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De vrais sauvages !
L’I’iwi des îles Hawaii
En langue quechua, son nom signifie
« vigne de l’âme ». Traditionnellement bu
en infusion par les peuples des forêts
et prisé pour ses vertus hallucinogènes
lors de rites sacrés, l’ayahuasca est aussi
un médicament qui provoque des vomissements et des diarrhées intenses
permettant de purger le corps des
parasites tropicaux.
Dr Morley Read/Science Photo Library
L’ayahuasca
Doug Cheeseman/Still Pictures
Bien qu’il soit rare ou totalement absent
de certaines îles suite à la perte de son
habitat et au paludisme aviaire, cet oiseau
très friand de nectar s’observe encore
dans plusieurs îles Hawaii. Il était autrefois
très recherché pour son magnifique plumage qui devient rouge vif à l’âge adulte :
les plumes d’I’iwis servaient à confectionner des manteaux et des coiffures
pour la royauté hawaïenne.
L’argent pousse sur
les arbres
C
’est bien connu, la meilleure façon de rentabiliser une
forêt est de déboiser et de vendre le bois. N’est-ce pas ?
Eh bien, contrairement à ce que l’on pense souvent, les études
montrent que les arbres, et la faune et la flore qui les entourent,
sont beaucoup plus rentables exploités « sur pied ». Lorsque
l’on récolte tous les produits d’une forêt vivante et que l’on
cultive des denrées appropriées, on peut gagner neuf fois plus
d’argent qu’en déboisant – et ce revenu se renouvelle
indéfiniment. En plus, ces chiffres ne tiennent pas compte
du potentiel croissant que représente l’écotourisme et des
précieux services fournis par la forêt en termes de production
d’eau douce et de régulation du climat. Voici quelques
exemples des richesses présentes dans la forêt.
Le neem
Ce feuillu à croissance rapide, très résistant à la sécheresse, est
originaire d’Asie du Sud. Ses utilisations sont si nombreuses qu’on
le surnomme « l’arbre aux merveilles ». Il fournit un ingrédient
antiseptique et fongicide utilisé dans les crèmes pour la peau et
dans les savons. Ses graines constituent une source importante
d’azadirachtin, pesticide très efficace mais inoffensif pour les
mammifères et les insectes utiles. Les Kenyans le cultivent pour le
sculpter, ce qui leur assure des revenus sans faire appel aux
essences exotiques déjà surexploitées comme l’ébène. En plus, cela
permet de préserver l’habitat d’espèces comme le petit-duc d’Irène.
L’éléphant pygmée
Le matsutake
Ce champignon sauvage aussi rare que cher est originaire des
forêts de pins rouges du Japon. Il est considéré comme un mets
si délicat que les spécimens les plus beaux sont souvent offerts
en cadeau. La demande est telle que le matsutake est également
importé de pinèdes étrangères comme celle de Santa Marta
Latuvi, au Mexique, où les petits cultivateurs qui le cueillent
peuvent espérer en obtenir jusqu’à 30 dollars le kilo.
La reine Alexandra
TUNZA Vol 4 No 3
Marisela Zamora
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Francois Gilson/Still Pictures
Avec une envergure d’aile de 28 centimètres, le plus grand papillon du monde vit
uniquement dans les forêts littorales
ombrophiles de Nouvelle-Guinée. Il se
fait de plus en plus rare à cause des
collectionneurs d’insectes et du déboisement au profit des plantations de palmiers
à huile. Il est particulièrement vulnérable
car la survie de ses larves dépend totalement d’une seule plante – l’aristoloche ou
arbre à pipes dont il tire un poison qui
éloigne les prédateurs.
Enrico Bartolucci/Still Pictures
A. Christy Williams/WWF-Canon
Haut de 2,5 mètres, il n’est guère plus
grand qu’un être humain. Les recherches
effectuées par le WWF et l’Université de
Colombia ont permis d’établir qu’il s’agit
d’une sous-espèce de l’éléphant d’Asie
– il est plus dodu que celui-ci, avec des
oreilles plus grandes et une queue plus
longue. Ces éléphants sont encore 1 600
environ dans leur habitat, à la pointe
nord-est de Bornéo, et ils sont menacés
par les braconniers et les plantations
commerciales.
