REGARDS N 353 du jeudi 1er au mercredi 14/03

Transcription

REGARDS N 353 du jeudi 1er au mercredi 14/03
Abdellah Sleblab
« étudiant de
l’année », as en
physique-chimie,
du lourd.
p. 16
w w w .v i l l e - l a - c o u r n e u v e . f r
N° 353 du jeudi 1er au mercredi 14 mars 2012
Forum Jeunes
le 10 mars
Berthet One, parrain du forum, a dessiné la une de ce numéro.
Et les jeunes Courneuviens donnent leur avis tout au long
du journal… En attendant le forum du 10 mars, où ils vont
nous dire ce qu’ils veulent.
p. 8/9
ISSN 0769-4482 / prix : 0,61e
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arrêt sur images
un regard neuF
T.M.
Avant le Forum jeunes du
10 mars, la rédaction de Regards
a décidé de prendre la jeunesse
courneuvienne à témoin :
17 volontaires entre 15 et 30 ans
ont commenté l’actualité de ce
numéro. Un regard singulier
qu’une moitié d’entre eux a
partagé, à l’occasion d’un comité
de rédaction exceptionnel qui
s’est tenu le mardi 21 février, en
salle des conférences de l’Hôtel
de ville.
Virginie Salot
un
c
© Berthet One
orni
au
Pâques avant l’heure
Les œuvres hautes en couleurs de Jean-François Rigaudin ont
un faux air de statues de l’île de Pâques. L’exposition Pop Art
est visible jusqu’au 5 mars à la galerie Le Sens de l’art.
coordination
Yann lalande
musique,
ça tourne !
P.D.
F.g.
Fabrice gaboriau
Accompagné des
élèves du conservatoire
d’Aubervilliers-La
Courneuve,
le compositeur
argentin Martin
Matalon, en résidence
au CRR 93, a donné
un ciné-concert à
L’Étoile, sur des images
de Luis Buñuel,
le 17 février.
+
Photos : www.ville-la-courneuve.fr
l’actu de la rédaction
Thierry Mamberti
victime à déplorer, après
l’incendie monstre qui a ravagé
12 000 m2 d’entrepôts,
rue Rosa-Parks, en face du stade
Géo-André, le jeudi 16 février.
200 pompiers sont intervenus et
150 personnes ont été évacuées.
Les locaux de Paprec et de l’imprimerie Paris Offset Print (POP),
où sont imprimés plusieurs
grands quotidiens, ont
finalement été épargnés.
regards
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Mric / Iconovox
0
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à mon avis
T.M.
la nuit au musée
+
Photos : www.ville-la-courneuve.fr
un canard Peut en
cacher un autre
gilles Poux,
maire
V.S.
La Courneuve
et le musée du Louvre
ont initié un partenariat
récent : le célèbre
musée parisien a ainsi
invité une cinquantaine
de Courneuviens
à assister aux Nocturnes
du vendredi,
le 17 février, sur
le thème des amours
tragiques.
Trois représentations
se sont succédé au milieu
des grandes œuvres.
Être utile aux jeunes
Les Courneuviens et Courneuviennes, quel que soit
leur âge, sont souvent préoccupés par la situation faite
aux jeunes. Ils savent bien que se joue, là, une part
importante de l’avenir de notre ville et de notre société.
Ils sont nombreux à considérer qu’il faut davantage
écouter, soutenir, accompagner les jeunes.
Au fil des rencontres et des échanges est ainsi née
l’idée d’un Forum jeunes, d’un espace de dialogue
débouchant sur des actions concrètes. Il se tiendra le
10 mars prochain. Mais d’ores et déjà, et depuis des
mois maintenant, les jeunes Courneuviens préparent
avec la Ville cet événement. Plus de 200 ont signé un
appel à participer, plus de 600 se retrouvent sur la page
spéciale de Facebook pour échanger et débattre.
Et dix-sept d’entre eux ont accepté de vous faire
partager, dans ce journal, leur regard riche sur les
différents sujets traités.
Pascal Dacasa
Pendant ces vacances
d’hiver, certains ont
opté pour une sortie
ornithologique en famille
au parc départemental
Georges-Valbon,
sur la piste des
différentes espèces de
canards du parc.
elles ne Font
Pas qu’attendre
leur marin
P.D.
F.g.
Jusqu’au 11 mars,
la maison du parc
départemental
Georges-Valbon accueille
l’exposition Femmes
et mers, d’Olivier
Barbaroux. On y voit
la place essentielle
qu’occupent les femmes
dans la valorisation
des produits de la mer.
L’idée de ce Forum fait donc son chemin. Ce sera
l’occasion de faire le point des actions mises en œuvre
par la Ville, et d’élaborer des propositions nouvelles,
en termes d’éducation, de formation, d’emploi, de
logement, de loisirs, de culture ou de citoyenneté.
Partagée par l’équipe municipale, ma volonté est claire
: être utile aux jeunes, être utile à leur envie si légitime
de prendre leur vie en main. Ainsi, j’ai souhaité que le
vote du budget communal n’ait lieu qu’après le Forum,
pour qu’il prenne en compte le financement des actions
qui auront été décidées le 10 mars.
Pour autant, être utile, c’est aussi faire prendre la
mesure que la Ville ne peut pas tout régler seule, que
de nombreuses situations individuelles renvoient à
des choix de politiques publiques, à des questions de
société.
Être utile, c’est aider à l’action collective pour le
respect des droits fondamentaux comme celui du droit
à l’emploi, à l’accès à une école et à une formation de
qualité, au logement.
Balcons Fleuris
L’association
La Courneuve Fleurie
a récompensé les
lauréats du concours
des balcons fleuris, le
samedi 25 février,
à l’Hôtel de ville.
Être utile, c’est lutter contre les discriminations qui
touchent les jeunes Courneuviens, parfois pour la seule
raison qu’ils vivent ici.
Être utile, enfin, c’est mettre en valeur les aspirations
communes qui lient les jeunes et les moins jeunes, et
qui nous permettent aussi de garder bien des espoirs
pour l’avenir, à faire vivre dès maintenant.
V. S.
À bientôt au Forum.
regards
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Une école diverse et accessible
« L’éducation, c’est l’avenir. Mais tout a bien changé : nouvelles
méthodes d’apprentissage avec Internet, budgets toujours serrés, programmes scolaires allégés, années d’études rallongées,
parents déresponsabilisés et enseignants de moins en moins
respectés… Je prône un système éducatif quasi gratuit, où
les diplômes supérieurs sont accessibles, mais je déplore
la déconsidération de la diversité des élèves, sous prétexte
d’égalité ou de laïcité… À La Courneuve, chacun a sa chance,
Azadaly Mouhamadaly, 24 ans
parfois plus qu’ailleurs. »
l’actualité
Lycée Denis-Papin
Pôle Emploi
agrandissement terminé
250 dossiers par conseiller
Débutés en août 2011, les travaux d’extension
du lycée Denis-Papin touchent à leur fin.
Un renfort de 1 000 CDD à Pôle Emploi : qu’en
pensent les conseillers de l’agence de La Courneuve ?
Virginie Salot
à
L’ancien et le moderne ont été parfaitement associés pour l’agrandissement du lycée.
a
fin de redonner des conditions idéales
d’hygiène, de bien-être et de sécurité,
l’établissement professionnel s’est
davantage étendu sur le terrain de l’angle des
rues Michelet et Général-Schramm. Le tout,
sans faire disparaître du décor le bâtiment des
bains-douches et la façade de l’ancien lavoir.
Les architectes, le proviseur de l’établissement,
Bernard Solmy, et la municipalité tenaient à
conserver ces traces du passé communal.
Plus qu’un coup de peinture sur les murs tout
juste sortis de terre, le lycée a gagné quelque
1 000 m2 de surface. Les élèves de la filière
motocycle travailleront désormais dans un atelier
de 800 m2 au lieu de 300. « À la rentrée 2012,
nous pourrons accueillir 20 lycéens au lieu de
10 dans cette section. Les élèves bosseront
dans des conditions nettement meilleures. Plus
d’espace, des couleurs vives, une isolation et
une ventilation dernier cri, tout est réuni pour
bien travailler », détaille avec fierté le proviseur.
L’atelier « maintenance des matériels parcs et
jardins » est passé de 300 à 500 m2. Et, en
sus de ne plus se sentir à l’étroit, les élèves
profitent dorénavant d’un foyer inséré dans le
projet d’agrandissement, pour leur bien-être
au quotidien. Rien que ça !=
isabelle meurisse
l’issue du sommet social du 18 janvier dernier, qui s’est tenu à l’Élysée,
il a été annoncé le recrutement, en
renfort, de 1 000 CDD pour Pôle Emploi. Si,
face à la montée du chômage, rien n’est à
négliger, on est encore très loin du nombre
de CDD supprimés, comme du nombre de
postes qu’il faudrait créer pour prendre en
charge les demandeurs d’emploi. Rappelons
qu’en 2009-2010, 1 500 CDD avaient été
recrutés, des plans de formation avaient été
engagés à destination de ces salariés pour
parfaire leurs compétences, avant que l’État
ne décide de se séparer d’eux en supprimant
tous ces postes. Sur l’année 2011, 225 200
chômeurs de plus se sont inscrits à Pôle
Emploi. Ce sont, au total, toutes catégories
confondues, 4,87 millions de chômeurs qui
recherchent un travail. Inutile de dire que, face
à cette situation, les salariés de Pôle Emploi,
débordés, n’en peuvent plus. Une situation
qui entraîne une surcharge de travail, des
tensions et des violences dans les agences.
Pôle Emploi compte, en France, un peu
moins de 50 000 agents répartis sur 900
agences. Celle de La Courneuve reçoit les
demandeurs d’emploi de la ville, mais aussi
ceux du Bourget et de Dugny, soit plus de
4 000 dossiers à traiter. Chaque conseiller
a en charge entre 200 et 250 dossiers à
gérer. « La fusion, comme on peut le voir, est
un échec total, constate un agent. On nous
avait annoncé 60 dossiers par conseiller, nous
en sommes à 250 ! » Quant à l’arrivée des
1 000 emplois dans les agences, on est plutôt
sceptique sur le terrain. Et pour cause. « Nous
avions trois collègues en CDD sur l’agence à
La Courneuve, explique le même conseiller.
L’une est partie en décembre, en fin de contrat,
et les deux autres ont été prévenues qu’elles
ne seraient pas renouvelées. Elles avaient été
envoyées en formation, certes sur une durée
très courte, mais elles nous ont aidés en faisant l’accueil. Alors, les effets d’annonce sur
l’embauche de 1 000 CDD, ça nous fait plutôt sourire. » Pour une autre conseillère, « ces
1 000 personnes qui vont être recrutées ne
sont pas 1 000 personnes en plus, ce sont
1 000 personnes qui vont remplacer les CDD
qui n’ont pas été renouvelés, avec, en plus,
une explosion du chômage… » À l’agence, la
souffrance est visible de tous les côtés. Les
conseillers écoutent la parole des chômeurs,
qui en ont assez d’être stigmatisés, avec toujours la crainte de la menace d’être radiés ou
de ne pas toucher leurs allocations. « Le vrai
problème, martèle un agent, c’est de créer de
l’emploi en France ! » =
claude Bardavid
Une fabrique de jeunes chômeurs
« 550, c’est le nombre de chômeurs en plus, chaque jour,
en France. Parmi eux, une part croissante de jeunes âgés de
15 à 24 ans. Trop jeunes et pas assez diplômés d’un côté,
inexpérimentés et surdiplômés de l’autre : cherchez l’erreur !
Les plus chanceux multiplient les stages, enchaînent les CDD
ou travaillent à temps partiel pour le Smic. Ajoutez à cela la
stigmatisation de nos quartiers, les difficultés d’accès au
logement et aux soins, et vous obtenez la fabrique de jeunes
chômeurs de luxe made in France. Pendant que certains
s’étouffent dans le caviar, les jeunes s’étouffent tout court.
Djafare Alhamidi, 26 ans
Au secours ! »
Anniversaire
Jacques-Brel/sciences-Po, dix ans déjà !
