PRISE EN CHARGE DES TRAUMATISES CRANIENS
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PRISE EN CHARGE DES TRAUMATISES CRANIENS
RecommandationsFormaliséesd’Experts Actualisationdesrecommandations PRISEENCHARGEDESTRAUMATISESCRANIENSGRAVESALA PHASEPRECOCE(24premièresheures) SociétéFrançaised’AnesthésieetdeRéanimation EncollaborationaveclesSociétésANARLF,SFMU,SFNC,GFRUP,ADARPEF AssociationdeNeuro-AnesthésieRéanimationdeLangueFrançaise SociétéFrançaisedeMédecined'Urgence SociétéFrançaisedeNeurochirurgie GroupeFrancophonedeRéanimationetd’UrgencesPédiatriques AssociationdesAnesthésistes-RéanimateursPédiatriquesd'ExpressionFrançaise MANAGEMENTOFSEVERETRAUMATICBRAININJURY (FIRST24HOURS) Auteurs: Thomas Geeraerts, Lionel Velly, Lamine Abdennour, Karim Asehnoune, Gérard Audibert, Pierre Bouzat, Nicolas Bruder, Romain Carillon, Vincent Cottenceau, François Cotton, Sonia CourtilTeyssedre, Claire Dahyot-Fizelier, Frédéric Dailler, Jean-Stéphane David, Nicolas Engrand, Dominique Fletcher, Gilles Francony, Laurent Gergelé, Carole Ichai, Etienne Javouhey, PierreEtienne Leblanc, Thomas Lieutaud, Philippe Meyer, Sébastien Mirek, Gilles Orliaguet, François Proust,HervéQuintard,CatherineRact,MohamedSrairi,KarimTazarourte,BernardVigué,JeanFrançoisPayen. 3 Coordonateursd’experts: ThomasGeeraerts,PôleAnesthésieRéanimation,CHUdeToulouse,31059ToulouseCedex9 Jean-FrançoisPayen,PôleAnesthésie-Réanimation,CHUGrenobleAlpes,38043GrenobleCedex9 Organisateurs: Dominique Fletcher, Service d'Anesthésie-Réanimation Chirurgicale, Hôpital Raymond Poincaré, AssistancePublique-HôpitauxdeParis. Lionel Velly, Service d'Anesthésie-Réanimation, Hôpital de la Timone, Assistance PubliqueHôpitauxdeMarseille. Grouped'experts(ordrealphabétique): Lamine Abdennour (Paris), Karim Asehnoune (Nantes), Gérard Audibert (Nancy), Pierre Bouzat (Grenoble), Nicolas Bruder (Marseille), Romain Carillon (Lyon), Vincent Cottenceau (Bordeaux), François Cotton (Lyon), Sonia Courtil-Teyssedre (Lyon), Claire Dahyot-Fizelier (Poitiers), Frédéric Dailler(Lyon),Jean-StéphaneDavid(Lyon),NicolasEngrand(Paris),DominiqueFletcher(Garches), GillesFrancony(Grenoble),LaurentGergelé(Saint-Etienne),ThomasGeeraerts(Toulouse),Carole Ichai (Nice), Etienne Javouhey (Lyon), Pierre-Etienne Leblanc (Paris), Thomas Lieutaud (Lyon), Philippe Meyer (Paris), Sébastien Mirek (Dijon), Gilles Orliaguet (Paris), Jean-François Payen (Grenoble),FrançoisProust(Strasbourg),HervéQuintard(Nice),CatherineRact(Paris),Mohamed Srairi(Toulouse),KarimTazarourte(Lyon),LionelVelly(Marseille),BernardVigué(Paris). Groupesdetravail: Commentdécrireetévaluerlagravitéinitialed’untraumatisécrânien? RCarrillon,LGergelé,LAbdennour,TGeeraerts. Quelles sont les modalités de prise en charge pré-hospitaliere des traumatismes crâniens graves KTazarourte,BVigué,SMirek. Stratégiedel’imageriemédicalechezlestraumatiséscrâniensgraves LGergelé,PBouzat,FCotton Indicationsneurochirurgicales(horsmonitorage) GAudibert,FProust Sédation,analgésie CRact,J-FPayen,VCottenceau,HQuintard 4 Indicationsetmodalitésdumonitoragecérébraldutraumatisécrâniengrave LVelly,TGeeraerts,FDailler,GFrancony Priseenchargemédicaledel’hypertensionintracrânienne CDahyot-Fizelier,NBruder,CIchai,BVigué,LAbdennour Stratégiedepriseenchargedupolytraumatiséavectraumatismecrâniengrave PBouzat,J-SDavid,TGeeraerts,LVelly Détectionettraitementpreventifdescrisesepileptiques NEngrand,MSrairi,TLieutaud Homéostasiebiologique(osmolarite,glycémie,axecortico-surrenalien) KAsehnoune,CIchai,P-ELeblanc Particularitésdutraumatismecrâniengravechezl’enfant EJavouhey,GOrliaguet,SCourtil-Teyssedre,PMeyer Contrôleciblédelatemperatureaprestraumatismecrânien BVigué,GFrancony,OBrissaud,PMeyer GroupedeLecture: Comité des Référentiels clinique de la SFAR: J Amour, S Ausset, G Chanques, V Compère, P Cuvillion,FEspitalier,DFletcher,MGarnier,EGayat,JMMalinovski,BRozec,BTavernier,LVelly. Conseil d'Administration de la SFAR: F Bonnet, X Capdevila, H Bouaziz, P Albaladejo,J-M Constantin,LDelaunay,M-LCittanovaPansard,BAlNasser,C-MArnaud,MBeaussier,JCabaton, M-P Chariot, A Delbos, C Ecoffey, J-P Estebe, O Langeron, M Leone, L Mercadal, M Gentili, J Ripart,J-CSleth,BTavernier,EViel,PZetlaoui TextevalidéparleConseild'AdministrationdelaSFAR(le21septembre2016) Auteur pour correspondance: Pr Thomas Geeraerts, Pôle Anesthésie Réanimation, CHU de Toulouse,31059Toulouse,Cedex9,Mail:[email protected] 5 INTRODUCTION Lesdernièresrecommandationsfrançaisespourlapriseenchargedestraumatiséscrâniensgraves dans les 24 premières heures datent de 1998 1. En raison de modifications récemment apparues dans cette prise en charge (monitorage intracérébral, objectif de pression de perfusion cérébrale, traitement de l’hypertension intracrânienne), il était licite d’actualiser ces recommandations. Nous tenonsàsoulignerletravailmajeurréaliséparlesexpertsen1998etconseillonsauxlecteursdes’y rapportercarcesrecommandationssontunesourceimportanted’informations.Notreobjectifaété de préciser les évolutions significatives depuis 1998. Une grande partie des recommandations de 1998 reste valable en 2016et ne sont présentées ici que les nouveautés par rapport aux recommandations de 1998. Ces recommandations concernent la prise en charge précoce (24 premières heures) des traumatismes crâniens graves, et ne prennent pas en compte les traumatismescrâniensmineursoumodérés,oulapriseenchargeplustardiveenneuroréanimation. Lesrecommandationsconcernantlecontrôledelatempératuren’ontpasétéabordéesdanscette RFE, en raison de la publication en parallèle des RFE sur le contrôle ciblé de la température (CCT) avec un champ spécifique d’étude concernant les patients cérébrolésés. Pour plus de clarté, nous reprendrons ici ces recommandations afin que le lecteur puisse disposer de ces informations, sans en développer l’argumentaire. Nous invitons le lecteur à se rapporter à cette RFE pour de plus amplesprécisionssurl’argumentaire. 1. Méthodologie Ces recommandations sont le résultat du travail d’un groupe d’experts réunis par la Société Francaised’AnesthésieRéanimation(SFAR)encollaborationavecl’AssociationdeNeuro-AnesthésieRéanimationdeLangueFrançaise(ANARLF),laSociétéFrançaisedeNeurochirurgie(SFN),leGroupe Francophone de Réanimation et d’Urgences Pédiatriques (GFRUP), et l’Association des Anesthésistes-Réanimateurs Pédiatriques d'Expression Française (ADARPEF). Dans un premier temps,lecomitéd’organisationadéfini,aveclescoordonnateursd’experts,lesquestionsàtraiteret adésignélesexpertsenchargedechacuned’entreelles.Lesquestionsontétéformuléesavecun formatPICO(PatientsInterventionComparaisonOutcome). 1.1. Recherchebibliographiqueetcritèresdesélection Unerecherchebibliographiqueextensivedepuis1998aétéréaliséeàpartirdesbasesdedonnées PubMedetCochrane.Pourêtreretenuesdansl’analyse,lespublicationsdevaientêtrepostérieures 6 à1998oujugéestrèsimportantesparlegrouped’expertsetenlangueanglaiseoufrançaise.Une analysespécifiquedelalittératurepédiatriqueaétéréalisée. 1.2. MéthodeGRADE L’analysedelalittératureetlaformulationdesrecommandationsontensuiteétéconduitesavecla méthodologie GRADE (Grade of Recommendation Assessment, Development and Evaluation). Un niveau de preuve devait être défini pour chacune des références bibliographiques en fonction du type de l’étude. Ce niveau de preuve pouvait être réévalué en tenant compte de la qualité méthodologique de l’étude. Les références bibliographiques communes à chaque critère de jugementétaientalorsregroupées.Unniveauglobaldepreuveétaitdéterminépourchaquecritère dejugemententenantcomptedesniveauxdepreuvedechacune,desréférencesbibliographiques, delacohérencedesrésultatsentrelesdifférentesétudes,ducaractèredirectounondespreuves, de l’analyse de coût... Un niveau global de preuve « fort » permettait de formuler une recommandation«forte»(ilfautfaire,ilnefautpasfaire...-(GRADE1+ou1-).Unniveauglobalde preuvemodéré,faibleoutrèsfaibleaboutissaitàl’écritured’unerecommandation«optionnelle»(il fautprobablementfaireouprobablementnepasfaire...GRADE2+ou2-).Lorsquelalittératureétait inexistante ou trop pauvre, la question pouvait faire l’objet d’une recommandation sous la forme d’unavisd’expert.Lespropositionsderecommandationsétaientprésentéesetdiscutéesuneàune. Le but n’était pas d’aboutir obligatoirement à un avis unique et convergent des experts sur l’ensembledespropositions,maisdedégagerlespointsdeconcordanceetlespointsdediscordeou d’indécision.Chaquerecommandationétaitalorsévaluéeparchacundesexpertsetsoumiseàleurs cotationsindividuellesàl’aided’uneéchelleallantde1(désaccordcomplet)à9(accordcomplet). Laqualitédespreuvesestrépartieen4catégories: 1- Haute : les recherches futures ne changeront très probablement pas la confiance dans l’estimationdel’effet. 