f183-p 36 37 reussite - Lille

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La réussite, une stratégie
Société Lilloise d’Investissement Hôtelier : l’hôtellerie de qualité
C’est une belle réussite à mettre à l’actif de deux hommes d’affaires
de la métropole lilloise. Jean-Claude Kindt était un professionnel de
l’investissement immobilier et Hubert Verspieren avait les moyens
financiers après son désengagement de la compagnie d’assurance
familiale. Leur association en 1999 fait de la SLIH un acteur incontournable dans le secteur de l’hôtellerie régionale.
Avec douze enseignes dans la région, à Paris ou en Belgique, la
société veut aujourd’hui se repositionner sur son projet d’origine,
l’hôtellerie de qualité dans des immeubles de caractère et elle compte
encore investir à Lille en s’associant avec un casinotier.
L
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Hubert Verspieren et Jean-Claude Kindt,
co-présidents de SLIH
FACE - JUIN 2006 - N° 183
Le promoteur
qui voulait être comédien
“J’aurais voulu être un artiste”, pourrait
chanter Jean-Claude Kindt qui rêvait de devenir comédien. Aujourd’hui, il est connu
comme un investisseur dans la métropole.
Pourtant, il y est arrivé par hasard avoue-t-il. Il
s’est même initié à cette activité dans …un
“Que sais-je ?” ! Auparavant, il avait exercé
ses talents dans le négoce textile et l’immobilier, d’abord à la Cogedim puis à son compte
comme “petit promoteur indépendant”.
L’idée de se lancer dans la promotion hôtelière,
il la doit à Pierre-Louis Carlier, l’architecte qui
lui a suggéré dans les années quatre-vingt-cinq
d’ériger un hôtel place Louise-de-Bettignies
sur un terrain vacant du Vieux Lille. En 1986,
l’hôtel de la Treille ouvre ses portes avec 40
chambres “J’ai créé la SLIH sans argent, avec
l’appui des banquiers qui m’ont accordé des
crédits bail et en hypothéquant la maison
familiale du Touquet. A l’époque n’existaient à
Lille que le Bellevue, et le Carlton. Ce fut le
début de l’hôtellerie moderne dans le centre
ville, ce que réclamaient les cadres qui ne disposaient que des hôtels des chaînes installées
en périphérie”. Un concours de circonstances
et d’idées l’a lancé dans une autre aventure
hôtelière, l’Alliance, Quai du Wault : “Pierre
Mauroy souhaitait à Lille un quatre étoiles
dans le cadre historique du Couvent des
Minimes, un bâtiment qui avait servi de magasin pour l’armée. Pierre-Louis Carlier a
concouru et a gagné le projet architectural. De
mon côté, j’ai initié le tour de table avec le
groupe Pelège pour la construction et une
société d’exploitation car je n’avais pas les
moyens d’aller au-delà des 15% de l’investissement”. L’Alliance fut inauguré le 27 août
PHOTOS : FACE : Alain Bénard
’Hermitage Gantois, le Crowne Plaza,
le Grand Hôtel Bellevue et l’Alliance :
la Société Lilloise d’Investissement
Hôtelier possède les principaux fleurons de l’hôtellerie haut de gamme de la
métropole lilloise. Bon nombre de Nordistes
pourtant s’interrogent sur le nom de leur propriétaire imaginant que quelques fonds de
pension américains ou richissimes émirs
bourrés de pétrodollars se cachent derrière
les murs de grands hôtels de la capitale régionale.
Derrière la SLIH, se trouvent deux entrepreneurs de notre métropole, l’un lillois, JeanClaude Kindt, l’autre roubaisien, Hubert
Verspieren, deux hommes qui avouent humblement leur attachement à leur région : “Il
est clair, qu’aujourd’hui, seuls des Nordistes
peuvent nourrir le projet de se lancer à titre
personnel dans une telle aventure à Lille, car
ils aiment et croient en leur région”, assure
Hubert Verspieren.
