Dancehall : les gays tou ours pas à la fête

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Dancehall : les gays toujours pas à
la fête
11 août 2013 à 19:56
Par DAVID DE ARAUJO
Polémique. Malgré leurs promesses, plusieurs stars du
reggae usent encore de paroles homophobes dans leurs
chansons.
Capleton, patriarche du dancehall et récidiviste en matière d'anathèmes
contre les homosexuels. - DR.
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07/09/2013
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Dans quelques jours, le Rototom Sunsplash de Benicassim, en
Espagne, plus grand rendez-vous reggae d’Europe, succédera au
Geel Festival belge qui a réuni, il y a huit jours, 65 000 spectateurs,
10 000 de plus qu’en 2012. En France, après le Garance Festival
(fin juillet) et le Reggae Sun Ska (début août), le saint graal de
l’apprenti rasta est incarné par la tournée de Capleton, star du
ragga dancehall, penchant turbulent du reggae jamaïcain. S’il attire
de plus en plus d’adeptes, le reggae ne fait pas toujours consensus,
même parmi ses fidèles.
La semaine dernière, le groupe Tryo dénonçait certains artistes de
la scène reggae, dans la Dépêche : «On trouve des artistes dans les
festivals en Europe qui prônent [la] violence, les homosexuels au
bûcher… Dans le reggae, une musique prétendument tolérante, se
cachent aussi parfois des messages de haine.» Si le reggae au sens
large (roots reggae, rocksteady, early reggae, etc.) porte
généralement un message de paix, le dancehall, lui, glorifie
volontiers la violence, notamment homophobe.
En 1988 déjà, Buju Banton sortait Boom Bye Bye («Tirez une balle
dans la tête des gays […] brûlez-les comme de vieux pneus»), bien
avant que Capleton n’appelle à «brûler les pédés, saigner les
pédés» en 2001, dans Burn Out Di Chi Chi : deux hymnes pour les
actuels fans de dancehall. A tel point que la diffusion massive de
ces chansons contribuerait aux violences anti-gays en Jamaïque,
pays décrit en 2006 par le Time comme «l’endroit le plus
homophobe de la planète», où le code pénal condamne toujours
l’homosexualité. Selon le magazine, «les activistes des droits des
homosexuels attribuent la flambée d’homophobie en Jamaïque
essentiellement à une scène musicale reggae de plus en plus
brutale».
«Bourru». Bien qu’il ait déjà renié le Reggae Compassionate Act
(lire ci-contre) plusieurs fois lors de ses tournées 2011 et 2013 à
l’étranger, Capleton continue de faire figure de patriarche du
dancehall. «Légiférer dans ce genre de cas relève du casse-tête,
explique Me Mathieu Davy, avocat spécialisé en propriété
intellectuelle. On est dans un flou juridique entre le droit à la
liberté d’expression artistique et l’atteinte aux dignité et intégrité
de tiers. La justice civile et pénale française ne peut pas se saisir
du problème, car les incitations à la haine n’ont pas été commises
en France.» Seule la justice administrative peut invoquer le trouble
à l’ordre public, en amont. L’avocat ajoute : «Mais vu le caractère
sporadique des injures, une telle décision relèverait forcément de
l’interprétation, porterait atteinte à la présomption d’innocence et
deviendrait une prise de position politique.»
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Capleton est attendu le 16 août pour un concert à Berlin. Son
tourneur allemand, Frank Stephan, invoque, lui, la prescription des
faits : «Lorsque j’écoute ses chansons de ces dix dernières années,
je n’entends rien d’homophobe. C’est un professionnel, qui ne
prendrait pas le risque d’être blacklisté en Europe, comme a pu
l’être Sizzla», interdit de concert dans plusieurs pays l’an dernier.
Même son de cloche pour Michel Jovanovic, son tourneur français
et organisteur du festival No Logo à Fraisans (Jura) où l’artiste
jouera le 15 août : «C’est de l’histoire ancienne, il s’est déjà expliqué
de ses erreurs. Capleton est bourru mais c’est un homme de
parole. Il faut croire qu’il est plus facile de détruire une réputation
que de la reconstruire.» Et pour cause : il y a deux mois, un
militant de la cause gay s’en est pris physiquement à la star, sur la
scène du festival californien Reggae in the Hills.
Un tourneur peut être poursuivi pour complicité si un concert
dégénère. Mais il faut pour cela prouver qu’il avait la certitude que
des propos injurieux seraient tenus. Ce dont se défend Michel
Jovanovic : «Forcément, il y a toujours un risque. Mais depuis huit
ans et une vingtaine de concerts, on n’a rien à signaler. La
probabilité que Capleton dérape est tellement faible… S’il
contrevenait à la loi, il serait condamné, et on ne le soutiendrait
évidemment pas.» Fondateur de Tjenbé Rèd, l’association qui
coordonnait l’action Stop Murder Music en France, David
Auerbach Chiffrin va plus loin : «Les tourneurs, salles et
organisateurs se foutent de la portée homophobe des paroles. Ils
font souvent semblant de ne pas être au courant, ce qui est
impossible tant il s’agit d’un tout petit milieu. On a bien vu
récemment que la société française avait une grande marge de
tolérance à l’expression homophobe.»
«Patois». La musique dancehall n’en finit plus de faire des émules
à travers le monde. Loin des controverses, on compte le prince de
l’electro, Diplo, Snoop Dog (entre-temps converti à la religion
rastafari, et rebaptisé Snoop Lion), ou même le rappeur Pusha T
parmi ses récents adeptes. Toujours plus prégnant, le dancehall
s’est révélé indispensable en soirée, comme l’explique Julien
Guichard, ex du magazine Têtu et organisateur des soirées
«polysexuelles» Street Life : «C’est un son qui marche, et qui est
programmé. Même si nous sommes parfois amenés à filtrer pour
éviter les morceaux homophobes. C’est surtout une question de
principe, car le patois jamaïcain est dur à comprendre !» D’autant
que «pour qu’une injure soit répréhensible, il faut qu’elle soit
compréhensible», selon Me Davy.
Les associations homosexuelles n’ont qu’un seul recours : faire
pression sur les organisateurs. Une action semblable avait été
menée en mai 2008 par seize organisations de «défense des droits
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humains», dont Tjenbé Rèd faisait partie. Elles avaient écrit une
lettre ouverte aux maires et aux responsables des salles qui
programmaient Sizzla, afin de les informer des propos tenus par le
chanteur. Il faudrait alors justifier, a priori, d’une atteinte à l’ordre
public qui n’a pas encore eu lieu. Mais cette interprétation, pour
l’avocat, «pourrait être apparentée à une forme violente de
censure».
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