2- Modérée : les recherches futures changeront probablement la confiance dans l’estimationdel’effetetpourraientmodifierl’estimationdel’effetlui-même. 3-Basse:lesrecherchesfuturesauronttrèsprobablementunimpactsurlaconfiancedans l’estimationdel’effetetmodifierontprobablementl’estimationdel’effetlui-même. 4-Trèsbasse:l’estimationdel’effetesttrèsincertaine. L’analysedelaqualitédespreuvesestréaliséepourchaquecritèredejugementpuisunniveau global de preuve est défini à partir de la qualité des preuves des critères cruciaux. La formulation finaledesrecommandationsesttoujoursbinaire:soitpositivesoitnégativeetsoitfortesoitfaible: 7 Forte:Ilestrecommandédefaireounepasfaire(GRADE1+ou1-). Faible:Ilestprobablementrecommandédefaireoudenepasfaire(GRADE2+ou2-). Laforcedelarecommandationestdéterminéeenfonctiondequatrefacteursclésetvalidéeparles expertsaprèsunvote,enutilisantlaméthodeGRADEGrid. 1- Estimationdel’effet. 2- Leniveauglobaldepreuve:plusilestélevé,plusprobablementlarecommandationsera forte. 3- La balance entre effets désirables et indésirables : plus celle-ci est favorable, plus probablementlarecommandationseraforte. 4- Les valeurs et les préférences : en cas d’incertitude ou de grande variabilité, plus probablement la recommandation sera faible ; ces valeurs et préférences doivent être obtenues au mieux directement auprès des personnes concernées (patient, médecin, décisionnaire). La cotation collective était établie selon une méthodologie GRADE grid. Pour délivrer une recommandationsuruncritère,aumoins50%desexpertsdevaientexprimeruneopinionquiallait globalementdanslamêmedirection,tandisquemoinsde20%d’entreeuxexprimaientuneopinion contraire.Pourqu’unerecommandationsoitforte,aumoins70%desparticipantsdevaientavoirune opinion qui allait globalement dans la même direction. En l’absence d’accord fort, les recommandationsétaientreformuléeset,denouveau,soumisesàcotationdansl’objectifd’obtenir unmeilleurconsensus. 2. Résultats 2.1.Champsdesrecommandations Leschampsetquestionssuivantsontétéretenuspourlerecueiletl’analysedelalitérrature - Commentdécrireetévaluerlagravitéinitialed’untraumatisécrânien? - Quells sont les modalités de prise en charge pré-hospitalière des traumatisés crâniens graves? - Stratégiedel’imageriemédicalechezlestraumatiséscrâniensgraves. - Indicationsneurochirurgicales(horsmonitorage). 8 - Sédation,analgésie. - Indicationsetmodalitésdumonitoragecérébraldutraumatiséscrâniensgraves. - Priseenchargemédicaledel’hypertensionintracrânienne. - Stratégiedepriseenchargedupolytraumatiséavectraumatismecrâniengrave. - Détectiondetraitementpréventifdescrisesépileptiques. - Homéostasiebiologique(osmolarité,glycémie,axecortico-surrénalien). - Particularitésdutraumatismecrâniengravedel’enfant. AprèssynthèsedutravaildesexpertsetapplicationdelaméthodeGRADE,32recommandations ontétéformalisées.Latotalitédesrecommandationsaétésoumiseaugrouped’expertspourune cotation avec la méthode GRADE grid. Après deux tours de cotations et divers amendements, un accord fort a été obtenu pour 100% des recommandations. Parmi les recommandations, 10 sont fortes(Grade1+/-),18sontfaibles(Grade2+/-)et,pour4recommandations,laméthodeGRADE® ne peut pas s’appliquer et donnent lieu à des avis d’experts. Un avis d’expert n’a été validé que qu’avecplusde70%d’accorddesexperts. 9 1. COMMENTDÉCRIREETÉVALUERLAGRAVITÉINITIALED’UNTRAUMATISÉCRÂNIEN(TC)? R1.1-Ilfautévaluerlagravitéinitialed’untraumatisécrânienàl’aidedel’échelledeGlasgow (en rapportant obligatoirement sa composante motrice) ainsi que la taille et la réactivité pupillaire. (GRADE1+)AccordFORT Argumentaire: L’évaluationcliniqueinitialedutraumatisécrâniengraveapeuévoluédepuislesprécédentesrecommandationsde 1 1998 . L’âge,l’échelledeGlasgowinitialeetlaréactivitépupillairedemeurentlesélémentsdemauvaispronosticà6mois 2-9 10 11 quasi constamment retrouvés dans les études récentes . En particulier, les études IMPACT et CRASH , comprenant6681et8509patientsrespectivement,ontvalidécescritères. Il est rappelé que l’échelle de Glasgow sera détaillée selon ses trois composantes, par convention dans l’ordre 12,13 originaldécritparTeasdalesoitYeux-Verbal-Moteur . Toutefois, la corrélation entre le score de Glasgow et le devenir du traumatisé crânien décrite lors des premières 5 étudesdevalidation,seretrouvedemoinsenmoinsdanslesétudeslesplusrécentes .Lapriseenchargeprécoce du traumatisé grave avec une sédation et une intubation trachéale rend l’évaluation des réponses «yeux» et «verbal»del’échelledeGlasgownonpertinente.Seulelacomposante«motrice»resterobustedanscecontexte et reflète la gravité initiale du traumatisme. De nombreux auteurs ont ainsi proposé des échelles d’évaluation neurologiquesimplifiéesquin’évaluentquelaréponsemotricechezlespatientslesplusgraves.Lesvalidationssont concluantes, et rappellent le caractère fortement discriminant de la composante motrice au sein du score de 10,14-22 Glasgow . Afindedépisterlessituationsd’aggravationneurologiquesecondaire,l’examencliniquedoitêtrerépétépendantla 23-25 priseenchargeinitialedupatient .Lafréquencedecetteréévaluationcliniqueresteàpréciser,etn’estbasée 4,23 quesurdesavisd’expertslocaux,etdoitsepoursuivreau-delàdel’admissioninitiale . Les patients traumatisés crâniens «modérés», présentant un score de Glasgow entre 9 et 13, peuvent apparaitre 4 moinsgravesinitialementmaissontàrisquededégradationneurologiquesecondaire .Leursurveillancedoitêtre rapprochée,avecrecueildel’échelledeGlasgowetdelaréactivitépupillaireselondesschémasdifférentsselonles 26 pays: horaire en Australie , toutes les 30 min pendant les 2 premières heures puis toutes les heures pendant 4 27 heurespourleRoyaumeUni ,toutesles15minpendantles2premièresheurespuistouteslesheurespendantau 28 moinsdouzeheuresenScandinavie .Touteapparitiond’undéficitneurologiquesecondaire,oud’unebaissed’au moins deux points du score de Glasgow doit amener à réaliser en urgence une nouvelle tomodensitométrie 26-29 cérébrale . R1.2-Ilfautrechercherettraiterlesfacteurssystémiquesd’agressioncérébralesecondaire. (GRADE1+)AccordFORT Argumentaire: 10,30 L’hypotensionartériellelorsdelaphaseinitialeresteunfacteurassociéàunmauvaispronosticà6mois .Chez lespatientstraumatiséscrâniens,lesbasesdedonnéesaméricaines(TraumaticComaDataBank)montrentquela survenued’unseulépisoded’hypotensionartérielle(pressionartériellesystolique<90mmHgpendantaumoins5 minutes) est associée à une augmentation importante de la morbidité neurologique et à un doublement de la 31 mortalité . Les hypotensions artérielles pré-hospitalières, mais aussi intra-hospitalières sont associées à une 32-34 augmentationdelamortalité .L’hypotensionartérielleestdoncunfacteurderisqueindépendantdemortalité au même titre que le score de Glasgow initial ou les modifications pupillaires. Les RFE de la SFAR sur le choc hémorragique (2014) ont recommandé le maintien d’une pression artérielle moyenne ≥ 80 mmHg chez les traumatiséscrâniensgraves. 34 L’hypoxémiesurvientchezenviron20%despatientstraumatiséscrâniens .Elleestassociéeàuneaugmentationde lamortalitéetdelamorbiditéneurologique.L’étudeIMPACTaretrouvéquelaprésenced’unehypoxie,commele taux de prothrombine, la glycémie, la numération plaquettaire, l’hémoglobinémie à l’arrivée, ou les anomalies scannographiques (classification de Marshall), était significativement associée à un moins bon pronostic 10 neurologique(GlasgowOutcomeScale(GOS)à6mois) .Deplus,laduréedesépisodeshypoxémiques(SaO2£90%) 10 35 estunfacteurprédictifimportantdemortalité . L’associationdel’hypotensionartérielleetdel’hypoxémiesembleparticulièrementdélétèreavec75%demortalité 36 danscertainesséries . Des soins basés sur des protocoles en neuro-réanimation centrés sur la détection et le contrôle de ces agressions 1,37 secondaires permettent une amélioration du devenir des patients cérébrolésés . Saul et al. dans une étude rétrospective comparant deux périodes (avant et après la mise en place de protocoles de traitement basés essentiellement sur le monitorage de la pression intracânienne) ont retrouvé une réduction significative de la 38 mortalitéaprèsinstaurationdecesprotocoles . R1.3- Ilfautévaluerlagravitéinitialedestraumatiséscrânienssurdescritèrescliniqueset radiologiques(tomodensitométrie). (GRADE1+)AccordFORT Argumentaire: Un scanner cérébral et du rachis cervical doit être réalisé systématiquement et sans délai, chez tout traumatisé crâniengrave(GCS≤8),oumodéré(GCS9-13). Des signes cliniques ou situations particulières ont été identifiés comme à risque chez les patients victimes d’un traumatismecrânienléger(GCS14-15),quidoiventconduireàlaréalisationd’unscanner:signesdefracturedela base du crâne (rhinorrhée, otorrhée, hémotympan, hématome rétroauriculaire, hématome périorbitaire), signe d’embarrure, épilepsie post-traumatique, déficit neurologique focal, trouble de la coagulation, présence d’un 24,27-29 traitementanticoagulant . R1.4- Il faut probablement évaluer la gravité initiale des traumatisés crâniens à l’aide du Dopplertranscrânien. (GRADE2+)AccordFORT Argumentaire: Chez les traumatisés crâniens, l’indice le plus sensible au Doppler transcrânien (DTC) pour détecter la baisse de 39 PressiondePerfusionCérébrale(PPC)estl’indexdepulsatilité(IP) .Tantquel’onnedisposepasd’unmonitorage intracérébral invasif, le DTC est un outil intéressant pour évaluer l’hémodynamique cérébrale, et pour juger