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économie 12 0123 Mardi 10 janvier 2012 En hausse En baisse Les cours du jour ( 09/01/12 , 09 h 40 ) automobile – Le constructeur allemand sidérurgie – Le géant mondial de l’acier Arce- BMW a vendu 1,67 million de voitures en 2011, une hausse de 14,2 % qui lui permet de conserver sa place de numéro un mondial de l’automobile haut de gamme, devant ses compatriotes Mercedes-Benz (Daimler) et Audi (Volkswagen). lorMittal, qui détient 70 % du capital du complexe sidérurgique d’El-Hadjar, près d’Annaba dans l’est de l’Algérie, a déposé, dimanche 8 janvier, auprès d’un tribunal algérien, une demande de cessation de paiement. Euro Or Pétrole Taux d’intérêt Taux d’intérêt 1euro Once d’or LightSweet Crude France Etats-Unis 1,2717 dollar (achat) 1 616,5 dollars 101,74 dollars 3,39 (à dix ans) 1,96 (à dix ans) De la taxe Tobin à l’impôt de Bourse M.Sarkozy veut frapper les esprits avant l’élection présidentielle mais, des annonces à la réalité, il lui faut composer I l veut montrer qu’il est président. Pour souligner en creux le flou des propositions de François Hollande, Nicolas Sarkozy est prêt à prendre, avant l’élection présidentielle, des mesures spectaculaires, comme la taxe Tobin sur les transactions financières réclamée depuisquinze ansparlesaltermondialistes, ou impopulaires, comme la TVA sociale. Il l’a annoncé lors de ses vœux et compte bien construirejusqu’auboutcetteimaged’homme d’Etat. C’est en tout cas la thèse du politologue Patrick Buisson, conseiller de M. Sarkozy, qui estime que l’opinion s’attend à des « coups fourrés », des promesses non tenues après le scrutin. C’est dans cet état d’esprit que le chef de l'Etat allait à Berlin, lundi 9janvier, rencontrer la chancelière allemande Angela Merkel. Au menu, la crise de l’euro, mais aussi l’européanisation des mesures annoncées le 31 décembre. Mais, des annonces à la réalité, le chemin est difficile. La taxe Tobin pourrait se réduire, au moins dans un premier temps, à la réintroduction de l’impôt de Bourse, qui taxe les simples achats d’actions. « Ça n’est pas faux », admet en souriant un ministre. Le chef de l'Etat veut faire payer la finance, responsable à ses yeux de la crise économico-financière, et adopter la taxe sur les transactions financièresen conformitéavec une proposition de directive de la Commission européenne de septembre 2011 : 0,1 % sur les achats d’actions et les obligations et 0,01 % sur les produits dérivés. Bruxelles vise une mise en œuvre en 2014. Mais la présidence danoise de l’Union européenne (UE) n’a pas encore inscrit le sujet au menu des ministres des finances. La mesure – si elle était adoptée par les Vingt-Sept, chose improba- La chancelière allemande, Angela Merkel, et le président français, Nicolas Sarkozy, le 5 décembre 2011 à l’Elysée. REMY DE LA MAUVINIERE/AP ble compte tenu du refus de Londres – rapporterait 57 milliards d’euros par an. Qui plus est, il est techniquement compliqué de taxer les produits dérivés, les informationsn’étantpastoujoursdisponibles et les transactions réalisées dans une même journée pas toujours inventoriées. Et s’il est facile de taxer les obligations, Bercy s’y refuse en pleine crise de la dette souveraine. « On va avoir du mal à dire aux investisseurs d’acheter nos OAT tout en les taxant », s’inquiète unministre,alorsquelespayseuropéens ont un programme d’émission massif d’obligations. S’afficher en précurseur Reste la taxe sur les actions, qui reviendrait à remettre au goût du jour l’impôt de Bourse. Et qui a l’avantage d’exister à Londres sous forme d’un droit de timbre de 0,5 %, avec à la clef, selon Bercy, 2 à 3 milliards de livres par an pour le Trésor britannique. L’idée serait donc de voter avant les élections une loi qui transpose par avance la directive européenne et commencerait par faire entrer en vigueur l’impôt de Bourse, la taxation des obligations et produits dérivés intervenant plus tard. M. Sarkozy espère que Mme Merkel ira de l’avant fin 2012 début2013. Il veut s’afficher en précurseur tout en prétendant ne pas faire cavalier seul même si ses partenaires ne passent aux actes qu’après l’élection présidentielle française. La place de Paris brandit la menace des délocalisations AU MIEUX inutile, au pire injuste et contre-productive… L’idée d’une taxe sur les transactions financières menée en solo à Paris pour « montrer l’exemple» fait évidemment bondir les professionnels des marchés. Ainsi, Paris Europlace, l’organisation qui représente l’ensemble des acteurs de la place financière française, n’a pas manqué, avant la rencontre entre le président français Nicolas Sarkozy et la chancelière allemande Angela Merkel, lundi 9 janvier, d’exprimer fermement son opposition. Une telle initiative, si elle n’était pas européenne, « affaiblirait l’économie française. », assure l’organisation. L’argument principal des experts consiste à évoquer le choc d’une délocalisation. Les transactions financières, disent-ils, peuvent facilement s’expatrier là où les charges seront plus légères et les profits plus séduisants comme à la City de Londres, qui attire déjà nombre de jeunes prodiges de la finance formés dans les universités françaises. La menace a du poids. En 2007, Christine Lagarde, alors ministre des finances n’avaitelle pas décidé de la suppression de l’impôt de Bourse – cette « taxe sur la spéculation » datant de 1893 pour remédier à la fuite de ces « as » de la finance ? « Les transactions se faisant de façon électronique, il est très facile de ne plus les faire depuis Paris », insiste Rémi Leservoisier, le directeur général de Mandarine Gestion pourtant pas opposé au principe d’une telle taxe « si elle est d’un taux très faible et appliquée partout ». Cette version française d’une « taxe Tobin » est aussi jugée inappropriée par les professionnels : elle vise les banques françaises, les