AUTREFOIS, les peuples des forêts pratiquaient souvent une culture de rapport en harmonie avec les arbres, et cela
reste le cas en Amérique centrale, en Tanzanie ou en Thaïlande, par exemple. Deux des produits forestiers les plus
appréciés peuvent être cultivés commercialement à grande échelle de manière similaire :
Le café
Plus de la moitié du chocolat produit au Brésil –
cinquième producteur mondial de cacao – était autrefois
cultivé selon le système « cabruca », qui consiste à
éclaircir la forêt tropicale sans pour autant déboiser. Le
cacaotier s’accommode de la proximité des arbres car
il supporte bien l’ombre. Le système cabruca est
actuellement en baisse, mais les écologistes espèrent
renverser la tendance grâce à des investissements
internationaux. Cela permettrait de protéger la forêt
atlantique du pays – un des habitats les plus riches du
monde, aujourd’hui menacé.
Le café est lui aussi originaire de la forêt et il pousse bien
parmi les arbres. D’ailleurs, le café cultivé à l’ombre
– sur de modestes exploitations plantées d’arbres
fruitiers et d’essences exotiques qui fournissent d’autres
revenus – est de plus en plus apprécié. Il coûte un peu
plus cher mais il permet de lutter contre le déboisement,
de préserver la faune, de conserver au sol son humidité
et de limiter l’érosion. Les plants de café d’ombre sont
productifs sur une cinquantaine d’années, contrairement
aux plants cultivés en plein soleil après déboisement, qui
ont une durée de vie de dix à quinze ans.
Sean Sprague/Still Pictures
Le cacao
Le chêne-liège
L’hévéa
Les forêts à feuilles persistantes de chênes-lièges fournissent un
matériau biodégradable naturel aux multiples utilisations (sols et
tableaux d’affichage, isolation et bouchons de bouteille, par
exemple). Elles couvrent 27,000 kilomètres carrés du bassin
méditerranéen et abritent des espèces protégées comme le lynx
ibérien. Prélevé tous les dix ans environ sur le chêne vivant, le
liège repousse par la suite. Il assure ainsi un revenu durable à plus
de 100 000 personnes.
Avant même que Colomb ne traverse l’Atlantique, les populations
d’Amérique du Sud recueillaient déjà la sève de l’hévéa. Grâce
à lui, l’Amazonie connut un essor extraordinaire à la fin du
19e siècle, essor qui prit fin lorsque les Européens exportèrent
illégalement des hévéas pour créer des plantations en Asie du SudEst. Suite à l’avènement du caoutchouc synthétique, l’Amazonie
ne couvre désormais qu’une toute petite partie de la demande
mondiale. L’hévéa reste cependant un moyen d’existence et une
source importante de revenus pour les populations locales.
Luiz C. Marigo/Still Pictures
Markus Dlouhy/Still Pictures
La noix du Brésil
Les pignons
La noix du Brésil, ce produit désormais bien connu issu de forêts
tropicales, est totalement tributaire d’un écosystème très complexe.
Son arbre est pollinisé par des abeilles dont la survie dépend d’une
orchidée poussant dans la forêt. De plus, il a besoin d’un rongeur,
l’agouti, pour disperser ses graines. Par conséquent, ses noix qui
sont très appréciées pour leur huile et leurs nutriments, ne peuvent
pas faire l’objet d’une culture commerciale en plantation.
Les pignons étaient autrefois un des aliments de base des Indiens
d’Amérique – qui en faisaient de la farine. Aujourd’hui, on les
trouve surtout dans le pesto italien. Ils proviennent de plusieurs
essences qui poussent à l’état sauvage en Europe, en Asie et en
Amérique du Nord. Riches en protéines, fibres et autres nutriments, ils sont également l’aliment de prédilection de nombreuses
espèces sauvages, allant des oiseaux aux ours grizzly.
Walter H. Hodge/Still Pictures
TopFoto/ImageWorks
Les forêts
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