François BAYROU

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François BAYROU
François BAYROU
« Je souhaite que l’Etat revienne à ses missions fondamentales d’Etat stratège et garant de l’intérêt
général »
Les élus locaux aspirent à une meilleure concertation avec l’Etat, au niveau national
comme au niveau local. Quelles doivent être, selon vous, les modalités de ce
dialogue renouvelé ?
C’est peu dire que la relation de l’Etat avec les élus locaux a souffert ces dernières années. Nous
avons tout à perdre à continuer dans ce climat de suspicion. Un dialogue renouvelé doit partir du
principe du volontariat, volontariat pour se regrouper par exemple et non plus obligation, et être
fondé sur le respect de l’autonomie.
Cela signifie s’en tenir à l’idée de l’incitation, et non pas de l’injonction, comme par exemple
l’incitation à une péréquation qui soit acceptée, sous le contrôle de l’Etat, et où chacun est
gagnant.
Les concours financiers de l’Etat aux collectivités territoriales sont gelés en valeur
depuis 2011. Comment doivent-ils évoluer à l’avenir ?
Dans le contexte actuel de crise des finances publiques, tous, Etat, sécurité sociale, collectivités
locales, devront participer à l’effort national de redressement et de maîtrise des finances publiques.
Un dialogue serein avec les élus est nécessaire afin de trouver les mesures appropriées à une
restauration de nos finances publiques. Nous avons besoin d’une concertation constructive. Une
fois élu, je proposerai à tous les élus un pacte de modération.
La banque publique mise en place par la Banque postale et la Caisse des dépôts devrait pouvoir, en
partie, répondre aux urgences. Mais il faut réfléchir à des institutions ou à des mécanismes qui
garantissent, à long terme, le recours à l’emprunt pour les collectivités territoriales.
Les petites villes, qu’elles soient bourg-centre de leur bassin de vie ou pôle
secondaire de leur intercommunalité, occupent une place stratégique pour
l’aménagement du territoire, jouant un rôle d’interface entre l’urbain et le rural.
Comment l’Etat peut-il les aider à défendre leur place et leur rôle ?
Je souhaite que l’Etat revienne à ses missions fondamentales d’Etat stratège et garant de l’intérêt
général. Aux élus des petites villes, ces bourgs-centre sans l’activité desquels notre vie collective, le
vivre-ensemble, s’effondrerait, je dis que cesseront les menaces permanentes sur je ne sais quel
niveau de collectivité qu’il conviendrait de supprimer. Nous avons besoin de tous pour redresser le
pays !
L’Etat doit veiller à ce que les structures d’intercommunalité conservent leur cohérence
géographique et soient fidèles à leur projet. Les petites villes sont la force, la vitalité de nos
territoires. Les initiatives locales, portées à bout de bras par des élus bénévoles, sont une vraie
marque de la solidarité que j’entends susciter partout en France. Pour accompagner cette
démarche, l’Etat doit accepter de maintenir ses services publics de proximité.
La loi du 16 décembre 2010 prévoit que les délégués des communes au sein des
intercommunalités seront élus au suffrage universel. Quelles doivent être, selon
vous, les modalités de cette élection ?
L’intercommunalité ne se décrète pas, elle se constate. Et j’ai vu au fil des décennies croître cette
attente de faire ensemble, certes, mais de garder son identité. C’est pourquoi je souhaite que
l’électeur sache, lorsqu’il mettra son bulletin dans l’urne, qui ira siéger à l’intercommunalité. On
garde ainsi nos communes et on donne plus de lisibilité à l’intercommunalité.

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