départ les plus importants de la ville, sans difficultés. Ceci est vu, en
outre, comme un pas à franchir afin de déclencher des conséquences urbaines très importantes,
comme la diminution du trafic des voitures et la décongestion du centre ancien. Les conséquences
économiques seraient liées, quant à elles, à la possibilité d’arriver dans chaque coin de Naples,
qui pourra ainsi se développer par la suite.
Même les attentes pour le futur semble être guidées par un sentiment de confiance : les
usagers font référence à une ville vraiment européenne, enfin accessible dans sa totalité, mieux
fréquentée, plus orientée vers un développement économique et touristique soutenus par
l’efficacité du réseau lui-même ; une ville dans laquelle l’usage intensif du métro apportera, par
ailleurs, des améliorations environnementales considérables, à cause d’une baisse de l’utilisation
de la voiture particulière et, par conséquent, de la pollution de l’air.
Les gens ont ainsi fait référence à des concepts comme occasion et espoir pour le
développement et le progrès de la ville, possibilité de rééducation et de re-civilisation de sa
population, même revanche vis-à-vis de sa condition actuelle.
2.5 Vers la durabilité
2.5.1 Un scénario pour la ville de Naples
« Un scénario n’est pas, bien évidemment, une prévision (…). Un scénario n’est pas non
plus la représentation de nos désirs (…). Construire des scénarios veut dire accepter la part de
l’ignorance et formuler une où plusieurs hypothèses concernant les différents phénomènes qui
intéressent la ville, l’économie et la société afin d’en éclairer les conséquences » (…). Construire
cette hypothèse veut dire chercher des indices, des tendances à partir de l’observation du monde
actuel et de son histoire (…). Explorer l’évolution possible de certaines grandeurs et les paysages
40
qu’elles peuvent générer (datascape) (…) en cherchant de manière non banale les rapports qui
s’établissent, à des échelles différentes, entre populations et territoires pertinents » 58 .
Aujourd’hui, la ville de Naples se trouve dans une situation très délicate, avec ses
problèmes de chômage, de déchets, de criminalité, de congestion. Les scénarios imaginés par ses
habitants portent, souvent, sur une ville tissée, demain autant qu’aujourd’hui, autour de
nombreuses contradictions ; une sorte de collage de solutions partielles, mise l’une à coté de
l’autre, sans continuité et surtout sans une vision globale de ses besoins.
A l’intérieur de ces scénarios, le métropolitain lui-même revêts, selon notre point de vue, un
rôle particulier : il est, d’un coté, une pièce de cette mosaïque articulée et, de l’autre, une manière
de lier ces discontinuités les unes aux autres, en tentant de créer une homogénéité de lecture
urbaine qui soit, en quelque sorte, une synthèse, un palimpseste de la ville elle-même. Il est
évident, d’autre part, que le projet de métro est perçu, par les habitants, comme une sorte de
manifeste, capable se véhiculer une nouvelle attitude envers la ville et son futur. Cela en ne
s’adressant pas exclusivement aux habitants actuels de la ville, mais aussi aux futurs usagers, par
rapport auxquels le réseau lui-même est orienté.
Reyner BANHAM dans son livre sur la ville de Los Angeles, nous relate : « Comme les
générations passées d’intellectuels anglais se mettaient à l’italien pour lire Dante dans les textes,
c’est pour pouvoir lire Los Angeles dans les textes que l’ai appris à conduire »
59
. La question qui
nous nous posons vis-à-vis de cette situation est, donc, la suivante : faudra-t-il apprendre à se
déplacer en métro pour appréhender enfin la ville de Naples, pour en discerner les enjeux
contemporains et futurs ?
Françoise CHOAY 60 , en analysant l’évolution de l’espace public au fil de l’histoire, constate
comment l’intervention des nouveaux facteurs économiques, technologiques, épistémologiques et
esthétiques, entraîne la disparition, entre autre, de l’ancienne distinction entre ville et campagne.
58
SECCHI Bernardo, 2000. Prima lezione di Urbanistica. Laterza, Rome-Bari
[Trad. franc. 2006] Première Leçon d’urbanisme. Parenthèses, Marseille
59
BANHAM Reyner, 1971. Los Angeles, The Architecture of Four Ecologies. Allen Lane, Londres
[Trad. franc. 2008] Los Angeles, l’architecture des quatre écologies. Parenthèses, Marseille
60
CHOAY Françoise, 2003. Espacements. L’évolution de l’espace urbain en France. Skira, Milan-Genève
41
Aujourd’hui, d’après BAUDRILLARD et NOUVEL 61 , nous savons de pouvoir considérer un
territoire comme étant urbain, à partir du moment ou il est possible d’y accéder avec d’autres
personnes et de le partager. L’espace lui-même en résulte modifié : « le cadre spécifique des
rapports humains actuels est un espace de connexion qui assure la coïncidence de l’information
et de la circulation ; espace de plus en plus abstrait et médiatisé, constitué par l’ensemble des
réseaux nécessaire à la circulation des personnes, des idées et des marchandises » 62 .
2.5.2 La région de Naples et la question de l’énergie
Le métro de la ville de Naples est ainsi un occasion pour relier, nous l’avons déjà souligné,
des parties de la ville très hétérogènes les unes des autres, en se fiant à sa cohérence
technologique et artistique.
Néanmoins, nous pouvons remarquer que le projet ne se pose pas, vis-à-vis de la situation
actuelle de la ville et de sa région, en des termes de durabilité. Sans s’attarder sur le concept luimême et sur ses multiples dimensions, qui constituent l’objet du chapitre suivant, il est de grand
intérêt de rappeler ici la situation énergétique de la Campanie, afin de pouvoir profiler, le plus
efficacement possible, une direction à suivre pour faire en sorte que ce même projet soit doté
d’une attention particulière à la durabilité et au développement locale.
La Campanie, aujourd’hui, présente une consommation totale d’énergie qui équivaut au 5%
de celle nationale. Le secteur le plus énergétivore est celui des transports, suivi de ceux civile,
industriel et agricole 63 . Pourtant, la région ne possède pas des ressources énergétiques primaires
propres, ne serait-ce que pour le potentiel représenté par celles renouvelables.
Elle présente, de ce fait, une dépendance énergétique du 96,6%, nettement supérieure à
celle italienne qui est du 84,6%. Durant les années qui vont du 1973 au 2004, la production
d’énergie électrique de la part de la région a été presque constante, alors que sa demande est
augmentée constamment : le résultat de cette situation est donc celui d’un déficit d’énergie
61
BAUDRILLARD Jean, NOUVEL Jean, 2000. Les objets singuliers. Architecture et philosophie. Calmann-Lévy, Paris
[Trad. it. 2003] Architettura e nulla. Oggetti singolari. Mondadori Electa, Milan
62
63
CHOAY Françoise, op. cit.
ROSSI Federico, 2006. Energia. Guida, Naples
42
électrique qui actuellement consiste en le 81,3%, alors qu’en Italie il représente seulement le 14%.
En ce qui concerne les prévisions pour le futur, elles se basent su deux scénarios distingués,
dépendants d’une prévision différente quant aux taux de croissance interne. En tout état de cause,
la plus probable d’entre elles préconise une augmentation de la consommation d’énergie
électrique du 2,7% pour la période 2003-2014, légèrement supérieur à celle de l’Italie qui sera de
l’ordre du 2,6%.
Sur la base de la loi 308 du 1982, les Régions ont le pouvoir de rédiger le PER, Plan
Energétique Régionale ; cette même loi comporte l’intégration, à l’intérieur du Plan Régulateur
Générale des Communes qui comptent plus de 50.000 habitants, des plans relatifs à l’utilisation de
sources d’énergie renouvelable. Suite à la loi 96 du 1999, les régions ont obtenu certains pouvoirs
administratifs concernant les thématiques de l’énergie, certains d’autres faisant partie des
compétences de l’Etat ou des Organismes Locaux, comme par exemple les Provinces. La même
loi promeut les démarches suivantes : un approvisionnement énergétique adéquat, une réduction
de l’émission de gaz à effet de serre, une rationalisation du réseau énergétique actuel, une
optimisation de l’utilisation d’énergie, un accès équitable aux ressources énergétiques. Elle prévoit,
en outre, la valorisation des ressources énergétiques locales et les formes de production par polygénération, en privilégiant ainsi la génération distribue sur le territoire.
Encore,
cette
loi
donne
beaucoup
d’importance
au
PEAR,
Plan
Energétique
Environnementale Régionale, qui malheureusement n’a pas encore été rédigé dans le cadre de la
région Campanie. Néanmoins il existe des documents préliminaires orientés vers une diminution,
avant l’année 2010, de l’actuel déficit énergétique régional, à obtenir à travers le développement
des ressources énergétiques renouvelables endogènes, ainsi que par des processus de
production par cogénération.
En ce qui concerne les ressources renouvelables, la Campanie, en 2004, s’en est
partiellement servi pour la production d’énergie, en exploitant localement son potentiel hydraulique,
éolien, des biomasse et photovoltaïque 64 . Il nous parait manifeste le manque, dans cette liste, de
la cinquième famille d’énergie renouvelable, celle représentée par l’utilisation de la géothermie
64
ROSSI Federico, op. cit.
43
malgré, comme nous allons le voir dans les chapitres suivants, le grand potentiel présent au
niveau régional.
2.5.3 Un nouveau regard orienté vers le territoire
Si nous considérons maintenant que, au fil de l’histoire, les plus importantes étapes de
l’évolution de la société ont été étroitement liées à celles de l’évolution des systèmes énergétiques,
il est nécessaire de souligner que, afin de déclencher un processus de développement locale qui
soit durable, il est impératif de changer le cursus actuel des choses ; ce cursus qui désormais
accable la région Campanie et la contraint dans une position de presque complète dépendance
des ressources énergétiques exogènes. C’est justement sur ces mêmes ressources qui fait
référence aussi le nouveau réseau métropolitain, qui en nécessite afin de pouvoir satisfaire les
besoins en énergie indispensables à son fonctionnement.
Il est donc intéressant de se tourner vers les territoires qui entourent la ville de Naples, en
les considérant pour cela au sens large du terme : vers le Mare Nostrum et la Campania Felix. La
compréhension de leurs potentialités, ainsi que des ressources qui peuvent être utilisées à partir
d’aujourd’hui, peut nous guider en direction d’un objectif majeur : rétablir une synergie entre la ville
et son territoire, la même synergie qui a toujours caractérisé l’histoire urbaine et qui a été par la
suite perdue, oubliée, substituée.
Cette ignorance a été supportée par la création d’une série de prothèses technologiques
toujours plus importantes, et qui aujourd’hui nous paraissent indispensables 65 . Le résultat obtenu
de ce processus a été celui d’une presque totale indépendance entre la ville et son territoire, qui a
conduit, d’autre part, à une forte et grandissante dépendance des ressources lointaines importées,
en rendant les approvisionnements complètement invisibles et incompréhensibles aux yeux des
citoyens.
65
MAGNAGHI Alberto, 2000. Il progetto locale. Bollati Boringhieri, Turin
44
Chapitre 3. Mare Nostrum et Campania Felix : la compréhension du territoire
3.0 Introduction / Introduction
L’homme a toujours interagit opiniâtrement avec le territoire environnant afin d’en y extraire
les ressources premières nécessaires pour sa survie. Cette interaction perpétuelle à produit, au fil
de l’histoire, une remarquable coïncidence entre les lieux de production et ceux de consommations
de l’énergie. Avec l’apparition et la large diffusion des ressources fossiles, l’éloignement progressif
de ces lieux rend indispensable le recours aux nombreuses prothèses technologiques, et contribue
à une déresponsabilisation de la population quant aux comportements énergétiques. L’utilisation
diffusée des énergies renouvelables aux différentes échelles de l‘organisme urbain, se démontre
indispensable pour la création de la ville durable, une ville re-territorialisée qui sait exploiter ses
propres ressources, qui abandonne les processus de simple croissance matérielle pour s’orienter
vers des véritables dynamiques de développement, une ville de la sobriété qui sait exploiter le
potentiel synergique de sa structure complexe.
Man has always stubbornly interacts with the surrounding territory in order to extract the
resource materials needed for survival. This perpetual interaction product, throughout history, a
remarkable coincidence between the places of production and consumption of energy. With the
advent and wide dissemination of fossil resources, the gradual removal of these places makes the
use of many technological prostheses required, and contributes to the disempowerment of the
people about energy behaviours. The use of distributed renewable energy at different scales of
urban organization, proves essential for creating sustainable cities, a re-territorialized city who
knows the exploitation its own resources, which leaves the simple process of material growth
towards the real dynamic of development, a city of sufficiency who knows how to exploit the
synergistic potential of its complex structure.
45
3.1 Durabilité et Développement Durable
3.1.1 Le concept de durabilité
Dans le chapitre précédent, à propos du réseau métropolitain de la ville de Naples, nous
avons introduit, sans le développer, le concept de durabilité, en nous attardant simplement sur la
constatation que la situation énergétique de la Campanie se caractérise aujourd’hui comme
dominée par un fort déficit 66 . Ce déficit est du fondamentalement à la nécessité de recourir à une
presque totale importation de toutes les ressources énergétiques qui sont indispensables au
fonctionnement et au développement de la région.
Il nous parait de grand intérêt, alors, de définir le concept de durabilité, afin d’arriver à en
comprendre les enjeux majeurs qui le caractérisent et de réussir, par la suite, à proposer un projet
dont la concrétisation peut ainsi en respecter les objectifs principaux.
Le terme même de durabilité, qui est issu des domaines scientifiques, à une signification
facile et intuitive : il concerne, en fait, l’utilisation d’une certaine ressource de manière à en
respecter la capacité de reproduction ou de régénération. Il s’agit d’un concept qui est applicable,
bien évidemment, aux ressources de type renouvelable, comme les arbres ; pour celles qui par
contre se définissent épuisables, comme par exemples les ressources minéralières, nous parlons
essentiellement de réglage des conditions et des temps d’exploitation, plutôt que de limitation de
l’usage.
Il est évident que le concept de durabilité se fonde sur celui de capital naturel 67 , à savoir le
stock de matériaux d’origine naturelle à partir duquel il est possible d’extraire un flux de biens et de
services, appelés pour cela la rente de ce capital. Nous pouvons alors aisément distinguer deux
type de durabilité, la faible et la forte 68 . Quant à la première, elle prévoit une substituabilité
mutuelle entre les capitaux naturels et ceux artificiels, et vise à ce que leur somme ne soit pas en
66
ROSSI Federico, 2006. Energia. Guida, Naples
67
WACKERNAGEL Mathis, REES William E., 1996. Our Ecological Footprint. Reducing Human Impact on the Earth. New Society
Publishers, British Columbia (Canada)
[Trad. it. 1996] L’impronta ecologica. Come ridurre l’impatto dell’uomo sulla terra. Edizioni Ambiente, Milan
68
WACKERNAGEL Mathis, REES William E., op. cit.
46
décroissance. La durabilité forte, par contre, nécessite que les stock de capital naturel soient tenus
à un niveau constant indépendamment de la croissance éventuelle de ceux artificiels.
Il existe aujourd’hui, autant que dans le passé, des nombreux cas d’utilisation non durables
des ressources de la Planète, comme par exemples l’exploitation des forets primaires et la chasse
de certaines espèces animales sauvages, qui ont conduit à des résultats néfastes autant pour
l’équilibre des écosystèmes naturels que pour les hommes eux-mêmes, et ont ainsi obligés ces
derniers à une régulation forcée de leur utilisation.
3.1.2 Le développement durable
En ce qui concerne maintenant le concept de développement durable, nous devons
souligner qu’il s’agit d’un principe caractérisé par une multitude de facteurs, issus de différents
domaines et étroitement entrelacés.
Ce concept a été utilisé pour la première fois vers la fin de années 80 du siècle dernier. Il apparaît,
en fait, en 1987 à l’intérieur du rapport « Our Common Future » rédigé par la Commission
mondiale sur l’environnement et le développement, et il a ainsi prit le non de la Présidente
orvégienne Gro Harlem BRUNDTLAND 69 . Dans ce rapport, il est définit comme le développement
qui répond aux besoins des générations du présent sans pour autant compromettre la capacité
des générations futures à répondre aux leurs.
Cette définition, bien évidemment, fait référence à une série de principes fondamentaux,
notamment ceux de substituabilité, d’équité et d’irréversibilité 70 , que nous allons brièvement
analyser.
- la substituabilité est un concept qui part de la constatation que les cycles de production
actuels sont structurés autour de facteurs de production de type composite, car dérivés de la
somme d’éléments physiques, humains et environnementaux ; les proportions de ces facteurs
diffèrent selon les époques historiques et les différents Pays considérés. La substituabilité entre
69
70
http://www.worldinbalance.net/agreements/1987-brundtland.php
LANZA Alessandro, 2006. Lo sviluppo sostenibile. Il Mulino, Bologne
47
ces facteurs, ainsi que leur dosage, constitue donc un enjeu déterminant afin de garantir la
poursuite du développement mais en respectant pour cela les règles de durabilité.
- l’équité concerne l’accès aux ressources naturelles ainsi que celui à la richesse
économique, et prend pour ceci en considération autant les générations actuelles qui peuplent la
Planète, que celles futures.
- l’irréversibilité, enfin, analyse les conséquences qui peuvent s’engendrer sur les équilibres
globaux suite à l’exploitation d’une certaine ressource de manière non durable.
En partant de ces considérations, la situation mondiale actuelle nous paraît dominée par une
forte inégalité, soit du point de vue des possibilités d’accès à la richesse économique, que de celui
de la consommation des ressources naturelles. Il est suffisant de rappeler que, malgré l’importante
croissance économique qui a suivie la seconde guerre mondiale, le 20% de la population actuelle
demeure en des importantes conditions de sous-développement, alors que le 20% de la population
qui vit dans les Pays industrialisés consomme aujourd’hui le 58% de l’énergie totale et produit le
plus de déchets 71 .
3.1.3 Les facteurs critiques du développement durable
Le développement durable nous apparaît cependant comme étant étroitement lié à une série
de facteurs critiques :
- Croissance démographiques : elle concerne le nombre d’habitants que la Planète est en
mesure de soutenir. Ce nombre dépend, bien évidemment, de la quantité de ressources naturelles
qui sont nécessaires au soutènement des différentes populations. La plupart des évaluations qui
ont été menée dans ce domaine, et notamment le 40% d’entre elles, estime à 8 milliards le nombre
d’habitants maximal tolérable par la Terre. Or, il est indéniable que le taux de croissance
démographique est énormément augmenté à partir du siècle dernier : à commencer dès 300
millions de personnes de l’année zéro, l’humanité a nécessité de 1700 ans pour arriver à 400
millions ; ensuite, et toujours plus rapidement, elle est arrivée à compter 1 milliard d’habitants en
1804, 3 milliards en 1960 et 6 milliard en 1999, et plus précisément le 12 Octobre de cette année.
71
LANZA Alessandro, op. cit.
48
Aujourd’hui, la population croit avec un rythme de 200 individus chaque minute 72 . Il est évident que
ce taux de croissance comporte une diminution de la quantité de ressources disponibles pour
chaque habitant, notamment en ce qui concerne l’eau, l’espace et les matière premières 73 .
- Développement économiques : il est lié avant tout au phénomène de la distribution de la
richesse, qui n’est pas équitable aux différents endroits de la Planète. Aujourd’hui, en fait, le 20%
de la population mondiale possède le 87% des entrées monétaires, avec des fortes différences qui
se présentent non pas seulement entre le Nord et le Sud du monde, mais aussi à l’intérieur des
différents Pays considérés. Ces disparités sont à l’origine des phénomènes de migrations au
niveau local et global, qui sont en désaccord avec certains principes du développement durable.
Le PNB (Produit National Brut), en outre, ne mesure pas la richesse des Pays ni leur niveau de
bien-être, mais seulement les flux de matière et les activités économiques mesurables 74 , ce qui
emmène, la plupart des fois, à des observation et à des conclusions contradictoires.
- Ressources naturelles et environnement : il concerne le rapport direct qui existe entre la
croissance économique et le respect, ou le manque de respect, pour l’environnement. La situation
actuelle est à la recherche d’un indispensable état d’équilibre, qui se présente pour autant comme
extrêmement difficile à atteindre. Cela en raison, surtout, du fait que la condition d’optimum
considéré au niveau social n’est pas mise en relation directe avec celle prise au niveau individuel.
Une des solutions envisagée pour faire face à cette contradiction consiste en l’ajout d’une taxe
économique qui grave sur les acteurs polluants, en les orientant vers des processus de production
et de consommation moins compromettants pour l’environnement.
- Pollution locale : elle considère des phénomènes de pollution pour lesquels il est
reconnaissable une sorte de superposition entre les acteurs polluants et les acteurs pollués ; le
cas le plus évident est celui qui évalue les effets directs sur l’environnement locale qui dérivent de
certains comportements de la communauté résidente. Les différents secteurs d’activité
72
73
LANZA Alessandro, op. cit.
WINES James, 2000. L’architecture verte. Taschen, Koln
74
WEIZSACKER Ernst U., LOVINS Amory B., LOVINS L. Hunter, 1997. Factor Four : Doubling Wealth, Halving Resource Use - A
Report to the Club of Rome. Earthscan, Londres
[Trad. franc. 1997] Facteur 4. Deux fois plus de bien-être en consommant deux fois moins de ressources. Un rapport au Club de Rome.
Terre Vivante, Mens
49
économique ont, en fait, des plus ou moins fortes répercussions sur l’environnement local : le
secteur agricole, par exemple, est responsable de l’érosion et de la salinisation des sols, de la
perte de leur capacité de régénération et de stockage naturel de l’eau, de la pollution des nappes
phréatiques ; le secteur industriel est responsable de la production de déchets, de la
consommation de ressources naturelles épuisables ainsi que de la pollution généralisée de l’air,
des sols, des eaux ; le secteur énergétique est responsable des importantes émissions de gaz à
effet de serre dans l’atmosphère ainsi que des risques de pollution qui dérivent des nécessités de
transports de l’énergie et de ses ressources ; le secteur des transports, enfin, est responsable des
émissions des gaz nocifs dans l’air que nous respirons, due à l’utilisation des carburants obtenus à
partir des ressources fossiles.
- Problèmes environnementaux globaux : ils prennent en considération tous les phénomènes
qui ne sont pas exclusivement déterminés par l’activité de pollution des acteurs locaux mais qui
dérivent de la somme des pollutions engendrées par la totalité de ceux-la. Ils sont caractérisés, pur
cela, par un forte inertie, due au décalage temporel entre une cause déterminée et la manifestation
de son effet écologique 75 . Parmi les problèmes environnementaux globaux, nous pouvons indiquer
les suivants : les dérèglements climatiques 76 , qui peuvent engendrer, ensemble avec la fonte des
calottes polaires, une hausse du niveau des océans, une augmentation des phénomènes
météorologiques extrêmes, une modification des écosystèmes naturels, une baisse de la
productivité alimentaire de certaines régions ainsi qu’une extension des zones arides privées de
ressources en eau ; la destruction des forets primaires qui demeurent essentielles à la régulation
du climat global de la Planète ainsi qu’à la conservation de la biodiversité ; la réduction de la
couche d’ozone qui représente un indispensable filtre pour les radiations solaires ; les pluies
acides.
75
76
WACKERNAGEL Mathis, REES William E., op. cit.
SCHWARTZ Peter, RANDALL Doug, 2006. Rapport secret du Pentagone sur le changement climatique. Allia, Paris
50
3.1.4 Les cinq dimensions du développement durable
Il est ainsi évident que le développement durable se présente comme composé par
différentes dimensions, entre elles fortement entrecroisées. Selon Alberto MAGNAGHI 77 , nous
pouvons en distinguer cinq :
- la durabilité politique s’obtient grâce à une forte capacité d’autogouvernement de la part de
la communauté.
- la durabilité sociale se concrétise à travers un important degré d’intégration de tous les
acteur, y compris les acteurs faibles, dans les processus de gouvernement du territoire.
- la durabilité économique vise à la production de valeurs ajoutées au territoire, notamment
les ressources.
- la durabilité environnementale s’obtient grâce à l’application de règles vertueuses capables
de déclencher des processus de autodurabilité.
- la durabilité territoriale dérive dès manières d’habiter le territoire qui soient en mesure de
conduire à des processus de reterritorialisation.
3.2 Climat - Ressources – Civilisation
3.2.1 La gestion des ressources et les civilisations anciennes
La recherche d’une relation équilibrée entre les nécessités de l’hommes et les ressources du
territoire nous paraît ainsi fondamentale. Il s’agit, bien évidemment, d’une relation très anciennes,
qui nous oblige à remonter à l’envers le cours de l’histoire, afin d’en éclairer progressivement les
règles et les enjeux. Les différences des milieux spécifiques sont à la base, en fait, des
hétérogènes parcours évolutifs qui caractérisent l’histoire des peuples de la Planète 78 , selon une
relation de cause à effet que Paolo FEDELI appelle déterminisme de l’environnement 79 .
77
MAGNAGHI Alberto, 2000. Il progetto locale. Bollati Boringhieri, Turin
78
DIAMOND Jared, 1997. Guns, germs and Steel. The fates of human societies. W. W. Norton , New York
[Trad. franc. 2000] De l’inégalité parmi les sociétés. Essai sur l’homme et l’environnement dans l’histoire. Gallimard, Paris
79
FEDELI Paolo, 1990. La natura violata. Ecologia e mondo romano. Sellerio, Palermo
[Trad. franc. 2005] Ecologie antique. Milieux et modes de vie dans le monde romain. InFolio, Gollion
51
Nous savons, en outre, que les résultats de cette relation ont comportés, quelque part,
l’essors et l’effondrement des civilisations passées : parmi les causes qui sont à la base de la
disparition de certaines d’entre elles, que Jared DIAMOND définit écocide 80 , nous retrouvons, en
fait, la mauvaise et non durable gestion des ressources naturelles, la dégradation de
l’environnement locale et l’inadéquation de la société à répondre aux nouvelles conditions
générées 81 . C’est le cas, par exemple, du peuple des Mayas, dont les ressources hydriques se
sont démontrées insuffisantes à soutenir une importante explosion démographique ; ou de la
civilisation de l’île de Paque, dont les habitants, une fois coupé le dernier arbre de la foret
primordiale, se sont retrouvés privés d’une des ressources première nécessaire à leur
soutènement 82 . Au contraire, la lutte incessante des hommes contre des conditions naturelles
particulièrement défavorables afin de réussir à en maîtriser les phénomènes a produit le miracle
vénitien, une victoire sur un site urbain condamné par nature à une inéluctable défaite, treize
siècles durant 83 .
Ce qui aujourd’hui met en péril la réussite et la survie de certaines espèces animales et
végétales, y compris celle humaine selon ses actuels modes de vie, demeure le rapport existant
entre le climat, l’homme et les ressources naturelles ; de grande importance étant notamment la
concentration, dans l’atmosphère, des gaz à effet de serre. Il est de grand intérêt, alors, de
comprendre ces phénomènes et d’en éclairer les répercussions qu’ont toujours affectés le
déroulement de la vie sur la Terre.