sociétés de gestion et les sociétés d’assurance, qui, selon eux, n’ont pas démérité dans la crise, contrairement à nombre d’établissements anglo-saxons. Plus grave, cette taxe, ayant pour objet de lutter contre la spé- culation financière, toucherait disent-ils, à la fois des transactions spéculatives mais aussi celles réalisées par les investisseurs privés. Affectant par ricochet les entreprises et l’épargne des ménages. Les financiers ne sont pas seuls à protester. «Nous serions tous perdants », a ainsi assuré Laurence Parisot, présidente du Medef, l’organisation patronale, dimanche 8 janvier, lors de l’émission Internationale, sur TV5 et RFI avec Le Monde. Avant de relativiser la portée d’une telle taxe, qui « ne changerait pas grand-chose ». p Claire Gatinois et Clément Lacombe A Berlin, M. Sarkozy et Mme Merkel parleront aussi croissance, alors que la zone euro semble promise à la récession et que le sommet européen du 30 juin doit définir « une stratégie de croissance » pour le Vieux Continent, en insistant notamment sur la mobilité des travailleurs et la meilleure utilisation des aides européennes pour renforcer la compétitivité des pays européens. L’emploi, thème du sommet du 18janvier à l’Elysée, sera également au cœur des discussions entre le président et la chancelière. Avec comme objectif, pour M. Sarkozy, de préparer les esprits à la TVA dite sociale, adoptée en Allemagne en janvier 2007. Elle doit réduire le coût du travail, en permettant d’alléger les charges patronales. Une loi sera votée avant la présidentielle et des rumeurs d’usage de l’article49-3 circulent. Le projet doit être massif, Bercy ayant fait des simulations prévoyant jusqu’à 5 points de hausse de TVA, pour atteindre 34milliards d’euros et financer la branche famille de la Sécurité sociale. L’idée de financer en partie le projet via une hausse de la CSG a été défendue un temps par François Baroin, le ministre de l’économie, mais est contestée par certains proches de M. Sarkozy. « On peut prendre des mesures impopulaires en pleine campagne, mais il ne faut pas pousser », argue un conseiller du président. Enfin, l’idée d’augmenter de 6 centimes la taxe sur les produits pétroliers a aussi du plomb dans l’aile, jugée contracyclique alors que les cours du brut s’envolent. «Silamesureapparaîtcontrelepouvoir d’achat, on aura de gros problèmes avec les députés », s’inquiète un ministre qui escompte que le compromisfinalconduiraà baisser aussi les charges salariales. p Arnaud Leparmentier Agenda 20 janvier Rencontre à trois, à Rome, entre Mario Monti, Angela Merkel et Nicolas Sarkozy. 23 janvier Lors d’un Eurogroupe, Paris et Berlin doivent présenter une contribution franco-allemande sur l’assiette de la future taxe sur les transactions financières. 30 janvier Lors d’un sommet, chefs d’Etat et de gouvernement vont discuter de la future taxe. Egalement au programme : l’emploi et le futur traité sur l’union budgétaire, adopté le 9 décembre. 1er et 2 mars Le traité doit être signé par vingt-six des vingtsept Etats membres, dans le but d’entrer en vigueur à la mi-2012. SeaFrance: Eurotunnel vole au secours du projet de SCOP porté par la CFDT Le tribunal de commerce de Paris devait examiner, lundi 9janvier, la solution fragile portée par le syndicat majoritaire de la compagnie de ferries N ouveau rebondissement dans le dossier SeaFrance. Le groupe Eurotunnel se dit prêt à soutenir leprojet de société coopérative et participative (SCOP) défendu par la CFDT Maritime nord pour reprendre la compagnie de ferries Transmanche qui emploie 880 personnes et assure la liaison Transmanche CalaisDouvres. Révélée,lundi 9janvier, par Libération, cette offre-surprise survient au moment même où le tribunal de commerce de Paris devait examiner, lundi en milieu de mati- née, la solution portée par le syndicat majoritairechez SeaFrance. Jusqu’à présent, la plupart des observateurs considéraient que le projet de SCOP était condamné à êtrerejeté par le tribunal, en raison d’un financement insuffisant et d’un business plan fragile. Selon Libération, le PDG d’Eurotunnel, Jacques Gounon, a envoyé, vendredi, aux administrateurs judiciaires, Emmanuel Hess et Christophe Thévenot, une lettre dans laquelle son groupe exprime « le souhait de pouvoir se porter acquéreur de tout ou partie des actifsdeSeaFrance envue depréserver les chances de recréer une activité maritime au départ de Calais ». Toutefois, précise le courrier, cette option ne pourra être explorée que si la cession des actifs de SeaFrance est « consécutive à sa liquidation ». « Toutes bonnes à étudier » «Je considère aujourd’hui que la proposition de SCOP est celle qui est la plus crédible car la plus acceptable socialement, affirme M. Gounon dans un entretien accordé à Libération. Ce projet est soutenu par la majorité des salariés de Sea- France et permettrait de maintenir un maximum d’emplois à Calais. » L’exploitant du tunnel sous la Manche est candidat pour contrôler au moins 51 % d’une « structure deportage»quirachèteraitlesnavires de SeaFrance et les louerait à la SCOP, chargée de l’exploitation. « Toutes les propositions sont bonnes à étudier », réagit Thierry Mariani, le ministre des transports. Un cadre de SeaFrance se dit, lui, surpris par les déclarations de M. Gounon car Eurotunnel s’était heurté, jadis, aux troupes de la CFDT Maritime nord : elles avaient occupé des emprises du chantier du tunnel sous la Manche, lors de mouvements de protestation. Pour ce même cadre de SeaFrance, l’offre d’Eurotunnel peut aussi être une façon de faire « monter les enchères » sur les bateaux de la compagnie de ferries. Si leur prix augmente, cela complique la tâche du tandem Louis Dreyfus Armateur-DFDS, qui reste intéressé par une reprise de SeaFrance. Préoccupé par ce dossier social à moins de quatre mois du premier tour de l’élection présidentielle, Nicolas