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Edith Elizabeth Appleton (1877-1958)
Infirmière de formation, Elizabeth Appleton rejoint les Services hospitaliers
militaires de la reine Alexandra en septembre 1914 et arrive à Ostende en octobre. De 1914 à
1919, elle sert dans les hôpitaux d’évacuation de Poperinge, Bailleul et Achiet-le-grand, ainsi
que dans les hôpitaux de la base à Étretat, Abbeville, Le Tréport et Boulogne. Pendant toute
cette période, elle rédige un journal, qui sera mis en ligne dans les années 2000, avant d’être
publié en 2012 sous le titre A Nurse at the Front: The Great War Diaries of Sister Edith
Appleton. Ce journal nous permet de suivre le quotidien d’une infirmière britannique en
France pendant près de cinq ans. La diversité des expériences sanitaires en fonction des
établissements hospitaliers où elle a servi, situés aussi bien à proximité du front qu’à l’arrière,
nous donne une vue diversifiée de la réalité hospitalière britannique de la guerre.
Après la guerre, Elizabeth Appleton se fixe sur l’île de Wight. En 1926, à l’âge de 49
ans, elle épouse le lieutenant John Bonsor Ledger.
Martin Armstrong (1882-1974)
Auteur d’une trentaine de livres et collaborateur au Spectator, au London Mercury et
au New Stateman, Martin Donisthorpe Armstrong est un écrivain aujourd’hui un peu oublié.
Né à Newcastle dans une famille prospère, il rejoint les Artists’ Rifles en tant que simple
soldat en 1914, avant de devenir officier dans le 8e Middlesex. Il publie ses poèmes de guerre
en 1921 : Buzzards and Other Poems. Le poème Going Up the Line évoque la nature au
printemps en arrière du front. Ce thème majeur de la littérature de témoignage est traité ici de
façon classique, avec une simplicité qui atteint son but. Après s’être ressourcé à la vue des
arbres en fleurs, des prés et des paysans dans les champs, le combattant retrouve le chemin
des ruines et de la mort… l’âme riche d’un pouvoir capable d’étouffer tous les maux et les
terreurs. Que ce soit dans les journaux de bord, les mémoires ou les poèmes, les mentions
régulières d’une nature régénératrice nous disent l’importance des éléments naturels dans
l’expérience combattante.
Paul Bewsher (1894-1966)
Journaliste avant la guerre, Paul Bewscher rejoint le Royal Naval Air Service, où il
devient capitaine. Il est l’un des membres fondateurs d’une unité expérimentale de
bombardement nocturne. Ses missions consistent entre autres à bombarder des villes situées
en arrière du front. Ses poèmes montrent les doutes qu'il a sur la nécessité de cette tâche. Il a
publié deux recueils de poèmes de guerre et des mémoires : Green Balls, The Adventures of a
Night-Bomber (1919). Après l'Armistice, il travaille au Daily Mail.
Agatha Christie (1890-1976)
Agatha Miller a 23 ans quand éclate la guerre. Son fiancé, Archibald Christie, rejoint
le Royal Flying Corps dès les premières semaines de guerre. Ils se marient la veille de Noël
1914 mais ne pourront vivre véritablement en couple que lorsqu’Archibald sera posté au War
Office en janvier 1918. Agatha, qui possédait un Certificat de Premiers Soins, devient
infirmière bénévole à l’hôtel de ville de Torquay, converti en hôpital. Sans enfants et avec un
mari au front, elle peut se consacrer pleinement à sa mission sanitaire. La tâche est
particulièrement exigeante. De par sa situation privilégiée au bord de la mort et la douceur de
son climat, la ville de Torquay accueille un nombre sans cesse croissant de blessés.
Au bout d’un an, une grippe l’oblige à se reposer pendant quelques semaines. Ne
souhaitant plus travailler à l’hôpital, elle obtient une nouvelle assignation au dispensaire qui
vient d’être créé en annexe de l'établissement hospitalier. C’est là qu’elle conçoit pour la
première fois d’écrire des romans policiers. La préparation des médications pour les blessés la
familiarise avec les poisons et drogues qui apparaîtront dans ses romans. La naissance
d’Hercule Poirot est également liée à la guerre. Le personnage s’inspire en effet des nombreux
réfugiés belges que la ville de Torquay avait accueillis dès le début de la guerre.
Arthur Conan Doyle (1859-1930)
Le créateur de Sherlock Holmes a 55 ans en 1914. Ayant largement dépassé l’âge
limite pour être incorporé dans l’armée, il se porte toutefois volontaire. J’ai cinquante-cinq
ans mais je suis encore fort et endurant. Je suis capable de porter loin ma voix, ce qui peut
être utile à l’exercice, écrit-t-il au ministère de la guerre, arguant que s’il devenait officier à
son âge ce serait un exemple pour toute la nation. Son offre sera refusée mais pendant quatre
ans il s’impliquera sans compter dans l’effort de guerre. Sa première mission est d’organiser
une unité de défense composée de civils au sein du 6th Royal Sussex Volunteer Regiment. On
lui propose de prendre le commandement du bataillon mais il préfère être simple soldat pour
montrer que tous les Britanniques sont égaux dans la défense de leur pays.