3.2.2 Le CO2 et l’effet de serre : la part de la nature et celle de l’homme
Grâce aux archives glacières de l’Antarctique, et notamment au forage de Vostok qui à
permis de procurer des échantillons vieux de 400 000 ans, les scientifiques sont en mesure de
reconstituer aujourd’hui la nature de l’air qui se trouve encapsulée dans la glace fossile, afin de
80
DIAMOND Jared, 2005. Collapse. How societies chose to fail or succeed. Viking Press, New York
[Trad. franc. 2006] Effondrement. Comment les sociétés décident de leur disparition ou de leur survie. Gallimard, Paris
81
82
83
VICARI Jacques, 2007. Ecologie urbaine. . InFolio, Gollion
TOZZI Mario, 2008. Italia segreta. Viaggio nel sottosuolo da Torino a Palermo. Rizzoli, Milan
BRAUNSTEIN Philippe, DELORT Robert, 1971. Venise. Portrait historique d’une cité. Editions du Seuil, Paris
52
connaître la composition de l’atmosphère durant certaines périodes préhistoriques ; cela permet
notamment de remonter aux relatives concentrations de CO2.
Cette concentration est à la base du phénomène très connu de l’effet de serre, un
phénomène dont le juste équilibre demeure fondamentale pour le maintient de la vie sur la surface
de la Terre : grâce à la présence de l’atmosphère, en fait, la température moyenne de notre
planète n’est pas de -19°C comme elle le devrait, mais de +15°C 84 .
Les gaz contenus à l’intérieur de sa composition, et notamment le CO2, sont en mesure
d’éviter la totale réflexion et dispersion des rayons du Soleil, à travers la captation de la chaleur
qu’ils véhiculent ; ceci réussi à assurer la juste température sur la surface du globe. Il est évident,
par contre, qu’avec une excessive concentration de ces gaz dans l’atmosphère, suite par exemple
aux émissions nocives qui dérivent des l’activités anthropiques, ce phénomène d’équilibre parfait
s’altère et se transforme en un réchauffement globale, qui peut avoir des conséquences
dangereuses pour la survie des espèces qui peuplent la Terre, au moins selon les conditions et les
règles que nous connaissons actuellement 85 .
A partir d’une concentration de 275 parts de CO2 par million en début de XX siècle, nous
sommes en fait passés à une concentration actuelle de 370 parts par million ; si aucun remède ne
sera pris, cette augmentation peut arriver à une valeur de 550 à la fin de ce siècle. Cela
correspondrait à un changement climatique de la même intensité, mais de signe opposé bien
évidemment, à celui qui nous sépare aujourd’hui de la dernière glaciation 86 .
Nous savons, grâce aux prélèvements d’échantillons antarctiques, que la concentration de
CO2 dans l’atmosphère a présentée des valeur variables selon les époques considérées. Avant
d’être une conséquence de l’activité humaine, cette concentration est, en fait, une fonction du
rapport qui existe entre la Terre et le Soleil : tous les 100 000 ans, l’excentricité de l’orbite terrestre
procure une variation de la distance entre les deux astres, et donc une différente radiation solaire
84
LANZA Alessandro, op. cit.
85
SZOKOLAY Steven V., 2004. Introduction to Architectural Science. The Basis of Sustainable Design. Architectural Press, Oxford
[Trad. it. 2006] Introduzione alla progettazione sostenibile. Hoepli, Milan
86
MENNA Pietro, 2003. L’energia pulita. Il Mulino, Bologne
53
qui intéresse notre planète ; de celle-la dépendent ensuite les oscillations des températures sur sa
surface.
3.2.3 L’activité des hommes et les répercussions sur l’environnement
Selon les recherches contenues dans l’ouvrage de Jacques VICARI 87 , il aurait du se
produire une nouvelle glaciation depuis quelques millénaires, mais l’époque de la combustion
déclenchée par l’Homo Sapiens voici 5 000 ans à travers son intense activité de domestication de
la nature, et poursuivie depuis lors à travers l’œuvre de presque toutes les civilisations qui l’ont
suivie, a modifié le cursus naturel des choses.
Les géologues ont confirmé l’apparition des phénomènes de sécheresse et de désertification
de territoires entiers, tant en Afrique qu’en Asie, il y a justement 5 000 ans. En Europe aussi, et
notamment en Italie, certaines régions méridionales, arides par nature mais recouvertes jadis
d’abondantes forets, ont été désertifiées par la présence de l’homme et par son activité, autour de
la même époque. Ces régions sont ainsi devenues le théâtre d’une civilisation rupestre qui a été
capable de répondre habilement aux nouvelles conditions, en s’adaptant efficacement à un
territoire aux équilibres extrêmement délicats ; cette même civilisation a donné naissance aux
fameux habitats troglodytiques des Sassi de Matera, un des plus précieux témoignages de
bioarchitecture au monde 88 .
3.2.4 Optimum et pessimum climatiques
Nous savons, par le biais de nombreuses recherches, que les changements climatiques ont
eu au cours de l’histoire des conséquences importantes sur l’évolution des espèces : les
australopithèques, par exemple, naissent durant une période de refroidissement générale afin de
pouvoir s’adapter, en marchant sur le sol, à la disparition de milieux forestier auxquels ils s’étaient
accoutumés 89 . Ces mêmes changement ont en outre comportés des effets spectaculaires en
87
88
VICARI Jacques, op. cit.
LAUREANO Pietro, 1993. Giardini di pietra. I Sassi di Matera e la civiltà mediterranea. Bollati Boringhieri, Turin
89
GORE Al, 1992. Earth in the Balance. Ecology and the Human Spirit. Houghton Mifflin, Boston
[Trad. franc. 1993] Urgence planète Terre. L’esprit humain face à la crise écologique. Hachette Littératures, Paris
54
provoquant des transfert massif de populations d’une aire géographique de la Planète à une
autre : une des plus grandes migration de l’histoire, celle qui à porté l’espèce humaine sur le
continent américain, est notamment le résultat d’une glaciation qui à eue comme conséquence une
baisse du niveau des océans 90 .
Avec l’étude directe de la succession des époques les plus récentes, les historiens ont réussi
à souligner, de la même manière, une alternance d’optimum et de pessimum climatiques, en
concomitance avec l’essors, l’apogée et le brusque effondrement des civilisations dominantes :
c’est le cas, par exemple, des civilisation mésopotamiennes ; des Empires romain et sassanide
suivis des invasions barbares ; des progrès qui ont caractérisés l’An Mil et qui précèdent la
successive petite ère glacière ; de la modernité et enfin de l’époque contemporaine.
Cette dernière se présente comme une succession de quatre révolutions : agricole,
industrielle, énergétique, démographique 91 , dont les conséquences, pour la première fois dans
l’histoire de l’humanité, n’ont pas une connotation géographique locale mais affectent toute la
Planète et sa population, en une manière ou en une autre, en touchant aux équilibres délicats
existants entre le climat, les hommes et les ressources.
3.3 Environnement : de la Nature au Paysage
3.3.1 Le résultat d’une relation synergique
Les activités de l’homme sur l’environnement qui l’entoure produisent, depuis plus de cinq
millénaires, des effets remarquables sur la nature ; des effets qui conduisent à la formation d’une
nouvelle nature, plus anthropique, issue de cette relation synergique. Cela en raison du fait que les
établissements humains ont toujours nécessités d’une maîtrise de l’environnement et de ses
conditions, maîtrise que Reyner BANHAM distingue selon les milieux dans lesquels l’homme se
trouve à devoir survivre : nous retrouvons alors des structural solutions, qui demandent un
investissement personnel de la part de l’homme afin de bâtir des structures répondantes aux
conditions climatiques données, et des power-operated solutions, qui par contre nécessitent de la
90
91
GORE Al, op. cit.
VICARI Jacques, op. cit.
55
présence de ressources énergétiques locales, parfois difficiles à repérer, afin de pouvoir recréer
des conditions artificielles plus adéquates 92 . MAGNAGHI, alors, définit le Territoire comme l’œuvre
d’art la plus importante que l’humanité ait exprimé, issue du dialogue entre deux entité vivantes,
l’Homme et la Nature ; un dialogue qui s’est perpétré, comme nous l’avons vu, durant une longe
histoire 93 .
Entité physique et mentale à la fois, le territoire se définit, selon André CORBOZ 94 , comme le
résultat d’un double processus : d’un coté il se modifie spontanément selon des rythmes naturels,
et de l’autre il subit les interventions humaines. Indéniablement, le territoire est aussi intéressé par
certains phénomènes dont la durée est telle, comme c’est le cas par exemple pour les
changements climatiques, à rendre ses effets imperceptibles à l’observation directe de la part d’un
individu ou d’une génération entière ; ceci lui confère, parfois, le même caractère d’immuabilité qui
connote normalement la nature. Selon CORBOZ, en outre, aussitôt qu’une communauté s’installe
sur un territoire, elle commence à le modifier ; le résultat est donc un produit, un projet collectif.
Durant ce processus de modification, il se trouve que certaines traces laissées auparavant par
d’autres hommes soient supprimées, alors que d’autres y soient ajoutées : le territoire ressemble
pour cela à un palimpseste 95 .
Le concepts de territoire nous emmène, par extension, à celui de paysage, auquel
JACKSON, désireux d’en donner une nouvelle définition, apporte une contribution considérable. Il
s’éloigne, en fait, d’une conception purement esthétique du paysage, conception qui place
l’homme en un rôle de spectateur, et en adopte une autre qui résulte guidée par des raisons
pratiques. Il nous parle, alors, d’une composition d’espaces élaborée par l’homme sur le sol, sur la
surface de la terre, afin de pouvoir répondre aux besoins d’une communauté ; d’un ensemble doté
d’un certain degré de permanence, topographique et culturelle ; d’un élément non pas simplement
naturel faisant partie de l’environnement, mais d’un espace synthétique, culturel ; d’un système
92
93
94
95
BANHAM Reyner, 1969. The Architecture of Well-Tempered Environment. The University of Chicago Press, Chicago
MAGNAGHI Alberto, op. cit.
CORBOZ André, 2001. Le Territoire comme palimpseste et autres essais. Les Editions de L’imprimeur, Besançon
CORBOZ André, op. cit.
56
artificiel, créé pour accélérer ou ralentir les processus naturels, afin d’imposer ceux de nature
humaine ; d’un espace social, d’un territoire, constitué avant tout d’une interaction entre activités
humaines et réalités naturelles. Tous paysage, alors, est porteur d’un but, même si parfois de
façon inconsciente ; il est porteur d’une signification.
Il est alors intéressant de remarquer que, lorsque apparaît pour la première fois dans
l’histoire la civilisation urbaine, avec son pouvoir centrale dépersonnalisé 96 , les différentes
nécessités de mesurer la réalité afin de pouvoir la lire et la cataloguer, ont emmené à une
profonde standardisation du monde. Cette standardisation, qui à intéressé le plus particulièrement
le paysage agricole, à transformé ce dernier en une entité sexagésimale, dont les champs et les
canaux se mesurent finalement selon des unités simplifiées et des rapports conventionnels. Ceci
comporte une véritable révolution dans l’approche mentale de la réalité que, selon LIVERANI, est
de même importance de celle causée parallèlement par l’introduction de l’écriture.
3.3.2 Le paysage politique et le paysage habité
Les hommes, en tant qu’animaux politiques et habitants de la terre à la fois, ont tendance à
créer une communauté ; ce faisant, ils participent à la création des paysages, qui sont donc la
manifestation visible de leurs intentions. La double spécificité de l’homme peut avoir des
répercussions fort différentes sur la manière d’interagir avec la nature.
Nous pouvons ainsi reconnaître, en accord avec JACKSON, deux différents types de
paysage : le paysage politique et le paysage habité. Quant au premier, il naît de manière délibérée
pour permettre aux hommes de vivre dans une société juste, maîtrisée ; il se présente comme la
réalisation d’un archétype, d’un idéal social, religieux et moral, et pour cela demeure indifférent à la
topographie qu’il recouvre et à la culture endogène des lieux ; il est, de ce fait, le paysage de la
grande échelle, de la géométrisation du territoire qui, poussée à l’extrême, produit des
phénomènes imposants comme celui de la grille territoriale des Etats-Unis ; l’aspect naturel
contenu en son intérieur, demeure dépourvu d’une identité propre, comme étant au service d’un
objectif humain.
96
LIVERANI Mario, 1998. Uruk. La prima città. Laterza, Rome-Bari
57
Le paysage habité, quant à lui, appelé aussi par JACKSON paysage vécu, évolue au rythme
des tentatives différentes que les hommes font pour essayer de vivre de manière harmonieuse
avec la nature ; il est alors le produit d’un incessant processus d’adaptation, dont l’identité se
manifeste durant le parcours même d’accomplissement ; il se réalise comme une intégration au
lieu et à son peuple ; il peut se définir, donc, comme un paysage existentiel, et demeure, bien
évidemment, le type de paysage le plus ancien et le plus répandu.
L’homme politique voit dans le paysage une création, la sienne ; une création qui est en
mesure de lui conférer un statut spécifique, différent de celui des autres animaux. L’homme
habitant de la terre, en revanche, y voit un quelque chose de déjà existant, qui précède son arrivée
et son action.
Comme pour tout être humain, qui ne peut se considérer comme étant ni exclusivement
animal politique ni habitant de la terre, mais comme un mélange équilibré des deux aspects, de la
même manière tous paysage ne peut se traiter comme si doté d’une seule et unique identité, mais
plutôt comme une coexistence des deux natures ; coexistence qui n’est pas pour autant en
équilibre parfait, mais dans laquelle une des réalité est plus présente et déterminante que l’autre 97 .
3.3.3 Le paysage de l’ingénieur
Avec la modernité, un nouveau type de paysage se profile à l’horizon, un paysage qui,
toujours selon JACKSON, est celui de l’ingénieur. Il s’agit cette fois-ci d’un type de paysage
particulier, car sa réalisation est consacrée à la production, à la conservation et à l’utilisation de
l’énergie. Selon le point de vue de l’ingénieur, en fait, un paysage est beau lorsque les systèmes
de circulation de l’énergie fonctionnent de manière impeccable.
Ce nouveau type de paysage, une fois bouleversé efficacement l’environnement, procède à
modifier les mentalités mêmes de la population intéressée. Cette dernière se retrouve à n’avoir
plus aucun contact directe et responsable avec la nature alentour et se réfugie, alors, à l’intérieur
de la ville. Or, elle voit désormais l’environnement simplement comme un lieu où acheter, ou
prendre gratuitement, les ressources nécessaires, afin de pouvoir les transférer en ville ; ses
97
BRINCKERHOFF JACKSON John, 1984. Discovering the Vernacular Landscape. Yale University Press, New Haven et Londres
[Trad. franc. 2003] A la découverte du paysage vernaculaire. ACTES SUD / ENSP, Arles et Versailles
58
expériences avec cet environnement deviennent programmées, collectives, ainsi qu’urbaines, car
elles se consomment en n’excluant pas la présence d’autrui 98 .
3.4 Ville et Territoire
3.4.1 Les territoires aujourd’hui : les villes centripètes et les villes centrifuges
L’apparition de ce nouveau type de paysage nous emmène à des considérations importantes
concernant la situation du territoire aujourd’hui ; une situation qui est fortement conditionnée par
l’étalement de la structure de la ville contemporaine, et par conséquent de l’activité urbaine, sur un
espace qui est de plus en plus vaste et éloigné de son noyau d’origine.
Au début, en fait, la ville et la campagne se présentaient comme deux entités nettement
séparées, et pour cela fortement reconnaissables. La transformation topologique qui est
intervenue ensuite a transformé progressivement la campagne en une sorte d’élément urbain, qui
a concourue pour cela à dessiner l’espace métropolitain. Les grandes infrastructures qui ont
triangulé le territoire, ont englobé dans leur maille des parties toujours plus importantes de sol
libre, qu’aujourd’hui n’appartient pas à la nature en tant que telle et qui, en même temps, ne peut
pas non plus se définir comme étant une partie de la ville. La géographie est devenue ainsi une
manière de structurer l’ensemble de l’espace urbain 99 .
L’antagonisme même qui existe entre la ville et la campagne est, alors, une notion
complètement citadine. Si aujourd’hui nous voyons disparaître l’ancienne opposition entre le rural
et l’urbain, c’est surtout à cause de l’extension de l’urbain à l’ensemble du territoire. Suite en fait à
l’introduction et à la diffusion des technologies, processus qui déclenche une radicale modification
des comportements humains ainsi qu’une homogénéisation des différents modes de vie, l’espace
urbain n’est pas considérable aujourd’hui comme un espace caractérisé par une succession serré
de bâti, mais plutôt comme celui dans lequel les habitants ont acquis une mentalité citadine 100 .
98
BRINCKERHOFF JACKSON John, op. cit.
99
MARTI ARIS Carlos, 2005. La cimbra y el arco. Fundaciòn Caja de Arquitectos, Barcelone
[Trad. it. 2007] La cèntina e l’arco. Christian Marinotti Edizioni, Milan
100
CORBOZ André, op. cit.
59
Selon KOOLHAAS, d’ailleurs, l’ancien exode de la population dès campagne vers la ville se traduit
aujourd’hui par un mouvement vers la Ville Générique, à savoir une ville tellement invasive qui est
en mesure de rejoindre la campagne 101 . Ceci, en accord avec Lewis MUMFORD 102 , nous emmène
à distinguer cette expansion urbaine, contemporaine, à celle des origine de la civilisation, lorsque
le mouvement à considérer était diamétralement opposé : non pas une explosion mais une
implosion, qui à vue les différents éléments de la communauté, jusqu’alors épars sur une grande
vallée ou sur des étendue encore plus vastes, rassemblés pour la première fois à l’intérieur des
remparts de la ville.
3.4.2 La libération du territoire : les prothèses technologiques
L’homme, on l’a dit, a tendance alors à couvrir le territoire environnant d’objets, d’œuvres,
d’infrastructures, de poisons ; ce faire l’emmène à la libération de ce territoire, et à la construction
d’une seconde nature, qui peut se définir comme étant artificielle 103 . « La construction des réseaux
autoroutiers, celle des nouvelles infrastructures ferroviaires et aériennes, l’équipement
systématique des cotes les plus favorables au tourisme estival et celui des régions montagneuses
impropres à l’agriculture et au logement pour accueillir celui de l’hiver, telles sont les traces les
plus visibles d’une activité essentiellement citadine, dont le but consiste à mettre les continents à
la disposition de l’homme des villes » 104 .
Le processus de progressive libération de l’homme du territoire, dont parle MAGNAGHI 105
dans son ouvrage « Le projet local », se fait à travers la réalisation, nous l’avons déjà évoqué, de
prothèses technologiques ; c’est en fait la technologie qui permet de se servir du territoire comme
d’un simple support aux activités et aux infrastructures, qui sont ainsi placées sur sa surface selon
101
KOOLHAAS Rem, 1995. The generic city.
In OMA, KOOLHAAS Rem, MAU Bruce, 1995. S,M,L,XL, The Monacelli Press, New York/010 Publishers, Rotterdam
[Trad. it. 2006] La città generica.
In Junkspace. Per un ripensamento radicale dello spazio urbano. Quodlibet, Macerata
102
MUMFORD Lewis, 1961. The city in history. Harcourt, Brace and Jovanovich, New York
[Trad. it. 1967] La città nella storia. Bompiani, Milan
103
104
105
MAGNAGHI Alberto, op. cit.
CORBOZ André, op. cit.
MAGNAGHI Alberto, op. cit.
60
des méthodes qui demeurent étrangères à sa nature, et donc exclusivement guidées par des
logiques fonctionnelles et économiques.
Cette situation se révèle comme étant non durable, car elle se trouve à être considérée
comme la responsable de l’énorme consommation de sol de la part des villes, de leur
impressionnante voracité énergétique, de l’utilisation de ressources non renouvelables, de la
concentration de facteurs polluants, de la création de nouvelles pauvretés. L’habitant du lieu est à
considérer, aujourd’hui, comme un producteur et un consommateur.
3.4.3 La ville contemporaine el les facteurs d’agression du territoire
La ville contemporaine, reconnue comme la responsable première de cet agression œuvrée
sur le territoire, se présente aujourd’hui comme caractérise par une nouvelle série de facteurs et
de règles de fonctionnement.
- les progrès technologiques, tout d’abord, ont permis de s’abstraire des anciennes
nécessités territoriales, qui étaient représentées autrefois par la nécessité de s’installer près des
ressources énergétiques, de trouver une dimension pour la ville apte à garantir la reproductibilité
des ressources environnementales locales ainsi que des temps raisonnables pour les transports
des personnes, des marchandises, des énergies et des informations.
- la prédominance de réflexions de type économique à l’intérieur des processus
d’organisation de l’espace urbain, ensuite, ont conduit au respect exclusif des logiques de
fonctionnement du cycle de production, et ont ainsi produit un éloignement entre la structure
urbaine et la vrai signification du territoire.
- l’application de processus industriels à tous les secteurs de la production ainsi que
l’utilisation de matériaux standardisés pour la concrétisation de l’espace urbain, d’autre part, ont
emmené à une indifférence entre l’architecture et les conditions spécifiques du lieu, ainsi qu’à une
perte de connaissances de l’environnement et des règles et des principes qui régissent son
fonctionnement.
- la perte de valeur de l’espace urbain, encore, que aujourd’hui n’est plus considéré comme
un lieu de rencontre mais comme une pure connexion entre les différentes spécificités
fonctionnelles, a généré une diminution des anciennes relations sociales qui caractérisaient la ville
61
auparavant. La transformation du territoire, enfin, en un produit, en une sorte de marchandise à
acheter, a entraîné un processus de construction qui tend à oublier les anciennes règles de
constitution de l’habitat humain 106 .
L’architecture, considérée comme une discipline qui construit les formes physiques du
territoire anthropique, doit alors promouvoir, afin que ce système puisse fonctionner, une
transformation de la nature en un nouveau système qui soit productif et habitable à la fois 107 .
3.5 Ville et Energie
3.5.1 Les ressources d’énergie, le fonctionnements de la ville et les formes urbaines
Il est évident que la cause première qui a déterminé la naissance du rapport modern entre la
ville et son territoire et qu’ensuite, durant les époques plus récentes, en a régie la forte brisure qui
s’est produite, est a retracer dans la relation qui s’est toujours instaurée entre les ressources
d’énergie nécessaires au fonctionnement de la ville et la conformation physique qui en dérive.
Avec la révolution agricole et les domestications animales et végétales qui en ont suivis, en fait, il a
été franchi un pas important en ce qui concerne l’exploitation de l’énergie solaire 108 .
Les villes sont de l’énergie 109 . L’évolution de la structure urbaine, au fil des époques
historiques, se présente en fait comme le résultat d’un effort continu et opiniâtre perpétré par les
hommes, afin de satisfaire leur besoins en énergies, en essayant de rendre disponibles et
utilisables des ressources toujours nouvelles et plus efficaces. Les lieux où cette recherche s’est
manifestée le plus intensément sont justement ceux mêmes où le développement socioéconomique et technologique a été supérieurs, à savoir les villes. Historiquement les ville, alors,
ont toujours étés le résultat de leurs régimes énergétiques 110 : leur conformation, leur fonction et
106
107
108
MAGNAGHI Alberto, op. cit.
MARTI ARIS Carlos, op. cit.
MUMFORD Lewis, op. cit.
109
DROEGE Peter, 2006. The Renewable City-A comprehensive guide to an urban revolution. John Wiley & Sons, Chichester
[Trad. it. 2008] La città rinnovabile. Guida completa ad una rivoluzione urbana . Edizioni Ambiente, Milan
110
ibid.
62
leurs perspectives étaient la conséquence des prérogatives et des disponibilités énergétiques
présentes sur le territoire.
Selon Paolo DE PASCALI, d’autre part, cette même relation demeure valable si nous la
considérons en sens inverse : c’est-à-dire que la croissance et l’articulation des consommations
énergétiques influencent fortement la structure de la ville, et notamment sa diversification et sa
complexification progressives 111 .
3.5.2 Les villes contemporaines comme systèmes ouverts : la dissipation d’énergie
Les villes représentent donc les lieux où, historiquement, s’est enregistré une concentration
de la demande d’énergie, et dans lesquels se sont vérifiés en même temps les plus massives
utilisations de celle-la, telles à avoir des répercussions sur l’économie, la culture et la société en
général 112 .
La ville, cependant, est comparable à un puissant système ouvert qui emporte surtout
matières premières, énergie, informations et personnes, et qui, après un processus que l’on
pourrait comparer à celui du métabolisme, exporte essentiellement d’autres informations ainsi que
des biens de consommation, des déchets et de la pollutions, y compris des grandes quantités de
CO2 et d’autres gaz à effet de serre ; ces derniers sont à distinguer entre ceux qui sont produit
directement par la ville, et notamment par son système de fonctionnement énergétique, et ceux qui
sont produits indirectement à travers l’activité de production des produits qui sont destinés à une
consommation urbaine.
Les villes peuvent alors être considérées, en accord avec Richard ROGERS 113 , comme des
immenses organismes parasites, à l’intérieur desquels le processus de conversion, ce
métabolisme qui est dépendant du climat, du niveau de développement, de la dimension, de la
structure et de l’histoire, se traduit, en quelque sorte, en une dissipation et en un gaspillage
d’énergie. Cela est imputable à l’actuel model de fonctionnement urbain, déterminé par les
111
112
DE PASCALI Paolo, 2008. Città ed energia. La valenza energetica dell’organizzazione insediativa. Franco Angeli, Milan
DE PASCALI Paolo, op. cit.
113
ROGERS Richard, GUMUCHDJIAN Philip, 1997. Cities for a small planet. Faber and Faber, London
[Trad. franc. 2000] Des villes durables pour une petite planète . Le Moniteur, Paris
63
processus de production de biens, par les différents modes de transport, et par les outils qui sont
mis en œuvre pour l’obtention du moderne et diffusé niveau de confort. Les principaux secteurs de
consommation d’énergie en milieu urbain sont en fait l’industrie, les ménages et les transports ; au
secteur des ménages il est normalement rattaché celui du tertiaire car les consommation sont de
nature et de caractéristiques comparables 114 .
3.5.3 L’évolution des ressources énergétiques : états de crise et nouvelles ressources
En partant de ces considérations, nous pouvons conclure que l’histoire urbaine, et
notamment celle de l’utilisation du territoire environnant, peut être interprétée comme une fonction
de l’évolution des ressources énergétiques et des technologies nécessaires à leur conversion et
utilisation ; et que, encore, aux périodes de crises des différentes ressources correspond un
processus de changement socio-économique et d’organisation territoriale, qui emmène à l’essors
d’une nouvelle d’entre elles.
Chaque époque a ainsi été caractérisée par un différent système énergétique, qui visait à
utiliser les ressources locales disponibles tout en essayant d’améliorer leur efficacité par le biais de
l’exploitation de la force des éléments naturels et des différentes dynamiques climatiques ; à
chacun de ces effort correspondait une certaine organisation urbaine ; le déclin d’une des
composantes de cette relation, ou des deux en même temps, a déclenché, historiquement,
l’apparition et l’imposition de nouveaux systèmes.
A l’origine, le passage même du système de la récolte et de la chasse à celui de la mise en
culture et de l’élevage, qui a conduit l’homme vers la naissance de la civilisation ainsi que vers
l’apparition de la culture urbaine, a été guidé par l’insuffisance des ressources énergétiques dont
disposaient les êtres humains pour leur soutènement ; il s’agissait notamment d’un bilan encore
fortement déséquilibré entre la quantité d’énergie dépensée pour se procurer de la nourriture et
celle obtenue comme résultat même de l’alimentation.
Pour une longue partie de l’histoire, plus ou moins depuis la naissance de l’humanité jusqu’à
l’époque préindustrielle, l’évolution de la civilisation a été guidée essentiellement par deux sources
114
MERLIN Pierre, TRAISNEL Jean-Pierre, 1996. Energie, environnement et urbanisme durable. Presse Universitaire de France, Paris
64
énergétiques principales : d’un coté les muscles, soit des hommes et des esclaves que des
animaux, comme source d’énergie mécanique ; de l’autre coté le bois, comme matière première
pour obtenir de l’énergie thermique. Même après l’apparition de la voie ferrée, les chevaux en ville
demeuraient très nombreux et conditionnaient pour cela la configuration même des espaces
urbains ainsi que les formes et les volumes du bâti.