De haut en bas et de gauche à droite : la suite du Crown Plazza, la façade de l’hôtel Art déco,
la façade et la salle à manger de l’Hermitage Gantois.
1990. Ce fut le deuxième hôtel de la SLIH. Le
troisième établissement, le Picardy au Touquet, fut repris à la demande d’un administrateur judiciaire en 1993. En 1998, la SLIH
comptait en portefeuille 100% de la Treille,
70% du Bellevue, 50% du Picardy, hôtels
qu’elle exploitait en direct et 100% des murs
de l’Alliance, racheté au Crédit Lyonnais.
Et l’ex-assureur devenu hôtelier
Il aurait pu vivre tranquille après la vente du
Lloyd Continental à SwissLife. Mais quand
on s’appelle Verspieren et qu’on appartient à
une lignée d’entrepreneurs nordistes, on ne
peut rester sans rien faire. Hubert Verspieren
n’a pas choisi la facilité, mais a laissé parler
son coeur de nordiste. “Après le désengagement du Lloyd Continental, je voulais engager de nouvelles activités professionnelles. Je
connaissais Jean-Claude Kindt. Il avait la
connaissance de l’investissements hôtelier et
moi celle de la finance et des affaires. Nous
avons créé à parité la holding de notre
groupe en 1999, avec un projet commun :
amener en centre ville des établissements de
qualité si possible dans des monuments de
caractère. C’était un pari qui allait même à
l’encontre de la sagesse financière pratiquée
dans l’assurance qui voulait qu’on diversifie
les placements et mutualise les risques !”,
avoue Hubert Verspieren qui justifie son placement risqué et non diversifié au nom de
l’intérêt porté à sa région. On manquait d’hôtels de qualité à Lille. Trois enseignes sont
venues combler le manque : le Crown Plaza
au cœur du quartier des affaires lillois, Art
Déco Romarin sur le Grand Boulevard à la
Madeleine et surtout l’Hermitage Gantois à
deux pas de l’ Hôtel de Ville.
Le marché lillois de l’hôtellerie n’étant pas
extensible, la société a aussi investi à Paris
dans trois établissements et deux en Belgique.
Un marché difficile, mais de projets
Si 2004 a été exceptionnelle pour l’hôtellerie
grâce à l’effet “Lille 2004, capitale européenne de la Culture” et des taux de fréquentation qui avaient progressé de 10%, 2005 a
été plus difficile (Voir l’enquête de l’INSEE
dans l’encadré). Moins de touristes et des
séjours plus courts, des entreprises qui limitent les frais : même si les taux d’occupation
des hôtels restent supérieurs à 50%, la vie des
établissements est différente.
Par exemple, pour les quatre étoiles, l’Hermitage Gantois a connu rapidement le succès
grâce notamment aux clients de la région, le
Crowne Plaza est bien fréquenté en milieu de
semaine grâce à la clientèle d’affaires mais
manque de clients le week-end et en été en
dépit des tarifs adaptés. Il faut donc faire
preuve de savoir-faire et d’attrait pour la
métropole, expliquent les deux co-présidents
qui attribuent le manque d’activité à une
concurrence dans le domaine du tourisme des
nouvelles destinations des villes de l’Est, au
TGV qui emmène rapidement les voyageurs
vers de nouvelles villes de province à partir
de Paris, et les low-cost qui, à peu de frais,
envoient leurs passagers vers des destinations
lointaines. Enfin et là c’est un problème
récurrent : le manque de grands événements
dans la région : “Avant on prétextait le
manque d’hôtels, aujourd’hui on compte une
capacité hôtelière raisonnable, mais il
manque de grands d’événements !”
Reste qu’il n’est pas nécessaire d’espérer pour
entreprendre puisque la SLIH nourrit encore
des projets “raisonnables”. Par exemple, se
recentrer sur des monuments historiques qui
plaisent à une clientèle haut de gamme comme
à Bruges ou à Gand en Belgique. Par ailleurs,
une étude est en cours pour une ouverture en
Normandie. A Paris, le groupe lillois compte
se désengager pour financer des projets lillois :
un hôtel avec un casinotier, le Groupe Tranchant et le rachat de l’exploitation de l’Hôtel
Alliance dont le contrat tenu par des Américains arrive à expiration en 2008.