Le lycée courneuvien et l’IEP de Paris ont célébré une décennie de partenariat.
i
En dix ans, 33 élèves de Jacques-Brel ont
intégré Sciences-Po Paris.
Clinton ou encore Barack Obama dans le
cadre de leur stage de 3e année et s’orientent
à présent vers une carrière de diplomate.
« Sans ce dispositif, ils n’en seraient peutêtre pas là aujourd’hui. Ça vaut vraiment
la peine. Des milliers de jeunes peuvent
prétendre à Sciences-Po. Il faut y croire.
Ça marche », conclut Cyril Delhay. = i. m.
L’importance de la mixité sociale
Thierry Mamberti
l y a dix ans, le lycée Jacques-Brel signait
avec l’Institut d’études politiques (IEP)
de Paris une convention d’éducation
prioritaire. Cette dernière ouvrait pour la
première fois aux Courneuviens les portes
d’une des écoles les plus renommées et
convoitées de France. À l’époque, le directeur de l’IEP, Richard Descoings, souhaite
que les jeunes bacheliers de ZEP (zones
d’éducation prioritaire) puissent aussi intégrer Sciences-Po. Plutôt que le concours
habituel, les lycéens de quartiers sensibles
sont alors invités à passer deux oraux : l’un
dans leur lycée et l’autre à Sciences-Po.
À La Courneuve, cette convention n’aurait
jamais vu le jour sans l’énergie inaltérable
de Sylvie Beaud, anciennement professeur
en sciences économiques et sociales à
Jacques-Brel, et l’indéfectible conviction
de Cyril Delhay, chargé des conventions
d’éducation prioritaire à Sciences-Po. « Il
a fallu convaincre plusieurs personnes.
Les critiques fusaient. Évidemment, nous
avions un peu peur d’envoyer les élèves au
casse-pipe. Ce n’était pas gagné et nous
ne savions absolument pas si cela serait
efficace », se souvient Sylvie Beaud. « En
dix ans, 33 élèves du lycée ont été admis à
Sciences-Po Paris. Tous avec des parcours
aussi exemplaires les uns que les autres.
Et nous espérons qu’il y en aura beaucoup
d’autres », souligne Jean-Luc Héraud, actuel
proviseur de Jacques-Brel.
Issue de la première promotion, Naouale
regards
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4
Makri est aujourd’hui juriste et se dirige
vers la protection judiciaire des jeunes. Les
autres sont consultant, élève-commissaire,
stagiaire au ministère des Affaires étrangères
ou encore cadre à l’Apur (Atelier parisien
d’urbanisme). Certains ont rencontré Bill
du jeudi 1er au mercredi 14 mars 2012
« Après dix ans, il conviendrait de faire un bilan de
la convention d’éducation prioritaire Sciences-Po
Paris. Force est de constater que ce dernier est plutôt
mitigé. Cette mesure courageuse a permis de rompre
une inégalité de fait, mais elle crée également une
rupture d’égalité. Certains étudiants aux origines
modestes doivent, eux, passer le concours d’admission écrit, tandis que les autres seront jugés sur la
base de deux oraux, où l’on aura surtout apprécié
leur aisance orale et leur personnalité. Ce concours
soulève une question : celle de l’apparente nécessité
de faciliter les épreuves d’entrée, afin qu’une mixité
sociale s’installe parmi les étudiants de cette école. »
Cyril Tchanon, 21 ans
w w w.ville -la - courneuve.fr
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Forum des métiers
le boulot, c’est par où ?
Maradi Magassa
Le 16 février, l’Hôtel de ville accueillait le Forum des métiers. Pour cette 3e édition,
165 collégiens avaient fait le déplacement.
Les classes présentes étaient prises en charge par les animateurs du service Jeunesse.
s
e projeter dans l’avenir et choisir, dès
la fin du collège, son orientation n’est
pas une mince affaire. C’est une décision déterminante, que bon nombre d’élèves
ont du mal à prendre. Afin de leur faciliter la
tâche et de les renseigner sur quelques corps de
métiers, le service Jeunesse organise le Forum
des métiers. « L’orientation et la formation
sont deux priorités chez les jeunes. On sait
néanmoins que de nombreux collégiens ont
du mal à répondre à cette question. La Ville
organise donc ce forum pour leur présenter les métiers qui offrent des débouchés.
Cette année, on a fait le choix de mettre en
avant les CFA [NDLR : Centres de formation
d’apprentis], qui recrutent énormément. Les
gens ont tendance à dévaloriser les bacs
professionnels, on souhaite donc casser ces
clichés », explique Thierry Grone, responsable du Point information jeunesse (PIJ) et
directeur de l’espace Jeunesse Gabriel-Péri.
Avec 165 visiteurs, cette 3e édition fait encore
moins bien que l’an dernier (224 participants
en 2011) et révèle le désintérêt de certains
établissements. Les classes présentes, quant
à elles, étaient prises en charge par les animateurs du service Jeunesse. Tout au long
de la matinée, les collégiens ont fait le tour
des exposants et ont découvert différentes
formations et professions. Plus motivés que
d’autres, certains n’ont pas hésité à poser
des questions pointues. C’était notamment le cas de Nelly Keller, élève de 3e du
collège Georges-Politzer, qui désirait être
aiguillée sur son plan de carrière. « Je souhaite devenir éducatrice pour enfants, mais
je ne sais pas encore dans quelle branche
me spécialiser. C’était encore brouillon dans
ma tête. Grâce au forum, j’y vois plus clair.
À présent, je sais que je peux faire n’importe
quel baccalauréat, du moment que j’intègre
ensuite une école d’éducateurs spécialisés.
L’intervenante m’a même proposé de venir
faire un tour, durant les vacances, à l’Institut médico-éducatif de Saint-Denis pour
voir comment elle travaille. Je suis vraiment
contente, car cela m’a confortée dans mon
choix de carrière », conclut la collégienne,
qui repart le sourire aux lèvres. =
siham Bounaïm
L’orientation, une ouverture
sur le monde
« L’orientation au sein d’un cursus scolaire est, à mon sens, fondamentale. En
effet, elle offre aux étudiants la possibilité
d’explorer les différentes opportunités de
métiers s’offrant à eux, dans un climat
d’échange et d’écoute, et finalement leur
permet d’affiner leur choix vers tel ou tel
domaine d’activité. Enfin, l’orientation
doit être utilisée comme “indicateur des
besoins en moyens humains” des entreprises de notre pays et se rapprocher ainsi
de la réalité du marché du travail, pour
ne pas devenir le fournisseur de métiers
liés à des effets de mode. »
Sabé Kane, 22 ans
Entreprise
un instrument pour les fainéants
La société Dualo et ses deux entrepreneurs de la pépinière d’entreprises ont inventé un nouvel instrument
de musique avant-gardiste. Les curieux pourront le découvrir le 24 mars, à 15h, à La Traverse.
Le prototype du Dualo
ressemble étrangement
à l’accordéon du futur.
Virginie Salot
J
ules Hotrique en avait assez
de répéter ses gammes avec
un trombone, « pas assez intuitif » à son goût. La disposition des
notes n’était « pas assez logique »
pour cet esprit cartésien, ex-professeur de mathématiques au collège Jean-Moulin d’Aubervilliers.
L’instrument idéal n’existait pas.
Qu’à cela ne tienne, il allait mettre
à profit ses théories scientifiques
pour l’inventer. Première étape :
potasser des ouvrages de solfège
pour s’immerger dans le bain de la
musique et confirmer son intuition.
Jusqu’à cette nuit de 2007 où il se
réveille en sueur avec la conviction
d’avoir trouvé l’idée de génie. Eurêka !
Un modèle mathématique basé sur
les théories harmoniques est né !
Une nouvelle représentation des
notes dans un espace géométrique :
le Dualo. « La musique est une disciregards
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5
pline mathématique depuis la Grèce antique,
explique Jules Hotrique. J’ai modélisé les
données importantes de la musique pour que
toutes les lois du solfège deviennent des lois
géométriques. » Le résultat ? Un instrument
de musique révolutionnaire, qui n’est pas
sans rappeler l’accordéon. Deux claviers en
nids d’abeille de part et d’autre de l’engin,
une disposition des notes plus naturelle (les
unes à côté des autres). Autre avantage du
Dualo : sa polyvalence musicale. « Il y a une
puce, à l’intérieur, qui intègre tous les sons
et permet de jouer tous les instruments,
explique Bruno Verbrugghe, le deuxième
associé, ancien chercheur à l’Ircam*. Le
clavier contient le solfège. On a mis l’accent
sur la rapidité de progression et le plaisir de
jouer. Plus besoin de bosser ses gammes,
on apprend le solfège intuitivement. » Sous
chaque touche, des capteurs pour mieux
contrôler le son. « On a beaucoup travaillé sur
le toucher : le frappé, le caressé, l’effleuré,
pour donner un côté plus vivant, plus évolutif
au son », affirme Bruno Verbrugghe. Comme
sur les iPhone, un accéléromètre détecteur
de mouvements modifie les sons quand on
bouge l’instrument. Les deux entrepreneurs
en sont encore à l’étape de recherche et développement et à la pêche aux financements.
du jeudi 1er au mercredi 14 mars 2012
Ce qui ne les empêche pas de voir loin :
« Le 93 a déjà enfanté plusieurs révolutions
musicales. On aimerait bien rencontrer les
rappeurs du territoire. On serait heureux de
participer à la naissance de nouveaux styles
musicaux dans le 93. L’après-rap. » L’appel
est lancé ! =
Julien moschetti
* Institut de recherche et coordination acoustique/
musique.
inFos
Jules Hotrique assurera les pauses
musicales, le samedi 24 mars, à 15h, à
la librairie La Traverse, lors de l’aprèsmidi consacré à la littérature tunisienne.
On peut créer son entreprise
« Alors que l’État français cherche à
supprimer des emplois, La Courneuve,
grâce à la pépinière d’entreprises, aide
depuis plus de cinq ans les jeunes entrepreneurs à monter leur société. Ce désir
de favoriser la création d’emplois sur le
territoire est honorable. Consciente des
difficultés que les jeunes Courneuviens
rencontrent dans leur vie professionnelle,
la municipalité, même si elle ne peut
évidemment pas tout régler, donne un
véritable coup de pouce aux personnes
désireuses de monter un projet. Cela
montre que le maire et ses élus en font
Ismael El Bahja, 19 ans
une priorité. »
w w w.ville -la - courneuve.fr
29/02/12 14:47
Et les droits des femmes au Maghreb ?
« Beaucoup pensent que les femmes des pays du Maghreb sont dépourvues de
droits et ne sont pas les égales de l’homme. Mais, en ayant visité plusieurs villes
du Maghreb, je peux dire que les femmes occupent de plus en plus de postes à
responsabilité, comme agent de police ou chef d’entreprise. D’ailleurs, il y a de
plus en plus de femmes souhaitant obtenir leur permis de conduire, pour plus
d’indépendance. Les mentalités changent et évoluent. Aujourd’hui, en plus de leur
métier, les femmes s’occupent de leur foyer. Elles sont motivées et déterminées, et
je trouve dommage qu’elles aient toujours à prouver de quoi elles sont capables. »
l’actualité
Qatar
Droits des femmes
Djamila Bourezgue, 25 ans
sceptiques face au gros lot une semaine au féminin
50 millions d’euros seront débloqués par le Qatar en
Du 2 au 10 mars, la municipalité organise des
soutien à des entrepreneurs de banlieue. Une initiative initiatives festives, sportives et culturelles, dans le
accueillie avec scepticisme à La Courneuve.
cadre de la Journée internationale des femmes.
t
out commence en juin dernier : une
poignée d’élus locaux des banlieues
marseillaises et parisiennes s’alarme
du manque de soutien financier des banques
françaises aux jeunes chefs d’entreprise des
quartiers. Inquiets, ces élus, réunis autour de
Kamel Hamza, conseiller UMP de La Courneuve,
se tournent alors vers le richissime gouvernement qatari pour lui demander « un coup de pouce ». L’émirat arabe développe, depuis
peu, une stratégie de financement agressive et
multicanal pour assurer son avenir, une fois que
ses réserves gazières seront épuisées. Preuve
en est : le pays vient de rafler l’organisation de
la Coupe du monde de foot 2022. En France,
il a racheté le PSG. Sensible à leur appel,
Hamad ben Khalifa Al Thani, le cheikh luimême, répond favorablement avec la création
d’un fonds d’investissement pour soutenir des
projets pilotés par des chefs d’entreprise issus
de l’immigration. À première vue, cette enveloppe allouée par le Qatar est très séduisante.
