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ques. Turlu Tursu joue sur base de répertoires traditionnels européens et orientaux mais en laissant éclater ces musiques vers des frontières invisibles entre les genres musicaux : jazz, rock, trad, folk… L’excellente basse de Nicolas Dechêne nous emmène parfois aux confins de ce qu’un Les Claypool peut faire tandis que l’accordéon (chromatique) étire les références en tous sens comme pour montrer que chaque musique peut dévoiler plus d’un paysage. Il reste quelques péchés de jeunesse qui distraient l’écoute. Mais la force de l’ensemble l’emporte dans la plupart des pièces. Etienne Bours ACTORES ALIDOS CANTI DELLE DONNE SARDE FinisTerre AD0651C - www.finisterre.it - Durée : 45’21 19,80 € chez CD Mail - Tél. 01 30 75 11 55 de son chant, de la sensualité et une intention qui parle au peuple, avec sa chair. Frissons sont au rendez vous, et ce fado “carriche” qu’elle affectionne est touchant, elle invite même sa famille à participer à cet album au milieu de la guitare de Marcio Pacheco et d’une guitare basse qui apporte du renouveau à cette pratique, un beau morceau “Sou do fado, sou fadista” saura peut être vous charmer ? cére envers son intêret pour Picasso !) mais si la musique est aussi pour vous un espace d’abandon, de voyage, achetez “Negriluz” de Bernardo Sandoval (lui, ne vend que 2000 ex mais je suis sûr que les chiffres n’influent pas sur vos goûts) récit de son voyage au Bénin où il a été à la rencontre des racines africaines du flamenco en provenance d’orient, lieu de départ des premiers “manouches”. À FIL DE CIEL FolkClub Ethnosuoni ES 5345 [email protected] - Durée : 51’41 P as facile de définir le climat musical très arrangé, plutôt “world” de ce CD (sans rien de péjoratif). Voix et instruments sont habilement et bellement maniés, l’ensemble est peaufiné avec talent et beaucoup de sérieux. Sans dire qu’il y a là quelque chose de convenu, peut-être est-ce que ça manque un peu d’inattendu… Mais le tout demeure très agréable à écouter. JABIER MUGURUZA ABENDUAK 29 L Claude Ribouillault PIVARI TRIO COMPAGNIA DEL MAGGIO DI FRASINORO LA TERRA CHE MI PORTA Resistencia RESCD180 - Durée : 41’29 C hanteur basque, Jabier Muguruza n’est pas à son premier essai ; ce disque est son huitième. Voix, accordéon et guitare suffisent pour tracer la sente sur laquelle il déroule ses textes. Délicatement, tendrement même, il parle de la vie, des gens, de l’amour, de la mort, de l’art. Les paroles sont traduites dans le livret – et c’est indispensable de les lire pour entrer dans cet univers de sobriété. C’est une chanson qui effleure le monde, l’air de ne pas y toucher. Ça passe dans une certaine monotonie mais une fois le disque terminé, il en reste des traces en vous. C’est ça la chanson qui a quelque chose à dire. Et heureusement ça existe encore. Etienne Bours DIEGO EL CIGALA PICASSO EN MIS OJOS Sony 82876719032 - Dist. BMG - Durée : 37’40 Marc Genest SVART KAFFE TRETÅR Nomis NMCD 03 Durée : 57’15 - Dist. : CDA [email protected] ANA MOURA KEEP MY LIFE IN YOUR HAND Word Village - 468038 Dist. Harmonia Mundi - Durée : 45’28 V 19,05 € chez CD Mail - Tél. 01 30 75 11 55 oilà une jeune fadiste qui s’ignorait pendant longtemps mais maintenant qui respire avec cet art au profond d’ellemême. Dans la lignée d’Amalia, elle a accepté le lourd héritage du fado et se réfère au monument du genre, lui ressemble un peu même par son timbre sombre et puissant, son authenticité. Son charisme a fait parler d’elle et elle enregistre son premier disque en 2003 grâce à Jorge Fernando. Nouvelle Egérie de l’art compliqué du fado, à la voix pénétrante et moderne, un souffle nouveau prend. Une vérité naturelle un peu nonchalante, mais pénétrante, se dégage vart Kaffe, nous