Râmâyana - Editions Chariot d`Or

Transcription

Râmâyana - Editions Chariot d`Or
Louis Moline et Alan Ritter
Râmâyana
Épisodes de l’épopée indienne du Râmâyana illustrés et racontés en un texte bilingue
Episodes from The Râmâyana, an Indian Epic, with Illustrations and a Bilingual Text
Les personnages du Râmâyana
Les dieux
Les demi-dieux
Les rois
Les reines
Les quatre
princes
et la princesse
Vishnu
Il envoie un avatar sur la terre, Râma, pour mettre fin aux méfaits du démon Râvana qui
dérange l’ordre cosmique.
Hanumân
Singe, fils du dieu des Vents.
Symbole de fidélité.
Jatâyu
Roi des aigles.
Défenseur de Sîtâ.
Dasaratha, roi d’Ayodhyâ
Ses trois épouses sont fécondées par l’intervention de Vishnu.
Déesse Terre
Référence à un culte animiste.
Elle donne une fille au roi Janaka.
Garuda
Oiseau, monture céleste
du dieu Vishnu.
Janaka
Roi de Mithilâ, sans enfants.
Sumitrâ
Mère des jumeaux Satrughna
et Lakshmana.
Kaikeyî
Favorite du roi.
Elle essaie d’imposer son fils
Bharata comme prince héritier.
Kausalyâ
Mère de Râma.
Reine de Mithilâ
Épouse de Janaka.
Mère nourricière de Sîtâ.
Satrughna.
Bharata
Refuse l’héritage.
Devient régent pendant l’exil
de Râma.
Râma
Avatar majeur de Vishnu.
Sîtâ
Princesse, fille de la déesse Terre, enlevée
par le démon Râvana et délivrée par Râma.
Lakshmana
Frère dévoué de Râma.
Il le suit dans son exil.
Après le mariage de Râma et de Sîtâ,
le couple princier règne sur le royaume d’Ayodhyâ.
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EAN : 978-2-36047-053-2
Le Râmâyana
Le Râmâyana, ou « chemin de Râma », est une épopée en langue sanskrite composée entre le iiie siècle av. J.-C. et le iiie siècle de notre ère. Elle
aurait été écrite par un voleur repenti nommé Vâlmîki.
Le Râmâyana est, avec le Mahâbhârata, l’un des textes fondamentaux de la civilisation indienne. Il raconte, en 24 000 vers, la geste du prince
Râma, septième réincarnation de Vishnu, et de son épouse, Sîtâ, réincarnation de la déesse Lakshmî, enlevée par le démon Râvana, roi de
Ceylan (ou Shri Lankâ).
La similitude entre cette épopée et l’Iliade est évidente, bien que les épisodes diffèrent notablement.
Invocation à Hanumân
Hanumân, demi-dieu, fils de Vâyu, le dieu des Vents, est chef de l’armée des singes. Il est présenté comme un dévot inconditionnel de Râma.
Selon la légende, il se manifeste en secret chaque fois que le nom de son maître bien-aimé Râma est prononcé.
C’est pour cette raison que les conteurs du Râmâyana invoquent toujours Hanumân avant de narrer les péripéties héroïques de cette épopée.
The Râmâyana
The Râmâyana, or Path of Râma, is a Sanskrit epic, composed between the third century B.C. and the third century A.D. It is said to have been
written by a repentant brigand named Vâlmîki.
The Râmâyana is, along with The Mahâbhârata, one of the fundamental texts of Indian civilization. In 24,000 verses, it recounts the heroic
achievements of Prince Râma, the seventh reincarnation of Vishnu, and his wife, Sîtâ, reincarnation of the goddess Lakshmî, who was kidnapped
by the demon Râvana, ruler of Shri Lankâ.
The resemblance of The Râmâyana to The Iliad is obvious, even though the episodes are very different.
Invocation to Hanumân
The demigod Hanumân, son of Vâyu, the god of the winds, was the leader of the monkey army. According to legend, he was an unconditional
devotee of Râma, and secretly revealed himself every time the name of his master Râma was pronounced.
That is why the narrators of The Râmâyana always invoke Hanumân before relating that epic’s heroic events.
Visite de Nârada à l’ermitage de Vâlmîki
Vâlmîki, l’auteur reconnu du Râmâyana, était un ancien brigand converti à la vie ascétique par un saint homme qu’il avait pourtant dépouillé
de ses modestes biens. Sans ressentiment, sa victime lui avait donné un curieux et simple mantra : « ma-râ », qui n’était autre que le verbe tuer.