Les conséquentes quantités de bois et de biomasses en général, nécessaires pour
l’alimentation des habitant et pour la construction de la ville elle-même, déterminaient, d’autre part,
la dimension urbaine ; elle était calculée en fonction de l’espace agricole et forestier nécessaire
pour son approvisionnement en matières premières, espaces qui devaient, alors, être laissés
libres.
En ce qui concerne les autres sources, comme par exemple le vent et l’eau, même si elles
ont étés utilisées à partir d’époques très anciennes, elles non pas pour autant eue une diffusion
généralisée ; elle ont servie plutôt à garantir la couverture de quantités seulement partielles des
différents besoins énergétique : l’eau des rivières, pour les ville qui en disposaient, a souvent
trouvée une application et une intégration à l’intérieur de la structure et de l’économie citadines,
alors que la présence des vents dominants, déterminée par des conditions géographiques et
topographiques particulière et pour cela non maîtrisables directement par l’homme, a toujours
nécessité de la présence d’importants espaces libres, souvent éloignés du tissu de la ville, et par
conséquent rarement intégrés à l’intérieur de la structure urbaine.
3.5.4 L’apparition des ressources fossiles : la ville verticale et la ville horizontale
Le passage, ensuite, dès ressources animées, celles constituées dès être humains et dès
animaux, à celles fossiles, tout d’abord le charbon et ensuite les hydrocarbures, ensemble avec le
recours à l’utilisation de systèmes de conversion technologiquement plus avancés et adaptés aux
besoins, a déterminé de manière progressive, mais inéluctable, la séparation entre la production et
la consommation énergétiques, en participant de la sorte à la déresponsabilisation progressive visà-vis des utilisations individuelles 115 . En outre, l’ancien rapport de voisinage entre le lieu de
115
CLERC Denis, CHALON Claude, MAGNIN Gérard, VOUILLOT Hervé, op. cit.
65
production et celui de consommation, qui avait suggéré les manières d’utiliser le territoire alentour
pour des siècles durant, termine brusquement, surtout en raison de la possibilité de transporter les
ressources requise d’un endroit à un autre, toujours plus facilement.
Ceci a déterminé donc un éloignement définitif entre les lieux de disponibilité de la source et
ceux de son utilisation finale, à savoir les villes. Une autre limitation qui devient obsolète avec la
diffusion des nouvelles technologies, est celle relative aux temps des usages : les sources
énergétiques inanimées, en fait, n’obligent plus les hommes à une utilisation immédiate de
l’énergie produite, mais garantissent, en revanche, une disponibilité continue et ininterrompue.
Le pas successif, l’installation des infrastructure en réseau pour la distribution de l’énergie,
qui parfois se réalisent en même temps que celle de la viabilité et des transports, ont permis, plus
récemment, l’apparition et la propagation d’un nouveau modèle d’habitat, celui diffusé ; ce dernier
est possible à réaliser, au moins théoriquement, en chaque lieu et en tout moment. Les réseaux
informatiques, enfin, ont augmentés ces possibilités en créant une inédite relation de voisinage,
celle que l’on définit de proximité sans contiguïté 116 .
Avec la diffusion des sources inanimées, d’autre part, le binôme ville - énergie voit un
nouveau terme apparaître : celui de la pollution. En fait, à partir de l’utilisation du charbon et
ensuite avec celle du pétrole et du gaz naturel, la pollution devient progressivement la protagoniste
de la grande ville, où justement l’utilisation de cette ressources demeure massive et où il existe un
plus important degré de concentration d’hommes et d’activités consommatrices à la fois.
Avec l’invention et la diffusion de l’électricité, en outre, la ville se transforme radicalement : le
Regenerative Mode, celui qui naît dans des domaines techniques et qui fait recours intensivement
aux pouvoirs mécaniques, substitue toujours plus profondément les systèmes précédents, que
BANHAM appelle de Conservative et Selective 117 . De pair avec la ville, change aussi la société
urbaine en général : les réseaux électriques, en fait, permettent, et donc promeuvent, des
comportements et des styles de vie complètement inédits, en raison de la forte pénétration des
applications qui utilisent les dispositifs électriques à l’intérieur de la vie quotidienne. Cet aspect
116
117
DE PASCALI Paolo, op. cit.
BANHAM Reyner, op. cit.
66
représente, d’autre part, une importante limite contenue à l’intérieur de la source elle-même, car
cette dernière détermine et conditionne trop profondément la presque totalité des habitudes de la
vie contemporaine, qui résulte ainsi dépendante et vulnérable aux risques d’intermittence de
l’approvisionnement.
La ville, quant à sa structure, devient verticale : ses bâtiments commencent à monter en
hauteur et, par conséquent, à nécessiter de quantités toujours plus importante d’énergie ; ils sont
ainsi l’expression la plus aboutit de la ressource énergétique qui les dessert ; ils se transforment
en des machines énergétivores.
Avec la diffusion du pétrole, ensuite, démarre un nouveau phénomène d’expansion et de
diffusion de la ville ; celle-la se trouve, en fait, complètement restructuré par la construction des
grandes infrastructures de transports et par celle des nouveaux quartiers périphériques, ainsi que
par la réalisation d’une quantités impressionnantes d’habitats individuels épars.
La ville devient dorénavant horizontale. Il s’agit, bien sure, d’un modèle de développement
de type non durable ; il dépend, en fait, fortement de l’existence de la source, que nous savons par
contre être épuisable, de sa diffusion, qui n’est pas généralisé, et surtout de sa fourniture. Ce
modèle se traduit donc en une forte dépendance dès Pays fournisseurs, avec tous les
déséquilibres, géographiques et politiques, que cela comporte.
3.5.5 Les cinq paradigmes du rapport actuel entre les villes et l’énergie
DE PASCALI, à cet égard, nous parle de cinq paradigmes, appelés aussi nœuds, autour
desquels s’articule la question actuelle du rapport entre ville et énergie.
- le premier paradigme est celui de l’épuisabilité des ressources fossiles, dont la prise de
conscience, relativement récente, nous oriente vers la recherche de nouvelles ressources plus
durables, aptes pour autant à répondre à nos besoins actuels.
- le deuxième est celui environnementale, conséquent, quant à lui, à l’étude des
répercussions négatives que les techniques actuelles de production et de distribution de l’énergie
ont sur l’environnement.
- le troisième paradigme est ensuite celui donné par la dématérialisation et par
l’informatisation de certains secteurs d’activité ; ce processus, si d’un coté a eu des répercussions
67
positives sur les procédés de production, d’un autre il a emmené vers une énergisation du territoire
et des comportements humains en général.
- le quatrième est celui de la dépendance, qui dérive de la somme de quatre autres
dépendances : celle de la non diversification, et donc de l’insubstituabilité, des ressources
énergétiques utilisées aujourd’hui ; celle du nombre limité de Pays fournisseur ; celle des
caractéristiques des infrastructures mise en œuvre pour la production, le transport et la distribution
de l’énergie ; celle de la rigidité des technologies adoptées.
- le cinquième paradigme, enfin, est celui de la grande diffusion de l’énergie qui ne
correspond malheureusement pas à une décentralisation et à une autonomie des méthodes de
production.
3.5.6 Les « sustaining technologie » et les « disruptive technologie »
Le système énergétique actuel semble arrivé à sa maturation ; nous pouvons même
admettre qu’il présente des nombreux signes de crise, une crise qui n’est pas pour autant à
concevoir comme négative, mais au contraire comme une nouvelle phase de transition qui peut
ainsi permettre d’arriver à la mise en œuvre de nouveaux systèmes de production et de distribution
de l’énergie ; ceci peut se faire grâce au recours à des techniques modernes « non gaspilleuses »
et aptes à épargner l’environnement élémentaire 118 .
Les contraintes, comme l’histoire nous l’enseigne de manière efficace, peuvent représenter
une chance pour un développement ultérieur, de type nouveau : ceci s’est produit, nous l’avons
introduit, avec la révolution agricole, résultante d’un état de crise du à une importante pression
démographique, qui s’est avéré pour l’homme cueilleur - chasseur d’autrefois comme étant
incompatible avec les ressources disponibles localement 119 . Il est intéressant, en outre, de
118
GUERY François, 2002. Coloniser la terre. Réflexions sur les établissements humains.
In YOUNES Chris, PAQUOT Thierry (sous la direction de), 2002. Philosophie, ville et architecture. La renaissance des quatre élèments.
La Découverte, Paris
119
CLERC Denis, CHALON Claude, MAGNIN Gérard, VOUILLOT Hervé, 2008. Pour un nouvel urbanisme. La ville au cœur du
développement durable . Yves Michel, Gap
68
remarquer que la parole crise nécessite dans la lingue chinoise de deux idéogrammes pour être
exprimée : le premier est le symbole de danger, alors que le deuxième est celui d’opportunité 120 .
Il est évident que, face à chaque crise et comme il s’est toujours produit durant le cursus de
l’histoire, il existe différentes alternative : d’un coté, celle qui cherche une amélioration de la
situation donnée, de l’autre, celle qui essaye de trouver des solutions autres, plus innovantes.
Dans le domaine de la technologie, il est coutume de parler, à cet égard, de disruptive
technology et de sustaining technology 121 . Une technologie de type sustaining est celle qui
possède déjà un marché développé, et dont les produits et les services évoluent selon les progrès
de la science et de la technologie relatives. Une technologie disruptive, par contre, est une
technologie normalement plus simple, plus pratique, plus économique, mais qui présente en même
temps moins de potentialités car elle n’est pas, ou pas encore, adaptée au marché existant, et par
conséquent n’est pas préférée et choisie par les entreprises qui dominent les différents secteurs.
Selon un paradoxe, qui pourtant s’est déjà produit en passé plusieurs fois, les technologies
de type disruptive demeurent aussi les plus capables à révolutionner complètement le marché
existant : les exemples les plus éclairants sont celui concernant le PC ou, plus récemment, les
appareilles photographiques numériques. Dans le domaine qui nous occupe dans ces pages, une
technologie de type disruptive peut être considérée celle du réseau urbain de gaz, qui à
complètement substitué les lampes à huile ; ou encore celle de l’éclairage électrique qui, peu de
temps après, intervient à rendre le gaz lui-même un système obsolète.
Aujourd’hui, comme nous allons le voir par la suite, nous disposons déjà de nouvelles
technologies de type disruptive ; celles-la, appliquées à différents niveaux de l’organisme urbain, à
savoir à l’échelle de l’habitat jusqu’à celle de la ville entière, tout en passant par celle de chaque
quartier qui la structure, peuvent apporter un changement radical dans la configuration urbaine en
toutes ses parties, et peuvent modifier ainsi complètement son fonctionnement. Il s’agit, bien
évidemment, des technologies liées à la production d’énergie provenant des ressources
120
121
GORE Al, op. cit.
BUTERA Federico M., 2004. Dalla caverna alla casa ecologica. Storia del comfort e dell’energia. Edizioni Ambiente, Milan
69
renouvelables locales et qui, de la sorte, pourrait restructurer, de manière synergique, le rapport
entre la ville et le territoire.
3.6 Energie renouvelable
3.6.1 Ressources épuisables et ressources renouvelables
Appelées aussi ressources d’énergie propre, les renouvelables sont représentées pas le
soleil, l’eau, le vent, les biomasses et la chaleur de la terre. A la différence des ressources fossiles,
elles ne s’épuisent pas durant l’utilisation, en raison du fait qu’elles se régénèrent continuellement.
En outre, leur utilisation ne comporte pas une déperdition énergétique, car elles permettent de
produire de l’électricité ou de la chaleur de manière directe, sans écart important entre l’énergie
finale, celle résultante, et l’énergie primaire, celle utilisé durant le processus lui-même 122 . Parfois
nous assistons à l’inclusion, parmi ces ressources renouvelables, des déchets urbains, même s’il
est plus convenable de les considérer comme appartenants à une deuxième catégorie, en raison
du fait que, même si en quelque sorte ils demeurent renouvelables, il ne peuvent pas être
considérés comme étant durables car ils promeuvent une production conséquente d’eux-mêmes.
Nous pouvons tout de même les considérer comme des ressources utilisables en une écologie de
type industriel, celle qui voit les résultats des processus de production comme des ressources pour
alimenter d’autres activités productives 123 .
En quelque sorte, si les ressources fossiles seraient utilisées en respectant les temps
nécessaires à leur régénération, elles pourraient être considérées comme étant renouvelables.
Malgré leur abondance qui dérive d’une accumulation perpétrée pour presque 3 milliards
d’années, le rythme vertigineux de l’exploitation actuelle les rend indiscutablement épuisables. Les
calcules effectués aujourd’hui par des organismes spécialisés, à cet égard, préconisent la durée
des gisement fossiles disponibles actuellement, en considérant, bien évidemment, des rythmes
122
123
CLERC Denis, CHALON Claude, MAGNIN Gérard, VOUILLOT Hervé, op. cit.
ibid.
70
d’exploitation en accord avec les prévisions de développement économique mondiales ; il s’agit de
40 ans pour le pétrole, de 60 ans pour le gaz naturel et de 200 ans pour le charbon 124 .
Les énergie renouvelables, quant à elles, représentent les mêmes ressources qui ont été
utilisées par l’humanité durant toute son histoire, au moins jusqu’à l’époque préindustrielle ; elles
peuvent être re-utilisées aujourd’hui de manière efficace, à la fois pour la production d’électricité et
de chaleur, et à la fois pour la production de biocombustibles.
Elle font aujourd’hui l’objet d’études très approfondies, visant à en analyser les
répercussions sur l’homme et sur l’environnement, durant tout leur cycle de vie ; ces études
confirment que les émissions de CO2 et d’autres gaz à effet de serre dans l’atmosphère, qui
dérivent de leur utilisation, se maintiennent sur des valeurs nulles ou assez limitées. Les
technologies dont nous disposons actuellement, en outre, nous garantissent la possibilité
d’exploiter les différentes ressources en une manière efficace et, enfin ou de nouveau, durable 125 .
Procédons maintenant à l’analyse de chaque famille d’énergie renouvelable, de manière à
en comprendre les potentialités et les limites :
3.6.2 Energie hydraulique
Elle est la ressources renouvelable la plus exploitée actuellement dans le monde entier. Pour
la production d’électricité, elle représente, en fait, la deuxième ressource planétaire après le
charbon.
L’électricité s’obtient par l’exploitant de la force cinétique de l’eau, préalablement maîtrisée à
travers des infrastructures, comme les barrages, qui peuvent atteindre parfois une taille très
importante. Différent est, par contre, le cas d’autres complexes, appelés de micro-hydraulique, qui
ne demandent pas la réalisation de digues en raison des différentes technologies dont ils
nécessitent.
A la famille de l’énergie hydraulique appartient, en outre, celle qui provient de l’exploitation
des mers et des océans. Celle-la se divise en une double branche : celle qui se réfère à l’utilisation
124
125
MENNA Pietro, op. cit.
ibid.
71
du cinétisme contenu dans le phénomène des marées, et celle qui procède à travers la conversion
du flux des ondes marines ; ce dernier type, qui possède un grand potentiel, manque encore pour
autant des technologies adaptées à une exploitation à la grandes échelle.
3.6.3 Energie géothermique
Elle est issue d’une source d’énergie qui se trouve distribuée, pour ainsi dire, sous nos
pieds : à savoir la température, plus au moins haute, présente dans les profondeurs de notre
planète.
Cette température n’est pas généralement très élevée, mais elles se présente pourtant
distribuée de manière constante sur toute la surface de la Terre : à seulement 2 ou 3 mètres de
profondeur, en fait, la température se manient constamment, durant toute l’année, autour des
valeurs moyennes de la localité considérée 126 .
En revanche, en correspondance de certains points particuliers de la surface de la Terre, la
où normalement se produisent les tremblements de terre et les activités volcaniques, cette
température peut atteindre des valeurs très élevés.
Cette variation de situation et donc de ressource, alors, déclenche des usages énergétiques
différents : la géothermie à basse températures s’utilise, en fait, pour obtenir de la chaleur, alors
que celle à haute température sert à la production d’électricité.
3.6.4 Energie éolienne
Elle est issue de la conversion de l’énergie cinétique contenue dans les courants d’air
naturelles, tout d’abord en énergie mécanique, et ensuite en électricité.
Les courants d’air sont générées par les variations de température entre les différents strates
de l’atmosphère terrestre, et dépendent pour cela autant des mouvements globaux de la planète
que de ceux à l’échelle locale, dus aux conditions topographiques particulière de chaque territoire.
L’énergie potentielle qui peut en dériver, alors, subit des variations importante selon le cycle
des saisons et les horaires de la journée. Le plus grand potentiel éolien se trouve, de toute
126
SZOKOLAY Steven V., op. cit.
72
manière, le long des cotes marines et dans les régions montagneuses ; il peut être exploité, en
outre, même en cas d’absence d’un réseau électrique déjà construit.
Selon les études réalisées jusqu’à aujourd’hui, le potentiel d’énergie éolienne disponible
dans toute la planète est supérieur à la totalité des besoins énergétiques mondiaux : la quantité qui
dérive des différents calcules varie, en fait, entre les 20 000 et les 50 000 milliards de kWh, alors
que les nécessités mondiales en électricité correspondent à 15 000 milliards de kWh 127 .
3.6.5 Energie solaire
Elle constitue la force vitale de tous les systèmes énergétiques terrestres, soient ils animales
ou végétales ; elle concerne, en fait, l’énergie contenue à l’intérieur des rayons du Soleil. Sa
disponibilité, selon la localité géographique considérée, dépend, il est évident, des variations
quotidiennes et saisonnières, ainsi que des conditions météorologiques locales. Pourtant, nous
pouvons affirmer que, en général, la quantité d’énergie que le soleil nous envoi dépasse
abondamment celle dont toute l’humanité a besoin.
En considérant les latitudes de l’Italie méridionale, où par exemple se trouve la ville de
Naples, il suffit de considérer que la quantité d’énergie que nous pouvons obtenir, le long de toute
une année, à travers l’exposition de seulement 1 mètre carré de surface sensible, équivaut à celle
que l’on obtient de l’utilisation d’un baril de pétrole 128 .
Il existe aujourd’hui différentes manières pour utiliser ce type d’énergie renouvelable, et les
technologies dont nous disposons varient donc considérablement. Il est possible, en fait, de se
servir de la chaleur su soleil directement et activement à travers les collecteurs pour l’eau chaude,
ainsi que indirectement, grâce à une conception de la ville et du bâti qui soit sensible et intelligente
aux données climatiques et environnementales ; de transformer en électricité l’énergie contenue
dans certains fluides chauffés préalablement à travers l’exposition au soleil ; ou encore de
convertir la radiation solaire en électricité par le biais de cellules photovoltaïques.
127
128
MENNA Pietro, op. cit.
ibid.
73
3.6.6 Energie des biomasses
Les biomasses sont en général les différents matériaux organiques, tels que le bois, les
résidus des produit de l’agriculture et des forets, ainsi que les plantations agricoles.
L’énergie produite dérive donc de la transformation des molécules organiques, nourries par
le soleil à travers tout leur cycle de vie, à travers des procès de combustion. Il est évident que le
quantitatif de carbone libéré durant le processus de combustion ne contribue pas au
réchauffement climatique seulement dans le cas d’un cycle de production de type clos, à savoir
dans le cas où l’activité d’utilisation des biomasses végétales est équilibrée par celle de mise en
plantation de nouvelles cultures.
Nous pouvons aujourd’hui obtenir, de l’exploitation dès biomasses, trois produit différents
dont les usages varient par conséquent : tout d’abord le bois et les résidus végétaux, qui sont
utilisé comme du combustible pour produire de la chaleur, et qui ressoudent pour cela les
problèmes du stockage des déchets végétaux ainsi que celui de l’exploitation des ressources
fossiles, par exemple le charbon ; les biocombustibles, qui sont obtenus à travers la
transformation de la biomasse solide et qui peuvent être utilisés soit comme carburant pour les
véhicules que comme combustible pour les systèmes de chauffage ; les biogaz, issus de la
fermentation des biomasses et des résidus végétaux, et qui s’utilisent comme une ressource pour
produire directement de la chaleur ; il peuvent servir aussi à la production d’électricité à travers un
système de production par cogénération.
3.7 Ville renouvelable
3.7.1 Le système ville
Selon la définition de Peter DROEGE, les villes sont les systèmes le plus articulés jamais
réalisés par l’homme 129 . Cette complexité les rends toujours plus ressemblantes aux organismes
biologiques qui vivent grâce au maintien de délicats équilibres métaboliques. A’ l’images de ces
organismes qui, en nature, sont tous différents les uns des autres, chaque ville a des
129
DROEGE Peter, op. cit.
74
caractéristiques individuelles qui la rendent unique, malgré le fait que l’évolution du XX siècle, avec
sa tendance à l’uniformisation formelle, aient produit des édifices et des schémas urbains égaux
aux quatre coins du monde.
Mais par contraste aux organismes biologiques dont les modifications et les évolutions
adviennent en des longues périodes, celles des villes se produisent en des temps beaucoup plus
contenues. Par conséquent, plus vite est le taux de croissance, plus haut est la consommation des
ressources naturelles, et plus élevé est la production de déchets qui en résulte.
Aujourd’hui, les villes consomment le 75% de l’énergie mondiale et sont la cause du 80% de
la pollution globale 130 . Elles peuvent se considérer comme étant les protagonistes principales d’un
processus de développement que, nous l’avons vu, n’est pas durable, à cause surtout du fait que
presque toute la quantité d’énergie qu’elles consomment provient de la combustion des ressources
fossiles.
La ville, actuellement, même si physiquement reconnaissable comme un entier, possède des
confins indéterminables à cause du flux continu des populations non résidentes qui la fréquentent
quotidiennement, de la quantité de produit importés d’un ailleurs plus ou moins lointain, ainsi que
des consommation énergétiques qui demeurent comme invisibles aux yeux de ses habitants.
3.7.2 La ville durable
Afin de réussir à concevoir une ville qui soit durable nous devons préalablement essayer
d’en donner une définition.
Une ville durable est, selon notre point de vie, une ville régie par un type de développement
qui soit en mesure de l’accompagner vers une croissance prioritairement dictée par les spécificités
territoriales locales, à savoir la culture, le climat, l’histoire, les ressources ; ces mêmes spécificités
qui, d’ailleurs, ont représenté sa richesse et qui ont accompagnées son développement pour des
siècles durant. Il s’agit, alors, d’une ville qui vise, avant tout, à la réinvention de rapports
130
DROEGE Peter, op. cit.
75
synergiques avec son environnement, à travers un acte que MAGNAGHI définit de
reterritorialisation 131 .
Il est évident, en fait, que la durabilité globale ancre ses racine le plus profondément dans la
structuration et le renforcement des communautés et des économies régionales, en un équilibre
synergique entre les ressources locales et les échanges globaux 132 .
Une ville durable est alors une ville qui substitue au concept de croissance, qui prévoit une
augmentation quantitative de matériaux, celui de développement, qui concerne par contre une
potentialisation des ses propres capacités, avec une tendance non pas au mère grandissement
mais à l’amélioration progressive 133 .
Une ville durable est encore une ville qui préfère la sobriété, à savoir une utilisation des
ressources en des quantités suffisante selon les besoins réels, en évitant le gaspillage et surtout
en se demandant si le besoin lui-même est justifié 134 .
3.7.3 Trois approches envers le territoire
MAGNAGHI, à cet égard, individu trois approches différentes en matière de rapport entre
l’activité de l’homme, et donc de la ville en général, et son environnement :
- l’approche fonctionnaliste. Il s’agit d’une approche qui considère simplement la capacité du
territoire à supporter une action déterminée. Elle donne beaucoup d’importance aux aides
provenant des différentes technologies, considérées alors comme étant capables de résoudre les
différentes situations environnementales par le biais de la construction d’une seconde nature
artificielle. Cet approche se traduit par une série d’actions de type correctif et limitatif, à appliquer à
chaque processus de production, qui demeure ainsi issu de règles exogènes et pas forcement
durables. Elle se concrétise parfois à travers la monétisation des ressources environnementales,
131
132
133
134
MAGNAGHI Alberto, op. cit.
WACKERNAGEL Mathis, REES William E., op. cit.
ibid.
WEIZSACKER Ernst U., LOVINS Amory B., LOVINS L. Hunter, op. cit.
76
avec l’espoir de déclencher un processus dans lequel le marché économique devient en même
temps un régulateur environnementale.
- l’approche environnementale. Cette approche envisage une interaction réciproque et
vertueuses entre l’environnement et les activités anthropiques. En considérant l’environnement
comme un système naturel, cette approche vise, alors, à obtenir un développement anthropique
qui soit respectueux des règles de autoreproduction du contexte biophysique dans lequel il
intervient.
- l’approche territorialiste. Il s’agit, enfin, d’une approche qui considère la durabilité comme
un système de relations vertueuses entre les trois composantes du territoire, à savoir
l’environnement naturel, l’environnement construit et l’environnement anthropique. Le point de
départ pour la réalisation de la durabilité n’est donc pas, cette fois, la nature, mais le territoire ; un
point de vue qui vise à traiter les relations réciproques qui se produisent entre la culture, la nature
et l’histoire.
3.7.4 L’approche territorialiste pour une Révolution Energétique Renouvelable
Il est évident que cette dernière approche résulte être la plus capable à déclencher une vrai
synergie entre les différents acteurs qui composent la réalité territoriale. Nous considérons, avant
tout, les possibilités, en quelque sorte nouvelles même si historiquement utilisées, offertes par le
territoire de fournir de l’énergie locale à la ville et à toutes ses composantes, à travers une nouvelle
lecture des alentours qui soie orientée à la compréhension du potentiel renouvelable existant.
Nous avons raconté brièvement, dans les pages précédentes, l’histoire énergétique de la
ville ; or, l’introduction d’un nouveau chapitre dans cette histoire, celui qui voit l’utilisation des
énergies renouvelables locales, pourrait conduire à une nouvelle reconstitution des rapports entre
la ville et son environnement.
Peter DROEGE s’est exprimé à cet égard en parlant, même, d’une quatrième révolution
technologique, qui se situe après la révolution Industrielle, la révolution Fossile et celle
Informatique. Cette quatrième révolution, appelée aussi Révolution Energétique Renouvelable,
vise à la redécouverte du rôle spécifique de la ville dans son contexte territoriale, régional et
77
national ; ceci selon un processus de enveloppement considéré comme une sorte de décroissance
guidée par l’élimination progressive de toutes les criticités urbaines.
Cette même révolution emmènerait à la réduction de l’empreinte écologique 135 urbaine,
considérée comme la surface de la Planète, éclatée à travers le monde entier et beaucoup plus
vaste que les limites physiques de la ville elle-même, dont cette dernière dépend pour se refournir
en matières premières et pour évacuer ses pollutions. Il s’agit d’un indicateur agrégé introduit pour
la première fois par l’équipe de recherche de Mathis WACKERNAGEL et William E. REES en
substitution du précédent, celui de la carrying capacity ou charge humaine qui mesurait
auparavant la capacité maximale de charge supportable par un milieu donné. L’empreinte
écologique, quant à elle, résulte d’une importance fondamentale dans le contexte contemporain,
car la localisation écologique de nos villes ne coïncide plus avec leur localisation géographique.