Conan Doyle n’hésite pas à donner son avis sur la conduite de la guerre et à faire des
propositions à l’Amirauté. Il propose notamment que les marins soient équipés d’une bouée
de sauvetage et qu’il y ait des canots à bord des navires, mesures qui seront adoptées par la
suite.
Conan Doyle se lance dans l’écriture d’une histoire de la campagne britannique en
France et en Belgique. Cette œuvre imposante, qui comptera six volumes, n’est pas toujours
fiable car l'auteur se base le plus souvent sur des informations militaires manquant
d’objectivité. Les ventes de ces volumes ne seront toutefois pas très élevées. Pendant la
guerre, le public préfère lire la presse pour avoir des nouvelles récentes. Après l’Armistice,
quand paraîtront les derniers volumes, il n’est plus intéressé par le récit d’opérations
militaires.
Conan Doyle a perdu son fils Kingsley en octobre 1918. Celui-ci avait blessé au cou
le 1er juillet 1916, au cours de l’offensive de la Somme. Il avait récupéré de cette blessure
pour finalement mourir de l’épidémie de grippe espagnole à l’automne 1918. Deux mois plus
tard, Innes, le frère de Conan Doyle, est également victime de cette épidémie. A ces deux
morts s’ajoute celle de son beau-frère, Malcolm Leckie, tué à Mons au début de la guerre.
Marqué par ces décès, Doyle se tourne vers le spiritisme pour communiquer avec les morts.
Commence dès lors la célèbre période spiritiste de l’auteur de Sherlock Holmes. Intéressé par
le spiritisme depuis de longues années, c’est à partir de 1918 qu’il s’y adonne véritablement.
Pendant les années 20, il se lance avec son épouse dans une campagne de promotion de cette
doctrine, aussi bien en Grande-Bretagne qu’en Australie et aux États-Unis. Le public est
réceptif. Le désir de communiquer avec les morts a été une réalité forte au lendemain de la
guerre et a donné naissance à un marché florissant de l’occulte.
E.M. Forster (1879-1970)
Quand la guerre est déclarée, Edward Morgan Forster a déjà écrit la plupart de ses
grands romans, Retour à Howards End, Chambre avec vue et Maurice, ce dernier n’étant
publié qu’en 1971. Comme ses amis du groupe de Bloomsbury, il est opposé à la guerre mais
se garde de le clamer haut et fort. En fait, sa position vis-à-vis de la guerre évoluera petit à
petit et l’amènera à s’impliquer personnellement.
En novembre 1915, il part en Égypte dans le cadre d’une mission pour la CroixRouge. Celle-ci consiste à rendre visite aux blessés dans les hôpitaux et à les interroger sur
leurs camarades portés disparus. Cette activité de recherche de renseignements lui donne
l’occasion d’aider les blessés de différentes manières. Il leur prête des livres ou écrit leurs
lettres. Prévu pour durer un trimestre, son séjour égyptien se poursuivra jusqu’en 1919.
Llewelyn Wyn Griffith (1890-1977)
Auteur d’un livre de mémoires de guerre devenu un des classiques du genre, Up to
Mametz, Wyn Griffith est un romancier, poète et traducteur qui s’est donné pour mission tout
au long de sa vie de faire connaître la culture du Pays de Galles.
En septembre 1914, il quitte son poste de fonctionnaire pour s’enrôler dans les Royal
Welsh Fusiliers. Promu sous-lieutenant en janvier 1915, il obtient le grade de capitaine en
décembre de cette même année. Combattant en France et en Belgique tout au long de la
guerre, il a été décoré de l’Ordre de l’Empire Britannique et de la Croix de Guerre française.
Up to Mametz, publié en 1931, raconte la création du Royal Welsh Fusiliers,
l’entraînement des troupes, l’apprentissage de la tranchée, et finalement la terrible bataille du
bois de Mametz. Un livre complémentaire, intitulé Up to Mametz and beyond, a été publié en
2010. Sur la base des lettres et du journal de bord inédit de l’auteur, cet ouvrage raconte la
suite du parcours de guerre de Wyn Griffith.
Démobilisé en 1919, Wyn Griffith retrouve son poste d’inspecteur des impôts, qu’il
occupera jusqu’à sa retraite tout en menant parallèlement une carrière littéraire.
F.W. Harvey (1888-1957)
Après avoir récemment entamé une carrière d’avocat, F.W. Harvey s’engage le 8
août 1914 dans le régiment du Gloucestershire. Adepte du distributisme, doctrine catholique
s’opposant à la fois au capitalisme et au communisme, il se convertit au catholicisme en
novembre.
Son bataillon arrive en France en mars 1915. Il est promu caporal et reçoit la
Médaille de Distinction au Combat en août pour avoir fait preuve de bravoure au cours d’une
patrouille dans le no man’s land. Dès son arrivée au front, il contribue au journal de tranchée
The Fifth Gloucester Gazette et écrit des poèmes. Le recueil A Gloucester Lad at Home and
Abroad est publié en 1916.