Comme il est impossible de refuser l’octroi d’un mantra, Vâlmîki obéit sans avoir conscience qu’en prononçant les deux syllabes, à l’endroit
et à l’envers, « ma-râ », « râ-ma », « ma-râ… », il ne faisait qu’invoquer Râma.
Un jour, le saint Nârada vint rendre visite à Vâlmîki dans son ermitage. Après les salutations habituelles, celui-ci demanda à son savant visiteur
qui avait été le plus valeureux et le plus sage des héros des temps anciens. Nârada lui répondit que c’était précisément Râma et il lui exposa
longuement son histoire.
Vivement impressionné par le récit, Vâlmîki conserva dans sa mémoire les nombreux épisodes de la vie de Râma que Nârada lui avait racontés.
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The Visit of Nârada to Vâlmîki’s Hermitage
Vâlmîki, the recognized author of The Râmâyana, was a former highwayman, converted to the ascetic life by a holy man who he had robbed
of his modest goods. This poor ascetic, bearing him no grudge, gave him a strange two syllables mantra “ma-ra,” “ra-ma,” “ma-ra” which
was nothing other than the verb to kill. As it is impossible to refuse the grant of a mantra, Vâlmîki accepted his without realizing that by
pronouncing the two syllables forward and backward, “ma-râ,” “râ-ma,” “ma-râ,” he was only calling upon Râma.
One day, Saint Nârada came to visit Vâlmîki in his Ashram. After the usual greetings, Vâlmîki asked his learned visitor who had been the
bravest and wisest of all the heroes of ancient times. Nârada answered without hesitating that it was Râma and spent a long time relating his
amazing feats. Strongly impressed by the story, Vâlmîki preserved in his memory the numerous episodes in the life of Râma that Nârada had
recounted.
Le chasseur maudit
Le brigand Vâlmîki, devenu un saint homme, se promenait un jour au bord d’une rivière. Il regardait un magnifique couple d’oiseaux
« krauncha » qui chantaient leur joie et leur amour, quand soudain un chasseur de passage tira sur le mâle qui tomba au sol, percé par une flèche.
Tout de suite, la femelle se mit à crier et à se lamenter pitoyablement.
Vâlmîki, plein d’indignation, maudit alors le barbare chasseur et lui prédit une existence errante jusqu’à la fin de ses jours.
Mais bientôt, le sage se repentit de sa colère, se demandant de quel droit il avait prononcé cette terrible malédiction. Il remarqua toutefois que
la force de son imprécation lui avait fait involontairement découvrir le sloka, un magnifique rythme métrique. Il se servit de ce rythme pour
la versification des épisodes du Râmâyana. Après les avoir composés, il les fit répéter à ses disciples pour en conserver à jamais la mémoire.
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The Cruel Hunter Cursed
Vâlmîki, the penitent bandit, became a holy man. One day he walked to the river to bathe. By chance, he spied a magnificent pair of “krauncha”
birds, who were singing of their pleasure and love, when suddenly a passing huntsman shot the male, who at once fell dead.
Great was the grief of the female, who started a pitiful lament.
Vâlmîki, filled with indignation, burst out in a curse: “Hunter, as you have killed one of these birds, you will wander homelessly all your long
years.”
But in a moment, the sage recovered himself and wondered why he had lost himself in anger. “What right had I to curse the hunter?” Recalling
his curse, Vâlmîki marveled at the rhythm of its words, the sloka, which he had inadvertently invented under the blow of his anger. Then Vâlmîki
composed The Râmâyana in that meter and had its verses repeated to his disciples so that it would be preserved in memory forever.
Dasaratha, souverain sage et puissant
Un roi nommé Dasaratha régnait sur le royaume de Kosala qui s’étendait au nord du Gange. Il appartenait à la dynastie solaire fondée par le
célèbre législateur Manu.
Dasaratha avait jadis combattu avec les dieux. Sa notoriété s’étendait aux trois mondes, céleste, terrestre et souterrain.
Ayodhyâ était sa capitale. Le nom Ayodhyâ signifie « qui ne peut être conquis par la force ». En effet, la ville était entourée de fortifications
redoutables et défendue par une puissante armée. Aucun ennemi ne pouvait défier le royaume de Kosala, dont les habitants étaient heureux et
satisfaits de leur sort.
Entouré de sages conseillers, Dasaratha était un souverain prudent et vertueux. Il faisait régner la paix et la justice. Sa gloire brillait comme le
soleil levant.