de l’efficacitédesmesuresthérapeutiquesutiliséespourmaintenirlaPPC.Peud’étudesanalysentl’évolutiondesflux sanguins cérébraux des patients traumatisés crâniens à leur arrivée à l’hôpital. Ces études retrouvent des 40 associations entre mortalité élevée et baisse de la vélocité moyenne (Vm) au-dessous de 28cm/s ou d’une 41 combinaison Vm basse et IP élevé . L’analyse de seuils de vélocité chez 36 enfants a identifié comme facteur de 42 mauvaispronosticunevélocitédiastolique(Vd)inférieureà25cm/souunIPsupérieurà1,3 .Enfin,unIPplusélevé àl’arrivéeauxurgencesaétéretrouvéchezdespatientsadultesayanteuunTCmodéréàléger(GCSentre9et14) 43 quisesontaggravésdanslapremièresemainepost-traumatique .Parlasuite,leseuilpourprédireuneaggravation neurologiquesecondairedanscettepopulationdepatientsaétéde25cm/spourlaVd(AiresouslacourbeROC: 44 0,93) et 1,25 pour l’IP (Aire sous la courbe ROC: 0,95) . Une stratégie d’évaluation de la gravité des patients 45 présentantunTCgrave(scoredeGlasgow<9)centréesurlesrésultatsduDTCdèsl’arrivéeaétéproposée :avec comme seuils décisionnels Vd<20cm/s et IP>1,4, afin d’orienter rapidement le traitement et d’organiser les examenscomplémentaires. LeDTCàl’arrivéeàl’hôpitaldoitfairedésormaispartiedubilaninitialdupolytraumatisé,commetouslesexamens dedébrouillageàl’arrivée(échographieabdominale,radiographiesthoraciqueetdubassin).Cetexamendonnedes informationscrucialesdanslapriseenchargeinitialedecespatientsetpermetd’orienterrapidementlastratégie thérapeutique. Il doit permettre un résultat rapide, et en cas de difficultés techniques conduisant à l’absence de résultatsaprèsdixminutes,ilconviendrad’abandonneretdeseconcentrersurlesautresmonitoragesdisponibles. 11 R1.5- Ilnefautprobablementpasdoserlesbiomarqueursenroutinecliniquepourévaluerla gravitéinitialedestraumatiséscrâniensgraves. (GRADE2-)AccordFORT Argumentaire: EnraisondeslimitesduscoredeGlasgow(GCS)etdel’imagerie,l’utilisationdesbiomarqueursaétéproposéepour améliorerlediagnosticetlaclassificationdestraumatiséscrâniensgraves. Une association a été retrouvée entre certains biomarqueurs et le GCS, les anomalies en imagerie cérébrale à l'admission,lepronosticneurologiqueà3moiset6moisetlamortalité:dosageplasmatiquedelaprotéineS100ß 46,47 ,Neuronspecificenolase(NSE) 48,49,ubiquitinC-terminalhydrolase-L-1(UCH-L1) 50-52,glialfibrillaryproteinacide (GFAP)47,48,myelin-basic-protein(MBP)53,54etprotéinetau55,ainsiquepourledosagedansleliquidecérébro-spinal pourlaprotéineS100ß46,UCH-L1,SBDPs56,57etlaprotéinetau58. Toutefoislaperformancedecesbiomarqueurs,enparticulierobtenusavecundosageplasmatique,pourévaluerla gravité initiale des patients présentant un TC grave n’est pas assez bonne pour qu’ils soient utilisés en routine cliniqueetleurvaleurajoutéeresteencoreàdémonter59. 2. QUELLES SONT LES MODALITÉS DE PRISE EN CHARGE PREHOSPITALIERE DES TRAUMATISMES CRÂNIENSGRAVES? R2.1- Ilfautqu’untraumatisécrâniengravesoitprisenchargeparuneéquipemédicalepréhospitalière, régulé par le SAMU et adressé dès que possible dans un centre spécialisé comportantnotammentunplateautechniqueneurochirurgical. (GRADE1+)AccordFORT Argumentaire: 60-62 Detouslestypesdetraumatismes ,letraumatismecrânienestceluiquibénéficieleplusd’unaccueilstandardisé 63-68 encentrespécialisé ,avecuneaméliorationdelamortalité.Lapriseenchargedespatientstraumatiséscrâniens 69,70 gravesdansuncentredeneuroréanimationspécialisépermetuneaméliorationdeleurpronostic . Pateletal.dansuneétuderétrospectivecomparantdeuxpériodes(avantetaprèslacréationdeneuroréanimations spécialisées)ontmontréuneaméliorationdupronosticneurologiquechezlesTCgraves(59,6%debonpronosticvs. 69 40,4%, p=0,036) . Cette différence entre les deux périodes ne pouvait pas être attribuée à une différence de sévérité de la pathologie, d’âge ou de la survenue d’hypotension artérielle à l’arrivée. Dans une autre étude rétrospective réalisée au Royaume Uni, Patel a également montré que la mortalité des traumatisés crâniens était moindre lorsqu’ils étaient pris en charge dans des centres neurochirurgicaux en comparaison à des centres non 67 spécialisés, la sévérité des patients étant comparable . Même pour un patient ne nécessitant pas de traitement neurochirurgical(commel’évacuationd’unhématomeintracrânien),lepronosticétaitmeilleurencentrespécialisé. Cecidécouleengrandepartiedel’expertiseacquiseparceséquipesparlerecrutementimportantdecespatients, ainsi que de la disponibilité des neurochirurgiens. La difficulté pour les équipes non spécialisées repose donc sur l’identificationdupatientàtransférer. R2.2- Ilfautprobablementmaintenirunepressionartériellesystolique>110mmHgavantde disposerd’unmonitoragecérébral. (GRADE2+)AccordFORT Argumentaire: Denombreusesétudessoulignentl’aggravationdupronosticneurologiqueaprèsunseulépisoded’hypotension(PAS 71-74 <90mmHg)danslespremièresheures .Enpré-hospitalier,lapressionartérielledoitêtrecontrôléetoutesles2 minutes.Lesétudesrécentesmontrentquelamortalitéestdépendantedelapressionartériellesystolique(PAS)à 12 62,75,76 l’admission,avecuneaugmentationdelamortalitéaudessousde110mmHg . Lapréventiondetoutehypotensionartérielleestessentiellelespremièresheures:pasd’hypnotiqueshypotenseurs à l’induction, sédation continue plutôt qu’itérative, lutte contre l’hypovolémie si nécessaire, ventilation contrôlée 77-79 avec pression positive intermittente basse pour ne pas gêner le retour veineux . Le traitement en cas d’hypotensiondoitêtrerapideetlesaminesvasopressives,phényléphrineet/ounoradrénaline,sontletraitementle plus efficace, en attendant l'effet éventuel d'autres traitements comme la diminution de la sédation, des modificationsdesparamètresventilatoireset/oul’expansionvolémique.L'administrationdecatécholaminespeutse faireinitialementsurunevoieveineusepériphérique. R2.3- Il faut contrôler la ventilation des traumatisés crâniens graves par une intubation trachéale,uneventilationmécaniqueetunesurveillanceduCO2expirédèslapriseencharge pré-hospitalière. (GRADE1+)AccordFORT Argumentaire: Lecontrôledesvoiesaériennesestunepriorité.Dansdesmainsexpérimentés,l'intubationpréhospitalièrediminue 80-82 lamortalité .LapressionartériellepartielleenCO2(PaCO2),reliéeàlaventilationalvéolaire,exerceuncontrôle étroit de la vasoréactivité artériolaire cérébrale. L'hypocapnie, vasoconstrictrice, est un facteur ischémie cérébrale 81,83 .LasurveillanceduCO2expiré(EtCO2)chezlespatientsintubésaprèstraumatismecrânienestprimordialepour certifier du bon placement de la sonde d’intubation, pour rechercher une PaCO2 dans les limites de la normale et 84-87 pourdétecterunechutedudébitcardiaqueencas,parexemple,d’hypovolémieprofonde .Unevaleurd’EtCO2 autourde30-35mmHgestpréconisée. 3. STRATÉGIEDEL’IMAGERIEMÉDICALECHEZLESTRAUMATISÉSCRÂNIENSGRAVES. R3.1- Il faut réaliser sans délai une tomodensitométrique (TDM) cérébrale et du rachis cervical(sansinjection). (GRADE1+)AccordFORT Argumentaire: L’exploration en une seule boîte de l'ensemble de l'encéphale avec des coupes natives inframillimétriques, reconstruites avec une épaisseur supérieure à un millimètre est la méthode de référence pour l’exploration scannographiquesdesTCgraves. Lescoupesdoiventêtrevisualiséesavecundoublefenêtrage,l'unadaptéausystèmenerveuxcentraletl'autreen fenêtreosseuse. Sa grande disponibilité fait de la TDM l’examen de premier choix qui permet de faire le diagnostic des lésions 88 primaires . Il doit être réalisé sans délai en cas de coma ou d’anomalie de l’examen neurologique. Les données issuesdelaTDMinitialeconditionnentlapriseenchargeneurochirurgicaleetlechoixdumonitorageenréanimation 89,90 . R3.2- Ilfautprobablementfaireprécocementuneexplorationdestroncssupra-aortiqueset des vaisseaux intracrâniens par angiotomodensitométrie chez les patients présentant des facteursderisque. (GRADE2+)AccordFORT Argumentaire: 91 Lesfacteursderisquededissectiontraumatiquedesvaisseauxàdestinéeencéphaliquesont : 13 - présenced’unefracturedurachiscervical, examenneurologiqueavecdéficitneurologiquefocalnonexpliquéparl'imageriecérébrale, syndromedeClaudeBernardHorner, fracturesfacialesLefortIIouIII, fracturesdelabaseducrâne, lésionsdestissusmousauniveauducou. Ces facteurs de risques doivent faire réaliser une exploration des troncs supra-aortiques et des vaisseaux intracrâniens par angiotomodensitométrie. En l’absence de facteurs de risques, et vu la facilité technique de réalisation,ilfautprobablementélargirlesindicationsd’angiotomodensitométrieenparticulierchezlespatientsles 92,93 plusgraveschezquil’examenneurologiqueestsouventpeucontributif .Encasdefortesuspiciondedissection vasculaire,uneangiotomodensitométrienormalenepermetpasd’éliminerformellementlediagnosticetdoitfaire 94-96 compléterlebilanavecuneangio-IRMvoiruneangiographieconventionnelle . 