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RéfleXions 52 avril 2012 Tome 9 Soins de support Dossier Nutrition thérapeutique en oncologie : bénéfices du support nutritionnel Savoir prescrire Zytiga® dans le traitement du cancer de la prostate métastatique résistant à la castration et après Taxotère Anti-angiogéniques et maladies artérielles Congrès ASCO GU 2012 – morceaux choisis C.E.R.I.A. Cas clinique du CERIA Maladie athéromateuse et risque des traitements anti-angiogéniques ISSN : 1767-655X Coordination scientifique : François Goldwasser 4 Crédits FMC par an JBH santé De l’information à la formation du spécialiste en médecine oncologique RÉDACTEURS EN CHEF François GOLDWASSER, Cochin, Paris Mario DI PALMA, IGR, Villejuif SOMMAIRE DOSSIER Anti-angiogéniques et maladies artérielles COMITÉ SCIENTIFIQUE Philippe ANRACT, Cochin, Paris Marie-France AVRIL, Cochin, Paris Daniel BRASNU,HEGP, Paris Xavier BERTAGNA, Cochin, Paris Jean-Yves BLAY, Lyon Roland BUGAT, Centre Claudius Régaud, Toulouse Charles CHAPRON, Cochin, Paris Stanislas CHAUSSADE, Cochin, Paris Bernard CORTET, Lille Bertrand DOUSSET, Cochin, Paris Nicolas DUPIN, Cochin, Paris Daniel DUSSER, Cochin, Paris Sylvie GISSELBRECHT, Institut Cochin, Paris Loïc GUILLEVIN, Cochin, Paris Aimery de GRAMONT, St Antoine, Paris Martin HOUSSET, HEGP, Paris Axel KAHN, Institut Cochin, Paris David KHAYAT, La Pitié Salpêtrière, Paris Jerzy KLIJANIENKO, Institut Curie, Paris Jean LACAU-SAINT GUILLY, Tenon, Paris Paul LEGMANN, Cochin, Paris Jean-François MEDER, St Anne, Paris Jean-Louis MISSET, St Louis, Paris Françoise MORNEX, Lyon Luc MOUTHON, Cochin, Paris Stéphane OUDARD, HEGP, Paris Philippe POURQUIER, Centre Bergonié, Bordeaux Pascal PIEDBOIS, Henri Mondor, Créteil Eric PUJADE-LAURAINE, Hôtel Dieu, Paris Philippe ROUGIER, Ambroise Paré, Boulogne Christian ROUX, Cochin, Paris Michèle SALAMAGNE, Paul Brousse, Villejuif Daniel SERIN, Avignon Eric SOLARY, Dijon Jean TREDANIEL, St Joseph, Paris Jean Michel VANNETZEL, Hartmann, Neuilly COMITÉ DE LECTURE Jérôme ALEXANDRE, Hôpital Cochin, Paris Hervé CURE, Reims François GOLDWASSER, Hôpital Cochin, Paris Loïc GUILLEVIN, Hôpital Cochin, Paris Jean-Louis MISSET, Hôpital St-Louis, Paris Jean-Yves PIERGA, Institut Curie, Paris Eric RAYMOND, Hôpital Beaujon, Paris 3 5 7 9 14 Maladie d’Alzheimer et anti-angiogéniques : une voie thérapeutique prometteuse ? — François Goldwasser, Paula Grammas Anti-angiogéniques et accident vasculaire ischémique cérébral : contre-indication transitoire ou définitive ? ———— F. Goldwasser, Adria Arboix Approches anti-angiogéniques pour l’inhibition de la déstabilisation des plaques au cours de l’athérosclérose ———— F. Goldwasser, K. Toutouzas Fréquence, physiopathologie et principe de traitement des complications cardiaques des anti angiogéniques —————————— Stéphane Ederhy et al. Conclusion : maladie vasculaire et risque des traitements anti-angiogéniques ; effet inverse selon le stade —————————————— François Goldwasser S avo i r p r e s c r i r e 15 Savoir prescrire Zytiga® dans le traitement du cancer de la prostate métastatique résistant à la castration et après Taxotère — Marine Gross-Goupil C.E.R.I.A. 17 Cas clinique du CERIA - Maladie athéromateuse et risque des traitements anti-angiogéniques —————— François Goldwasser Congrès 19 ASCO GU 2012 – morceaux choisis —————— M. Gross-Goupil, S. Le Moulec Actualités 24 Le choix crucial entre le feu et les briques - à partir du congrès de l’American Association for Cancer Research (AACR) ———————— François Goldwasser I n n ovat i o n t h é r a pe u t i qu e 26 L’afatinib : un pas de plus dans le contrôle des adénocarcinomes pulmonaires avec mutation du gène du récepteur de l’EGF —— F. Goldwasser Soins de support 28 UNE ÉDITION J.B.H. SANTÉ 53, rue de Turbigo - 75003 Paris Tél. : 01 44 54 33 54 - Fax : 01 44 54 33 59 Site : http ://www.jbhsante.fr Directeur de la publication : Dr Jacques HALIMI Secrétariat de rédaction : Yaëlle ELBAZ Maquette : Clémence KINDERF Service commercial : Rita BERRADA Secrétariat et abonnements : Louise ASCOLI ([email protected]) Imprimerie : Gyss Imprimeur Obernai - 314041 ISSN : 1767-655X - Commission paritaire : T 85255 Dépôt légal : 2ème trim. 2012 Adhérent au CESSIM Les articles de “Réflexions en Médecine Oncologiques” reflètent l’opinion des auteurs et n’engagent en aucune façon la responsabilité de la Société éditrice. Aucun article publié dans ce numéro ne peut être reproduit quels que soient la forme et les procédés sans l’autorisation expresse de l’éditeur. Nutrition thérapeutique en oncologie : bénéfices du support nutritionnel ———— Pascal Crenn, Jérôme Alexandre, Philippe Rougier 4, 30 Abonnement COMITÉ DE RÉDACTION Jérôme ALEXANDRE, Cochin, Paris Alberto BOSSI, IGR, Villejuif Stéphane de BOTTON, IGR, Villejuif Pierre Régis BURGEL, Cochin, Paris Paul-Henri COTTU, Institut Curie, Paris Pascale DIELENSEGER, IGR, Villejuif Julien DOMONT, IGR, Villejuif Hassan IZZEDINE, La Pitié-Salpétrière, Paris Pierre KHALIFA, Paris Olivier MIR, St Vincent de Paul, Paris Hélène de La MENARDIERE, Cochin, Paris Mansouriah MERAD, IGR, Villejuif Thibaut de la MOTTE ROUGE, IGR, Villejuif Florence RABILLON, Cochin, Paris Eric RAYMOND, Beaujon, Paris Olivia RIBARDIERE, IGR, Villejuif Laurent ZELEK, Avicenne, Bobigny Eric ZERBIB, Saint-Cloud Dossier ANTI-ANGIOGÉNIQUES ET MALADIES ARTÉRIELLES Maladie d’Alzheimer et anti-angiogéniques : une voie thérapeutique prometteuse ? François Goldwasser (1) e t Pa u l a G r a m m a s (2) 1 : Centre d’Etudes et de Recours sur les inhibiteurs de l’angiogenèse (CE RIA), ser vice de cancérologie, Hôpital Cochin, faculté de médecine Paris Descartes. 2 : D é p a r t e m e n t d e n e u r o l o g i e , G a r r i s o n I n s t i t u t e o n A g i n g , Te x a s Te c h U n i v e r s i t y H e a l t h S c i e n c e s C e n t e r, L u b b o c k , Te x a s , E t a t s - U n i s . D e nombreuses données permettent de relier dysfonction vasculaire, facteurs de risque vasculaires, et la pathogénie de la maladie d’Alzheimer (MA). Des données suggèrent la possibilité d’une relation entre activation vasculaire, et MA (1,2). En conséquence, la microcirculation cérébrale pourrait être une nouvelle cible thérapeutique pour lutter contre la maladie. L’activation vasculaire angiogénique : un nouveau paradigme dans la pathogénie de la maladie L’hypoxie stimule l’angiogenèse (3) et participe aux manifestations cliniques et anatomopathologiques de la MA. Le gène du VEGF fait partie des gènes induits par l’hypoxie, et le VEGF est retrouvé dans le cerveau de MA dans les vaisseaux intraparenchymateux, dans les dépôts diffus périvasculaires, et dans les « clusters » d’astrocytes activés. Il existe une association entre les concentrations intrathécales de VEGF et la sévérité de la MA ainsi qu’avec la concentration intrathécale en Abeta (4). Les microvaisseaux dans la maladie expriment ou libèrent des protéines inflammatoires, parmi lesquelles le VEGF, la thrombine, HIF1alpha, TNFalpha, TGFbeta, IL6 (5). La protéine Abeta a des effets anti-angiogéniques (6) . Un modèle a été proposé pour rendre compte de l’activation angiogénique pathologique dans la MA (7). • Dans des conditions physiologiques d’angiogenèse, en réponse à une hypoxie cérébrale, les cellules endothéliales cérébrales sont activées et libèrent des facteurs pro-angiogéniques. L’angiogenèse cérébrale suit un processus complexe à plusieurs étapes, telles que l’activation endothéliale, la dégradation de la matrice extracellulaire, la prolifération et la migration des cellules endothéliales, et leur différenciation morphologique pour former des tubes. La néovascularisation envoie un signal de rétrocontrôle négatif aux cellules endothéliales pour que celles-ci cessent leur activation. • Dans la MA, en réponse à un stimulus persistant, tel que l’hypoperfusion cérébrale ou la présence de concentrations élevées de protéine IL1-bêta, les cellules endothéliales deviennent activées. Les cellules endothéliales libèrent des protéines de l’inflammation et des médiateurs pro-angiogéniques. Cependant, il ne se forme pas de néovaisseaux. La cause de l’absence d’activation vasculaire n’est pas encore élucidée mais elle pourrait être due à la présence de facteurs antiangiogéniques, tels que Abeta, ou un signal angiogénique aberrant. L’absence de néovaisseau conduit à l’absence de rétrocontrôle négatif sur les cellules endothéliales qui demeurent activées et « bloquées » en état de phénotype pro-angiogénique. Elles continuent donc de libérer des niveaux élevés de facteurs pro-inflammatoires et neurotoxiques qui peuvent contribuer directement aux dysfonctions neuronales, à la mort neuronale et à la pathologie de la MA. Effet des médicaments anti-angiogéniques dans le cerveau Les inhibiteurs de cholinestérase et les antagonistes de récepteurs NMDA sont commercialisés mais ont peu d’effets cliniques dans la MA. Les AINS sont étudiés dans cette indication depuis plus de 20 ans. L’inflammation parait en effet être un N°52 - Tome 9 - avril 2012 - RéfleXions en Médecine Oncologique 3 Maladie d’Alzheimer et anti-angiogéniques : une voie thérapeutique pr ometteuse ? élément essentiel de la progression de la maladie. Certains AINS ont pu inhiber la formation du peptide pathologique Abeta1-42, indépendamment de voie de la cyclo-oxygénase. Les AINS ont également un effet anti-angiogénique via des effets directs sur les cellules endothéliales (8) . Les statines sont des médicaments hypocholestérolémiants qui ont également un effet anti-inflammatoire indépendant de la baisse de la cholestérolémie. Sur modèles animaux, les statines atténuent l’inflammation cérébrale et l’angiogenèse (9). La simvastatine inhibe selon une relation dose-dépendante,la croissance des capillaires sanguins, sur des membranes chorioallantoïdiennes de poulet stimulées par VEGF (10). Les médicaments anti-angiogéniques peuvent représenter une classe thérapeutique importante dans la MA. Ainsi, le thalidomide prévient la détérioration de la mémoire induite par Abeta, chez la souris. Sur un modèle animal de MA, le thalidomide peut inhiber l’expression de marqueurs angiogéniques, réduire la réactivité microgliale, et réduire la perte neuronale dans l’hippocampe. Le sunitinib améliore la performance cognitive de souris atteintes de MA. Conflits d’intérêts : aucun RÉFÉRENCES 1-Boscolo E, Folin M, et coll. Beta amyloid angiogenic activity in vitro and in vivo. Int Mol Med 19: 581-587, 2007. 2-de la Torre JC. Alzheimer disease as a vascular disorder: nosological evidence. Stroke 33 :1152-1162, 2002. 3-Pugh CW, Ratcliffe PJ. Regulation of angiogenesis by hypoxia : Role of the HIF system. Nature Med 9: 677-684, 2003. 4-Tarkowski E, Issa R, et coll. Increased intrathecal levels of the angiogenic factors VEGF and TGF-beta in Alzheimer’s disease and vascular dementia. Neurobiol Aging 23: 237-243, 2003. 5-Grammas P, Ovase R. 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Bulletin d’ abonnement RéfleXions en Médecine Oncologique Je m’abonne pour un an. 4 Crédits Déductible de vos frais professionnels Médecin 1 an : 60 € 2 ans : 90 € Institution 1 an : 90 € 2 ans : 160 € Interne/Etudiant (joindre un justificatif ) 1 an : 40 € 2 ans : 60 € Etranger (Dom-Tom inclus) 1 an : 70 € 2 ans : 130 € FMC par an Nom : ............................................................................ Prénom :................................................................................. Créditez votre FMC : Abonnez-vous En application de l’arrêté de juillet 2006 portant homologation des règles de validation de la FMC, un abonnement à un périodique médical répondant aux critères de qualité définis par les CNFMC donne droit à 4 crédits FMC/an, dans la limite de 40 crédits sur 5 ans. 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Chèque à l’ordre de JBH Santé Carte bancaire (VISA exclusivement) N° : Date d’expiration : Signature : Cryptogramme : Bulletin à retourner à : JBH Santé, 53, Rue de Turbigo - 75003 PARIS Une facture justificative vous sera adressée Dossier ANTI-ANGIOGÉNIQUES ET MALADIES ARTÉRIELLES Anti-angiogéniques et accident vasculaire ischémique cérébral : contre-indication transitoire ou définitive ? François Goldwasser (1) et Adria Arboix (2) 1 : Centre d’Etudes et de Recours sur les inhibiteurs de l’angiogenèse (CE RIA), service de cancérologie, Hôpital Cochin, faculté de médecine Paris Descartes. 