Cette quatrième révolution, qui se structure, bien évidemment, autour des villes et de leur
fonctionnement, pourrait emmener à la création d’une nouvelle structure urbaine, celle d’une vraie
ville renouvelable 136 , Cette ville serait tissue autour de dynamiques vertueuses capables de réagir
positivement aux données contextuelles, y compris celles climatiques, ainsi que d’utiliser les
sources énergétiques présentes localement sur le territoire de manière intelligente, en évitant leur
gaspillage.
Le système ouvert qui schématise actuellement le fonctionnement de la structure urbaine
contemporaine, se transforme ainsi en un système clos, à l’instar de tous les majeurs cycles
planétaires, comme notamment celui de l’eau. Cette clôture du cycle s’obtient à travers la
restructuration du métabolisme même des villes, en le transformant en un métabolisme
circulaire 137 , guidé par une consommation limitée de ressources ainsi que par une efficace
réutilisation des mêmes.
135
136
137
WACKERNAGEL Mathis, REES William E., op. cit.
DROEGE Peter, op. cit.
ROGERS Richard, GUMUCHDJIAN Philip, op. cit.
78
3.7.5 Les cinq aspects de la ville renouvelable
La ville ainsi conçue serait, selon notre point de vue, au sein d’un vrai processus de
développement durable, considéré selon ses différentes dimensions, en accord avec ce que nous
avons introduit au début de ce chapitre.
- la durabilité territoriale, pourrait s’obtenir à travers l’acte même de reterritorialisation ; nous
savons, en accord avec MAGNAGHI, que le territoire est constitué de certaines valeurs, qui sont
indépendantes de leur utilisation. Ces mêmes valeurs deviennent des ressources lorsque une
société les interprète et les utilise activement ; le patrimoine territoriale, alors, définit comme le
résultat du processus historique de territorialisation, n’existe que par le biais de l’interprétation qui
est faite par ceux qui l’habitent et l’utilisent 138 .
- la durabilité environnementale serait obtenue à travers la création d’un nouvel équilibre
entre la ville et son territoire, équilibre dicté et garanti par le nouveau rôle spécifique acquit par ce
dernier.
- la durabilité économique se déclencherait à travers la reconnaissance de nouveaux
valeurs, notamment énergétiques, au territoire alentour, valeurs qui deviennent alors d’une
importance névralgique.
- la durabilité sociale serait déclenchée à travers une profonde participation des habitants de
la ville, générée par l’apparition de nouveaux emplois en raison des nouvelles nécessités dans le
milieu de la recherche, de la technologie, de la main d’œuvre ; les citoyens, d’autre part, seront
invités à abandonnent progressivement leur rôle de consommateurs passif pour acquérir celui de
producteurs actifs, ce qui les transformerait, pour le dire avec DROEGE, en
des
« prosumateurs » 139 .
- la durabilité politique, serait le résultat d’une implication de toute la communauté dans les
processus décisionnels, à travers la prise de conscience des enjeux territoriaux et des
répercussions des comportements individuels et collectifs sur le rôle et le futur de la ville.
138
139
MAGNAGHI Alberto, op. cit.
DROEGE Peter, op. cit.
79
3.8 Des échelles entrecroisées
3.8.1 La décomposition de la ville en éléments et en relations
Mais comment les énergies renouvelables et les technologies associées peuvent contribuer
à la structuration de la nouvelle ville ? Comment peuvent-elles intervenir à l’intérieur d’une
structure autant complexe que celle contemporaine ?
Afin de réussir à répondre à ces questions, il est indispensable de souligner que la ville
actuelle se compose de différentes parties, entrelacées entre elles de manière à structurer un
ensemble, qui peut ainsi résulter plus ou moins efficace. Il est en outre évident que la forme de la
ville a des répercussions importantes sur les consommations énergétiques, notamment en ce qui
concerne la densité de l’habitat et les besoins de transports qui en dérivent 140 .
L’unité de base est représentée par le bâti, qui à ses logiques de fonctionnement
individuelles et de relation au contexte ; l’assemblage fonctionnel d’un certain nombre d’unité bâtie
donne ensuite naissance aux différents quartiers, qui sont régis par des règles spécifiques mais
qui en même temps sont le résultat des dynamiques concernant chaque unité ; enfin, l’articulation
des différents quartiers constitue la ville, dont la complexité dérive alors de toute une série de
fonctionnements, que nous allons voir individuellement.
3.8.2 Echelle 1 : le bâti
En ce qui concerne la première échelle d’intervention, celle du bâti, nous allons nous attarder
avant tout sur la maison, en la considérant comme la fibre de base de la trame urbaine.
Comme pour la ville en général, la maison a été le théâtre de différentes évolutions,
perpétrées le long de l’histoire et visant à obtenir des conditions d’habitabilités toujours plus
adaptées à la vie de l’homme. La construction de l’habitation permet à l’origine à l’homme d’obtenir
un nouveau microclimat, artificiel, en étendant la gamme des zones thermiques naturelles 141 .
140
MERLIN Pierre, TRAISNEL Jean-Pierre, op. cit.
141
HESCHONG Lisa, 1979. Thermal delight in architecture. MIT Press, Cambridge
[Trad. franc. 1981] Architecture et volupté thermique. Parenthèses, Marseille
80
Née au début de la civilisation seulement pour des courtes utilisations, la maison était vue
simplement comme un refuge contre les intempéries, ainsi que comme un hébergement pour
dormir ; équipée de rares fenêtres sans vitrages, dépendant des cycles naturels pour s’éclairer, se
chauffer et se ventiler, elle était fournie d’une cour interne exclusivement pour les populations les
plus riches, qui pouvaient ainsi y passer les temps libre et se consacrer aux activités domestiques.
Les siècles suivants ont étés déterminants pour arriver, à travers des inventions formidables et
géniales, aux maisons telles que nous les connaissons aujourd’hui.
Il suffit de rappeler certaines de ces inventions pour avoir une idée des gros progrès
effectués en ce domaine : la cheminée pour cuisiner, le vitrage aux fenêtres, les lampes à huile
pour s’éclairer, l’eau pour l’hygiène, jusqu’à arriver aux innovations contemporaines dues aux
ressources fossiles et à l’électricité 142 . Ces dernières, accompagnées par l’agrandissement
progressif des espaces domestiques, conséquents aussi aux changement des rythmes de vie de
l’homme, représentent des conquêtes relativement récentes. Il est évident, pourtant, que les
améliorations qu’elles ont apportées au milieu domestique ont contribué à augmenter
considérablement les dépenses énergétiques et d’espace, en transformant la maisons, et en
général les immeubles, en une machine énergétivore 143 , capable de nous offrir, pour le dire avec
les paroles de Philippe RAHM, une éternelle journée printanière 144 .
Actuellement nous savons que une grandes partie des consommations globales d’énergie
sont attribuables à celles du bâti, et nous connaissons en même temps des solutions qu’y peuvent
être apporté afin de les transformer en des producteurs d’énergie 145 . Ceci en travaillant non
seulement sur l’orientation et sur l’enveloppe isolante du bâti, mais aussi sur des nouveaux
processus capables de fournir de l’énergie en se servant des ressources renouvelables, et qui
permettent d’obtenir ainsi de l’auto production, comme dans le cas de la cogénération et de la
trigénération, qui concernent la production simultanée d’électricité, de chaleur et de froideur.
142
143
144
145
BUTERA Federico M., op. cit.
ibid.
RAHM Philippe, 2009. Architecture météorologique. Archibooks + Sautereau Editeur, Paris
BUTERA Federico M., op. cit.
81
Des nombreux exemples existent en des Pays nordiques comme l’Angleterre, l’Allemagne
ou la Suède, où des maisons sont réalisées aujourd’hui complètement dépourvues de système de
chauffage : à Gotebord cela est possible grâce à un système d’isolement de la maison tellement
efficace à faire en sorte que la chaleur produite par les personnes, la cuisson des aliments, le
fonctionnement des électroménagères, ne soit pas cédée à l’extérieur ; les maisons du quartier
« BedZed » de Londres, quant à elles, sont conformées en sorte à avoir le coté sud plus élevé de
celui nord, de manière à réduire les dispersions de chaleur ; les « PassivHaus » allemandes, enfin,
avec des attentions du même genre, arrivent à consommer 15 kWh par mètre carré au lieu des
220 qui sont habituels en ces latitudes.
Il s’agit souvent, nous le constatons, non pas d’un manque de technologie ou des moyens
nécessaires, mais d’un problème culturel. C’est sur cela qu’il faut intervenir en une manière
particulière selon les cas spécifiques, en proposant des solutions que, encore une fois, demeurent
essentiellement locales ; le terme locale est ici considéré non pas comme indiquant une attitude de
défense et fermeture d’une communauté envers les étrangetés, mais dans le sens d’une
potentialisation des différentes spécificités endogènes à une territoire avec des finalités évolutives.
3.8.3 Echelle 2 : le quartier
La deuxième échelle pour la conception d‘une ville durable, nous l’avons introduit, est celle
qui concerne la juxtaposition et la relation de chaque édifice durable, jusqu’à former les différents
quartiers qui structurent une ville. Il est clair, en fait, que, même si les immeubles sont conçus dans
le respect de tous les paramètres bioclimatiques, la relation qui s’instaure entre eux demeure
déterminante dans le bilan de leurs consommations énergétiques.
Des attentions particulières, comme par exemples l’orientation des volume selon le parcours
du soleil, le positionnement des uns par rapport aux autres, ainsi que leur distribution selon les
directions des vents dominants, peut avoir des répercussions sur les nécessités énergétiques de
chacun d’entre eux, et donc de celles finales de toute la ville. Nous savons, en fait, que certains
facteurs physiques, comme la densité de la masse construite d’un tissu urbain ainsi que les
besoins en transport individuels et privé qui en dérivent, ensemble avec les questions relatives à la
82
mixité fonctionnelle comme moyen de réduire les déplacements quotidiens indispensables,
concourent à la détermination des nécessités énergétiques au niveau de l’ensemble du bâti.
A cet égard, le quartier de Malmo en Suède, une City of Tomorrow de 700 bâtiments à
usage mixte, est un exemple très réussi car il arrive à couvrir le 100% des besoins énergétiques
avec des ressources renouvelables. Des aérogénérateurs utilisent la mer et des nappes
phréatiques accessibles comme précieuses sources thermiques ; des accumulateurs du réseau
stockent la chaleur produite en excès durant l’été pour la livrer durant l’hiver ; les énergies
renouvelables, intégrées aux différents immeubles, produisent de l’électricité à céder au réseau
commun ; un parc éolien, placé loin de l’habitat pour éviter les nuisances sonores, fournit un
pourcentage important de ces productions ; le réseau de télé-chauffage sert à récolter et
redistribuer la chaleur de différentes provenances ; le transport public est alimenté par biogaz ou
électricité. Un réseau de télécommunication très sophistiqué, enfin, sert pour la régulation de tout
le système ainsi que pour informer les habitants de leur niveau de consommations, un point qui est
considéré comme très important pour la réussite de l’opération, car il contribue à sensibiliser atour
de la question des réductions de la consommation individuelle.
Il s’agit d’un exemple de génération distribuée 146 car, à l’image de ce qui est advenu des
siècles durant, la production d’énergie ne se fait plus à travers de grandes installations, qui se
démontrent comme étant faibles et exposées aux différents risques, mais par des myriades de
petites centrales qui sont distribuées sur tout le territoire, alimentées par de ressources d’énergie
renouvelable.
3.8.4 Echelle 3 : l’urbain
Il est clair enfin que, même après avoir conçu des immeubles vertueux et de les avoir
positionnés sur le territoire de manière intelligente, ce qui n’est d’ailleurs pas toujours possible
surtout en présence des tissus urbains existants, les dépenses énergétiques finales d’une ville
dépendent en grand partie de ses nécessitées urbaines, comme par exemple celles qui dérivent
146
BUTERA Federico M., op. cit.
83
des systèmes de transports, des consommations des bâtiments d’intérêt collectif, et des services
publics en général, comme par exemple l’éclairage.
Une troisième étape dans le parcours qui nous guide vers une ville durable, consiste alors en
l’étude des différents systèmes énergétiques qui peuvent fournir de l’énergie à l’échelle urbaine, en
exploitant les ressources renouvelables.
A cette échelle, en fait, nous pouvons profiter du fait que les différentes activités, comme par
exemple les bureaux et les habitations, ne nécessitent pas d’énergie durant les mêmes horaires ;
ceci permet de réduire les pics de demande et de consommation et de pouvoir imaginer des
systèmes fonctionnant comme des cycles, capables de recycler tous les surplus énergétiques
provenant de chaque utilisation.
L’exemple de la ville suédoise de Goteborg est éclairant à cet égard : elle se trouve
aujourd’hui à un pas seulement de distance de la durabilité urbaine complète, grâce à des
systèmes qui exploitent des situations locales et qui font un large recours aux cycles, en entamant
un équilibre qui semble presque celui d’un oasis du désert mais en essayant de répondre aux
nécessités de ses citoyens modernes. La récupération de la chaleur dégagée par l’activité de deux
usines communales ainsi que de celle contenue dans les eaux domestiques dépurées, le
recyclage de tous les déchets recyclables, l’incinération de ceux qui ne le sont pas, produit de
l’énergie qui alimente le réseau commun 147 .
3.8.5 Vers un système écologique en équilibre : la relation avec les éléments naturels
En considérant le principe d’efficacité énergétique comme un principe dérivant d’une
planification hautement performante et autonome ainsi que d’une utilisation finale rationnelle, le
résultat à viser est celui d’une ville conçue comme un système écologique en équilibre ; un
équilibre qui n’est pas pour autant stable mais en évolution permanente à cause des progrès de la
technologie ; un équilibre qui est déterminé par l’utilisation des ressources renouvelables, par
l’utilisation rationnelle de l’énergie et par une gestion intelligente de sa demande.
147
BUTERA Federico M., op. cit.
84
Cet équilibre part de la considération que les établissements humains se trouvent au
croisement entre plusieurs dimensions, notamment celle naturelle et celle culturelle, dans un
nouage de relations réciproques qui sont à la fois symboliques et concrètes 148 . Le défi
contemporain demeure alors la création d’un nouveau type de paysage, où technique et nature
s’associent, et qui trouve sa juste place dans l’interface entre les éléments naturels et les espaces
créés, artificiels. La création architecturale, à toutes ses échelles, redevient alors une relation
signifiante et orientée dans la présence des éléments en un site 149 .
3.8.6 Synergie urbaine
Nous avons parlé, jusqu’à présent, de Révolution Energétique Renouvelable 150 . Il nous faut
maintenant introduire un nouveau concept, celui de Révolution de l’Efficacité 151 . Il s’agit d’un
concept qui concerne la productivité des ressources et qui nous semble d’une importance majeure,
notamment lorsque l’on se réfère aux contextes urbains, caractérisés par des ressources
naturelles premières extrêmement limités.
Pourvu, d’autre part, que la plupart des villes qui seront les actrices de cette révolution ont
déjà été réalisée à ce jour, il faut concentrer nos attentions sur les potentialités cachées à
l’intérieur des structures urbaines, afin de réussir à y extraire des richesses importantes dans une
perspective de durabilité. En considérant, en fait, que la pollution elle-même peut être définie
comme une ressource qui n’est pas à sa place 152 , ou encore que jeter équivaut à gaspiller des
ressources 153 , la compréhension du potentiel énergétique caché derrière leur fonctionnement
148
REBOIS Didier, 2002. Dynamiques réelles et symboliques des éléments.
In YOUNES Chris, PAQUOT Thierry (sous la direction de), 2002. Philosophie, ville et architecture. La renaissance des quatre élèments.
La Découverte, Paris
149
YOUNES Chris, MANGEMATIN Michel, 2002. Bien vivre avec les éléments.
In YOUNES Chris, PAQUOT Thierry (sous la direction de), 2002. Philosophie, ville et architecture. La renaissance des quatre élèments.
La Découverte, Paris
150
DROEGE Peter, op. cit.
151
WEIZSACKER Ernst U., LOVINS Amory B., LOVINS L. Hunter, 1997. Factor Four : Doubling Wealth, Halving Resource Use - A
Report to the Club of Rome. Earthscan, Londres
[Trad. franc. 1997] Facteur 4. Deux fois plus de bien-être en consommant deux fois moins de ressources. Un rapport au Club de Rome.
Terre Vivante, Mens
152
153
WEIZSACKER Ernst U., LOVINS Amory B., LOVINS L. Hunter, op. cit.
ARTHUS - BERTRAND Yann, 2009. Home. Editions de La Martinière, Paris
85
complexe, peut nous permettre de réactiver la nécessaire synergie de réseau, qui constitue
aujourd’hui une ressource gaspillée d’incontournable valeur.
Richard BUCKMINSTER FULLER 154 , durant ses analyses pour la compréhension des
problèmes environnementaux dont souffre la Planète Terre, décrit cette dernière comme un
système qui, malgré son inévitable entropie, garde son équilibre énergétique grâce à l’apport d’un
autre corps céleste, le Soleil. La compréhension de ses principes de fonctionnement, nécessaire à
la survie et au développement des êtres vivants, a emmené l’homme à utiliser son intellect, qui
demeure sa faculté suprême, afin d’en extraire des principes généraux. En comparant le genre
humain à un oiseau qui peut initialement se nourrir exclusivement du liquide contenu à l’intérieur
de son œuf, les hommes, suite à une première période caractérisée par une abondance
immédiatement consommable, se trouvent face à un moment critique et doivent pour cela chercher
une nouvelle relation avec l’Univers, par le biais des ailes de leur intellect. BUCKMINSTER
FULLER déclare, alors, que les problèmes majeurs de notre environnement dérivent
fondamentalement de l’excessive spécialisation de l’homme, spécialisation qui a été la cause,
selon lui, de l’extinction de certaines civilisations anciennes car elle fait que les homme, suite à la
découverte des principes opérants dans l’Univers, les appliquent de manière séparé, en
externalisant les fonctions originellement intégrées. Selon lui, par contre, l’Univers est synergique,
le Système Solaire est synergique et la Vie, en général, est synergique. En ce qui concerne en
outre la société, l’entropie, que les physiciens définissent comme la dispersion énergétique,
concerne le niveau de complexité d’une société 155 .
Gaston BACHELARD 156 , quant à lui, analyse une attitude, de nature symbolique, chez les
peuples préhistoriques : celle de l’utilisation des cendres comme fertilisant (fécondant) des
champs. Ce faisant, il nous indique de quelle manière le concept de synergie a été au cœur du
fonctionnement des établissements humains, face à un environnement hostile et aux ressources
154
BUCKMINSTER FULLER Richard, 1969. Operating Manual for Spaceship Earth. Lars Muller, Baden
155
CARERI Francesco, 2002. Walkscapes. Walking as an aesthetic practice. Gustavo Gili, Barcelone
[Trad. it. 2006] Walkscapes. Camminare come pratica estetica . Einaudi, Turin
156
BACHELARD Gaston, 1949. La psychanalyse du feu. Gallimard, Paris
86
limitées. Même la ville électrique 157 a du revoir ses principes de fonctionnement d’un point de vue
synergique, suite aux nombreuses crises pétrolifères qui ont commencées à apparaître après les
années ’70 et qui ont emmenées à l’apparition de mécanismes de energy saving et de
cogénération à l’intérieur des processus de production, afin d’en résoudre les gaspillages présents.
Lester R. BROWN dans son Plan B 158 et Al GORE avec son Plan Marchal 159 profilent cette
synergie au niveau planétaire, alors que les intelligentes déclinaisons de l’équipe SCHIBEL et
ZAMBONI 160 nous illustrent habilement le potentiel latent contenu en toute ville, indépendamment
des caractéristiques de leur territoire spécifique : l’utilisation fructueuse des huiles de friture des
restaurants urbains comme biocarburants pour les transports en commun ; l’exploitation du
cinétisme de l’eau des bassins de potabilisation pour produire de l’électricité ; la récolte des
résidus de la maintenance des parcs et des boulevards des villes ou celle de l’activité des usines
du bois pour l’obtention de précieuses biomasses ; le captage du biogaz des décharges
existantes, celui des déchets organiques des zoo ou des vapeurs des centrales thermiques,
représentent autant d’exemples d’échanges possibles aptes à faire des villes contemporaines des
structures performantes et énergétiquement équilibrées ; des villes où chaque partie fonctionne
efficacement et se lie aux autres de manière synergique.
Les territoires de la ville peuvent devenir ainsi un support approprié pour imaginer une
nouvelle synergie entre le double capital existant, celui social et celui naturel. Nous y
reconnaissons, ce faisant, les composantes d’une véritable ville latente 161 aux potentialités
prometteuses. Une lecture approfondie de leur formes cachées 162 , à savoir celles nées de
157
GIUNTINI Andrea, PAOLINI Giovanni (sous la direction de), 2003. La città elettrica. Esperienze di elettrificazione urbana in Italia e
in Europa fra Ottocento e Novecento. . Laterza, Rome-Bari
158
BROWN Lester R., 2008. Plan B 3.0 - Mobilizing to save civilisation. Earth Policy Institute
[Trad. it. 2008] Piano B 3.0. Mobilitarsi per salvare la civiltà. Edizioni Ambiente, Milan
159
GORE Al, 1992. Earth in the Balance. Ecology and the Human Spirit. Houghton Mifflin, Boston
[Trad. franc. 1993] Urgence planète Terre. L’esprit humain face à la crise écologique. Hachette Littératures, Paris
160
SCHIBEL Karl-Ludwig, ZAMBONI Silvia, 2005. Le città contro l’effetto serra. Cento buoni esempi da imitare . Edizioni Ambiente,
Milan
161
ZANFI Federico, 2008. Città latenti. Un progetto per l’Italia abusiva. Bruno Mondadori, Milan
162
BERGER Patrick, NOUHAUD Jean-Pierre, 2004. Formes cachées, la ville. Presses Polytechniques et Universitaires Romandes,
Lausanne
87
l’interaction entre le milieu naturel et le milieu construit, peut nous suggérer efficacement la
richesse des démarches à suivre, afin que cette situation délicate se transforme en une ressource
apte à être utilisée.
88
Partie 02 : sur le projet
89
Chapitre 4. Phlegraios : le choix d’une technologie fédératrice
4.0 Introduction / Introduction
En regardant les volcans non plus comme une source de risque mais comme une précieuse
opportunité, la redécouverte du territoire comme ressource énergétique et notamment l’exploitation
du potentiel géothermique locale pour la production d’électricité et de chaleur propres, permettent
la réactivation d’un rôle stratégique spécifique à la ville et à ses potentialités. La nécessité, en
outre, d’activer un processus de durabilité efficace pour un contexte autant articulé que celui de
Naples, nous emmène à étudier des solutions techniques qui soient applicables aux différentes
échelles de la ville, et notamment aux tissus extrêmement hétérogènes qui la composent. Ceci
permet de décliner efficacement la durabilité territoriale vers des utilisations domestiques
vertueuses et responsables, en contribuant au profilement d’un habitat durable.
Looking volcanoes rather than as a source of risk but as a precious opportunity, the
possibility to rediscover the territory as energy source and in particular the exploitation of
geothermal potential for local production of electricity and heat, allow possible the reactivation of a
strategic role specific to the city and its potentialities. The need to activate a process of
sustainability provided for an articulated context like Naples, takes us to explore technical solutions
that are applicable to different scales of the city, including her extremely heterogeneous tissues.
This effectively allows to decline the sustainability territorial towards the domestic virtuous and
responsible uses, contributing to profiling a sustainable housing.
4.1 Volcans et durabilité : la fin d’un oxymore ?
4.1.1 Une nouvelle synergie territoriale
Durant le chapitre précédent, nous avons évoqué la possibilité de déclencher une nouvelle
synergie entre la ville contemporaine et le territoire environnant ; une synergie qui soit en mesure
de guider l’organisme urbain vers un processus de développement locale durable. Ceci par le biais
du
fait
que
l’invisibilité
des
ressources
énergétiques
qui
caractérise
aujourd’hui
les
approvisionnements urbains, ainsi que celle de leur provenance géographique, laisserait la place à
90
une nouvelle visibilité, capable de mettre en ouvre une dépendance vertueuse entre la ville et son
territoire ; une dépendance qui, dorénavant, viserait à re-orienter les rapports entre la croissance
urbaine et les différentes ressources énergétiques dont celle-la nécessite.
Il nous faut, cependant, voir comment ce principe, théoriquement très vertueux, pourrait se
concrétiser dans un contexte tout à fait spécifique, comme celui qui, par exemple, caractérise la
ville de Naples.
Naples se localise, nous l’avons souligné dans le deuxième chapitre de ce mémoire, à
l’intérieur d’une région qui demeure unique dans le panorama des villes italiennes : les cratères qui
la ponctuent, à l’est comme à l’ouest, en ont fortement conditionné l’étalement urbain jusqu’aux
époques les plus récentes.
L’activité d’extraction de ces pierres précieuses d’origines volcaniques, indispensables à
l’édification de la ville sur un territoire fortement sismique, a en outre produit une correspondance
entre la structure urbaine visible et celle de ses profondeurs, son négatif, qui reprend, même si
invisiblement la plupart des fois, ses différentes articulations de surface ; la présence et l’utilisation
de ces matériaux locaux, abondamment disponibles sur le territoire environnant, ont donné
naissance, de ce fait, à une structure urbaine régie par une forte homogénéité morphologique qui,
depuis ses origines, est née et a vécu en une symbiose directe avec ses ressources locales.
Ce rapport, que nous allons étudier en détail durant le chapitre suivant, s’et interrompu, bien
évidemment, durant l’époque moderne, selon une logique d’homogénéisation, formelle et
structurelle, comparable à celle qui a intéressée les autres villes à elle contemporaines.
4.1.2 Un nouveau regard sur les volcans
Ce que nous proposons, alors, au sein de notre stratégie de projet durable, concerne
notamment la récupération du rapport millénaire entre la ville et son territoire volcanique, une
récupération qui se traduit, pourtant, à travers une manière complètement inédite de regarder à ce
contexte : les différents volcans, en fait, ne sont plus envisagés comme des sources de risque
pour un développement locale de type durable, mais sont, au contraire, considérés comme des
précieuses ressources énergétiques particulières, capables de permettre à la ville de re-découvrir
son milieu spécifique.
91
Les volcans demeurent, alors, les instruments nécessaires à la structuration de la ville de
Naples, mais ils ne revêtent plus ce rôle en prenant exclusivement en considération la matière
première précieuse qu’ils peuvent fournir pour l’édification du bâti, mais en les envisageant,
surtout, comme des ressources d’énergie propre, celle provenant de leur profondeur.
Parmi les différentes familles d’énergies renouvelables qui présentent un potentiel concret
dans le contexte napolitain, nous choisissons, alors, de concentrer notre attention et nos efforts sur
la compréhension de celle représentée par la géothermie ; ceci en considérant notamment la
possibilité d’une exploitation énergétique qui soit adaptée, en même temps et en accord avec ce
que nous avons analysé dans le chapitre précédent, aux différentes échelles de la structure de la
ville : à savoir celle de son bâti et celle de ses articulations spécifiquement urbaines.
4.2 Qu’est-ce que la géothermie
4.2.1 Les caractéristiques de la géothermie
Quand nous parlons d’énergie géothermique, nous parlons d’une énergie dotée de multiples
facettes, certaines d’entre elles communes aux autres énergies propres, certaines spécifiques à
elle seule. Il s’agit, en fait, d’une énergie à la fois écologique, renouvelable, diffusée, locale,
régulière et économique 163 :
-écologique, car la quantité moyenne de rejets de CO2 émise dans l’atmosphère par le
fonctionnement d’une centrale géothermique est 10 fois moins importante de celle d’une centrale
de taille similaire mais qui exploite le gaz naturel. Cette quantité peut d’ailleurs être ramenée à des
valeurs complètement nulles à travers le procès de réinjection des fluides géothermaux, prélevés
et utilisés, dans les mêmes réservoirs dont ils sont issus. Elle est, pour cela, considérée comme
une énergie propre car, à la différence des énergies fossiles, elle ne participe pas à la dégradation
du climat global de la planète.