« Effectivement,
peut aider,
« Effectivement, ce financement peut aider, C’est une honte pour l’État français
« Le Qatar qui investit en banlieue : c’est Marine Le Pen
qui va être contente ! Blague à part, c’est une bonne
nouvelle pour les entrepreneurs, mais, pour moi, c’est
surtout une honte pour l’État français. C’est un autre
pays qui vient en aide aux banlieues françaises, un pays
qui ne fait même pas partie de l’UE… Même si ça reste
une bonne initiative de l’Association nationale des élus
locaux pour la diversité, qui cherche un moyen de développer les banlieues. Selon Maurice Leroy, ministre de
la Ville, « le fonds est un signe positif de reconnaissance
des talents et capacités de création dans les quartiers
populaires ». Mais pourquoi aller aussi loin pour chercher
une reconnaissance ? Si j’étais Sarko, je me cacherais.
Autant voter pour l’Émir en mai 2012. »Amina Brairi, 16 ans
confie Willy Porfal, entraîneur de taekwondo
au gymnase Anatole-France. Mais je me doute bien qu’ils cherchent quelque chose derrière. »
Zohra (le prénom a été modifié) confirme la
méfiance générale et s’interroge : « Cela peut être une bonne initiative, mais, clairement, on peut se demander ce que le Qatar cherche en retour. » La création de ce fonds pourrait
certainement redynamiser l’entreprenariat,
et Kamel Hamza assure que « cela permettra de créer de l’emploi ». Mais certaines voix
s’élèvent contre cette générosité ambiguë :
elles dénoncent un placement stratégique et
opportuniste, qui permet, en plus, au Qatar
de s’assurer à moindre coût une belle image
sur la scène internationale et fait oublier que
cet État reste une monarchie absolue, sans
partis politiques ni libertés. D’autres voient
dans cette mesure un signe d’effacement de
l’État français et des politiques locales dans
les quartiers, qui pourrait laisser « supposer une remise en cause du politique », comme le
confie prudemment Éric de Marez, directeur
de la Mission locale intercommunale de La
Courneuve. Mohamed-Ali Adraoui, chercheur
et enseignant à Sciences-Po, acquiesce : « Le Qatar cherche surtout des relais d’influence dans la société française, et certains y voient le signe de l’effacement de la puissance publique dans les quartiers. » Même si le
Qatar se défend de faire de la charité, son
investissement s’apparente à un placement
à long terme qu’il voudra faire fructifier. Mais
personne ne sait comment… =
anne-cécile guthmann
• Du 2 au 10 mars, une exposition photographique sur la conquête des droits des
femmes de 1789 à nos jours sera installée
dans le hall de l’Hôtel de ville.
• Le 3 mars, en salle des Fêtes de la mairie
à 15h, représentation de la pièce de théâtre
Simone, nous et les autres, une création
collective née de l’expérience de femmes
issues de différents pays.
• Dimanche 4 mars, place au sport avec le
tournoi Muguette-Jacquaint. Les sportives
sont invitées à jouer au futsal de 9h à 18h
au gymnase Béatrice-Hess.
• Le 7 mars, une série d’événements se
déroulera au centre culturel Jean-Houdremont
de 14h à 20h30 : à 14h, projection d’un
court-métrage élaboré entre jeunes de
quartiers populaires de Paris et l’association Pour qu’elle revienne sur les relations
filles-garçons. Le film sera suivi d’un débat
et d’un quiz sur les inégalités frappant les
femmes. Suivront, dans l’après-midi, une
exposition de portraits de femmes africaines
engagées, un spectacle de l’association
MKO (Meufs Ki Osent) et un bal animé
par un DJ féminin.
• Le 8 mars, rendez-vous à 9h, place GeorgesBraque, pour un petit-déjeuner féministe,
suivi d’un quiz autour de l’histoire de l’avancée des droits des femmes dans le monde.
De 12h à 14h, en salle des Fêtes de l’Hôtel
de ville, Sophie Pochic, enseignante à l’École
des hautes études en sciences sociales,
interviendra sur l’égalité professionnelle.
À 14h30, rencontre avec Muguette Jacquaint.
À 18h, à la galerie Le Sens de l’art, animation
par la plasticienne Yogui, suivie d’un film
sur la vie et l’œuvre de Camille Claudel.
• Vendredi 9 mars, au 3, rue Claude-Debussy,
à 12h, repas international organisé par
l’association Lieu de rencontre. À 13h30,
à L’Étoile, projection de Correspondances,
de Laurence Petit-Jouvet, suivie d’un débat
avec la réalisatrice et le Comité de promotion
des droits des femmes.
• À suivre : du 10 au 31 mars, au gymnase
Béatrice-Hess, et du 3 au 28 avril, dans le
hall de l’Hôtel de ville, l’exposition photographique de N’Krumah Lawson Daku, Athena 93, réalisée dans les clubs de boxe féminine
d’Aubervilliers et de La Courneuve. =
Univers carcéral
« La prison ne fabrique pas des héros, elle broie les hommes »
entretien avec stéphane mercurio, réalisatrice du film à l’ombre de la république, projeté à l’étoile le 9 mars à 20h30.
Regards : De quoi traite votre film ?
Stéphane Mercurio : D’un côté, À l’ombre de
la République raconte le travail du Contrôleur
général des lieux de privation de liberté. Et,
d’un autre côté, ce film dresse un portrait
de l’enfermement en France. Pendant plu-
sieurs semaines, j’ai suivi les contrôleurs en
mission à la maison d’arrêt de Versailles, à
l’hôpital psychiatrique de Navarre, à évreux,
au centre pénitentiaire de Bourg-en-Bresse
et à la centrale de Saint-Martin-de-Ré. Il est
très difficile, voire impossible en France, de
pénétrer ces lieux. Aux côtés des contrôleurs,
j’ai pu traverser le mur.
aux images véhiculées, il n’y a pas de réfectoire en prison. Chacun mange tout seul
dans sa cellule. Il n’y a ni truands, ni bons,
ni méchants, ni héros. Mais de la solitude,
le manque de perspective, la violence de la
situation, qui font du quotidien un enfer. La
prison ne fabrique pas des héros, elle broie
les hommes.
R. : En 2008, vous réalisiez À côté,
un film sur les familles de détenus
qui se rendent notamment au parloir.
Cette fois, vous suivez des contrôleurs.
La prison est un sujet qui vous
tient à cœur ?
S. M. : J’ai eu l’opportunité de pouvoir travailler au cœur de la détention, de montrer
ce qu’est un quartier d’isolement, un quartier
disciplinaire, de discuter avec le personnel
et les détenus, ça ne se refuse pas. L’univers
carcéral est très mal connu, voire pas du
tout. Il ne se passe rien de sensationnel en
prison, contrairement à ce qu’on peut voir
dans les séries américaines. Contrairement
R. : Quel est le message de votre film ?
S. M. : Je voudrais que la prison devienne une
vraie question politique. Après ce travail, je
suis convaincue que les conditions actuelles
et catastrophiques de l’enfermement seront les
causes de la violence de demain. Quoi que les
prisonniers aient fait, ils restent des hommes
et des femmes. Et ils sortiront un jour. Mais
dans quel état ? Avec les peines allongées,
la pauvreté et l’inhumanité de cet univers
carcéral, les détenus recouvrant leur liberté
sont souvent plus en colère et anéantis qu’à
leur entrée. C’est une catastrophe.
regards
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6
Propos recueillis
par isabelle meurisse
du jeudi 1er au mercredi 14 mars 2012
La prison, c’est aussi la violence
« Tout le monde en parle, tout le monde le vit
de près ou de loin. Mais combien sommes-nous
à y avoir vraiment mis les pieds ? L’univers carcéral, ou la prison, est un lieu où toutes nos
libertés prennent fin. “Quand tu te retrouves
là-bas, tu dois te battre pour avoir un minimum
de respect”, c’est ce que disent la plupart des
personnes qui y sont allées. Les journaux nous
montrent souvent la dolce vita des prisonniers,
mais ce n’est pas le cas de tous. Beaucoup
des incarcérés subissent la violence physique
et morale, venant soit des gardiens, soit des
Leslee Dovin, 18 ans
autres prisonniers. »
inFos
Projection de
À l’ombre de la République, le 9 mars
à 20h30 au cinéma L’étoile, suivie d’un
débat en présence de la réalisatrice,
du sociologue Loïc Wacquant et de
Jean-Marie Delarue, Contrôleur général
des lieux de privation de liberté.
w w w.ville -la - courneuve.fr
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ourvues de
sieurs villes
de postes à
s, il y a de
, pour plus
plus de leur
rminées, et
capables. »
échos citoYens
ezgue, 25 ans
Citoyenneté
ah, si j’étais président !
Depuis le début de l’année, l’espace Jeunesse Paul-Verlaine propose une animation originale
qui a pour but de sensibiliser les adolescents sur l’élection présidentielle à venir.
La jeunesse s’intéresse
à la politique
«Depuis plusieurs années maintenant, dans
nos quartiers populaires, la politique est
vécue et subie comme un fléau, un monde
à part auquel la jeunesse ne s’est jamais
identifiée. Ces sentiments sont les fruits
d’une lassitude éprouvée vis-à-vis de nos
hommes politiques, beaux orateurs, aux
langues bien pendues, mais sans scrupules,
et prêts à tout pour atteindre leurs fins, sans
se préoccuper réellement de la jeunesse,
de plus en plus stigmatisée, pointée du
doigt et laissée à la marge de la société.
Cela tend à changer avec l’émergence
d’une jeunesse affranchie, soucieuse
et pragmatique. Une jeunesse qui veut
être au cœur de sa ville, s’organiser et
prendre des décisions. Bien que peu
jeunombreuse pour le moment, cette jeu
nesse intéressée par le combat politique
s’agrandit…»
Fabrice gaboriau
Fahrane Attoumani, 28 ans
et les conditions pour pouvoir
voter. Le but de cette initiative ?
Amener les adolescents à se
mettre dans la peau d’un canDeux propositions parmi d’autres, qui vont permettre aux ados d’échanger sur des sujets
didat, à proposer un programme
cruciaux, porteurs d’enjeux électoraux.
qui leur semble pertinent et en
a grande affiche aux couleurs du Intitulée Si j’étais président, elle comporte adéquation avec les attentes des Français.
drapeau français, accrochée sur les dates des deux tours de l’élection Et ça marche. De nombreuses propositions
l’un des murs de l’espace Jeunesse présidentielle de 2012, les conditions ont été placardées à l’intérieur de l’espace
Paul-Verlaine, est loin de passer inaperçue. pour se présenter en tant que candidat Jeunesse, pour que tous les jeunes puis-
l
Mutualiser
les actions
a
fin de réfléchir conjointement
à des mesures concrètes pour
lutter contre l’échec et le décrochage
scolaire, Gilles Poux a décidé de réunir
les différentes associations spécialisées
en la matière (huit ont répondu
présentes). Une décision qui fait suite
à l’engagement pris par ce dernier
lors des Tremplins citoyens. « Nous
souhaitons coordonner nos actions afin
qu’elles se complètent et collaborer afin
d’établir ensemble un plan et un calendrier
de travail pour faire avancer les choses,
dès la rentrée prochaine. Pour ce faire,
le Conseil municipal a décidé de porter
le montant de l’enveloppe allouée aux
associations socioculturelles de 120 000
à 150 000 euros », affirme le maire. Ces
30 000 euros supplémentaires devraient
permettre aux associations de mieux
se structurer, mais aussi de recourir
à des emplois aidés. Une réponse aux
besoins des participants, qui souffrent
notamment d’un manque de moyens
humains et financiers. À l’issue de ces
deux heures de débat, tous se sont mis
d’accord sur l’idée d’harmoniser et de
mutualiser leurs compétences, afin
d’optimiser leur travail. =
siham Bounaïm
sonia Bel hadj Brahim, hip et hop !