envoie des nouvelles de Suède, et d’à côté, et elles nous sont apportées par un facteur bien familier : JeanPierre Yvert (accordéon, flûtes harmonique et sanza), présent depuis l’origine du groupe, qu’il a contribué à cimenter. Normal, c’est le seul qui sache choisir les croissants à tremper dans ce Café Noir. Moi, je les adore garnis de saumon fumé ! C’est bon comme un Halling ! D’ailleurs celui de la plage 13, concocté par JPY, est d’une belle saveur. Le sucre de ce Café, c’est sans doute Louise Schultz (violon et chant) dont la présence marque le trio, autant par ses qualités d’instrumentistes que par la densité de ses compositions. Le troisième larron, Simon Stålspets (guitare, mandole, guimbarde harmonica…) c’est un peu comme “la goutte” que l’on verse en fond de tasse, avec ses intrusions folk-rock ou bluegrass. La surprise, l’invention, et le choix judicieux de mélodies composées ou traditionnelles, participent au plaisir que l’on éprouve à l’écoute de ce CD. H emållt est un trio “familial” composé de : Mia Gunberg Ådin (violon, chant), Anders Ådin (guitare, vielle à roue, chant) et Christer Ådin (mandole, mandoline, accordéon, voix…). La présence d’une vielle en musique suédoise pourrait surprendre à priori, mais l’instrument se prête bien aux airs de la côte ouest, région qui va de Göteborg à la frontière norvégienne. Des chants, des airs de danses dont des polskas rythmées par le chien de la vielle, quelques emprunts aux voisins, norvégiens et “shetlandais”, tout ce répertoire est joliment orchestré, avec le souci de restituer au mieux le timbre de chaque instrument, car parmi les musiciens se trouve l’un des meilleurs luthiers suédois en mandole, bouzouki et guitares, Christer Ådin (de chez Ådin & Ekvall). Musiques en famille, pour une aventure suédoise un peu renouvelée. Jacques Leininger EST HARRI STOJKA GIPSY SOUL GARUDE APSA Gego Tonwarren H- 291.2 - [email protected] Tél. +43 (0)1 419 96 93 Jacques Leininger CAOÍMHÍN VALLELY STRAYAWAY CVCD001 www.caoimhinvallely.com - Durée : 45’53 E Maria Rossi S 19,28 € chez CD Mail - Tél. 01 30 75 11 55 Folkclub EthnoSuoni ES5348 www.folkclubethnosuoni.com - Durée : 47’18 mouvant. Délicieux. Chants et musiques des saisons de l’homme comme celles de la nature. Un voyage dans le calendrier civil et liturgique. Une vraie belle sincérité ; une intention parfaitement intègre et authentique. Il est tout à fait possible de ne pas accrocher dès la première écoute. Ce fut mon cas, je l’avoue. Or, si l’on persiste, ça peut devenir une véritable drogue… et ce fut également mon cas. Une musique qui donne envie de rencontrer les gens qui la font. Sjelvar SJECD 20 - Durée : 47’07 - www.sjelvar.com Emmanuelle Lejeune Claude Ribouillault es photos du digipack ont un côté “spectacle soigné” qui suggère une présence scénique un tantinet folklorisée. Mais quelle force ! Il est vrai qu’on est plus habitué à des voix sardes masculines (mise à part Elena Leda). Ici, chants à répondre et polyphonies s’enrichissent de 4 voix étonnantes et originales, timbrées (vibrato étonnant de la voix principale !), accompagnées d’Orlando Mascia, au diato, aux launeddas, à la guimbarde, au triangle, à la petites flûte…). Un ensemble qui devrait intéresser très vite la plupart des festivals. Pas de folklore nivelé donc, mais un vrai concert qui, s’il est mis en place avec une rigueur qui pourrait laisser un peu plus de place au côté sauvage, est néanmoins plein de relief. HEMÅLLT HIN HÅLES HARDEVAG N N ouvel album du grand chanteur de flamenco, Diego “El Cigala” a vendu 60 000 de son précédent cd aux cotés de Bebo Valdés. Avec “Picasso en mis ojos” quelques pures plages de flamenco cotoient musique cubaine, salsa où jazz, ceci avec la virtuosité que lui a reconnu “Camaron” De