- renouvelable, car, selon le principe que nous avons introduit dans le chapitre précédent,
elle ne s’épuise pas durant son exploitation. Ceci en raison du fait que, tout d’abord, la chaleur qui
est exploitée comme ressource énergétique est contenue directement à l’intérieur des roches
163
PAPPALARDO Michèle, VESSERON Philippe, 2004. La géothermie. ADEME, BRGM, Valbonne, Orléans
92
souterraines, et cela indépendamment de leur utilisation ; ensuite parce que l’eau qui est prélevée
pour le fonctionnement du système se régénère complètement, soit à travers les mécanismes qui
régissent son cycle naturels, soit grâce au processus de réinjection artificielle.
- diffusée, car la chaleur géothermique est présente, en différentes quantités, dans tous les
continents de la Terre, et son utilisation s’offre pour cela à une diffusion planétaire ; évidemment,
la conformation géologique des différentes régions considérées rend ce même potentiel plus ou
moins accessibles et exploitable.
- locale, car elle est une énergie à consommer sur place. Ceci, outre à éviter les pertes dues
normalement aux systèmes de transports, fait de la géothermie une énergie spécifique à chaque
territoire : elle peut, en fait, facilement d’adapter aux différents besoins qui caractérisent la surface
de ce dernier, en promouvant ainsi un développement de type local.
- régulière, car contrairement aux autres énergies renouvelables, comme celle éolienne et
celle solaire par exemple, l’énergie géothermique ne dépend pas des mutations des conditions
climatiques locales, mais seulement des caractéristiques endogènes du sous-sol.
- économique, car même si les investissements de départ, nécessaires à la réalisation des
forages initiaux, résultent parfois élevés, le coût d’exploitation qui en suit demeure faible.
4.2.2 La structure du globe terrestre et les ressources géothermiques
Or, qu’est ce que la géothermie ? Du grec gêo (terre) et thermos (chaud), la géothermie se
définit comme l’exploitation de la chaleur présente dans les sous-sols de notre planète, sous
formes d’eau ou de vapeur.
La structure interne de la Terre, que nous connaissons en partie, en ce qui concerne les
premiers dix kilomètres seulement, grâce aux analyses directes, et en partie par le biais des
études indirectes, comme celle sur la propagation des ondes sismiques, est constituée de
différents éléments : le noyau solide, le noyau liquide, le manteau et la croûte ; cette dernière,
ensemble avec la partie supérieur du manteau, constitue la lithosphère, divisée, quant à elle, en
douze plaques. L’épaisseur de la croûte terrestre est fortement variable : des 30-70 kilomètres qui
caractérisent les zones continentales, il rejoint les 20 kilomètres en correspondance des fonds des
93
océans, et il est ensuite de seulement quelques kilomètres en proximité des différentes failles qui
séparent les plaques de la lithosphère entre elles.
La chaleur dégagée par notre globe, qui dépend de la composition chimique des roches qui
le composent ainsi que de l’age de leur formation, augmente quasi constamment, nous l’avons
introduit, en fonction de la profondeur du terrain considéré.
Tout de même, il existe des lieux particuliers, sur la surface de la Terre, où cette même
chaleur résulte plus élevée, en raison du fait que le magma, présent dans les profondeurs, a réussi
à remonter vers la surface : ces lieux particuliers se trouvent notamment en correspondance des
frontières entre les failles de la lithosphère, et sont caractérisés, souvent, par les manifestations
volcaniques et par les tremblements de terre 164 .
4.2.3 Les différents types de géothermie
Nous pouvons distinguer, de ce fait, différentes types de géothermie, en fonction de la
profondeur des gisements, de leur température et, par conséquent, de l’usage qui se rend
possible :
- la géothermie très basse énergie. Elle concerne l’exploitation des aquifères peu profonds,
avec une température moyenne inférieure à 30°C. Elle peut donc être utilisée simplement pour le
chauffage et la climatisation des immeubles avec l’ajout éventuel d’une pompe à chaleur, que nous
allons étudier par la suite.
- la géothermie basse énergie. Elle consiste en l’exploitation de l’eau, à une température
inférieure à 90°C, présente en des gisements situés à une profondeur variable entre 1.500 et
2.500 mètres. Le niveau de chaleur étant encore insuffisant pour la production d’énergie
électrique, ce type de géothermie peut servir, tout de même, pour l’alimentation des réseaux de
chauffage urbain collectif, ainsi que pour certaines applications industrielles.
- la géothermie moyenne énergie. Les aquifères qu’elle utilise, pour l’extraction d’eau chaude
ou de vapeur, se trouvent à une température comprise entre 90 et 150°C, et à une profondeur
164
MENNA Pietro, 2003. L’energia pulita. Il Mulino, Bologne
94
inférieure au 1.000 mètres. Elle peut être utilisée pour la production d’électricité, mais ceci
seulement par le biais de l’utilisation d’un fluide intermédiaire.
- la géothermie haute énergie. Elle concerne l’utilisation de fluides, captés sous forme de
vapeur sèche ou humide, qui se trouvent à une température supérieure à 150°C, et dont les
réservoirs se localisent à une profondeur variable entre 1.500 et 3.000 mètres. Ce type de
géothermie résulte idéale pour la production de l’électricité.
A ces différents types de géothermies, nous pouvons en ajouter une autre, celle que
normalement est appelée profonde : elle est caractérisée, en fait, par l’exploitation de
températures très hautes qui se trouvent, malheureusement, emmagasinées en des formations
rocheuses peu perméables ; ces températures, en absence d’eau, résultent donc difficiles à
capter. Ce type de géothermie consiste, alors, en la création artificielle d’un gisement
géothermique à haute énergie, par le biais de l’injection d’eau sous pression dans les roches
chaudes fracturées, qui se trouvent à une profondeur comprise entre 3 ou 5 kilomètres ; ce
système est aussi appelé hot dry rock. La vapeur qui en résulte peut ainsi être utilisée pour
alimenter des centrales électriques.
Un programme pilote en ce sens, financé par la ADEME, le Gouvernement Allemand et
l’Union Européenne, est déjà en cour en France, à Soultz-sous-Forêts, où la chaleur des granites
est extraite afin de produire de l’électricité ; les études effectuées montrent, en outre, que la mise
en exploitation géothermique de seulement le 3% de la surface de l’Alsace pourrait assurer une
production électrique équivalente à celle d’une dizaine de centrales nucléaires pendant plusieurs
décennies 165 .
4.2.4 Exploitation historique de la géothermie
L’exploitation de la chaleur de la Terre pour des fins énergétiques, qu’aujourd’hui s’impose
parmi les énergies renouvelables grâce à ces différentes caractéristiques positives, est une activité
que nous retrouvons, déjà, durant toute l’antiquité.
165
PAPPALARDO Michèle, VESSERON Philippe, op. cit.
95
Les traces des premières utilisations sont en fait très anciennes, et ont été retrouvées dans
le site de Niisato au Japon, un site qui remonte au troisième age glacière, voici 15.000 ou 20.000
ans. Avec l’apparition de la civilisation, les pratiques des bans thermaux se répandent très vite,
aussi bien au Japon que en Amérique et en Europe : ici les utilisations thermales, connues par les
étrusques et exploitées ensuite de manière généralisée par les romains, revêtent un rôle très
réputés de lieux de sociabilité, d’échange et de rencontre. A Naples, plus précisément, les romains
ont toujours utilisé les ressources endogènes, notamment la géothermie, pour soulager l’esprit et
le corps 166 .
Durant des époques plus récentes, l’exploitation de cette chaleur conduit à des utilisation
que l’on pourrait définir presque industrielles : dès 1330 en France, nous avons le témoignage d’un
seigneur local qui prélevait une taxe pour assurer la distribution d’eau géothermale à quelques
maisons particulières, dans le sud de l’Auvergne, depuis la même source d’eau qui était aussi
exploitée pour le lavage de la laine et des peaux ; durant la même période en Italie, dans la région
de Volterra en Toscane, certains bassins d’eau chaude saumâtre, avec de la vapeur à une
température de plus de 100°C, étaient exploités pour l’extraction du soufre, du vitriol et de l’alun.
A partir du XIX siècle, une meilleur connaissance des sous-sols de notre planète ainsi que
les nombreux progrès techniques, font en sorte que la chaleur, avec sont potentiel énergétique, ne
soit plus utilisée uniquement aux endroits où elle jaillit naturellement, mais qu’elle soit recherché
en des profondeurs toujours plus importantes, et aussi mieux exploitée. Encore en Toscane, et
plue exactement à Larderello, en 1904, des expériences d’avant-garde conduisent à la naissance
de la géothermie moderne : le Prince Conti, en première mondiale, allume, en fait, quelques
ampoules grâce au recours à de l’électricité produite par la géothermie.
Le premier réseau moderne de chauffage urbain est installé, quant à lui, en Islande, à
Reykjavik, en 1930 ; aujourd’hui le 95% des habitations de l’île sont chauffées au moyen de 700
kilomètres de conduites qui transportent de l’eau chaude.
166
ALBERTINI Vicenzo, BALDI Antonio, 2008. Napoli il sottosuolo, la storia. Associazione “Napoli sotterranea”, Naples
96
4.3 La géothermie dans le monde
4.3.1 Le gradient géothermal et les gisements mondiaux
Malgré l’indiscutable potentiel que la géothermie présente comme source de production
énergétique, dans les 50 Pays qui actuellement en font recours la puissance installée équivaut à
seulement l’1% de la consommation mondiale d’énergie 167 .
L’importance des gisements géothermiques est une fonction du gradient géothermal, à
savoir du rapport entre la température et la profondeur ; ce rapport dépend de la position des
différentes régions de la planète par rapport aux plaques lithosphériques. Nous pouvons retrouver,
alors, de la géothermie haute énergie surtout aux frontières entre ces plaques, notamment le long
de la ceinture de feu du Pacifique, à l’arc des Antilles, à l’arc Méditerranéen et au grand Rift
Africain. La géothermie moyenne énergie, en revanche, se trouve dans les zones limitrophes à
celle haute énergie ainsi que dans des bassins sédimentaires et en correspondance des
discontinuités rocheuses. La géothermie basse énergie, quant à elle, est présente dans des
nombreuses zones de la planète, notamment en Amérique du sud, aux Etats-Unis, en Europe ainsi
que en Australie et en Asie centrale et méridionale.
4.3.2 Les deux filières principales de la géothermie dans le monde
Les principales productions mondiales contemporaines concernent les deux filières
distinguées de la géothermie : la production de chaleur pour celles très basse et basse énergie, et
la production d’électricité pour celles moyenne et haute. En ce qui concerne la chaleur, les
principaux producteurs sont aujourd’hui le Japon, la Chine, l’Union Soviétique, l’Europe centrale et
orientale et les Etats-Unis. En Europe cette filière est en pleine progression, avec un important
taux de croissance qui à rejoint le 4,3% les dernières années 168 . En ce qui concerne l’électricité,
en revanche, les 350 installations actuelles se trouvent réparties dans le monde en fonction de la
disponibilité de la ressource. Les premiers producteurs demeurent les Etats-Unis, suivis des
167
168
PAPPALARDO Michèle, VESSERON Philippe, op. cit.
PAPPALARDO Michèle, VESSERON Philippe, op. cit.
97
Philippines, de l’Italie, du Mexique, de l’Indonésie, du Japon, de la Nouvelle Zélande, de l’Islande,
du Salvador et du Costa Rica.
4.4 La géothermie en Italie
4.4.1 Un Pays entre deux plaques de la lithosphère
L’Italie présente un potentiel géothermique exceptionnel, en raison de sa position
extraordinaire du point de vue soit volcanologique que géologique. Elle se situe, en fait, entre deux
différentes plaques de la lithosphère : celle africaine, qui pousse vers le haut, et celle ionienne,
très ancienne, qui tende à descendre vers le fond des mers. La pression exercée entre les deux
plaques remonte en surface et se manifeste à travers les nombreux volcans, certains éteints et
certains encore actifs, qui ponctuent le territoire tyrrhénien du Pays, de la Toscane jusqu’à la
Sicile.
Au fait, nous pouvons distinguer quatre régions géothermiques en Italie : la Toscane, les
Champs Phlégréens en Campanie, le Tyrrhénien méridional et le canal de Sicile. 169
4.4.2 Des recherches prometteuses
Les études du sous-sol italien sont pourtant relativement récentes : elles remontent, en fait,
aux années 1976 quand, suite à l’importante crise pétrolière mondiale, le Ministère de l’Industrie
avait commandé une analyse détaillée du potentiel géothermique du Pays, ceci afin de
comprendre les concrètes possibilités, présentes sur le territoire national, pour la production d’une
forme d’énergie alternative à celle provenant des ressources fossiles. Ces études, conduite pour
quelques années à travers de nombreux forages épars sur tout le territoire, y compris les mers, ont
dévoilés des ressources géothermiques d’une ampleur telle à positionner l’Italie en deuxième
position en Europe, juste après l’Islande ; des ressources qui pourraient lui valoir même une totale
indépendance énergétique 170 .
169
170
http://www.analistgroup.it
http://www.analistgroup.it
98
A la fin de la crise, malheureusement, la chute des prix du pétrole a fait baisser l’intérêt
envers les énergies renouvelables en général, car elles retournaient à avoir un coût global qui
n’était plus compétitif à l’égard de celui de l’or noir.
Malgré cette perte d’élan envers la géothermie, l’Italie demeure aujourd’hui le premier
producteur d’électricité géothermique en Europe ; elle occupe en outre, comme nous l’avons vue,
la troisième position dans le monde après les Etats-Unis et les Philippines.
4.5 La géothermie à Naples : Vésuve et Champs Phlégréens
4.5.1 La Campanie et ses volcans récents
La Campanie, quant à elle, est une région exceptionnelle du point de vue géothermique, une
des plus importantes en Italie ensemble avec la Toscane et le Latium ; elle est, en fait,
caractérisées par la présence de volcans de formation relativement récentes et encore actifs
aujourd’hui, ainsi que par des nombreuses manifestations thermales, sur terre aussi bien que au
fond de la mer.
Les recherches géothermiques ont commencées durant les années 1950 sous l’égide des
groupes industriels AGIP et ENEL, surtout dans les zones des Champs Phlégréens et de l’île
d’Ischia ; des études qui étaient orientées, particulièrement, à l’individuation du potentiel haute
énergie exploitable pour la production d’électricité dans la région. La province de Naples,
notamment, s’est démontrée étant riche en sources d’eau et de vapeur : ces sources,
caractérisées par des températures très variables mais généralement assez élevées, même en
proximité de la surface, présentent une moyenne de 58°C et un pic de 147°C à l’intérieur du
cratère de la Solfatare à Pozzuoli 171 .
Les premières analyses effectuées sur le cratère du Vésuve n’ayant pas conduit à des
résultats satisfaisants, l’attention s’est concentrée, donc, vers la deuxième caldère volcanique qui
caractérise la baie de Naples, celle des Champs Phlégréens.
Il s’agit d’une des zone vulcaniennes les plus dangereuses et actives d’Europe, avec des
bouches volcaniques distribuées dans une superficie de quatre kilomètres autour de la ville de
171
http://www.analistgroup.it
99
Pozzuoli. Cette région, dont nous allons connaître l’histoire volcanique dans le chapitre suivant, a
été intéressée, voici 12.000 ans, par une forte explosion, qui a généré une énorme quantité de
magma : il s’agissait de 50 kilomètres cubes, ce qui nous semble encore plus impressionnants si
nous les comparons aux 3 kilomètres seulement qui ont été produit par l’éruption du Vésuve qui a
détruit Pompéi en 79 après J.-C. 172 . Ce magma, qui allait modifier à jamais le territoire où un jour
seraient arrivé les colonisateurs, est allé se distribuer, sur une épaisseur de 50 mètres, à 350
kilomètres de distances ; ses cendres légères sont arrivées se déposer jusqu’à la ville de Moscou,
en Russie 173 .
4.5.2 Le « Campi-Flegrei-Deep-Drilling-Project »
Aujourd’hui cette même région, caractérisée d’ailleurs par le volcanisme le plus explosif au
monde, de même nature que celui de Yellowstone, de Santorini, de Iwo Jima et des îles
Galapagos 174 , se trouve au centre d’un projet de recherche internationale, le « Campi-FlegreiDeep-Drilling-Project », sous la direction de l’Instituto Nazionale di Geofisica, du CNR et de
l’Osservatorio Vesuviano 175 .
Ce projet se propose un double objectif : d’un coté, la connaissance du système
d’alimentation magmatique et de sa relation avec les aquifères profonds ; de l’autre, l’exploitation
de son potentiel pour des objectifs énergétiques. De cette manière, le risque volcanique très élevé
de cette zone qui se présente, malgré cela, densément urbanisée, caractérisée par un gradient
géothermal parmi les plus élevé du monde, pourrait être reconvertit en un progrès scientifique
globale et en une richesse économique locale. Pour la première fois dans la volcanologie
mondiale, le projet vise à déterminer, à travers des perforations et des études directes, les
mécanismes physiques qui produisent les éruptions les plus dévastant de la planète.
172
173
TOZZI Mario, 2008. Italia segreta. Viaggio nel sottosuolo da Torino a Palermo. Rizzoli, Milan
CERVASIO Stella, Repubblica - 12 Novembre 2006
174
DE NATALE Giuseppe, TROISE Claudia, Istituto Nazionale di Geofisica e Vulcanologia – Osservatorio Vesuviano – Napoli http://www2.ogs.trieste.it
175
MANCUSI Franco, Il Mattino - 12 Novembre 2006
100
Le système géothermale, d’une profondeur de 3 kilomètres, est étudié grâce à un systèmes
de forages qui comprend deux puits sur terre ainsi que 6 ou 7 au large de la cote. Les premiers
forages sont situés à l’intérieur de la caldère du Pausilippe, dans un site occupé auparavant par
les usines ILVA désormais démantelées, aujourd’hui en attente d’une urbanisation définitive ; le
premier d’entre eux rejoint une profondeur de 2 kilomètres, alors que le deuxième, d’une forme
déviée, arrivera à 4 kilomètres.
4.6 Les technologies de la géothermie
4.6.1 Les technologies spécifiques et les usages dérivés
Il est temps, maintenant, d’étudier les différentes technologies qui sont aujourd’hui
disponibles pour l’exploitation de la ressource géothermique, et qui peuvent, donc, s’appliquer aux
différentes échelles de la ville, à partir de celle urbaine jusqu’à celle domestique ; ceci pourrait
nous emmener à re-concevoir le fonctionnement de Naples en ses différentes parties.
Nous savons que les principales productions mondiales géothermiques concernent
actuellement deux filières distinguées : celle pour la production d’électricité, qui pourrait servir,
grâce à la possibilité d’être distribuée par le biais du réseau existant, aux services urbains ; et celle
pour la production de chaleur, qui pourrait facilement s’adapter aux besoins individuels des
différents bâti qui composent la ville.
4.6.2 La centrale géothermique
En ce qui concerne la production d’électricité, le processus à mettre en œuvre consiste,
avant tout, en des recherches spécifiques visant à la découverte d’une source de chaleur
magmatique, ainsi qu’à la compréhension de ses caractéristiques propres, notamment à
l’individuation des limites physiques du réservoirs ; ceci, nous le savons, est actuellement en cours
dans la baie de Naples au sein du workshop international « Campi-Flegrei-Deep-Drilling-Project ».
La première étape de ces recherches consiste en la réalisation, en exploitant la même
technique utilisé pour les sondages pétroliers, d’un forage de production 176 capable de faire
176
PAPPALARDO Michèle, VESSERON Philippe, op. cit.
101
remonter l’eau chaude du sous-sol vers la surface. Un problème qui se pose, par la suite, est celui
du rejet de l’eau après l’échange de la chaleur : si cette eau est peu chargée de sels minéraux, la
solution envisagée le plu souvent est celle qui prévoit son évacuation en surface ; dans le cas
contraire, où cette évacuation pourrait apporter des endommagements à l’environnement, dus à la
composition minérale de l’eau elle-même, cette dernière est réinjectée dans la nappe phréatique
d’origine. Ce processus garantit, en même temps, la pérennité de la ressource.
L’évacuation se fait à travers la technique du doublet : afin de ne pas refroidir la ressource,
en fait, les puits d’exploitation et de réinjection doivent se trouver à une certaine distance l’un de
l’autre ; ceci peut s’obtenir soit en positionnant les puits en deux endroits séparés entre eux, soit
en leur donnant une trajectoire déviée, surtout lorsque l’opération de recherche est conduite en
des milieux urbains, qui manquent alors de l’espacement nécessaire au premier cas de figure 177 .
L’eau, transformée en vapeur, est en mesure de faire tourner, grâce à sa pression, une
turbine et un alternateur, qui alimentent une centrale géothermique 178 .
4.6.3 La pompe à chaleur
La deuxième filière de la géothermie est celle pour la production de chauffage. Ce processus
consiste en l’utilisation d’une pompe à chaleur (PAC) 179 : il s’agit d’un dispositif technique capable
de transférer de l’énergie d’un niveau à basse température, comme celui de l’air (aérothermie), du
terrain (géosolaire), ou d’une nappe phréatique superficielle, vers un niveau à température plus
élevée. Ce transfert, bien évidemment, consomme de l’énergie, mais celle totale, restituée par la
pompe elle-même, demeure supérieure à celle nécessaire pour la faire fonctionner. Nous appelons
ce rapport « coefficient de performance » 180 : il varie de 4 à 5, et pour les dispositifs modernes il
peut atteindre des niveau encore plus importants.
177
178
179
180
PAPPALARDO Michèle, VESSERON Philippe, op. cit.
http://www.edf.com
BERANGER Bruno, 2008. Les pompes à chaleur . Eyrolles, Paris
PAPPALARDO Michèle, VESSERON Philippe, op. cit.
102
Les pompes à chaleur peuvent ainsi permettre la production d’eau chaude, sanitaire ou pour
le chauffage des ambiances ; elles peuvent aussi servir au refroidissement et à la climatisation, en
inversant simplement le circuit de fonctionnement ; Federico BUTERA parle, à cet égard, de
réfrigérateur inversé 181 .
Les pompes à chaleur, mise à part le système de captage de l’air qui ne se considère pas
avantageux en toutes conditions climatiques, et en cas d’absence d’une nappe phréatique peu
profonde, peuvent fonctionner, partout dans le monde et en toutes conditions, en utilisant la
chaleur présente dans le proche sous-sol, par le biais d’un certain nombre de capteurs chargés
d’un fluide caloporteur 182 . Ce type de système est considéré comme étant entièrement propre, car
il ne produit aucun déchets ; en outre il ne dépend pas des conditions climatiques locales, car nous
savons que le sous-sol proche se trouve à une température constante durant toute l’année. La
dimension réduite de ce dispositif fait en sorte qu’il soit adapté à des maisons individuelles autant
que à des bâtiments professionnels.
Les capteurs peuvent, à l’occurrence, être de deux catégories distinguées, selon les besoin
énergétiques et les différents milieux intéressés : ils peuvent être, en fait, horizontaux, enterrés à
une profondeur variable, selon l’altitude, entre 0,60 et 1,20 mètres sur une surface qui est égale à
une fois et demi celle interne à chauffer ; ou verticaux, positionnés dans des forage de seulement
10 ou 15 centimètres de diamètre et d’une profondeur qui varie selon la surface à chauffer.
La Suisse nous donne un exemple très stimulant à suivre : les sondes géothermiques, en
fait, sont mises en place systématiquement au moment de la construction des immeubles, soient
ils individuels ou collectifs ; la technologie à laquelle ils font recours est celle des pieux
géothermiques 183 , à savoir des sondes placées à l’intérieur des gros œuvres de fondations. Ces
puits d’énergie, en outre, stockent, en été, la chaleur en excès dans les immeubles pour la libérer,
en hiver, dans le réseau de chauffage. Le système implanté, par exemple, dans l’extension de
181
182
183
BUTERA Federico M., 2004. Dalla caverna alla casa ecologica. Storia del comfort e dell’energia. Edizioni Ambiente, Milan
PAPPALARDO Michèle, VESSERON Philippe, op. cit.
ibid.
103
l’aéroport de Zurich, composé de 350 pieux qui descendent à 30 mètres de profondeur, est prévu
pour une durée de vie d’un siècle, tout en ne réclamant qu’une maintenance minimale.
104
Chapitre 5. Naples Souterraine : le choix des lieux du projet
5.0 Introduction / Introduction
Naples, la poreuse, cache une réalité parallèle, qui se présente comme le résultat de l’action
des hommes sur un territoire à la nature exceptionnelle, généré par la longue activité des volcans
qui entourent la ville. L’hétérogénéité géologique et morphologique de son paysage n’a pas
d’égale au monde, à cause de la présence des deux aires volcaniques encore actives et de sa
vaste et fertile campagne environnante : le lieu choisit pour la fondation de Naples est, de ce fait,
une synthèse parfaite des caractères d’ouverture et de protection du territoire ambiant. Durant sa
trimillénaire histoire urbaine, le développement de Naples a toujours été accompagné de celui de
ses viscères, excavées extra – muros pour y extraire les précieux matériaux de construction et
intra – muros pour refournir ses habitants en eau potable. La présence de ces cavités n’a jamais
cessé d’alimenter des mythes, des légendes et des croyances populaires, et se pose aujourd’hui
comme une incontournable opportunité pour recréer un équilibre prospectif entre la ville et ses
origines.
The porous Naples hides a parallel reality, which is the result of the actions of men in a
territory on the exceptional nature, generated by the long activity of volcanoes surrounding the city.
The geological and morphological heterogeneity of the landscape has no equal in the world, due to
the presence of both still active volcanic area and its vast and fertile countryside: the venue for the
foundation of Naples is, therefore, a perfect synthesis of the characteristics of openness and
protection of the surrounding territory. During his trimillenary urban history, the development of
Naples has always been accompanied by that of its viscera, excavated extra - city to extract
valuable building materials and intra - city to bring its inhabitants the drinking water. The presence
of these cavities has never ceased to fuel the myths, legends and beliefs, and is today an
indispensable opportunity to recreate a balance between the city and its origins.
105
5.1 Une reterritorialisation
5.1.1 Déterritorialisation et reterritorialisation
Nous avons déjà parlé de l’importance, afin de déclencher un processus de développement
durable dans le cadre de la ville contemporaine, d’adopter une approche qui, en accord avec
Alberto MAGNAGHI 184 , se définit de type territorialiste ; à savoir une approche capable de créer
des synergies efficaces entre les trois composantes qui structurent le territoire, envisagé, ce
dernier, en tant que relation. Ces composantes sont représentées notamment par l’environnement
naturel, l’environnement construit et l’environnement anthropique.
En partant, en fait, de la considération que la déterritorialisation soit un résultat dérivé de la
déstructuration des rapports existants entre ces trois composantes, la durabilité peut se retrouver
dans l’actuation de processus de reterritorialisation qui soient capables de reconstruire ces
relations perdues. Il est impératif de souligner, en fait, que toutes société, établie sur un territoire
donné, est en mesure de construire, avec l’environnement naturel, des bonnes ou des mauvaises
relations et, par conséquent, d’instaurer des bons ou des mauvais équilibres.
Afin que ces relations soient durables, il est donc nécessaire que les règles qui régissent les
établissements humains soient capables de produire ce que MAGNAGHI lui-même définit une
autodurabilité 185 ; celle-ci s’obtient en évitant le recours à des œuvres de « soutènement »
techniques de type exogène, qu’aujourd’hui caractérisent malheureusement la plupart des
territoires contemporains.