Sarkozy avait organi- sé, dimanche à l’Elysée, une réunion interministérielle pour étudier les différentes solutions de sauvetage. La ministre de l’écologie et des transports, Nathalie Kosciusco-Morizet a par ailleurs évoqué la possibilité de reclassement d’une partie des salariés dans la maison mère. « La SNCF pourrait proposer un reclassement à 260 personnes », a-t-elle précisé à l’Agence France-Presse. p Bertrand Bissuel n Lire aussi page 16 Notre enquête sur SeaFrance 0123 société Mardi 10 janvier 2012 11 Pour limiter Tarnac:lajusticeenquêtesurdesécoutes les «abus», illégalesmenéesavantl’affairedusabotage La juge instruit sur le chef d’atteinte au secret des correspondances et à l’intimité de la vie privée l’abattage rituel sera mieux encadré C Les animaux abattus rituellement ne devraient plus être commercialisés dans la filière classique L es défenseurs des animaux y ont vu une victoire. Les religieuxun«compromis»acceptable. Un décret, paru le 28 décembre 2011, prévoit de durcir la réglementation en vigueur sur l’abattage rituel. Apparemment technique, le sujet alimente depuis des mois des querelles entre les « animalistes» et les communautés juiveetmusulmane,adeptesdeceprocédé qui suppose de tuer les animaux sans les avoir étourdis au préalable. Il est aussi devenu politique depuis que des groupes identitaires proches de l’extrême droite ont saisi là un moyen de dénoncer une forme de « communautarisme». Arbitres de ces débats éthicopolitiques, les pouvoirs publics en discutent de manière récurrente aux niveaux français et européen. C’est dans ce contexte que la France, qui défend la dérogation accordée depuis 1962 aux religieux dans cedomaine,publiecedécret.«Ilpermettradesortirdelastigmatisation et des polémiques », estime-t-on au ministère de l’agriculture, où l’on insiste sur « la concertation entre religieux, défenseurs des animaux et responsables d’abattoirs ayant permis d’aboutir à ce texte». « Stigmatisation » A partir de juillet, les abattoirs devront justifier auprès du préfet « d’un matériel adapté et d’un personnel formé, de procédures garantissant des cadences et un niveau d’hygiène adaptés à cette technique d’abattage ». Surtout, les professionnels devront disposer « d’un système d’enregistrement permettant de vérifier que l’usage de la dérogation correspond à des commandescommerciales». Autrement dit, les animaux abattus rituellement ne doivent être destinés qu’à la consommation halal ou cachère et non se retrouver dans la filière commerciale classique. Cette pratique, régulièrement dénoncée par les pourfendeurs de l’abattage rituel, se serait développéecesdernières années et justifierait la nouvelle réglementation. « Pour des abattoirs qui pratiquent l’abattagerituel, ilest pluséconomique de faire du “tout halal” que de changer le process en cours d’abattage, quels que soient leurs clients », souligne la spécialiste du halal Florence Bergeaud-Blackler.Auministère de l’agriculture, on reconnaît que « 10 % à 12 % des bovins et 75 % des ovins sont abattus selon cette pratique », des « abus » qui ne correspondent ni à la consommation française ni aux volumes exportés vers les pays musulmans. En ce qui concerne le rituel juif, la question se pose pour d’autres raisons.Laloi juiveinterdit demanger l’arrière de la bête ; aussi, entre 50 % et 70 % de la viande abattue rituellement est jugée impropre à la consommation des pratiquants. Elle est en revanche écoulée dans le circuit classique. Si les contrôles sont effectifs, limiter l’abattage rituel aux commandes devrait permettre de connaîtrelevolume deviandeabattue de cette manière en France et « favoriser les bonnes pratiques », estime Mme Bergeaud-Blackler. Les responsables du Conseil français du culte musulman (CFCM) voient dans ce texte un moyen d’assainir un marché où règnent fraude et approximations. Fethallah Otmani,responsabled’AVS,l’un desprincipaux organismes de certification de la viande halal, craint toutefois que « ces nouvelles contraintes rendent l’abattage rituel plus complexe et que certains abattoirs reviennent à l’étourdissement préalable ». Les autorités juives se montreront « vigilantes », mais devraient pouvoir continuer à abattre rituellement le nombre de bêtes nécessaires à la communauté, en tenant compte des contraintes de lacacherout. Ce décret constitue aussi à leurs yeux un moindre mal par rapport à « l’étiquetage », réclamé dans plusieurs pays européens et repris en 2010 par une cinquantaine de députés UMP. Au nom de l’information du consommateur, ces derniers, – qui ont finalement retiré leur texte –, demandaient qu’il soit précisé sur l’emballage que les bêtes ont été tuées sans étourdissement préalable. Or, cet étiquetage est perçu par la communauté juive comme « une stigmatisation », rappelle le rabbin Bruno Siszon, responsable de ce dossier auprès du grand rabbin de France. Cette pratique pourrait donner lieu à des « campagnes de boycott ». « Si on étiquette pour le rituel, il faut le faire pour tout : préciser comment les bêtes ont été étourdies, rappeler que 6 % à 16 % des étourdissements sont inefficaces chez les bovins… » La Commission européenne devrait se pencher à nouveau sur l’étiquetage dans les prochains mois. De leur côté, les Pays-Bas ont tenté d’interdire l’abattage rituel, avant d’y renoncer en décembre 2011. La pratique est déjà proscrite en Suède, en Norvège, en Suisse. Dans ce contexte, le décret français anticipe une réglementation européenne attendue pour 2013 visant à renforcer « le respect du bien-être animal » dans les abattoirs. Il permet aussi d’échapper à l’étiquetage, dont le gouvernement ne veut pas, et confirme l’attachementde la France– qui compteles plus fortes communautés juive et musulmane d’Europe –, à la dérogation accordée aux religieux au nom de la «liberté de culte ». p Stéphanie Le Bars Karachi Dominique de Villepin entendu par les