La Isla, tout autant que Tomatito ou Paco de Lucia ; aussi tango, bulerias, rumba, fandangos sont joués. Mais de surprises ? point. De créations ? point. Il est désolant que, comme la plupart de ses confréres, Diego ne se remette en question, ose se tromper, nous surprenne, guette autre chose que les chiffres de ventes, et la démonstration technique. A contrario d’un Bernardo Sandoval, qui transmet dans sa musique sa quête des racines du flamenco en allant en Afrique, en Inde, découvrir et expérimenter ce “blues” qu’est le flamenco : cri du coeur. Le flamenco s’est enfermé dans une image et démarche intransigeante voire intégriste, que Diégo exploite et dont Bernardo tente de s’évader ; et je préfère les évadés aux musiques trop évidentes. Vous ne pouvez être déçu par “Picasso en mis ojos” (quoique je doute de l’approche sin- 21,95 € chez CD Mail - Tél. 01 30 75 11 55 é dans une famille de musiciens bien connue d’Irlande du Nord, Caoimhín (prononcez Kevin) Vallely est le jeune frère de Cillian (Lúnasa) et de Níall (Nomos, Karan Casey) et il y a plusieurs années déjà qu’il a fait son trou dans la musique traditionnelle puisqu’il est passé par divers groupes dont North Cregg et Nomos et qu’il a accompagné une foule de musiciens reconnus (K. Casey, A. Kelly ou M. Ó Súilleabháin). Tout récemment encore, il publiait avec son frère Níall l’excellent album Buílle. (1) C’est sous son propre nom cette fois qu’il récidive avec “Strayaway”. Caoimhín est un multi instrumentiste accompli puisqu’il excelle aussi bien au tin whistle qu’au fiddle ou au piano. Mais c’est ce dernier instrument qu’il a choisi de privilégier ici, lui accordant une place qu’il n’a pas souvent dans la musique traditionnelle. Et les musiciens qui l’accompagnent, Níall et Cillian évidemment mais également B. Morrissey au bodhrán, P. Meehan à la guitare et M. Leahy aux percussions, ne sont là que pour soutenir Caoimhín dans ses œuvres. Le répertoire irlandais habituel défile avec ses jigs, hornpipes, reels et mélodies dans une interprétation tout à fait originale dont la démarche s’apparente quelque part à celle d’un Didier Squiban pour la Bretagne. Audacieux et novateur. Philippe Cousin C e tribut à la culture musicale Rom est à mon avis beaucoup plus convaincant que le tribute to swing du même Harri Stojka. Dédié au 60ème anniversaire de la libération des camps nazis (le titre veut dire “larmes cachées”), ce CD ambitieux est présenté dans un très beau packaging et un livret qui se déplie avec les textes des 15 chansons en romanès et en anglais. Harri Stojka a réuni autour de lui une fine équipe : 2 merveilleuses chanteuses, Ivana Ferencova et Matilda Leco, Ivan Ruiz Machado, contrebasse, Metin Meto, percussions, Heimo Wiederhofer, batterie et Geri Schuller, piano, arrangements, avec une kyrielle d’invités (accordéon, cymbalum, violoncelle…) selon les titres. Le propos d’H. Stojka n’est pas de répéter indéfiniment la tradition mais de l’enrichir en l’ouvrant à toutes les imfluences ; 3 traditionnels (dont Rupuni, plus connu par ici sous le titre Johnny tu n’es pas un ange) mais surtout de solides compositions originales (rythmes souvent endiablés mais aussi ballades) ; Harri ou Gerri Schuler en signe les musiques et Ivana les paroles la plupart du temps et c’est une réussite (cf. Romale romale par exemple avec ses parties d’accordéon et de violon inspirées). Les arrangements de Gerris sont soignés, le groupe tourne bien avec percus en avant, basse qui ronfle et interventions brillantes et judicieuses de la guitare d’Harri, beaucoup plus dans son élément ici que dans le contexte swing manouche (cf. sur tscheiori par exemple). Ivana, voix un peu nasillarde et Matilda, voix claire et pure se partagent les titres et interviennent