Après une période de formation en Angleterre pour devenir officier, il repart en
France, où il est fait prisonnier au cours d’une patrouille d’observation, en août 1917. Il
passera le reste de la guerre dans différents camps de prisonniers en Allemagne. En captivité,
il écrit régulièrement et réussit à envoyer ses poèmes en Angleterre. Le recueil
Gloucestershire Friends paraît en 1917 et connaît un grand succès. Après une période en
cellule d’isolement pour tentative d’évasion, il entame une nouvelle série de poèmes, qui sera
publiée en 1919 (Ducks). Le titre du poème donnant son nom au recueil est inspiré d’un
camarade prisonnier qui avait dessiné à la craie au-dessus de son lit des canards nageant sur
une mare.
En 1920, il publie ses mémoires de guerre : Comrades in Captivity et l’année
suivante Farewell, qui comme le laisse entendre le titre annonce son adieu à la scène littéraire.
Il reprend ensuite ses activités d’avocat au service des pauvres.
Dyneley Hussey (1893-1972)
Dyneley Hussey est né en Inde, où était posté son père, le colonel Charles Hussey.
Après des études au Corpus Christi College d’Oxford, il se bat en France, avec le grade de
lieutenant, dans le 13e bataillon des Lancashire Fusiliers. Il publie un recueil de poèmes de
guerre en 1916 : Fleurs de Lys, Poems of 1915.
Après avoir passé cinq ans au département des finances de l’Amirauté, il devient
écrivain et journaliste en 1923. Critique musical au Times de 1923 à 1946, il tient ensuite une
chronique de musique classique à la B.B.C. Spécialisé dans l’opéra, il a écrit des ouvrages sur
les grands compositeurs, notamment Mozart et Verdi.
Aldous Huxley (1894-1963)
Le combat pacifiste de l’auteur du Meilleur des Mondes pendant les années 30 et sa
non participation à la Grande Guerre laissent a priori penser qu’il était résolument contre la
guerre et ce dès le mois d’août 1914. Son attitude a cependant été un peu plus nuancée. Selon
Ronald Clarke, biographe d’Aldous Huxley et de son frère Julian, il aurait essayé à trois
reprises de s’engager. Ses tentatives étaient cependant vouées à l’échec, sa vue très basse lui
interdisant tout espoir d’être accepté par un centre de recrutement. La perte de plusieurs amis
au combat l’affecte profondément et son attitude devient de plus en plus virulente vis-à-vis de
la guerre. En 1916, Il se rapproche d’Ottoline Morrell, propriétaire du Manoir Garsington, où
se réunissent régulièrement les membres du groupe de Bloomsbury. Huxley côtoie alors des
intellectuels tels que Bertand Russell et D.H. Lawrence et autres objecteurs de conscience
notoires. Le mouvement de l’objection de conscience, conséquence de la loi sur le service
militaire obligatoire en janvier 1916, n’a pas été anecdotique en Grande-Bretagne. On recense
16 000 objecteurs de conscience britanniques pendant la guerre. Si le chiffre est extrêmement
bas comparé au nombre de soldats ayant combattu, il n’en reste pas moins que l’impact sur
l’opinion publique et le gouvernement n’a pas été négligeable.
Rudyard Kipling (1865-1936) et John Kipling (1897-1915)
Figure littéraire incontournable du début du XXe siècle, l’auteur du Livre de la
Jungle reste toutefois une personnalité controversée. Celui que George Orwell appelait le
prophète de l’impérialisme britannique fut le chantre incontesté des vertus patriotiques et
militaires dont se réclamait la jeune génération d’étudiants qui s’est portée volontaire en 1914.
Il serait hasardeux de résumer en quelques lignes l’impact qu’a eu Kipling sur cette
génération, les regards rétrospectifs étant encombrés des désastres de la Somme et de
Passchendaele. Il convient toutefois de dire qu’il a été déterminant.
En 1914, Rudyard Kipling rejoint le Bureau de Propagande de Guerre et publie en
1915 La France en guerre. Pour écrire ce livre, il se rend sur le front. La plume toujours aussi
sûre, il continue d’exalter la nation britannique et l’Empire. Mais son fils unique, John, est
refusé par les centres de recrutement en raison de sa forte myopie. Rudyard Kipling ne peut
accepter ce genre de déconvenue. Il intervient auprès des autorités militaires pour que son fils
soit enrôlé. Les Irish Guards finissent par l'accepter. Mais John est tué au cours de son
premier assaut pendant la bataille de Loos. Son corps ne sera jamais retrouvé. Profondément
affecté, Kipling écrira un poème dont deux vers sont passés à la postérité : Si quelqu'un veut
savoir pourquoi nous sommes morts, / Dites-leur : parce que nos pères ont menti. Ces mots
expriment-ils une culpabilité personnelle ? On peut le supposer. Mais au-delà de la douleur
d'un père, il ne semble pas y avoir de remise en question idéologique. Le mensonge dont parle
Kipling a souvent été mal interprété. Loin d'être une dénonciation de la guerre, ces vers
critiquent le supposé laxisme qui a affaibli la Grande-Bretagne avant 1914.
Le fait que John soit porté disparu et n’ait pas sépulture pousse Rudyard Kipling à
s’impliquer dans la Commission Impériale des Sépultures de Guerre qu’a créée Fabian Ware.
