Le Pas Sage - GEM de Pontivy.pub

Transcription

Le Pas Sage - GEM de Pontivy.pub
Le 13 décembre 2007
Présents :
•
•
•
•
•
Plusieurs adhérents du Pas-Sage
Myriam BOULIC, animatrice salariée
Christian COUZIC, MARTINE DAMON et Isabelle MARTIN, personnes ressources
Armelle GIRARD, bénévole de L’Autre Regard
Marie LE BRECH animatrice de L’Autre Regard
C’est une association
qui vient en lutte contre
« Le GEM nous sort de tout ça.
l’isolement.
C’est une association qui vient en
On est là pour faire des
lutte contre l’isolement. On est là
choses ensemble, pour
Tout d’abord, le titre du journal, La
avancer ensemble, de
pour faire des choses ensemble,
lettre des acteurs en santé menfaçon à ce que ça
pour avancer ensemble »
tale, a suscité des réactions
fasse du bien à tout le
chez les personnes présentes qui
monde. »
ont tenu à nous en faire part. Les
- « Le présent se présente
mation sur la santé mentale en
adhérents du GEM ne se reconbien. Je fais du tennis, de la
2005. Des usagers, des familles,
naissent pas comme acteurs en
peinture, de la marche, du
des professionnels du sanitaire et
santé mentale. La connotation
bowling, du ménage, de l’acdu social y participaient. Suite à
psychiatrique du terme « Santé
cueil. »
ce temps fort, il y eut une prise
Mentale » met mal à l’aise les ad- « Je vais mieux, j’ai beaucoup
de conscience de la nécessité
hérents. A moins que le terme
évolué. J’anime l’atelier
de créer un espace de rend’ « acteur » renvoie à toute perchant, je suis référent de l’acontre pour les personnes ayant
sonne dans la cité, concernée ou
telier. Ca m’oblige à cherdes difficultés à aller vers les aunon par la psychiatrie, souligne
cher les chansons que l’on va
tres et à s’intégrer dans une asChristian COUZIC 3. Cela les renvoie
chanter. »
sociation. Les intéressés se sont
à des difficultés qu’ils ont pu dé- « C’est le bien- être qui est iminspirés
d’associations d’usagers
passer dans leur évolution:
portant pour moi. On a créé
déjà
existantes
sur Lorient, Van« L’hôpital psychiatrique, il y a 20,
une activité d’expression
nes, Rennes notamment pour
25 ans, c’était très dur. On ne sacréative. On a mélangé la
connaître les possibilités de finanvait pas toujours pourquoi on était
peinture, l’écriture, l’exprescements 6 et au sujet de l’éthilà. Aujourd’hui, on a laissé ça de
sion théâtrale, c'
est-à-dire
que. Parallèlement, des familles
l’expression à travers difféont proposé des rencontres avec
rents médias. »
promenade une fois par mois,
- « Aujourd’hui, je vois
Constat de problèmes d’isolement,
annoncées dans la presse lotout en couleur, ce n’était
de désœuvrement et d’hébergecale.
pas le cas voilà quelques
ment (…) Il y eut une prise de
années, je broyais du
Les prémisses de l’association Le
conscience de la nécessité de
noir.
J’anime
l’atelier
Pas-Sage apparaissaient avec :
créer un espace de rencontre.
peinture tous les jeudis.
• les randonnées qui permetJ’utilise l’aquarelle, la
tent de faire connaissance
gouache, le fusain, le pas• les réunions où prend forme la
tel... ».
mise en place du projet
côté ; On sait qu’on a presque
d’une association en lutte
tous fréquenté la psychiatrie mais
Le GEM s’est inscrit historiquecontre l’isolement.
on n’en parle pas... » note un adment dans un projet déjà exisPuis, fin août 2005, la circulaire
hérent. Le GEM vient faire coupure
4
tant de création de club à Ponministérielle formalisant la créaavec leur passé et dynamise le
tivy. Ce projet préalable au GEM
tion des GEM paraît avec, à la
présent. L’intérêt suscité par les
avait été pensé suite au constat
clé, un financement de la Caisse
activités culturelles et sportives les
de problèmes d’isolement, de
Nationale de Solidarité et d’Autournent vers un présent valorisant
désœuvrement et d’hébergetonomie. Le 18 octobre 2006,
et un avenir :
ment 5 lors de la semaine d’inforl’association Le Pas-Sage se
- « Le GEM nous sort de tout ça.