2 : U n i t é n e u r o v a s c u l a i r e , d é p a r t e m e n t d e n e u r o l o g i e , h ô p i t a l u n i v e r s i t a i r e d e l S a g r a t C o r, u n i v e r s i t é d e B a r c e l o n e , E s p a g n e . L a question de l’administration d’un médicament antiangiogénique chez un patient ayant un antécédent d’accident vasculaire cérébral se pose de manière croissante avec l’augmentation de la longévité et la tendance à la chronicité des maladies cancéreuses métastatiques. Le clinicien n’a qu’un repère : l’antécédent d’accident vasculaire cérébral était une contre-indication à l’inclusion dans les essais cliniques de médicaments anti-angiogéniques. Toutefois, étant donné le bénéfice potentiel des anti-angiogéniques chez les patients métastatiques, la question est régulièrement re-interrogée au fur et à mesure que l’accident vasculaire devient un antécédent tardif. Peut-on trouver des éléments pour guider le délai à respecter ? Ou est-ce une contre-indication définitive ? Après un accident vasculaire cérébral (AVC), la réparation neuronale repose sur la plasticité cérébrale, la neurogenèse et l’angiogenèse (1). Après AVC, on peut noter une augmentation du remodelage vasculaire dans les zones où sont les neuroblastes récemment nés. Ceux-ci migrent de la région sous-ventriculaire à la zone corticale autour du territoire lésé (2) . L’administration de cellules humaines dérivées du sang de cordon, CD34+, après un AVC, provoque une néovascularisation du cortex autour de la zone ischémique, et augmente la migration des neuroblastes vers le tissu cérébral endommagé (3) . La présence de cellules endothéliales dans la micro-vascularisation est importante car elles secrètent des facteurs de croissance et des chemokines, qui vont faciliter la survie des neurones nouvellement formés (4,5). Sur modèle d’occlusion de l’artère cérébrale moyenne chez la souris ou le rat, les cellules endothéliales commencent à proliférer dans la zone périphérique de l’infarctus dans les 12 à 24h qui suivent l’occlusion (6-8) . Une augmentation du nombre de vaisseaux en résulte dans la région péri-infarctus dès le 3e jour après la lésion artérielle. Des études chez l’Homme ont mis en évidence une angiogenèse active 3 jours après la souffrance ischémique (9). La revascularisation collatérale peut être importante pour la survie du patient. Ainsi, l’existence de fortes densités de microvaisseaux dans les zones de pénombre est associée avec une meilleure survie. Afin d’être bénéfique, l’augmentation de la densité microvasculaire doit persister dans les zones d’infarctus cérébral. Sur modèles animaux, après occlusion de l’artère cérébrale moyenne, les microvaisseaux induits par l’ischémie sont très perméables et transitoires. Ces vaisseaux nouvellement formés pourraient n’intervenir que pour la résorption du tissu nécrotique et la promotion de l’angiogenèse. On peut observer après AVC une augmentation de la synthèse de facteurs de croissance angiogéniques tels que FGF-2, PDGF, VEGF, ainsi que de leurs récepteurs. Cette augmentation est détectable dans les heures qui suivent l’AVC, corrèle avec la croissance microvasculaire dans la zone de pénombre.En revanche, la durée de l’angiogenèse demeure incertaine. Sur modèle expérimental, la prolifération vasculaire peut se poursuivre au moins 3 semaines (6). Ainsi, les données expérimentales et cliniques sont concordantes pour pointer le rôle clé de l’angiogenèse à la phase aiguë post-AVC ischémique et justifient pleinement la contreindication des anti-angiogéniques en cas d’antécédent récent d’AVC, quel que soit le mécanisme à l’origine de l’AVC. La situation est différente si l’on considère un antécédent ancien d’AVC, supérieur à 1 an. Dans cette hypothèse, il convient sans doute de distinguer : N°52 - Tome 9 - avril 2012 - RéfleXions en Médecine Oncologique 5 Anti-angiogéniques et accident vasculaire ischémique cérébral : contre-indication transitoire ou définitive ? • Les AVCs ischémiques à partir d’une plaque d’athérome carotidienne. Ils témoignent d’une maladie athéromateuse sévère. Sur ce terrain, un anti-angiogénique est associé à un risque accru de complication artérielle aiguë et il est raisonnable de considérer qu’il existe ici une contre-indication définitive. • Les AVCs ischémiques en rapport avec une cardiopathie emboligène, le plus souvent une AC/FA. Dans ce cas, l’arbre artériel peut être sain et l’anti-angiogénique n’augmente pas le risque de complication artérielle aiguë. Le respect d’un intervalle libre suffisant d’au moins 6 mois est nécessaire mais la contre-indication est transitoire. Pour la pratique L’angiogenèse participe à la récupération neuronale postAVC. Le rôle de la durée de la participation de l’angiogenèse dans la récupération cérébrale est encore controversé, rendant incertain le délai à respecter avant administration d’un anti-angiogénique. La période post-AVC est susceptible de bénéficier de facteurs angiogéniques et est donc une contre-indication à l’administration d’un anti-angiogénique. A distance de l’épisode aigu, l’origine carotidienne témoigne d’une maladie athéromateuse qui contre-indique les anti-angiogéniques, tandis que leur introduction peut se discuter en cas de cause d’origine cardiaque. Conflits d’intérêts : aucun RÉFÉRENCES 1-Tsai PT, Ohab JJ, et coll. A critical role of erythropoietin receptor in neurogenesis and post-stroke recovery. J Neurosci; 26: 1269-1274, 2006. 2- Yamashita T, Ninomiya M, et coll. Subventricular zone-derived neuroblasts migrate and differentiate into mature neurons in the post-stroke adult striatum. J Neurosci 26 :6627-6636, 2006. 3-Taguchi A, Soma T, et coll. Administration of cd34+ cells after stroke enhances neurogenesis via angiogenesis in a mouse model. J Clin Invest; 114: 330-338, 2004. 4-Turu MM, Slevin M, et coll. 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Stroke 25: 1794-1798, 1994. 6 N°52 - Tome 9 - avril 2012 - RéfleXions en Médecine Oncologique Dossier ANTI-ANGIOGÉNIQUES ET MALADIES ARTÉRIELLES Approches anti-angiogéniques pour l’inhibition de la déstabilisation des plaques au cours de l’athérosclérose François Goldwa sser (1) e t K o n s ta n t i n o s To u t o u z a s (2) 1 : Centre d’Etudes et de Recours sur les inhibiteurs de l’angiogenèse (CE RIA), ser vice de cancérologie, Hôpital Cochin, faculté de médecine Paris Descartes. 2 : Cardiologie, Athènes, Grèce Introduction Les données concernant la plaque d’athérome et la néovascularisation sont des éléments de réflexion pour le cancérologue. Le phénomène de néoangiogenèse locale suit un processus qui comporte des similitudes avec le processus tumoral local. L’hémorragie facilitant l’instabilité de plaque d’athérome renvoie au risque d’hémorragie intra-tumorale. Les médicaments anti-angiogéniques ont montré leur intérêt en cancérologie au cours des années 2000. Les années 2010 suggèrent qu’ils ont également un bel avenir en cardiologie. Les vasa-vasorum nourrissent la plaque d’athérome (1-3). La néovascularisation de la plaque d’athérome est reconnue comme un facteur contribuant de manière importante à la destabilisation de l’athérome, conduisant à une athérosclérose symptomatique et à une fragilité accrue de la plaque (2-3). Au cours de la maladie artérielle coronaire, l’inhibition de l’angiogenèse au niveau de la plaque pourrait être une approche thérapeutique afin de stabiliser la plaque. Plusieurs antiangiogéniques ont été testés, soit par administration locale, soit par administration systémique. Rôle de la néovascularisation dans la déstabilisation des plaques d’athérome fragiles La prolifération des vasa vasorum est une caractéristique de l’athérosclérose précoce, et fait partie de la réponse à la lésion artérielle, dans le processus qui conduit à la formation d’une plaque d’athérome (1). Il existe une corrélation étroite entre la formation de ces nouveaux vaisseaux et l’infiltration par des macrophages au sein de la plaque (4-8). C’est pourquoi, les néovaisseaux sont considérés comme des marqueurs de l’existence d’une inflammation de la plaque et de sa fragilité (3-9). La densité microvasculaire est augmentée dans les lésions artérielles avec inflammation, avec hémorragie intraplaque et corrèle avec le risque de rupture de plaque (2-9). Approches thérapeutiques pour inhiber la néovascularisation de la plaque d’athérome Il est connu depuis plus de 10 ans que la fuite de globules rouges est le facteur essentiel créant la fragilité de la plaque d’athérome. C’est pourquoi, l’inhibition de l’angiogenèse de la plaque est apparue une approche thérapeutique intéressante pour stabiliser la plaque d’athérome (6-12). • Traitements anti-néoangiogéniques systémiques Sur modèle expérimental, la simvastatine, à côté de son effet de réduction de la cholestérolémie, diminue l’expression de VEGF locale et améliore la densité des vasa vasorum. Elle a un effet vasculaire propre. De même, l’administration systémique de vitamine E (100 IU/kg) et de vitamine C (1 g/jour), deux anti-oxydants, permet sur modèles animaux, d’atténuer la néovascularisation et l’expression du VEGF, indiquant ainsi un rôle d’une augmentation du stress oxydant dans les changements de la microvascularisation aux phases précoces de l’athérogenèse (10-12). N°52 - Tome 9 - avril 2012 - RéfleXions en Médecine Oncologique 7 Approches anti-angiogéniques pour l’inhibition de la déstabilisation des plaques au cours de l’athérosclérose • Traitements anti-angiogéniques locaux L’angiostatine a été utilisée et introduite dans un stent actif, capable de la relarguer, au niveau de l’aorte de lapins blancs néo-zélandais. L’effet observé en immunohistochimie fut une diminution de la densité microvasculaire, et une diminution de la prolifération des cellules musculaires intrapariétales. La comparaison à un groupe contrôle a révélé moins de resténoses au niveau du stent actif. Toutefois, aucune étude clinique n’a été initiée. En revanche, le développement de stents actifs au bévacizumab est poursuivi en clinique. Administré au niveau de l’artère iliaque athéromateuse de lapins, le bévacizumab est apparu bien toléré localement et efficace. Il fut observé à la fois une réduction de la néovascularisation et un effet favorable sur l’hyperplasie intimale. Le premier patient traité par stent actif libérant du bévacizumab a confirmé ces résultats précliniques, avec une réduction de l’hyperplasie de l’intima des artères coronaires. Il n’y eut pas de complication thrombotique aiguë ou retardée, et il ne fut pas observé de resténose à 6 mois. Il n’y eut pas de complication thrombotique à 12 et 24 mois après arrêt du clopidrogrel. Conclusion Bien qu’à ces débuts, l’approche thérapeutique anti-angiogénique parait prometteuse pour stabiliser la plaque d’athérome. L’application locale d’agents actifs s’opposant à la néovascularisation est faisable et bien tolérée, et s’accompagne d’un effet thérapeutique à la fois sur des modèles expérimentaux et au cours d’études cliniques. Un stent actif récent qui libère du bévacizumab à partir d’un polymère bioabsorbable a donné de très bons résultats artères athéromateuses animales et va faire l’objet d’études cliniques chez l’Homme (13). Conflits d’intérêts : aucun RÉFÉRENCES 1-Barger AC, Beeuwkes R, 3rd, et coll. Hypothesis : vasa vasorum and neovascularization of human coronary arteries. A possible role in the pathophysiology of atherosclerosis. N Engl J Med 310: 175-177, 1984. 2-Burke AP, Farb A, et coll. Plaque rupture and sudden death related to exertion in men with coronary artery disease. JAMA 281: 921-926, 1999. 3-Carmeliet P. Angiogenesis in health and disease. Nat Med 9: 653-660, 2003. 4-Fiedler U, Reiss Y, et coll. Angiopoietin-2 sensitizes endothelial cells to TNF-alpha and has a crucial role in the induction of inflammation. Nat Med 12: 235-239, 2006. 5-Jain RK. Normalization of tumor vasculature: An emerging concept in antiangiogenic therapy. Science 307: 58-62, 2005. 6-Jain RK, Finn AV, et coll. Antiangiogenic therapy for normalization of atherosclerotic plaque vasculature: A potential strategy for plaque stabilization. Nat Clin Pract Cardiovasc Med 4: 491-502, 2007. 7-Kolodgie FD, Gold HK, et coll. 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J Pathol 218: 7-29, 2009. 13- Stefanadis C, Toutouzas K, Stefanadi E, Lazaris A, Patsouris E, Kipshidze N. Inhibition of plaque neovascularization and intimal hyperplasia by specific targeting vascular endothelial growth factor with bevacizumab-eluting stent: an experimental study. Atherosclerosis. 2007 Dec;195(2):269-76. RÉFÉRENCES DE LA PAGE 9 Fréquence, physiopathologie et principe de traitement des complications cardiaques des anti angiogéniques 1- Hutson TE, Figlin RA, Kuhn JG, et al : Targeted therapies for metastatic renal cell carcinoma: an overview of toxicity and dosing strategies. Oncologist 13 : 1084-1096, 2008 2- Hunt SA, Abraham WT, Chin MH, et al Guidelines for the Diagnosis and Management of Heart Failure in Adults A Report of the American College of Cardiology Foundation/American Heart Association Task Force on Practice Guidelines Developed in Collaboration With the International Society for Heart and Lung Transplantation. J Am Coll Cardiol. 2009 ;53:e1-e90. 3- Izzedine H, Ederhy S, Goldwasser F, Soria JC, Milano G, Cohen A, Khayat D, Spano JP. Management of hypertension in angiogenesis inhibitor-treated patients. Ann Oncol. 2009;20:807-15. 4- Drew BJ, Ackerman MJ, Funk M,et al Prevention of torsade de pointes in hospital settings: a scientific statement from the American Heart Association and the American College of Cardiology Foundation. Circulation. 2010 ;121 :1047-60. 5. Strevel EL, Ing DJ, Siu LL : Molecularly targeted oncology therapeutics and prolongation of the QT interval. J Clin Oncol 25 : 3362 – 3371 , 2007 6. Ederhy S, Cohen A, Dufaitre G, et al: QT interval prolongation among patients treated with angiogenesis inhibitors. Targeted Oncology. Target Oncol. 2009 ;4:89-97. 7 .Bohjani N, Jeldres C, Patard JJ et al. Toxicities associated with the administration of sorafenib, sunitinib and temsirolimus and their management in patients with metastatic real cell carcinoma.Eur Urol 2008:917-930. 8 .Je Y, Schutz F, Choueiri TK.Risk of bleeding with endothelial growth factor receptor tyrosine-kinase inhibitors sunitinib and sorafenib:a systematic review and meta-analysis of clinical trials.Lancet Oncol 2009;10:967-74 9 .Pouessel D, Culine S.High frequency of intracerebral hemorrhage in metastatic renal carcinoma patients with brain metastases treated with tyrosine kinase inhibitors targeting the vascular endothelial growth factor receptor.Eur Uro 2008: 376-381. 