5.1.2 L’identité du territoire : permanences et invariances
Or, afin de réussir à nous orienter vers une durabilité valable au niveau territoriale, il est
fondamental de reconnaître l’identité de ce dernier, afin de pouvoir déclencher des actes de
reterritorialisation qui se démontrent les plus pertinents pour le contexte donné. Tous les cycles de
territorialisation, en fait, à travers les processus de réorganisation et de changement du territoire,
184
185
MAGNAGHI Alberto, 2000. Il progetto locale. Bollati Boringhieri, Turin
ibid.
106
contribuent à la conservation et à la reproduction de son identité : cette identité, qui dérive donc de
l’ensemble des ces processus, nous permet de re-cartographier des éléments qui se comportent
comme des permanences et des invariances ; à partir de ces éléments, alors, se construisent les
nouveaux actes de territorialisation.
Il est clair, enfin, que la compréhension du parcours historique qui conduit à la formation du
territoire n’est pas orientée à la conservation de cette entité, telle qu’elle nous est parvenue, mais à
la perpétuation de l’important processus qui régi à sa composition, selon, bien évidemment, des
règles et des formes nouvelles, en accord avec les besoins de la société contemporaine.
5.1.3 Le « génie du lieu »
Christian NORBERG-SCHULTZ, dans son important ouvrage sur le « Genius Loci » 186 , se
questionne à propos de la compréhension des différentes « implications psychiques » de
l’architecture. L’auteur définit cette dernière comme la concrétisation de « l’espace existentiel » : le
« Genius Loci », ou l’esprit d’un lieu, représente la réalité concrète avec laquelle l’homme a affaire
durant toute sa vie ; faire de l’architecture correspond, tout d’abord, à la visualisation du Genius
Loci. Cette visualisation résulte indispensable afin de pouvoir habiter le lieu et réussir à s’identifier
avec celui-ci. NORBERG-SCHULTZ nous précise : « Il n’y a pas des différents types
d’architecture, mais seulement des situations différentes qui requièrent des solutions différentes,
afin de pouvoir satisfaire les exigences physiques et psychiques de l’homme ».
BRINCKERHOFF JACKSON, quant à lui, définit le génie du lieu comme une valeur tout à fait
exceptionnelle, qui ne dérive pas exclusivement d’une qualité naturelle ou historique intrinsèque au
lieu lui-même, mais qui se présente comme un accent particulier déterminé par les manières
culturelles locales d’habiter le territoire, comme une somme particulière d’événements et de
sensations ordinaires 187 .
Si, alors, l’aliénation de l’homme est causée par la perte d’identification avec les choses
naturelles et artificielles qui constituent son habitat spécifique, l’identité d’une personne est, en
186
NORBERG-SCHULZ Christian, 1979. Genius Loci. Paesaggio Ambiente Architettura. Mondadori Electa, Milan
187
BRINCKERHOFF JACKSON John, 1984. Discovering the Vernacular Landscape. Yale University Press, New Haven et Londres
[Trad. franc. 2003] A la découverte du paysage vernaculaire. ACTES SUD / ENSP, Arles et Versailles
107
grande partie, dépendante des lieux et des choses qui lui sont accessibles. Selon James WINES,
en outre, l’égarement est du à la perte des racines naturelles, perte qui est déterminée par la
manière d’habiter les lieux, en ignorant souvent le vaste toile de fond environnementale 188 .
5.1.4 Les villes et leur cadre géographique
L’étude des différentes expériences historiques nous confirme que les villes ne sont jamais
construites en tournant le dos à leur cadre géographique, mais au contraire en un dialogue étroit
avec celui-la. Dans une réalité autant changeante que celle représentée par l’organisme urbain,
alors, les rares éléments de permanence concernent certains lieux qui, même si peut-être
complètement urbanisés, conservent pour autant un lien fidèle et lisible avec la géographie
environnante 189 .
Un des exemples les plus éclairant, de ce point de vue, est notamment représenté par la ville
de Naples ; une ville qui demeure, encore aujourd’hui, difficile à saisir sans une considération
exhaustive de son cadre géographique de grande échelle.
5.2 Un territoire volcanique
5.2.1 Les deux aires volcaniques
Le paysage qui entoure la ville de Naples est caractérisé par une hétérogénéité géologique
et morphologique qui n’a pas d’égale au monde 190 . Ceci à cause, avant tout, de la présence de
deux aires volcaniques, encore actives aujourd’hui, qui la serrent des deux cotés : à l’ouest nous
retrouvons la caldère des agités Champs Phlégréens, et à l’est la calme et imposante montagne
du Vésuve.
Malgré ce que nous pouvons être invité à supposer, en regardant distraitement la baie de
Naples et en considérant le pois considérable exercé par le Vésuve, ce n’est pas ce dernier à avoir
déterminé la conformation du contexte géologique de la ville : les matériaux qui constituent
188
WINES James, 2000. L’architecture verte. Taschen, Koln
189
MARTI ARIS Carlos, 2005. La cimbra y el arco. Fundaciòn Caja de Arquitectos, Barcelone
[Trad. it. 2007] La cèntina e l’arco. Christian Marinotti Edizioni, Milan
190
LICCARDO Giovanni, 2004. Napoli sotterranea. Storia, arte, segreti, leggende, curiosità. Newton & Compton, Rome
108
l’environnement parthénopéen proviennent en fait, en accord avec ce que nous avons introduit
dans le chapitre précédent, des nombreux événements éruptifs des Champs Phlégréens 191 .
5.2.2 Les Champs Phlégréens
Quant à ces derniers, les Champs Ardents, qui comprennent aussi les proches îles de
Ischia, de Procida et de Nisida, ils sont caractérisés par une multitudes de cratères distingués, nés
séparément au cours des derniers 150.000 ans mais qui, durant des époques historiques
récentes, ont donné naissance à seulement deux manifestations connues : celle de 1302 de l’île
de Ischia, et celle de 1538 du Monte Nuovo.
Le Monte Nuovo, connu comme la montagne la plus jeune d’Europe, a été formé lors d’une
seule éruption, de la durée de deux jours et deux nuits ; il se présente aujourd’hui comme un cône
volcanique de la circonférence de 2,4 kilomètres, avec une altitude maximale de 132 mètres
depuis la plage contiguë, et dont le fond gît à seulement 6 mètres sur le niveau de la mer 192 .
Les activités volcaniques des Champs Phlégréens, que les spécialistes divisent aujourd’hui
en quatre cycles successifs, étaient évidemment assez intenses durant le passée : le poète
Virgile, dans son Enéide, a reconnu juste sur les bords du lac d’Averne, aux exhalations mortelles
à son époque, l’entrée de l’enfer. Parmi les différents cratères qui constituent la caldère, en fait,
beaucoup d’entre eux sont facilement individualisables dans les aspérités mêmes du territoire :
parfois au fond de certains lacs et parfois le long du périmètre des nombreuses vallées fertiles,
peuplées d’écosystèmes délicats et protégés.
Cette
activité
est
encore
manifeste
dans
le
phénomène,
complètement
local,
du bradisisma : consistant en une modification continue des altimétries du terrains, il caractérise la
voisine ville de Pozzuoli ainsi que les quartiers côtiers de Naples.
Cette même activité est encore assez intense, en outre, à l’intérieur du cratère du Solfatare,
un vulcain qui se situe à quelques kilomètres seulement du centre ville et dont les émissions de
vapeurs et de soufre, pendant les journées ventilées, atteignent ses quartiers occidentaux.
191
192
ALBERTINI Vicenzo, BALDI Antonio, 2008. Napoli il sottosuolo, la storia. Associazione “Napoli sotterranea”, Naples
ibid.
109
5.2.3 Le Vésuve
Le Vésuve, ensuite, même si géologiquement est loin de la ville, y est historiquement lié, ne
serait-ce que d’un point de vue exclusivement optique, car il contribue à déterminer, avec sa forte
présence, une soudure unique entre la ville et son contexte géographique de grande échelle.
Le volcan se positionne au sein d’une série de cratères plus grande qui court parallèle à la
cote tyrrhénienne de l’Italie et qui, au nord, arrive vers Sienne en passant par Rome. Malgré le fait
que la formation géologique de cette ensemble soit à considérer comme récente, les seules
éruptions advenues durant des périodes historiques proches sont celles qui ont intéressées la
zone de la Campanie, et plus précisément le Vésuve.
Probablement il s’agissait, à l’origine, d’un cône sous-marin, ensuite émergé en tant que île
volcanique et puis lié à la terre par le biais de ses mêmes matériaux éruptifs 193 .
Les spécialistes retiennent que sa formation remonte à la dernière ère glacière, ce qui le
rend plus jeune que les Champs Phlégréens eux-mêmes. Pourvu, en outre, que les populations
anciennes de la zone ne connaissaient pas le Vésuve en tant que volcan, il faut présumer que,
entre l’éruption advenue il y a 3.800 ans et celle qui a détruit la ville de Pompéi en 79 après J.-C., il
y a eu une longue période d’inactivité, suite à laquelle le volcan a ressemblé à une simple
montagne bruyante.
Un premier signe de reprise de son activité a été, d’après les fouilles archéologiques, le
tremblement de terre du 63 après J.-C. qui a fortement endommagé Pompéi ainsi que les autres
villes de la zone vésuvienne. Durant la successive éruption du 79 après J.-C., qui a enseveli
complètement les villes en bouleversant les habitants impréparés à ce risque, la moitié du cône
originaire a été détruite en laissant la place à une nouvelle structure, celle visible aujourd’hui ;
l’ancien cône, qu’aujourd’hui entoure le Vésuve pour une moitié, est actuellement appelé Monte
Somma 194 .
Suite à la tragédie qui à intéressée la ville de Pompéi, nous avons des informations
concernant d’autres éruptions, à commencer de celle du 203 après J.-C. A partir de l’année 1631,
193
194
ALBERTINI Vicenzo, BALDI Antonio, 2008. Napoli il sottosuolo, la storia. Associazione “Napoli sotterranea”, Naples
ibid.
110
en outre, le complexe volcanique est rentré dans une nouvelle phase éruptive, celle dite récente,
caractérisée
par
une
alternance
de
plusieurs
cycles
distingués
dont
la
duré
varie
considérablement.
La dernière éruption, qui a eu lieu durant la seconde guerre mondiale, juste après l’arrivée
des armées américaines de la libération, a été caractérisé par une colonne de rochers enflammés,
haute de 10.000 mètres, visible de Rome à Tarente 195 ; elle a représenté la conclusion d’un
nouveau cycle, et a été suivie d’une longue période de quiescence.
Selon Jean-Noël SCHIFANO le Vésuve, actuellement le volcan le plus surveillé d’Europe,
endormi depuis le mois de Mars 1944, n’est pas perçu par les habitants de Naples comme
un exterminateur, mais au contraire comme un œil cosmique qui les protège contre le mauvais œil,
la mauvaise sort. Il confère à Naples sa peau noire, car il recouvre la ville de son pavement de
lave qui l’éclaire, durant les heures nocturnes, d’une lumière sombre ; il dessine, avec le contigu
Monte Somma, un M dans son paysage géographique, qui symbolise le mariage entre les quatre
éléments : la terre, le feu, l’air et l’eau 196 .
La position de la ville, précisément entre ces deux aires volcaniques, se présente
immédiatement comme un exceptionnel abri naturel ; un abri qui est potentialisé, d’autre part, par
la présence d’une vaste et fertile campagne environnante, la Campania Felix.
5.3 Naples et son « Genius Loci »
5.3.1 Le Naples avant Naples
A une première rencontre avec Naples nous nous apercevons immédiatement de la position
géographique très particulière qu’elle occupe ; ceci nonobstant le fait qu’aujourd’hui le véritable
accès à la ville, et donc l’impression immédiate qui en dérive, ne soit plus exclusivement la mer.
L’image historique première que l’on a de Naples est, de notre point de vue, celle d’un accostage
protégé, d’un sûre abri au sein d’un région qui, selon ce que nous avons décrit plus haut, devait
sembler très périlleuse.
195
196
SCHIFANO Jean-Noël, 2004. Sous le soleil de Naples. Gallimard, Paris
ibid.
111
Afin de réussir à vérifier cette considération, il va falloir, tout d’abord, s’éloigner de la ville
elle-même et apprendre à voir le contexte régional qui l’entoure, celui de la Campanie, et plus
précisément celui de sa cote tyrrhénienne : celle-la contient, en fait, tout les éléments, les
ingrédients, qui constituent la Naples avant Naples ; ces mêmes éléments peuvent concourir à
nous révéler le véritable esprit de la ville, aujourd’hui enseveli sous les inconsciences qui
caractérisent les manières contemporaines d’habiter le territoire. Les villages de la région, et
notamment ceux qui se trouvent le long de la cote, en fait, sont souvent distribués de manière à
souligner et mettre en valeur les aspects les plus remarquables du paysage naturel.
Nous proposons deux échelles d’analyses pour faciliter la compréhension du sens du lieu à
Naples : la première d’entre elles consiste en une étude de la morphologie qui caractérise le
paysage côtier de la région ; la deuxième prévoit une comparaison directe entre cette morphologie
territoriale et les configurations urbaines et architecturales de la ville elle-même.
L’objectif de ces analyses est celui de comprendre en quelle mesure la réponse de la ville
soit indissolublement dérivée de son contexte géographique, tant en ce qui concerne la
configuration globale de sa structure urbaine, que pour ce qui est de la réalisation de ses masses
architecturales, obtenues par le biais de l’utilisation des ressources matérielles disponibles
localement.
5.3.2 Analyse 1 : la morphologie des lieux
Quant à la première analyse, nous partons de la constatation que la cote de la Campanie,
comme nous l’avons décrit dans le paragraphe précédent, est une formation fortement accidentée
d’origine volcanique.
Le sol se présente recouvert d’un strate très épais d’ancienne lave et cendre, nommé le tuf ;
sa nature, souple mais résistante, a fait en sorte que ce matériau soit utilisé, dés le passé,
comme matrice pour l’activité édificatrice. Cette pierre peut effleurer, même à l’intérieur du tissu de
la ville, à des altimétries très différentes les unes des autres : nous la retrouvons, en fait, sur la
colline de S.Martino (249m), le long du Corso Vittorio Emanuele (100m), sur la butte de
Pizzofalcone (60m) et enfin au niveau de la mer, sur l’île de Mégaris.
112
L’opération d’excavation, commencée vers l’année 4000 avant .J.-C. 197 , est à considérer
comme la responsable, de concert avec les processus d’érosion naturels, de la conformation
actuelle des lieux.
La ville est, nous le savons, une véritable ville de mer ; même si la mer, selon le point de vue
du développement urbain, veut souvent dire ouverture et exposition, dans le cas spécifique de
Naples elle signifie aussi et surtout, toujours selon notre interprétation, protection et sûreté. La
présence, en fait, des deux bras de cote qui constituent la baie napolitaine, le Pausilippe d’un coté
et la cote Amalfitaine de l’autre, donne à la ville une sensation de fermeture ; les nombreuses îles
qui ponctuent cette même baie, habitées dés les époques les plus anciennes, concurrent, en
outre, à donner ce même effet de protection, car elles participent à la fragmentation de l’espace
visuel en différents épisodes, en transformant l’horizon visualisable en une entité plus facilement
divisible et contrôlable.
La cote accidentée de la Campanie présente, aujourd’hui comme durant le passé, de
nombreuses anses naturelles, le long desquelles des petites buttes rocheuses rendent tout à fait
possible l’implantation d’une ville : elles font en sorte que l’on se sente, en même temps, abrités et
accostables ; sur l’un de ces buttes, le Monte Echia ou Pizzofalcone ou Monte di Dio, est née
notamment la ville de Naples.
Le lieu choisit pour la fondation de la ville se présente, donc, comme une synthèse parfaite
des caractères d’ouverture et de protection qui caractérisent le territoire environnant, malgré le fait
qu’aujourd’hui le niveau du sol ait beaucoup changé par rapport au passé et que, par conséquent,
les aspérités naturelles du site résultent moins appréciables. Cependant, il n’est peut-être pas
possible de retrouver, tout le long de la cote tyrrhénienne proche, une configuration naturelle de
lieux caractérisé par une valeur symbolique et pratique semblable, et donc autant préparé à
accueillir une conurbation.
197
LICCARDO Giovanni, op. cit.
113
5.3.3 Analyse 2 : la morphologie urbaine et celle architecturale
En ce qui concerne, ensuite, la deuxième analyse, nous partons de la considération que
l’architecture vernaculaire de la région napolitaine se présente, selon notre point de vue, comme
étroitement liée aux ressources naturels locales et à la conformation spécifique des lieux.
Les matériaux de construction les plus diffusés localement sont, en fait, le tuf et le piperno.
Le premier, comme nous allons le voir dans les pages qui suivent, a été utilisé dés le passé pour
l’activité d’édification, alors que le deuxième, à la couleur gris foncé, a été préféré, en raison de sa
résistance et de sa dureté, pour le pavement des lieux ainsi que pour la réalisation des détails
architecturaux, appliqués à la masse bâtie. Tous deux d’origine volcanique, ces matériaux donnent
la couleur typique à la ville, qui se présente, dans ses parties les plus anciennes, à l’instar d’une
configuration naturelle plutôt que comme un artifice.
La souplesse du tuf et les jointures irrégulières qui configurent les parois verticales de la
ville, soient-elles appartenantes à des édifices ou nécessaires aux soutènement des irrégularités
du terrain, font en sorte que l’architecture semble plutôt modelée naturellement que construite ; le
manque de trottoirs et d’escaliers devant les multiples accès des bâtiments fait en sorte, en outre,
que le les rues deviennent, quelque part, des véritables espaces intérieurs qui relient, au lieu de
les séparer, les différents immeubles.
L’orographie naturelle des territoires qui entourent le socle de fondation de Naples, nous
l’avons dit, est responsable de la présence de plusieurs cours d’eau sur les cotés du site occupé
actuellement par le centre ville ; ces cours d’eau, nécessaires à l’évacuation des eaux pluviales qui
se déversaient depuis les collines contiguës du Vomero et de Capodimonte en direction de la mer,
sont devenus, ensuite, des parcours routiers à part entière, indispensables à la liaison de la ville
avec ses alentours. Ces rues, aujourd’hui reconnaissables dans certains quartiers centraux de
Naples, ressemblent encore, en raison notamment de leur parcours sinusoïdal ainsi que des forts
dénivelé qu’elles engendrent, à des espaces excavés dans la colline de tuf plutôt que à des
infrastructures construites.
La présence, le long de leur parcours, de séquences continues mais irrégulières de
maisons concoure à accentuer cet effet : la masse bâtie ressemble alors à une exaltation des
114
formes naturelles locales. Ces bâtiments, construits souvent devant le paroi accidenté de la falaise
rocheuse, possèdent, depuis leur cours interne, un accès direct aux grottes artificielles.
Les structures voûtées, une sorte de loggia, qui caractérisaient souvent les façades des
immeubles anciens, rarement conservées aujourd’hui et visibles surtout en dehors du centre ville,
rappellent, d’autre part, les grottes creusées directement dans la masse de tuf ; ceci donne à
l’architecture un caractère naturel.
Ce même caractère n’est d’ailleurs pas présent exclusivement dans les expressions
vernaculaires de l’architecture locale, mais nous les rencontrons aussi dans une multitude de
bâtiments importants du centre ville : ici, en raisons de l’importante étroitesse des rues anciennes,
les effets architecturaux les plus importants reculent en fond de cours intérieure, où des escaliers
ouverts, dont les plus fameuses demeurent celle baroques typiques du langage de Ferdinando
SANFELICE, rappellent, avec leur double ordre d’arcades, des excavations dans une paroi
rocheuse naturelle.
5.4 L’Italie souterraine
5.4.1 Un paysage articulé
La réponse de la ville de Naples à ce contexte géographique exceptionnel nous parait
absolument spécifique, et mérite une analyse approfondie et détaillée en ce qui concerne sa
structure, son développement historique et ses usages multiples ; il nous parait utile et intéressant,
néanmoins, de tisser brièvement un profil souterrain des autres villes italiennes qui, d’une manière
ou d’une autre, vantent la présence de structures souterraines auxquelles leur caractère est liée.
L’Italie, nous l’avons expliqué dans les chapitres précédents, se trouve en fait entre deux
plaques de la lithosphère, et en raison de cette position délicate elle présente un territoire tout à
fait particulier : le sol et le sous-sol de la péninsule, en fait, sont le produit d’une intense activité
géologique ainsi que de l’opérativité des hommes, qui sont intervenus dynamiquement sur un
territoire marqué par une forte présence de volcans et de tremblements de terre.
Un petit voyage le long de la botte italienne peut donc nous présenter un Pays autant articulé
en surface qu’en sous-sol ; pour ce faire, et pour rendre clair et lisible le bref récit consacré à
115
chaque contexte géographique, nous allons procéder du Nord au Sud du Pays, afin de faciliter une
lecture parallèle entre la nature des différentes région et celle spécifique des traces laissées par
l’histoire, d’origine différente à chaque fois mais aujourd’hui communément cachées sous les villes
contemporaines 198 .
5.4.2 Un réseau magique
Un réseau magique extraordinaire, par exemple, est celui caché sous Turin. La ville,
autrefois le siège du célèbre ésotériste Nostradamus, présente un réseau impressionnant
constitué de grottes alchimiques, qui la positionne à l’intérieur de deux triangles magiques : celui
de la « magie blanche » avec Lion et Prague, et celui de la « magie noire » avec Londres et San
Francisco. Turin est tout aussi caractérisée par la présence d’espaces, encore une fois
souterrains, qui ont une utilisation plus fonctionnelle que magique : par exemple les 35.000 mètres
carrés d’esplanade qui se trouvent sous la Piazza Vittorio Veneto, et qui servaient pour héberger
les chariots du transport de neige en ville aptes à alimenter ce que nous pouvons considérer
comme un ancien réfrigérateur naturel souterrain ; ceci pourvu la position géographique très
particulière occupé par Turin, située juste aux pied des Alpes.
5.4.3 Un réseau aquatique
Un réseau aquatique, aujourd’hui presque complètement invisible, est celui de Milan. La ville
était construite, en fait, au coeur d’une vaste plaine alluvionnaire très fertile, parcourue par des
nombreux cours d’eau provenant des Alpes et tributaires du fleuve Pô ; le nom romain de
Mediolanum pourrait indiquer, alors, cette position stratégique au sein d’une région géographique
de plus grande échelle. Ces rivières, liées entre elles par le biais de nombreux canaux artificiels,
les Navigli, permettaient de rejoindre en bateau, depuis la ville, la mer Adriatique et notamment la
ville de Venise, tout en passant par le port fluvial de Pavie. Cette importante infrastructure
hydraulique donnait à Milan une possibilité qui lui était naturellement niée à cause de la position
géographique elle-même ; ces canaux, aujourd’hui presque entièrement supprimés, cachés en
sous-sol, constituent un réseau souterrain, un souvenir de l’ancienne ville d’eau à jamais disparue.
198
TOZZI Mario, 2008. Italia segreta. Viaggio nel sottosuolo da Torino a Palermo. Rizzoli, Milan
116
5.4.4 Un réseau funéraire
Un réseau funéraire est, ensuite, celui qui caractérise la région de l’Etrurie. Autrefois le siège
d’une civilisation florissante, aujourd’hui elle nous est connue archéologiquement surtout grâce à
ses vestiges souterraines : les fameuses nécropoles, une sorte de village hypogé constitué par
l’assemblage d’une multitude de chambres séparées. La ville de Sienne, quant à elle, conserve,
dans son sous-sol, un important réseau, celui des Bottini, d’une longueur de 25 kilomètres, et qui
constitue l’ancien aqueduc médiéval, construit pour satisfaire les besoins hydriques de la ville.
5.4.5 Un réseau archéologique
Un réseau archéologique exceptionnel, une véritable ville cachée, est celui qui stratifie
l’éternelle Rome. Il est suffisant de rappeler que le sous-sol de la Caput Mundi de l’Empire Romain
compte aujourd’hui une trentaine de strates archéologiques, contenus en seulement douze mètres
de profondeur : les dernières lignes du réseau métropolitain sont, pour cette raison, construites à
plus de 40 mètres de la surface, à l’intérieur d’un sol complètement vierge. Un voyage dans ses
impressionnants réseaux souterrains, comme celui de l’aqueduc et surtout celui de la cloaque
Maxima, se démontre tout à fait intéressant : cette dernière se présente comme une sorte de rue
souterraine, de plus de 5.000 kilomètres, submergée d’eau, née voici 2.500 ans à la place d’une
petite rivière tributaire du fleuve Tibre et qui, les Etrusques, et ensuite les Romains, ont
réglementé, pavé et enfin recouvert ; ou encore le réseau des catacombes et des colombaires,
constitué d’un ensemble de 25 lieux différents, qui représentent les traces de la Rome du IV siècle,
à savoir les vestiges de la ville de la chrétienté obstinément opposée à celle du paganisme de la
surface.
5.4.6 Un réseau écologique
Un réseau écologique de toute autre nature est celui de l’Italie ionienne. Nous avons déjà fait
référence, dans le troisième chapitre de ce mémoire, aux cavités souterraines de la ville de
Matera, à ses habitations troglodytiques des Sassi, nées pas stratifications successives à partir de
grottes creusées directement dans les parois rocheux ; les mêmes réflexions sont valables pour
toute une partie du territoire des Pouilles, où des petites villes, comme Gravina par exemple,
117
construite près d’un canyon naturel, conservent encore, souvent sans le savoir, les traces d’un
sous-sol extrêmement carié, produit d’une structure géologique très particulière, fortement poreuse
et à la surface aride ; la symbiose entre architecture construite et cavités et ici très étroite, née afin
de satisfaire les besoins hydriques des anciennes populations locales.
5.4.7 Un réseau primitif
Un réseau primitif est celui que nous pouvons rencontrer en Sardaigne, et qui selon certains
chercheurs constitue les vestiges de la mythologique ville d’Atlantide. Un réseau constitué par les
primitives habitations construite, voici 5.000 ans, par le peuple nuragique, peut être des
prédécesseurs des Etrusques eux-mêmes. La capitale de l’île, Cagliari, selon les légendes locales,
est traversée par un réseau de plus de 700 cavités formé par des passages, des nécropoles et des
catacombes, d’origine phénicienne et punique. Des traces souterraines bien plus récentes sont
celles que nous retrouvons à Carbonia, la capitale italienne du charbon, une ville nouvelle née
durant le régime fasciste afin d’assurer, à travers l’extraction de ce précieux minéral,
l’indépendance énergétique du Pays durant le guerre.
5.4.8 Un réseau arabe
Un réseau arabe, enfin, est celui caché sous Palerme. Dans la ville du XVII siècle les
aristocrates attendaient vivement les vents chauds de l’été pour pouvoir se réfugier dans les soussol, à l’intérieur de cavités d’origine naturelle, modifiées fortement par la main de l’homme afin de
former un efficace système de réfrigération. Les chambre du scirocco, une importante œuvre
d’ingénierie creusées dans les rochers qui constituent la plaine de la ville et qui fonctionne comme
un isolant thermique, exploitent le qanat, un système importé probablement par les dominations
arabes : il est constitué par un sophistiquée réseau hydrologique de pièces et canaux qui, née
pour garantir de l’eau fraîche aux habitations et aux nombreux jardins de la ville, était utilisé aussi,
durant les journées chaudes, pour rafraîchir l’air des chambres, grâce au mouvement continu de
l’eau d’une source naturelle, captée et opportunément canalisée.