Après la maîtrise de la qualité, La SLIH aura
ainsi, si tout va bien, le contrôle d’une quantité majoritaire du marché haut de gamme.
Ses co-présidents auront alors réalisé leur
projet d’origine et devraient avoir la tête dans
de nombreuses étoiles !
Philippe HOCHART
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Fiche signalétique
G
SLIH
(Société Lilloise d’investissements hôteliers)
Capital : 10,8 millions d’euros
Coprésidents :
Hubert Verspieren et Jean-Claude Kindt
Chiffre d’affaires : 21 millions d’euros en 2005
Résultat brut d’exploitation : 6 M€
Implantations :
300 collaborateurs travaillant dans 12 hôtels
(700 chambres au total dont 350 à Lille) :
Crowne Plaza,Hermitage Gantois (4 *,Lille),
Art Déco Romarin (3* La Madeleine),
La Treille,Grand Hôtel Bellevue (3* Lille),
Holiday Inn-Le Picardy (4* Le Touquet),
L’Horset Washington (4* Paris),
Holiday Inn-Bibliothèque de France,
Opéra D’Antin,Monceau-Wagram (3* Paris),
Relais Oud Huis Amsterdam (4* Bruges),
Hôtel Cour St-Georges (3* Gand)
I
En 2005, l’activité du secteur hôtelier régional a chuté après “Lille 2004”
Après une année 2004 marquée par l’exceptionnel afflux de touristes lié à l’événement “ Lille 2004 ” l’activité
hôtelière a été en baisse en 2005. Les hôtels de la région ont enregistré ainsi environ 3 713 000 arrivées, soit près
de 99 700 de moins qu’en 2004 (-2,6%). Les nuitées, au nombre de 5 865 000, régressent de 4%. Entre 2004 et
2005, la durée moyenne de séjour passe de 1,60 à 1,57 jour.
Le Nord/Pas-de-Calais a gardé cependant sa place au 9e rang des régions françaises métropolitaines pour les nuitées et passe du 8e au 9e rang pour les arrivées. Par rapport à une année 2003 sans évènement particulier, la fréquentation hôtelière en 2005 s’est portée assez bien. Les arrivées ont progressé de 2% et les nuitées ont été
stables.Tandis que l’offre régionale en nombre de chambres a diminué de 0,7% en 2005, le taux d’occupation
régional annuel a perdu 1,3 point pour atteindre 61,7%. Enfin, toujours par rapport à 2003, le taux d’occupation de
l’année 2005 a enregistré une très faible baisse de 0,1 point.
En 2005, Le Nord/Pas-de-Calais est resté au deuxième rang des régions de France métropolitaine derrière l’Îlede-France quant au niveau élevé du taux d’occupation. Cependant, son écart par rapport à la moyenne nationale
s’est amenuisé pour passer de 4,4 points en 2004 à 2,6 points en 2005.
À l’inverse de 2004, seuls les hôtels une étoile progressent en termes d’arrivées et de nuitées (respectivement
+8,5% et +4,5%). L’ensemble des catégories accuse un taux d’occupation inférieur à 2004, notamment les quatre
étoiles (-3,9 points). Une fois de plus, la fréquentation des sans étoile est la meilleure (69,3%) face aux autres catégories qui se trouvent au-dessous de la barre des 60,0%. Par rapport à 2003, seuls les deux étoiles et quatre
étoiles perdent du terrain en 2005 (respectivement -0,8 point et -1,6 point).
Source : Insee, Direction du Tourisme, Comité régional de Tourisme Nord-Pas-de-Calais (Bilan socio-économique 2005) I
FACE - JUIN 2006 - N° 183
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