8 N°52 - Tome 9 - avril 2012 - RéfleXions en Médecine Oncologique Dossier ANTI-ANGIOGÉNIQUES ET MALADIES ARTÉRIELLES Fréquence, physiopathologie et principe de traitement des complications cardiaques des anti angiogéniques Stéphane Ederhy (1), Ghislaine Dufaitre (1), Christophe Massard (2), Catherine Meuleman (1), Franck Boccara (1), Emmanuelle Berthelot (1), Fanny Douna (1), Jean-Charles Soria (2), Ariel Cohen (1) 1 : Ser vice de Cardiologie, Hôpital Saint Antoine 2 : S I T E P, I G R , Vi l l e j u i f Introduction Au cours des dix dernières années, des progrès importants ont été réalisés dans la prise en charge des patients atteints de cancer grâce à l’introduction des thérapeutiques moléculaires ciblées (TMC). Ces thérapeutiques ont prouvé leur efficacité dans le traitement de nombreux cancers solides (sein, côlon, poumon, du rein). L’utilisation de ces nouvelles thérapeutiques pour le traitement des cancers peut entraîner des complications cardiovasculaires pouvant menacer le pronostic vital ou altérer significativement la qualité de vie. Les toxicités cardiaques potentiellement induites par les TMC comprennent les dysfonctions ventriculaires gauches asymptomatiques, l’insuffisance cardiaque, l’hypertension artérielle, l’allongement du QT, les torsades de pointes, les syndromes coronaires aigus, les accidents vasculaires cérébraux et les accidents hémorragiques (1) . Leur fréquence est variable, dépend de la molécule considérée et reste largement méconnue ou sous-estimée. Dysfonction ventriculaire gauche asymptomatique et insuffisance cardiaque Diagnostic Le diagnostic d’insuffisance cardiaque repose sur une association de signes et de symptômes tels que la dyspnée, les râles crépitants, le reflux hepato jugulaire et les oedèmes des membres inférieurs. Le diagnostic d’insuffisance cardiaque, basé sur l’examen clinique et physique, reste difficile dans la pratique courante. La sensibilité et la spécificité des signes cliniques n’excèdent pas 75% pour identifier une insuffisance cardiaque. Ils ne permettent pas de différencier une dyspnée liée à une insuffisance cardiaque à fonction systolique préservée de l’insuffisance cardiaque par dysfonction systolique. Chez les patients atteints de cancer, la dyspnée peut être due à de multiples étiologies autre que l’insuffisance cardiaque (embolie pulmonaire, tamponnade cardiaque, métastases pulmonaires). L’évaluation de la fraction d’éjection du ventricule gauche (FEVG) est donc primordiale dans ce contexte, permettant de pallier aux insuffisances et difficultés de l’examen clinique. En outre, un marqueur biologique tel que le BNP peut dans certaines situations améliorer la précision diagnostic. Le BNP est une hormone synthétisée par le myocarde et sécrétée en réponse à l’augmentation de la distension myocytaire, à l’augmentation des pressions de remplissage ou de la surcharge volumétrique. Le BNP a une valeur prédictive négative excellente pour éliminer le diagnostic d’insuffisance cardiaque lorsqu’il est inférieur à 100 pg/ml. Parallèlement, chez les patients atteints de cancer, des taux élevés de BNP ne signent pas forcément la présence d’une insuffisance cardiaque. La présentation sémiologique de l’insuffisance cardiaque sous TMC ne présente pas de particularités L’échographie cardiaque est une technique d’imagerie non invasive, non irradiante permettant une imagerie en temps réel, pouvant être réalisée de façon répétée au lit du patient. En comparaison à une évaluation scintigraphique de la FEVG, elle permet en outre d’évaluer la fonction diastolique du ventricule gauche ainsi que le péricarde, la fonction valvulaire, les pressions de remplissages et pulmonaires. N°52 - Tome 9 - avril 2012 - RéfleXions en Médecine Oncologique 9 Fréquence, physiopathologie et principe de traitement des complications cardiaques des anti angiogéniques Incidence L’incidence des épisodes d’insuffisance sous TMC est décrite dans le tableau 1. Mécanismes physiopathologiques Tableau 1 : Incidence des épisodes d’insuffisance cardiaque sous TMC Les mécanismes physiopathologies à l’origine de la dysfonction ventriculaire gauche ne sont pas pour le moment clairement établi et sont probablement multi factoriels. Le PDGFR est impliqués dans la survie du cardiomyocyte. Le Sunitinib inhibe une protéine kinase ribosomale S6 qui par une cascade d’événements intracellulaire relargue le facteur apoptotique BCL-2 à l’origine d’une apoptose intrinsèque. Le Sunitinib inhibe la protéine kinase AMP activée, qui a un rôle majeure dans la réponse du cardiomyocyte à l’hypoxie (3). Traitement de l’insuffisance cardiaque sous TMC Il n’existe pas à l’heure actuelle de recomTableau 2 : Classification de la New York Heart Association (NYHA) de l’insuffisance cardiaque mandations des sociétés savantes de cardiologie ou de cancérologie quant à la prise en charge de l’insuffisance cardiaque est en inflation hydro sodée, il doit recevoir un traitement par symptomatique ou non chez un patient recevant une TMC voie intraveineuse associant diurétiques et dérivés nitrés. Une Nous proposons donc d’adopter les recommandations de fois la rétention hydro sodée résolue, un inhibiteur de l’enl’ACC/AHA qui indiquent que la prise en charge doit être guidée zyme de conversion doit être débuté. Quatre semaines après par la classification NYHA (2). la phase congestive, un bêtabloquant peut être associé à l’inLe tableau 2 décrit la classification NYHA. hibiteur de l’enzyme de conversion et ce une fois que le patient est redevenu asymptomatique et apparaît stable. Les inhibiteurs de l’enzyme de conversion et les bêtabloquants doivent être débutés à faibles doses. La posologie doit être augmentée Dysfonction ventriculaire progressivement, le but étant d’atteindre une posologie maxigauche asymptomatique male tolérée. Selon les recommandations les plus récentes de l’ACC/AHA, Même si les données de la littérature sont relativement pauvres les patients atteints de cancer et asymptomatiques recevant sur ce sujet, il est possible de reprendre le traitement antiune chimiothérapie constituent un groupe à haut risque de angiogenique après normalisation de la FEVG et sous couvert développer une insuffisance cardiaque (2). Il est conseillé dans d’un traitement par IEC. cette population de traiter de manière intensive les facteurs de risque cardiovasculaire, de modifier le style de vie et de traiter l’hypertension artérielle (2). Les patients développant une dys-fonction ventriculaire gauche asymptomatique, inférieure à 50 % sous traitement Hypertension artérielle anti-angiogénique, doivent recevoir un traitement par inhibiteurs de l’enzyme de conversion et l’inhibiteur de l’angiogénèse Le tableau 3 décrit l’incidence des épisodes d’hypertension doit être arrêté jusqu’à amélioration et normalisation de la artérielle (HTA) associés à la prescription des anti angiogéfraction d’éjection du ventricule gauche. Lorsque le patient niques. 10 N°52 - Tome 9 - avril 2012 - RéfleXions en Médecine Oncologique Fréquence, physiopathologie et principe de traitement des complications cardiaques des anti angiogéniques Traitement Tableau 3 : Incidences des épisodes d’HTA sous TMC Figure 1 : Torsades de pointes L’ h y p e r t e n s i o n a r t é r i e l l e i n d u i t e s o u s Bevacizumab, Sunitinib et Sorafenib requiert en général plus d’un anti hypertenseur pour en assurer le contrôle. L’arrêt du traitement reste controversé car certaines études ont montré un lien entre HTA et efficacité oncologique Certaines thérapeutiques doivent êtres évitées chez les patients recevant du Sorafenib. Le Sorafenib est métabolisé via le cytochrome p 450 principalement le CYP3A4. Le diltiazem et le verapamil ne doivent pas êtres utilisés en combinaison avec le Sorafenib car ce sont des inhibiteurs du CYP3A4 pouvant augmenter substantiellement les concentrations de Sorafenib Allongement de l’intervalle QT L’hypertension artérielle tous grades confondus est un effet secondaire fréquent sous Bevacizumab avec une incidence variant entre 4 et 35 %. Une HTA de grade 3 peut survenir dans 11 à 18 % des patients. L’HTA peut apparaitre à n’importe quel moment de la prescription. La plupart des patients développant une HTA sous Bevacizumab sont en général bien contrôlé sous traitement anti hypertenseur. Cependant, une complication neuro vasculaire peut survenir dans 1.7 % des patients et aboutir à l’arrêt du traitement. La prescription du Sorafenib peut se compliquer d’une HTA dans 17 à 43 % des cas. Une HTA de grade 3 ou 4 peut survenir dans 1,4 à 38 % des cas. Une méta analyse récente portant sur 4599 patients montre que l’incidence globale d’une HTA de grade 3 ou 4 varie de 2.1 % à 30.7 %. L’incidence des épisodes d’HTA sous Sunitinib varie de 5 à 24 % (3) Physiopathologie Les mécanismes associés à l’hypertension restent peu connus. Cependant, l’hypothèse la plus souvent reconnue est que cette hypertension est le plus souvent lié à une inhibition du VEGF, entrainant une diminution de la production du NO. Le NO est un vasodilatateur, la diminution de sa production est à l’origine d’une vasoconstriction, d’une augmentation des resistances periphériques et donc de la pression artérielle (3). Diagnostic L’allongement de l’intervalle QT peut être à l’origine d’évènements cardiovasculaires important, notamment torsade de pointes et mort subite. La torsade de pointes est une tachycardie polymorphe en général spontanément résolutive (Figure1). La sémiologie peut être très frustre allant de l’allongement isolé du QT, jusqu’au malaise, lipothymie et syncope. Ces symptômes sont généralement spontanément résolutifs mais peuvent évoluer vers la fibrillation ventriculaire et l’arrêt cardiaque (4). L’intervalle QT est mesuré (QT m exprimé en milisecondes), sur l’électrocardiogramme entre le début du QRS et la fin de l’onde T dans la dérivation donnant la plus grande durée. L’âge, la fréquence cardiaque et les médicaments sont les 3 principaux facteurs pouvant influencer la valeur du QT. À cause de sa relation inverse avec la fréquence cardiaque, l’intervalle QT mesuré est systématiquement transformé au moyen de diverses formules de correction (Bazett, Fridericia) pour la fréquence cardiaque en une variable appelée intervalle QT corrigé (QTc), qui se veut indépendant de la fréquence cardiaque (Tableau 4). Tableau 4 : Formule de correction permettant d’obtenir le QT corrigé (QT c) à partir du QT mesuré (QT m) N°52 - Tome 9 - avril 2012 - RéfleXions en Médecine Oncologique 11 Fréquence, physiopathologie et principe de traitement des complications cardiaques des anti angiogéniques Les seuils retenus comme normaux varient essentiellement en fonction de la fréquence cardiaque et du sexe. Une valeur du QT corrigée (par la formule de Bazett ou de Friderichia) > 460 msec chez l’homme et 470 msec chez la femme est considéré comme pathologique (5). mulent au sein du cardiomyocyte (afflux de Na+, défaut d’élimination de K+) ce qui entraîne un retard de repolarisation du ventricule se traduisant électriquement par un allongement du QT . Le Sunitinib et son métabolite actif interagissent avec les canaux HERG K+ et sur le potentiel d’action des fibres de Purkinje (6) Incidence Un allongement du QT est actuellement rapporté pour plusieurs thérapies moléculaires ciblées et notamment pour le Nilotinib, le Dasatinib et le Sunitinib. Le tableau 5 décrit l’incidence des épisodes de prolongation du QT sous TMC. Facteurs de risques associés à un allongement du QT Plusieurs facteurs de risque ont été identifiés pouvant être à l’origine d’un allongement du QT. Ils sont présentés dans le tableau 6. Surveillance L’attention du patient doit être attirée sur les symptômes d’alarme évocateurs d’un allongement du QT tels qu’une lipothymie, une syncope, ou des malaises à répétitions. Un monitorage très rapproché des électrolytes et notamment de la calcémie, magnésémie et kaliémie doit être réalisé à la fois avant et durant traitement. Les inhibiteurs du CYP 3A4 doivent être évités notamment chez les patients recevant du Sunitinib. Prise en charge d’un allongement du QT asymptomatique ou d’une torsade de pointes Mécanismes de l’allongement du QT sous TMC Les mécanismes à l’origine de l’allongement du QT sous TMC sont actuellement peu ou mal connus. Il semblerait que certains métabolites actifs issus de la TMC puissent interagir avec le récepteur HERG. Au plan physiologique le QT correspond à l’intervalle de temps allant du début de la dépolarisation à la fin de la repolarisation du ventricule gauche. Le rôle clé est tenu par les canaux ioniques HERG K+ au niveau du cardiomyocyte. Au cours d’un dysfonctionnement de ces canaux des ions positifs s’accu- Tableau 5 : Incidences des épisodes de prolongation du QT sous TMC En cas d’allongement pathologique du QTc au delà de 500 msec ou une prolongation de plus de 60 msec de l’intervalle QTc comparativement au QTc pré thérapeutique, la TMC doit être arrêtée, ainsi que toutes les thérapeutiques potentiellement à l’origine d’un allongement du QT. L’équilibre hydro électrolytique doit être vérifié. Une dyskalieme doit être notamment corrigée si nécessaire. En cas de torsade de pointe, la TMC prescrite doit être arrêtée. Les patients doivent être adressés en unité de soins intensifs pour un monitorage cardiaque. Parallèlement aux mesures décrites pour l’allongement du QT, une perfusion de magnésium et un traitement chronotrope (type isoprénaline) afin d’accélérer la fréquence cardiaque pour réduire le QT sont les principales mesures thérapeutiques utilisées dans cette situation. En l’absence de recommandations sur le sujet, il n’est pas possible pour le moment de recommander la reprise d’une TMC ayant entrainée une prolongation du QT ou une torsade de pointes. Thrombose Artérielle Le terme de thromboses artérielles