118
5.5 La géologie napolitaine et la pierre de tuf
5.5.1 La morphologie volcanique : une ossature et un manteau
Il est temps, alors, de parler de la ville souterraine qui gît aux sous-sols de Naples : elle se
présente comme une réalité unique en son genre, profondément déterminée par la géologie locale,
produit d’une activité volcanique récente.
Née entre les aspérités du Vésuve et des Champs Phlégréens, selon Maria Virginia CARDI
la ville s’identifie fortement avec son ventre, à partir duquel elle semble avoir été produite, presque
accouchée 199 . La compréhension de la Naples Souterraine passe forcement, il est évident, par une
étude de la géologie du territoire environnant.
Nous pouvons affirmer, en accord avec les auteurs de l’ouvrage « Naples, la ville
redécouverte », que la morphologie napolitaine est généralement formée par une ossature de
pierre de tuf jaune, couverte par un manteau de pouzzolanes 200 : ce dernier se divise, en outre, en
une partie superficielle, produite par des causes exogènes comme par exemple le transport des
cendres par la pluie et le vent, et en une partie plus profonde, qui a été déposée par l’éruption ellemême et qui se trouve, par conséquent, dans la même position occupée à son origine. Le passage
entre les deux strates, celui du tuf et celui de la pouzzolanes, se fait le plus souvent graduellement,
par le biais d’une formation conglomératique qui est appelée mappemont.
Ces simplifications, utiles pour des fins d’études, ne reflètent pas fidèlement la complexité
géologique du territoire de la ville, surtout à cause du fait que les centres d’éruption, au fil de
l’histoire, ont été multiples ; par conséquent, les différences, même si le plus souvent minimes, qui
existent entre les produits volcaniques de chaque éruption, permettent aux spécialistes de repérer
les cratères qui le ont générés.
199
CARDI Maria Virginia, 2008. Città sotterranee. Roma, Napoli, Parigi e altri luoghi : abitare profondità e superficie. Unicopli, Milan
200
ALBERTINI Vicenzo, BALDI Antonio, ESPOSITO Vincenzo, 2000. Napoli la città riscoperta. Viaggio nel sottosuolo di Napoli.
Associazione “Napoli sotterranea”, Naples
119
5.5.2 L’abondance du tuf et la localisation de la ville
En ce qui concerne le premier strate, celui du tuf jaune napolitain, il faut souligner qu’il
s’agit d’une pierre qui a jouée un rôle déterminant dans l’histoire de Naples, au point que le
positionnement de la ville peut avoir été déterminé, outre que par la configuration géographique
des lieux, par l’abondance des affleurements rocheux 201 .
Cette hypothèse semble être confirmée par le fait que les premières installations humaines
de la baie ont eu lieu sur l’île de Megaris et sur le Monte Echia, où justement le tuf est bien exposé
sur les falaises, et résulte donc facile à extraire. Les bâtiments de la ville historique reposent, le
plus souvent, directement sur ce banc tufacé, avec une continuité géologique absolument typique.
En outre, si nous considérons l’histoire urbaine de Naples avant l’avènement du béton
armé, qui constitue aujourd’hui le matériau de référence le plus utilisé pour la réalisation des
immeubles et des différentes infrastructures, la pierre de tuf a représentée, depuis les origine de la
ville jusqu’à la seconde guerre mondiale au moins, la ressource, disponible localement, qui a été
préférée pour bâtir la ville ; une ville réalisée de ce fait grâce aux mêmes matériaux qui constituent
son sous-sol ; ceci nous démontre, en outre, la grande quantité de pierre extraite de son territoire
pendant plus de 3.000 ans, autant pour la construction immédiate que pour l’exportation.
5.5.3 Les caractéristiques du tuf jaune napolitain
Cette pierre, un des plus jeunes matériaux de construction du point de vue géologique 202
présente une composition dérivée d’un ensemble de cendres et fragments de pierres, produits par
des éruptions de type explosif ; sa granulométrie se présente donc assez compacte, malgré qu’elle
soit formée par un mélange hétérogène. Son utilisation extrêmement diffusée est due, surtout, à
ses caractéristiques propres, reconnues comme adaptées à la réalisation des constructions. Nous
pouvons synthétiser les caractéristiques suivantes :
- bonne résistance mécanique. Le tuf, malgré le fait qu’elle soit une roche facile à rayer,
parfois même simplement à l’aide d’un ongle, présente une bonne résistance à l’écrasement ; en
201
202
ALBERTINI Vicenzo, BALDI Antonio, ESPOSITO Vincenzo, op. cit.
ibid.
120
outre, en raison de sa faible densité, due aux vides intergranulaires, elle est considérée comme
une pierre légère.
- facilité à être ouvragée. Il se prête à être réduit en des blocs réguliers, une caractéristique
très appréciée par les anciens mais qu’aujourd’hui résulte moins fondamentale, à cause surtout
des processus d’extraction mécanisés.
- résistance à l’attaque des agents atmosphériques. Cette propriété, qui varie selon les
différentes carrières utilisées, n’est pas très présente dans le tuf qui résulte, en général, doté d’une
basse résistance à l’érosion, surtout de la part de la mer et des vents. En raison de sa composition
chimique, tout de même, le pierre n’est pas intéressée par l’oxydation et l’hydratation.
- capacité de s’allier aux mortiers. Ceci est due à la porosité même de la pierre, qui permet
aux liants utilisés de rentrer à l’intérieur des blocs et d’augmenter ainsi la surface d’action.
5.5.4 Différentes méthodes d’extraction
Nous connaissons, aujourd’hui, deux méthodes principales pour extraire la pierre de tuf : en
souterrain et à découvert. Cette distinction ne doit pas laisser croire que les deux processus
étaient séparés, car, le plus souvent, l’ouverture d’une carrière à découvert était suivie d’une
extraction en souterrain ; ceci pour deux motivations principales : d’un coté, par de la nécessité de
préserver une quantité de sol agricole ou en raison de la présence de bâtiments sur le niveau
supérieur de la carrière, qui rendaient impossible l’avancement de l’excavation ; de l’autre, en
raison de l’épaisseur, parfois considérable, des matériaux, comme le terrain, qui couvraient la
pierre recherchée, et qui rendait nécessaire des importants et couteaux travaux de déblai.
En ce qui concerne les extraction en souterrain, elles étaient de deux familles distinguées : la
première caractérisée par la présence d’un accès direct depuis un front de tuf, souvent en
contiguïté d’une carrière à découvert déjà exploitée ; la deuxième fournie de puis d’accès
verticaux, ouverts depuis le plan de campagne, et pratiqués lorsque le tuf n’affleurait pas en
surface mais se trouvait à des profondeurs considérables.
Un dernier exemple d’excavation des carrières, souvent en ultérieure utilisation des celles
initiées selon les deux processus décrits, est représenté par la fosse : celle-ci, obtenue à travers le
creusage du sol de manutention de la carrière elle-même, servait, après sa complète exploitation,
121
pour la décharge des matériaux de résulte, comme par exemple le terrain, dont l’élimination se
démontrait difficile à pratiquer autrement.
5.6 Les grottes de Naples dans l’histoire
5.6.1 Une symbiose perpétrée
Parler du sous-sol de Naples signifie, tout d’abord, parler d’une histoire qui démarre avec
celle de la ville elle-même, et qui se traduit par un état de forte symbiose qui demeure unique en
son genre ; les auteurs de « Naples, la ville redécouverte » parlent, à cet égard, d’un résultat de 28
siècles ininterrompus d’activités 203 .
Il n’est pas étonnant, alors, d’apprendre que les premiers témoignages de vie en ville sont
documentés à l’intérieur d’une grotte creusée dans le tuf, dans la colline aujourd’hui centrale de
Materdei : ils concernent des tombeaux « à four » de la période néolithique, voici presque 7.000
ans 204 .
En parcourant l’histoire urbaine de Naples, on peut facilement remarquer dans quelle
mesure l’activité constructive a été la partie visible de celle, beaucoup plus articulée, d’excavation ;
nous pouvons même souligner, en accord avec Giovanni LICCARDO, le parallèle existant entre le
développement de la ville et le nombre et la quantité des carrières ouvertes en des zones
limitrophes à sa structure urbaine 205 .
5.6.2 Les nécessités de l’histoire
A l’époque de la fondation grecque remontent les premières carrières de taille considérable,
ouverte soit sur terre qu’au niveau de la mer, et transformées parfois en des réservoirs pour la
récupération de l’eau de pluie ; les cavités marines, notamment, utiles afin de faciliter le transport
de la pierre, on été réutilisée par les romains comme autant des viviers, pour l’élevage des
203
204
205
ALBERTINI Vicenzo, BALDI Antonio, ESPOSITO Vincenzo, op. cit.
LICCARDO Giovanni, op. cit.
ibid.
122
murènes et d’autres poissons de qualité 206 . Parmi les carrières grecques nous pouvons en outre
considérer celles de Poggioreale, redécouvertes en 1982 et qui conservent encore leur graffitis,
ainsi que les deux galléries routières de Seiano et de Cocceio, creusées sous la colline du
Pausilippe afin de relier Naples et ses luxueuses villas avec le territoire des Champs Phlégréens.
A l’époque romaine remontent les réseaux de cavités ouverts pour la réalisation de
l’aqueduc et des égouts urbaines, ainsi que celle creusées pour l’extraction des pierres
nécessaires à l’édification des fortifications de la ville ; ces carrières, qui se situaient au nord du
site occupé par la ville et qui étaient facilement accessibles par la porte San Gennaro, connue à
l’époque comme la porte du Tuf , ont été transformées en autant de catacombes chrétiennes, et
ainsi utilisées comme lieu de culte durant les persécutions religieuses.
Durant les époques successives, suite à l’importante croissance démographique qui a
intéressé la ville, l’ouverture des carrières s’intensifie, en raison surtout de la nécessité d’obtenir de
la pierre pour la construction. Le phénomène devenant périlleux, les rois de Naples promulguent
des lois spécifiques aptes à limiter, et interdire parfois, l’opération d’excavation dans certaines
zones urbaines, jugées comme particulièrement périlleuse pour la stabilité de la ville.
Continuées malgré les nombreuses interdissions pendant toute la domination française, les
activités d’excavations poursuivent même durant le royaume des Bourbones : les travaux pour
l’ouverture du tunnel homonyme, commencé en 1853 par ordre des rois eux-mêmes afin d’obtenir
une liaison souterraine entre le palais royale et la gendarmerie, située de l’autre coté du Monte
Echia, ont comportés beaucoup de difficultés techniques, en raison surtout du croisement avec
des anciennes cavités ; la finalisation du tracé a été abandonnée par l’arrivé de Garibaldi, qui
rendait inutile cette infrastructure.
Après l’unification d’Italie, et notamment suite à l’épidémie de choléra qui a intéressée, nous
en avons parlé, les quartiers bas de Naples, la nécessité de construire des nouvelles zones
résidentielles intensifie l’activité d’excavation, notamment aux pieds des collines situées au nord
de la ville.
206
ALBERTINI Vicenzo, BALDI Antonio, ESPOSITO Vincenzo, op. cit.
123
5.6.3 Un déséquilibre dangereux
Durant l’époque contemporaine, suite à la seconde guerre mondiale qui réhabilite les cavités
en les transformant en des refuges anti-aériens, certains d’entre eux encore visitables aujourd’hui,
l’exploitation incontrôlée des grottes souterraines, qui se transforme plutôt en une attitude de
destruction et de vandalisme, a porté à la naissance d’un déséquilibre entre les deux ville
superposées.
Ceci à cause de la perte d’observance d’une ancienne pratique, qui régissait à leur
excavation : lorsque, en fait, les immeubles étaient réalisés grâce à des pierres obtenues à travers
une excavation directe du site occupé par la construction elle-même, parfois en grandissant des
anciennes citernes les masses architecturales pleines reprenaient celles vides des cavités 207 .
5.7 Différentes origines pour les grottes de Naples
5.7.1 Les deux catégories principales de cavité
En voulant effectuer une simplification extrême au sein des différentes typologies de cavités
napolitaines, nous pouvons les grouper en deux catégories principales : celle des grandes
carrières suburbaines, ouvertes pour obtenir des matériaux de construction, et celle des
infrastructures hydrauliques urbaines, construites afin de refournir la ville en eau potable.
5.7.2 Les carrières suburbaines
En ce qui concerne la première catégorie, elle comporte une impressionnante quantité de
vide qui se trouvent, nous l’avons vue, repartis de manière inégale sous les différents quartiers de
la ville : les superficies varient entre les 1.030 mètres carrés du quartier Pendino aux 208.165 du
Stella, en passant par les 50.000 approximatifs des Avvocata, Chiaia, Marianelle-Piscinola,
Posillipo, San Ferdinando.
Leur configuration varie selon les époques d’excavation : jusqu’au XIX siècle, en fait, la
forme préférée était celle trapézoïdale, alors que les époques successives ont adopté une section
207
LICCARDO Giovanni, op. cit.
124
elliptique, en ignorant le fait qu’elle était moins résistante des précédentes aux processus
d’écroulement qui intéressent la voûte.
5.7.3 Les infrastructures hydrauliques urbaines
Pour ce qui est de la deuxième catégorie, celle des ouvrages hydrauliques, nous pouvons
distinguer trois différents aqueducs : le Augusteo ou Claudio, le Bolla et le Carmignano, tous
précédents la réalisation, en 1885, de celui en tubes modernes, encore en fonction aujourd’hui.
Le premier d’entre eux était un réseau impériale très sophistiqué, car il emmenait l’eau en
ville à l’intérieur de tubes sous-pression depuis des distance considérables : il comptait, en fait, 79
kilomètres jusqu’à Naples, ainsi que 91 jusqu’à la ville de Baia, au cœur de Champs Phlégréens,
où se trouvait la splendide Piscine Mirabilis.
Quant au deuxième, le Bolla, il est considérée comme le vrai aqueduc de la ville, en raison
du fait qu’il était réalisé comme un vrai réseau de canaux où l’eau glissait librement et qui, en
souterrain ou en découvert selon les cas, rejoignait, à travers plusieurs diramations, tous les
bâtiments de la ville ; le fournissement de chaque immeuble se faisait, ensuite, par le biais de puits
de captation, situés au milieu des cours intérieures ou des maisons elles-mêmes.
Le réseau était admirablement articulé, avec des pentes idéales au glissement de l’eau, des
réservoirs sous chaque immeuble fournis de trottoir pour les inspections, des déversoirs latéraux
pour éliminer les impuretés, ainsi que des parois revêtues d’un spéciale induit imperméable, qui
encore résiste aujourd’hui.
Il faut d’ailleurs souligner, en accord à ce que nous avons décrit précédemment, que
probablement les matériaux extraits durant les travaux de réalisation de ce système ont été utilisés
pour l’édification des immeubles eux-mêmes, selon cette attention aux ressources locales qui a
toujours caractérisée l’histoire de la ville de Naples.
Ce réseau présentait, malgré son indiscutable efficacité, certaines graves faiblesses : tout
d’abord celle due à son altimétrie, qui était inférieure à celle des égouts de la ville et qui, au sein
surtout des quartiers bas, à été considérée comme la cause principale qui a provoqué l’essor et la
diffusion de nombreuses épidémies de choléra ; en outre, celle due à sa configuration, car le
125
système même des puits domestiques rendait l’aqueduc vulnérable à la pollution, qui pouvait être
causée facilement par les habitants de tous les immeubles.
Le troisième aqueduc, enfin, nécessaire pour une ville de plus en plus peuplée, a été réalisé
vers 1500 par Cesare CARMIGNANO. Ce dernier, par ses propres dépenses personnelles, à ainsi
financé une œuvre fondamentale pour le développement de Naples tout en s’assurant, en
contrepartie, le droit de se servir gratuitement de l’eau comme force motrice, la seule d’ailleurs
utilisable après les muscles, pour alimenter les moulins de son activité.
5.7.4 Une continuité physique brisée
Ce réseau de cavité, entièrement parcourable, d’une part à l’autre de la ville, jusqu’au début
des années quarante du siècle dernier, se présente aujourd’hui difficile à saisir dans sa continuité
structurelle 208 .
Ceci est causé surtout par les nombreuses occlusions abusives qui l’ont intéressé, dues
notamment au stockage de déchets depuis le puits de fournissement ainsi qu’aux fréquentes
interruptions de tracé générées par la réalisation d’immeubles d’habitation et de nombreux tunnels
ferroviaires et autoroutiers.
Il suffit de rappeler que, des outre 400 refuges anti-aériens repérés durant la seconde guerre
mondiale, plus de 300 résultent aujourd’hui disparus ; des traces en sot néanmoins restées
conservées dans les noms des rues, qui encore rappellent d’antécédentes cavités oubliées ou de
canyons d’anciens cours d’eau aujourd’hui ensevelis.
5.8 Les grottes de Naples entre réalité et légende
5.8.1 Des liens ancestraux
Nous devons nous attarder, même si brièvement, sur une ultérieure lecture de la Naples
souterraine, celle qui se présente tissée, depuis ses origines ancestrales, autour de nombreux
mythes, rites, symboles et alchimies. Sa longue histoire, en fait, a toujours été accompagnée par
une évolution parallèle et continue des croyances de son peuple.
208
POZZI Paola, DI PACE Mario (sous la direction de), 1988. Laboratorio internazionale Napoli sotterranea. Cuen, Naples
126
Cette réalité persiste encore aujourd’hui, liée indissolublement aux profondes blessures qui
s’entrevoient dans le corps millénaire de la ville, souvent utilisées comme garages, parkings,
dépôts, salles cinématographiques, discothèques, réseaux hydriques et centrales électriques 209 .
5.8.2 Des mythes, des croyances et des divinités
Les mythes, donc, se présentent structurés, tout d’abord, autour des cavités elles-mêmes :
ces fentes, selon la légende, ont hébergées avant tout le tombeau de la sirène vierge Parthénope
qui, selon le récit connu, est morte sur les flancs d’un volcan éteint ; il s’agit probablement de
l’ancien cratère formé par le Monte Echia et l’île de Megaris, où a eu lieu l’originaire fondation de la
ville. Un autre récit nous parle des premiers habitants de la baie, les Cimmeri, une ancienne
population provenant de la Mer Noire, qui vivait dans des habitations creusées en souterrain ; un
récit qui est, bien évidemment, en accord avec les déjà citées retrouvailles archéologiques de la
colline de Materdei.
Les croyances sont souvent liées, quant à elles, au culte des morts. Un culte qui est
témoigné par Parthénope elle-même qui, selon les populations grecques, avait le rôle de conduire
les âmes au royaume de l’au-delà ; ceci tisse indissolublement un lien entre les morts et les
cavités de la ville. Ces dernières deviennent, des siècles durant et selon un mixte de christianisme
et de paganisme, des refuges pour les Ames du Purgatoire, vénérées dans le quartier aujourd’hui
central de la Sanità, un ancien torrent d’eau connu autrefois comme la vallée des morts 210 .
Toujours à l’intérieur d’une grotte le poète Virgile rencontre la Sibille de Cumes, dont a parlé Dante
après des siècle et de laquelle a peint Michel-ange dans la voûte de la Chapelle Sixtine 211 .
Nombreuses divinités étrangère se rencontrent, en outre, dans les cavités de Naples :
rappelons simplement Mithra, la déesse indo-persienne qui témoigne des rapports entre le monde
gréco-romains et la pensée philosophique de l’Orient ; et Iside, la reine égyptienne, vénérée
depuis le IV siècle avant J.-C. et arrivée en Campanie à travers la Méditerranée. Ces divinités
209
210
211
PIEDIMONTE Antonio Emanuele, 2008. Napoli sotterranea. Percorsi tra i misteri della città parallela. Intra Moenia, Naples
PIEDIMONTE Antonio Emanuele, op. cit.
ibid.
127
deviennent autant de cultes ésotériques, liés aux sous-sols quant aux rites initiatiques et aux
positionnement des temples 212 .
5.8.3 Une légende métropolitaine : le monaciello
Outre, bien évidemment, les mythes d’origine religieuse, la ville de Naples en raconte
d’autres, absolument locaux, qui proviennent du fonctionnement même de sa structure souterraine
complexe, jugée parfois comme mystérieuse par ses habitants.
Nous avons déjà parlé du réseau de veines et réservoirs qui constitue les anciens aqueducs
du Bolla et du Carmignano. Or, la manutention constante de ces importantes infrastructures était
confiée à un personnel municipal expert, les pozzari, les puisatiers, dont l’activité consistait
notamment en assurer, par le biais de bouchons spéciaux, le maintient du niveau de l’eau dans les
citernes des différentes immeubles.
La présence de ce personnel à l’intérieur des réseaux hydrauliques souterrains était
confondue, par la plupart du peuple de Naples, avec celle des petits esprits, les « monacielli »,
bons ou mauvais selon les cas, qui fréquentaient les sous-sols de la ville et qui, selon les témoins,
avaient des ressemblances humaines et se présentaient souvent pleins de boue.
Cette croyance se justifie notamment par la récurrente, mystérieuse, apparition de
personnes dans les profondeurs des aqueducs, par les caprices de leurs comportements,
dépendants notamment du payement de la taxe requise, et surtout de leur devise spécifique, apte
à les protéger de l’humidité, qui était fournie d’une capuche comme les moines 213 .
5.9 Les grottes de Naples dans les chroniques quotidiennes
5.9.1 Guerre et camorra
On dit, à Naples, que les hommes ont creusé, en même temps, leur maison et leur grotte :
les spécialistes estiment, en fait, que le 60% de la population actuelle de la ville vit et opère sur
212
213
PIEDIMONTE Antonio Emanuele, op. cit.
ALBERTINI Vicenzo, BALDI Antonio, ESPOSITO Vincenzo, op. cit.
128
une cavité 214 . A partir de la mère reconstruction historique, les récits des grottes napolitaines
peuvent facilement et utilement dévier vers une narration des faits quotidiens qui, encore une fois,
voient la ville-gruyère habitée de manière continue au fil des années.
La guerre par exemple, et cela bien avant le deuxième conflit mondial, a parfois reconnu,
dans ces labyrinthes souterrain, un lieu idéal pour certains combats névralgiques : la première
utilisation connue à cet égard est celle qui remonte à l’année 537, quand les armées byzantines
ont gagné sur la ville grâce à la possibilité de rentrer à son intérieur, même munies de chevaux, à
travers les galeries des anciens aqueducs. Ces mêmes lieux faisaient de Naples, pendant la
dernière guerre mondiale, la ville italienne avec le plus important nombre d’abris anti-aériens,
comme il nous le relate Curzio MALAPARTE 215 dans son livre témoignage de la période de la
libération.
La camorra, aussi, a historiquement utilisées ces lieux et le fait admirablement encore
aujourd’hui : l’organisation criminelle les voit comme un refuges secret pour les recherchés, un
stockage pour les armes et pour la drogue, ainsi que comme une voies de fuite en cas de
nécessité 216 .
5.9.2 Désastres contemporains et déversoirs provisoires
Une longue succession de comportements irrespectueux envers la ville, en oubliant les
rapports millénaires avec ses cavités, nous conduit directement aux désastreux écroulements qui
ont commencés à caractériser les chroniques de Naples à partir de la seconde guerre mondiale. A
cette date, vis-à-vis surtout d’une situation de destruction diffusée qui intéressait les quartiers les
plus anciens de la ville, est commencée une intense activité de spéculation immobilière qui à
procédé à la minéralisation progressive des collines contiguës ; cette spéculation a créée les
214
215
216
LICCARDO Giovanni, op. cit.
MALAPARTE Curzio, 1978. La pelle. Mondadori, Milan
PIEDIMONTE Antonio Emanuele, op. cit.
129
prémisses de ce qui fait qu’aujourd’hui chaque orage peut se transformer en une véritable
tragédie 217 .
A partir des années soixante du siècle dernier, les rues de la ville ont commencé, en fait, à
s’ouvrir et à s’écrouler toujours plus fréquemment, en avalant à jamais des trottoirs, des voitures,
des personnes et parfois des immeuble entiers ; durant l’année 1967 il y a eu plus de 40
phénomènes de ce genre en seulement douze mois et, durant la période qui va du 1966 au 1969,
le chiffre important de 3.911 phénomènes a été la cause de 9 morts et de 37 blessés 218 .
Une ultérieure attitude néfaste envers les grottes napolitaines, qui nous prime maintenant de
commenter, concerne leur utilisation, historique mais aussi contemporaine, en tant que déversoirs.
La Naples souterraine, encore une fois, reflète fidèlement et opiniâtrement la ville de surface,
même lors de sa récente émergence déchets : les cavités sont dernièrement devenues des
décharges autorisées, avec l’objectif de pouvoir remédier aux manque d’infrastructures plus
appropriées, dans l’attente d’une solution définitive au problème.
217
218
PIEDIMONTE Antonio Emanuele, op. cit.
ibid.
130
Chapitre 6. Naples 2060 : l’entrelacement des données
6.0 Introduction / Introduction
Projet réalisé en trois phases distinguées, « Naples 2060 » vise à considérer de manière
nouvelle les différents héritages naturels et historiques de la ville ainsi que son potentiel social
poreux, afin de les conjuguer de manière opportune. En considérant le METRO DELL’ARTE et son
rôle stratégique pour le futur de la ville, l’application de technologies vertes issues du territoire à
ses nouvelles lignes peut les transformer en un véritable manifeste pour un développement local
vertueux. Or, pour faire en sorte que cette durabilité ait aussi une dimension sociale, le projet doit
parallèlement contempler des lieux de participation et d’implication de la communauté, à savoir
des « Centres d’Architecture » qui, intégrés dans le réseau métropolitain lui-même, servent à
manifester le projet à ses usagers et à rendre possible la déclination de ses principes vers des
applications domestiques. Les grottes qui ponctuent les profondeurs de la ville de Naples
deviennent névralgiques pour la mise en œuvre du projet, tout en réactualisant leur rôle
historique : les grandes carrières suburbaines, supports ancestraux à l’édification de la ville et des
son image visible, se transforment en ces « Centres d’Architecture », berceaux indispensables
pour l’acquisition de savoirs environnementaux et des principes énergétiques, aptes à garantir le
transfert de ceux-ci vers les milieux domestiques ; les cavités du réseau hydraulique ancien,
sources énergétiques primordiales pour les habitants, deviennent des réservoirs et des
échangeurs géothermiques pour un habitat durable. La Naples durable est alors la ville qui recrée,
de manière efficace, un nouveau dynamisme entre son passé, son présent et son futur.
Project in three distinguished phases, "Naples 2060" aims to consider anew the natural and
historical heritages of the city and its potential social porosity to combine in a timely manner.
Considering the METRO DELL'ARTE and its strategic role for the future of the city, the application
of green technologies from the territory to its new lines can turn into a manifesto for local virtuous
development. However, to ensure that sustainability has also a social dimension, the project must
contemplate the areas of participation and involvement of the community, namely "Centres of
Architecture", which incorporated into the metropolitan network itself, serve to show the project to
131
its passengers and to make possible the declination of its principles to domestic applications. The
caves that dot the depths of the city of Naples become critical for the implementation of the project,
while updating their historical role: large suburban quarries, the ancestral supports to building the
city and its visible image, are transformed into "Centres of Architecture”, cradles required for the
acquisition of environmental knowledge and principles of energy, able to guarantee the transfer
thereof to the domestic environments; cavities of the old hydraulic system, primary energy sources
for the people, become reservoirs and geothermal heat exchangers for sustainable housing.
Naples is the sustainable city that recreates, effectively, a new dynamic between its past, present
and future.