4. INDICATIONSNEUROCHIRURGICALES(horsmonitorage). R4.1- Il faut probablement réaliser un drainage ventriculaire externe pour le contrôle de l'hypertension intracrânienne après échec d’un traitement comprenant l’optimisation des agressionscérébralessecondairesetdelasédation. (GRADE2+)AccordFORT Argumentaire: LesindicationsneurochirurgicalesformellesàlaphaseprécoceduTCgravesont: - évacuation la plus précoce possible d'un hématome extradural symptomatique quelle que soit sa localisation, - évacuationd'unhématomesous-duralaigusignificatif(épaisseursupérieureà5mmavecdéplacement delalignemédianesupérieurà5mm), drainaged'unehydrocéphalieaiguë, - parageetlafermetureimmédiatedesembarruresouvertes. Ledrainageduliquidecérébrospinalàpartirdeventriculesdevolumenormaloupetitestuneoptionthérapeutique àlaphaseaiguëduTCpourlecontrôledel'hypertensionintracrânienne.Aucunessaicliniquenevientàl’appuide 97 cettestratégiemaistouteslesrevuesrécenteslamentionnent .Lasoustractiond’unfaiblevolumedansuncerveau àcomplianceabaisséeréduitsignificativementlapressionintracrânienne.Actuellement,cescathéterspeuventêtre 98 poséssousneuronavigation . Uneembarrureferméecompressive(épaisseur>5mm,effetdemasseavecdéplacementdelalignemédiane>5 mm)doitêtreopérée. Aprèséchecd’untraitementdepremièreligned’unehypertensionintracrânienne,lescontusionsentrainantuneffet 99 demassedoiventfairediscuteruneindicationchirurgicale . R4.2- Il faut probablement réaliser une craniectomie décompressive pour contrôler la pressionintracrânienneàlaphaseaiguëencasd’hypertensionintracrânienneréfractaire,dans lecadred’unediscussionmultidisciplinaire. (GRADE2+)AccordFORT Argumentaire: Lacraniectomiedécompressiveentraumatologiecrânienneafaitl’objetde4étudesrandomisées,ayantinclusplus 100-103 de1000patients .Laplacedelacraniectomiedanslastratégiethérapeutiquevariaitbeaucoupd’uneétudeà l’autre: le plus souvent employée en dernier recours, dans l’hypertension intracrânienne réfractaire, elle pouvait être utilisée précocement, notamment avant l’hypothermie thérapeutique et les barbituriques, dans les 72 premières heures suivant le traumatisme. La technique la plus souvent utilisée a été une craniectomie temporale 2 large (> 100 cm ) avec plastie dure-mérienne d’élargissement mais la craniectomie bifrontale, indiquée chez les 14 patientsaveclésionsdiffuses,aétéutiliséedansplusieursétudes.Danscesétudes,l’âgeétaituncritèred’inclusion avecunseuilde60ans(1étude),65ans(2études)ou70ans(1étude).Ladécisiondoitêtrepriseaucasparcas.Le côtédelalésionnedoitpasentrerenlignedecompte.Lesbonsrésultats,estimésparlescoredeGlasgowOutcome Scale (GOS) 4 ou 5 à 6 mois, sont de 28-32% dans le groupe contrôle versus 40-57% après une craniectomie 101,102 unilatérale(p=0,03) .Dansl’étudeDECRA,aucontraire,unecraniectomiebifrontaleaaggravélepronostic:les bons résultats, estimés par le score de GOS étendu à 6 mois, ont été de 49% dans le groupe contrôle contre 30% 103 dans le groupe intervention (p=0,02) . L’étude RESCUE-ICP a inclus des patients en hypertension intracranienne réfractaire, plus graves que dans l’étude précédente. Il s’agissait d’un essai randomisé comparant la craniectomie décompressive (bifrontale dans 63% des cas, unilatérale dans 37% des cas) et le coma barbiturique; chez 398 patients.Aprèscraniectomiedécompressive,lamortalitéétaitréduiteà26,9%(vs.48,9%danslegroupemédical)au prix d’une augmentation du nombre de comas végétatifs et états pauci-relationnels (8,5% versus 2,1%). Les bons résultats,estimésparlescoredeGOSétenduà6mois,n’étaientpasmodifiés:26,6%danslegroupemédicalcontre 104 27,4%danslegroupeintervention . L'ensembledecesconclusionss'appliqueàl'enfantetàl'adulte. 5.SEDATION,ANALGESIE. R5.1- En dehors d’une hypertension intracrânienne ou d’un état de mal épileptique, les experts proposent d’appliquer aux traumatisés crâniens graves les mêmes recommandations pour le maintien et l’arrêt de la sédation-analgésie que pour les autres patients de réanimation. Avisd’expert Argumentaire: 105 Les recommandations actuelles sur l'analgésie-sédation en réanimation doivent s'appliquer chez les patients neuro-lésésdontl'hémodynamiquecérébraleestcontrôlée.Bienquecettepopulationdepatientssoitpeuétudiée, il a été montré que les scores d'évaluation et l'application de protocoles d'analgésie sédation étaient possibles et 106,107 bénéfiques, même chez les cérébrolésés . L'arrêt quotidien de la sédation peut être délétère sur 108,109 l'hémodynamiquecérébralesansavoirmontrédebénéficeparticulier . Lesanesthésiquesinhalésetladexmedétomidinen’ontpasétésuffisammentétudiéspourpouvoirêtreutilisésdans cecontexte.Aucunagenthypnotiqueoumorphiniquen'afaitlapreuvedesasupérioritéchezlepatientcérébrolésé. 110 111 Unehypotensionartériellepeutêtreprovoquéepardesbarbituriques ,desbolusdemidazolam oudesfortes 112 dosesdemorphiniquesenbolus ,cequipeutêtredélétèresurl'hémodynamiquecérébrale.Laprioritédoitêtre donnée au contrôle de l'hémodynamique systémique dans le choix des drogues et de leurs modalités d'administration. 6.INDICATIONSETMODALITESDUMONITORAGECEREBRALDUTRAUMATISÉCRÂNIENGRAVE. R6.1- Il faut probablement avoir recours à un monitorage systématique de la pression intracrânienne après traumatisme crânien grave afin de détecter une hypertension intracrâniennedanslescassuivants: 1-Signe(s)d’hypertensionintracrâniennesurl'imagerie. 2-Chirurgiepériphériqueurgente(horsrisquevitalengagé). 3-Evaluationneurologiqueimpossible. 15 (GRADE2+)AccordFORT Argumentaire: Bien qu'il n'y ait pas d’essai randomisé démontrant un intérêt du monitorage de la pression intracrânienne, son monitorage est devenu une partie intégrante de la gestion des traumatisés crâniens graves dans les centres de 113 114-117 traumatologie . Plusieurs études rétrospectives et prospectives observationnelles ont évalué le risque de survenued’unehypertensionintracrânienneaprèsuntraumatismecrâniengrave.L’incidenceestparticulièrement 118-121 élevée, elle varie dans la littérature entre 17 et 88 % . Parallèlement, une élévation de la pression intracrânienne entre 20-40 mmHg multiplie par plus de 3 (RR 3, IC 95% [1,7-7,3]) le risque de mortalité et de 122 pronosticneurologiquepéjoratif .Au-dessusde40mmHg,lamortalitéestmultipliéepar7(RR6,9,IC95%[3,912,4]). L’incidence et le retentissement d’une hypertension intracrânienne justifient le monitorage systématique de la pression intracrânienne chez les patients pour qui une évaluation neurologique n’est pas réalisable (nécessité de maintien de la sédation du fait d’une instabilité respiratoire) ou n’est pas fiable (tétraplégie…), empêchant toute détectiond’uneaggravationsecondairesurlaclinique. Lorsquelatomodensitométriecérébraleinitialeestanormale,plusde50%depatientsprésententunehypertension 114 intracrânienne . Parmi les critères «classiques» d’hypertension intracrânienne en imagerie (disparition des ventricules,déviationdelalignemédianedeplusde5mm,présenced’unhématomeintracrâniendeplusde25mL 123 ),c’estlacompressiondesciternesdelabasequipréditlemieuxlasurvenued’unehypertensionintracrânienne. 118 Ellemultipliepar3lerisqued’hypertensionintracrânienne etl’absencedeciternesvisiblesestassociéedansplus 124 de70%descasàunepressionintracrâniennesupérieureà30mmHg .Leurvisibilitén’exclutenrevanchepasle 125 risqued’hypertensionintracrânienne .Unehémorragiesous-arachnoïdiennetraumatiqueestégalementassociée 118 àunrisqueélevéd’hypertensionintracrânienne . Dans la situation clinique d’une chirurgie périphérique urgente, hors urgence vitale qui doit être réalisée sans monitoragedelapressionintracrânienneafindenepasretarderlapriseencharge,plusieursétudesrapportentune incidence élevée de survenue d’épisodes d’hypoperfusion cérébrale associant hypotension périphérique et élévation de la pression intracrânienne. Ainsi 26% à 74% des patients présentent en peropératoire une baisse 126,127 128 peropératoiredelapressionperfusioncérébraleau-dessousde70mmHg et45%au-dessousde50mmHg . Ce type d’épisodes peut contribuer à créer une agression secondaire et à aggraver les lésions initiales cérébrales 129-131 ainsiquel’œdèmecérébral . R6.2- Il ne faut probablement pas avoir recours à un monitorage systématique de la pressionintracrânienneafindedétecterunehypertensionintracrâniennedanslecadred’un traumatismecrâniengraveisolésilatomodensitométrieinitialeestnormale,enl'absencede critèresdegravitécliniqueet/oud’anomaliesauDopplertranscrânien. (GRADE2-)AccordFORT Argumentaire: La normalité initiale du scanner n’exclut pas la survenue d’une hypertension intracrânienne secondaire chez les 132-134 patients comateux, cependant son incidence de survenue est faible (0-8%) . Elle est devenue très faible en 135,136 raisondesprogrèsrécentsdel’imageriescannographique . Le monitorage de la pression intracrânienne, en particulier avec la méthode de référence par drain 114,137 intraventriculaire, n’est pas dénué de risque: échec de pose du cathéter ventriculaire (en moyenne 10%) , 138 complications infectieuses (10% pour les drains intraventriculaires et 2,5 % pour les fibres intra139 parenchymateuses ), et complications hémorragiques (2-4% pour les drains intraventriculaires et 0-1% pour les 114,140 fibres intra-parenchymateuses ). Parallèlement, le bénéfice du monitorage n’est pas clairement démontré. L’étuderandomiséecontrôléeBEST-TRIP(347patients),n’apasretrouvédebénéficedumonitoragedelapression 141 intracrânienne par rapport à une surveillance clinique avec des imageries cérébrales répétées . Même si la validitéexternedecetteétuderestecontestée,ellenepeutpasêtreécartée.Ainsi,chezlespatientstraumatisés crânienavecunetomodensitométrieinitialestrictementnormale,lerapportbénéfice-risqueestendéfaveurd’un monitorage systématique de la pression intracrânienne. Dans le cas d’une surveillance neurologique impossible, et/oud’uneinstabilitéhémodynamiquelerapportbénéfice-risquedoitêtreévaluéaucasparcas.Siunmonitorage de la pression intracrânienne est décidé, il faudra préférer les fibres intra-parenchymateuses aux drains ventriculaires(balancebénéficerisque). 