recouvrent les occlusions des artères à destinée cérébrales (Accident vasculaire cérébraux) et coronarienne (Infarctus du myocarde ou plus largement syndrome coronaire aigus. Tableau 6 : Facteurs de risques et médicaments associés à une prolongation du QT 12 N°52 - Tome 9 - avril 2012 - RéfleXions en Médecine Oncologique Fréquence, physiopathologie et principe de traitement des complications cardiaques des anti angiogéniques Thrombose Veineuses Diagnostic La sémiologie de la maladie veineuse thrombo embolique (MTEV) ne présente pas de particularité spécifique. Le tableau 7 et 8 présente l’incidence des thromboses veineuses chez les patients sous bevacizumab Prise en charge des thromboses veineuses Tableau 7 : Thrombose veineuse, artérielle et événements hémorragiques sous Bevacizumab Tableau 8 : Thrombose veineuse, artérielle et événements hémorragiques sous Sunitinib, Sorafénib Diagnostic Les accidents ischémiques artériels ont été essentiellement observés avec le Bevacizumab , le Sorafénib et le Pazobanib. La sémiologie des accidents ischémiques cardiaques ou cérébraux sous traitement anti-angiogéniques n'a pas de caractéristique particulière (7). Incidence Les tableaux 7 et 8 décrivent l’incidence des événements thrombotique sous Bevacizumab Il n'y a pas d'élément scientifique permettant d'établir une conduite à tenir spécifique en cas de MTEV survenant sous traitement anti-angiogénique. Le traitement curatif repose sous les anti-coagulants à dose efficace en privilégiant les héparines de bas poids moléculaire (8). En cas de survenue d’un épisodee MTEV pendant le traitement par bevacizumab, Senellart préconisent la suspension du traitement .La survenue d'une embolie pulmonaire de grade 4 mettant en jeu le pronostic vital impose l'arrêt définitif du traitement par bevacizumab. Dans les autres cas le Bevacizumab pourra être réintroduit dès que l'anticoagulation est efficace surtout si le bénéfice du traitement contre-balance les risques. Hémorragies sous TMC Diagnostic La symptomatologie la plus fréquemment rapportée est l'épistaxis (9) . Il est décrit moins fréquemment des hémorragies rectales, gingivales génitales, digestives. Des hémorragies intracérébrales chez des patients atteints de cancer du rein avec des métastases cérébrales ont été décrites sous traitement par inhibiteur de la tyrosine kinase . Incidence Physiopathologie Les mécanismes physiopathologiques de la thrombose artérielle associée à la prescription des anti angiogénique restent mal connus et serait principalement médié par les plaquettes et l’inhibition de l’action du VEGF . Le tableau 7 et 8 décrit l’incidence des événements hémorragiques sous Bevacizumab Conflits d’intérêts : aucun Références en page 8 N°52 - Tome 9 - avril 2012 - RéfleXions en Médecine Oncologique 13 Dossier ANTI-ANGIOGÉNIQUES ET MALADIES ARTÉRIELLES Conclusion : maladie vasculaire et risque des traitements anti-angiogéniques ; effet inverse selon le stade François Goldwasser Centre d’Etudes et de Recours sur les inhibiteurs de l’angiogenèse (CERIA), service de cancérologie, Hôpital Cochin, faculté de médecine Paris Descartes. L e clinicien a besoin de règles de prescription simples, définissant clairement les contre-indications. Toutefois, il est nécessaire d’avoir présent à l’esprit qu’une même maladie chronique peut être affectée de manière très différente par l’introduction d’un anti-angiogénique. • Au cours de la maladie d’Alzheimer, une action précoce anti-angiogénique pourrait rompre l’activation permanente des cellules endothéliales et les conséquences neurotoxiques de celle-ci. Ainsi, le sunitinib est-il un espoir pour le traitement précoce de la maladie (1). Inversement, il est bien établi que l’hypoperfusion cérébrale peut induire des micro-infarctus cérébraux qui accélèrent le déclin cognitif au cours de la maladie d’Alzheimer (2). Il en résulte qu’un médicament antiangiogénique peut donc également aggraver la maladie d’Alzheimer s’il provoque sur un terrain vasculaire sévère, des ischémies cérébrales localisées. On peut donc prédire à la fois un bénéfice des anti-angiogéniques chez des patients ayant une maladie d’Alzheimer découverte précocement et une détérioration potentiellement grave chez des patients ayant une maladie d’Alzheimer avec des troubles cliniques sévères. • Au cours du diabète à un stade précoce, les inhibiteurs de tyrosine kinase peuvent avoir un effet anti-diabétique bénéfique, avec réduction de la glycémie in vivo sur modèle animal (3) , et chez des patients traités pour cancer du rein métastatique (4). En revanche, au stade de microangiopathie sévère, des complications distales sévères sont possibles (5). • Au cours du développement de la maladie athéromateuse coronarienne, l’action d’anti-angiogéniques locaux, par stents actifs de bévacizumab, est prometteuse (6) . Elle permet des réductions de taux de resténose qui paraissent au moins égaux aux données des stents précédents. En revanche, l’administration sans précaution d’un anti-angiogénique sur une plaque d’athérome instable peut faciliter le dernier évènement du processus, la survenue d’embols de cholestérol, et la rupture de plaque (7,8). • En conclusion, il convient impérativement de précéder la prescription d’un anti-angiogénique d’une analyse minutieuse des risques vasculaires du patient. Cette démarche repose principalement sur l’interrogatoire. En cas de maladie chronique susceptible d’affecter la microvascularisation, il est essentiel de préciser l’ancienneté et la sévérité de la maladie vasculaire afin d’évaluer le risque d’accident vasculaire sous anti-angiogénique. Conflits d’intérêts : aucun RÉFÉRENCES 1-Grammas P. Angiogenesis mediators and the pathogenesis of Alzheimer’s disease. In: Therapeutic angiogenesis for vascular diseases. M Slevin (Ed). 13: 295-312, 2011. 2-Miklossy J. Cerebral hypoperfusion induces cortical watershed microinfarcts which may further aggravate cognitive decline in Alzheimer’s disease. Neurol Res 25: 605-610, 2003. 3- Louvet C, Szot GL, Lang J, Lee MR, Martinier N, Bollag G, Zhu S, Weiss A, Bluestone JA.Tyrosine kinase inhibitors reverse type 1 diabetes in nonobese diabetic mice. Proc Natl Acad Sci U S A. 2008 Dec 2;105(48):18895-900. 4- Billemont B, Medioni J, Taillade L, Helley D, Meric JB, Rixe O, Oudard S. Blood glucose levels in patients with metastatic renal cell carcinoma treated with sunitinib.Br J Cancer. 2008 Nov 4;99(9):1380-2. 5-Guenova E, Weber HO, Voykov B, Metzler G, Mitev V, Berneburg M, Hoetzenecker W, Röcken M. Palmar-plantar erythrodysesthesia secondary to sunitinib treatment resulting in necrotic foot syndrome aggravated by background diabetic vascular disease. Arch Dermatol. 2008 Aug;144(8):1081-2. 6-Stefanadis C, Toutouzas K, Stefanadi E, Lazaris A, Patsouris E, Kipshidze N. Inhibition of plaque neovascularization and intimal hyperplasia by specific targeting vascular endothelial growth factor with bevacizumab-eluting stent: an experimental study. Atherosclerosis. 2007 Dec;195(2):269-76. 7-Mir O, Mouthon L, Alexandre J, Maillon JM, Deray G, Guillevin L, and F Goldwasser. Bevacizumab-induced cardiovascular events: A consequence of cholesterol emboli syndrom ? J Natl Cancer Inst 2007 Jan 3; 99(1): 85-86. 8- Ropert S, Vignaux O, Mir O, Goldwasser F. VEGF pathway inhibition by anticancer agent sunitinib and susceptibility to atherosclerosis plaque disruption. Invest New Drugs. 2011 Dec;29(6):1497-9. 14 N°52 - Tome 9 - avril 2012 - RéfleXions en Médecine Oncologique Savoir Prescrire Savoir Prescrire … Zytiga® dans le traitement du cancer de la prostate métastatique résistant à la castration et après Taxotère Marine Gross-Goupil - Service d’Oncologie Médicale, Hôpital Saint-André, Centre Hospitalo-Universitaire Bordeaux ’acétate d’abiratérone, inhibiteur du cytochrome P450c et plus particulièrement de la 17-20 lyase et de la 17α-hydroxylase, fait désormais partie intégrante de l’arsenal thérapeutique du cancer de la prostate métastatique, réfractaire à la castration après chimiothérapie. Ce blocage garantit l’absence de transformation de la prégnénolone en DHEA (dihydro-épi-androsténe-dione), limitant sa transformation enzymatique secondaire en testostérone. Combinée à une castration, le plus souvent chimique par analogues de la LHRH, l’acétate d’abiratérone garantit l’inhibition de production d‘androgènes extra-testiculaire, c’est-à-dire surrénalienne mais également intracrine prostatique. S’il s’agit d’un nouveau médicament, la découverte de la molécule remonte à plus de 20 ans. Découverte en 1990 par Dr Gerry Poter, il aura fallu attendre 2004 et les investissements de la société Cougar, puis de Johnson et Johnson/ Janssen pour permettre le développement en recherche clinique, et la commercialisation de la molécule (1). L L’acétate d’abiratérone a confirmé l’efficacité suggérée au cours des essais de phase I-II (2), et montré un bénéfice en survie globale au cours d’un essai de Phase III international, multicentrique randomisé contre placebo, en double aveugle (3). L’autorisation de mise sur le marché a été obtenue en Septembre 2011, en combinaison avec la prednisone ou la prednisolone, dans le traitement du cancer métastatique de la prostate résistant à la castration chez les patients dont la maladie a progressé pendant ou après une chimiothérapie par docétaxel. L’étude COU-AA-301 a porté sur 1195 patients atteints de cancer de la prostate métastatique ayant reçu au moins 1 ligne de docétaxel et maximum 2 lignes de chimiothérapie, randomisés en deux bras de traitement acétate d’abiratérone (1000 mg/j) et prednisone (5mgx2/j) versusplacebo (4cp/j) et prednisone (5mgx2/j) (3). Le traitement était poursuivi jusqu’à progression biologique (25% par rapport au nadir), clinique ou sur l’imagerie. L’analyse intermédiaire, à 12,8 mois de suivi médian, a rapporté une augmentation statistiquement significative de la survie globale dans le bras expérimental, médiane de 14,8 mois versus 10,9 mois pour le bras placebo (HR=0,65 ; IC95 :0,54-0,77; p<0,0001). De plus, la supériorité de l’AA a été retrouvée également sur les objectifs secondaires : temps médian avant progression biologique (p<0,0001), survie médiane sans progression radiologique (p<0,0001), taux de réponse biologique sur PSA confirmé (29,1% vs 5,5%, p<0,0001). Pharmacologie Clinique L’acétate d’Abiratérone après absorption par voie orale, est rapidement transformé en abiratérone. La concentration maximale plasmatique est atteinte deux heures après l’ingestion en situation de jeûne. La prise du médicament à proximité d’un repas ou concomitante, augmente l’exposition systémique à l’abiratérone, spécialement en cas de prise alimentaire à fortes teneur en graisses, avec dans ce cas une concentration maximale multipliée par un facteur 17, et une aire sous la courbe d’un facteur 10. La fixation protéique de l’abiratérone dans le plasma est de 99,8%. Le métabolisme du Zytiga® est hépatique, par sulfatation, hydroxylation, et oxydation. L’excrétion se fait pour 88% dans les fécès, pour 5 % dans les urines. La demi-vie plasmatique chez le sujet sain est de 15 heures. L’acétate d’abiratérone étant un substrat du cytochrome CYP3A4, les précautions d’usage sont à respecter quant aux potentielles inter- actions médicamenteuses à attendre avec inducteurs (phénytoïne, carbamazépime, rifampicine..) et inhibiteurs (itraconazole, clarythromycine..). Administration Le Zytiga ® est disponible sous la forme de comprimés de 250 mg. La posologie recommandée est de 4 comprimés par jour en une prise, soit 1000mg/jour. S’agissant de comprimés pelliculés, ils ne peuvent être fractionnés, et doivent donc être avalés entier avec de l’eau. La prise doit par ailleurs être faite à distance des repas, soit 2 heures avant une prise alimentaire ou 1 heure après, comme détaillé dans la partie pharmacocinétique. De plus, elle devra être faite à heure fixe. La combinaison de prednisone est indiquée, pour des raisons d’efficacité mais également de tolérance. La prednisone doit être administrée en deux prises matin et soir de 5 mg chacune. Chaque flacon de Zytiga ® contient 120 comprimés. Effets secondaires L’inhibition du CYP17 est à l’origine, par rétrocontrôle d’une hyper production de minéralocorticoïdes. Cet effet est prévenu par la prescription combinée de glucocorticoïdes tels que la prednisone qui permet de freiner le processus de feedback. L’administration systématique de prednisone au cours de l’essai de phase III a ainsi permis d’améliorer le profil de toxicité comparé à celui observé au cours des essais de Phase I-II. Parmi les effets les plus fréquents, l’hypertension artérielle, l’hypokaliémie et le tableau de rétention hydrique N°52 - Tome 9 - avril 2012 - RéfleXions en Médecine Oncologique 15 Savoir Prescrire … Zytiga® avec oedèmes périphériques, doivent être systématiquement recherchés, et corrigés si préexistants ou observés au cours du traitement. Une autre toxicité, moins fréquente mais potentiellement sévère est hépatique, avec l’apparition de cytolyse. En cas de cytolyse importante (taux d’ALAT > 5N), l’interruption immédiate du traitement est indiquée. La surveillance biologique de la correction des anomalies permettra en cas de retour à la normale, une réintroduction du médicament à posologie réduite de moitié (500mg/jour). En cas de nouvelle hépatotoxicité, le Zytiga® devra définitivement être interrompu. Cet arrêt est indiqué d’emblée en cas de cytolyse majeure (ALAT > 20 N). Ces perturbations biologiques, hypokaliémie et anomalies du bilan hépatique, impliquent une surveillance rapprochée par bilan sanguin, toutes les 2 semaines pendant les 3 premiers mois puis mensuel durant la totalité du traitement. A noter que l’incidence des infections urinaires a été statistiquement significativement augmentée chez les patients exposés à l’AA au cours de l’étude COU-AA-301 (12% vs 7% ; p=0,02, d’intensité modérée grade 1-2). L’asthénie a été fréquemment décrite au cours de l’essai de phase III, sans différence significative entre les 2 groupes de traitement (13% dans les 2 bras). ■ Références 1-Barrie SE, Potter GA, Goddard PM, Haynes BP, Dowsett M, Jarman M. Pharmacology of novel steroidal inhibitors of cytochrome P450(17) alpha (17 alpha-hydroxylase/C17-20 Lyase). J Steroid Biochem Mol Biol;50(5-6):267-273,1994. 