Avec ses grands yeux clairs, c’est une fille timide, calme et réfléchie,
qui choisit ses mots. Quand elle monte sur scène, elle devient SonYa,
qui se meut avec précision et énergie.
s
onia commence à prendre des cours
de danse en 2004, alors qu’elle
est au collège, et rencontre Pascal
Luce, professeur au sein de l’association
Tempo. Elle qui vient du quartier de la gare
passait beaucoup de temps entre le gymnase
Jean-Guimier et le centre culturel JeanHoudremont : « Au début, je n’aimais pas
faire la route pour m’entraîner, je la trouvais
trop longue. Aujourd’hui, c’est très important
pour moi de danser. C’est parfois un défouloir,
mais toujours un plaisir. » Elle n’a pas arrêté,
depuis, et a été récompensée, lors de la soirée des « Mises à l’honneur » de décembre
dernier, pour sa place de demi-finaliste lors
de la compétition internationale de danse
Juste Debout. Sonia trouve la danse moins
sportive qu’artistique : « Être dans un groupe
permet de se transmettre des choses. C’est
un échange dans les deux sens. »
En 2008, elle crée avec Pascal et Farah La
Mécanique des naïfs, qui s’inspire du monde
imaginaire et enfantin. Ils ont de nombreux
projets comme tourner un clip, cet été, et ils
ont une vidéo déjà en ligne, intitulée Et au
bout du conte. Pour Pascal Luce, « le talent,
c’est d’avoir envie. Malgré les difficultés, Sonia
n’a jamais lâché. Je réalise que d’avoir une
regards
REGARDS 353.indd 7
rire, en juin 2011, où elle se produit durant
cinq jours avec le groupe Four Me. « En ce
moment, je me professionnalise. Je n’aurais
pas imaginé que mon premier boulot serait
de danser. » Elle a fait du chemin et il lui
en reste encore : elle doit aller en Guyane
pour l’Urban Clash Carnaval, puis à Rouen,
et en Russie, en septembre. Étudiante en
3e année de licence économie-gestion à ParisXIII, elle envisage un master en économie…
ou en arts plastiques. Dans le futur, SonYa
rêve de scènes, de danse et de voyages,
mais surtout elle souhaite continuer à être
entourée de bonnes personnes. =
naïma amiri
Le hip-hop n’est pas qu’une
culture de banlieue
Virginie Salot
Soutien scolaire
sent les lire et y réfléchir. Et, grâce aux
échanges que suscite cette activité, les
électeurs en herbe peuvent non seulement
avoir une première approche du monde
politique, mais aussi se projeter dans l’avenir en tant que citoyens.
Baisse des loyers, augmentation des
salaires, création de centres de formation
sportive et de fondations pour les SDF,
mise en place de moyens plus importants
pour les actions dans les quartiers, amélioration de la propreté pour un meilleur
environnement… Les propositions sont à la
fois riches et variées. Safoine, 14 ans, fait
partager la sienne : « Je mettrais en place
une formation des policiers sur l’échange
avec les habitants. Ils sont trop méchants,
ils agissent trop vite et ne discutent pas
assez. » Quant aux filles participant à cette
activité, elles se font rares. Mais Kadra,
âgée de 11 ans, ne se laisse pas impressionner par l’ambiance quelque peu masculine : « Pour moi, avoir une femme ou un
homme président, c’est pareil. On est tous
égaux. » Qui sait, peut-être qu’en plus de
sensibiliser les jeunes à l’importance du
droit de vote, cette animation aura pour
effet de faire naître chez l’un d’eux l’envie de devenir le président du pays dans
lequel il aura grandi. =
nadia Bijarch
7
élève dont je peux apprendre, c’est l’aboutissement de l’enseignement ». Sonia signe son
premier contrat de danse chez Air Style pour
se produire lors de Carte blanche à Jamel
Debbouze. Le suivant, c’est au Marrakech du
du jeudi 1er au mercredi 14 mars 2012
«Le hip-hop est une culture à part entière,
avec une expression artistique et des valeurs
au travers desquelles les jeunes peuvent s’épanouir. Cette culture est assez fréquente dans
les banlieues, car elle permet de s’exprimer
par le biais de l’art. Cependant, selon moi,
on ne doit pas forcément faire du hip-hop
quand on est de banlieue, car il y a d’autres
moyens, plus ou moins artistiques, de faire
passer un message.»
Aïda Ahamada, 20 ans
w w w.ville -la - courneuve.fr
29/02/12 14:47
grand Format
que veulent les jeunes ?
Virginie Salot
Confrontée à une précarité importante et à un environnement
complexe, la jeunesse courneuvienne se retrouve souvent désemparée.
Optimiste ou pessimiste, fonceuse ou insouciante, la jeunesse réfléchit à son avenir.
l
es jeunes sont les premières
victimes du chômage, des problèmes
de logement et de l’insécurité, selon
Alain Raimbaut, directeur général adjoint
des Services. Ils se prennent de plein fouet
toutes les difficultés sociales. Ils manquent
cruellement de perspectives au moment où
ils sont en train de construire leur vie. » Le
bilan statistique fait en effet froid dans le
dos. D’après les chiffres de l’Insee (2008),
31 % des actifs courneuviens de moins de
25 ans sont au chômage. Plus de la moitié (56 %) des salariés de cette tranche
d’âge exercent un emploi stable, quand
33 % travaillent à temps partiel. Autre marqueur de précarité : 54 % des bénéficiaires
du RSA à La Courneuve1 ont moins de
41 ans. Une situation critique que plus de
70 jeunes avaient décidé de prendre à brasle-corps, lors de la réunion publique de
préparation du Forum jeunes, au gymnase
El-Ouafi, le samedi 25 février. Au menu du
jour, six tables rondes, comme autant de thématiques animées par les agents communaux
des services Sports et Jeunesse et les bénévoles du Conseil local de la jeunesse : emploiformation, éducation-orientation, accès aux
loisirs et à la culture, logement, citoyenneté,
et sécurité. Objectifs prioritaires : débattre
des problématiques de la jeunesse et réfléchir
à des propositions concrètes pour le forum.
Sans surprise, les stands « emploi-formation »
et « éducation-orientation » étaient pris d’as-
saut. « L’emploi et l’orientation préoccupent en
premier les jeunes, confirme Cyril Tchanon,
21 ans, étudiant en master 1 de droit social à
Paris-XIII. Quand on voit le taux de chômage
chez les jeunes, ça fait peur. Je connais pas
mal d’étudiants qui se sont rendu compte qu’il
n’y avait pas de débouchés dans leur branche
à la fin de leur master 2. Ils ont été obligés de
recommencer leur cursus à zéro pour trouver
du travail. » Quand le projet professionnel n’a
pas été mûrement réfléchi, on s’expose en effet
à la dure réalité du monde du travail. Mais
encore faut-il tomber sur le bon interlocuteur.
Cissé 2, un entrepreneur de 26 ans, l’a appris
à ses dépens, quand il est allé à la rencontre
de la pépinière d’entreprises, il y a trois ans.
« J’avais l’impression de déranger, explique-t-il.
J’en suis sorti démoralisé. Je n’avais plus envie
d’entreprendre, tellement j’avais entendu d’arguments négatifs. Certains adultes ne prennent
pas les jeunes au sérieux. Ils les ralentissent
avec leurs discours castrateurs. Avant de penser à juger, ils devraient les accompagner. Les
jeunes doivent aller au bout de leur démarche
pour voir, de leurs propres yeux, si leur projet
est viable. C’est en faisant des erreurs qu’on
apprend. » D’où l’importance de réfléchir en
amont à son projet d’orientation. Or, d’après
Haroon Mandjourssa, adjoint au maire délégué à la Jeunesse, « la majorité des jeunes ne
sait pas où aller, quelle filière ou quel travail
choisir, quels sont les structures, les aides et
les dispositifs existants. Beaucoup ont perdu
confiance dans les institutions et préfèrent s’en
sortir par eux-mêmes. Avec le Forum jeunes,
nous désirons nous attaquer aux invisibles, à
ces jeunes qui ne fréquentent pas nos services ».
Si le Forum jeunes réussit à rétablir la relation
de confiance, le pari sera en partie gagné. =
dossier réalisé par Julien moschetti
1. Recensement du 31 décembre 2010.
2. Le prénom a été modifié pour des raisons de confidentialité.
« Tous les indicateurs de la jeunesse sont au rouge »
sociologue, chercheur au cnrs, michel Fize est spécialiste des questions de l’adolescence,
de la jeunesse et de la famille. entretien.
Regards : Que signifie être jeune
aujourd’hui ?
Michel Fize : Être jeune, au sens étroit du
terme, c’est avoir un certain âge et ne pas
être dans la responsabilité adulte qui vous
donne une pleine autonomie de vie. Un jeune
n’est pas autonome, poursuit ses études, n’a
pas encore fondé une famille et vit encore
chez ses parents. Il y a vingt ans, un jeune
avait entre 15 et 25 ans. Aujourd’hui, avec la
prolongation des études et le rétrécissement
du marché de l’emploi, on peut encore être
jeune à 28 ans, 30 ans, voire au-delà.
R. : C’est donc une notion péjorative ?
M. F. : Tout à fait. C’est pourquoi je prêche
pour une définition plus scientifique : avoir
au moins 15 ans, être dans une construction
de soi et de ses propres perspectives d’avenir.
Mais, être jeune, c’est aussi avoir des qualités
de dynamisme, de créativité, de spontanéité,
de remise en cause et d’intelligence. Les jeunes
détiennent plusieurs formes d’intelligence qui
les placent en position de supériorité par rapport aux adultes de 30, 40 ou 50 ans. Certains
adultes ont perdu une partie de leurs capacités
cognitives et de leur fraîcheur d’esprit.
regards
REGARDS 353.indd 8
8
R. : À quelles difficultés sont confrontés
les jeunes aujourd’hui ?
M. F. : La situation de la jeunesse, aujourd’hui,
est beaucoup plus compliquée que dans les
années 1970. Le dérèglement de la situation
des jeunes date du choc pétrolier de 1973.
La génération 2012 est inquiète, car tous les
indicateurs de la jeunesse sont au rouge : chômage massif (près de 25 % des jeunes actifs),
contrats de travail précaires, bas salaires qui
empêchent l’entrée dans un logement et l’accès à l’autonomie, exclusion scolaire massive
(17 % de la génération scolaire quittent l’école
du jeudi 1er au mercredi 14 mars 2012
sans diplôme). C’est donc une génération qui
a besoin d’être rassurée, soutenue, aidée. Ses
manifestations de violence sont avant tout
des manifestations de souffrance. Quand on
ne peut plus communiquer normalement et
qu’on est sûr qu’on n’a plus rien à perdre, on
se lance à bride abattue. =
inFos
Derniers ouvrages de Michel Fize :
Le Livre noir de la jeunesse (Presses de
la Renaissance, 2007), L’Adolescence
pour les nuls (First, 2010).
w w w.ville -la - courneuve.fr
29/02/12 14:47
les Parrains du Forum ont dit
rokhaya diallo, chroniqueuse radio et tv
Berthet one, dessinateur de Bd
«
«
V. S.
Les jeunes sont les premières victimes de la crise, la classe
d’âge la plus touchée par la pauvreté, d’après le Secours
catholique. C’est important de mettre en place des outils et des
dispositifs pour les aider, notamment sur le plan du chômage.
La jeunesse est tenue à l’écart de la sphère décisionnelle
en France. Elle n’a pas de voix, pas de relais médiatique et
politique. Notre pays ne respecte pas sa jeunesse. Or, un
pays qui ne donne pas sa chance aux jeunes n’est pas tourné vers l’avenir. Il faut des
mesures volontaristes pour changer cette situation. Par exemple, mettre fin au cumul des
mandats ou inciter les entreprises à recruter en priorité des jeunes.