16 R6.3- Il faut probablement avoir recours à un monitorage systématique de la pression intracrânienne après évacuation d’un hématome intracrânien post-traumatique (sous-dural, extra-duralouintraparenchymateux)si(1seulcritèresuffit): -LescoredeGlasgowmoteurpréopératoireétaitinférieurouégalà5. -Ilexistaituneanisocorieouunemydriasebilatéralepréopératoire. -Unépisoded’instabilitéhémodynamiqueestsurvenuenpréopératoire. -Dessignesdegravitéexistaientsurl’imageriepréopératoire(disparitiondesciternesdela base,déviationdelalignemédianesupérieureouégaleà5mm,existenced’autre(s)lésion(s) intracrâniennes). -Ilexistaitunœdèmecérébralperopératoire. -Denouvelleslésionsintracrâniennessontapparuessurl’imageriepost-opératoire. (GRADE2+)AccordFORT Argumentaire: Aucuneétuderandomiséen’aévaluélebénéficedumonitoragedelapressionintracrânienneenpostopératoirede l’évacuation d’un hématome intracrânien post-traumatique (sous-dural, extra-dural ou intra-parenchymateux). Cependant, après l’évacuation d’un hématome intracrânien post-traumatique, l’incidence de survenue d’une 142 143 complicationpost-opératoireàtyped’hématomeintra-parenchymateuxestélevée(entre50% et70% ).Plusde 40%decespatientsvontprésenterdanslessuitesunehypertensionintracrâniennenoncontrôléeparlesthérapies 143,144 145 standard .Elleestd’autantplusélevéequelespatientsprésententuneinstabilitéhémodynamique oudes signesdegraviténeurologiqueinitiale(Glasgowmoteurpréopératoireinférieurouégalà5,anisocorie,volumede 146 l’hématome>25ml) .Danscecas,unesoudaineélévationdelapressionintracrâniennepeutêtrelerefletd’un saignement secondaire à la décompression ou à la reperfusion, à une nouvelle collection extra-axiale ou à une majoration de l’œdème cérébral. Après craniectomie décompressive, seules des études rétrospectives de faible 147,148 niveaudepreuverapportentunbénéficeaumonitoragedelapressionintracrânienneenpost-opératoire . R6.4- Les experts proposent d’avoir recours à un monitorage multimodal (Doppler transcrânien et/ou pression tissulaire cérébrale en oxygène) pour optimiser le débit sanguin cérébraletl'oxygénationcérébralechezlestraumatiséscrâniensgraves. Avisd’expert Argumentaire: LeDopplertranscrâniennepeutpasêtreconsidérécommeunmonitoragecontinudelapressionintracrânienne.Il peutcependantconstitueruneaidedécisionnelle.Ilexisteunerelationentrel’indexdepulsatilitéetlapressionde 149-151 152 perfusion cérébrale . Voulgaris et al. rapportent que la mesure de l’index de pulsatilité permet de rapidement identifier les patients traumatisés crâniens ayant une baisse de la pression de perfusion cérébrale (à risque d’ischémie cérébrale). Inversement, le Doppler transcrânien permet d’écarter chez ces patients le risque 153 d’hypertensionintracrâniennesévère(valeurprédictivenégativede88%pourunindexdepulsatilité>1,26) . Lapressiontissulaireenoxygène(PtiO2)reflètel’apportetladiffusiondel’oxygènedanslemilieuinterstitiel.Leseuil 154 ischémique critique semble être aux alentours de 15 à 20 mmHg .Lasurvenuedelésionsischémiquesestaussi associéeàladuréedesépisodesd’hypoxietissulaire.Laduréepasséeendessousduseuilhypoxiquesembleêtreun facteurdéterminantpourl’apparitiondedégâtsirréversibles.VandenBrinketal.ontproposéchezlestraumatisés crâniens, des seuils ischémiques différents en fonction de leur durée : < 5 mmHg pendant 30 min, < 10 mmHg 155 pendant1h45minou<15mmHgpendant4h .LaPtiO2estcorréléeaudébitsanguincérébrallocal,àlapression deperfusioncérébraleetàlaPaO2.Laréactivitéàl’hyperoxieestsouventobservée.Eneffet,l’augmentationdela FiO2estcaractériséeparuneaugmentationdelaPtiO2.Cetteforteréactivitéàl’oxygènepourraittémoignerd’une 156 pertedel’autorégulationcérébrale . LaPtiO2trouvesonintérêtdanslapréventiondel’ischémiecérébraleàpressiondeperfusioncérébralenormale.Elle 157 peutêtreutiliséedansladéterminationd’unobjectifdepressiondeperfusioncérébraleoptimale c’est-à-direla 17 pressiondeperfusionminimalepourlaquellelaPtiO2estau-dessusduseuilischémique.Cettestratégiepermettrait untraitementadapténonseulementàchaquepatientmaiségalementàl’évolutiondumêmepatientaucoursde 158 sonévolution.Dansuneétuderétrospectivenonrandomisée,Narotametal. ontcomparélepronostic(enterme desurvieetdedevenirneurologiqueà6mois)desTCgravesavantetaprèsl’introductiond’unprotocoleincluantla PtiO2 (avec un objectif supérieur à 20 mmHg) et ont montré une amélioration du pronostic comparativement au 158 protocolebasésurPIC/PPC(groupecontrôlehistorique) .Dansuneétudedeméthodologiesimilaire,Spiottaetal. 159 retrouvent des résultats comparables . Le caractère rétrospectif et non randomisé ainsi que l’amélioration généraledelaqualitédessoinsetdelaspécialisationdesunitésdeneuro-réanimationnepermettentcependantpas encoredeconcluredéfinitivementsurl’intérêtdelaPtiO2pourguiderlaréanimationdescérébrolésés. 7 PRISEENCHARGEMEDICALEDEL’HYPERTENSIONINTRACRÂNIENNE. R7.1- Il faut probablement individualiser les objectifs de pression intracrânienne et de pression de perfusion cérébrale correspondant à la meilleure autorégulation cérébrale en se basantsurlesdonnéesdumonitoragemultimodal. (GRADE2+)AccordFORT Argumentaire: La mesure de la pression intracrânienne (PIC) est l'outil essentiel de surveillance continue des patients ayant un traumatisme crânien grave à risque d'hypertension intracrânienne (HTIC). Le niveau de PIC associé à un mauvais pronostic neurologique est variable dans la littérature. En général, une PIC comprise entre 20 et 25 mm Hg est retenuecommecritèredegravitéjustifiantdesmesuresthérapeutiques,maisuneréflexionthérapeutiquedoitêtre entreprisedèsquelaPICdépasseles20mmHg.Iln’yapasd’étudeprospectiverandomiséerecherchantunevaleur seuil de PIC sur le pronostic neurologique. Plusieurs études rétrospectives ou prospectives observationnelles 160-167 retrouvent un seuil de PIC associé à un pronostic péjoratif , ou un moins bon pronostic en l’absence de 168-170 171,172 monitorage de la PIC . La durée d’augmentation de la PIC est un facteur de mauvais pronostic . En 141,173,174 revanche,d’autresétudesnemontrentpasdebénéficedumonitorageisolédelaPIC ,ounetrouventpasde 175-177 seuil de PIC ayant une valeur pronostique . Plusieurs études récentes sont en faveur d’un seuil individuel de traitementbasésuruneapprochephysiologiqued’évaluationdel’autorégulationcérébraleindividuelleparl'étude des rapports des variations de PIC comparées aux variations de pression artérielle moyenne (Pressure Reactivity 161,162,178-181 IndexouPrX) . Certainsauteursontdéfinilapressiondeperfusioncérébrale(PPC)«optimale»commeétantlavaleurpourlaquelle les indices d’autorégulation du débit sanguin cérébral témoignaient de la meilleure réactivité vasculaire. Plusieurs travaux récents trouvent que le pronostic le plus favorable est obtenu lorsque la PPC réelle est proche de la PPC 178,179,181,182 optimale. L’écart par rapport à cette PPC optimale était associé à un moins bon devenir neurologique . Cestravauxsontenfaveurd’uneadaptationindividuelleduniveaudePPCenfonctiondesindicesd’autorégulation. Cettethéorien’apaspourl’instantétévalidéepardesétudesprospectivesetrestedoncunehypothèse. R7.2- En l’absence de monitorage multimodal, il faut probablement cibler la pression de perfusioncérébraleentre60et70mmHg. (GRADE2+)AccordFORT Argumentaire: Lamesuredelapressionintracrânienne(PIC)nepeutpasêtreisoléedelapressiondeperfusioncérébrale(PPC)(PPC = PAM – PIC). La définition du niveau zéro de la PPC est débattue et il est actuellement reconnu que le zéro 183,184 physiologiqueleplusadaptéestobtenueavecunemesuredelaPAMauniveaudutragusdel’oreille .Leseuil dePPCassociéàuneaggravationdupronosticesttrèsvariabledanslalittérature,comprisentre50et70mmHg. UnePPC>70mmHgdemanièresystématiquen’estpasrecommandée.Danslaseuleétudeprospectiverandomisée comparantunestratégievisantàunePPC>70mmHgcomparéeàunestratégievisantàmaintenirunePIC<20mm HgetunePPC>50mmHg,l’objectifdePPCélevées’accompagnaitde5foisplusdedétressesrespiratoires,sans 18 185 effetsurledevenirneurologique .UnePPCautourde60mmHgestleseuild’améliorationdupronosticleplus 161,163,164,176,177 souventretrouvé . Par ailleurs, une PPC spontanément élevée, supérieure à 90 mm Hg a été associée à une aggravation du devenir neurologique.Ilestpossiblequ’unePPCtropélevéeaggravel’œdèmevasogéniquepost-traumatique,cequipourrait 164 expliquercesrésultats . Uneétudeacomparélesrésultatsneurologiquesdansdeuxcentressituésdans2pays(Pays-basetAngleterre),l’un