6.1 Un projet en trois phases
6.1.1 Réactualiser les données et les relations locales
La présente étude sur la ville de Naples, articulée autour des différents aspects de sa réalité
contemporaine ainsi que des nombreuses traces héritées de son passé historique et géologique,
nous présente une ville dont l’essence première dérive, de notre point de vue, d’une longue et
opiniâtre interaction : celle existante entre son contexte géographique spécifique, fortement
instable, et l’action millénaire des hommes, en quête d’une demeure possible.
Nous pouvons notamment reconnaître d’un coté une force première, celle volcanique, qui a
procédé à structurer un territoire unique dans le panorama de la péninsule italienne et qui à
toujours dicté le développement de la ville ; et de l’autre l’action des hommes qui, des millénaires
durant, a été guidée par la nécessité d’habiter ce territoire aux apparences mouvementées et de
pouvoir y repérer les ressources nécessaires aux justes propriétés. Une interaction qui, pour cela,
a conformé un ensemble urbain doté d’un double visage, un positif et un négatif, indissolublement
liés.
Le projet « Naples 2060 » prend pied de ces prémisses et procède à la réactualisation des
données de base : la force première, celle des volcans, devient à l’occurrence une ressource
énergétique endogène, précieuse dans un contexte de développement local autant que dans celle
d’un équilibre global ; les traces ancestrales de cette interaction ininterrompue entre l’homme et le
132
contexte de grande échelle deviennent les lieux fondamentaux pour l’activation d’une nécessaire
conscience individuelle durable, indispensablement structurée autour des questions de la valeur
énergétique de comportements domestiques et de son incidence sur l’organisme urbain en
général.
6.1.2 Retisser les possibilités latentes
A l’occasion du bicentenaire de l’unification de l’Italie, date à laquelle remonte la perte de
l’ancien rôle de capitale de la part de la ville de Naples, le projet vise à retisser entre elles les
possibilités latentes que nous offre la ville elle-même, afin de mettre en oeuvre un projet qui
demeure déterminé par les potentialités spécifiquement locales :
- les volcans des Champs Phlégréens, par le biais de l’exploitation de leur potentiel
géothermique, deviennent ainsi les moteurs d’une vraie révolution énergétique, en re-confirmant,
de la sorte, leur capacité à être la base pour le soutènement de la ville.
- le Métro dell’Arte, ensuite, compte tenu du rôle de manifeste que les usagers lui
reconnaissent, utilise sa capacité à tisser ensemble les hétérogénéités de la ville pour dessiner un
ultérieur file invisible, celui de la virtuosité énergétique, qui touche aux différentes parties du
territoire urbain, y compris les grottes souterraines.
- les cavités de la ville, enfin, demeurent les lieux de l’interaction entre les hommes et le
territoire de grande échelle, notamment en ce qui concerne la lecture et la compréhension du
potentiel énergétique locale et la traduction en des utilisations domestiques.
6.1.3 Un indispensable phasage temporel et programmatique
Le projet « Naples 2060 » est un projet qui nécessite, bien évidemment, d’un phasage
temporel et programmatique indispensable, compte tenu de la stratification géographique, urbaine
et sociale propre à la ville ; un phasage qui est notamment nécessaire, comme nous allons
l’expliquer par la suite, d’un double point de vue : celui technologique, afin de pouvoir assurer un
transfert efficace des technologies utilisées à l’échelle urbaine vers celles adaptées à des
utilisations domestiques ; celui sociale, afin de garantir la compréhension des implications globales
133
des consommations énergétiques individuelles, et pouvoir prendre conscience, en outre, de
l’importance globale d’une utilisation diffusée des ressources locales du territoire.
6.1.4 La porosité sociale
Nous avons déjà évoqué la porosité propre à la ville de Naples ; il faut néanmoins souligner
que cette même porosité peut faire référence aussi bien à la communauté de la ville : « Voir un
groupe de napolitains rentrer dans un bar, se distribuer entre les tables, même celles déjà
occupées, observer l’entrelacement et le mélange des conversations est une véritable leçon de
porosité, il n’y a rien d’agressif, comme la tactique allemande pour s’assurer une place, mais le
tout est justement cordial et ouvert, une fluidité diffusée et collective » 219 .
Il est, à l’occurrence, sur cette porosité sociale qui se base notre proposition de transmission
des savoirs environnementaux dans la ville, selon une attitude toute napolitaine, fameuse et
habituelle, de communiquer les nouvelles en criant dans les rues et à l’intérieur des cours
d’immeuble, des véritables espaces de socialité urbaines, dotés eux aussi d’une remarquable
porosité. Walter BENJAMIN la décrit de la sorte : « Poreuse comme cette roche est l’architecture.
Faire et construire se mélangent entre eux en des cours, des arcs, des escaliers. Partout est gardé
un espace qui peut devenir théâtre de nouvelles et imprévisibles constellations. Le définitif, le
codifié est évité » 220 .
6.1.5 Un nouveau regard envers les grottes
Plus spécifiquement, l’attitude envers ces grottes s’inscrit dans la nécessité d’en faire des
lieux qui répondent aux nouveaux besoins de la ville et de sa société, en les adaptant aux
nouvelles directions prises par le développement urbain ; ceci en évitant, bien évidemment, un
excès de protection, qui risque de les transformer en des lieux fondamentalement non utilisés.
219
BLOCH Ernst, 1926. Italien und die Porositat. Die Weltbuhne
in DONAGGIO Enrico (sous la direction de), 2000. Napoli. L’ancora del Mediterraneo, Naples
220
BENJAMIN Walter, LACIS Asja, 1925. Neapel. Frankfurter Zeitung
In DONAGGIO Enrico (sous la direction de), 2000. Napoli. L’ancora del Mediterraneo, Naples
134
Comme nous le dit Richard Rogers en citant l’historien Roy PORTER, « lorsque les bâtiments
l’emportent sur les gens, on a le patrimoine, pas l’Histoire » 221 .
Cet attitude semble confirmer, en le réactualisant, le rôle que ces grottes ont eu
historiquement pour le développement de Naples, à savoir celui d’extraction pour l’édification de sa
partie visible ; aujourd’hui ils deviennent les lieux de l’extraction des savoirs énergétiques
indispensables à la réalisation de la ville durable. En accord avec James WINES, en fait, nous
savons que « l’architecture ne doit plus seulement être considéré comme un objet sculptural, mais
devenir une réalisation capable d’absorber et de transmettre des messages » 222 .
« Les Victoriens construisirent des bibliothèques pour s’attaquer à l’illettrisme, nous devons
construire des centres d’architecture pour impliquer et informer les citoyens, les architectes, les
urbanistes et les aménageurs sur la manière dont se conçoit la ville afin de répondre aux besoins
des générations futures » 223 .
Ces grottes sont conçues comme des espaces « d’esprit ouvert », plurifonctionnels, qui
tiennent en considération l’accélération des changements de la forme physique de la ville et de ses
nécessités ; des espaces qui doivent être structuré de manière flexible, afin de pouvoir s’adapter
aux modifications d’environnement, de forme et d’utilisation. Elles deviennent, alors, autant de
« centres d’architecture » à l’intérieur de la ville, à savoir des lieux de formation et d’information
autour de la nouvelle orientation écologique nécessaire pour une ville comme Naples.
6.2 Phase 01 : de l’énergie urbaine
6.2.1 Profiter d’une occasion latente
Or, comment faire pour exploiter l’énergie géothermique des volcans quand l’on se retrouve
face à un tissu urbain autant dense que celui qui caractérise la ville de Naples ?
221
ROGERS Richard, GUMUCHDJIAN Philip, 1997. Cities for a small planet. Faber and Faber, London
[Trad. franc. 2000] Des villes durables pour une petite planète . Le Moniteur, Paris
222
223
WINES James, 2000. L’architecture verte. Taschen, Koln
ROGERS Richard, GUMUCHDJIAN Philip, op. cit.
135
L’occasion latente dont il est nécessaire de profiter est celle représentée par une partie des
Champs Phlégréens, immédiatement contiguë aux quartiers occidentaux de la ville, qui était
occupée auparavant par les usines sidérurgiques ILVA, aujourd’hui démantelées : un site
intéressé, nous en avons parlé dans le premier chapitre, par des projets ambitieux qui voient la
participation de Star de l’architecture internationale, mais qui ignorent pour autant le potentiel
énergétique sous-jacent.
Les deux zones contiguës de Bagnoli et de Agnano, en fait, se présentent extrêmement
riches en des manifestations thermales qui nous dénoncent une intense activité volcanique.
6.2.2 L’aire industrielle de Bagnoli
Quant à la plaine de Bagnoli, les activités industrielles du centre sidérurgique ont fait en
sorte, malheureusement, que les activités liées à l’exploitation des sources chaudes aient perdu
progressivement de l’importance, jusqu’à disparaître complètement aujourd’hui ; ceci rend
actuellement très difficile le repérage des sources thermales, mais le manque d’urbanisation
permet en même temps des analyses plus approfondies.
Il est justement à cet endroit qu’ont eu lieu les expériences liées au workshop international
« Campi-Flegrei-Deep-Drilling-Project » que nous avons cité dans le quatrième chapitre.
6.2.3 Le cratère de Agnano
En ce qui concerne, ensuite, la zone de Agnano, elle conserve encore des activités liées à la
géothermie, comme les bans thermaux, même si essentiellement sous-exploité 224 .
Il s’agit d’un ancien cratère volcanique, qui remonte au quatrième cycle d’activité des
Champs Phlégréens 225 , avec un périmètre de 6,5 kilomètres en une altimétrie, en son fond, de
seulement 2 mètres sur le niveau de la mer. La zone compte, outre des boues naturelles sulfurées
et radioactives, des nombreuses sources minérales : en une aire totale de 123 hectares, les 72
224
ALBERTINI Vicenzo, BALDI Antonio, 2008. Napoli il sottosuolo, la storia. Associazione “Napoli sotterranea”, Naples
225
ALBERTINI Vicenzo, BALDI Antonio, ESPOSITO Vincenzo, 2000. Napoli la città riscoperta. Viaggio nel sottosuolo di Napoli.
Associazione “Napoli sotterranea”, Naples
136
sources ont un débit totale de 7 millions de litres d’eau par jour 226 ; elles se divisent, par rapport à
leur température, en 7 sources froides (19°-20°), 39 sub-thermales (21°-35°), 17 thermales (36°48°) et 12 iper-thermales (49°-68°).
Connue et fréquentée depuis l’antiquité, la vallée s’est transformée, autour du XI siècle, en
un lac qui a donc recouvert et caché les sources thermales existantes ; il était néanmoins exploité
pour la macération des tissus, une activité témoignée encore aujourd’hui par une plaque en
marbre située à la sortie de l’arrêt de métro de Piazza Leopardi qui décrit le taxe à payer pour
exploiter les potentialités de la zone. En 1870 le lac d’Agnano a été bonifié par le biais d’un réseau
de canalisations qui recueillent l’eau thermale pour la jeter dans la mer près de la plage de
Bagnoli ; ce processus de sèchement a de nouveau rendu visibles les anciennes sources
chaudes.
Aujourd’hui le cratère de Agnano est en partie occupé par l’hippodrome et en partie utilisé
comme terrain agricole.
Sur les bords du cratère, peu loin des fameuses manifestations du Solfatare, s’ouvre, en
direction de la plaine de Bagnoli, la Grotta del Cane, une cavité artificielle aux émissions d’eau et
d’anhydride carbonique à hautes températures, qui varient entre les 50° et les 60° ; connue dès
l’époque romaine, elle a été fréquentée intensément par les voyageurs du Grand Tour 227 .
6.2.4 Le rôle névralgique de la centrale géothermique
L’ouverture d’une centrale géothermique au sein d’une telle zone, autant riche en potentiel
énergétique et intensément stratifiée du point de vue historique, pourrait s’inscrire dans le même
processus de requalification urbaine en cours actuellement, tout en le potentialisant : les projets en
cours voient, en fait, toute l’aire affectée par des infrastructures urbaines, surtout tertiaires, d’une
importance névralgique pour le futur de la ville de Naples.
La présence de la centrale, alors, pourrait exercer un rôle didactique pour les habitants de la
ville et les usagers de la zone ; en outre, grâce à son activité industrielle, considérée propre du
226
227
ALBERTINI Vicenzo, BALDI Antonio, op. cit.
ibid.
137
point de vue de l’environnement, elle pourrait assurer la nécessaire mixité fonctionnelle et sociale,
que nous savons être un des ingrédient indispensable pour la structuration de la ville durable
contemporaine.
6.3 Phase 02 : les « Centres d’Architecture »
6.3.1 De parasites à catalyseurs autonomes
Les « centres d’architecture », nous l’avons dit, sont contemplés par le projet « Naples
2060 » à l’intérieur des anciennes cavités de la ville, et plus précisément aux croisements entre
celles-la et le parcours de la nouvelle ligne 1 du réseau métropolitain : le Métro dell’Arte. L’étude
de leur positionnement représente donc un défi fondamental afin de réussir à leur assurer un rôle
vraiment névralgique au sein du quartier qui les accueil, tout autant que de celui la ville entière.
La logique qui réside derrière la structuration des centres, en fait, est celle de les concevoir,
en un premier temps, comme des entités parasites du réseau métropolitain, afin de leur garantir
une fréquentation continue permanente, dérivée des flux des usagers du système de transport luimême ; par la suite, la possibilité / nécessité de déclencher une progressive autonomisation,
garantie par la nature actuelle des tissus de la ville dans lesquels ils naissent, pourrait les
transformer en des infrastructures urbaines à part entière, en une sorte de catalyseurs des savoirs
énergétiques.
Les questions qui se posent immédiatement pour le choix des cavités initiales, aptes à
déclencher un tel processus, tournent autour d’une double nécessité : tout d’abord celle d’une
bonne accessibilité actuelle des lieux eux-mêmes, indispensables non seulement du point de vue
des usagers des centres, pour les dynamiques que nous avons expliquées plus haut, mais aussi
de celui de leur desserte, garantie par l’éventuelle présence des infrastructures urbaines qui
peuvent en assurer le bon fonctionnement ; ensuite, celle de la nature dynamique des contexte
urbains spécifiques, qui garantissent un flux continu de personnes et qui permettent et promettent
la dite autonomisation.
138
Les deux cavités choisies pour déclencher ce processus sont celle du Monte Echia et celle
du Vallone de San Rocco. Ceci pour nombreuses raisons principales, de nature géographique,
urbaine et des mobilités métropolitaines, que nous allons traiter séparément.
6.3.2 Le Monte Echia
En ce qui concerne le Monte Echia, dont nous avons abondamment parlé dans les chapitres
précédents en différentes occasions, il se situe en une zone exceptionnelle pour la ville de
Naples : à la limite entre la terre et la mer, il divise le littorale napolitain en deux baies distincte ; il
se configure aujourd’hui, du point de vue spécifique des mobilité, comme le lieu de
correspondance entre plusieurs ligne du réseau.
Situé à l’endroit même intéressé par la fondation grecque de la ville, durant l’époque romaine
Lucio Licio Lucullo avait ici sa luxueuse villa, dotée de vastes étendues de terrain qui
comprenaient aussi la petite île de Megaris ; ici, notamment, se trouvaient des vrais jardins des
délices, où étaient plantés pour la première fois en Europe les cerisiers de Perse 228 .
Le quartier se présente actuellement avec une trame urbaine assez dense, entouré en outre
par deux quartiers populaires typiquement napolitains : les Quartieri Spagnoli, nés comme
campements militaires durant le vice-royaume espagnol, et le Pallonetto di Santa Lucia, juste aux
pieds de la colline, qui restait une bourgade de pécheurs jusqu’à il y quelques décennies. Il
constitue aujourd’hui un important centre politique, administratif, militaire et culturel pour la ville, en
raison de la présence de la bibliothèque, du théâtre ainsi que des bureaux municipaux ; il se
présente aussi comme un important pole touristique, avec des nombreux hôtels, les rues littorales,
les deux ports touristiques ainsi que les différents musées et monuments 229 .
Les cavités présentes à l’intérieur de la collines, ouvertes durant des poques très anciennes,
ont différentes origine et nature : nous retrouvons, en fait, celles originairement creusées par les
colonisateurs grecques et dont l’usage continu les a transformées ensuite en autant de thermes ou
de lieux de culte, comme par exemple celui dédié à Mithra ; celles ouvertes successivement,
228
229
SCHIFANO Jean-Noël, 2004. Sous le soleil de Naples. Gallimard, Paris
POZZI Paola, DI PACE Mario (sous la direction de), 1988. Laboratorio internazionale Napoli sotterranea. Cuen, Naples
139
durant l’époque angevine, pour y extraire les matériaux nécessaire à la construction des ouvres
civiles et religieuses de la ville ; encore celle représentées par le réseau de canalisations de
l’aqueduc de Carmignano et par le long et inachevé tunnel bourbonien. Ce dernier est
actuellement utilisé par la Marie de Naples comme garage communale.
Le quartier compte 32 cavités, avec une superficie totale de 41.250 mètres carrés et un
rapport entre surface pleine et surface vide de 22 à 1 230 .
6.3.3 Le Vallone de San Rocco
Le Vallone de San Rocco, quant à lui, se trouve dans la zone nord de la ville de Naples et se
présente caractérisé par une profonde douve torrentielle, creusée dans le tuf par un cours d’eau
qui descendait autrefois de la colline de Camaldoli. Il nous parait de grande intérêt car il se trouve
en une zone particulière de la ville, entre les quartiers anciens et les périphéries proches ; son
tissu urbain stratifié est ainsi caractérisé par la présence, à la fois, des anciens aqueducs romains
ainsi que des modernes viaducs autoroutiers, des quartiers populaires dégradés ainsi que des
lieux de culture renommés comme le Musée de Capodimonte, l’Observatoire Astronomique et les
Universités. La vallée est en outre marquée par le passage aérien de la ligne 1 du métro, qui
apparaît pour la première fois en découvert après un parcours souterrain sous toute la partie
historique de la ville. Ceci nous semble intéressant car le métro, que nous avons imaginé
dorénavant comme un système de transport vertueux grâce à l’utilisation de l’énergie électrique
provenant de la centrale géothermique, devient soudain visible à tous les usagers de la zone
lorsque il enjambe la douve.
Situé en dehors de la ville pour des siècles durant et utilisé comme réservoir agricole et de
matériaux de construction, le quartier du Vallone a subi un consistent processus d’urbanisation
durant les dernières décennies ; il héberge aujourd’hui un des pôles hospitaliers les plus
importants de Naples. L’ancien cour d’eau est aujourd’hui un égout à ciel ouvert, en raisons surtout
230
POZZI Paola, DI PACE Mario (sous la direction de), op. cit.
140
des évacuations des mêmes hôpitaux ainsi que du fait que ses bord sont utilisés comme autant de
déversoirs abusifs par les habitants 231 .
Malgré cette profonde incurie, le Vallone présente un fort potentiel au sein de la ville par le
fait même d’être essentiellement libre d’édifications, ce qui constitue une rareté dans une ville
dense comme Naples ; il est considéré, par les projets actuellement à l’oeuvre, conne une zone
verte, à tisser avec les autres aires limitrophes au centre ancien pour la réalisation d’un grand parc
urbain.
La vallée, nous l’avons dit, a été creusée profondément par le passage des eaux pluviales,
qui ont progressivement mis en évidence la roche de tuf ; cette roche a été extraite en des
profondes carrières et est encore aujourd’hui utilisée selon les méthodes d’excavation en
découvert.
Le quartier compte actuellement 61 cavités pour une superficie totale de 99.764 mètres
carrés et une proportion de 76 à 1 232 . Onze d’entre elles ont été relevées directement dans la
douve. Elles sont plus nombreuses sur le coté nord, des périphéries, que sur celui sud, de la ville :
ceci surtout à cause du fait que, en direction de la ville, les œuvres abusives des constructeurs
immobiliers ont transformé la vallée en une décharge de matériaux divers, en provoquant la
fermeture de nombreux accès aux cavités. Parmi ces carrières, seulement trois sont actuellement
utilisées : la première comme dépôt de matériaux de construction, la deuxième comme fonderie et
la troisième comme parking et comme centre de réparation des bus 233 .
La carrière choisie pour exemplifier le projet du centre d’architecture se trouve à l’intérieur du
Vallone de San Rocco et a été découverte fortuitement durant les travaux du métropolitain. Utilisée
durant le seconde guerre mondiale comme refuge pour les troupes alliées, elle avait été oubliée en
raisons du fait qu’elle présente ses quatre accès depuis la vallée presque entièrement clos par la
végétation spontanée ainsi que par le détritus abusifs. Elle a une superficie de 10.560 mètres
carrés, une largeur variable entre 5 et 20 mètres et une hauteur importante qui arrive à 32 mètres.
231
232
233
POZZI Paola, DI PACE Mario (sous la direction de), op. cit.
ibid.
PIEDIMONTE Antonio Emanuele, 2008. Napoli sotterranea. Percorsi tra i misteri della città parallela. Intra Moenia, Naples
141
6.3.4 Structuration d’un Centre d’Architecture
Un « centre d’architecture » doit se structurer, selon notre point de vue, tel une sorte de rue
hypogée de liaison entre la ville de surface et le parcours du métropolitain ; sont chemin doit
s’articuler autour de différentes activités liées aux dynamiques environnementales, concernant à
l’occurrence la géothermie des Champs Phlégréens, mais aussi indépendantes de celles-la, par
exemples tissées selon un fil didactique adressé aux différents acteurs de la scène urbaine. Ceci
tout d’abord pour le besoin de créer des nouveaux emplois, nécessaires aux nouvelles
spécialisations requises par la révolution énergétique, ainsi que dans la perspective d’une
autonomisation progressive des espaces, indépendants à terme du réseau métropolitain.
Le centre doit s’alimenter énergétiquement de manière autonome : ce dernier aspect nous
semble très important car il fait que ces lieux deviennent une sorte de message des différentes
technologies disponibles pour une exploitation vertueuses des ressources locales.
Le parcours doit s’enrichir, enfin, de nombreuses expositions sur le thème des énergies, des
enjeux environnementaux globaux, de l’histoire de Naples et des processus spécifiques
déclenchés en ville, notamment ceux qui concernent le métro lui-même ; elles doivent encore
fournir des adresses utiles aux usagers, afin de réussir à réaliser l’important relais entre les
technologies utilisées au niveau urbain et celles disponibles, dès aujourd’hui, pour une application
purement domestique.
6.4 Phase 03 : de l’énergie domestique
6.4.1 Une déclination domestique de la virtuosité urbaine
L’ouverture et la fréquentation active des « centres d’architecture », en une première phase
par le biais des intersections actées par le réseau métropolitain et ensuite de manière
progressivement autonome, ont l’objectif de permettre une connaissance approfondie des
différentes problématiques liées à l’environnement, aux consommations énergétiques ainsi que
des processus spécifiques que tout habitant peut et doit déclencher afin de pouvoir y remédier, en
se servant pour cela des différents types de technologies aujourd’hui existantes.
142
Ces technologies, que nous avons introduit durant le chapitre consacré à la géothermie,
doivent pouvoir s’adapter, bien évidemment, aux différentes situations urbaines d’une ville
contemporaine, et notamment aux différents tissus qui configurent Naples : plus spécifiquement
elles doivent s’appliquer soit aux tissus de type étalés caractéristiques des zones périphériques de
la ville, qu’à ceux extrêmement denses de ses quartiers les plus anciens.
Ce principe, bien évidemment, ne prévoit pas une transformation radicale des situations
existante, mais au contraire une inversion importante du regarder porté vers ces contextes, de
manière à en comprendre les potentialités latentes ; ces dernières, mise en synergie entre elles,
peuvent déclencher la fondamentale révolution durable.
6.4.2 Situation 1 : les zones périphériques étalées
En ce qui concerne la première situation, les pompes à chaleur devront être fournies de
capteurs géothermiques de type horizontale ; ceux-la ont, en fait, simplement besoin d’une surface
horizontale libre de toute construction, qui ne manque pas en des situations urbaines
périphériques, afin de réussir à effectuer les échanges thermiques nécessaire à leur
fonctionnement.
Cette catégorie de capteurs peut être alors colloqué, par exemple, sous les différentes parts
de terrain libre, comme les pelouses ou les espaces jeux pour les enfants, de pertinence des
maisons particulières ou des immeubles isolés.
Cette stratégie, en outre, utiliserait des espaces déjà existants, en y découvrant un ultérieur
potentiel et en les transformant ainsi en des espaces plurifonctionnels.
6.4.3 Situation 2 : les quartiers centraux denses
Pour ce qui est de la deuxième situation, celle qui concerne les tissus denses de la ville
historique, les pompes à chaleur seront dotées, par contre, de capteurs de type vertical, comme
ceux que nous avons cités à propos des projets actuellement à l’oeuvre en Suisse.
Ces capteurs, néanmoins, ont besoin d’une certaine surface libre pour pouvoir être installés,
au moins qu’il ne s’agisse pas de nouvelles constructions déjà prévues avec cette option
énergétique. Les études menées dans ces pages sur la ville de Naples nous suggèrent la solution
143
à adopter : il s’agit d’exploiter, en cas de manque de surfaces libres autour des immeubles, les
espaces qui sont présents sous ceux-la, et notamment les cavités souterraines domestiques de
l’anciens réseau de l’aqueduc.
Cette option, outre à rendre applicable en une ville comme Naples une stratégie énergétique
autrement difficile à imaginer, permet une requalification de ces cavités selon un principe qui se
veut cohérent à celui qui à accompagné leur naissance ; à savoir la nécessité de satisfaire les
besoins d’eau, que quelque part nous pouvons considérer comme une ressource énergétique pour
les habitants de la ville d’autrefois.
6.5 Naples durable
6.5.1 Une ville durable en cinq points
Naples durable sera, à terme, une ville fortement différente de celle qui nous apparaît
aujourd’hui :
- une ville qui à habilement récupérée l’ancestrale rapport avec son territoire spécifique, qui
de la sorte cesse d’être un simple support à l’étalement de la structure urbaine et réacquiert enfin
un rôle stratégique, centrale, énergétique, capable d’indiquer les directions de développement à
entreprendre.
- une ville à l’intérieur de laquelle s’exprime une nouvelle conscience environnementale, née
de la synergie entre les capacités propres du territoire et son fonctionnement, à l’image de celle
qui animait son passé et qui déterminait l’utilisation attentive et respectueuse des ressources
locales.
- une ville où la nouvelle manière de regarder le territoire, ainsi que les nouvelles valeurs
énergétiques qui lui sont reconnues, est en mesure de promouvoir un développement économique
locale et efficace.
- une ville dont les habitants, de toute catégorie sociale et de tout rôle, peuvent et doivent
participer activement aux processus mêmes de la révolution énergétique, tout en prenant
progressivement conscience des conséquences énergétiques de chaque comportements et du
pois relatif des habitudes habitatives.
144
- une ville à l’intérieur de laquelle toute la communauté est impliquée dans la recherche de
nouveaux états d’équilibres du système urbain, qui soient en mesure de déclencher une capacité
de autogouvernement, grâce au recours à des stratégies spécifiquement locales et non pas
exogènes ou importées de modèles étrangers.
6.5.2 Le Passé, le Présent et le Futur
Naples durable, enfin, sera une ville dans laquelle le passé, le présent et le futur se
conjugueront efficacement à l’intérieur d’un dynamisme nouveau, qui tendra à récupérer les lieux
primitifs de sa structure tout en les tissant en un ensemble inédit, régi par des règles systémiques
vertueuses ; dans cet ensemble chaque bâtiment, ainsi que les différentes infrastructures
urbaines, sera re-conçu de manière efficaces quant à l’utilisation et au respect des ressources
locales.
145
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Documents pareils