Loto bouse. Ça ne se commande pas !

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Loto bouse. Ça ne se commande pas !
Loto bouse. Ça ne se commande pas !
Télégramme : 15 mai 2015 à 11h40/ Loïc L'Haridon /
Pas de chance. Juste avant d'entrer sur la grille géante du loto bouse, Elégante se soulage. Les parieurs vont
devoir prendre leur mal en patience et attendre le prochain lâcher. En dépit de la pluie, la fête du Nivot a attiré la
foule. Parmi la flopée d'animations de ce jeudi de l'Ascension, le public ne s'est pas privé pour miser 1 € au premier
loto bouse. Si la vache se lâche sur votre case, vous avez gagné. Mais Elégante s'est fait prier. Au Nivot, il pleut
comme vache qui pisse. Mais ce n'est pas
précisément cette déjection-là qu'on attend
d'Élégante.
Ici, c'est la grosse commission qui compte. «
Elle a déjà fait trois bouses en deux heures.
J'espère qu'elle ne va pas s'arrêter là ».
Comme des parents inquiets de savoir si bébé
a fait caca, tout le monde a les yeux braqués
sur la croupe de la belle Normande. Fera ou
fera pas ? « Elle a été championne toutes
catégories à l'Agri Deiz de Quimper », se flatte
Yohann, en attendant le moment décisif. Mais
pas championne du lâcher de bouses. Avec sa classe de BTS Production animale, il organise ce premier loto
bouse pour financer un voyage en Angleterre. Le principe est simple. 121 cases d'1 m² ont été tracées sur le sol
d'une parcelle clôturée. Pour 1 €, le public est invité à miser sur une case (ou plusieurs). Si la vache se soulage sur
l'une des cases choisies, c'est gagné. Les vainqueurs repartent alors avec un joli lot. Une vache faisant en
moyenne douze bouses par jour, soit 4 kg, on a toutes ses chances. « D'autant qu'en ce moment, les vaches sont à
l'herbe. Donc ça devrait donner. Mais ça sera liquide », prévient Yohann qui n'épargne aucun détail. Au milieu ou
sur les côtés ? Donc les gens misent. Sur une grande feuille où sont symbolisées les cases, Marit et Audrey notent
les noms des parieurs. « Le numéro 28 est pris mais il reste le 25 ». Va pour le 25 et, tant qu'à faire, le 23 aussi.
Mieux vaut mettre toutes les chances de son côté. Une erreur de trajectoire est vite arrivée. Deux copains arrivent.
« Mise sur les côtés », conseille l'un d'eux. « Mais elle ne chie pas sur les côtés », rétorque le second,
apparemment grand connaisseur des habitudes bovines. La bouse arrive trop tôt L'impatience grandit. Estelle et
Klervie, chargées de s'occuper d'Élégante en attendant le début du loto, commencent à trouver le temps long. La
vache aussi. « Bien qu'habituée aux concours, on sent qu'elle en a un peu marre ». Avant que cette Normande de
cinq ans ne pénètre dans ses toilettes ludiques, des enfants la caressent. « Donnez-lui plutôt de l'herbe, ça va
l'aider », exhorte un papa parieur. Il est 16 h. Élégante s'apprête à franchir la clôture. Elle a déjà une patte dans le
champ. Patatras ! C'est le moment qu'elle choisit pour faire ce qu'on attendait d'elle. Yohann se précipite pour lui
maintenir la queue vers le bas car « elle n'aime pas se la salir ». Trop tard. La bouse est tombée à seulement
quelques centimètres des cases. Ça ne compte pas. Alors commence une longue attente. Les jeunes se relaient
pour la faire marcher, histoire que chacun ait sa chance. « Allez ! Allez ! Bouge ! ». Parmi le public, les exhortations
sont plus fleuries... Laxatif ? Élégante a l'air de se demander ce qu'on lui veut. Elle préférerait aller à la traite,
d'autant que le tintamarre de la course de tondeuse lui agace les tympans. 17 h, les parieurs commencent à
s'inquiéter. Et si Élégante faisait la grève de la panse ? « Ce n'est jamais arrivé », assure Yohann qui a pioché
l'idée dans les fêtes agricoles où le loto scato fait un tabac. Ouf ! Élégante n'en peut plus. À 17 h 30, elle se vide
enfin les boyaux, inondant plusieurs cases en un seul jet. Certains étaient à deux doigts de lui donner un laxatif.
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