C’est lui qui choisira le texte de plusieurs inscriptions présentes dans tous les cimetières
militaires britanniques. Le nom de son fils sera quant à lui gravé sur le mémorial britannique
de Loos. Jusqu’à sa mort, en 1936, Rudyard Kipling procédera à des recherches dans le
secteur pour retrouver sa dépouille. Ce n’est qu’en 1991 que, grâce à une série de
recoupements dans les archives, notamment celles des Irish Guards, que des historiens ont pu
identifier la tombe du lieutenant John Kipling. Il repose dans le cimetière Sainte-Marie de
Haisnes-lez-la-Bassée (Lopin 7, rangée D, tombe 2). A l’emplacement de l’ancienne
inscription (Officier non identifié des Irish Guards), on a inscrit Lieutenant John Kipling, des
Irish Guards, tué le 27 septembre 1915, à l’âge de 18 ans. Mais certains historiens contestent
aujourd’hui le travail de recherche qui a été effectué.
D.H. Lawrence (1885-1930)
Après avoir publié son roman autobiographique Amants et fils en 1913, D.H. Lawrence
épouse Frieda von Richthofen, de nationalité allemande. Le couple s'installe à Zennor, en
Cornouailles, à proximité de la nouvelliste Katherine Mansfield et de son mari.
Quand la guerre éclate, les autorités militaires soupçonnent Frieda von Richthofen d'être une
espionne. Les voisins du couple prétendent qu'elle se sert du linge qui sèche sur les fils pour
envoyer des messages codés aux sous-marins allemands. Comme en France, l'espionnite sévit
en Grande-Bretagne au début de la guerre, avec tout ce que cela implique comme accusations
non fondées. Obligé de quitter la côte, le couple est hébergé chez différents amis, notamment
Philipp et Ottoline Morrell, dont le manoir (Garsington Manor) est un refuge pour les
objecteurs de conscience. Les intellectuels du groupe de Bloomsbury s'y retrouvent
régulièrement.
Peu après sa publication en 1915, L'Arc-en-ciel est interdit en raison de son caractère jugé
obscène. La décision repose notamment sur une scène lesbienne. Un des contempteurs du
livre estime que le roman "trahit les soldats qui se battent sur le front." Après le vote de la
conscription, D.H. Lawrence est appelé par deux fois à se présenter dans un centre de
recrutement mais il n'est pas intégré aux forces combattantes pour raison de santé.
Farouchement opposé à la guerre, il considère celle-ci comme une émanation du monde
industriel qui dénature l'homme.
Si D.H. Lawrence a peu écrit sur la guerre, une partie de son oeuvre traite toutefois des
répercussions du conflit. Son dernier livre, L'Amant de Lady Chatterley, interdit en GrandeBretagne jusqu'en 1960, parle à sa façon des conséquences de la Grande Guerre. Clifford
Chatterlay est revenu du front paralysé et impuissant. Parmi les lésions qu'ont entraînées les
blessures au combat, l'impuissance est rarement citée dans les mémoires de guerre. Elle a
pourtant touché un nombre non négligeable de combattants.
La publication en 2013 de la poésie complète de D.H. Lawrence a permis de poser un
nouveau regard sur ses poèmes de guerre. 31 d'entre eux, regroupés en une séquence appelée
All of Us, n'avaient jamais été publiés dans leur intégralité. A l'époque, ils avaient été
fortement censurés. L'auteur y dénonce ouvertement l'impérialisme britannique et la conduite
de la guerre.
Joseph Lee (1876–1949)
Né à Dundee, en Écosse, Joseph Johnston Lee commence à travailler à l’âge de 14
ans. Après avoir été employé chez un notaire, il devient soutier sur un paquebot. Par la suite,
il réalisera des dessins satiriques pour les journaux. En 1909, il crée un mensuel qui soutient
le parti travailliste à Dundee. Il publie son premier recueil de poésie en 1910.
Bien qu’ayant presque 40 ans quand la guerre éclate, il s’enrôle dans le 4e bataillon
des Black Watch, où il sera promu sergent. Pendant qu’il se bat en France, il envoie
régulièrement des poèmes et des dessins en Écosse, lesquels seront réunis dans deux recueils :
Ballads of Battle et Work-a-Day Warriors. En 1917, il devient sous-lieutenant dans le 10e
bataillon du King’s Royal Rifle Corps. Cette même année, il est fait prisonnier. Son séjour
dans les camps de prisonniers en Allemagne lui inspirera A Captive in Carlsruhe (1920).
Les poèmes de Joseph Lee ont connu un vif succès lors de leur parution pendant la
guerre mais par la suite ils seront relégués au second plan.
Cecil Lewis (1898-1997)
Cecil Lewis rejoint le Royal Flying Corps en 1915 à l’âge de 17 ans. Comme un
nombre non négligeable de combattants, il a menti sur son âge pour pouvoir être incorporé. Il
apprend à piloter à Brooklands, dans le Surrey, avant de partir en France en 1916. Il décroche
la Médaille Militaire pour ses actions en vol au cours de la bataille de la Somme. De retour en
Angleterre, il participe au programme de défense intérieure avant de repartir en France à la fin
1918.