juges L’ancien premier ministre Dominique de Villepin a été convoqué, lundi 9janvier, par les juges Renaud Van Ruymbeke et Roger Le Loire pour être entendu dans le volet financier de l’affaire de Karachi. «Je suis très heureux de cette occasion de pouvoir contribuer à la vérité », a déclaré l’ancien secrétaire général de l’Elysée sous la présidence de Jacques Chirac. Sécurité Claude Guéant crée une « haute autorité » Le ministre de l’intérieur, Claude Guéant, devait installer, lundi 9 janvier, le Conseil national des activités privées de sécurité (CNAPS), une « haute autorité » destinée à moraliser, réglementer et surveiller les entreprises de ce secteur. Près de 1 000 entreprises se créent chaque année, embauchant anciens policiers, gendarmes ou militaires. – (AFP.) Police Neuf personnes interpellées à Clermont-Ferrand Neuf personnes ont été interpellées à Clermont-Ferrand, samedi 7 et dimanche 8 janvier, après l’incendie d’une trentaine de véhicules durant les nuits précédentes. Ces événements font suite à l’interpellation violente, la nuit de la Saint-Sylvestre, d’un homme qui tombera dans le coma après son arrestation. ’est une nouvelle petite victoire pour les mis en examen de Tarnac (Corrèze), soupçonnés depuis novembre 2008 d’avoir saboté des lignes de la SNCF. Une information judiciaire a été ouverte dans l’affaire des écoutes sauvages de l’épicerie gérée par le petit groupe, un dossier annexe au sabotage. La juge d’instruction de Brive-laGaillarde a estimé, le 3 janvier, qu’il y avait lieu à instruire sur le chef d’« atteinte au secret des correspondances » et d’« atteinte à l’intimité de la vie privée » que le procureur dela République souhaitaitécarter. Pour Me William Bourdon, l’avocat de la société du Magasin général de Tarnac, qui avait porté plainte avec constitution de partie civile en février 2011, la justice rentre ainsi dans la «phase sombre du dossier». Le 11 novembre 2008, neuf personnes appartenant à la mouvance « anarcho-autonome » sont interpellées à Tarnac (Corrèze) et Paris. Elles sont accusées d’avoir posé des crochets métalliques sur des caténaires pour désorganiser les lignes de la SNCF en octobre et novembre 2008. A l’issue de leur garde à vue, quatre d’entre elles sont remises en liberté, cinq sont placés en détention provisoire. Tous sont mis en examen pour « association de malfaiteurs en vue de la préparation d’un acte terroriste », sauf Julien Coupat, considéré comme le leader du groupe, qui est mis en cause pour « direction ou organisation d’un groupement formé en vue de la préparation d’un acte terroriste ». Installé dans le petit village de Corrèze depuis le début des années 2000, le groupe s’occupe d’une épicerie-bar-restaurant et élève des animaux sur les 40 hectares de la ferme du Goutailloux. La qualification terroriste des faits, le maintien en détention de M.Coupat jusqu’en mai 2009 sont largement médiatisés ainsi que le contrôle judiciaire strict imposé dans un premier temps aux remis en liberté. La fragilité des éléments àchargedecequelaministredel’intérieur de l’époque, Michèle AlliotMarie, avait qualifié d’« opération L’épicerie de la communauté « anarcho-autonome » à Tarnac, le 11 novembre 2008. VINCENT MOULIN/PHOTOPQR/MAXPPP réussie» dans le « milieu de l’ultragauche » est assez vite apparue. Notamment les accusations d’un témoin sous X, rapidement démasqué par la presse et qui aurait subi des pressions des policiers. Zones d’ombre L’affaire des écoutes, quant à elle, est antérieure aux sabotages. Tout débute en mars 2008, alors que le groupe vit tranquillement à Tarnac.Gaëtan Fussi, l’un des cogérants de l’épicerie, qui ne sera pas concerné par l’affaire des sabotages, remarque que les télédéclarations de carte bancaire, par l’une des deux lignes téléphoniques du magasin, ne sont plus effectuées. La petite équipe se tourne d’abord vers sa banque. Après une série de tests et un changement de machine, toujours rien. Le problème vient de la ligne téléphonique. Un technicien de France Télécom se rend sur place, le 4 avril. Et là, dans le local technique, surprise : un boîtier d’origine inconnue est branché, en parallèle de la ligne. M. Fussi plaisante : et si c’était la police ? Le technicien répond, très sérieusement : « Ça se pourrait bien, je vais appeler mon chef, on verra bien. » Après le coup de fil du technicien à son responsable, M. Fussi comprend qu’il s’agit bien d’un dispositif d’espionnage et le boîtier est débranché. Le petit groupe a donc été écouté. Ce n’est pas forcément une surprise. En 2008, la mouvance de l’ultragauche fait l’objet de toutes les attentions du renseignement français. Trois membres du groupe de Tarnac sont fichés aux renseignements généraux dès 2002, après une occupation sur le campus universitaire de Nanterre ; en 2005, la fiche de Julien Coupat est modifiée pour « mise sous surveillance » ; en janvier 2008, enfin, Julien Coupat et sa compagne Yldune Lévy ont été signalés par le FBI après s’être soustraits à un contrôle d’identité à la frontière canadienne. Pour autant, « aucun fondement juridique ne pouvait justifier une quelconque écoute », souligne Me Bourdon. L’enquête préliminaire pour « association de malfaiteurs à visée terroriste » n’a été ouverte par le parquet de Paris que le 16 avril 2008. Elle fait suite à un signalement du groupe au procureur par la sous-direction antiterroriste de la police judiciaire. Sur quelles bases le groupe a-t-il été signalé à la justice, et donc sur- veillé de manière officielle, puis misencause dansl’affairedessabotagesdelignesSNCF ? Sides écoutes illégales étaient à l’origine de ces procédures en cascade, c’est tout le dossier qui pourrait être touché. Car l’instruction de Brive vient s’ajouter à une autre information judiciaire ouverte en novembre 2011 par le parquet de Nanterre pour « faux et usages de faux en écriture publique » concernant