2-Danila DC, Morris MJ, de Bono JS, et al. Phase II multicenter study of abiraterone acetate plus prednisone therapy in patients with docetaxel-treated castration-resistant prostate cancer. J Clin Oncol;28(9):1496-501,2010. 3-De Bono JS, Logothetis CJ, Molina L, et al. Abiraterone and increased survival in metastatic prostate cancer. New Engl J Med;364:1995-2005, 2011. 4-http://www.ema.europa.eu/docs/fr_FR/document_library/ EPAR_-_Pro duc t_Information /human/002321/ WC500112858.pdf Résumé des caractéristiques du produit Zytiga®. >>> En pratique Pour le médecin • L’analogue de la LHRH doit être poursuivi ; le caractère résistant à la castration confirmé par dosage de la testostérone (<0,50ng/dl), • la combinaison avec la prednisone ou la prednisolone est nécessaire, 10 mg / jour en deux prises, • la surveillance mensuelle de la tension artérielle, de la kaliémie et de la rétention hydrique est nécessaire, ainsi que • la surveillance des transaminases tous les 15 jours durant les 3 premiers mois puis mensuellement, 16 • les interactions médicamenteuses doivent être anticipées et évitées concernant les substrats du cytochrome P3A4, • aucune réduction de posologie n’est recommandée en cas d’insuffisance hépatique légère (classe A de Child-Pugh). Du fait d’une toxicité hépatique rapportée au cours des essais cliniques, une surveillance rapprochée est recommandée chez l’ensemble des patients, et a fortiori en cas d’altérations initiales du bilan. • Aucune adaptation posologique n’est nécessaire en cas d’insuffisance rénale. La prudence reste cependant de mise. N°52 - Tome 9 - avril 2012 - RéfleXions en Médecine Oncologique Pour le patient • Prise en 1 fois de 4 cp de 250 mg, à distance des repas, 2 heures avant ou 1 heure après. A horaire fixe. Les comprimés doivent être avalés en entier avec de l’eau. • Prise quotidienne de prednisone ou predinsolone, 10 mg/jour en deux prises. • En cas d’oubli d’une prise, le traitement sera repris le lendemain selon le rythme usuel. C.E.R.I.A. Cas clinique du CERIA Maladie athéromateuse et risque des traitements anti-angiogéniques François Goldwasser - A ngiogenèse et maladie athéromateuse sont liés (voir article spécifique du dossier de ce numéro) : les vasa-vasorum et la néoangiogenèse locale jouent un rôle dans la progression de la maladie athéromateuse artérielle (1). L’âge des patients atteints de cancer au diagnostic rend de plus en plus commune l’indication d’un traitement anti-tumoral chez un patient qui a par ailleurs une maladie athéromateuse simultanée. Celle-ci peut avoir déjà été parlante cliniquement avec un antécédent d’angor, d’infarctus du myocarde, d’artériopathie oblitérante des membres inférieurs, d’épisode embolique cérébral à point de départ carotidien. Elle peut également être seulement suspectée à partir des facteurs de risque du patient : âge, tabagisme, dyslipidémie, diabète, sédentarité,.. Enfin, elle peut être évoquée fortuitement sur l’imagerie prescrite pour l’évaluation de l’extension de la maladie cancéreuse par scanner, sous la forme de calcifications de parois artérielles : tronc de l’aorte, coronaires, branches abdominales de l’aorte. L’âge supérieur à 75 ans et un antécédent d’infarctus du myocarde sont des facteurs de risque identifiés rétrospectivement de sur-morbidité liée à la prescription de bévacizumab. Ainsi, l’étude BRiTE fut une étude observationnelle de cohorte étudiant la faisabilité et l’efficacité de patients traités en Cancérologie et CERIA, Cochin p re m i è re l i g n e m é t a s t a t i q u e p o u r cancer colo-rectal par bévacizumab (2). Parmi les 1953 patients, 896 avaient plus de 65 ans, ce qui permit d’obtenir des données chez le sujet âgé. L’incidence des complications toxiques du bévacizumab n’était pas plus élevée chez les sujets âgés, à l’exception notable des accidents artériels thromboemboliques. Cependant, point essentiel, le performance status, l’existence d’un traitement anticoagulant et surtout d’une histoire clinique de maladie artérielle étaient des facteurs de risque plus impor- tants que l’âge. On pourrait résumer cette observation par un aphorisme : ce n’est pas l’âge du patient mais l’âge de ses artères qu’il convient de connaitre. Lors des premières administrations de bévacizumab réalisées à Cochin, l’équipe du Centre d’Etudes et de Recours sur les Inhibiteurs de l’Angiogenèse (C.E.R.I.A.) avait identifié l’existence d’embols de cholestérol chez certains patients (3) . Ces patients avaient en commun l’existence d’une maladie athéromateuse sévère, soit liée au tabagisme et au vieillissement, soit survenant chez Figure 1 : A : calcifications de l’artère mésentérique supérieure avant traitement par sunitinib B,C ; coupes horizontales de l’artère mésentérique supérieure avant et après sunitinib montrant la disparition de la plaque d’athérome calcifiée. N°52 - Tome 9 - avril 2012 - RéfleXions en Médecine Oncologique 17 Cas clinique du CERIA - Maladie athéromateuse et risque des traitements anti-angiogéniques des patients diabétiques sévères. L’un de ces patients, atteint d’un cancer du rein métastatique, après avoir eu un traitement par bévacizumab, eut un traitement par sunitinib. Il existait une plaque d’athérome calcifiée sur l’artère mésentérique supérieure visible au scanner pré-thérapeutique (Figure 1A). Il se présenta au scanner d’évaluation après 3 mois de traitement par suni- tinib avec un tableau douloureux abdom i n a l a i g u , é v o c a t e u r d ’ i n f a rc t u s mésentérique supérieur (3). Sur le scanner, la plaque de calcification mésentérique supérieure avait disparu, témoignant d’une rupture de plaque d’athérome instable sous sunitinib. Le patient présenta un tableau abdominal aigu. Pour la pratique, on retiendra : • Identifier à l’interrogatoire la présence de facteurs de risque de maladie athéromateuse chez un patient avant prescription d’anti-angiogénique. • Ne pas interrompre un traitement hypocholestérolémiant ou antiagrégant plaquettaire, en cas d’indication d’anti-angiogénique, s’il existe une maladie athéromateuse sévère, car cela est de nature à déstabiliser la plaque d’athrome. • L’interrogatoire à la recherche d’une cardiopathie ischémique est insuffisant chez le patient diabétique sévère. Il faut l’associer à des explorations cardiologiques systématiques. • La présence de calcifications sur des branches de l’aorte, artères coronaires ou branches de l’artère aorte abdominale, témoigne généralement d’une maladie athéromateuse avancée et justifie des explorations cardiologiques préalable, et la discussion de la mise en route de traitements à visée vasculaire. 18 N°52 - Tome 9 - avril 2012 - RéfleXions en Médecine Oncologique Les plaques d’athérome instables ont une néoangiogenèse. L’arrêt d’un traitement stabilisateur de plaque ou d’un traitement ou l’introduction d’un traitement anti-angiogénique peuvent favoriser une telle complication aiguë embolique. Conflits d’intérêts : aucun RÉFÉRENCES 1- Kolodgie FD, Gold HK, et coll. Intraplaque hemorrhage and progression of coronary atheroma. N Engl J Med 349: 2316-2325, 2003. 2- Kozloff MF, Berlin J, Flynn PJ, Kabbinavar F, Ashby M, Dong W, Sing AP, Grothey A. Clinical outcomes in elderly patients with metastatic colorectal cancer receiving bevacizumab and chemotherapy: results from the BRiTE observational cohort study. Oncology. 2010;78(5-6):329-39. 3-Mir O, Mouthon L, Alexandre J, Maillon JM, Deray G, Guillevin L, and F Goldwasser. Bevacizumab-induced cardiovascular events: A consequence of cholesterol emboli syndrom ? J Natl Cancer Inst 2007 Jan 3; 99(1): 85-86. 4- Ropert S, Vignaux O, Mir O, Goldwasser F. VEGF pathway inhibition by anticancer agent sunitinib and susceptibility to atherosclerosis plaque disruption. Invest New Drugs. 2011 Dec;29(6):1497-9. Congrès ASCO GU 2012 – morceaux choisis Marine Gross-Goupil (1) , D r S y lv e s t r e L e M o u l e c (2) 1 : Hôpital Saint-André, CHU Bordeaux, 01 Rue Jean Burguet, 33075 Bordeaux Cedex 2 : Hôpital du val de Grâce, Paris, 75014 L a dernière édition du GU ASCO 2011 s’est déroulée à San Francisco du 02 au 04 Février 2012, avec près de 2500 participants. Ce congrès a permis une mise à jour des données de recherche clinique et translationnelle dans le domaine d’oncologie urologique, en particulier du cancer de la prostate. Cancer de la prostate > Métastatique réfractaire à la castration post Docétaxel. Si cette entité a bénéficié au cours de l’année 2011 de l’AMM de deux molécules, acétate d’abiratérone et cabazitaxel, ce GU ASCO a permis de préciser les données de tolérance et efficacité de ces deux molécules, ainsi que du dénosumab et de faire connaître d’autres molécules, sur le seuil de la porte comme le MDV 3100, et le radium-223. > Manipulations hormonales de seconde intention L’analyse de 108 patients traités dans le cadre de 5 essais sur l’institut Gustave Roussy, par distilbène, kétoconazole et hydrocortisone, acétate d’abiratérone et bicalutamide a permis de montrer que la durée d’efficacité du la première phase d’hormonosuppression est le seul élément prédictif de la réponse à une seconde phase d’hormono-manipulations : réponse biologique : 58% versus 18%, selon durée > 16 mois ou < 16 mois (p=0,01) ; Survie sans progression : 5 mois (3,46-6,53) versus 3 mois (2,10-3,89) (p< 0,043). (Y. Loriot, Abstr 213) > Acétate d’Abiratérone (Zytiga ®) L’analyse à long terme des données d’efficacité de l’étude COU-AA 301, confirme un bénéfice de l’acétate d’abiratérone sur le contrôle des douleurs, ainsi que sur le retard de survenue des évènements osseux. 45% d’amélioration des douleurs osseuses versus 28,8% pour les patients traités par placébo (p=0,0005) ; Durée de contrôle des douleurs : 4,23 versus 2,13 mois (p=0,0056). (E. Basch, Abstr 183) Par ailleurs le gain en survie rapporté existe quelque soit la cause de l’arrêt du docétaxel, par progression ou autre (notamment toxicité) : chez les patients progressifs sous docétaxel, la survie globale a été de 14,2 mois pour les patients traités par abiratérone (1215,8) comparée à 10,5 mois(9,3-11,8) pour les patients du groupe placébo (HR=0,78 (0,62-0,97), p=0.0222) ; pour les patients non progressifs sous docétaxel : 17,0 mois (15,6-18,2) versus 12,6 mois (10,4-14,9) (HR=0,73 (0,59-0,89), p=0,0025). (K. Chi, Abstr 15). Enfin, l’expérience des Autorisations Temporaires d’Utilisation (ATU) Françaises de 18 centres et 381 patients a fait l’objet d’un poster. (D. Azria, Abstr 149) La tolérance a été bonne, 13 patients seulement ayant dû interrompre le traitement pour cause de toxicité de grade 3/4. Un tiers des patients ont poursuivi le traitement instauré devant l’objectivation d’un bénéfice clinique. Enfin, 2 facteurs prédictifs de non-réponse ont été définis : un score de Gleason de 8 à 10, ainsi qu’un nombre de ligne de chimiothérapies antérieures de plus de 1, piste à confirmer en prospectif. > Cabazitaxel (Jevtana ®) Sartor (abst 102) a rapporté les données de l’étude des facteurs pronostiques chez les 755 patients inclus et traités dans le cadre de l’essai TROPIC (cabazitaxel + prednisone versus mitoxantrone + prednisone). En analyse multivariée : un Performance status bon (0-1), l’absence de maladie mesurable en début de traitement, le temps entre dernière dose de docetaxel et randomisation > 6 mois, l’absence de douleur en début de traitement, ainsi que le traitement par cabazitaxel ont été retrouvés comme facteurs de bon pronostic. Par ailleurs, l’expérience de l’usage du cabazitaxel dans le cadre d’une utilisation à titre compassionnel et d’ATU, a été rapportée par plusieurs auteurs (abstr 172 (Europe, Asie, Amérique latine, Canada), abstr 253 (Italie), abstr 44 (UK)). La tolérance chez des patients hors essai est ainsi apparue globalement rassurante. L’étude Européenne (n=399) rapporte ainsi 6,3 N°52 - Tome 9 - avril 2012 - RéfleXions en Médecine Oncologique 19 ASCO % de neutropénies fébriles, 11,3% de neutropénies de grade 3/4, 1,8% de neutropénies septiques. Le recours aux facteurs de croissance hématologiques était autorisé et a eu lieu chez 34,3% des patients soit en prophylaxie, soit à visée curative (26,6 et 6,3% respectivement, 1,5 mixte). Enfin, l’incidence des décès toxiques a été de 2% (colite pseudomembraneuse, sepsis et pancytopénie, mort subite, choc septique, insuffisance rénale et sepsis) (Abstr 172). > Dénosumab (Xgeva ®) Le dénosumab, anticorps monoclonal anti-RANK ligand, a montré son efficacité en situation de prévention de survenue des métastases osseuses chez des patients atteints de cancer de la prostate réfractaires à la castration et à risque d’évolution métastatique (PSA > 8 ; temps de doublement du PSA < 10 mois), avec une prolongation de la survie sans métastase osseuse de 4,2 mois chez les patients traités par injections mensuelles de dénosumab comparée aux patients du bras placébo. (n=1432) (Smith et al., Lancet 2012). L’analyse des sous-groupes de stratification, présentée par M Smith a précisé