ensemble sur quelques-uns, l’une en lead, l’autre par ses contrechants, laissant toujours de la place à de belles envolées instrumentales ; bref, une démarche innovante pour un folklore vivant ; un très beau disque ! Francis Couvreux BLOWERS FROM THE BALKANS CLASSIC HISTORIC RECORDINGS OF WIND INSTRUMENTS Topic 586983 - Durée : 78’12 25,81 € chez CD Mail - Tél. 01 30 75 11 55 I l est réjouissant de découvrir de nouvelles éditions d’enregistrements dits historiques ; en ce qui concerne ce CD, les plus anciens remontent en 1906, les plus récents sont sortis en 1950. Le tout atteste de la manière de jouer de musiciens qui ne disposaient évidemment pas des moyens techniques d’enregistrement tels que nous les connaissons aujourd’hui. Le disque suit la découpe suivante : musique de style roumain, musique paysanne, musique de clarinette grecque, musique de café grecque ottomane : Classification très singulière où tout (où peut s’en faut) ce dans quoi on peut souffler est représenté : musique de fanfare, flûtes, cornemuse, taragote, du plus sonore au plus intimiste. On portera une attention particulière à la partie grecque composée d’une douzaine de pièces où la clarinette trouve une couleur sonore séduisante, une ornementation très développée, des échelles modales remarquables et une couleur orchestrale qui peuvent servir de modèle à qui souhaite s’emparer de ces répertoires. Jean-Patrick Hélard TOPOLOVO ORCHESTRA BELINTASH Gega New GD 148 - www.geganew.com Tél. 04 93 44 77 61 entre est et ouest, entre chrétienté orthodoxe et islam, où tous les ferments ont inséminé les routes, c’est que rien ne s’y est vraiment arrêté, ni ne s’y pose vraiment. Vous suivez mes Thraces ? Dans ce pays où l’on secoue la tête de bas en haut pour dire non, et latéralement pour dire oui, tous les repères se perdent. Y compris l’orientation. Alors ce n’est pas forcément un hasard qu’un frénétique baladin occidental nommé Emmanuel Frain y débarque pour perfectionner son treujennn-gaol bas-breton avec le répertoire local et y apprendre le biniou du crû nommé “gaida”. Sauf que la bouture a pris à un point quasi familial, et que tout ce beau monde en a fait un fromage. Enfin, un truc un peu plat, d’aspect seulement, qui fait du bruit audible quand on le tourne dans le bon sens, et frénéticophore quand on le met dans le bon appareil. Alors cette bizarre osmose au nom d’un lieu mythologique fondateur national, “Belintash”, cette savante “chopska” de vrais musiciens bretons barrés bulgares (Callac, Frain, Hervieux, Molard, Roger), cet étonnant répertoire qui vous trimbale au bout du CD en vous laissant croire qu’on est encore au début, cette remarquable précision et force d’interprétation de chacun des bougres à clarinette, à soufflet, à anche, à cheval, et à voiture ! De toute façon, tant pis pour tout le monde, il y a eu si peu de CD tirés (quand on vous dit que c’est n’importe quoi !), qu’il doit déjà ne plus en rester à vendre et que les exemplaires circulant sous la burka (je me trompe peut-être de Turkestan ?) se vendent à prix d’or noir au marché de Redon… Pressés là-bas, érigé en gloire nationale (en plus, ce sont des étrangers qui jouent nos ziques…), et vendus de chaque bord, malgré les contrôles douaniers… Et si la mafia était derrière cette odieuse spéculation ? Tant mieux pour nous, heureux propriétaires d’un exemplaire ! THE ROUGH GUIDE TO THE MUSIC OF BALKAN GYPSIES World Music Network RG1159 Dist. Harmonia Mundi - Durée : 66’19 C 14,60 € chez CD Mail - Tél. 01 30 75 11 55 e CD présente différentes générations de musiciens des Balkans : en Roumanie, Serbie, Bulgarie, Albanie, Macédoine, Grèce, Arménie. L’énumération, si elle peut paraître fastidieuse, propose néanmoins des destinations possibles pour les futurs