un procès-verbal policier. Le « PV104 » est une pièce majeure du dossier. Il s’agit du compte rendu de la filature de Julien Coupat et Yldune Lévy la nuit des sabotages sur les lignes de la SNCF, les 7 et 8 novembre 2008. Pour la police, il prouve que le couple se trouvait à proximité d’une des lignes sabotées, en Seineet-Marne. Selon la défense, il est truffé d’incohérences, peut-être destinées à masquer la pose illégale – là encore – d’une balise sous la voiture de Julien Coupat. Autant de zones d’ombre qui pèsent sur l’instruction principale concernant les faits de sabotage que le juge d’instruction Thierry Fragnoli devrait boucler dans les prochains mois, après d’ultimes auditions. p Laurent Borredon Un ex-patron de la DST soutient la libération d’Abdallah L e préfet Yves Bonnet a des remords. L’ex-patron de la direction de la surveillance du territoire (DST) dénonce, dans La Dépêche du Midi du 7janvier, le prolongement de la détention de Georges Ibrahim Abdallah, incarcéré en France depuis octobre1984. Selon Yves Bonnet, qui a dirigé le renseignement français de 1982 à 1985, le maintien de ce Libanais en détention, ex-chef de la fraction armée révolutionnaire libanaise (FARL), résulterait d’une vengeance d’Etat. « Aujourd’hui, presque trente ans après les faits, je trouve anormal et scandaleux de maintenir Georges Ibrahim Abdallah en prison », s’indigne M.Bonnet, qui demande à être entendu par la justice dans ce dossier. A la suite de son arrestation, M.Abdallah avait d’abord été condamné à quatre ans de prison pour détention d’armes et usage de faux papiers, avant d’être condamné à perpétuité pour des meurtres commis en France. Yves Bonnet raconte qu’au moment où la police française met la main sur Abdallah, elle n’a pas grand-chose contre lui: « Juste une histoire de faux papiers, de détention d’armes et d’explosifs. » Son identité et son appartenance à l’organisation marxiste propalestinienne sont alors inconnues des policiers. Ce n’est qu’après des renseignements obtenus auprès du chef du renseignement de l’OLP et des ser- vices israéliens que la DST parvient à identifier son prisonnier. Un an plus tard, les hommes d’Abdallah décident d’imposer la libération de leur chef. Ils enlèvent le directeur du centre culturel de Tripoli, Gilles Sydney Peyroles, fils de l’écrivain Gilles Perrault. Il sera libéré après des tractations menées sous l’égide des autorités algériennes, tractations aux termes desquelles Yves Bonnet s’engage à relâcher Ibrahim Abdallah. Problème : dans le même temps, des enquêteurs découvrent une planque de la FARL à Paris, qui renferme notamment une arme qui a servi dans le double assassinat, à Paris en 1982, d’un attaché militaire américain et d’un diplomate israélien. En janvier 1987, la justice française, qui ignore tout du marché entre l’Algérie et M.Bonnet, condamne M.Abdallah à la réclusion criminelle. Le Libanais est enfermé à la centrale de Lannemezan. Depuis 2002, terme de dixhuit ans de réclusion, il peut bénéficier d’une libération conditionnelle, mais ses sept demandes, selon son comité de soutien, ont toutes été rejetées. Motif : rentré dans son pays, le Libanais pourrait renouer avec ses activités. « J’ai un problème de conscience avec cette affaire, assure M.Bonnet. La France a trahi sa parole donnée et on a voulu faire croire qu’à l’époque j’avais négocié tout seul. » A l’en croire, le ministre de l’intérieur socialiste de l’époque, Pierre Joxe, qui ne s’était pas opposé à l’accord passé avec les Algériens, était au courant. Aujourd’hui, M.Bonnet estime qu’Ibrahim Abdallah «avait le droit de revendiquer les actes commis par la FARL, comme des actes de résistance ». Et de rappeler le contexte de guerre qui prévalait alors. Au-delà, Yves Bonnet relève que l’assassin de Chapour Bakhtiar, l’ex-premier ministre iranien tué à Neuilly-surSeine en 1991, a été remis en liberté moins de vingt ans après les faits en 2010. p Yves Bordenave 0123 économie Mardi 10 janvier 2012 13 La course contre la montre des banques pour se recapitaliser En Europe, elles doivent trouver 115milliards d’euros d’ici le 30juin L e secteur bancaire européen s’apprête à entrer dans une nouvelle zone de turbulences, dont il ne sortira pas avant le mois de juin. Les banques du Vieux Continent ont jusqu’au 20 janvier pour remettre à leurs autorités de tutelle nationales leur plan de recapitalisation. Prenant peur devant l’ampleur de la crise des dettes souveraines, un deuxième choc financier majeur pour le secteur en moins de quatre ans, l’Autorité bancaire européenne les a sommées d’augmenter leurs fondspropres en un temps record. Elles doivent trouver 115 milliards d’euros de capitaux nouveaux avant le 30 juin, soit en puisant dans leurs bénéfices, soit auprès des investisseurs sur les marchés financiers ! En cas d’échec, les fonds publics seraient mis à contribution. L’entrée en récession probable de la zone euro nourrit l’inquiétude sur la capacité des banques à réaliser des profits suffisants pour les mettre en réserve, et donc, se débrouiller seules. Dans ce cas, les marchés pourront-ils absorber des augmentations de capital à répétition, en Allemagne, en Italie et en Espagne, où les besoins de capitaux des banques sont élevés avec respectivement 13, 15,3 et 26,6 milliards d’euros à trouver ? Ces émissions d’actions trouveront-elles preneurs auprès des fonds d’investissement et de pension, alors que les Etats sollicitent eux aussi le marché pour leurs dettes nouvelles ? Un effort inédit Vendredi 6 janvier, l’augmentation de capital de la première banque italienne, Unicredit de 7,5 milliards d’euros, à des conditions bradées (– 43 % de décote), dans un marché tétanisé par le risque, a donné un signal préoccupant. La veille, le ministre de l’économie espagnol Luis de Guindos avait créé un début de panique, en annonçant que le secteur bancaire devrait