Laboratoire d`Analyse – Recherche en Economie Quantitative
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Laboratoire d`Analyse – Recherche en Economie Quantitative
Critique de Sims, J–Paul K., Tsasa Laboratoire d’Analyse – Recherche en Economie Quantitative One pager Avril 2013 Vol. 6 – Num. 001 Copyright © Laréq 2013 http://www.lareq.com Critique de Sims Jean – Paul Kimbambu, Tsasa Vangu « Méfiez – vous des a priori théoriques. Laissez parler les données » Sims (1996), Prix Nobel d’économie en 2011 Résumé Ce papier présente la critique de Christopher A. Sims qui est à la base de l’introduction d’une nouvelle approche dans la modélisation macroéconométrique. Mots – clé : modélisation VAR, causalité, chocs. Abstract This paper focuses on the critical Christopher A. Sims and introduces VAR models and the Sims causality test. Introduction Le Prix de la Banque royale de Suède en sciences économiques en mémoire d'Alfred Nobel a été décerné, en 2011, aux économistes américains Thomas J. Sargent et Christopher A. Sims pour leur recherche empirique sur la cause et l'effet en macroéconomie. Alors que Sargent (1976) fut le premier à appliquer empiriquement le test de causalité développé par Granger (1969), Sims (1972, 1980) fut à la base de la consécration d’une nouvelle approche de modélisation en macroéconomie. Dans ce papier, nous présentons très brièvement les techniques et méthodes introduites par ce dernier. Dans Tsasa (2012, p. 20), nous avons montré qu’à la suite de la critique de Lucas (1976), la modélisation macroéconométrique d’inspiration keynésienne, notamment les modèles à équations simultanées, avait perdu leur crédibilité théorique, car ne prenant pas en compte la réaction des agents économiques suite à des chocs de politiques économiques. S’inscrivant sur la même lignée, Sims (1980) avait également mis en avant un certain nombre de faiblesses que présentaient ces modèles et avait suggéré une approche alternative de modélisation basée essentiellement sur une cuisine quasi – athéorique. Ainsi, pour illustrer ces différentes contributions, nous organisons ce papier autour de deux sections. La première présente la critique de Sims et l’alternative qu’il propose en termes de modélisation. La deuxième présente le test de causalité de Sims et la comptabilité de chocs qui, également, constituent un output de la critique en cause. Critique de Sims et Alternative A la suite des chocs pétroliers survenus pendant la décennie 1970, le paradigme keynésien, alors dominant, avait révélé un nombre assez considérable de faiblesses. En effet, d’une part, la courbe de Phillips standard, principal support théorique et empirique de la justification d’une éventuelle existence d’arbitrage simpliste entre inflation et chômage avait été déclassée, et d’autre part, le pouvoir prédictif de ces modèles macroéconométriques, basés sur les relations ad hoc, a été sanctionné par plusieurs 1 Jean – Paul Kimbambu, Tsasa Vangu Laboratoire d’Analyse – Recherche en Economie Quantitative résultats médiocres. Au regard de ce tableau sombre qu’affichait le paradigme dominant en ce moment majeur de l’histoire économique, plusieurs économistes ont été incités à revisiter les fondamentaux de la théorie économique. Ainsi, s’inscrivant dans la suite des attaques dressées par les deux principales générations de l’école de Chicago, incarnées particulièrement par Friedman (1968) et Lucas (1976), contre le paradigme keynésien, Christopher Sims a également émis un certain nombre d’observations allant à l’encontre du référentiel des modèles macroéconométriques d’inspiration kleiniste1. La critique de Sims a, à cet effet, concerné trois faiblesses caractéristiques de la modélisation macroéconométrique d’inspiration keynésienne, à noter : (i) l’absence de test d’exogénéité des variables retenues pour la modélisation ; (ii) l’absence de tests sur la structure causale et le choix quasi – arbitraire des formes fonctionnelles ; (iii) le traitement inadéquat des anticipations des agents économiques. Ces trois points constituent, à la fois, le socle et la charpente de la nouvelle approche de modélisation introduite par l’auteur en cause dans les années 1980. En effet, l’alternative de modélisation proposée par Sims fut une approche basée sur la représentation du processus qui, en réalité, consiste une description de l’évolution de l’économie à partir de la dynamique comportementale d’un ensemble de variables linéairement dépendantes des observations passées. Notons d’ores et déjà qu’un développement plus rigoureux de cette approche de modélisation sera présenté ultérieurement, après une étude adéquate des espaces de Hilbert et du théorème de décomposition de Wold (1938)2. Dans ce papier, nous nous limiterons donc à un exposé structuro – descriptif. Soient et deux processus stationnaires dépendant de leurs valeurs passées respectives et de leurs valeurs présentes et passées croisées. Soit le nombre de retards caractérisant un processus telle qu’on a sous la forme structurelle la représentation avec suivante : des bruits blancs non corrélés. Sous une forme matricielle, les relations et s’écrivent comme suit : où La relation ainsi obtenue, permet de dériver la forme réduite de la représentation d’un processus généralement utilisée pour les analyses empiriques. 