Il faut se battre pour travailler

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Il faut se battre pour travailler
sorties
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Journal de Morges
Vendredi 7 novembre 2014
l'info culture
«Il faut se battre pour travailler»
Par Lise Cordey
permet généralement de revenir
sur terre.» Un entourage précieux
et indispensable à la réussite. «Ils
étayent notre curiosité et nous
soutiennent à toute épreuve»,
avouent-ils.
RÉGION ❘ VOCATION ARTISTIQUE
Trouver un emploi
dans le domaine
artistique n’est
pas couru
d’avance.
Rencontre avec
Lâle Ann et Henri
Mayer, jeunes
novices
talentueux.
| Passion avant tout
I
ls ont moins de 25 ans et du
talent à revendre. Elle est
illustratrice, son domaine de
prédilection est le Game Art
(entendez par là: les jeux vidéo),
mais elle touche à tout avec grâce
et précision. Depuis 2012, elle est à
son compte et travaille principalement pour des privés. Il est dessinateur de BD et également fondateur d’un magazine de bandes dessinées intitulé Splotch!, «un
magazine dont le but est d’offrir
un espace d’expérience et d’expérimentation pour les dessinateurs
non édités, à échelle humaine»,
dont le premier numéro est sorti
en mars. Tous deux ont fait toutes
leurs écoles dans le district, suivi
du gymnase à Morges.
Elle, c’est Lâle Ann. Lui, c’est
Henri Mayer. Ils ont des univers
artistiques bien différents, mais
Lâle Ann, illustratrice, et Henri Mayer, dessinateur de bandes dessinées, ont décidé de vivre de leur art. Cordey
une passion commune pour le
dessin. Et ils relèvent des défis similaires pour se faire un nom dans
leur domaine. Car la route est loin
d’être toute tracée pour les artistes.
On sort de l’autoroute scolaire,
gymnasiale ou universitaire pour
suivre des chemins plutôt sinueux
et semés d’embûches.
«J’ai suivi des cours à l’EPAC,
l’école professionnelle des arts
contemporains à Saxon pendant
deux ans, puis je suis partie pour
me mettre à mon compte, réalisant
que cette école ne me convenait
pas», avoue la jeune illustratrice
free-lance. «Dans notre domaine,
avoir un diplôme n’est pas si important», renchérit Henri Mayer
qui, lui, n’a fréquenté aucune école
d’art. «Elles sont nécessaires au
paysage de la BD en Suisse mais
chères et sans garantie pour le futur». La seule garantie, c’est l’expérience. Et l’autodidactisme.
| Savoir se vendre
«Ce qui est difficile, c’est qu’il faut
se battre pour travailler. Un artiste
doit mettre énormément d’énergie
dans la logistique. On s’essouffle et
on ne peut pas produire des tra-
vaux de qualité dans cet état»,
avoue Henri Mayer. «Il faut savoir
toquer aux portes, son portfolio
sous le bras», ajoute Lâle Ann. Une
tâche pas forcément appréciée par
ceux qui préfèrent laisser libre
cours à leur imagination, un
crayon à la main. En faisant abstraction du monde extérieur.
Vivre de sa passion et être serein
à la fin du mois n’est pas une
mince affaire. Henri Mayer combine un travail à mi-temps d’éducateur à la fondation Perceval à
Saint-Prex, alors que Lâle enchaîne les petits jobs en tous gen-
AGENDA
SORTIES
res, notamment dans une maternelle ou aux archives. «Cela me
permet ensuite de ne faire que
dessiner pendant 3 mois», souritelle. «Lorsque l’on travaille de manière indépendante, on n’a pas de
cadre strict à respecter. C’est à
nous de nous l’imposer! Il faut se
créer des horaires, un programme
à suivre. Il n’y a pas de talent sans
travail», ajoute l’illustratrice. «Notre métier requiert du temps et de
la disponibilité, confirme le dessinateur. Mais il faut faire attention
à ne pas virer dans l’extrême et
travailler jour et nuit. La famille
«J’aime raconter des histoires à
travers un personnage, pas seulement à travers son apparence physique ou son visage. Ce sont aussi
ses vêtements, ses accessoires, sa
manière de se déplacer, sa pose,
l’expression de son visage… Tout
cela nous donne des clés pour déchiffrer le personnage et son background», explique l’illustratrice,
que l’on sent passionnée dans son
domaine. Elle projette d’ailleurs de
quitter la Suisse pour rejoindre la
Californie en 2016. «Il y a plus de
débouchés là-bas», justifie-t-elle.
Un choix de vie complexe
qu’Henri Mayer, marié et père
d’une petite fille, n’est pas prêt à
faire pour la BD. «Je veux rester en
Suisse, et doute donc que je vivrai
un jour de mon art. Splotch! ne me
permet pas de gagner ma vie, mais
il me permet de faire des rencontres enrichissantes», explique celui
qui était invité lors de la dernière
édition de BD-FIL, à Lausanne.