»
10 mars
« La Courneuve laisse ses talents s’éparpiller »
V. S.
« Notre pays ne respecte pas sa jeunesse »
Le Forum est une belle initiative. Le maire va pouvoir
rencontrer les jeunes et débattre avec eux. J’espère qu’il
tiendra compte de leur avis pour mettre en place des
actions concrètes. J’aimerais que ce Forum débouche sur un
élargissement de l’accès à la culture pour les jeunes.
Par rapport à d’autres villes de Seine-Saint-Denis,
La Courneuve laisse un peu trop ses talents s’éparpiller.
Et pourtant, ce ne sont pas les artistes qui manquent. Il faudrait les mettre en avant,
un peu comme le rappeur Mac Tyer, à Aubervilliers, qui est soutenu par la mairie.
Ça permettrait de renforcer l’intérêt de la jeunesse pour la culture.
»
Un forum participatif… et décisionnel
Coorganisatrice du Forum jeunes du 10 mars prochain, la jeunesse courneuvienne a une occasion unique
de peser sur les décisions qui la concernent. À elle de s’en saisir.
V. S.
La réunion préparatoire du 25 février
dernier a vu la participation
de 70 jeunes.
a
ider les jeunes sur des questions où
la mairie n’a pas forcément l’habitude d’intervenir. » Voici un extrait de
l’appel à participation, signé par plus de 200
Courneuviens, dont 150 jeunes. Consciente
des difficultés actuelles de la jeunesse, la
municipalité a associé ses représentants au
processus de réflexion du Forum jeunes.
Objectif avoué : aboutir à des propositions
concrètes et novatrices. Les élus sont résolus à renforcer l’efficacité de leur action visà-vis des jeunes, quitte à aller au-delà de
leurs compétences habituelles. « Beaucoup
considèrent que l’aide de la municipalité n’est
pas suffisante, reconnaît Alain Raimbaut,
directeur général adjoint des Services, en
charge du pilotage du Forum jeunes. Ils ont
le sentiment que nous ne sommes pas assez
utiles en termes d’emploi, de formation ou
d’insertion. On doit pouvoir les aider à réussir leur vie, même si on n’a pas totalement la
main sur ces questions. La mairie représente
une puissance et un point d’appui non négligeables. On peut, par exemple, les aider sur
le plan de l’accompagnement individuel ou la
connaissance des dispositifs existants. » Un
comité de pilotage, composé de jeunes et
d’agents communaux, a préparé en amont le
forum, au cours de réunions de travail, pour
fixer les grandes orientations. La réunion du
19 janvier dernier a ainsi vu la participation
de 83 jeunes ; 17 ont également participé à
l’écriture de ce numéro de Regards. Une page
Facebook dédiée (« Jeunes La Courneuve »)
prolonge le débat sur la Toile. À la demande
des jeunes, l’événement sera parrainé par
deux figures courneuviennes : le dessinateur
Berthet One et la chroniqueuse Rokhaya Diallo.
« Le socle de la réussite du forum, c’est le
travail préparatoire, soutient Alain Raimbaut.
Ce n’est pas la fréquentation du 10 mars qui
m’intéresse, mais le nombre de jeunes qui ont
participé à la préparation. Si on ne sort pas du
forum avec des propositions concrètes, ce sera
un échec. » Ces propositions seront ensuite
transmises au maire, qui a volontairement
décalé le vote du budget, cette année, pour
pouvoir dégager, le cas échéant, des marges
supplémentaires. La balle est donc dans le
camp des jeunes. =
inFos
Atelier préparatoire au Forum jeunes,
pour les lycéens et les étudiants,
le lundi 5 mars, à 17h30,
au lycée Jacques-Brel.
Forum jeunes, samedi 10 mars, 15h,
salle des Fêtes de l’Hôtel de ville.
32 %
c’est le pourcentage de la population
courneuvienne qui a moins de 20 ans.
késako ?
Inspiré des clips d’animation des Têtes
à claques, le 1er épisode de la minisérie animée dédiée au Forum jeunes
crée le buzz grâce aux talentueux
comédiens de la troupe Babel.
Rendez-vous sur le Net pour la suite.
Le contrat courneuvien
pour la réussite
Cette ébauche de proposition est le fruit des réunions de préparation du
Forum jeunes. Il s’agirait d’un dispositif d’accompagnement individuel
pour aider les jeunes à concrétiser un projet de vie, avec le soutien humain
et financier de la Ville. Pour passer du conditionnel au concret, et en savoir
plus, rendez-vous le 10 mars.
regards
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9
du jeudi 1er au mercredi 14 mars 2012
w w w.ville -la - courneuve.fr
29/02/12 14:47
La clé, c’est faire confiance aux stagiaires
à votre service
« L’idée de l’expérience ne remplace nullement l’expérience », dit le philosophe Alain. Un stage
ne se résume pas toujours à apporter le café, faire des photocopies ou simplement valider notre
année d’études, lorsqu’il est obligatoire. Il peut participer à notre épanouissement intellectuel
et professionnel. Lors de mon stage à l’ambassade des États-Unis à Paris, j’ai pu appréhender
de nouvelles perspectives dans mes choix de carrière. La confiance accordée au stagiaire est
donc un facteur décisif dans la réussite d’un stage. De son côté, le stagiaire doit savoir faire
preuve d’initiatives. Son passage n’en sera que plus remarqué et contribuera peut-être à une
Akila Kridene. 23 ans
future embauche…»
stagiaires
médiathèques
Que sont-ils devenus ?
Tous mes médias
en un clic
Virginie Salot
Depuis 2004, quelque 2800 demandes de stages
professionnels dans un des services municipaux
ont été enregistrées.
Communication de la mairie m’a accueilli comme stagiaire dans le cadre du BTS
Communication des entreprises. Actions de communication, écriture d’articles,
travail avec le maquettiste…
J’ai fait plein de choses !»
explique Saïd, 25 ans,
chargé de clientèle pour
un collecteur d’abonnements presse.
Les collégiens, lycéens et
étudiants qui ont envie de
tenter leur chance à leur
Deux jeunes chanceux : Saïd a fait son stage au service
tour peuvent compter sur
Communication et Hélène au service Jeunesse.
le Point information jeuas facile de faire ses premiers pas nesse (PIJ) pour les accompagner dans cette
dans le monde professionnel, sur- démarche. Six agents ont pour mission de
tout lorsqu’il s’agit de décrocher un traiter les différentes demandes : aide à la
stage. Hélène, 24 ans, secrétaire au sein du rédaction de CV et de lettres de motivation,
Conseil général des Hauts-de-Seine, n’est pas et mise à disposition d’un annuaire pour
prête d’oublier celui qu’elle a suivi au service contacter les entreprises environnantes. En
Jeunesse, lors de la préparation du bac pro effet, les services municipaux ne peuvent
secrétariat : «Je pense que c’est grâce à cette expé- pas satisfaire toutes les candidatures qu’ils
rience que j’ai le poste que j’occupe aujourd’hui, reçoivent. Rien qu’en 2011, environ 200
car on m’a donné la chance de travailler dans demandes ont été enregistrées. Alors, mieux
une administration. » Et, heureusement, les vaut ne pas attendre la dernière minute pour
missions décrochées sont loin de ressembler déposer un dossier.=
à de vulgaires stages photocopie. « Le service
nadia Bijarch
P
regards
REGARDS 353.indd 10
10
L
Medi@tic, c’est magique. C’est l’accès à la culture,
sous toutes ses formes, gratuitement, depuis son écran.
l
a médiathèque John-Lennon, fermée
depuis janvier et jusqu’en octobre,
fait peau neuve. Les Courneuviens et
Courneuviennes, titulaires de la carte d’usager,
ont toutefois la possibilité de se rendre dans
l’une des 22 autres médiathèques du réseau
Plaine Commune, dont celles du centre-ville
ou de la Maison pour tous à La Courneuve.
Alternative : depuis octobre 2011, une plateforme numérique, véritable médiathèque
dématérialisée, est consultable via Internet.
Ce service en ligne permet de feuilleter ou
d’écouter, de chez soi, BD, livres, CD ou films
de son choix. Outre la possibilité de parcourir des ouvrages, de nombreux services sont
proposés aux abonnés : révision du Code
de la route, perfectionnement en langues
étrangères, formation en bureautique, soutien scolaire, consultation de dictionnaires,
découverte des collections du musée du Louvre,
suivi de conférences scientifiques, lecture de
la presse du jour, écoute de webradios ou de
livres audio, cours d’écriture de scénarii ou
d’éducation à l’image… Et tout cela, depuis
son ordinateur, à son rythme !
L’inscription à la plate-forme numérique est
gratuite. Il suffit d’être titulaire de la carte
des médiathèques et de se rendre auprès de
l’un des professionnels du réseau, qui attribue
du jeudi 1er au mercredi 14 mars 2012
à chaque usager Medi@tic un identifiant et
un mot de passe. Pour se connecter, reste à
cliquer, depuis le site des médiathèques de
l’agglomération, sur l’onglet Medi@tic ou se
rendre sur http://stream.cvs-mediatheques.com
et s’identifier. L’accès aux ressources se fait
en streaming : la lecture ou le visionnage des
documents a lieu en temps réel, au contraire
du téléchargement. En début de mois, un
crédit de 20 jetons est alloué à chaque utilisateur, sans toutefois qu’il puisse les cumuler
d’un mois sur l’autre. Le nombre de jetons
dépensés varie selon le type de produit dématérialisé, consulté à chaque connexion. Le
porte-monnaie virtuel peut d’ailleurs être
doté d’un crédit supplémentaire pour l’accès
à certains services. Bref, Medi@tic, c’est une
révolution !=
ariane servain
La lecture, éveil de l’âme
«La lecture est un divertissement procurant
un plaisir qui nous détourne du réel, favorisant ainsi l’oubli du stress du quotidien.
Une aide précieuse pour apprendre à s’exprimer et à penser. Les livres permettent de
forger l’esprit critique par la confrontation
entre les idées ou les idéologies, apportant
des inspirations nouvelles qui enrichissent
notre culture. Tout n’est pas toujours bon à
prendre, mais la lecture est un éveil de l’âme
et du cœur. Une jouissance de la pensée et
Frédéric Robouant, 22 ans
des sentiments.»
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sPort | culture | loisirs
600 siècles vous sourient
Le banquet des seniors, les 23 et 24 février, a réuni plus de 800 convives au gymnase Antonin-Magne.
Multipliez ce chiffre par le nombre d’années au compteur de chacun : vous aurez le vertige.
+
Photos : www.ville-la-courneuve.fr
Germaine Lamand, 96 ans,
doyenne du banquet du
23 février, entourée de
Gilles Poux et de l’équipe de
l’Ehpad, où elle réside. « On
savoure d’autant plus cette
sortie qu’elles sont rares »,
commente Fernande, 93 ans,
une autre résidente.
La démonstration de l’atelier country du club Cachin
attire les curieux.
Mets savoureux et service impeccable.
Le 23 février, Yvette (76 ans), Daniel
(62 ans) et Guy (86 ans) reçoivent un
petit cadeau siglé Inès de la Fressange,
de la part de la municipalité, pour leurs
anniversaires respectifs. Le lendemain,
Raymond fête ses 65 ans.
Serge Herrero, conseiller
municipal délégué aux Seniors,
et le maire font le tour des tables.
Certains passent plus de temps
sur la piste qu’à table.
À votre santé,
messieurs-dames !
Dépossédé quelques
minutes de son micro,
notre crooner latino
savoure avec la salle la
version française d’un de
ses standards.
Nous passerons tous par cette étape
«Le 3e âge, on en parle avec distance, mais, finalement, nous passerons tous par cette
étape. Pour ma part, je le fais pour me protéger : quoi de plus effrayant que le temps
qui passe et qu’on ne peut maîtriser ? Qui dit vieillesse dit mort. Or, vieillesse rime aussi
avec sagesse, bien que celle-ci n’attende pas nécessairement le nombre des années.