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Dasaratha, Powerful and Virtuous Sovereign
King Dasaratha reigned over the realm of Kosala, which extended to the North of the Ganges. He descended from the solar dynasty founded
by the celebrated legislator Manu.
Once upon a time he had fought on the side of the gods, and his fame had spread to the three worlds: celestial, terrestrial and subterranean.
Ayodhyâ was his capital city. The name Ayodhyâ means “that which cannot be subdued by war.” Indeed, the town was surrounded with
redoubtable fortifications and defended by a powerful army. No enemy could challenge the realm of Kosala, whose inhabitants were happy,
and satisfied with their fate.
Surrounded with wise advisors, Dasaratha was a prudent and virtuous sovereign. His splendor shone as the rising sun.
Dasaratha et son conseiller Vasishtha
Dasaratha était entouré de ministres qui l’informaient des différents événements survenant dans le royaume. Ils étaient toujours prêts à exécuter
ses ordres.
Parmi ses conseillers, il consultait souvent un brahmane nommé Vasishtha, dont le nom signifie « celui dont tous les vœux sont exaucés ». Cet
homme d’une grande sagesse possédait des connaissances étendues sur le droit et les coutumes.
De nombreuses années s’écoulèrent dans cet état de félicité.
Toutefois, au milieu de sa prospérité, Dasaratha avait au fond du cœur une amertume qui l’empêchait d’être pleinement heureux. En effet, il
n’avait pas de fils pour assurer la pérennité de la dynastie.
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Dasaratha and His Councilor Vasishtha
Dasaratha had wise ministers who kept him informed of events arising in the realm. They were always ready to execute his orders.
Among his councilors, he most often consulted a Brahman named Vasishtha, whose name means “the one whose wishes are always fulfilled.”
This wise and virtuous man had extensive knowledge of laws and customs.
Many years passed in this state of bliss.
But in the midst of his prosperity, Dasaratha had bitterness in his heart which kept him from being completely happy, for he had no son to insure
the continuance of his dynasty.
Les trois épouses souveraines de Dasaratha
Le roi Dasaratha avait trois reines.
Kausalyâ était la plus âgée.
Sumitrâ était la seconde.
Kaikeyî était la plus jeune. Elle avait réussi à sauver la vie du roi, blessé dans un combat. Sa grande beauté et la reconnaissance que lui
témoignait le souverain avaient fait d’elle sa préférée.
Le roi aimait ses trois épouses. Chacune des reines avait ses faveurs, mais aucune ne lui avait donné un héritier de sexe masculin. Il n’avait pas
de fils. Pour cette raison, la dynastie était en péril de s’éteindre.
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The Three Sovereign Wives of Dasaratha
The king had three queens.
Kausalyâ was the oldest.
Sumitrâ was the second.
Kaikeyî was the youngest. She had managed to save the life of the king, seriously injured in a battle. Her great beauty and his gratitude had
made her his favorite.
The king loved his three wives. Each of them received his favors, but none had given him a male heir. Dasaratha had no son. For that reason,
the dynasty was in danger of extinction.
L’ascèse de Râvana
Il survint à cette époque un grave événement dans le monde des dieux.
Un brahmane dont le nom, Râvana, signifie « celui qui fait hurler » était devenu roi de Lankâ en usurpant le trône qui appartenait à son demifrère, Kubera. Râvana contrôlait ses sens et avait mené une rigoureuse vie d’ascète pendant un temps considérable.
Malheureusement, les pouvoirs ainsi gagnés ne servaient qu’à renforcer son orgueil. Il se permit de demander à Brahmâ l’invincibilité contre
les dieux et contre les démons. Toutefois, fier de sa supériorité, il négligea de demander la même invincibilité contre les hommes.
Sans prévoir les conséquences de ce qu’il accordait, Brahmâ accepta la requête de Râvana et s’engagea par un serment définitif.
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Râvana’s Ascetic Life
A grave event occurred at this time in the world of the gods.
The Brahman Râvana, whose name means “the one who causes to cry,” had become king of Lankâ by usurping the throne which belonged to
his half-brother, Kubera. Râvana had kept control of his senses and led a rigorously ascetic life for a considerable time.
Regrettably, the powers so gained served only to strengthen his pride. He allowed himself to ask Brahmâ for invincibility against gods and
demons. But, proud of his superiority, he neglected to ask for the same invincibility against humans.
Without seeing the consequences of what he was granting, Brahmâ accepted Râvana’s request and committed himself through an irrevocable
oath.