Deux jeunes avec des rêves plein
la tête et une persévérance remarquable. Alors, qui vient faire
splotch dans la pataugeoire de la
bande dessinée? Ou se laisser guider dans l’univers du Game Art? |
➤ Contacts et infos:
[email protected]
et laleann.daportfolio.com
Morges se décoiffe
Swiss rebel
CONCERT ❘ Fabian Tharin
La saison débute avec L’Ensemble XVIII-21 Le Baroque Nomade et une conférence. DR
Notes de musique à La Chaux
LA CHAUX
La saison 2014-2015
du Groupe Culturel
propose à nouveau
4 concerts de qualité.
Décembre 1998. Le syndic de La
Chaux demande à Elisabeth Mülli,
musicienne professionnelle, d’organiser un concert de gospel pour
Noël, et ce 15 jours avant! Le résultat a été à la hauteur de toutes les
espérances car, depuis 16 ans, le
Groupe Culturel de La Chaux, présidé par la musicienne, organise 4
concerts par an: deux concerts
classiques, un chœur pour Noël et
un cabaret où les musiques du
monde sont privilégiées. Avec, à
JM5
Contrôle qualité
chaque fois comme point d’honneur, la qualité. «Même si La
Chaux est un petit village, l’objectif
est d’offrir des concerts de professionnels», fait savoir Michelle Talandier, journaliste retraitée et attachée de presse du Groupe Culturel.
Depuis quelque temps, des ensembles connus font d’ailleurs le
déplacement dans cette petite
commune. Ainsi que les mélomanes. «On a bonne réputation, des
gens viennent de Genève, de
France même», souligne-t-elle.
| Au programme
Cette saison 2014-2015 débute
vendredi 14 novembre à 20h30
avec L’Ensemble XVIII-21 Le Baroque Nomade. «Une conférence
sera proposée à 18h sur le thème
des musiciens juifs dans l’empire
autrichien et sera animée par JeanChristophe Firsch, le directeur du
chœur, un homme plein d’humour et passionnant!»
Le 5 décembre accueillera l’Ensemble vocal Vocaphone et Véronique Carrot et Jean-Pierre Amann
proposeront un spectacle sur le
thème de L’Europe de J-S. Bach
vendredi 13 février. On clôturera
cette saison vendredi 24 avril à la
Salle Villageoise avec L’Ensemble
Gadgo Combo, où un repas sera
proposé.
A.H.
IER
NV 17
JA 5 16
1
14
20
19
A l’agenda
Les concerts se
déroulent à l’Eglise de la
Chaux à 20h (sauf indication
contraire). Renseignements
au 021/862.19.73
est un punk de salon. Rigoureux comme un expert-comptable, pour faire faux, exactement, le Bobo d’Yverdon s’est
attaché à déconstruire une à
une toutes les fondations de la
chanson telle qu’on la pratique.
➤ Château de Denens,
ce vendredi 7 nov.
à 20h30, 30 fr.
Toute la nuit
CINÉMA ❘ Rendez-vous
itinérant de l’automne, la Nuit
du Court passera par Morges
ce soir. 20 films dont 8 suisses,
en 4 blocs d’une heure, seront
présentés au public. En ouverture, carte blanche à l’Odéon!
➤ Cinéma Odéon, Morges,
ce vendredi 7 nov. dès 20h.
25 fr. prix unique pour
la Nuit
Rencontre
LIVRE ❘ Julia Deck, étoile
montante de la littérature
française grâce à ses romans
«Viviane Elisabeth Fauville» et
«Le triangle d’hiver», sera
présente pour une soirée à
Morges.
➤ Bibliothèque Municipale,
samedi 8 nov. à 17h
Le groupe Nodafreth, organisateur du Showdown. Dikkoter
MORGES
Ce samedi 8 novembre se tiendra
la
quatrième
édition
de
Showdown, un concert de musique peu courante: le métal. C’est
le groupe Nodafreth, créé en
2010 par 5 jeunes hommes, qui a
eu l’idée d’organiser cela. Depuis
un an, la commune de Morges
les subventionne. «Nous leur devons une reconnaissance éternelle», lance tout sourire Noé
Schüpbach, guitariste du groupe.
Grâce à cela, ils ont les moyens
de louer de bons matériaux et
d’offrir des cachets aux autres
groupes qu’ils invitent à jouer
avec eux.
Pour cette année, ces derniers
sont les groupes Voice of Ruin,
AMPM, Fake Messiah ainsi que
Way of Changes, un nouveau et
prometteur groupe d’Aclens, rajouté à l’événement.
Le groupe organisateur, très
soudé, qui va sortir un album
prochainement, a également des
dates de concerts en France et
dans d’autres régions de la Suisse
inscrites dans leur agenda. «Mais
pour cet événement, nous privilégions la région», explique Théo
Schüpbach, batteur du groupe.
Bien que le monde du métal soit
restreint, il vous accueille à bras
ouverts samedi, alors n’hésitez
pas à aller le découvrir!
C.D.
➤ Showdown, ce samedi 8
novembre à 19h au local de
la Syncope à Rion-Bozon,
Morges. 10 fr.