Après la guerre, il part en Chine pour y développer la liaison aérienne entre Pékin et
Shanghai. C’est pendant ce séjour qu’il épouse la fille d’un général russe, Douchka Horvath
(1902-2005). En 1922, il fait partie du groupe de cinq jeunes gens qui fonde la B.B.C. et
commence une carrière radiophonique. Ami de George Bernard Shaw, il adapte son
Pygmalion pour le cinéma.
En 1936, il écrit ses mémoires de pilote de combat sous le titre Sagittarius Rising. Le
livre devient un classique de la littérature d’aviation et servira de base au film Aces High de
Jack Gold (1976). Les talents d’écriture de Lewis sont indéniables. Son récit allie le souci
documentaire à une prose de qualité.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, Cecil Lewis rejoint la R.A.F. et combat en
Sicile, en Grèce, en Égypte et en Italie. En 1947, toujours aussi soucieux de diversifier ses
activités, il reprend une ferme en Afrique du Sud. En 1956, il devient reporter pour le Daily
Mail puis s’installe à Corfou, où il continuera d’écrire jusqu’à sa mort en 1997. Il était alors le
dernier survivant des aviateurs britanniques de la Grande Guerre.
Clive Staples Lewis (1898-1963)
En 1916, le célèbre auteur des Chroniques de Narnia réussit son examen d’entrée à
Oxford. Mais le directeur du College qu’il compte intégrer lui fait remarquer que tous ceux
dans son cas ont rejoint les rangs de l’armée britannique. Né à Belfast, Lewis n’était pas
concerné par la conscription instaurée depuis quelques mois, mais l’idée de ne pas faire son
devoir ne l’a pas effleuré.
Il rejoint un bataillon de cadets, où il se fait des amis parmi un groupe d’étudiants. Il
devient sous-officier dans une unité de l’infanterie légère de Somerville. Il arrive au front en
novembre 1917, dans un secteur plutôt calme, où la principale tâche consiste à pomper les
tranchées inondées. En janvier 1918 commence la série maudite, que plus d’un combattant a
connue : la mort des camarades, mois après mois, comme une fatalité contre laquelle on ne
peut pas lutter.
En mars 1918, le Somerset Light Infantry essaie de contenir l’offensive allemande à
Riez-du-Vinage. Un obus explose à proximité de Lewis. Touché, il perd conscience à côté
d’un sergent qui a été tué par le même obus. Emmené par deux brancardiers à l’hôpital
d’évacuation, il est ensuite transféré dans un hôpital à Bristol, où il récupère lentement de ses
blessures, avant d’être assigné à la caserne d’Andover jusqu’à la fin du conflit.
Le fait que C.S. Lewis n’a quasiment rien écrit sur la guerre et qu’il n’en parlait
presque jamais intrigue les spécialistes de son œuvre. Rares sont en effet les auteurs qui ont tu
leur expérience de combattant. Un poème du recueil Spirits of Bondage (1919), intitulé
French nocturne (Monchy-le-Preux), évoque toutefois la guerre. Il se termine par un vers
particulièrement puissant : Nos gorges aboient au carnage : ne peuvent pas chanter.
Somerset Maugham (1874-1965)
A la déclaration de la guerre, Somerset Maugham a 40 ans et n’a pas la taille
réglementaire pour être incorporé dans l’armée. Soucieux de participer à l’effort de guerre, il
se tourne vers la Croix-Rouge et sert dans une ambulance rattachée à l’armée française. Ce
n’est pas le seul écrivain à faire ce choix. Les Américains Ernest Hemingway, Dashiell
Hammet, John Dos Passos et Julien Green, ainsi que les Britanniques A.J. Cronin et Hugh
Walpole, ont également été ambulanciers. Le collègue ambulancier de Somerset Maugham est
également écrivain : Desmond MacCarthy. Somerset Maugham puisera dans son expérience
sanitaire pour écrire son célèbre roman Le fil du rasoir, qui sera adapté deux fois au cinéma.
Après une période au États-Unis, où il publie Servitude Humaine, un de ses chefs d’œuvre, il
est contacté en 1916 par les services secrets britanniques pour devenir agent au MI6. A
Genève puis à Petrograd, sa mission consiste à manœuvrer pour empêcher la révolution russe.
De son expérience d’agent secret, il tirera un livre, Ashenden, que beaucoup considèrent
fondateur dans la littérature d’espionnage du XXe siècle.
Alan Alexander Milne (1882-1956)
Assistant de rédaction à Punch de 1906 à 1914, Alan Alexander Milne devait
connaître le succès avec ses livres pour enfants. Créateur de Winnie-the-Pooh (Winnie
l’ourson) en 1924, il a également écrit des romans, des scénarios pour le cinéma et de
nombreuses pièces de théâtre. Malheureusement, l’énorme succès de Winnie l’ourson a
éclipsé le reste de son œuvre. Milne en a beaucoup souffert. Catalogué créateur de Winnie, il
a vu les lecteurs, voire les éditeurs, se désintéresser de ses autres écrits.