que le bénéfice rapporté était d’autant plus important que les patients présentaient un temps de doublement bref : Si PSA DT < 10 mois : 28.4 vs 22.4 mois (diff = 6 mois) ; si PSA DT < 6 mois : 25.9 vs 18.7 mois (diff = 7.2 mois) ; si PSA DT < 4 mois : 25.8 vs 18.3 mois (diff = 7.5 mois). Les effets secondaires rapportés ont été ceux attendus, ostéonécrose mandibulaire et hypocalcémie. > MDV 3100 Anti-androgène de seconde génération, le MDV 3100 avait montré une efficacité potentiellement intéressante au cours des essais de phase I-II, confirmée au cours de l’essai de phase III, AFFIRM, présenté par H. Scher (LBA 1). Chez 1199 patients randomisés en deux bras de traitement (2 :1), MDV 3100 (n=866, 160 mg/ jour, per os) et 20 GU 2012 – morceaux choisis placébo (n=399), l’analyse intermédiaire a montré un allongement statistiquement significatif de la survie chez les patients traités par MDV 3100 de près de 5 mois avec réduction du risque de mortalité de 37% (survie globale médiane de 18,4 versus 13,6 mois, HR : 0,631, p<0,0001). L’étude a donc été interrompue précocement avec cross over des patients du bras placébo pour le MDV 3100. Le profil de tolérance excellent du MDV 3100 devrait rapidement permettre l’intégration de cet agent dans l’arsenal thérapeutique pour cette indication. L’étude PREVAIL en situation pré-chimiothérapie est actuellement en cours, ouverte aux inclusions. > Alpharadyn / Radium-223 Le radium-223 est un agent proche du calcium, qui se fixe au sein du stroma adjacent aux métastases osseuses. Les résultats de l’étude ALSYMPCA, présentés à l’ESMO en octobre 2011, ont fait l’objet d’une actualisation par C Parker (abst 8). Cet essai de phase III a porté sur 922 patients atteints de cancer de prostate réfractaires à la castration post-taxotère, sauf pour certains patients considérés inaptes à la chimiothérapie et présentant au minimum 2 localisations métastatiques osseuses. Les patients ont été randomisés entre alpharadyn (50kBq/kg) et soins standard et placébo et soins standards. Une différence statistiquement significative a été observée sur la survie globale : 14 mois pour le rad-223 versus 11,2 mois pour le bras placébo (HR 0.695; 95% CI, 0.552-0.875, p = 0.00185). Par ailleurs, l’administration du rad-223 retarde la survenue des évènements osseux avec un délai médian de 13,6 mois versus 8,4 mois (p=0,00046 ; HR=0,610 ;95%CI :0,461-0,807) Le profil de tolérance est également plus que satisfaisant, avec une incidence d’évènements secondaires tous grades confondus, inférieure à celle observée dans le groupe placébo : 88% versus 94% ; tendance retrouvée pour les toxicités de grade 3/4 : 51% versus 59%. N°52 - Tome 9 - avril 2012 - RéfleXions en Médecine Oncologique Sur le plan hématologique, en particulier, la tolérance est acceptable avec 1,8% de neutropénie de grade 3/4 et 4% de thrombopénie de grade 3/4. Session Pénis, Tumeurs urothéliales, et tumeurs testiculaires Pas de grande révolution sur ces entités. > Cancer de vessie De nouvelles données confirmant l’efficacité de la chimiothérapie néo-adjuvante dans le traitement des tumeurs infiltrantes urothéliales ont été présentées par A Siefker-Radtke. (Abstr 261) Cette étude de phase II a inclus 60 patients atteints de tumeurs de vessie, stade pT3 ou des voies urinaires hautes et traités par chimiothérapie de type MVAC DD (4 cycles, j1=j14). Le taux de réduction du stade tumoral < pT1N0 a été de plus de la moitié (53%), avec 38% de réponse complètes (pT0N0). La survie globale à 2 ans a atteint 78%, avec une survie sans progression spécifique de 85%. Par ailleurs, la tolérance s’est confirmée bonne, 85% des patients ayant complété les 4 cycles, 27% de neutropénies de grade 3, 12% de fatigue de grade 3, moins de 10% de complications thromboemboliques. Quarante quatre patients ont reçu l’administration de bévacizumab en combinaison avec la chimiothérapie. Malheureusement, les données de morbidité péri-opératoire n’ont pas été précisées. Par ailleurs l’ajout de la thérapie ciblée ne semble pas apporter de bénéfice en termes de down-staging. Le suivi de cette étude reste au cours de 26 mois. > Cancer du testicule Seule l’étude de l’équipe de K. Fizazi est venue bousculer les idées reçues sur la prise en charge des tumeurs testiculaires. (Thibault, Abst 323) Si la prise ASCO en charge du temps chirurgical des masses résiduelles par des équipes référentes, tendait à faire l’unanimité, la question de la prise en charge médicale restait davantage ouverte. Cette étude mono-centrique rétrospective a porté sur 78 patients pris en charge pour rechute et traitement de deuxième ligne entre 2000 et 2010 (54% prétraités dans des centres anticancéreux, 19% dans des établissements publics, 27% dans le privé). Les résultats ont montré que lors de la prise en charge initiale : les marqueurs n’étaient disponibles que pour 61% des patients, la classification IGCCCG était adéquate pour 58% des patients et non spécifiée dans 40% des cas, la stadification adéquate pour 60% et non spécifiée pour 38% des cas. Au final, 51% des patients adressés pour rattrapage n’avaient pas bénéficié d’un traitement en accord avec les recommandations internationales. Les raisons ont été : doses de chimiothérapie (16%), nombre de cycles (12%), protocole standard de chimiothérapie (10%), délai entre cycles (17%), retard de chirurgie avec délai supérieur à 6 semaines (52%), type de chirurgie (17%), indication inadéquat de chirurgie (17%) suivi inadéquat (5%)/ Les tumeurs testiculaires restent rares mais curables, reste la question du lieu de traitement. Pour rappel, le traitement et la semiintensification de la chimiothérapie des tumeurs germinales non séminomateuses de mauvais pronostic fait l’objet d’un protocole national ouvert aux inclusions: le GETUG 13. La question de l’intensification thérapeutique pour les tumeurs germinales en rechute de mauvais pronostic est également posée dans le protocole TICE. > Tumeur de la verge Les résultats de l’essai CRUK/09/2011 se sont avérés négatifs. (Bahl, Abstr 326) Il s’agissait d’obtenir avec l’administration de 3 cycles de chimiothérapie par TPF (Taxotère 75 mg/m2, cisplatine 60mg/m2, 5Fluorouracile 750 mg/m2/j de J1 à J5), GU 2012 – morceaux choisis un taux de réponses objectives de 60% chez des patients atteints de cancers épidermoïdes avancés, M1, T4 M0, ou N2/3M0, ou N1M0 en situation préopératoire. Parmi les 29 patients inclus, 9 étaient métastatiques, le taux global de réponses complètes a été de 7,5% ; taux de réponses partielles de 30,8% ; taux de stabilisation de 30,8%, avec une survie globale médiane de 19,9 mois. L’analyse en sous groupe des patients présentant une maladie locorégionale, montre une survie globale médiane non atteinte, et un taux de survie globale à 1 an de 31,2% [37,178 ,4, 95%CI], et une survie sans progression à 1 an de 48,8%. Cancer du Rein Si les inhibiteurs de tyrosine kinase font désormais partie de la pratique quotidienne, méfiance tout de même ! C’est la conclusion d’une méta analyse présentée par Richards (Abstr 349) ayant porté sur 10 essais et au total 4679 patients atteints de mélanome, cancer du rein, du sein ou du poumon, inclus dans des essais randomisés portant sur des traitements par sorafénib, sunitinib, pazopanib. Le risque de toxicité létale est 2,23 fois, celui de la population contrôle (1,12-4,44, p=0,023), représentée principalement par des complications hémorragiques, infarctus du myocarde et insuffisance hépatique. L’incidence des évènements secondaires mortels est de 1,5% (0,8-2,4%). Si ce taux reste faible, il faut souligner une probable protection liée à la sélection de ces patients traités dans le cadre d’essai cliniques, et qui laisse craindre une incidence accrue sur la population générale…. > L’axitinib a récemment été approuvé aux Etats-Unis, devant le gain en survie sans progression apporté dans l’essai AXIS de phase III, comparé au sorafénib, en situation d’échec d’une première ligne par anti-angiogénique. B. Rini a présenté les résultats d’analyses complémentaires, étudiant l’effet d’une titration de doses de l’axitinib et l’influence potentielle de la 1ère ligne de traitement sur l’efficacité. (Abstr 354) Ainsi les patients débutant l’axitinib ont pu bénéficier sous réserve de l’absence d’effets secondaires de grade ¾ d’une augmentation de posologie de 5 mg deux fois/ jour puis 7mg x 2 /j jusqu’à 10 mg deux fois par jour. Si la titration permet une meilleure exposition au médicament, il n’y a cependant pas été rapporté de différence de survie sans progression entre les groupes. Par ailleurs, le bénéfice de l’axitinib sur la survie sans progression a été retrouvé chez l’ensemble des patients, groupe avec ou sans titration (petits effectifs, n=132/ 247). Les patients ayant bénéficié d’une première ligne prolongée au sutent de plus de 9 mois puis de l’axitinib, ont eu tendance à avoir une survie sans progression supérieure mais sans différence significative : 6,3 versus 4,5 mois. > L’éverolimus, traitement de seconde ligne du carcinome rénal à cellules claires, a démontré son efficacité dans le traitement des angiomyolipomes, dans le cadre de l’étude EXIST-2 1, phase III randomisée contre placébo (2 :1). Le taux de réponses objectives a été de 41,8% dans le groupe des patients traités par everolimus (n=79), et de 0% pour le groupe placébo (n=39), p< 0,0001. Le délai avant progression a été de 11,4 mois pour le groupe placébo et n’a pas été atteint pour le groupe everolimus. > Nouvelle cible - MET Le cabozantinib, TKI ciblant VEFGR2 et MET, avait déjà fait l’objet de résultats potentiellement intéressants dans le cancer de la prostate, c’est désormais le cas également pour le cancer du rein. En situation de maladie avancée (68% des patients en 2 ème ligne et plus), chez 25 patients inclus dans un essai N°52 - Tome 9 - avril 2012 - RéfleXions en Médecine Oncologique 21 ASCO de phase II, le taux de contrôle de la maladie à 6 semaines a été de 68%, avec une survie globale et sans progression non atteinte. (Choueri, Abstr 364) Le profil de toxicité diffère des TKI usuels avec notamment 32% d’hypophosphorémie de grade 3 et plus, 12% d’embolie pulmonaire. Dirigé sur les mêmes cibles, le foretinib, a également montré son potentiel dans une étude prospective dans le traitement du cancer du rein papillaire. (Choueri, Abstr 355) 22 GU 2012 – morceaux choisis Le taux de réponses objectives a atteint 13,5%, avec une survie à 1 an chez 70% des patients inclus (n=74), et une survie sans progression de 9,3 mois. De même diarrhées, embolie pulmonaire et hypertension ont été observés dans les effets secondaires. tate d’abiratérone pour la prostate et les résultats de l’essai COMPARZ, pazopanib comparé au sunitinib en 1 ère ligne de cancer du rein métastatique ou PISCES, sunitinib et pazopanib es séquentiel avec choix préférentiel du patient…. Il ne reste plus qu’à attendre les nouveautés de l’ASCO 2012, avec sans doute, les résultats de l’étude COU AA302, en pré-chimiothérapie de l’acé- Conflits d’intérêts : aucun N°52 - Tome 9 - avril 2012 - RéfleXions en Médecine Oncologique Actualités Le choix crucial entre le feu et les briques à partir du congrès de l’American Association for Cancer Research (AACR) François Goldwasser - e 1 0 3 ème C o n g r è s a n n u e l d e l’AACR s’est tenu du 31 mars au 4 avril 2012 à Chicago (Illinois). Un thème émergent se confirme et conduit à porter un nouveau regard sur l’oncogenèse, l’histoire naturelle de la maladie clinique, et offre de nouvelles perspectives thérapeutiques : l’analyse des voies du métabolisme cellulaire énergétique de la cellule cancéreuse. Les altérations du métabolisme cellulaire ont été reconnues depuis longtemps comme l’une des caractéristiques des cellules cancéreuses mais leurs bases moléculaires et la vision globale des mécanismes par lesquels le métabolisme est modifié durant l’initiation puis la progression tumorale ont commencé à être véritablement décodés au cours des 10 dernières années. Une meilleure compréhension de la manière dont différentes tumeurs et différentes lésions génétiques contribuent à une reprog r a m m a t i o n m é t a b o l i q u e a re n d u possible l’émergence de nouvelles thérapies ciblées. Ce champ de recherche se développe très rapidement. Les tumeurs sont métaboliquement distinctes du tissu environnant comme en témoigne la fixation du fluoro-desoxyglucose lors de l’imagerie TEP. Celle-ci illustre le rôle du métabolisme glucidique dans la respiration de la cellule cancéreuse. Dans les années 1920, Otto Warburg observe que les cellules tumorales ont une forte consommation de glucose, et L 24 Cancérologie, Hôpital Cochin, Paris une production accrue de lactates, en présence d’apports en excès d’oxygène. Cette description porte depuis le nom « d’effet Warburg ». Il rapporte ainsi un comportement cellulaire qui s’éloigne de celui d’une cellule différenciée qui va typiquement oxyder le glucose en CO2. L’effet Warburg décrit la glycolyse aérobie et est sous le contrôle essentiel de la pyruvate kinase (PK ; dont il existe plusieurs isoformes, M1 et M2). La PK est en effet la dernière enzyme de la cascade glycolytique. L’isoforme PK-M2 est surexprimée dans de nombreux cancers. On peut comparer la cascade enzymatique de la glycolyse à un robinet d’eau dont l’ouverture dépendrait de la PK. La synthèse du pyruvate est donc une étape clé, et est consécutive à l’utilisation du glucose par une pyruvate kinase (PK). La PK-M1 est retrouvée plus exprimée dans les cellules bien différenciées qui respirent par phosphorylation oxydative mitochondriale. La PK-M2 en revanche est