1 2 Lawrence R. Klein, Médaille JBC (1959) et Prix Nobel d’économie (1980) ; Milton Friedman, Médaille JBC (1951) et Prix Nobel d’économie (1976) ; Robert E. Lucas, Jr., Prix Nobel d’économie (1995). Le théorème de Wold (1938), d’après le nom du statisticien suédois Herman Wold, stipule que tout processus stationnaire peut être décomposé en une somme d’une composante régulière parfaitement prévisible (composante déterministe) et d’une composante stochastique. 2 Jean – Paul Kimbambu, Tsasa Vangu Laboratoire d’Analyse – Recherche en Economie Quantitative En pré – multipliant la relation par on obtient : ainsi, on établit : avec Contrairement au système composé des relations directement lié à celui de Partant de et dans la relation le niveau de n’est plus sauf pour ses valeurs passées. l’expression matricielle de la représentation du processus pour un vecteur de variables s’écrit : où En mobilisant l’opérateur et le polynôme de retard, la relation devient : et finalement : où désigne une matrice unité ; l’opérateur de retard ; le polynôme de retard et un bruit blanc. Une fois le problème lié à la détermination du nombre optimal de lag est bien traité, on peut dès lors procéder à l’estimation du modèle soit par la méthode des moindres carrés ordinaires, soit par la méthode du maximum de vraisemblance. Dans un papier ultérieur, nous reviendrons sur les justificatifs de la préférence de la méthode du maximum de vraisemblance par rapport aux moindres carrés dans l’estimation de Causalité et comptabilité des chocs Le système d’équations tel qu’établi précédemment pré–suppose l’existence d’une relation causale entre les variables. Pour procéder au test d’une telle relation, Sims (1972, 1980) suggère une méthode qui chercher à préciser l’effet des valeurs futures prises par sur les valeurs présentes de 3 Jean – Paul Kimbambu, Tsasa Vangu Laboratoire d’Analyse – Recherche en Economie Quantitative De ce fait, si les valeurs futures de expliquent les valeurs présentes de il y a lieu d’admettre que est la cause de Soit la représentation d’un processus telle que : La méthode de Sims procède a un test de nullité des coefficients (test classique de Fisher) tel que : il vient que : Ainsi, la notion de causalité permet donc de préciser le critère d’exogénéité d’une variable dans un modèle. Parallèlement à la notion de causalité, Sims introduit également une méthode de décomposition des chocs en se basant sur le théorème de factorisation de Cholesky3. Partant, il vient donc possible d’évaluer la pertinence de mesures de politiques économiques en réalisant, ceteris paribus, des simulations de chocs aléatoires (innovations) sur les valeurs présentes et passées prises par les endogènes. En vertu du théorème de décomposition de Wold (1938), la représentation du processus pour ce faire, peut être réécrite sous forme d’un processus moyenne mobile (moving average) vectorielle infinie, notée Cette redéfinition de la représentation permet la réalisation de la comptabilité des chocs. Ainsi, connaissant : on a : où : 3 Ce théorème a été traité dans Tsasa (2013), cf. Références bibliographiques. 4 Jean – Paul Kimbambu, Tsasa Vangu Laboratoire d’Analyse – Recherche en Economie Quantitative La relation est généralement utilisée pour évaluer l’effet des chocs sur les variables endogènes (étude des fonctions de réponses impulsionnelles). Par ailleurs, le multiplicateur : précise l’impact d’une innovation à la date sur la variable pour les périodes qui suivent le choc. In fine, on note que la contribution de chaque choc à la variance totale de l’erreur prévisionnelle du processus L’approche peut être déterminée à l’aide d’une analyse de la décomposition de la variance. introduite par Sims (1980) constitue donc un point marquant une nouvelle phase du développement de la modélisation dans l’histoire économique. A ce jour, on compte plusieurs prolongements de son analyse, notamment en termes d’étude de cointégration de cas multivarié ou encore d’approche ECM vectorielle. L’approche alternative de la modélisation présentée dans ce papier sera approfondie, dans une publication ultérieure, après un traitement rigoureux des notions liées aux espaces de Hilbert, aux polynômes matriciels, au théorème de décomposition de Wold et au théorème de représentation de Granger – Engel. 5 Jean – Paul Kimbambu, Tsasa Vangu Laboratoire d’Analyse – Recherche en Economie Quantitative Bibliographie FRIEDMAN Milton, 1968, “The Role of Monetary Policy”, American Economic Review, vol. 58, num. 1, 1 – 17. LUCAS Robert E., 1976, “Econometric Policy Evaluation: A Critique”, in K. Brunner & A. Meltzer (Eds), The Phillips Curve and Labor Markets, North – Holland. SARGENT Thomas J. 1976, “A classical Macroeconometric Model of the United States”, Journal of Political Economy, vol. 84, num. 2, 207–237. SIMS Christopher A., 1972, “Money, Income and Causality”, American Economic Review, vol. 62, num. 4, 540 - 552. SIMS Christopher A., 1982, “Policy Analysis with Econometric Model”, Brooking Papers on Economic Activity, 1. SIMS Christopher A., 1996, “Macroeconomics and Methodology”, The journal of Economic Perspectives, vol. 10, No. 1, 105 – 120. SIMS Christopher, A., 1980, “Macroeconomics and Reality”, Econometrica, vol. 48, num. 1, 1 – 48. TSASA Jean – Paul, 2012, « Politique Macroéconomique et Anticipations Rationnelles : Une Présentation non Folklorique de la Critique de Lucas », One Pager Laréq (août), vol. 3, num. 002, 14 – 25. TSASA Jean – Paul, 2013, « Théorème de Décomposition de Cholesky », One Pager Laréq (mars), vol. 5, num. 020, 133 – 139. 6 Jean – Paul Kimbambu, Tsasa Vangu Laboratoire d’Analyse – Recherche en Economie Quantitative