ayantpourobjectifunePIC<20mmHgetunePPC>60mmHgcommeobjectifsecondaire,l’autreayantunobjectif 180 principal de PPC > 70 mm Hg et une PIC < 25 mm Hg comme objectif secondaire . Les patients qui avaient une autorégulation cérébrale perturbée avaient un meilleur devenir avec le protocole basé sur la PIC (PPC basse). Les patientsquiavaientuneautorégulationpréservéeavaientunmeilleurdeveniravecleprotocolebasésurlaPPC(PPC 180 élevée) .Dansuneautreétuderétrospective,unePPC<60mmHgétaitassociéeàunmeilleurpronosticlorsque 186 l’autorégulationétaitaltérée .Cettelittératurerévèleunelargevariabilitéinteretintra-individuelleduniveaude PPC optimale et appelle à une individualisation de l'objectif de PPC en fonction des résultats du monitorage multimodal. R7.3–Ilfautadministrerdumannitol20%oudusérumsaléhypertonique(250mosmol)en15 à20minutesentraitementd’urgenced’unehypertensionintracrâniennesévèreoudesignes d’engagement,aprèscontrôledesagressionscérébralessecondaires. (GRADE1+)AccordFORT Argumentaire: L’osmothérapieprovoqueuneaugmentationtransitoiredel’osmolaritédumilieuextracellulaire,induitungradient de pression osmotique de part et d’autre de la barrière hémato-encéphalique et un appel d’eau vers le milieu hypertonique.Sonefficacitéaétémontréepardenombreusesétudes.Ellediminuelapressionintracrânienne(PIC) avecuneffetmaximalen10à15minutespouruneduréethéoriquede2à4heures.Sonultimebutestderestaurer undébitsanguincérébral(DSC)suffisant.L’effetdetroisthérapeutiquesconnuespourdiminuerlaPICaétéétudié (osmothérapie, soustraction de liquide céphalorachidien, hyperventilation) et seule l’osmothérapie augmente la 187 saturationveineusejugulaireenoxygène,marqueurindirectdudébitsanguincérébral .Parsoneffetrapidesur l’hypertension intracrânienne (HTIC) et bénéfique sur le DSC, c’est le traitement d’urgence de choix contre l’hypertension intracrânienne chez un patient ayant des signes d’engagement cérébral (mydriase aréactive, anisocorie) et/ou aggravation neurologique non attribuable à une cause systémique, y compris en pré-hospitalier. Par contre, l’administration de sérum salé hypertonique systématique en préhospitalier chez les traumatisés crâniensgravesdanslebutderestaurerprécocementunehémodynamiquesatisfaisante,sanssigned’hypertension 188,189 intracrânienneobjectivé,n’apasmontrésasupérioritéparrapportàl’utilisationdecristalloïdes . Adoseéqui-osmotique(environ250mosmoles),lemannitoletlesérumsaléhypertonique(SSH)ontuneefficacité 190,191 comparable pour traiter l’hypertension intracrânienne . Néanmoins, chacun d’entre eux possède des effets secondaires qu’il est nécessaire de considérer avant leur utilisation: le mannitol induit une diurèse osmotique et nécessite une compensation volémique lors de son utilisation et le SSH expose à l’hypernatrémie et l’hyperchlorémie.Danslesdeuxcas,unesurveillancerapprochéedubilanioniqueestnécessaire. R7.4– Ilnefautprobablementpasfaired’hypocapniecommetraitementd’unehypertension intracrânienne. (GRADE2-)AccordFORT Argumentaire: L’hypocapnie a longtemps été le premier recours thérapeutique de l’hypertension intracrânienne sans preuve formelledesonefficacité.Laseuleétudeprospectiverandomiséeayantétudiél’effetdel’hypocapnieprolongée(25 ± 2 mmHg pendant 5 jours) comparativement à la normocapnie (35 ± 2 mmHg) a montré un moins bon pdevenir 192 neurologique dans le groupe hypocapnique . Le rationnel de cet effet délétère est l’exacerbation des lésions ischémiquessecondairesmêmepourdeshypocapniesmoinsprofondes(30mmHg),pardiminutiondudébitsanguin cérébral et une augmentation de l’extraction en oxygène, avec des effets inconstants sur le métabolisme cérébral 19 83,193-196 selonlesétudes .Ainsi,l’hyperventilationprolongéepourlecontrôledel’hypertensionintracrâniennen’est pasrecommandéesionnedisposepasdemonitoragedel’oxygénationcérébralepourvérifierl’absenced’hypoxie cérébraleinduiteparcettemodalité.Laplupartdutemps,unobjectifdenormocapnieestrecherché. R7.5– Il ne faut probablement pas administrer d'albumine à 4% comme soluté de remplissagechezlestraumatiséscrâniensgraves. (GRADE2-)AccordFORT Argumentaire: 197 L’étudeSAFE ,portantsurprèsde7000patients,acomparél’administrationdesérumsérumsaléà0,9%àcelle d’albumineà4%chezdespatientsadmisenréanimationpourdesmotifsvariésetn’apasretrouvédedifférenceen termedemortalitéoudedéfaillanced’organesà28jours.Toutefois,lestraumatiséscrâniensgravesréanimésavec de l’albumine présentaient un taux de mortalité supérieur à ceux réanimés avec du sérum salé à 0,9% (24,5% vs. 198 15,1%,RR:1,62,IC95%1,12-2,34,p=0,009).CetteanalyseensousgroupeàconduitMyburghetal. àréaliserun suivipost-hocsur2ansde460patientsissusdel’étudeSAFE(dont318traumatiséscrâniensgraves)cequiapermis de montrer que l’administration d’albumine était associée à un sur-risque de mortalité (respectivement 41,8% vs. 22,2%, RR: 1,88, IC 95% 1,31-2,7, p<0,001). Il est possible que ce résultat soit lié au caractère hypotonique de la présentationd’albumineutilisée.Encasdetraumatisécrânienprésentantunchochémorragique,ilestrecommandé 199 de ne pas utiliser d’albumine . La Société Européenne de Réanimation (European Society of Intensive Care 200 Medicine,ESICM)recommandedenepasutiliserd’albuminechezletraumatisécrânien . 8. STRATEGIEDEPRISEENCHARGEDUPOLYTRAUMATISÉAVECTRAUMATISMECRANIENGRAVE. R8.1– En cas de polytraumatisme associé au traumatisme crânien grave, les experts proposent de privilégier la stabilisation hémodynamique et respiratoire du patient avant la réalisationdelatomodensitométriecorpsentierinjectée. Avisd’experts Argumentaire: Chez les patients de traumatologie grave en instabilité hémodynamique, l’incidence des lésions neurochirurgicales 201 est faible comparée à celle des lésions nécessitant une chirurgie d’hémostase (2,5% vs. 21%) . La réalisation de l’hémostasedecespatientsprimedoncsurlaréalisationdelatomodensitométriecérébrale.Lorsquelepatientest stabilisé,laTDMcérébraleestobligatoireentantqu’élémentdelaTDMcorpsentierinjectéeafind’établirlebilan lésionnel complet. En effet, même si l’effet de la TDM corps entier sur la mortalité des patients de traumatologie 202 grave n’a pas été retrouvé dans une méta-analyse récente (RR : 0,91; IC 95% 0,79-1,05) , une diminution de la mortalité des patients avec une TDM corps entier a pu être démontrée par rapport aux patients avec une TDM 203,204 segmentairechezlespatientsprésentantuntraumatismegrave . R8.2– En dehors du cadre de l’urgence vitale immédiate, les experts proposent de ne pas réaliserdechirurgieàrisquehémorragiquedansuncontexted’hypertensionintracrânienne. Avisd’experts Argumentaire: Une chirurgie majeure avec hémorragie, hypotension artérielle et transfusion peut contribuer chez les patients traumatisés crâniens graves à créer une agression secondaire et aggraver les lésions initiales cérébrales, aggraver l’œdèmecérébral,etaugmenterlerisquededévelopperdeslésionspulmonairesgravesvoireunedéfaillancemulti20 viscérale 129,131,205 . La réalisation de gestes chirurgicaux précoces peu hémorragiques, notamment orthopédiques, est toutefois réalisable de manière précoce (moins de 24 heures) après un traumatisme crânien grave stabilisé en l’absence 205,206 d’hypertensionintracrânienne.Danslesrevuesrécentesdelalittérature ,13étudesportantsurdespatients polytraumatisés cérébrolésés ont pu être répertoriées: aucune n’a montré d’augmentation de la mortalité ou du mauvaisdevenirneurologiquelorsquecespatientsétaientopérésprécocement. R8.3– Il faut probablement mettre en place ou poursuivre le monitorage intracérébral pendantlaprocédurechirurgicale. (GRADE2+)AccordFORT Argumentaire: Lasurveillanceneurologiquedecespatientsestindispensableafindelimiterlesépisodesdediminutiondepression 6 deperfusioncérébrale . Pietropaolietal.ontétudiélesrépercussionshémodynamiquesd’unechirurgiepériphériquedansles72heuresd’un 207 TC grave . Trente deux pour cent des patients ont présenté une hypotension artérielle peropératoire (PAS < 90 mmHg). Ces patients ont eu une mortalité de 82%, alors que les patients du groupe sans hypotension ont eu une mortalitéde32%. 