surexprimée dans les cellules prolifératives (cancéreuses ou non), en réponse à des signaux de croissance, en cas de métabolisme anabolique et de glycolyse aérobie. La perte de l’activité PK-M2 accélère la formation de tumeurs du sein après perte de Brca 1, chez l’animal. Les PK sont des tétramères dont la régulation est en partie stérique, par stabilisation/ déstabilisation du tétramère en dimères. L’inhibition de PK-M2 favorise le méta- N°52 - Tome 9 - avril 2012 - RéfleXions en Médecine Oncologique bolisme anabolique, sans changer la conversion glucose vers lactates, mais en découplant synthèse d’ATP et glycolyse. Le glucose est réorienté vers la voie des pentoses phosphatases, vers la synthèse de sérine, qui permet ensuite la synthèse lipidique. On peut résumer les besoins de la cellule c a n c é r e u s e à d e s b e s o i n s d ’ AT P auxquels s’ajoutent la nécessité de doubler sa masse pour la division cellulaire, et donc de doubler la quantité de p ro t é i n e s , d e l i p i d e s , e t d ’ a c i d e s nucléiques. Le « dilemme permanent » est donc de choisir entre produire de l’énergie ou synthétiser : la cellule cancéreuse doit choisir entre produire de l’ATP ou des macromolécules de même que l’on peut à partir du bois, choisir de faire un feu ou de construire une maison en bois. Le glucose donne naissance au pyruvate, via la PK. Le pyruvate permet de produire de l’acétyl CoA, qui pourra fournir des citrates, à partir desquels débute la synthèse des lipides. Glucose et glutamine sont deux substrats permettant de rejoindre le cycle TCA pour permettre une synthèse protéique, ou lipidique via les citrates. Alternativement à la glycolyse, la glutamine permet également de produire des citrates. Les vulnérabilités métaboliques dépendent du contexte, et il existe d e s c e l l u l e s c a n c é re u s e s d o n t l a synthèse lipidique est dépendante de la glutamine, ou indépendante de la glutamine et dépendante du glucose. Le choix crucial entre le feu et les briques – à partir du congrès de l’American Association for Cancer Research (AACR) Dans certains contextes tumoraux, la production d’ATP est dépendante ou indépendante de la glutamine. Ainsi, les cancers du sein de type basal, mais pas ceux de type luminal, sont dépendants de la glutamine. Des altérations des gènes clés du cycle de Krebs ont été identifiées dans certaines pathologies malignes. Il existe par exemple des mutations de SDH dans des paragangliomes malins. Une autre enzyme clé est l’AMP-kinase qui permet d’enclencher : • soit la consommation d’ATP, rendant possible la synthèse protéique. • soit la production d’ATP, rendant possible l’oxydation des lipides. • soit la production de NADPH, permettant la synthèse de glutathion et la clairance de radicaux libres, en particulier H202. > De nouvelles cibles thérapeutiques sont fournies par la mise en évidence d’une respiration cellulaire différente dans la cellule cancéreuse. Ainsi, Genentech a mis en place un grand programme de développement d’inhibiteurs de voies métaboliques. Ces cibles se déduisent de l’addiction de la cellule cancéreuse pour une voie métabolique. Il peut être nécessaire de bloquer simultanément plusieurs voies pour prévenir le développement de compensations métaboliques. La meilleure cible d’une voie métabolique donnée est l’enzyme limitante pour la chaine de réactions, et/ou celle qui a une spécificité pour la cellule tumorale. Enfin, il faut pouvoir concevoir une drogue à partir de cette cible (« druggability »). Parmi les cibles étudiées, figurent de vieilles connaissances, telles que l’HMG CoA reductase, la cyclooxygénase… Une stratégie thérapeutique prometteuse est de pousser la cellule cancéreuse à préférer le feu à la construction qui conditionne la prolifération (doublement de la masse, doublement des acides nucléiques). > Les cellules normales ont une glycolyse active, contrôlée par PK-M1, très active (forme tétramérique), le robinet glycolytique coule à fort débit vers le cycle de Krebs et fournit de l’ATP. En revanche, la synthèse de macromolécules est faible, la cellule reste bien différenciée et quiescente. > Les cellules cancéreuses ont fermé le robinet glycolytique vers le cycle de Krebs, elles sur-expriment PK-M2 aux dépens de PK-M1, et sous forme mono ou dimérique, peu active. Le robinet étant fermé, la voie glycolytique est dérivée vers la voie des pentoses phosphates qui conduit à la synthèse de macromolécules nécessaires à la prolifération cellulaire, et à la production de NADPH. > une voie thérapeutique prometteuse est donc d’activer PK-M2 dans la cellule cancéreuse, pour la pousser vers le cycle de Krebs aux dépens de la synthèse de macromolécules. Ceci revient à « ouvrir le robinet » glycolytique en direction du cycle TCA et de la production d’ATP. Il en résulte une réduction de la voie d’amont des pentoses phosphates, privée de substrats. Or celle-ci permet l’enrichissement en « building blocks », éléments de synthèse protéique et lipidique. Une équipe israélienne a montré les premiers résultats in vitro et in vivo de l’effet d’activateurs de PK-M2 (V Behar et coll, abstract 3219). Ces activateurs stabilisent PK-M2 sous forme tétramérique, et donc active. La déplétion en building blocks conduit à un ralentissement de la prolifération cellulaire des cellules de cancer colique HT29 ou des cellules de cancer pulmonaire H1299, xénogreffées. Ces données valident expérimentalement le concept de stratégie anti-tumorale par re-ouverture de la glycolyse vers le cycle de Krebs. Les premiers essais thérapeutiques sont attendus dans les 2 ans. Conflits d’intérêts : aucun RÉFÉRENCES pour approfondir le sujet 1- Christofk HR, Vander Heiden MG, Wu N, Asara JM, Cantley LC. Pyruvate kinase M2 is a phosphotyrosine-binding protein. Nature. 2008 Mar 13;452(7184):181-6. 2-Vander Heiden MG, Cantley LC, Thompson CB. Understanding the Warburg effect: the metabolic requirements of cell proliferation. Science. 2009 May 22;324(5930):102933. Review 3-Anastasiou D, Poulogiannis G, Asara JM, Boxer MB, Jiang JK, Shen M, Bellinger G, Sasaki AT, Locasale JW, Auld DS, Thomas CJ, Vander Heiden MG, Cantley LC. Inhibition of pyruvate kinase M2 by reactive oxygen species contributes to cellular antioxidant responses. Science. 2011 Dec 2;334(6060):1278-83. N°52 - Tome 9 - avril 2012 - RéfleXions en Médecine Oncologique 25 Innovation thérapeutique L’afatinib : un pas de plus dans le contrôle des adénocarcinomes pulmonaires avec mutation du gène du récepteur de l’EGF François Goldwasser - Pôle Spécialités médico-chirurgicales et Cancérologie, G H C o c h i n B r o c a H o t e l D i e u , A P - H P, e t f a c u l t é d e m é d e c i n e P a r i s D e s c a r t e s . Introduction La survenue de mutations activatrices du gène du récepteur de l’Epidermal Growth Factor (EGF-R) a un rôle essentiel dans l’oncogenèse de certains cancers pulmonaires (1,2). Il s’agit particulièrement d’adénocarcinomes survenant en l’absence d’intoxication tabagique. Cette situation est plus fréquente chez la femme et est même la situation la plus commune en Asie. Ces adénocarcinomes pulmonaires se révèlent sensibles à l’inhibition de l’activité tyrosine kinase intracellulaire du récepteur. Deux médicaments, erlotinib et géfitinib, actifs sur cette population et commercialisés, ont formé la première génération d’inhibiteurs du récepteur à activité tyrosine kinase (ITKs). L’afatinib (BIBW 2992 ; Boehringer Ingelheim), est un nouvel ITK en cours de développement, dans le cancer pulmonaire non à petites cellules métastatique, comportant une activité après échappement aux ITKs « de première génération ». Pharmacologie Moléculaire et Cellulaire L’afatinib, est un dérivé anilino-quinazoline. C’est un inhibiteur des récepteurs de la famille ErbB. Il s’agit d’une inhibition des récepteurs, rendue irréversible par la formation d’une liaison covalente. Par rapport aux inhibiteurs de l’EGF-R auparavant disponibles en clinique, l’originalité de l’afatinib est donc, à la fois, la formation de la liaison covalente, qui rend irréversible la liaison, et l’action concomitante sur HER2. Plusieurs mécanismes de résistance acquise au géfitinib et à l’erlotinib ont été décrits, parmi lesquels la présence de plusieurs mutations, ou l’amplification de MET, ou encore l’amplification de la transition épithélio-mésenchymateuse (3,4). La mutation plus fréquente semble être la mutation T790M (3). L’afatinib a une activité cytotoxique 26 sur des lignées résistantes au cetuximab (5), sur les variants mutants T790M ou T854A, qui échappent aux ITK de première génération (3,4). Il faut cependant garder à l’esprit que d’autres mutations existent. Ainsi, les mutations de l’exon 20, localisées généralement après l’hélice C du domaine tyrosine kinase, rendent compte de près de 4% des mutations et sont insensibles à la fois aux inhibiteurs réversibles (géfitinib, à l’erlotinib) et irréversibles tels que l’afatinib (6) . Néanmoins, les données très pertinentes en clinique concernant la mutation T790M ont conduit à proposer le développement de l’afatinib en cas d’échappement à un inhibiteur réversible de l’activité tyrosine kinase de l’EGF-R (7-9). De plus un programme de développement clinique a été initié en première ligne chez les patients atteints d’une tumeur avec mutations de l’EGFR basé sur les données cliniques et précliniques favorables. Pharmacologie Clinique L’état d’équilibre des concentrations plasmatiques (« steady state ») est atteint en 8 jours (10). L’exposition plasmatique est peu corrélée au poids et à la surface corporelle, ce qui a justifié le développement de posologies avec une dose fixe. Une alimentation riche en graisses diminue l’absorption et donc la biodisponibilité de l’afatinib (11). Le pic plasmatique médian survient 6h après la prise. L’essentiel de l’afatinib est excrété par les fécès (85,4%). Le volume de distribution apparent est élevé (4500 l) ce qui est en faveur d’une forte diffusion tissulaire. L’élimination est bi-phasique (12). L’exposition plasmatique est proportionnelle à la dose dans la gamme testée en phase I. Afatinib est peu métabolisé. Le principal métabolite est fortement lié aux protéines plasmatiques. Le métabolisme oxydatif via le cytochrome P-450 a un rôle négligeable dans l’élimination de l’afatinib, ce qui le distingue notablement du géfitinib et de l’erlotinib, tous deux métabo- N°52 - Tome 9 - avril 2012 - RéfleXions en Médecine Oncologique lisés par le CYP3A4. L’erlotinib est de surcroît métabolisé par le CYP1A1/1A2 qui explique une réduction de la biodisponibilité chez le fumeur (11). Il existe une variabilité inter-individuelle pour les paramètres pharmacocinétiques, similaire à celle observée avec les autres ITKs. A partir des observations déjà faites sur l’intérêt potentiel du dosage de ces médicaments en cancérologie thoracique (12,13), on peut penser que là encore, il pourrait être utile d’exclure une sous-exposition plasmatique avant de conclure à une résistance au médicament. Efficacité Un programme d’évaluation par 2 études de phase II et 4 essais de phase III été lancé dans le CPNPC : le LUX-Lung clinical trial program (7, 14, 15). > en première ligne chez des patients atteints d’une tumeur avec mutation activatrice de l’EGFR (LUX-Lung 2, 3 and 6) > en 2e ou 3e ligne chez des patients ayant acquis une résistance au géfitinib et/ou à l’erlotinib (LUX-Lung 1, 4 and 5). LUX-Lung 1 et 2 ont montré une augmentation significative du taux de contrôle de la maladie de 58 et 86%, respectivement, ainsi qu’une prolongation de la survie sans progression. Certains essais évaluent l’afatinib en association à un cytotoxique, en particulier le paclitaxel (LUX-Lung 5), en comparaison aux associations cytotoxiques utilisées dans les adénocarcinomes pulmonaires cisplatine/pemetrexed (LUX-Lung 3) ou cisplatine/gemcitabine (LUX-Lung 6). A noter par ailleurs, que, in vitro, l’afatinib semble rétablir une cytotoxicité dans des lignées cellulaires résistantes au cetuximab (5). Des études cliniques vont tester prochainement l’association cetuximab-afatinib. Toxicité Au cours d’une étude de phase I d’administration quotidienne en une prise, les toxicités limitantes furent la survenue de rash cutané (n=2) et de pneumopathie, à chaque niveau de dose de 30 à 50 mg/j. Aucune escalade de dose au-delà de 50 mg/j n’a été réalisée. Au cours des études cliniques suivantes, les principales toxicités limitantes retrouvées sont le rash cutané et la diarrhée. La dose recommandée pour les études de phase II a été 40 ou 50 mg/jour chez les patients, selon la population des patients dans les essais (16-18). Modalités d’administration Administration quotidienne per os de 40 ou 50 mg/jour à distance des repas. ■ Références 1-Sharma SV, Bell DW, Settleman J, Haber DA. Epidermal growth factor receptor mutations in lung cancer. Nat Rev Cancer 2007; 7(3):169-181. 2-Paez JG, Janne PA, Lee JC et coll. EGFR mutations in lung cancer :correlation with clinical response to gefitinib therapy. Science 2004; 304 (5676): 1497-1500. 3-Sos ML, Rode HB, Heynck S, Peifer M, Fischer F, Klüter S, Pawar VG, Reuter C, Heuckmann JM, Weiss J, Ruddigkeit L, Rabiller M, Koker M, Simard JR, Getlik M, Yuza Y, Chen TH, Greulich H, Thomas RK, Rauh D. Chemogenomic profiling provides insights into the limited activity of irreversible EGFR Inhibitors in tumor cells expressing the T790M EGFR resistance mutation. Cancer Res. 2010;70(3):868-74. 4-Bean J, Riely GJ, Balak M, Marks JL, Ladanyi M, Miller VA, Pao W. Acquired resistance to epidermal growth factor receptor kinase inhibitors associated with a novel T854A mutation in a patient with EGFR-mutant lung adenocarcinoma. Clin Cancer Res. 2008;14(22):7519-25. 