Pendant la Grande Guerre, Milne est d’abord officier dans le régiment du Royal
Warwickshire puis rejoint le corps royal des signaleurs suite à une maladie qui a diminué ses
capacités physiques. Il est ensuite recruté par les services secrets et intègre le MI7B, un
département spécialisé dans la propagande. Il n’est pas le seul écrivain de renom à avoir prêté
sa plume à la propagande. Ford Madox Ford, John Buchan, H.G. Wells et Arthur Conan Dole
ont également travaillé pour le MI7B. L'objectif était entre autres de convaincre les
Américains de s’impliquer dans le conflit. Les atrocités allemandes, véhiculées
principalement par les réfugiés belges, ont notamment été amplifiées et largement diffusées
pour inciter les jeunes Britanniques à se porter volontaires. Milne déteste ce travail de
propagande et devient pacifiste. En 1934, il écrit Peace with Honour, où il fait l’apologie du
pacifisme, puisant dans son expérience de guerre pour justifier sa position. Il considérait ce
livre comme un des plus importants de sa carrière.
Il est à noter que le personnage de Winnie l’Ourson n’est pas sans rapport avec la
guerre. L’ours en peluche du jeune Christopher, le fils de Milne, avait été baptisé Winnie, du
nom d’un ours brun canadien qui avait été utilisé comme mascotte militaire pendant la guerre.
Robert Palmer (1888-1916)
Second fils du comte de Selborne, Robert Palmer étudie à Oxford, où il décroche
régulièrement la première place aux examens. Très croyant, il est président de la University
Church Union. Après ses études, il voyage beaucoup, écrit des poèmes, un livre sur l’Inde et
des pamphlets politiques. Il entre au barreau en 1913. Ses pairs lui prédisent une brillante
carrière d’avocat.
En août 1914, il rejoint le 6e bataillon du Royal Hampshire. Il est tué à la bataille
d’Umm-Al-Hannal, en Mésopotamie, le 21 janvier 1916. Une biographie est publiée en 1921
(The Life of Robert Palmer, Laura Ridding).
J.B. Priestley (1894-1984)
John Boynton Priestley quitte l’école à seize ans pour devenir employé dans une
filature, ce qui ne l’empêche pas d’écrire et de faire publier des articles dans les journaux. Il
s’engage dans l’armée dès le début de la guerre et prend part à la bataille de Loos, en
septembre 1915, au sein du régiment Duke of Wellington. En 1917, il devient sous-officier.
Blessé par un tir de mortier, il est évacué en Angleterre. Six mois plus tard, il revient en
France. Peu après, il est gazé au cours d’une attaque allemande et soigné à Rouen, où on le
déclare inapte au service actif.
Dans son autobiographie, Margin released (1962), il est très critique vis-à-vis de
l’armée britannique. Il y évoque une blessure qui ne guérira jamais, celle de toute une
génération qui a été menée à l’abattoir, non par nécessité mais par pure folie meurtrière.
Après la guerre, il entame une brillante carrière de romancier et d’auteur dramatique.
Devenu un écrivain de renom, il travaille pour la B.B.C. pendant la Seconde Guerre mondiale
mais la station le congédie sous la pression de Churchill, qui juge ses opinions trop marquées
à gauche.
Edgell Rickword (1898-1982)
Né en 1898, Edgell Rickword n’a que seize ans quand la guerre est déclarée. Il doit
attendre septembre 1916 pour rejoindre les Artists’ Rifles. En décembre 1917, il intègre le
régiment du Royal Berkshire et arrive en France à la fin du mois de janvier 1918, à Fleurbaix.
Il est légèrement blessé à deux reprises. La troisième fois, la blessure est plus sérieuse et
nécessite une évacuation en Angleterre, à l’hôpital de Reading. De retour au front en
septembre 1918, Edgell Rickword se porte volontaire pour une mission de reconnaissance. Il
traverse le canal de la Haute-Deûle à la nage et récolte des informations qui permettront à son
régiment de s’emparer de trois villages. Il obtient la Médaille Militaire pour cette action. Son
recueil de poèmes de guerre, Behind the Eyes, paraît en 1921.
Après un bref passage à Oxford, où il étudie la littérature française, Rickword
travaille pour le Times Literary Supplement et le News Stateman avant de fonder le Calendar
of Modern Letters. Au fil des années, il devient un éminent critique littéraire.
Socialiste dès son adolescence, Edgell Rickword adhère au Parti Communiste
britannique (CPGB) en 1934 et devient dès lors une des figures majeures du milieu
intellectuel communiste en Grande-Bretagne. De 1934 à 1938, il édite la Left Review, puis
Our Time de 1844 à 1947.
Saki (nom de plume d’Hector Munro) (1870-1916)
Les officiers du 22e Royal Fusilliers espéraient tous que le sergent Munro écrirait sur
la guerre une fois la paix revenue. Ce livre, à n'en pas douter, serait différent des autres. Tout
le monde dans le régiment connaissait sa renommée littéraire. Mais il a été tué le 14 novembre
1916 à Beaumont-Hamel, dans la Somme, laissant derrière lui une œuvre dont le succès ne
s’est jamais démenti au fil du temps. Ses nouvelles à l’humour noir grinçant sont ce qui se fait
de mieux dans le genre.