Un échange fructueux s’est déroulé dans le local 2 du GEM entre le
groupe Le Pas-Sage et deux reporters de L’Autre Regard.
1 70 adhérents, créé fin 2006.
2 Logement situé dans un ancien bâtiment de gendarmerie près
du centre de Pontivy et entouré actuellement de locaux associatifs.
3 C. Cozic, personne ressource au GEM et responsable infirmier à
l’AHB de Plouguernével.
4 En référence à la psychothérapie institutionnelle.
5
Cf. Notre compte rendu sur l’expérience multipartenariale à
Pontivy.
6 Conseil Général, mairie pour la location d’un local pas trop
cher...
7 La municipalité soutient le GEM en lui louant un local 10 euros
par an.
1
constitue en GEM, dans un local
loué à la mairie pour un prix modique 7. « Une plaquette est diffusée,
les gens peuvent venir voir ce que
c’est, la porte du GEM est ouverte.
Le public accueilli est mixte : certains adhérents n’ont pas de lien
avec la psychiatrie... ».
Pour les personnes ressources présentes 8, le GEM répond bien à un
besoin qu’elles n’avaient pas identifié clairement au début de la struc-
L’équipe qui y travaille opte
pour la mise en avant du rôle
des usagers. Ils se saisissent
de la possibilité d’y être reconnu, d’y être compris et d’y
prendre des responsabilités.
turation du projet. L’équipe qui y
travaille opte pour la mise en avant
du rôle des usagers. Mais les professionnels reconnaissent aussi la difficulté de sortir de la position de celui qui sait, pour faire émerger la
parole des adhérents.
D’emblée les usagers deviennent
partie prenante de l’affaire. Ils se
saisissent de la spécificité du GEM :
de la possibilité d’y être reconnu,
d’y être compris et d’y prendre des
responsabilités.
-
-
« J’ai eu l’impression ici d’être
compris par rapport à d’autres
associations où ce n’est pas le
cas. Je me sens plus admis dans
un groupe où des gens qui ont
des difficultés peuvent prendre
des responsabilités. L’UNAFAM
était au courant des difficultés
de la maladie, je me sentais très
proche de ça. C’est plus adapté
qu’une autre association. Le fait
d’avoir eu un passé psychiatrique, de ne pas avoir de travail
et d’être en invalidité ce n’est
pas facile. Je ne trouvais pas ce
que je voulais dans les différentes associations de Pontivy où il
ne fallait pas parler de ça. Dans
ces associations, vous êtes visés
quand vous êtes chômeurs, en
invalidité... Ici, on connaît le public qui va s’y trouver, c’est la
cause première pour y venir. »
« Je vais mieux depuis que je
viens ici. Je me retrouve
avec des personnes un
« On nous fait confiance, on nous
peu comme moi, ça fait
laisse les clés... peut-être cherdu bien. »
che-t-on
cela inconsciemment. »
- « On fait découvrir ses
passions. »
Au GEM les adhérents s’apsi je ne travaille pas, je me
puient sur une solidarité, sur une
lève... » ; « On nous fait confiance,
capacité d’échanger et de partager sans crainte d’être rejeté.
on nous laisse les clés... peut-être
cherche-t-on cela inconsciem- « Ce n’est pas toujours éviment. » Toutefois, certains adhédent de s’intégrer au groupe.
rents regrettent que cette reconDes fois, j’arrive et je ne parle
naissance n’ait pas l’écho espas parce que je n’ai pas encompté dans la société, où l’on
vie de parler, je ne me sens
est encore beaucoup jugé selon
pas bien. Je ne reste pas forque l’on ait ou non un emploi.
cément longtemps. Mais, ça
me fait du bien de voir du
Concernant les activités, les adhémonde quand même. Même
rents du Pas-Sage sont conviés au
si je ne parle pas, j’écoute les
«Tchat » du vendredi après midi
autres. Ici, on peut être silenpour participer à l’organisation de
cieux, on n’est pas jugé
la semaine suivante et des diffécomme ailleurs. »
rents projets. L’association prévoit
- « J’étais en retrait, j’ai pris la
aussi un minibus de 9 places pour
parole et j’ai commencé à
les sorties à l’extérieur. Une affiche
participer. »
invite les adhérents à s’y inscrire :
- « Le dynamisme des uns fait
« Par exemple, quelqu’un
revenir les autres... On met de
dit: « j’aimerais aller à la piscine...