9. DETECTIONETTRAITEMENTPREVENTIFDESCRISESEPILEPTIQUES. R9.1– Chez les patients traumatisés crâniens graves adultes, il ne faut probablement pas administrer de médicament antiépileptique en prévention primaire, dans le but de diminuer l’incidencedel’épilepsiepost-traumatique(précoceettardive). (GRADE2-)AccordFORT Argumentaire: DansletravaildeAnnegersetal.,quifaitréférenceentermed’épidémiologiedel’épilepsiepost-traumatique(EPT), l’incidencedescrisescliniquesprécoces(dansles7joursaprèsleTC)étaitde2,2%,etl’incidencedescrisestardives ère 208 (plusde7joursaprèsleTC)étaitde2,1%,maiselleétait11,9%pourlesTCgravesdansla1 année .Cetteétude rétrospective concernait 4541 TC mineurs, modérés et sévères, et ne faisait pas mention de prophylaxie antiépileptique (PAE) ni d’EEG. Dans cette publication, les facteurs de risque identifiés de crises cliniques tardives étaient : contusion cérébrale, hématome sous-dural aigu, embarrure, fracture du crâne, perte de connaissance 208,209 initialeouamnésiedeplusde24heures,âgesupérieurà65ans .Lasurvenuedecrisesprécocesn’exposaitpas aux crises tardives en analyse multivariée, mais ce point reste débattu. Plus récemment, la neurochirurgie, en 210,211 particulierlacrâniectomieaétéidentifiéecommepossiblefacteurderisqued’EPTprécoce . LarecherchebibliographiqueaconcernélaPAEprimairelorsdelapriseenchargedesTCgraves,depuis1998(hors 212 pédiatrieethématomesous-duralchronique)etaconcernéplusde3000patients.L’étudedeTemkinetal. etses 213,214 étudesancillaires ontétéintégréesenraisondeleurimportancedansl’historiquedelapréventiondel’EPT. OnzeessaisontétudiélaPAEchezleTCgrave:2ontcomparéphénytoineversusplaceboouabsencedetraitement 215,216 217-223 (1101patients) ,7phénytoineversuslévétiracétam(1392patients) ,et2valproateversusphénytoineou 196,197 absence de traitement (291 patients) . Trois études étaient prospectives (2 randomisées), et 8 étaient 189,190,192 rétrospectives. Trois études comprenaient la réalisation d’un EEG . Deux méta-analyses ont été ajoutées, 224,225 222 dont la dernière de la Cochrane database qui actualise les précédentes . Hormis l’étude de Radic et al. , consacrée aux hématomes sous-duraux aigus et subaigus, aucune de ces études n’analysait spécifiquement les facteursderisqued’EPTprécédemmentrelevés. Toutescesétudesprésentaientunfaibleniveaudepreuve,maisendehorsdelaméta-analyseCochrane2015qui 225 comprenaitdenombreusesétudestrèsantérieuresà1998pesantenfaveurdelaphénytoinesurl’EPTprécoce , leursconclusionsétaientconcordantes:aucunen’aclairementmontréd’effetsignificatifd’unePAElorsdelaprise en charge initiale d’un TC grave sur la survenue d’EPT précoce ou tardive, que ce soit entre médicaments 21 antiépileptiques (MAE), ou entre MAE et placébo. Toutes ces études retrouvaient des incidences d’EPT clinique précoces ou tardives de l’ordre de 1,5 à 5 %. En revanche, plusieurs travaux retrouvent une majoration des effets 218,219,222,223,225 214,216,218 secondairesdelaphénytoine ,voireunealtérationdudevenirneurologique . Au total, les arguments scientifiques ne permettent pas en 2016 de recommander une PAE systématique dans le cadreduTCgrave.Celle-cipeutnéanmoinsêtreenvisagéeencasdefacteurderisque.Danscecas,lelévétiracétam serapréféréàlaphénytoine,comptetenudeseseffetssecondairesmoindres. Enl’absenced’étudecomparantdifférentstraitementsantiépileptiquesdanslecadredutraitementd’unecriseou d’unétatdemalépileptiqueaprèsTCgrave,celui-cidoitêtretraitécommelorslesautrespathologiessusceptibles degénéreruneépilepsie. 10. HOMEOSTASIEBIOLOGIQUE(OSMOLARITE,GLYCEMIE,AXECORTICO-SURRENALIEN). R10.1– Il ne faut probablement pas induire une hypernatrémie prolongée pour contrôler la pressionintracrâniennechezletraumatisécrâniengrave. (GRADE2-)AccordFORT Argumentaire: L’objectif d’une hypernatrémie induite par du serum salé hypertonique (SSH), repose sur la capacité du SSH à diminuerlaPICdemanièreponctuellelorsqu’ilestutiliséenbolus.Uneprescriptionencontinu,aveccontrôledela valeurdenatrémie,postulequ’unehypernatrémieentraîneraitunehyperosmolaritéplasmatique,cequidiminuerait l’œdème cérébral, aiderait au contrôle de l’HTIC, voire améliorerait le pronostic. Il n’existe pas d’études prospectives, randomisées et contrôlées permettant de valider cette séquence chez l’homme. La seule étude existante est pédiatrique où les auteurs ont comparé l’effet d’une réanimation au SSH versus une réanimation au 226 Ringer lactate après traumatisme crânien . Le groupe SSH nécessitait moins d’interventions pour maintenir une valeurdePICinférieureà15mmHg,maislesvaleursdePICetdePPCétaientidentiquesentreles2groupesetonne connaissait pas les valeurs de natrémie et d’osmolarité atteintes dans le groupe SSH. Il existe par ailleurs, des argumentscontrel’instaurationd’unehypernatrémiecontrôléeaprèstraumatismecrânien: - L’effetbénéfiquethéoriqued’unehypernatrémieimposeunebarrièrehémato-encéphalique(BHE)intacte pourpermettrelacréationdugradientosmotique.OrlaBHEpeutêtreléséeaprèsuntraumatismecrânien grave.Ilaétémontréqu’uneperfusiondeSSHpouvaitêtredélétères’ilyavaitunerupturedelaBHE,en 227 augmentantlatailledescontusionscérébrales . - Larégulationduvolumecellulairecérébrallimitel’efficacitéd’unehyperosmolaritésurlelongterme:après unepériodeinitialedediminutiondevolumecellulaire,desosmolespénètrentàl’intérieurdelacelluleet rétablissentunvolumenormal.Ilexistealorsunrisquede«rebond»dePICaumomentdelacorrectionde l’hypernatrémie. 228 - Iln’apasétépossibled’établirunerelationentrevaleurdenatrémieetvaleurdePIC . - L’hypernatrémies’accompagned’unehyperchlorémiepouvantêtredélétèresurlafonctionrénaleetapu êtreimpliquéedansl’apparitiondemyélynolyseextra-pontique.Ceseffetsn’ontpasétéretrouvésdansune analyserétrospectivede50patientstraumatiséscrânienschezquiunehypernatrémiecontrôléeavaitété 229 instaurée . R10.2 – Il ne faut pas administrer des glucocorticoïdes à forte dose après un traumatisme crâniengrave. (GRADE1-)AccordFORT Argumentaire: L’étudeCRASHquiavaitinclusplusde10000patientstraumatiséscrâniensamontréunesurmortalitéimportante 230 danslegroupeayantreçudesglucocorticoïdesàfortedose . 22 R10.3– Ilfautsurveillerétroitementlaglycémieetréaliseruncontrôleglycémiqueciblantdesvaleurs comprisesentre8mM/L(1,4g/L)et10-11mM/L(1,8-2g/L)chezletraumatisécrâniengrave(adulteet enfant). (GRADE1+)AccordFORT Argumentaire: L'hyperglycémieestfréquemmentretrouvéechezletraumatisécrânien(TC)grave.Ils'agitd'unehyperglycémiede stress induite initialement par les hormones de contre-régulation, puis entretenue par des phénomènes 231 d'insulinorésistance .Denombreusesétudesobservationnellesontclairementmontréquel'hyperglycémiechezle TCétaitassociéeàunrisqueaccrudemortalitéetdemorbidité,enparticuliersurledevenirneurologiqueàmoyen 232-239 et long terme . L’hyperglycémie > 2 g/l a été identifiée comme facteur indépendant de surmortalité, de survenued'infectionsetd'augmentationdeduréedeséjour,aprèsajustementsurl'âgeetl’injuryseverityscore(ISS) 232 234 . Considérant ces données, l'hyperglycémie est considérée depuis de nombreuses années comme une des agressionscérébralessecondairesd'originesystémiquequinécessiteuntraitement. 240 En réanimation polyvalente, les résultats bénéfiques initiaux d’un contrôle strict de la glycémie n'ont pas été 241 confirmés ultérieurement . Toutes les études confirment le risque accru d'hypoglycémies lié à l'insulinothérapie intensive. En utilisant la microdialyse cérébrale, de nombreuses études ont montré que l'insulinothérapie avec un objectifglycémique<6-7mMs'associaitàunrisqueaccrud'apporténergétiqueglucidiqueinsuffisantaucerveau, 242-246 comme en témoigne la baisse du glucose interstitiel cérébral . L'élévation concomitante des concentrations cérébrales interstitielles de lactate et glutamate, du rapport lactate/pyruvate et la diminution du rapport lactate/glutamate suggèrent fortement l'existence d'une crise énergétique cérébrale pouvant aggraver les lésions. 247 Uneétudeprospectiverandomiséeencross-overaétéréaliséesurfaibleeffectifdeTC(n=13) .Elleamontréque lecontrôleglycémiquestrict(0,8-1,1g/l)augmentaitlemétabolismecérébralglobaletlesmarqueursbiologiquesde ème ème criseénergétiquecellulairecomparéaucontrôleconventionnel(1,2-1,5g/l)du3 au8 jourpost-traumatique. 240,248-253 Acejour,7étudesrandomiséescontrôléesontévaluél'impactducontrôleglycémiquechezleTC .Toutes cesétudesmontrentquelecontrôleglycémique"strict"nemodifiepasledevenirneurologiquenilamortalité,mais 251 qu'ilaugmentelenombred'hypoglycémies.L'étudedeCoesteretal. sur88TCGn'aretrouvéaucunedifférence demorbi-mortalité,maisuneincidenceplusélevéed'hypoglycémiedanslegroupeavecuneglycémiestricteà6,9 253 mM.Dansunsous-groupede188patientscérébrolésésissusdel'étudeCGAO,Cinottietal. n'ontmontréaucune différence de mortalité à J28, ni de devenir neurologique à 6 mois entre les 2 groupes de patients (glycémies moyennes5,9mMvs6,5mM),maisunnombreplusimportantd'épisodesd'hypoglycémiessévères.Danslesous252 groupedepatientstraumatiséscrâniensgravesdel'étudeNICE-SUGAR ,lesrésultatsn'ontpasmisenévidencede différence en terme de mortalité, ni de devenir neurologique à 1 et 2 ans, mais davantage d'hypoglycémies modéréesetsévères.Uneméta-analysede2012(n'incluantpasles2dernièresétudesrandomisées)aévalué1248 254 patientscérébrolésés .Lesdonnéesontmontréqu'iln'yavaitaucunbénéficeaucontrôle"strict"surlamortalité, (RR:0,99,IC95%[0,79-1,22]).Lenombred'hypoglycémiesaétéplusélevéchezlespatientsaveccontrôle"strict" (RR:3,1,IC95%[1,54-6,23;p=0,002). Autotal,ilestclairquel'hyperglycémieaudelàde10-11mM(1,8-2g/l)aggravelepronosticneurologiquesanseffet sur la mortalité. Le contrôle dit "strict" < 8 mM (< 1,4 g/l) n'apporte aucun bénéfice tout en exposant au risque d'hypoglycémie et de crise énergétique cérébrale potentiellement délétères. Il faut à ce jour recommander un contrôleglycémiquemodéréchezlesTCGavecunecible>1,4g/let<1,8g/l.L'absencededonnéesnepermetpas derecommanderunecibleoptimumentrecesvaleursseuils.Unetellepriseenchargepassedoncpardescontrôles glycémiquesrépétés(de30minutesà4heures),surprélèvementsdesangveineuxouartériel. 