place royale verso

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place royale verso
PLACE ROYALE
PLACE ROYALE :
« L'expression la plus parfaite de
l'urbanisme classique, celui qui,
fidèle à Alberti, joint voluptas à
commoditas, nous est donnée
par la série des places Royales.
On nomme ainsi une
place destinée à servir de
cadre à la statue d'un
souverain. La France en
a offert les premiers
modèles. Ses artistes, il est
vrai, se sont bornés à associer
deux éléments que leur apportait
l'Italie, mais qui étaient restés
disjoints : la place à programme et
la statue. Leur réunion a constitué
la place Royale. La première
réalisation est en 1614 à Paris, à
la place Dauphine » (P. LAVEDAN, op. cit., 1982, p. 115).
La naissance des places
Royales tient à deux causes :
sans doute le désir d'embellir
la ville, mais aussi la volonté
de glorifier la monarchie des
Bourbons, de Henri IV à
Louis XV.
Les premières places Royales
sont celles d'Henri IV, créées
à Paris au début du
XVIIe siècle :
-la place Dauphine, (1) avec
la statue d'Henri IV installée
au centre du pont Neuf,
-la place Royale (2) (aujourd'hui place des Vosges)
qui est inaugurée en 1612
mais où la statue de
Louis XIII ne sera installée
qu'en 1639.
Sous Louis XIV, entre 1684
et 1686, J. Hardouin-Mansart
réalise à Paris la place des
Victoires, sorte de rondpoint
majestueux
(4),
inaugurée en 1686, et la
place Louis-le-Grand (5)
(aujourd'hui place Vendôme) en 1699.
« Ces places françaises ont été fort admirées. Elles ont été
imitées à l'étranger dans d'autres places royales : Lisbonne,
Copenhague. On peut les considérer comme l'expression la
plus parfaite de l'urbanisme classique. »
Pierre Lavedan
La mode des places Royales
s'étend à la province : la
place Bellecour à Lyon,
inaugurée en 1713, la place
du Peyrou à Montpellier (8)
en 1718, la place Royale de
Dijon en 1725 et la place
Royale-Louis XIV de Rennes
en 1726.
Certaines places consacrées à
Louis XV ne furent que des
projets ; d'autres ne sont pas
des créations, mais d'anciennes places au décor
desquelles fut ajoutée une
statue royale ; il en va ainsi
de :
-la seconde place à Rennes,
par Gabriel (le père),
-la
place
Royale
de
Bordeaux, aujourd'hui place
de la Bourse, d'où l'on peut,
dit Patte, « découvrir la statue
du roi sur une étendue immense »,
-la place Louis XV (place de
la Concorde) (7), conçue par
Gabriel fils (1755-1775) à
Paris,
-la place de Nancy (6),
construite par Héré en 1755,
et celle de Reims, édifiée par
Legendre en 1758.
Quant aux places qui
devaient être dédiées à
Louis XVI, elles sont restées
à l'état de projet, sauf celle
de Nantes, qui n'a toutefois
jamais reçu de statue.
On peut résumer ainsi
l'évolution des places Royales
françaises :
« D'abord fermée et en dehors des
courants de circulation, elle s'est
intégrée dans l'ensemble urbain.
La statue de Louis XIV à
pied de la place des Victoires
est renversée à la Révolution
puis sera remplacée en 1822
par une statue du roi à
D'abord réservée à l'habitation, cheval, œuvre de Bosio.
elle est devenue le parvis d'un ou
de plusieurs bâtiments publics. La place des Vosges a connu
L'architecture a varié avec le divers aménagements sous
temps, mais à partir de la seconde l'impulsion des riverains (10)
place Louis-le-Grand à Paris pour voir aujourd'hui son
(place Vendôme), elle a fait centre occupé par un square.
appel aux ordres antiques
(pilastres ou colonnes) et souvent Le modèle de la place Royale
au fronton. J. Hardouin-Mansart s'est répandu en Europe
et Robert de Cotte ont fixé à la dans la seconde moitié du
fin du XVIIe siècle le type qui XVIIIe siècle, en 1776 à
deviendra courant au XVIIIe, Bruxelles, en 1750 à
qui servira même de modèle Copenhague.
à de nombreuses maisons À Madrid, la Plaça Mayor,
particulières en France et en (1617) (11) n'a pas évolué ;
Grande-Bretagne » (P. LAVE- elle est comparable à la place
des Vosges à son origine.
DAN, op. cit., 1982, p. 136).
À cette époque, Patte (1765)
établit, lors d'un concours
lancé en 1749 par la ville de
Paris et organisé avec
l'Académie d'architecture, un
plan (3) qui présente une
cinquantaine de projets
étudiés par les architectes les
plus divers pour une place
dédiée à Louis XV.
Jusque vers le milieu du
XVIIIe siècle, les statues des
places Royales (9) représentent un prince à cheval
(place Vendôme) guerrier et
victorieux, les sculptures du
piédestal
évoquant
les
triomphes militaires du
règne. Mais à partir de 1750,
« des voix s'élèvent pour
demander une statue du roi debout
ou assis tranquillement […],
pacificateur et fixant chez lui
la Paix, l'Abondance, les
Sciences et les Beaux-Arts »
(Bachaumont,
op.
cit.,
p. 1984).
Extrait du “Vocabulaire français de l'Art urbain”, par Robert-Max Antoni, sur www.arturbain.fr
À Lisbonne, en 1758 la Plaça
do Comércio (12) ressemble
beaucoup par son architecture à la place de Bordeaux,
l'un des grands côtés est
formé par le quai du Tagepour et le quai de la Garonne
pour l'autre.
Aujourd'hui la création de
parcs de stationnement
souterrains et d'un espace
rendu aux piétons permet de
restituer l'ambiance d'origine.
Par ailleurs, le principe d'une
« place à programme » peut
être une réponse contemporaine à une restructuration
urbaine dans un style d'Art
urbain dit classique.
V. CARREFOUR, GRILLE,
JARDIN PUBLIC, PARVIS,
PLACE PUBLIQUE, RONDPOINT, SQUARE, STATUE.
Extrait du Vocabulaire français de l'Art urbain, par Robert-Max Antoni, sur www.arturbain.fr