constituer… 50 milliards d’euros de provisions de plus, pour nettoyer ses comptes face à l’éclatement de la bulle immobilière ! L’italienne Unicredit, comme l’espagnole Santander, ou l’allemande Commerzbank sont des établissements « systémiques », dont la stabilité fonde celle du système bancaire européen. « Les banques constituent l’un des grands risques d’une année 2012 particulièrement redoutée, à multiples inconnues, estime JeanLouis Mourier, économiste chez Aurel BGC. Les cartes seront rebattues,le poids des anciens actionnaires dans le capital des banques va se retrouver dilué. » « C’est l’année de tous les dangers,un pépin sur l’émission obligataire d’un Etat et la machine européenne s’enraye, les banques le redoutent et pour la première fois, nous entendons des dirigeants comme le PDG de la Société générale, Frédéric Oudéa, nous mettre en Une banque fermée à Athènes pendant la grève générale, le 28 juin 2011. ALKIS KONSTANTINIDIS/AFP garde contre deux années terribles en 2012 et 2013 », souligne de son côté Franklin Pichard, le patron de la société de Bourse de Barclays. Les faibles volumes d’échange constatés sur les marchéset la volatilité record des cours de Bourse ne faciliteront pas la tâche des banques contraintes de s’y présenter. Pas plus que la frilosité des investisseurs. « Nous donnons la priorité à la couverture des risques dans nos portefeuilles d’investissements et commençons même à “arbitrer” l’Europe au profit des Etats-Unis, où tous les indicateurs économiques depuis septembre sont bons », affirme ainsi M. Pichard. La Grèce veut effacer plus de la moitié de son endettement privé PRISE EN ÉTAU entre la récession économique et une dette pléthorique, la Grèce accentue la pression sur ses créanciers. Les négociations entre Athènes et les banques visant à gommer la moitié au moins de son endettement auprès du secteur privé s’accélèrent: le gouvernement souhaiterait conclure les pourparlers au plus vite, avant le retour des représentants de la « troïka » – le Fonds monétaire international (FMI), la Banque centrale européenne (BCE) et la Commission européenne – prévu lundi 16 janvier. Pour le gouvernement grec, l’objectif est de ramener son niveau d’endettement, aujourd’hui de plus de 160 % de son pro- duit intérieur brut, à 120 % d’ici 2020, mais aussi de se trouver dans une meilleure position pour négocier les prochaines échéances. Faute d’accord rapide, prévient-on à Athènes, « nous serions sortis des marchés et de la zone euro et les choses deviendraient pires ». Eviter le terme de « défaut » Autrement dit, les créanciers n’ont pas le choix. Message bien reçu ? Baudouin Prot, président de BNP Paribas, à la tête du comité de pilotage des négociations côté créanciers privés, affirmait vendredi 6 janvier sur la radio BFM que les parties étaient « très proches d’un accord ». Mais jusqu’où les créanciers seront-ils prêts à aller de façon « volontaire » ? Leur participation sans contrainte au plan « Private Sector Involvement » (PSI) est nécessaire pour effacer une partie de la dette grecque sans employer le terme de « défaut ». Or, l’accord du 27 octobre 2011, qui prévoyait que les créanciers privés abandonnent 50 % de la valeur de leur dette, semble désormais obsolète. La récession dans laquelle s’enfonce la Grèce justifie pour eux d’abandonner davantage, a affirmé vendredi 6 janvier lors d’un entretien télévisé l’économiste en chef du FMI, Olivier Blanchard. Seul bémol : banques, assureurs et fonds d’investissement L’Italie se divise sur la libéralisation des horaires du commerce Depuis le 1 janvier, les commerces peuvent gérer, sans autorisation, leur durée d’ouverture L e début des soldes, mercredi 5 janvier, constituait un test pour la libéralisation des horaires des commerces, introduite dans le cadre du plan anticrise italien, présenté le 22 décembre 2011 par le président du conseil, Mario Monti. Depuis le 1er janvier, tous les commerçants de la Péninsule peuvent décider, sans requérir d’autorisation préalable, de la durée d’ouverture de leur négoce – même 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 –, qu’il s’agisse de bars, de magasins d’habillement ou de meuble, de restaurants, etc. La régulation du commerce étant une prérogative des régions, le Piémont, la Toscane et les Pouilles ont décidé qu’elles n’appliqueraient pas les nouvelles mesures. « C’est un autre cadeau à la grande distribution et un coup de bâton pour les petites entreprises. Le consumérisme n’est pas la bonne réponse à la crise », a réagi le président de la Toscane, Enrico Rossi (gauche). « Cela n’apportera pas de bénéfices pour les consommateurs et causera de gros problèmes aux petits commerces », a renchéri son collègue de la région Piémont, Roberto Cota (Ligue du Nord). De nombreux commerçants de détail, déjà pénalisés par une consommation en baisse pendant les fêtes (entre – 2 % et – 10 % selon les secteurs), craignent que les nouvelles dispositions profitent avant tout à la grande distribution. Test pour le gouvernement Les associations de consommateurs applaudissent dans l’espoir que la concurrence ainsi créée Mario Monti : « L’Italie n’est pas irresponsable » Mario Monti, le président du conseil italien, veut démontrer à Angela Merkel, la chancelière allemande qu’il rencontre à Berlin mercredi 11 janvier, que « l’Allemagne tire profit du marché unique et de l’euro », comme il l’a déclaré à la chaîne publique RAI 3, dimanche 8 janvier. Afin de rassurer une opinion allemande « inquiète de devoir payer pour les comportements insouciants d’autres pays », M. Monti veut faire valoir « que l’Italie est loin d’avoir des comportements irresponsables ». Et si l’Italie fait désormais preuve de vertu, a-t-il ajouté, « nous ne le faisons pas parce que l’Union nous le demande, mais parce qu’il est de notre devoir de prendre des décisions collectives pour dissiper