Lettre de Sainte Rita - St
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Lettre de Sainte Rita - St
79ème suite - 22.03.2016 Lettre de Sainte Rita Chers fidèles et pèlerins de Sainte Rita de Cascia, Je suis heureux de vous présenter le 20e billet de Roccaporena, car je suis certain que vous l’attendez avec impatience afin de connaître, où va nous amener, notre rédacteur, le père Jean-Claude, et surtout dans quel passage de la vie de notre Sainte il s’arrêtera cette fois-ci. C’est à chaque fois une découverte et une joie de découvrir les réflexions pour rédiger un ou plusieurs évènements qui nous amènent sur une meilleure connaissance de la vie au quotidien de notre Rita. Je vous souhaite une bonne lecture pour que notre Sainte soit toujours plus présente dans notre vie. Que le Seigneur, par l’intercession de notre Rita, vous bénisse et vous protège de tout mal. PACE e BENE Marco Cattaneo, Directeur de l’Œuvre St-Justin Vingtième billet de Roccaporena La non-violence de tes parents Fille unique, Rita, tu éveilles en moi plein de questions sur la vie de tes parents, Amata et Antonio. Ils ont vécu dans un environnement historique difficile. Roccaporena n’était pas épargné des multiples malveillances imposées aux paysans. Tu es née dans une période de grands conflits tant dans la société que dans l’Eglise. Tes parents ont fait des choix. Ils ont pris leur responsabilité pour ne pas participer à des profits corrompus. Ils se sont engagés pour la paix avec les «pacieri». Dans ta prime enfance, il était difficile pour toi, Rita, de nous en parler. Tes premières années à Roccaporena furent probablement peu perturbée par ce qui pouvait troubler la vie quotidienne de tes parents et de leurs voisins. Devenant adulte, mariée, tu découvris ce qu’eux-mêmes ont vécu socialement et religieusement en Ombrie. La société du Moyen Age était répartie en trois classes sociales: les gens d’Eglise, les nobles et les paysans. Au sommet de la société est placé le premier ordre social. Ce sont les priants ou gens d’Eglise (papes, évêques, prêtres, moines et moniales). Ils exercent une autorité dans l’organisation et la présidence des fêtes religieuse et un vrai pouvoir dans la société civile. Les clercs ont appris à lire et à compter. Ils deviennent les gestionnaires des institutions et des biens matériels. Les religieux exercent les œuvres éducatives et caritatives envers la population. Les monastères sont des centres de développement professionnel tant dans l’agriculture, l’élevage que dans la construction en pierre. Le deuxième ordre correspond à la noblesse, les princes, les rois et seigneurs d’où sont issus les combattants ou chevaliers, leurs fidèles serviteurs en arme. Enfin, le troisième ordre forme le 90% de la société du Moyen Age. Ce sont les paysans. Le plus souvent, ils dépendent d’un seigneur. Ils cultivent les terres: blé, seigle, avoine. Ils vivent des produits de la forêt et de la chasse. Les paysans doivent payer le seigneur en nature: céréales, volailles, moutons, sangliers, cochons ou gibiers. Les moines développent la culture agricole, utilisation de la charrue pour labourer et augmenter la rentabilité des terres cultivables. Ils développent aussi la construction en pierres: églises, cathédrales et châteaux forts protégés par les chevaliers. Œuvre St-Justin | Rue de Rome 3 | 1700 Fribourg | T. 026 351 16 16 | F. 026 351 16 90 | CP 17-846-3 | [email protected] | www.justinus.ch 79ème suite - 22.03.2016 Lettre de Sainte Rita Vers la fin du Moyen Age, la croissance des cités nouvelles, comme Cascia (plus de 20’000 habitants à l’époque de tes parents). Au somment de la colline, la citadelle et son château. Au pied de la colline et dans les environs non construits, les champs à cultiver. Les nobles propriétaires des terres demandent aux paysans de produire d’avantage pour nourrir les populations de la cité. Ils défrichent la forêt pour augmenter la superficie des terres à cultiver. Tes parents, Rita, font partie de ces cultivateurs. Ils produisent la nourriture pour la cité et pour la famille. La société médiévale du XIVe siècle est en agitation permanente. Les rivalités entre les dignitaires ecclésiaux et entre les princes sont sans trêve. Il faut être