Valeurs d avenir
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06/12 MARS 14 Hebdomadaire OJD : 84864 Surface approx. (cm²) : 603 N° de page : 95-96 1 RUE LULLI 75002 PARIS - 01 40 54 11 00 Page 1/2 Valeurs d avenir Economie Éloge de la complexité Par Didier Saint Georges a sortie d'une crise dè crédit n'est jamais chose simple, maîs rappelons que celle qu'entament la plupart des pays du monde sera particulièrement complexe II faut certes se réjouir que, dès la fin 2008, l'intervention mas sive des banques centrales ait évité que les effets récessifs du desendettement ne précipitent le monde dans une spirale dépressive Mais il faut regarder avec tout autant de lucidité les conséquences sur les scénarios de sortie de crise de l'immixtion sans précèdent dans le cycle économique de la Fed, la Banque centrale européenne, la Banque d'Angleterre et la plupart des banques centrales des pays émergents. Les grandes économies du monde, parce qu'elles ont été touchées par la crise successivement, maîs aussi parce que leurs politiques mo nétaires ont été plus ou moins radicales, se situent aujourd'hui a des stades très différents de leur cycle économique. L Didiei Saint-Georges est membre du comite d'investissement de Carmignac Gestion insi, les Etats-Unis sont déjà bien avancés A dans le cycle, tandis que la zone euro sort tout juste de la récession La Chine est déjà en phase de ralentissement, tandis que le Mexique suit d'assez pres le cycle americain, et l'Inde est sur le point de repartir Cette complexité est souvent mal comprise par les observateurs, qui ne voient qu'une zone développée en redémarrage et un univers émergent homogène en ralentissement L'interaction entre ces économies dans un monde globalisé ajoute à la complexité Ainsi, la nécessité pour la Fed de commencer à replier son artillerie monetaire au fil du redressement de l'eco norme américaine induit des effets très sensibles pour ses voisins La moindre profusion de liquidités globales amené ces dernieres a devoir choisir plus soigneusement où elles souhaitent s'investir Certains pays, pour éviter que les capitaux ne les fuient trop, ce qui provoquerait une baisse excessive de leur monnaie, n'ont d'autre choix que de relever leurs taux d'intérêt. Or ce resserrement "impose" de leur politique monétaire concerne par definition les economies les plus fragiles, qui risquent, ce faisant, de voir retarder encore davantage leur sortie de crise. C'est le cas de la Turquie, de l'Afrique du Sud, voire du Brésil. D'autres pays subissent aussi, avec le reflux des liquidités globales, l'affaiblissement de leur CARMIGNAC 2396149300506/GJD/ACR/2 monnaie, maîs plus par contagion que par défiance C'est le cas du Mexique et de l'Inde Ces pays affichent des fondamentaux économiques solides ou au moins prometteurs. Par conséquent, la baisse de leur monnaie, des lors qu'elle demeure contenue, constitue davantage une source de renforcement de leur compétitivite qu'une malédiction. Le cas de la Chine est encore différent. Son économie est déjà en phase de ralentissement et elle doit, dans le même temps, se soucier de résorber les multiples déséquilibres nés de sa réaction à la crise de 2008 (gonflement du crédit, shadow banking, etc ) C'est un défi considérable qui risque de peser encore davantage sur son Les grandes économies du monde se situent aujourd'hui a des stades très différents de leur cycle économique. rythme de croissance En revanche, les énormes liquidités disponibles dans l'économie chinoise, que ce soit dans le bilan des banques ou dans les rêserves de sa banque centrale, rendent ce pays beaucoup moins vulnérable que d'autres au resserrement des liquidités globales (et d'autant moins que les marchês de capitaux chinois demeurent largement fermes). e Japon se situe sur une trajectoire radicale L ment différente : ainsi, si la zone euro flirte avec la menace déflationniste, le Japon est en train de s'en extirper, au moyen d'une politique monétaire et fiscale particulièrement audacieuse. Les situations sont donc tres disparates Cette complexité ne doit cependant pas effrayer l'investisseur. Bien au contraire. Elle est moins périlleuse que ne le serait un cycle economique unifie, qui mènerait immanquablement a des excès Elle offre même de multiples opportunités d'investissement a moyen terme a qui fera l'effort de l'appréhender dans toute sa richesse. • Eléments de recherche : CARMIGNAC : société de gestion d'actifs financiers/patrimoine, toutes citations 06/12 MARS 14 Hebdomadaire OJD : 84864 Surface approx. (cm²) : 603 N° de page : 95-96 1 RUE LULLI 75002 PARIS - 01 40 54 11 00 Page 2/2 Pensée unique II va falloir "checker" les "Iact checkers' Par Gilles-William Goldnadel es sondages récents montrent que les ministres de ^'extérieur" et de l'Intérieur demeurent les ministres préférés du gouvernement actuel. Rien de très étonnant à tout cela. Au royaume de France, les Français effrayés par la perte d'autorité de l'État choisiront toujours les borgnes dans un gouvernement d'aveugles. « Ces violences sont inacceptables dans un État de droit. Tous ceux qui exercent des responsabilités publiques doivent condamner les squatteurs de la Zad, organisateurs délibérés de ces violences » (Ouest-France). C'est ainsi que, dimanche dernier, le premier des ministres, fronçant sévèrement le sourcil gauche à l'endroit de ses toujours verts alliés, en appelait donc à "l'État de droit" pour déplorer que les Blacks Blocs occupent toujours son fief de Notre-Dame-des-Landes. L'esprit simple et naïf qui signe ce billet s'est demande un instant si, précisément, il n'était pas de l'obligation et de la compétence du locataire de Matignon, fût-ce à titre précaire, de mettre à profit la force de la loi dont il dispose pour expulser les dangereux nervis. Plutôt que de se lamenter ou d'incriminer ses partenaires gouvernementaux un brin facétieux. Mais ma perplexité fut de courte durée, puisque dès le lundi matin, notre Ayrault apaisé en appelait au dialogue et à la concertation. En attendant, l'État de droit attendra. D Gilles-William Goldnadel est avocat et essayiste. Il préside l'association Avocats sans frontières. A u Monde, la mode est au /act checking. Je ne A\ suis pas sûr que cet anglicisme était indispensable pour « ne plus laisser les politiques dire n'importe quoi» (Les Décodeurs, 28février). Mais n'estce pas encore plus grave lorsque ce sont les informateurs qui disent n'importent quoi ? Et davantage encore ceux qui se sont autoproclamés traqueurs de la désinformation politique. Un exemple récent pour la démonstration : le 26 février, pour confondre Jean-François Copé à propos de sa dénonciation du livre pour enfants Tous à poil!, le journal du soir écrivait dans le cadre d'un article defact checking: «L'essentiel des accusations de M. Copé [s'est révélé infondé].- ce livre n'est pas au programme, mais a été listé par des parents d'élèves dans le cadre d'une bibliographie d'ouvrages, proposée dans quèlques documents pédagogiques. » Malheureusement pour les vérificateurs de faits, cela est factuellement inexact. J'ai témoigné du contraire dans le cadre d'un article récent. Des centaines de milliers de téléspectateurs auraient pu faire de même. J'étais en effet sur le plateau de BFM TV le 12 février, en même temps que Mme Franck, agréable auteur du livre incriminé. À la question du pertinent Olivier Truchot de savoir si Tous à poil ! avait été présente par des enseignants dans les écoles publiques, l'écrivain a répondu sans ambages positivement. Mme Franck, toujours après une question de M. Truchot, a précisé que des enfants de 6 ans avaient pu bénéficier de cette présentation. Mais une chose est certaine : il va falloir sérieusement "checker" \esfactcheckers. i je ne le dis pas, alors qui va le dire ? Encore à S propos du Monde et toujours dans la catégorie des faits bruts inexacts, un poète s'était mis en tête de poétiser à propos de Gaza (blogPoésie immédiate du Monde). Extraits : « Ce livre s'appuie sur le "rapport de la mission d'établissement des faits de l'Organisation des Nations unies sur le conflit de Gaza", dit "rapport Goldstone". [...] Mon travail a d'abord consisté à lire et relire ce document, pour le désosser et en saisir tous les arcanes. Il s'agissait, comme l'écrivait Artaud, de "retrouver l'ossature effrayante des choses". » Comme le précise le journaliste intervieweur, «sur un mode d'écriture neutre, Smith [c'est le nom du "poète immédiat"] relate, jour après jour, les dommages causés sur les civils palestiniens ». Et c'est là que l'intervention des factcheckers maison aurait été utile : le 1er avril 2011, le juge Goldstone, auteur du rapport poétisé, a procédé dans le Washington Post à une autocritique en règle en précisant notamment qu'il avait été trompé par les témoignages recueillis à Gaza. Le magistrat onusien repentant a même cru bon d'ajouter que c'était le Hamas et non Israël, en état de légitime défense, qui s'était rendu coupable de crimes de guerre. Il n'est pas sûr que M. Smith et son intervieweur trouvent cette nouvelle version factuelle aussi poétique. • Malheureusement pour les vérificateurs dè faits, leurs vérifications sontfactuellementinexactes. CARMIGNAC 2396149300506/GJD/ACR/2 Eléments de recherche : CARMIGNAC : société de gestion d'actifs financiers/patrimoine, toutes citations