Si je tourne en rond, c’est pour dire que les vieux, c’est nous, au futur. Ne ferions-nous
donc pas mieux de nous intéresser un peu plus à eux ?»
Jessica Zaïdi, 19 ans
Photos : virginie salot
légendes : Yann lalande
regards
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du jeudi 1er au mercredi 14 mars 2012
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sPort | culture | loisirs
Football us
Amérique, Flash devant !
La Ville, le Flash et l’AFS* permettent à six joueurs, cadets ou juniors, de partir étudier un an au pays
du football américain. Départ prévu cet été.
Virginie Salot
Hicham, Samba, Menad, Samir, Hugo
et Mamoudou sont sélectionnés pour
partir étudier aux Etats-Unis, le temps
d’une année scolaire.
e
n apprenant la nouvelle, les sélectionnés du programme High School
ont sauté de joie. Ce n’est pas tous
les jours qu’une telle aventure leur est proposée. Les six footballeurs en ont pleine-
ment conscience. « C’est une opportunité en
or, s’exclame Hicham. Ce n’est pas donné à
qui veut. Pour rien au monde, je ne gâcherais
ça ! » Ses acolytes, Samba, Samir, Hugo,
Menad et Mamoudou, sont tout aussi
réjouis. « Ce voyage va changer notre vie. On
va découvrir une culture que nous ne voyons
qu’à la télé, on va devoir parler anglais nonstop, on va jouer au football avec les rois de
ce sport. C’est un truc de dingue », reconnaît Menad. Mais, évidemment, même si
l’enthousiasme fait l’unanimité, l’appréhension se fait sentir. « J’ai un peu peur de
l’inconnu quand même, avoue Hugo. Mais
on ne pourra que progresser, on va vivre une
belle année. Je suis relativement confiant. »
Sur place, ils seront hébergés dans des
familles d’accueil. Les différentes destinations ne sont pas encore connues. Les
jeunes seront totalement immergés dans
la vie locale américaine. À plus de 6 000
kilomètres de Paris, loin de leur famille,
ils devront s’intégrer sur les campus qu’ils
fréquenteront, assisteront aux cours uniquement en anglais et devront surtout
réussir à entrer dans une équipe de football. « Ce ne seront pas des vacances, leur
rappelle Vincent Bertet, coordinateur du
projet. Vous ne serez pas à New York City. Vous
serez tous probablement dispatchés; vous ne
serez pas dans le même État. C’est un voyage
éducatif. » Tous les frais sont pris en charge
par le Dispositif de réussite éducative (DRE).
Il ne reste plus qu’à régler la paperasse.
Car, pas de passeport, pas de voyage. Ce
serait dommage ! = isabelle meurisse
* AFS Vivre sans frontière : association loi 1901 à
but non lucratif, reconnue d’utilité publique, qui
œuvre au rapprochement des cultures du monde
à travers l’organisation de programmes éducatifs
à caractère interculturel.
Le Flash aux States, une aubaine !
«Ce projet est une aubaine pour les joueurs
sélectionnés. Ils vont avoir la chance de
découvrir une société qui diffère de la nôtre
par sa culture, et surtout par son système
éducatif qui favorise les activités extra-scolaires, et notamment le sport. Le football
va leur permettre de se rapprocher du rêve
de tout athlète : jouer au plus haut niveau
de sa discipline. Ayant participé à un camp
football, l’été dernier, dans l’Idaho, je pense
que ce projet est l’opportunité de leur vie. Je
suis vraiment de tout cœur avec mes frères,
comme Minidou, qui partiront !»
Anthony Mahoungou, 18 ans
taekwondo
Docteur Célia & Miss Dobok*
Résultats sportifs
Une fois sur le tatami, la médaillée de bronze des championnats
de France cadets se déchaîne.
B
N’ayez pas froid aux yeux, les filles !
Lionel Messi, Alain Bernard ou encore Usain
Bolt : tous ces noms font rêver les jeunes
amateurs de sport. Mais le sport de haut
niveau n’est pas qu’une partie de plaisir, il
faut s’y investir à fond et ne rien lâcher. Pour
beaucoup de sportifs aujourd’hui, leur brillant
parcours a été défini par leur volonté et leur
envie d’être le meilleur… ou la meilleure. En
effet, en 2009, 37 % des sportifs de haut
niveau étaient des femmes. Donc, mesdemoiselles, n’ayez pas froid aux yeux : le monde
du sport vous ouvre ses portes.
Leslee Dovin, 18 ans
onne élève, souriante, polie, Célia
Bensalem est sérieuse derrière ses
lunettes. Concentrée, pugnace et
vive comme l’éclair, Célia Bensalem est
furieuse sur le tatami. Pour son entraîneur, Willy Porfal, le contraste n’est qu’apparent entre les deux Célia : « Beaucoup
pensent qu’au taekwondo, on se contente de
balancer des coups de pied, mais, en combat,
il faut être précis et développer beaucoup de
stratégie. Célia, en plus d’être très attentive,
réfléchit énormément. C’est une qualité. Du
coup, après deux ans et demi de pratique,
elle a déjà intégré le Centre Fédéral Espoir
et l’équipe de France. » À la liste des qualiregards
REGARDS 353.indd 12
12
tés de Miss Bensalem, il faudrait ajouter
sa volonté de partager son expérience
avec ses nombreux jeunes camarades du
T’ndo Club courneuvien. Alors, qu’est-ce
qui a poussé cette jeune fille modèle vers
l’art martial coréen ? « J’allais assister aux
compétitions de Wassin, mon grand frère
[il participera prochainement à l’Open de
Belgique]. C’est comme ça que m’est venue
l’envie, explique simplement Célia. Quand
je combats, je me relâche et j’ai toujours envie
de gagner. J’aime bien aussi me confronter aux
garçons, à l’entraînement. Eux font attention
à moi, mais moi, j’y vais à fond. » Si Célia a
fait la fierté de ses parents avec sa sélection
en équipe de France, elle est aussi une formidable locomotive pour un club en plein
renouveau. « Nous comptons 92 licenciés,
dont 80 % ont moins de 14 ans, lance avec
un grand sourire la présidente du T’ndo
Club, Rose-Marie Dos Santos. Pour nous,
c’est un record. Vu les bons résultats de certains, on a même dû consacrer un créneau à
l’approche de la compétition. Les filles sont à
l’honneur. Alors, la présidente que je suis est
particulièrement contente. La relève sportive
est assurée. » Gwladys Epangue, médaille
d’or en poche, pourra prendre paisiblement
sa retraite après les Jeux olympiques de
Londres : le T’ndo Club courneuvien est
en passe de se trouver une nouvelle source
d’inspiration.=
Yann lalande
* Dobok : tenue de taekwondoïste.
du jeudi 1er au mercredi 14 mars 2012
Basket-ball
® Seniors masculins, Honneur région,
La Courneuve-Sartrouville : 40-89
® Seniors masculins, Nationale 3, Union
Saint-Denis-La Courneuve – Le Mée : 92-72
Thierry Mamberti
Anne-Cécile guthmann
Désormais, pour
Célia Bensalem,
l’objectif est de
participer aux
championnats
d’Europe cadets
en juillet 2013.
Week-end des 18 et 19 février
volley-ball
® Seniors masculins, Régionale 3,
Corbeil-La Courneuve : 2-3
Futsal
® -17 ans, Division régionale,
Créteil-La Courneuve : 5-0
Week-end des 25 et 26 février
Football américain
® Championnat de France élite,
Flash-Spartiates : 14-20
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sPort | culture | loisirs
à l’étoile
musique
Peu d’ados sur la voie Ferré
tous les films du 1er au 14 mars 2012
1, allée du Progrès - Tramway Hôtel de ville
Tous les films sur répondeur au 01 48 35 23 04
Pour ses Journées amplifiées vol.9, l’association Zebrock est venue, le 7 février,
à La Courneuve évoquer les connaissances musicales des adolescents de banlieue.
Fabrice gaboriau
classes de 4e et 3e de six collèges différents.
« La musique est une des pratiques culturelles
les plus répandues dans cette tranche d’âge,
affirme le conférencier, spécialisé dans les
questions d’échec scolaire et de socialisation culturelle. Mais près d’un tiers des élèves
ne connaissent ni Brassens ni Ferré. Cela ne
veut pas dire que les familles populaires ne
transmettent rien. Le problème des inégalités
se joue sur l’appropriation de différents genres
musicaux, et non pas sur l’accès à la musique.
Les jeunes des milieux les plus paupérisés ne
font pas la différence entre aimer et connaître.
Ils n’écoutent que ce qu’ils connaissent. Il est
donc essentiel de fournir aux jeunes l’occasion
de rencontrer des répertoires différents. Quitte à
ce qu’ils n’apprécient pas. » À la suite de cette
intervention enrichissante, conférences et
tables rondes se sont succédé, pour terminer
la journée en musique avec un concert de
sonorités balkaniques et orientales.=
Pendant quatre ans, Stéphane Bonnéry a étudié les pratiques et connaissances
musicales des adolescents de banlieues populaires.
r
éunis la veille, le 6 février, à l’université Paris-VIII de Saint-Denis,
Courneuviens, musiciens, universitaires et journalistes ont pris possession
de la salle Mentor, à l’espace jeunesse GuyMôquet. « À La Courneuve, il y a une constellation de cultures et de savoirs. Cette ville est
riche par sa diversité. Il était intéressant de se
retrouver ensemble ici », confie Edgard Garcia,
isabelle meurisse
directeur de l’association Zebrock. Stéphane
Bonnéry, maître de conférences en sciences
de l’éducation à la faculté de Saint-Denis,
a ouvert le bal. Premier thème de la matinée : les pratiques musicales des adolescents
de banlieues populaires. Qui écoute quoi ?
Pendant quatre ans, Stéphane Bonnéry a
mené l’enquête au sein des classes participant à Zebrock au bahut, soit dans des
Des principes et des valeurs
« J’ai commencé à écouter mes premières
musiques sur Skyrock. J’ai toujours adoré le
hip-hop des années 1990. Depuis peu, je
ne veux plus les écouter. J’ai commencé à
pratiquer le Falun Dafa. C’est une méthode
de Qi Gong, et il y a trois principes fondamentaux : la Vérité, la Bonté et la Patience.
Je suis déçu de voir que les textes que je
connaissais par cœur à l’époque sont tous à
l’opposé de ces principes, qui sont pour moi
les plus respectables qui existent. Depuis,
David Bleibtreu, 19 ans
j’écoute Shen Yun. »
et sur www.ville-la-courneuve.fr
D Soirée découverte, tarif unique 3e
J Film Jeune public
AD : présentation en avant-première des films
«d’Actualités démocratiques»
Prix : tarif plein 5,50e - tarif réduit 4,50e - tarif
abonné 4e - tarif abonné jeune public, groupes 2,40e
- associations 3,50e - Tarif unique : 4,55e à toutes les
séances du mercredi et celles de 15h et 18h le vendredi.
J les goonies
états-Unis, 1985, 1h54 (VF). De Richard Donner, avec
Josh Brolin, Jeff Cohen, Corey Feldman. Ven.2 à
14h30, sam.3 à 14h30, dim.4 à 14h30.
la vérité si je mens ! 3
France, 2012, 1h59. De Thomas Gilou, avec José Garcia,
Richard Anconina. Ven.2 à 16h30, sam.3 à 20h30,
dim.4 à 18h30, lun.5 à 18h30, mar.6 à 20h30.
la désintégration
France, 2012, 1h18. De Philippe Faucon, avec Rashid
Debbouze, Yassine Azzouz. Ven.2 à 18h30, sam.3 à
16h30, dim.4 à 16h30, lun.5 à 20h30
D.
en secret
Iran, 2012, 1h45 (VO). De Maryam Keshavarz, avec
Nikohl Boosheri, Sarah Kazemy.  . Ven.2 à 20h30,
sam.3 à 18h30, mar.6 à 18h30.