le plus fort en écrasant le plus faible. Certains Royaumes européens reconnaissent l’autorité d’une papauté divisée; d’autres la rejettent. Des alliances sont conclues avec l’empereur romano-germanique plutôt qu’avec la papauté. Gibelins et guelfes s’affrontent. L’Europe est divisée. L’Eglise papale est déchirée. La papauté vit une grande crise. Elle est affaiblie. Le clergé est décadent. Sous le protectorat de la royauté française, sept papes se réfugient à Avignon de 1309 à 1377. Catherine de Sienne, ta grande sœur, Rita, interviendra auprès du Pape Grégoire XI à Avignon pour son retour à Rome. L’Europe doit faire face à une catastrophe humanitaire au cours de ce XIVe siècle: la peste noire. Cette épidémie venue d’Orient sévit dès 1318 jusqu’en 1350 partout en Europe. Un tiers de la population meurt, soit plus de 20 millions de personnes. Le «diable» semble l’emporter sur le Bon Dieu. Le péché semble victorieux du don des grâces de Dieu. Le premier ordre, le clergé, n’apporte pas d’aide. La mort et son symbole, la faucille, hante les esprits. Les danses macabres se multiplient au détriment d’une vie heureuse. Des confréries des «Flagellants» se créent avec le désir d’enrayer l’épidémie par leur pénitence. En 1337, commence la «Guerre de Cent ans» entre le Royaume d’Angleterre et le Royaume de France. La première bataille, sous l’ordre du Roi Edouard III d’Angleterre détruit la flotte française de Philippe VI, le Valois. 115 ans d’affrontements qui prendront fin en 1453. Trois ans avant ta naissance, Rita, une autre épreuve atteint la vie de l’Eglise: «Le grand schisme d’Occident, 1378-1417». Les deux successions pontificales, l’une à Avignon, l’autre à Rome, divisent la chrétienté catholique en deux camps. Des églises nationales se développent. Elles revendiquent leur autonomie. L’Eglise de Rome est profondément affaiblie. Tes parents, Rita, vivent dans cette société très agitée, déstabilisée et violente. Et je ne t’ai pas fait mention des croisades... Comment vivre en chrétien de la base, dans les campagnes ou dans les cités quand tant de pouvoirs corrompus se laissent dominer par la convoitise d’être plus fort, plus puissant que son voisin? La vie de tes parents, Rita, n’est pas une vie en dehors de ce monde conflictuel. Le troisième ordre, les paysans sont les premières victimes de brigandages, de vandalismes et de toutes formes de violence exercées par les autorités en conflit ou en état de guerre. La société du XIVe siècle est une société ténébreuse, «dépressive» par l’accumulation de tant d’injustices et de mépris envers la «populace». Leur habitat à Roccaporena ne les épargne pas. Avec les autres cultivateurs, ils sont à la merci de l’humeur des nobles, des chevaliers et du clergé. Tes parents ont choisis la non-violence. Papa Antonio a préféré utiliser le fer pour le soc de sa charrue plutôt que pour les armes, lances, cuirasses ou boucliers des chevaliers. Le prophète Joël semble rapporter les motivations des nobles: «Venez, guerriers, et marchez au combat! De vos socs de charrues faites des épées, de vos haches faites des lances.» Joël 4,10 L’espérance des paysans vient du prophète Michée qui leur dit: «Venez, montons à la montagne de Yahvé, au Temple du Dieu de Jacob; il nous enseignera ses voies et nous suivrons ses sentiers, car l’enseignement sortira de Sion, et de Jérusalem, la Parole de Yahvé. Il gouvernera des peuples nombreux et jugera des nations puissantes; de leurs épées ils feront des socs de charrue, et de leurs lances des faucilles; on ne lèvera plus l’épée nation contre nation, on n’apprendra plus à faire la guerre. Ils pourront s’asseoir chacun sous sa vigne ou sous son figuier sans que personne ne les tourmente. La bouche de Yahvé Sabaot a parlé.» Michée 4,1-4 Rita, tes parents ont choisi. Ils ne cherchèrent pas à rejoindre l’ordre des belligérants. Ils restèrent parmi les cultivateurs de la terre nourricière. Ils vécurent «désarmés», engagés avec les «pacieri», et pratiquant des œuvres de réconciliation et de miséricorde pour le bien de leur prochain. P. Jean-Claude Pariat, spiritain Œuvre St-Justin | Rue de Rome 3 | 1700 Fribourg | T. 026 351 16 16 | F. 026 351 16 90 | CP 17-846-3 | [email protected] | www.justinus.ch