Article LSCT_Blog radio RCT Cap sao_200914
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Le Son du Ciel & des Ténèbres résolument JAZZ BAROQUE Blog Nicole & Bernard Videmann - Radio RCT Cap sao, Lyon – 22/09/14 Le samedi 20/09/14 à Ambronay, sous le Chapiteau, Le Son du Ciel et des Ténèbres a proposé une véritable remise en jeu du répertoire baroque de musique sacrée. Entre écriture et improvisation, les musiciens baroques et les musiciens de jazz ont dialogué. Le monde Baroque était représenté par un sextet à cordes issu du Louvre -Grenoble augmenté de Yoann Moulin au clavecin. Le monde du jazz réunissait des membres de la Forge et de la Cie Nine Spirit. Le JAZZ, coutumier des rencontres s’est notoirement confronté à de nombreuses musiques dont il s’est nourri et renouvelé (rock, flamenco, électro, blues, fado, reggae, folklores et musiques de tous les continents). Il a effrontément flirté avec les cordes (celles des orchestres symphoniques) qu’il a employées pour le pire, transformant en sirop des musiques honorables, mais surtout pour le meilleur magnifiant des voix ou des instruments. De grandes œuvres du répertoire classique ont été interprétées par des musiciens de jazz (Uri Caine, Stéfano Bollani). Quelques musiciens de jazz ont pratiqué la musique Baroque, Michel Godard, Petra Magoni par exemple. Le Jazz Improvisé, enfant du courant Free Jazz des années 60, est habité par des artistes qui questionnent leur art, fondent leur réflexion et leur création sur la recherche. Les rencontres alimentent ce processus continu qui les traverse et il n’est pas étonnant que les musiciens de la Forge et ceux de la Cie Nine Spirit aient souhaité approcher la Musique BAROQUE. Il est vrai par ailleurs que l’Improvisation, une des caractéristiques du jazz, a aussi tenu une place essentielle dans l’école d’orgue du XVIIème siècle. Pour l’opéra et la musique de chambre, l’accompagnement était alors le plus souvent improvisé sur une basse donnée. Les compositeurs n’écrivaient pas tout sur le papier et les interprètes étaient capables d’improviser, de reconstruire en quelque sorte la musique à partir des éléments donnés, ornementations, variations, … on peut en quelque sorte parler d’Improvisation au sens large pour les artistes de la Musique Baroque. Les spectateurs venus écouter LE SON DU CIEL & DES TÉNÈBRES se sont vus proposés des interventions alternées des deux groupes et ont assisté à des joutes musicales en miroir, la parole alternant entre les musiciens installés sur scène côte à côte, piano et clavecin face à face. La virtuosité et l’excellence des musiciens baroques s’est laissée gagner par la spontanéité et la liberté des jazzmen. Des œuvres furent interprétées fidèlement à l’écriture des auteurs baroques, comme ce fut le cas pour le 1er mouvement de la Sinfonia n°3 de Scarlatti jouée en introduction par les musiciens du Louvre. D’autres morceaux de l’époque baroque furent arrangés par Michel Mandel, (clarinettiste ), Pascal Berne (contrebassiste) et François Raulin (pianiste), tous trois compositeurs et musiciens de la Forge. Ces arrangements de musiques de Rameau, Scarlatti, Haendel, Biber ou Monteverdi suivaient ou ouvraient des compositions des trois jazzmen. A travers Cadence de clavecin, Yoann Moulin a offert, une improvisation délicieusement impertinente. Les interventions du saxophoniste Raphaël Imbert (directeur artistique de la Cie Nine Spirit) ont été porteuses d’énergie et ont déclenché l’enthousiasme des spectateurs pas forcément accoutumés aux improvisations volubiles de ce technicien émérite qui a fait un clin d’œil à Roland Kirk en embouchant 2 saxophones en même temps. Les climats sombres et ténébreux de certaines pièces où les tambours de Emmanuel Scarpa, le son plaintif de la clarinette, les colères du saxophone ténor se donnaient à entendre, offraient un contraste avec la dimension quasiment céleste d’autres morceaux où les cordes lyriques de T. Noally, G. Staley-Bois, L. Lagresle, S. Dariel, L. Laloum et P. Gessi, allégeaient le discours musical. Mais dans les faits rien de trop binaire dans les interprétations. Chacun à son tour, les musiciens participèrent à la coloration des ambiances qui ont fait se succéder des périodes au paroxysme impétueux, d’autres au calme serein digne des rêveries les plus éthérées. Nous avons aussi apprécié les citations de Mysterioso que François Raulin fit sonner sur son piano comme un hommage au grand créateur du jazz, Thelonious Monk. La syntaxe du Baroque et le vocabulaire du Jazz se sont conjuguées avec bonheur pour produire une musique riche et équilibrée où l’improvisation a trouvé sa place au même titre que l’écriture. Après un rappel, l’ensemble des musiciens a rejoint le logis abbatial et le Bar du festival pour un After animé qui a attiré les spectateurs visiblement friands de nouvelles émotions. Après une interprétation d’un “tube baroque”, Une jeune fillette, proposé par Yoann Moulin et joué par l’ensemble des musiciens (jazz & baroque), la soirée s’est poursuivie dans un premier temps avec les violonistes et quatre musiciens de jazz (privés du batteur faute d’instrument). Les jazzmen ont ensuite assuré la poursuite de la soirée, étant plus habitués à de telles soirées de jam. Il est vrai que les instruments baroques ne se prêtent pas forcément à des prestations improvisées au long cours. Le bonheur des musiciens et des spectateurs semblaient sincères et c’est bien là l’essentiel.