J le jardinier qui voulait être roi
République Tchèque, 2012, 1h05 (2D et 3D).
Programme de 2 courts-métrages : L’Histoire
du chapeau à plume de geai, de Kristina
Dufková, et La raison et la chance, de David
Súkup. Mer.7 à 14h30 (2D), sam.10 à 14h30 (3D),
dim.11 à 14h30 (3D).
Filmer le Politique
la dame de fer
Grande-Bretagne, 2012, 1h44 (VO). De Phyllida Lloyd,
avec Meryl Streep, Jim Broadbent.  . Mer.7 à 16h,
ven.9 à 16h30, sam.10 à 20h30, dim.11 à 16h,
lun.12 à 18h30, mar.13 à 20h30.
les chants de mandrin
France, 2011, 1h37. De Rabah Ameur-Zaïmeche, avec
Rabah Ameur-Zaïmeche, Abel Jafri. Prix Jean Vigo
2011. Mer.7 à 18h30, ven.9 à 18h30, lun.12 à
20h30
théâtre
tahrir, place de la libération
D’une beauté tragique
Italie, 2012, 1h30 (VO). De Stefano Savona. Mer.7 à
20h30, dim.11 à 18h, mar.13 à 18h30.
Journée internationale des Femmes
Après le mythe de Babel, la compagnie en résidence Eltho, d’Élise Chatauret,
dépoussière Antigone de Sophocle. Un grand classique, pas si classique.
F
ut une époque où l’on parlait plus
de la Grèce pour ses grandes tragédies antiques que pour sa dette
abyssale et ses dramatiques conséquences.
Antigone, Sophocle ? Vous avez forcément
entendu parler, mais comme Casey, chanteuse rap, vous n’en gardez peut-être pas
un souvenir impérissable : « Sophocle, j’avais
vu au collège, mais ça ne m’intéressait pas,
confesse celle qui interprète le chœur dans
la pièce. Aujourd’hui, j’y suis plus sensible.
Le rap m’a fait m’intéresser au verbe d’autres
Le théâtre est à la portée de tous
« On a tendance à caricaturer le théâtre en
pensant qu’il s’adresse exclusivement aux
sexagénaires cherchant à rire devant des
acteurs habillés en costumes d’époque.
Mais, en réalité, le théâtre est bien plus fort,
complexe et évolué que cela. Il s’agit, pour
l’acteur, de recréer un sentiment dans le but
de transmettre une émotion au public, que
ce soit de la joie, de la pitié, de la tristesse
ou du dégoût. L’enjeu est donc de trouver
un juste milieu, de rendre une scène captivante, sans pour autant surjouer et perdre
Anaïs Girault, 17 ans
en crédibilité. »
auteurs. Maintenant, Sophocle fait partie de
ce pan de la culture élitiste qui fait peur. Je
me souviens, ça n’avait pas l’air d’être fait
pour nous. Alors qu’en fait, c’est bien écrit,
c’est précis et tu prends des tartes. C’est de
la dramaturgie et, dans les quartiers, nous
sommes des grands dramaturges. »
Pour résumer la pièce, Antigone, au risque
de sa vie, s’oppose à son oncle Créon, roi
de la cité. Son frère, Polynice, pour avoir
combattu contre la cité, a été condamné
par Créon à ne pas recevoir de sépulture.
Antigone désobéit et enterre son frère.
L’impatience et l’impossibilité du compromis sont au cœur de cette œuvre radicale. « On suit le fil du mythe développé dans
Babel, avec ce va-et-vient entre l’individuel et
le collectif, précise élise Chatauret, metteur
en scène. C’est d’autant plus intéressant de
poser cette question universelle et intemporelle à La Courneuve, avec ces acteurs-là. »
Cinq acteurs courneuviens de la troupe
Babel sont au rendez-vous d’Antigone,
dont Aziza Melas-Ouali, qui interprète
le rôle-titre. « Jouer Antigone, je ne m’y
attendais pas, déclare la jeune femme. Je
ne pensais pas avoir assez d’expérience pour
jouer ce rôle, énorme. C’est du Sophocle, et
regards
REGARDS 353.indd 13
D.
13
correspondances
Sophocle, c’est la base du théâtre. Interpréter
Antigone pour mon troisième rôle, ça vient
tôt. Je travaille trois fois plus qu’avant. » Un
défi qui suscite l’admiration de Casey :
« J’ai rencontré la troupe Babel pendant ma
résidence ici. Pour moi, ce sont des ovnis. Ils
viennent de quartiers et ils font du théâtre
classique. Ils défient toutes les statistiques.
Je suis en admiration devant cette prise de
risque. Ils tentent des choses que beaucoup
disent ne pas être faites pour eux. »
Acteurs iconoclastes, chœur déclamé en
rap, musique électrique (par Marc Sens)
et histoire universelle, Antigone semble
traverser les siècles sans encombre.=
Yann lalande
inFos
Antigone, de Sophocle, créé au centre
culturel Jean-Houdremont,
avec le soutien de la ville de La
Courneuve et du Conseil général.
Mise en scène : Élise Chatauret. Centre
culturel Jean-Houdremont, les 27, 28 et
30 mars à 20h30, les 29 et 30 mars à
14h30. Entrée : 10€ ; réduit : 5€.
Réservations au 01 49 92 61 61
ou [email protected]
du jeudi 1er au mercredi 14 mars 2012
France/Mali, 2010, 58mn. De Laurence Petit-Jouvet.
(Projection suivie d’un débat avec la réalisatrice et
le Comité courneuvien de promotion des droits des
femmes.)  . Ven.9 à 13h30.
être enFerme en France auJourd’hui
à l’ombre de la république
France, 2012, 1h40. De Stéphane Mercurio. Projection
exceptionnelle en sortie nationale, suivie d’un débat
avec Stéphane Mercurio, réalisatrice, Jean-Marie
Delarue, Contrôleur général des lieux de privation
de liberté, Loïc Wacquant, sociologue. En partenariat
avec le journal L’Envolée et la librairie La Traverse.)
Projection unique, tarif : 3€. Ven.9 à 20h30.
BoXeuse, une education a l’engagement
million dollar Baby
états-Unis, 2005, 2h12 (VO). De Clint Eastwood,
avec Clint Eastwood, Morgan Freeman, Hilary Swank.
Projection suivie d’une rencontre-débat entre des
boxeuses et le sociologue Loïc Wacquant. Sam.10
à 16h.
J tomboy
France, 2011, 1h22. De Céline Sciamma, avec Zoé
Héran, Malonn Lévana.  Mer.14 à 14h30.
corpo celeste
Italie, 2011, 1h40 (VO). D’Alice Rohrwacher, avec
Yle Vianello, Salvatore Cantalupo. Quinzaine des
réalisateurs, Festival de Cannes 2011.  Mer.14 à
18h30.
les infidèles
France, 2012, 1h47. De Jean Dujardin, Gilles Lellouche,
Emmanuelle Bercot, Fred Cavayé, Michel Hazanavicius,
Éric Lartigau, Alexandre Courtès, avec Jean Dujardin,
Gilles Lellouche. Mer.14 à 16h30 et 20h30.
 Dans le cadre de « Portraits de femmes d’ici ou d’ailleurs ».
Tarif : 3€ pour les spectatrices.
 Dans le cadre de « Portraits de femmes d’ici ou d’ailleurs ».
Tarif unique : 3€
 Dans le cadre de « Portraits de femmes d’ici ou d’ailleurs ».
Entrée libre.
w w w.ville -la - courneuve.fr
29/02/12 14:48
Bloc-notes
état civil
naissances
Janvier
26 • Aaqil Lindor
27 • Ilyès El-Harrak
27 • Housni Saadi
27 • Ashwin Shanthasooruban
28 • Zahra Mohammad Ahsan
28 • Aaron Sharma
29 • Madymaro Soukouna
30 • Elayan Mbae
30 • Maelys Selimovic
31 • Lovely Selimovic
numéros utiles
Urgences
depuis un fixe)
Permanences
le mercredi sur
Bodokh.
Pompiers : 18
Commissariat
des élus
rendez-vous
74, av. Jean-Jaurès
Police-secours : 17
de police :
• M. le maire, Gilles
au 01 43 93 93 75.
à Pantin
décès
SAMU : 15
place du Pommier-
Poux, reçoit sur
Plaine Commune
Tél.: 01 48 45 01 46
• Néant
Centre anti-poison :
de-bois
rendez-vous au
21, av. J.-Rimet
Collecte
Hôpital Fernand-
Tél.: 01 43 11 77 30
01 49 92 60 00.
93218 Saint-Denis
des déchets
Widal
Mairie
• M. le député Daniel
cedex
Tél.: 01 40 05 48 48
Tél.: 01 49 92 60 00,
Goldberg reçoit en
Tél.: 01 55 93 55 55
SOS médecins :
du lundi au vendredi
mairie sur rendez-vous
Marché couvert
24h/24 et 7 jours/7
de 8h30 à 12h et de
au 01 40 63 93 26,
des Quatre-Routes
Tél.: 08 20 33 24 24
13h30 à 17h; samedi
ainsi que sans
Les mardis, vendredis
Antenne Alzheimer
de 8h30 à 12h.
rendez-vous tous les 2e
et dimanches matin
de La Courneuve :
Incivilités, troubles du
vendredis du mois de
Dépannages
Assurance retraite
06 21 21 39 35
voisinage, atteintes
16h à 18h (après 17h,
EDF: 0 810 333 093
depuis le 1er juillet
ou 06 21 21 39 38
aux personnes et aux
entrée côté square
GDF: 0 810 433 093
un nouveau numéro
Solitude écoute
biens: un interlocuteur
Jean-Moulin
Pharmacie
est à votre disposition:
(pour les plus de
à votre écoute, au
• M. le conseiller
de garde
39 60 (2,8 centimes
50 ans) N° Vert 0
0 800 54 76 98 (appel
général, Stéphane
Tous les dimanches
d’euro en heures
800 47 47 88 (gratuit
gratuit).
Troussel, reçoit
et jours fériés 2012:
pleines).
mariages
• Rim Sneck
et Faouzi Hassouni
Février
1er • Yassine Khezzani
Petites annonces
attention ! Les annonces sont publiées sous la responsabilité de leurs auteurs.
Cependant la rédaction de Regards se réserve la possibilité de refuser une
annonce dont les termes induiraient un non respect de la loi, par exemple en
matière d’emploi ( la législation interdit d’employer ou de travailler « au noir » ).
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classe de neige).
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-50 % en mars
En dédommagement des désagréments subis par les voyageurs, ces derniers mois, sur
la ligne B du RER, et à la demande de Muriel Tendron-Fayt, adjointe au maire de La
Courneuve, et des élus de Plaine Commune, la RATP et la SNCF ont décidé d’effectuer
un geste commercial en appliquant une réduction de 50 % sur le prix des forfaits
Navigo, Imagine R et Solidarité transport pour le mois de mars 2012.
inFos
Pour plus de précisions, se renseigner en gare.
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regards
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14
du jeudi 1er au mercredi 14 mars 2012
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agenda
10 mars
carton ou 10e les 6 ; 2e le ticket
de tombola.
spectacles de danse
Dans un premier temps, les spectateurs
profiteront d’Un rebond dans la tête,
duo entre Hervé Sika et la danseuse
contemporaine Elsa Cogan. Puis viendra
le tour de la compagnie en résidence
Philippe Ménard, avec son spectacle
Ridi ! Pagliaccio !
Centre culturel Jean-Houdremont,
à 18h. Tarifs : 10e et 5e (réduit).
Jusqu’au 11 mars
Une exposition photographique qui
témoigne aussi bien du rôle des femmes
que de l’exploitation par l’homme des
richesses de la mer.
daisy stoir et mister not’
Spectacle théâtral et musical.
Centre culturel Jean-Houdremont,
à 14h30 les 1er et 2 mars, et à 16h
le 3 mars.
2 mars
la caravane de l’eau
Venez visiter la caravane de l’eau, le
bassin de rétention, les canalisations
d’égouts (avec des bottes) et assister à
une projection sur l’eau. Cet événement
est organisé par le Mouvement
national de lutte pour l’environnement
et l’association La Courneuve
Environnement.