le doute sur la solidité de l’euro, afin de ne pas mettre en péril l’avenir de nos enfants ». gue leur permettrait d’être associés au redressement de l’économie grecque. De l’issue de ces discussions dépend l’avenir du marché des dettes souveraines en zone euro. Un échec achèverait de dissuader les investisseurs d’y investir, alerte une source proche des négociations. In fine, de l’avis des experts, la renégociation de la dette grecque pourrait se solder par un compromis autour d’une décote de 60 %. Même dans ce cas la pilule serait parfois dure à avaler. Le secteur bancaire chypriote, très exposé à la dette grecque, serait ainsi très affaibli par ce plan. p Claire Gatinois, Anne Michel, Alain Salles (à Athènes) A. M. Des primes versées chez Dexia scandalisent er Rome Correspondant considèrent qu’au-delà d’un taux d’abandon de créances de 65 % ou 70 %, mieux vaudrait aller au défaut. Cela induirait, en vertu du principe d’équité entre créanciers, de partager les pertes avec le secteur public comme la BCE, gros détenteur de dette grecque. Le comité des créanciers l’a fait savoir aux dirigeants de la zone euro, convaincu que la peur du « pire » poussera le tandem Sarkozy-Merkel à favoriser un accord acceptable à leurs yeux, sous ce seuil des 70 %. Les créanciers négocient aussi sur le taux d’intérêt et la maturité des obligations grecques qui leur seront proposées contre leur participation. Une maturité lon- Par ailleurs, le resserrement du crédit qui découlera inévitablement de cet effort inédit de recapitalisation suscite les plus vives inquiétudes, parmi les économistes. Il pourrait mettre à mal le redémarrage de l’économie en zone euro. En Asie, la Chine, qui avait prisdesmesuressemblablesderenforcement du capital de ses banques,aprisconsciencedel’effetpervers lié à un renforcement des normes prudentiellespar temps de crise. Elle est revenue en arrière, en décembre2011. Nicolas Véron, économiste au centre de recherche Bruegel, critiquelaméthodeemployéepourévaluer les besoins en capitaux du secteur bancaire, et le moment choisi pour recapitaliser. « On a appliqué la notion de valeur de marché au capital réglementaire, c’est un non-sens, dit-il. En pleine crise, le remède sera pire quelemal.»M. Véron prédit un credit crunch (crise du crédit) majeur. « Le bilan de cette recapitalisation sera négatif, les banques n’avaient pas toutes besoin d’être recapitalisées en urgence. Or elles n’ont d’autre choix que de vendre ces actifs ou de bloquer le crédit. » p aura un effet bénéfique sur les prix. Selon une enquête Ipsos de juillet 2011, 78 % des Italiens sont favorables à la libéralisation des horaires « dans les villes touristiques ». Pour le gouvernement, il s’agit d’un test. Après avoir présenté un plan de rigueur (le troisième en six mois) de 20 milliards d’euros, l’équipe des « professeurs » de M. Monti souhaite s’attaquer à la relance et libéraliser le monde de l’entreprise et du travail, entravé, selon eux, de règles qui sont des « freins à la croissance ». Les propositions sont attendues dans le courant du mois. Dans leur collimateur : l’article 18 du Code du travail, qui encadre strictement les licenciements, et nombre d’ordres hérités du fascisme, qui régissent et protègent certainesprofessions (médecins, ingénieurs, architectes, psychologues, vétérinaires, notaires). M. Monti, qui a rappelé dimanche 8 janvier son intention de « faire plus de place à la concurrence et au mérite », devrait se heurter à de vives résistances. Les syndicats dans leur ensemble sont opposés à toute réforme du statut des travailleurs, et les lobbies sont à l’œuvre pour entraver les dérégulations promises. Une première tentative en vue de libéraliser les professions de pharmacien et de chauffeur de taxi s’est soldée par un retrait. p Philippe Ridet L es Belges, soumis à une sévère cure d’austérité, trouvent la nouvelle saumâtre, voire révoltante : le personnel de Dexia Holding, la « bad bank » dans laquelle ont été logés tous les actifs toxiques du groupe Dexia juste avant son démantèlement, en octobre 2011, ont reçu de coquettes primes de fin d’année. De 2 500 à 40 000 euros brut, soit en moyenne 4 000 euros net pour les quelque 320 personnes chargées de revendre les filiales qui peuvent l’être et éviter à l’Etat belge de faire jouer la garantie qu’il a dû apporter à Dexia. Pour éviter le naufrage de cet établissement jugé « systémique », le gouvernement chargé des affaires courantes avait dû provisionner quelque 54 milliards d’euros, la France et le Luxembourg fournissant le solde d’un montant total de 90 milliards. En 2008, Dexia avait déjà bénéficié d’une garantie de 150 milliards. 10 milliards d’euros de pertes Comment, dans ce contexte, justifier des primes au personnel, révélées vendredi 6 janvier par la presse financière ? Un porte-parole de Dexia Holding – rebaptisée « Toxia » par certains esprits farceurs – a expliqué que la banque craignait de voir un personnel très spécialisé céder aux sirènes de la concurrence. Or, sans lui, impossible d’imaginer un atterrissage en douceur pour cette société en très mauvais état. D’où la nécessité de conjurer le risque en mobilisant les montants qui pouvaient encore l’être. En 2011, Dexia Holding a essuyé des pertes de 10 milliards d’euros. Autre précision : le personnel de Dexia Holding a reçu l’assurance d’un reclassement dans Dexia Banque, actuellement propriété de l’Etat. En bonne santé, puisqu’elle a été débarrassée de ses actifs douteux, celle-ci a tenu à préciser qu’elle n’avait, de son côté, pas octroyé de primes, qu’elle se conforme aux règles définies par le nouveau gouvernement, qui interdisent les rémunérations variables et les « avantages spéciaux » dans les entreprises contrôlées par l’Etat. Et qu’elle va sans doute hâter son changement de nom, histoire d’éviter toute confusion et de rompre avec un passé qui ne passe