collecteurs qui ne manqueront certainement pas de trouver de nouveaux fleurons ; encore qu’il faille se presser avant que tout ne sombre dans une “worldmusicalisation “qui en gommera définitivement toutes particularités. Pour preuve, les D. J’s commencent à s’implanter au sein d’ensembles qui n’en demandaient pas tant. Dans la sélection présente, tout n’est pas du meilleur goût et la prétendue démonstration de virtuosité factice en trouve un redoutable exemple dans la prestation de Felix Lajko avec la fanfare de Markovic. Ce désastre est sauvé par d’autres titres, voir par exemple le dernier air du Taraf de Metropulitana, (Taraf du métro) parfois titré “Sandala “. On ne peut que se réjouir de l’initiative consistant à publier des pièces tirées de vinyles ; il reste encore beaucoup de trésors à tirer du sommeil des archives. Jean-Patrick Hélard NABILA LUME LUME Arion ARN64688 - Durée : 53’35 21,15 € chez CD Mail - Tél. 01 30 75 11 55 MUSIQUES POPULAIRES HONGRIE Ocora C600013 Dist. Harmonia Mundi - Durée : 56’20 L 14,60 € chez CD Mail - Tél. 01 30 75 11 55 es enregistrements ont été réalisés entre 1960 et 1995 et s’articulent selon une découpe ayant fait ses preuves avec Bartok ; Transdanubie, Hongrie du Nord et Grande Plaine Hongroise. Le commentaire du livret s’empare d’une citation bartokienne sur l’inéluctable métamorphose des musiques populaires. Quitte à convoquer le compositeur et collecteur, il serait nécessaire de se rappeler les objectifs qu’il assignait à la collecte des musiques traditionnelles en Hongrie, c’est-àdire d’être révélatrices de l’identité nationale. Ces préoccupations sont d’un autre âge, de même la trame qui sous-tend les multiples pièces présentées. Quant au répertoire, il est en tout point conforme aux multiples publications déjà réalisées sur ce sujet. ORIENTEXPRESSEN AN UNFINISHED STORY L Jacques Leininger Jean-Jacques Boidron Jean-Patrick Hélard es bougres ! Traduction littérale après filtrage étymologique, les Bulgares ! De ceux que la musique mâtinée turco-slave a laissé dans une transe frénétique : on ne se remet que lentement d’un tel galop dévastateur, aller-retour de surcroît, et le secret de cette lenteur est justement une forme de rapidité quasi cathartique qui endiable clarinettes, accordéons et un peu tout ce qui dépasse. On définit pudiquement la musique bulgare sous le vocable gentil de “virtuosité” érigée en quête esthétique. Que du yaourt, tout cela, du “kicelo mliako”, et encore, du Danone à touristes ! La vérité de cette terre brassée longuement et savamment entre nord et sud, des chansons. Mais le “climat” est bien restitué, avec brio et énergie, sensibilité et mélancolie, au gré des musiques. L e répertoire du quartet couvre une aire géographique large : Grèce, Serbie, Bosnie, Roumanie, Macédoine, Bulgarie, et s’attache à l’interprétation de pièces populaires. Autrement dit, l’ensemble ne cède pas aux attraits d’une “tsiganisation “, mais fait le choix de la sobriété, ce qui convient parfaitement au mode de jeu de chacun. Ce qui frappe avant tout c’est la qualité de la voix de Nabila, qui possède tout autant le grain, l’intensité, une présence et une conviction remarquables. Ces caractéristiques apportent à ce disque une touche de vérité qui lui vaut les recommandations de trad’Mag. Francis Couvreux PADRAIG RYNNE BYE A WHILE www.padraigrynne.com - Durée : 40’09 D ’abord, il y a eu Turas. C’était il y a bien longtemps, une bande de jeunes inconnus franchement talentueux, parmi lesquels le son d’un concertiniste hors pair… Pádraig Rynne était alors tout jeune. Quelques années plus tard, tout feu tout flamme, ce fut Cían, plus moderne, résolument accrocheur, où l’on découvrait une nouvelle fois Pádraig Rynne, concertiniste parmi les plus grands de sa