Bassin de la Molette,
de 10h à 12h. Accès : bus 249,
arrêt « Centre des essences ».
du 2 au 10 mars
Inscription et envoi du CV à mde.
[email protected]
9 mars
à l’ombre de la république
Projection du film de Stéphane Mercurio
sur l’univers carcéral, suivie d’une
rencontre en présence de la réalisatrice,
de Jean-Marie Delarue, Contrôleur
général des lieux de privation de liberté,
et du sociologue Loïc Wacquant.
Cinéma L’Étoile, 1, allée du Progrès,
à 20h30. Tarif : 3e.
+inFos Page 6
10 mars
Forum jeunes
Salle des fêtes de l’Hôtel de ville, à 15h.
+inFos Pages 8-9
10 mars
rencontre
avec Yves Frémion
droits des femmes
Série d’initiatives diverses organisées
dans le cadre de la Journée
internationale des femmes.
+inFos Page 6
Parc départemental Georges-Valbon.
Renseignements au 01 43 11 13 00.
11 mars
visite de saint-germaindes-Prés
Claude Bost organise une visite de SaintGermain-des-Prés et de ses alentours.
Rendez-vous, avant 14h, devant la
gare du RER B (angle Victor-Hugo/
Pasteur), muni de votre titre de
transport.
Boxeuse, une éducation
à l’engagement
Tous les lycéens et étudiants sont invités
à préparer le forum jeunes du 10 mars.
Dans le cadre de « Portraits de femmes
d’ici ou d’ailleurs », projection du film
Million Dollar Baby, de Clint Eastwood,
suivie d’un débat entre des boxeuses et
Natacha Lapeyroux, sociologue.
Librairie La Traverse,
7, allée des Tilleuls, à 16h.
Parc départemental
Georges-Valbon, de 15h à 16h30.
Inscription obligatoire
au 01 43 11 13 00.
12 mars
Pétition Priorité
à nos enfants
Championnat de france Élite, flash-Black
Panthers.
loto et tombola
Rendez-vous au rectorat, à 14h,
4, rue Georges-Enesco à Créteil.
10 mars
volley-ball
Seniors masculins, Régionale 3,
La Courneuve-Eaubonne.
15
du jeudi 1er au mercredi 14 mars 2012
Basket-ball
Gymnase Antonin-Magne, à 15h30.
Préau de l’école élémentaire PaulDoumer, à partir de 18h. Tarifs : 2e le
Gymnase Béatrice-Hess, à 19h.
18 mars
Seniors masculins, Honneur région,
La Courneuve - Saint-Leu.
L’association des parents d’élèves du
groupe scolaire Paul-Doumer organise
un loto et une tombola. Lots à gagner :
vols en direction de 29 destinations
européennes, tablette tactile, panier
« bien-être »…
Stade Géo-André, à 19h.
Projection du film L’Oncle Charles,
d’Étienne Chatiliez. Avant-première en
présence du réalisateur et de l’équipe
du film.
Cinéma L’Étoile, 1, allée du Progrès,
à 20h30.
Le maire et les élus invitent les
Courneuviens au rectorat de Créteil.
16 mars
REGARDS 353.indd 15
Le député de Seine-Saint-Denis viendra
présenter son dernier livre, Ici,
le futur a commencé, et en débattre.
avant-première
Centre culturel Jean-Houdremont,
à 17h.
Cinéma L’Étoile, 1, allée du Progrès,
à 16h. Tarif : 3e.
regards
daniel goldberg
à la traverse
La séance commence par un
échauffement et se termine par des
étirements. Prévoyez de bonnes
chaussures basses.
Football américain
Salle Philippe-Roux, de 9h30 à 12h.
17 mars
marche nordique
10 mars
Cet événement sera l’occasion de
s’informer sur les secteurs qui recrutent,
notamment les métiers de l’hôtellerierestauration.
Cinéma L’Étoile, 1, allée du Progrès,
à 20h30. Tarif : 3e.
17 mars
Les nouveaux électeurs recevront
leur carte.
initiative emploi
Projection du film documentaire de JeanMichel Carré et Jill Emery, Le Système
Poutine, suivie d’un débat avec Stratis
Vouyoucas, enseignant de cinéma.
11 mars
cérémonie de remise
des cartes électorales
8 mars
Filmer le politique
Les enfants des centres de loisirs, inscrits
au programme d’éducation à la musique
initié par la Cité de la musique, seront
sur le devant de la scène.
atelier préparatoire
au Forum jeunes
Hôtel de ville, à 18h30.
Librairie La Traverse, 7, allée des
Tilleuls, à 18h.
concert de
l’orchestre demos
Librairie La Traverse,
7, allée des Tilleuls, à 15h.
10 mars
6 mars
Dans le cadre du Printemps des poètes,
la librairie courneuvienne accueillera le
poète Karim Bellil et le slameur Hocine
Ben.
11 mars
Le collaborateur de Fluide glacial vient
à la rencontre des Courneuviens.
5 mars
Lycée Jacques-Brel, de 17h30
à 19h30.
+inFos Pages 8-9
rencontre avec karim
Bellil et hocine Ben
16 mars
Femmes et mers
1er, 2 et 3 mars
16 mars
Jusqu’au 22 mai
exposition 1912-2012 : cent
ans de logement social
Salle de la Légion-d’Honneur, 6, rue
de la Légion-d’Honneur, à SaintDenis. Entrée libre du mardi au
dimanche, de 10h à 18h.
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un certain regard
Abdellah Sleblab, chercheur
« Mon père rapportait souvent
des revues scientifiques du travail »
J’ai grandi à Aubervilliers, puis mes
parents se sont installés à La Courneuve,
dans le quartier de la mairie. Issu d’une
famille de huit enfants, je suis l’aîné. Je n’ai
pas toujours été un élève exemplaire, mais
j’ai toujours eu de bonnes moyennes. J’ai
même été difficile à gérer, je pense, pendant l’adolescence. Je ne sais plus comment
m’est venue l’envie de devenir chercheur,
car je n’étais pas un premier de la classe.
En revanche, je suivais à l’école, j’étais
curieux, même trop… Du genre à faire de
petites expériences, comme mettre des
trucs dans le four et voir s’ils allaient se
transformer. Je voulais changer mon vélo en
voiture, pour qu’il soit plus rapide, avec des
bricoles, du carton… Ça ne marchait jamais,
évidemment. J’ai eu une enfance normale,
en somme ! (Rires) Mon père rapportait
souvent des revues scientifiques du travail,
comme Science & Vie et bien d’autres du
même genre. Des chercheurs venaient manger dans son restaurant et ils y laissaient
leurs revues. Elles ont éveillé et entretenu
ma curiosité. J’avais envie de passer de
l’autre côté du magazine, d’écrire aussi.
de douze à quatorze ans, j’ai vécu en
Tunisie, à Djerba, car ma grand-mère était
seule là-bas. J’y ai fait mon collège et je
suis revenu faire mon lycée en France. Je
suis retourné en Tunisie l’année de mon
bac, puis j’ai fait ma licence à Jussieu,
car elle m’a semblé intéressante et avantageuse. À un moment, j’ai voulu passer le
Capes. Mais mon entourage me poussait à
continuer les études tant que je le pouvais,
me disant que c’était dommage d’arrêter là
pour devenir enseignant. Alors, au bout de
trois mois, j’ai stoppé et je me suis inscrit
en maîtrise. À cette époque, je n’arrivais
plus à m’arrêter d’étudier. Mais, financièrement, il fallait que je travaille pour l’argent de poche, partir en vacances, aider
Virginie Salot
Il fait un travail d’orfèvre, mais pas
comme on l’imagine : il transforme
l’or à l’échelle nanométrique. À seulement 29 ans, Abdellah, diplômé
de l’École normale supérieure de
Cachan (doctorat en 2010), travaille
à Polytechnique et y enseigne. Il
a été désigné « étudiant de l’année » lors de la soirée des Mises à
l’honneur, le 9 décembre 2011. La
recherche est aujourd’hui au cœur
de sa vie. Un modèle pour ses sept
frères et sœurs, mais aussi pour
ceux qui l’entourent.
à la maison. J’ai fait de la manutention
chez Carrefour pendant quatre ans, cela
m’a bien aidé.
« il faut savoir
rester ancré
dans la réalité »
en master I, j’étais en stage à l’université
de Villetaneuse, dans leur laboratoire de
physique, qui travaillait sur le laser. J’ai été
passionné tout de suite, j’ai eu l’impression
d’apporter quelque chose. En master II, j’ai
obtenu mon stage à l’ENS Cachan, où j’ai
travaillé sur les LED durant six mois. Alors,
satisfaits de moi, de ma rigueur et du travail
rendu, mes professeurs m’ont proposé de
faire une thèse de doctorat, au sein même
de l’ENS. Le temps passe super vite, même
s’il faut être patient quand on est chercheur.
Durant trois ans, j’ai travaillé sur la photoluminescence des nanodiamants enrobés d’or
et de diamants. J’ai aidé à démontrer leurs
33, avenue Gabriel-Péri - 93126 La Courneuve Cedex
Tél. : 01 49 92 61 40 - Fax: 01 49 92 62 12
Web : www.ville-la-courneuve.fr
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capacités lumineuses et optiques extraordinaires. Pour la seconde partie, c’est plus de
la biologie, car ces mêmes particules ont la
possibilité d’être injectées dans le sang pour
tuer des tumeurs. J’ai soutenu ma thèse
le 10 décembre 2010. Il avait beaucoup
neigé, mes parents n’ont jamais pu arriver
à temps. Ces derniers travaux devraient être
prochainement testés sur des humains, mais
de nombreux tests doivent être faits avant.
Je suis de près cette affaire, car j’en suis à
l’origine, et rien n’est plus important que de
voir ses recherches passer à une application
réelle. Être chercheur, c’est aussi ça : être
vigilant, précautionneux.
aujourd’hui, je suis en CDD à
Polytechnique : j’y fais des recherches,
j’enseigne aussi. Je me donne beaucoup
pour cette partie de mon contrat, c’est de
la transmission de savoir, c’est important.
J’ai été étudiant, et avoir un bon professeur
peut être décisif dans ses orientations et ses
choix. Et même si je me donne à fond au
travail, je m’interdis de rester tard au laboratoire tout le temps. C’est important d’avoir
Courriel : [email protected]
Directeur de la publication : Gilles Poux
Directeur de la communication : Philippe Caro
Conception éditoriale et graphique, maquette : Anatome
Rédacteur en chef : Yann Lalande
Rédaction : É. Bacher, I. Meurisse, S. Bounaïm et J. Moschetti
Rédaction web : Marie-Hélène Ferbours
une vie en dehors. Parfois, je joue avec ma
petite sœur. Je donne des cours de soutien
dans une association, du côté de la mairie.
Je vois mes amis. D’ailleurs, je leur donne
souvent rendez-vous au Quick des Six-Routes
(rires). La recherche est très prenante et
l’on n’est jamais satisfait. Mais il faut savoir
rester ancré dans la réalité.
«
Propos recueillis par naïma amiri
Grandes écoles : il faut oser !
«Sciences-Po a ouvert la voie en élargissant son recrutement à des lycées de ZEP et en diversifiant ainsi
l’origine sociale et culturelle de ses élèves. D’autres
établissements ont suivi depuis. Si une poignée d’élèves
a accédé à ces établissements prestigieux, l’impact
a été bien plus grand. L’idée que les jeunes de banlieue peuvent prétendre à des parcours universitaires
et professionnels diversifiés et ambitieux a fait son
chemin. Les exemples de réussite ne font désormais
plus figure d’exceptions. Alors, n’hésitez plus et osez
aller au bout de vos projets !»
Ambreen Mahammad, 27 ans
Maquette : Farid Mahiedine
Photographe : Virginie Salot
Secrétariat de rédaction : ETC
Photo de couverture : Virginie Salot/Dessin : Berthet One
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Ce numéro a été imprimé à 18 000 exemplaires
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