Allocution de l`ambassadeur Michael Worbs le 23 novembre à Paris

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Allocution de l`ambassadeur Michael Worbs le 23 novembre à Paris
Allocution de l’ambassadeur Michael Worbs le 23 novembre à Paris
(Sénat)
Réception à l’occasion de la présentation des savoir-faire liés au
parfum en pays de Grasse sur la liste du patrimoine mondial
immatériel
Monsieur le Sénateur, (Monsieur Leleux, sénateur des Alpes-Maritimes)
Mesdames, Messieurs,
Je vous remercie de me donner l’occasion de m’adresser à vous en tant
que délégué permanent de l’Allemagne auprès de l’Unesco.
Je suis ravi que la France ait proposé l’inscription des savoir-faire liés au
parfum en pays de Grasse sur la liste du patrimoine culturel immatériel
de l’Unesco. La connaissance de la nature et les techniques artisanales
qu’exige l’art du parfum constituent sans aucun doute un trésor de
l’humanité.
La Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel de
l’Unesco adoptée en 2003 et entrée en vigueur en 2006 a pour vocation
de préserver des formes d’expression culturelle issues de
connaissances et de compétences humaines. Ces pratiques et
représentations culturelles ne sont pas figées et continuent d’évoluer
sous l’influence des communautés et des groupes qui les font vivre.
C’est pourquoi on parle aussi de « patrimoine vivant ».
Les parfums illustrent parfaitement le caractère à la fois volatil et
expressif du patrimoine culturel immatériel. Pour préserver ce patrimoine
vivant, il est primordial que ces savoirs soient transmis à la génération
suivante. « Savoir. Pouvoir. Transmettre. », tel est précisément le slogan
de l’Allemagne pour la mise en œuvre de cette convention de l’Unesco.
Aussitôt après y avoir adhéré en 2013, l’Allemagne a commencé à
inventorier son patrimoine culturel immatériel, en d’autres termes toutes
ses traditions vivantes. Depuis fin 2014, cette liste comporte
officiellement 27 formes culturelles. En se fondant sur des propositions
émanant de la société civile, elle sera constamment étendue au cours
des prochaines années.
Grasse et la production de parfums dans sa région sont très connues et
appréciées en Allemagne. L’action du roman de Patrick Süskind publié
en 1985 sous le titre on ne peut plus évocateur de « Le parfum » se
déroule en grande partie à Grasse. Cette fiction, ainsi que le film qui en a
été tiré, ont rencontré un immense succès public. Traduit en 48 langues,
le livre s’est vendu à plus de 20 millions d’exemplaires. La culture des
plantes, leur transformation et enfin l’art de composer un parfum y sont
décrits avec précision et un grand pouvoir évocateur à travers l’histoire
de Jean-Baptiste Grenouille, le personnage principal, doté d’un odorat
exceptionnel.
Dans son autobiographie intitulée Poésie et Vérité, Johann Wolfgang
von Goethe raconte les souvenirs d’enfance qu’il a gardés d’un officier
français de Grasse qui logea dans la famille Goethe pendant la Guerre
de Sept ans. De 1759 à 1763, cet officier, François de Théas, comte de
Thoranc et lieutenant du roi, dirigea l’administration civile de Francfortsur-le-Main où vivait le jeune Goethe. Dans ses fonctions, il modernisa
de nombreux aspects de la vie quotidienne dans la ville, de l’éclairage
public aux dispositions à prendre en cas d’incendie en passant par le
traitement des déchets. Au cours de son séjour dans la maison des
Goethe, il transforma l’une des mansardes en atelier pour celui qui était
alors considéré comme le meilleur peintre de Francfort, à qui il
commanda des tableaux pour son château à Grasse. Le sénateur Leleux
m’a appris que ces œuvres se trouvent aujourd’hui à l’hôtel de ville de
Grasse. Monsieur le Sénateur, sachez que je serai ravi de les y admirer,
comme vous me l’avez si aimablement proposé. La sympathie que
Goethe eut toute sa vie pour le personnage de l’officier cultivé n’est
sûrement pas étrangère à Thoranc. Il lui doit également sa première
intime rencontre avec la culture française.
Il faut bien entendu également parler des liens qui unissent Grasse à la
ville d’Ingolstadt en Bavière depuis plus de cinquante ans. De
nombreuses visites mutuelles sont organisées dans le cadre de ce
partenariat dynamique. En 2013, lors du 50e anniversaire de ce
jumelage, les habitants d’Ingolstadt ont eu le plaisir de recevoir un
superbe cadeau de la ville de Grasse : une sculpture en forme de flacon
de parfum.
Les savoir-faire liés au parfum dans le pays de Grasse ont eu une
influence considérable sur la fabrication des parfums dans le monde.
Cette spécificité alliée à cette universalité sont caractéristiques du
patrimoine culturel immatériel. Je suis d’ailleurs très heureux qu’un
représentant de la société FARINA, productrice de la célèbre Eau de
Cologne, soit présent aujourd’hui.
Je souhaite un plein succès au projet des savoir-faire liés au parfum en
pays de Grasse pour son inscription sur la liste représentative du
patrimoine culturel immatériel de l’humanité.
Merci de votre attention.