l’humour, on rigole »
alors, qui veut ? ». Il faut un maxi- « C’est ça l’entraide, chacun
mum de personnes à vouloir le
peut donner son expérience,
faire pour que ce soit intéressant
son vécu. il y a un respect de
du point de vue financier. Il sera
l’autre, on n’a pas à juger... »
alors demandé une participation
Ainsi, une fois passées les premiède 2 euros.... »
res tentatives d’intégration au
.
groupe, Le Pas-Sage offre des
Mener des projets à terme est parpossibilités de s’investir pleinefois difficile. Un adhérent évoque
ment. Le GEM permet aux adle problème d’assiduité aux activihérents d’y trouver leur place,
tés du matin. « Les personnes ne
de commencer à pouvoir aller
viennent plus, ça perturbe le groupe. C’est le
problème des personnes
« On touche ici le cœur de l’enqui ont plus de mal le
traide : être passé par quelque
matin à cause du traitechose qui est difficile, rencontrer
ment. Il y a des personquelqu’un qui passe par la même
nes moteurs et d’autres
chose. »
qu’il faut tirer un petit
moment. » Une personne
ressource évoque aussi
le problème des activités qui s’esvers les autres et de prendre des
soufflent. « C’est compliqué, la
initiatives. Un travail sur soi peut
notion d’engagement est débatêtre complémentaire à la vie au
tue au Conseil d’Administration 9 :
sein du GEM. Certains adhérents
« On n’a pas trouvé de solufréquentent le CMP ou suivent
tion... ».
une psychothérapie analytique :
« On peut être aidé pour proLa vie en collectivité peut comgresser. Ce sont des démarches
porter des heurts entre les personréfléchies. » Il se passe quelque
nes. « Parfois le ton monte,
chose au GEM qui ne se passe
comme partout, ça pète puis ça
pas ailleurs : « Il y a une envie de
redescend... ». Parfois, les heurts
venir, de changer de vie. Même
8 C. Couzic, responsable infirmier, AHB Plouguernével ; M. Damon, cadre social,
AHB Plouguernével ; L. Martin, assistante sociale, AHB Plouguernével.
9 Le CA est composé de 10 usagers et 5 personnes ressources et pour le bureau,
c’est moitié/moitié.
2
renvoient certains à leur passé.
« Aujourd’hui, je réagis différemment parce que j’ai travaillé
beaucoup sur moi... ». Ainsi, le savoir-faire de certains adhérents
permet d’apaiser ces instants de
tension avec « intelligence, délicatesse, humour... » ; « On touche
ici le cœur de l’entraide : être passé par quelque chose qui est difficile, rencontrer quelqu’un qui
passe par la même chose. On est
prêt à l’accompagner si la personne le veut, si elle veut s’en sortir... » remarque un adhérent.
Plusieurs démarches d’ouverture,
de partenariat sur Pontivy se mettent en place :
• Un atelier cuisine en partenariat
avec d’autres associations existantes sur Pontivy est lancé. Le
Centre médico-social, les Resto
du Coeur et le GEM y participent.
• Le GEM s’est mobilisé pour par-
ticiper à la fête de la musique
avec un groupe chant, un
groupe organisation matérielle, un groupe gâteau…
« C’était sympa ! Le fait de
faire une prestation devant
d’autres personnes, ça a permis de se faire connaître et
de vaincre sa timidité, ça a
permis d’évoluer. »
• Un rapprochement sur un
pôle culturel avec l’AMISEP
(Association Morbihannaise
d’Insertion Professionnelle) :
« L’apport réciproque de différentes choses est enrichissant. »
• Sur son site, l’Association Hospitalière de Bretagne fait figurer Le Pas-Sage comme partenaire.
Le partenariat est
intéressant : « ça permet de se faire
connaître à Pontivy ». « C’est un
facteur
d’évolution personnelle ». Il peut être cependant
limité par les résistances de chacun à aller vers l’extérieur, « On
n’avance pas trop vite, je ne sais
pas comment les autres nous perçoivent ». « On a un peu peur ! ». Il
est important donc de respecter
les gens là où ils en sont. Mais certaines appréhensions tombent
quand les rencontres faites au
GEM facilitent les sorties à plusieurs, lors des marchés ou des fêtes...
3