5-Quesnelle KM, Grandis JR. Dual Kinase Inhibition of EGFR and HER2 Overcomes Resistance to Cetuximab in a Novel In Vivo Model of Acquired Cetuximab Resistance. Clin Cancer Res. 2011;17(18):5935-44. 6- Yasuda H, Kobayashi S, Costa DB. EGFR exon 20 insertion mutations in non-small-cell lung cancer: preclinical data and clinical implications. Lancet Oncol. 2012;13(1):e23-31. 7-Hirsh V. Afatinib (BIBW 2992) development in non-smallcell lung cancer. Future Oncol. 2011; 7(7):817-25. 8-Subramaniam DS, Hwang J. BIBW 2992 in non-small cell lung cancer. Expert Opin Investig Drugs. 2011; 20(3):415-22. 9-Giaccone G,Wang Y. Strategies for overcoming resistance to EGFR family tyrosine kinase inhibitors. Cancer Treat Rev. 2011;37(6):456-64. 10-Eskens FA, Mom CH, Planting AS, Gietema JA, Amelsberg A, Huisman H, van Doorn L, Burger H, Stopfer P, Verweij J, de Vries EG. A phase I dose escalation study of BIBW 2992, an irreversible dual inhibitor of epidermal growth factor receptor 1 (EGFR) and 2 (HER2) tyrosine kinase in a 2-week on, 2-week off schedule in patients with advanced solid tumours. Br J Cancer. 2008; 98(1):80-5. 11- Hughes AN, O'Brien ME, Petty WJ, Chick JB, Rankin E,Woll PJ,Dunlop D,Nicolson M,Boinpally R,Wolf J,Price A.Overcoming CYP1A1/1A2 mediated induction of metabolism by escalating erlotinib dose in current smokers. J Clin Oncol. 2009;27(8):1220-6. 12-Mir O, Blanchet B, Goldwasser F. Drug-induced effects on erlotinib metabolism. N Engl J Med. 2011;365(4):379-80 13-Mir O, Blanchet B, Goldwasser F. More on aprepitant for erlotinib-induced pruritus. 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Phase I trial of the irreversible EGFR and HER2 kinase inhibitor BIBW 2992 in patients with advanced solid tumors. J Clin Oncol. 2010;28(25):3965-72. 17-Stopfer P, Marzin K, Narjes H, Gansser D, Shahidi M, Uttereuther-Fischer M, Ebner T. Afatinib pharmacokinetics and metabolism after oral administration to healthy male volunteers. Cancer Chemother Pharmacol. 2011 Dec 27. 18-Murakami H, Tamura T, Takahashi T, Nokihara H, Naito T, Nakamura Y, Nishio K, Seki Y, Sarashina A, Shahidi M, Yamamoto N. Phase I study of continuous afatinib (BIBW 2992) in patients with advanced non-small cell lung cancer after prior chemotherapy/erlotinib/gefitinib (LUX-Lung 4). Cancer Chemother Pharmacol. 2011 Nov 10. >>> En pratique Pour le médecin • Pas d’interaction métabolique prévisible chez le fumeur ou en cas de co-médication substrat ou inducteur ou inhibiteur du CYP 3A4. • Prévenir de la possibilité de diarrhée et de rash cutané. Le traitement symptomatique du rash cutané est le même que pour les anti-rec EGF de première génération. Pour le patient • Prise quotidienne, à distance des repas. • La survenue d’une éruption cutanée justifie un examen médical, le plus souvent pour un traitement symptomatique. Elle n’est habituellement pas synonyme d’allergie, d’intolérance au médicament et d’arrêt du traitement. • Contraception du couple. N°52 - Tome 9 - avril 2012 - RéfleXions en Médecine Oncologique 27 Soins de support Nutrition thérapeutique en oncologie : bénéfices du support nutritionnel Pa s c a l C r e n n (1) , Jérôme Alexandre (2) , Philippe Rougier (1) 1 : Université Versailles Saint Quentin en Yvelines, Hépato-gastroentérologie et Oncologie Digestive, Hôpital Ambroise Paré (APHP), Boulogne 2 : Université Paris Descar tes, Oncologie médicale, Hôtel-Dieu (APHP), Paris Résumé Une immunutrition orale préopératoire a démontré, y compris chez le sujet non dénutri, sa capacité à diminuer la morbidité postopératoire en cancérologie digestive. Une diminution de la toxicité des traitements et donc une facilitation de ceux-ci apparaît probable quand un support nutritionnel adapté peut être mis en place dans les autres situations en cas d’utilisation d’un support nutritionnel adapté. En phase palliative pure la médiane de survie en nutrition parentérale est inférieure à 3 mois mais des formes à évolution prolongée peuvent s’observer. L’objectif est ici d’assurer une certaine qualité de vie au patient. Certains travaux suggèrent par ailleurs que les acides gras oméga 3 (anti-inflammatoires et anti-cataboliques) oraux, et tout particulièrement l’EPA, ont une efficacité anti-cachectisante dans certaines néoplasies. Un support nutritionnel invasif doit être évité en fin de vie mais le dilemme éthique est toujours présent. Mots-clés Dénutrition, EPA, Nutrition thérapeutique, Soins de support 28 Figure 1 : Cancer et nutrition : récapitulatif des différentes situations cliniques U ne prise en charge adaptée, notamment en situation périopératoire, améliore la faisabilité des thérapeutiques oncologiques et diminue certaines complications des traitements. Une amélioration du pronostic apparaît alors possible mais n’est, à l’heure actuelle, prouvée que dans un nombre limité de situations. En sus de la prise en charge nutritionnelle des études récentes mettent l’accent sur le bénéfice de l’activité physique associée quand cela est possible. La prise en charge des séquelles à long N°52 - Tome 9 - avril 2012 - RéfleXions en Médecine Oncologique terme, chez les patients guéris ou en rémission prolongée, est bien entendu indispensable. Les différentes situations cliniques Les paramètres majeurs à recueillir sont, outre l’évaluation de l’état nutritionnel, la quantité et la qualité des ingesta. On distingue (Figure 1), selon l’évolution : Nutrition thérapeutique • la nutrition thérapeutique proprement dite, en cours de traitement carcinologique. Le but est ici de pouvoir réaliser pleinement le protocole thérapeutique prévu. • la nutrition de réhabilitation en phase de rémission puis de guérison. Les compléments nutritionnels oraux classiques trouvent là une très bonne indication. • la prise en charge nutritionnelle des séquelles, par exemple après chirurgie de résection digestive ou des voies aéro-digestives supérieures. Des études randomisées ne sont pas possibles dans ce cadre mais il est clair que ces cas nécessitent une prise en charge spécialisée (centres experts), notamment par la nutrition entérale à domicile ou parfois parentérale (insuffisance intestinale). • la nutrition en phase palliative non terminale et terminale Bénéfices globaux de la nutrition thérapeutique en dehors des situations palliatives S’il est clair que la nutrition thérapeutique réduit les complications de la chirurgie et peut probablement favoriser la réalisation d’un protocole complet de chimio-radiothérapie, en diminuant certaines des toxicités, son impact propre sur le pronostic du cancer (évolution de la masse tumorale, amélioration de la survie) demeure incertain. La correction de la dénutrition, si tant est qu’elle soit possible et précoce, permet en partie de pallier aux conséquences de cette dernière en oncologie. En toute rigueur le bénéfice n’est néanmoins à l’heure actuelle prouvé (grade A) que lors des traitements chirurgicaux (nutrition périopératoire), notamment en oncologie digestive (1). La renutrition avant radiothérapie ou chimiothérapie permet probablement en oncologie : bénéfices un bénéfice mais doit tenir compte des risques propres de la technique et de la possibilité d’accroissement de la masse tumorale en l’absence de traitement spécifique (2) . Un traitement nutritionnel doit permettre l’optimisation du traitement anticancéreux mais n’est bien entendu jamais suffisant à lui seul. La réduction des coûts directs et indirects de la maladie, notamment par réduction de certaines toxicités, et l’amélioration de la qualité de vie des patients sont deux bénéfices pour lesquels nous disposons de quelques données (3, 4) mais l’hétérogénéité des situations rendent les conclusions des études parfois difficiles à extrapoler. Nutrition en phase palliative La nutrition en phase palliative, et surtout terminale, pose des dilemmes éthiques. Les compléments enrichis en EPA (acides gras de la série oméga 3 : acide eicosapentaénoïque) dont il existe des arguments expérimentaux –par effets anti-cytokines cachectisantes- pour les utiliser contre la fonte musculaire, réduisent la perte de poids en cas de cancer bronchique ou pancréatique (5) évolué mais aucune différence de survie par rapport aux compléments classiques n’a pu être objectivée dans les essais randomisés (6). Les orexigènes, classe qui abritent à l’heure actuelle très peu de médicaments, n’ont pas présentement de place bien définie dans le traitement de l’anorexie et de la dénutrition des malades cancéreux car peu d’entre eux n’ont montré un bénéfice objectif franc. Les anabolisants (par exemple l’acétate de megestrol, progestatif de synthèse) ont surtout un effet sur la masse grasse, mais ils peuvent également augmenter l’appétit (7). Les corticoïdes doivent être évités, du fait de leurs effets secondaires, dans la mesure du possible. du support nutritionnel En cas de carcinose péritonéale la nutrition parentérale peut être utile et peut améliorer le confort de vie, certains patients tirant bénéfice d’une augmentation de la survie (supérieure à 6 mois voire 1 an, par exemple dans certaines tumeurs endocrines digestives). Le maintien d’une qualité de vie acceptable et le traitement symptomatique (asthénie…) demeurent ici l’objectif premier. Il est néanmoins important de noter que plus de 80% des malades adultes recevant une nutrition parentérale à domicile le sont dans une indication oncologique : la durée de vie médiane est dans ce cas de 2 mois. La durée de vie était de 81 jours dans une série italienne de 152 patients quand l’indice de Karnofsky était au delà de 50 (8). La faim et la soif ne sont pas des symptômes constants de la phase terminale. Il existe un accord professionnel pour éviter de proposer la nutrition parentérale quand le patient à un indice de Karnofsky inférieur à 50 (indice OMS 4 ou alitement permanent du fait notamment de la dénutrition) et qu’aucun projet thérapeutique (chimiothérapie notamment) ne peut plus être envisagé, associé à une espérance de vie prévisible inférieure à 3 mois (9). Dans cette situation l’hydratation simple améliore la qualité de vie des patients par amélioration des symptômes (myoclonies et signes de déshydratation) (10). Conclusion La dénutrition du malade cancéreux n’est pas inéluctable. Il est crucial qu’un projet thérapeutique cohérent et multidisciplinaire prenne en charge cet élément pour lequel des possibilités thérapeutiques spécifiques, d’efficacité variable, à utiliser parfois de manière séquentielle, existent mais restent encore actuellement très sous-utilisées. La nutrition thérapeutique aide à la réalisation du protocole anti-tumoral optimal N°52 - Tome 9 - avril 2012 - RéfleXions en Médecine Oncologique 29 Nutrition thérapeutique en oncologie : bénéfices grêle) et ORL ainsi que les complications abdominales radiques chroniques. A distance de la prise en charge efficace de la tumeur, chez les sujets guéris ou en rémission prolongée, il est à remarquer que l’on observe une tendance à la prise de poids des patients pouvant et personnalisé et à la diminution de la toxicité des traitements. Il existe un grand besoin d’essai randomisé de phase III dans ces indications en cancéro l o g i e . L a g e s t i o n d e s s é q u e l l e s nutritionnelles concerne essentiellement les résections digestives (pancréas, du support nutritionnel conduire à une surcharge pondérale. Un prise en charge diététique ou nutritionnelle chronique peut ainsi être également indiqué dans ces cas (11). Conflits d’intérêts : aucun RÉFÉRENCES 1. Gianotti L, Braga M, Nespoli L, Radaelli G, Beneduce A, Di Carlo V. A randomized controlled trial of preoperative oral supplementation with a specialized diet in patients with gastrointestinal cancer. Gastroenterology 2002;122(7):1763-70. 2. Koretz RL, Lipman TO, Klein S. AGA technical review on parenteral nutrition. Gastroenterology 2001;121(4):970-1001. 3. Marin Caro MM, Laviano A, Pichard C. Nutritional intervention and quality of life in adult oncology patients. Clin Nutr 2007;26(3):289-301. 4. Ravasco P, Monteiro-Grillo I, Vidal PM, Camilo ME. 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Bachmann P, Marti-Massoud C, Blanc-Vincent MP, et al. Summary version of the Standards, Options and Recommendations for palliative or terminal nutrition in adults with progressive cancer (2001). Br J Cancer 2003;89 Suppl 1:S107-10. 10. Bruera E, Sala R, Rico MA, et al. Effects of parenteral hydration in terminally ill cancer patients: a preliminary study. J Clin Oncol 2005;23(10):2366-71. 11. Demark-Wahnefried W, Aziz NM, Rowland JH, Pinto BM. Riding the crest of the teachable moment: promoting long-term health after the diagnosis of cancer. J Clin Oncol 2005;23(24):5814-30. Bulletin d’ abonnement RéfleXions en Médecine Oncologique Je m’abonne pour un an. 4 Crédits Déductible de vos frais professionnels Médecin 1 an : 60 € 2 ans : 90 € Institution 1 an : 90 € 2 ans : 160 € Interne/Etudiant (joindre un justificatif ) 1 an : 40 € 2 ans : 60 € Etranger (Dom-Tom inclus) 1 an : 70 € 2 ans : 130 € FMC par an Nom : ............................................................................ 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Règlement : Le critère retenu pour marquer la démarche volontaire du médecin est le paiement d’un abonnement. Cet abonnement doit être prouvé par une facture. Chèque à l’ordre de JBH Santé Carte bancaire (VISA exclusivement) N° : Date d’expiration : Signature : Cryptogramme : Bulletin à retourner à : JBH Santé, 53, Rue de Turbigo - 75003 PARIS Une facture justificative vous sera adressée