Né en Birmanie mais élevé en Grande-Bretagne par deux tantes après la mort de sa
mère, il devient correspondant pour le Morning Post et se rend entre autres dans les Balkans,
en Russie et à Paris. Parallèlement, il entame une carrière d’écrivain sous le pseudonyme de
Saki. Entre 1900 et 1916, il écrit deux romans et 135 nouvelles, dont beaucoup ont une
dominante fantastique.
Saki s’engage dès le début de la guerre. Sa connaissance des langues, son expérience
de correspondant de presse et ses talents d’écriture lui auraient certainement permis d’occuper
un poste gratifiant à l’arrière mais il a préféré rester dans le rang et a toujours refusé de
devenir officier. Il a connu trois batailles majeures avec les Royal Fusiliers : Delville Wood,
Vimy et Beaumont-Hamel. Peu avant la dernière, il a une crise de malaria mais comme son
bataillon doit partir sous peu en première ligne, il ne cherche pas à se faire soigner. Pendant la
bataille, il s’abrite avec plusieurs hommes dans un trou d’obus. Le soldat à ses côtés craque
une allumette. Munro lui lance : « Éteins cette fichue cigarette ! » Ce sont ses dernières
paroles. Un tireur isolé allemand lui loge une balle dans la tête. Ironiquement, il termine sa vie
sur une phrase qu’il n’aurait pas reniée pour finir une de ses nouvelles.
Parmi ses nouvelles posthumes, certaines traitent de la guerre. En 1913, il avait
publié un roman d’anticipation intitulé When William Came où la Grande-Bretagne était
envahie par l’Allemagne.
H. Smalley Sarson
L'OBUS
La mort hurla son message dans le ciel,
Maudissant l'air qui lui résistait,
puis planta son groin près d'une église délabrée,
Squelette miséreux et lugubre.
Les cerveaux de la science, l'argent des imbéciles
Avaient façonné cet esclave de fer,
Destiné à tuer, qui pourtant trouva son terme futile
dans une tombe d'enfant qu'il venait de retourner.
Edward Shanks (1892-1953)
Après avoir obtenu une licence d’histoire à Cambridge, en 1913, Edward Shanks
s’enrôle dans l’armée quand la guerre éclate. Il se bat en France, au sein du South Lancashire
Regiment, mais est renvoyé en Grande-Bretagne en 1915, jugé inapte à poursuivre le service
actif. Il occupera dès lors un poste administratif jusqu’à la fin de la guerre.
Après l'Armistice, il devient critique littéraire pour le London Mercury et enseigne
brièvement la poésie à l’université de Liverpool avant de devenir éditorialiste à l’Evening
Standard.
Son œuvre la plus célèbre est un roman de science-fiction, The People of the Ruins,
publié en 1920. Ce roman dont l’action se situe à la fin du XXIe siècle est empreint du
pessimisme qui régnait en Grande-Bretagne au lendemain de la guerre.
Edward Shanks a publié deux recueils de poèmes de guerre.
Geoffrey Studdert Kennedy
Les poèmes du pasteur Kennedy sont rarement inclus dans les anthologies
britanniques de la Grande Guerre. S’ils ne font preuve d'aucune sophistication littéraire, ils
n'en demeurent pas moins dignes d’intérêt, ne serait-ce qu’en raison de la personnalité
originale de leur auteur.
Pasteur à Rugby puis à Leeds, Studdert Kennedy est très proche du monde ouvrier. Il
se marie en 1914 et part pour la France en décembre 1915. Il reste quatre mois à Rouen et
devient une figure populaire au sein de la troupe. Les soldats le surnomment "Woodbine
Willie" car il a pour habitude de leur distribuer des cigarettes de cette marque. Proche des
soldats, il n'hésite pas à recourir à un langage peu conventionnel pour un aumônier et même à
émettre des doutes sur l’existence de Dieu. Quand l’Église anglicane autorise ses aumôniers à
se rapprocher du front, en juin 1916, Studdert Kennedy est d’abord posté dans la Somme, puis
dans le secteur de Messines, où il s'occupe principalement du soutien aux blessés. Il reçoit la
Croix Militaire pour avoir secouru des blessés dans le no man’s land.
Après la guerre, il publie six livres, dont un roman. Ses poèmes complets paraissent
en 1927. Studdert Kennedy a été sa vie durant un pasteur hors normes, considéré parfois par
les autorités cléricales comme une brebis galeuse. Il meurt en 1929.
J.R.R. Tolkien (1892-1973)
Quand la guerre éclate, le futur auteur du Hobbit et du Seigneur des anneaux choisit
d’abord de terminer ses études à Oxford avant de s’engager, en juin 1915. Il devient souslieutenant dans le régiment des Lancashire Fusiliers et suit un entraînement de onze mois en
Angleterre. En mars 1916, un mois avant son départ pour le front, il épouse Edith Bratt.