11. PARTICULARITEDUTRAUMATISMECRANIENGRAVECHEZL’ENFANT. R11.1 – Il faut probablement mesurer la pression intracrânienne après traumatisme crânien gravedel’enfantycomprischezlenourrissonetencasdetraumatismecrânieninfligé. (GRADE2+)AccordFORT Argumentaire: 255-258 Sansévaluerdirectementl’effetdumonitoragedelaPIC(vs.l’absencedemonitorage),desétudesrécentes 23 apportentdesélémentsenfaveurd’unimpactpositifdecelui-cisurledevenirneurologiquedesenfantsvictimesde TCgrave,bienqu’ilsoitdifficiled’isolerl’impactstrictdumonitorageauseind’uneffetglobalassociéaurestedela 162,259-274 priseencharge.Parailleurs,plusieursétudes ontmontréunecorrélationentrelesparamètresmesurésvia le monitorage (niveau de pression intracrânienne et/ou de pression de perfusion cérébrale) et le devenir des patients.L’analysedecesétudesmontrequeleniveaudePPCsembleplusfortementassociéaudevenirdespatients quelavaleurisoléedelaPIC.LaplupartdesétudesanalysentledevenirparleGlasgowOutcomeScale,souslaforme d’unevariabledichotomique,l’évolutiondéfavorableincluantdécès,étatvégétatifpersistantethandicapsévère. Auseindelapopulationpédiatrique,lemonitoragedelapressionintracrânienneestnettementmoinsfréquemment 256,275,276 réaliséchezlesnourrissons(âge<2ans) .LeTCinfligéreprésente,pourcesous-groupe,unepartétiologique 275,276 prépondérante dontlesvictimessonttoutparticulièrementexposéesàlasurvenued’uneHTIC,àunemortalité 256,277-280 élevéeetàunpronosticglobalpéjoratif .Laplupartdesétudessus-citéesmontrantlarelationentreniveau de PIC et/ou de PPC et devenir neurologique incluait des nourrissons dans leur cohorte. Par ailleurs, deux études, analysant spécifiquement la population des nourissons, confirment la présence d’une HTIC et retrouvent une 281,282 associationforteentreniveaudePPCetpronosticneurologique .Enfin,lesétudesanalysantlescomplications 283,284 du monitorage ne rapportent pas plus de complications chez les nourrissons , n’apportant pas d’argument spécifiquepourunecontre-indicationaumonitoragedanscesous-groupe. R11.2 – Il faut probablement adapter les seuils minimaux de pression de perfusion cérébrale chezletraumatisécrâniengravedel’enfant:40mmHgpourlesenfantsde0à5ans,50mmHg pourles5-11ansetentre50et60mmHgpourlesplusde11ans. (GRADE2+)AccordFORT Argumentaire: Plusieursétudesobservationnellesprospectivesetrétrospectivesontmontréquelesenfantsquiavaientdesvaleurs de PPC inférieures à 40 mmHg ou qui passaient plus de temps en dessous de ce seuil avaient un risque plus 162,271,285,286 importantdemauvaispronostic,définiparundécèsoudesséquelleslourdesàlongterme .Aucuneétude n’a comparé une stratégie visant à maintenir la PPC > 40 mmHg par rapport à une stratégie plus permissive. QuelquesétudessuggèrentuneassociationentredesseuilsdePPCplusélevésque40mmHg,enfonctiondel’âge, 264,272,274 etunbonpronostic . Laseuleétudeprospectivequiatestéplusieursseuilsselonl’âge,demanièreprospective,estl’étuded’Allenetal. 274 . En regroupant les patients de 0-5 ans et les 6-11 ans, ils montraient que les enfants qui avaient des PPC inférieuresauxseuilsbas(30et35mmHgrespectivement)avaient8foisplusderisquedemauvaisdevenirqueceux qui avaient des PPC supérieures aux seuils hauts (40 et 50 mmHg respectivement). Un sur-risque de mauvais pronostic était également mis en évidence dans le groupe traité avec des seuils intermédiaires par rapport à ceux traitésavecunseuilhaut.Lesadultesavecunseuilbas<50mmHgavaientunrisque2,35foissupérieurd’avoirun mauvaisdevenirqueceuxavecunseuildePPChautà60mmHg,alorsqu’aucunedifférencen’étaittrouvéedansle grouped’âge12-17ansaveclesmêmesseuils. Les seuils minimaux de PPC permettant de limiter le risque de décès sont de 40 mmHg pour les 0-5 ans et de 50 mmHg pour les 6-11 ans. Au-delà de 11 ans, le seuil minimal se situe entre 50 et 60 mmHg. Dans les études 262,272 d’AdelsonetdeKapapa,leseuilutilisé était de 55-60 mmHg pour les enfants respectivement de 8 et 7 ans . 264 Dansl’étudedeChambers,leseuilpourlesenfantsdeplusde10ansétaitde58mmHg . Un seuil minimal ne signifie pas un seuil optimal, et il convient pour chaque patient de chercher le seuil optimal permettantd’obtenirlemeilleurdébitsanguincérébral. La plupart des études analysant la relation entre le niveau de pression intracrânienne et le devenir des enfants victimesdeTCgrave,ontétéréaliséesdansunepopulationmonitoréeettraitéeavecunseuildetraitementfixé«à priori»à20mmHg.Cesétudesretrouventdemanièreconcordante,d’unepart,unecorrélationforteentrePIC≤20 mmHg et évolution favorable sur la base du Glasgow Outcome Scale (handicap modéré, mineur ou absence 259-261,266-268,270,287 d’handicap) ,etd’autrepart,uneassociationforteentrePIC>40mmHg(ou35mmHgetévolution 162,259,260,264,266,270,271,288 défavorable(décès,étatvégétatif,handicapsévère) .C’estsurlabasedecesdonnéesqueles 289 recommandationsaméricainesde2012 ontconfirméqueletraitementdel’HTICdevaitêtreconsidéréau-delàdu seuil de 20 mmHg. Il n’existe pas de nouvel élément à l’heure actuelle pour modifier cette recommandation. Cependant,certainesdonnéessuggèrentqueleseuildetraitementpourraitêtreabaissédanslestranchesd’âgeles plus jeunes. Physiologiquement, PIC et PPC sont d’autant plus basses que l’enfant est jeune, avec des valeurs 290 atteignantlesvaleursadultesau-delàde6à8ans ,cequiplaideenfaveurdeseuilsvariablesselonl’âge.Plusieurs 162,264,271,288 étudesrétrospectivesvontdanscesens maisavecdesseuilsthérapeutiquesprédéfinisvariablesselonles auteurs:objectifdePIC<15mmHguniquementpourlesmoinsde2anspourcertainsauteurs,PIC<15mmHgpour 24 269 l’ensembledelapopulationpédiatriquepourd’autres.Defaçonrécente,l’étudedeSigurtà ,réaliséeavecunseuil thérapeutiqueprédéfinià20mmHg,apportedenouveauxargumentsenmontrantquelacorrélationentreleniveau de PIC et le devenir pourrait être variable en fonction de l’âge avec un seuil de PIC inférieur à 20 mmHg dans les tranchesd’âgelesplusjeunes.AinsilavaleurmoyennedePICsur24heureslaplusélevéeretrouvéecommeétant unfacteurindépendantassociéaupronosticétait(envaleurmédiane)à15[2-39]pourles0-5ans,16[7-74]dansle groupe6-12ans,21[5-90]danslegroupe13-16anset20,5[4-119]danslegroupe17-18ans.D’autresétudessont cependantnécessairespourconfortercesdonnéesetétablirunconsensus. R11.3 – Il faut prendre en charge l'enfant traumatisé crânien grave dans un Trauma Center pédiatrique,ouàdéfautdansunTraumaCenteradulteaveccompétencespédiatriques. (GRADE1+)AccordFORT Argumentaire: Lapriseenchargedesenfantstraumatisésgraves,enparticulierdesenfantstraumatiséscrâniensgraves,dansun TraumaCenterpédiatriqueouàdéfautdansunTraumaCenteradulteoùleséquipespossèdentdescompétences 291-303 pédiatriques,permetderéduirelamorbi-mortalité .Bienquelesniveauxdepreuvedesétudesvariententre faible et modéré, du fait d'une méthodologie rétrospective, le nombre total de patients étudiés très important permetd'améliorerleniveauglobal.Ilsembledonclicitederecommanderdeprendreenchargel'enfanttraumatisé crâniengravedansunTraumaCenterpédiatriqueouàdéfautdansunTraumaCenteradulteoùleséquipesavecdes compétencespédiatriques. 25 12. CONTROLECIBLEDELATEMPERATURE(CCT)APRESTRAUMATISMECRANIEN. RETRANSCRIPTION PARTIELLE DES RFE 2016 SFAR/SRLF «CONTROLE CIBLE DE LA TEMPERATURE EN REANIMATION»(ensusdesrecommandations). Pour les argumentaires, merci de se référer aux RFE Contrôle ciblé de la température en réanimation (http://sfar.org/referentiels/) R12.1–Chezlespatientstraumatiséscrâniensgraves,ilfautprobablementpratiquerunCCT entre35et37°Cdanslebutdeprévenirl’hypertensionintracrânienne. (GRADE2+)AccordFORT R12.2–Chezlespatientstraumatiséscrâniensgraves,ilfautprobablementpratiquerunCCT entre35et37°Cdanslebutd’améliorerlasurvieavecbonpronosticneurologique. (GRADE2+)AccordFORT R12.3–Chezlespatientstraumatiséscrâniensavechypertensionintracrâniennemalgréun traitementmédicalbienconduit,ilfautprobablementpratiquerunCCTentre32et35°Cdans lebutdefairebaisserlapressionintracrânienne. (GRADE2+)AccordFORT R12.4–Chezlespatientstraumatiséscrâniens,ilfautprobablementadapterladuréeetla profondeurduCCTenfonctiondel’hypertensionintracrânienne. Avisd’experts R12.5–Chezl'enfanttraumatisécrâniengrave,ilfautfaireunCCTvisantàmaintenirune normothermie. Avisd’experts R12.6–Chezl'enfanttraumatisécrâniengrave,ilnefautpasinduiredeCCTavecpourbut d’obtenirunehypothermiethérapeutique(32-34°C)pouraméliorerlepronosticoupour contrôlerl'HTIC. (GRADE1-)AccordFORT 26 Références 1. Managementofsevereheadinjuriesintheearlystage.Recommendations.AnnFrAnesthReanim 1999;18:15-22 2. Ono J, Yamaura A, Kubota M, Okimura Y, Isobe K: Outcome prediction in severe head injury: analysesofclinicalprognosticfactors.JClinNeurosci2001;8:120-3 3. MosenthalAC,LaveryRF,AddisM,KaulS,RossS,MarburgerR,DeitchEA,LivingstonDH:Isolated traumatic brain injury: age is an independent predictor of mortality and early outcome. J Trauma 2002;52:907-11 4. Ratanalert S, Chompikul J, Hirunpat S: Talked and deteriorated head injury patients: how many pooroutcomescanbeavoided?JClinNeurosci2002;9:640-3 5. 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