génération. C’était en 1999. Nous voilà en 2005, finies les œuvres de jeunesse ! A la suite de Niall Vallely et de Mícheál O’Raghallaigh, deux maîtres en la matière, Pádraig Rynne enregistre à son tour l’un des plus beaux albums de concertina. Largement attendu par ses fidèles, l’album est une petite autoproduction enregistrée avec quelques amis, parmi lesquels Tola Custy, Mirella Murray, John Joe Kelly, et la présence (un peu timide malheureusement) de John McSherry. Le tout soutenu par Kevin Dorris au bouzouki, Paul McSherry et Arty McGlynn à la guitare… Et si vous étiez un amoureux inconditionnel de Cían frustré par les intrusions du synthétiseur, l’alchimie sera certainement à la hauteur de vos rêves… Point d’arrière-pensées racoleuses ici. Le répertoire, principalement trad, est souligné par des arrangements originaux, jetant même un petit clin d’œil à Bothy Band sur la jig Fisherstreet ! La dernière piste est à elle seule un petit joyau. Pádraig Rynne explore le répertoire irlandais avec une sensibilité et un goût qui n’ont d’égal que ses éblouissantes variations. Et qui a eu le privilège de le voir en session sait de quoi cet enchanteur du concertina est capable… Anne Girard Jean-Patrick Hélard AMERIQUE DU NORD HURLAK 40° Sjelvar SJECD 17 - Dist. CDA - Durée : 42’57 [email protected] - Big Bone OP106 Dist. O+ music - Durée : 42’35 3 A 0 ans de carrière pour ce groupe basé en Suède, une longue et constante passion pour les musiques des Balkans. Clarinette, violon, accordéon, guitare, contrebasse et percussions, accompagnent la voix du chanteur bosniaque, Hazim Bosnic, pour cet enregistrement d’un concert en public, en 1996 au Mix Music Café de Stockholm. La performance permet de mesurer le “métier” de chaque musicien - lorsqu’il se lance dans un solo - et la cohésion de l’ensemble. La longévité dont a fait preuve Orientexpressen témoigne de l’accueil fidèle du public, local ou à l’étranger. On aurait souhaité un livret plus étoffé, avec quelques pistes sur le sens (le groupe fonctionne pas mal à l’énergie) mais aussi climats plus apaisés, plus oniriques (cf. “le blues des sables”). Ce souci d’ouverture et d’originalité est louable mais à trop diluer toutes les couleurs musicales, le groupe s’égare dans une fusion très tendance ; certes ce melting pot musical peut bien sûr trouver son public et le talent des musiciens n’est pas en cause (excellent JC Rouet au violon) mais la démarche a du mal à me convaincre ! 20,54 € chez CD Mail - Tél. 01 30 75 11 55 près “Bucarest blues” en 2003, voilà le 2ème CD d’Hurlak, quartet composé de Thierry Vaillot, guitare, leader et auteur des 10 titres du CD, Céline Roumet, guitare d’accompagnement, Eric Onillon, contrebasse et JeanChristophe Rouet, violon, avec deux invités déjà présents sur le 1er CD : Christian Toucas, accordéon, et Bijan Chémirami, percussions, plus Norig au chant. T. Vaillot poursuit son voyage imaginaire entre Europe centrale et Andalousie, une sorte de trad du futur qui appelle des images (cf. “le chant d’Elbasan”), de folklore personnel réalisé à partir d’un brassage de différentes cultures : rythmes hypnotiques, accélération de tempo, traits virtuoses… JERRY ROLL MORTON THE COMPLETE LIBRARY OF CONGRESS RECORDINGS BY ALAN LOMAX Rounder RR1888 - www.rounder.com L 140,57 € chez CD Mail - Tél. 01 30 75 11 55 e premier musicien de jazz “collecté” ? Le pianiste Jerry Roll Morton a en effet été enregistré en 1938 par Alan Lomax : on peut l’y entendre jouer sa musique, mais aussi la commenter et raconter sa vie… Un document fascinant sur l’un des pionniers du jazz. Rounder et la fondation Alan Lomax le mettent à la disposition du public dans son intégralité grâce à un coffret de huit CDs accompagné Trad Mag N° 106 - Mars / Avril 2006 9 93