Officier de transmissions au cours de l’offensive de la Somme, il participe à la
bataille de la crête de Thiepval et à d’autres attaques dans le secteur. Victime de la fièvre des
tranchées, il est renvoyé en Angleterre, où il est hospitalisé. Sa santé ne lui permettant pas de
retourner en France, il passe le reste de la guerre dans des postes à l’arrière. Son premier fils
naît en novembre 1917, époque où il entame la rédaction de La Chute de Gondolin, premier
des Contes perdus.
Dans un ouvrage récemment publié, Tolkien and the Great War (2005, traduction
française : Tolkien et la Grande Guerre, éd. Christian Bourgois, 2014), John Garth nous
montre que la création de la Terre du Milieu a beaucoup à voir avec l’expérience de guerre de
l’auteur. La publication de la correspondance de Tolkien en 2005 a également permis
d’apporter de nouveaux éclairages sur l’importance de la Grande Guerre dans la vie et
l’œuvre de Tolkien.
Alec Waugh (1898-1981)
Né à Hampstead en 1898, Alec Waugh est le frère du célèbre romancier Evelyn
Waugh. En 1915, il est renvoyé du prestigieux lycée privé de Shelbourne pour avoir eu une
relation homosexuelle avec un camarade. Après avoir rejoint les rangs de l’armée, il écrit The
Loom of Youth, roman semi-autobiographique où il fait allusion aux relations homosexuelles
entre élèves au sein d’une école privée anglaise. Suite au scandale provoqué par le roman,
l’école refuse d'admettre dans ses rangs le jeune frère d'Alec, le futur romancier Evelyn
Waugh.
Devenu officier dans le régiment du Dorset en mai 1917, Alec Waugh participe
quelques mois plus tard à la bataille de Passchendaele. Il est fait prisonnier en mars 1918 et
passe le reste de la guerre dans des camps de prisonniers à Karlsruhe et Mayence. Certains de
ces poèmes, comme "Cannon Fodder" (Chair à canon), sont d'une amertume extrême. Ses
mémoires, The Prisoners of Mainz (1919), relatent son expérience de prisonnier. Il y raconte
ses tentatives d’évasion et les privations que subissent les prisonniers dans une Allemagne qui
meurt de faim.
Après la guerre, Alec Waugh poursuit une carrière littéraire prolifique. Il n’atteindra
cependant jamais la notoriété de son frère Evelyn.
H.G. Wells (1866-1946)
Dès la fin du mois d’août 1914, le gouvernement britannique décide de créer un
bureau de propagande, dont le siège sera basé à Wellington House. Le 2 septembre, les
écrivains ayant une certaine notoriété sont invités à y collaborer. La plupart répondent
favorablement. Seul George Bernard Shaw refuse de s’y associer. Tout comme Thomas
Hardy, John Galsworthy, Conan Doyle, J.M. Barrie et bien d’autres, H.G. Wells, que ses
romans d’anticipation ont rendu célèbre, accepte de soutenir l’effort de guerre et de prêter sa
plume à la cause nationale. Dès le mois d’août, il avait écrit un article intitulé The War that
will end war, qu’il complétera en octobre pour une publication sous forme de pamphlet.
L’expression deviendra célèbre. Le point de vue de Wells est que cette guerre se justifie par la
lutte contre le militarisme prussien. La propagande britannique sera essentiellement basée sur
ce précepte moral, qui consiste à faire de cette guerre un combat contre toutes les guerres. En
1915, Wells écrit The Peace of the World et l’année suivante un roman intitulé Mr Britling
Sees it Through, où il exprime à nouveau ses idées sur le conflit. Le ministère de la guerre lui
demande ensuite de se rendre sur les fronts italien et français, ce qui aboutira à War and the
Future: Italy, France and Britain at War, en 1917. Il écrit également de nombreux articles
pour le Daily Mail, où il aborde tous les aspects de la guerre, y compris l’objection de
conscience et le pacifisme. Il se déclare lui-même pacifiste, à sa manière. Toujours prêt à
solliciter ses talents d’écriture et son érudition, le gouvernement lui demande en mai 1918 de
travailler au sein du Comité des affaires allemandes, sous l’égide du Bureau de la
Propagande. Il en démissionne assez vite pour divergences de vues avec Lord Northcliffe. Il
travaille dès lors sur une série de pamphlets où il expose ses idées sur ce que devrait être la
Société des Nations. L’organisation internationale qui naîtra deux ans plus tard ne sera qu’un
pâle reflet de ce qu’il préconisait.
Ialo Aneurin Williams (1890-1962)
Journaliste, historien, auteur, I.A. Williams est le fils d’un député libéral. Après avoir
étudié à l’école privée de Rugby et au King’s College de Cambridge, il s’engage dans l’armée
en 1914, où il atteint le grade de capitaine. Il publie deux recueils de poèmes en 1915 et 1919.
Après la guerre, il mène une carrière éclectique. A deux reprises, il se présente aux
élections législatives mais sans succès. Bibliographe passionné, il travaille pour le London
Mercury et le Times pour des rubriques littéraires et artistiques. S’intéressant aussi bien à l’art
qu’aux chansons populaires et à l’histoire naturelle, il publie des recueils de poésie, des essais
historiques sur le Pays de Galles et des ouvrages biographiques.

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