pas. Critiqué pour sa passivité, le gouvernement fédéral tente de se défendre. « Je n’ai pas de prise sur le management quotidien », a indiqué le ministre des finances, Steven Vanackere. D’après lui, l’octroi de primes est « un volet de la politique du personnel ». Il reste à savoir pourquoi les représentants de l’Etat ont, semble-t-il, accepté sans broncher cette décision. Certains syndicats ont, il faut le noter, approuvé la mesure. « Les cadres de la holding sont des employés qui méritent d’être défendus, et ils ne portent aucune responsabilité dans la chute de Dexia. Ils ont, en outre, vu leur rémunération variable supprimée », a indiqué une responsable du syndicat chrétien LBC-NVK. Des députés, dont ceux du parti socialiste flamand SP.A – membre du gouvernement d’Elio Di Rupo – ont promis d’exiger des explications. Une commission d’enquête parlementaire se penche depuis plusieurs semaines sur la gestion de Dexia et les raisons de son effondrement. Beaucoup doutent qu’elle parvienne à désigner les coupables, tant ils sont nombreux… p Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, Correspondant) CANAPÉS CHESTERFIELD À PARTIR DE 1 890 € SOLDES Cuir mouton pleine fleur vintage Fabrication artisanale - Tous coloris possible 80, rue Claude-Bernard - 75005 PARIS Tél. : 01.45.35.08.69 - www.decoractuel.com 14 0123 économie Mardi 10 janvier 2012 Hiver printanier, pouvoir d’achat réduit: Endifficulté,Sony on n’attend pas de ruée sur les soldes pourraitchanger La multiplication des opérations de promotion réduit la portée de l’événement commercial deprésidentdèsavril S ans que ce soit dit, les soldes ontdémarréavantladateofficielle, prévue, cette année, mercredi11janvierpourcinqsemaines. Déjà, les cartons d’invitation pour les « ventes privées » étaient arrivés début janvier par brassées chez les fidèles clients des marques de prêt-à-porter – de Gap à Kookaï, Sandro, Kenzo et même Monoprix. Presque toutes les boutiques de mode affichaient aussi sur leurs vitrines, parfois depuis avant Noël, des rabais, des promotions, des remises, et autres prix d’ami, à – 30% auminimum. En prenantsoin de ne jamais qualifier ces opérations de « soldes », strictement encadrés par la législation. Depuis la création, en 2009, des « soldes flottants » (les deux semaines supplémentaires que les commerçantspeuventutiliserdansl’année pour brader leurs collections), bon nombre de clients demandent des baisses de prix en dehors des soldes, affirme François-Marie Grau, secrétaire général de la Fédération française du prêt-à-porter féminin. Réussir à acheter à prix fort un vêtement est devenu une exception. « Cette politique affaiblit l’aspect événementiel des soldes et fait croire au consommateur que les prix non barrés ne sont pas sincères», regrette M.Grau. De plus en plus contournés par les commerçants, les soldes doiventleursuccèsàunfaisceaudefacteurs aussi prosaïques que l’état des finances des consommateurs, leurmoralou lesconditionsmétéorologiques… Aucun de ces critères ne semble aller de soi cet hiver. Selon un sondage Ipsos réalisé pourleConseil nationaldescentres commerciaux (CNCC), les Français devraient être un peu moins nombreux à se ruer dans les magasins pour faire des affaires (76 % prévoient de faire les soldes, contre 85 % l’an dernier) et réduire quelque peu leur budget moyen (244 euros, contre 251 l’an dernier). Le Japonais Kazuo Hirai remplacerait l’Américain Howard Stringer, PDG depuis 2005 Tokyo Correspondance S Selon un sondage Ipsos, les Français prévoient de réduire un peu leur budget soldes, crise oblige. FRÉDÉRICK FLORIN/AFP «Lacriseetlamultiplicationdespromotions et soldes flottants auront unimpactsignificatifsurlecomportement des consommateurs », analyse le CNCC. « Toute l’année » sur le Web Les soldes concernent d’abord les vêtements et les chaussures. Or, les ventes de textile et d’habillement se sont effondrées depuis l’été. Pour la quatrième année consécutive, elles sont en repli (– 2,4 % entre janvier et octobre, selonl’Institutfrançais dela mode). Rien qu’en novembre, le marché a dévisséde 6,7 %. Dans les arbitrages financiers, « l’habillement “contraint” ne concerne plus que la garde-robe des enfants – forcément renouvelée quand ils grandissent – et les vêtements chauds », affirme Jean-Marc Genis, président exécutif de la Fédération des enseignes de l’habillement (qui regroupe une centaine d’adhérents, dont Zara, Gap, H&M, C&A…). Quant à la météo, particulièrement clémente depuis cet automne, elle n’a pas incité à faire trop de folies pour acheter doudounes ou bottes. Heureusement, commente M. Genis, les enseignes gèrent désormais avecprudenceleur niveaude stock, en renouvelant constamment leurs collections. A qui profiteront les soldes ? «Essentiellement aux enseignes qui bénéficient des retombées financières des touristes», dit Claude Boule, président exécutif de l’Union des commerces de centre-ville. Les Galeries Lafayette et le Printemps, boulevard Haussmann à Paris, attendent respectivement, mercredi, entre 220 000et 250000 clients et 150 000 acheteurs. Une nouvelle fois, les soldes devraient aussi apporter des flots d’or au commerce en ligne, régi dans le domaine par la même législation que les boutiques en dur. Selon une étude du Center for Retail Research commandée par Kelkoo, Internet devrait générer 12,5 % du chiffre d’affaires des soldes d’hiver. Boris Saraglia, PDG de Spartoo.com, attend 4 millions de visiteursmercredi. Le site, qui réalise habituellement près d’un tiers de ses ventes en période de soldes, promet jusqu’à 70% de rabais. Brandalley, qui se veut le premier grand magasin en ligne, attend 1,5 million de visiteurs et 150 000 « mobinautes » (sur iPhone et Android) mercredi. Il réitère son offre de « préréservation » la veille des soldes, qui avait permis l’andernier à 35000 internautesde préempter les habits de leurs rêves. Chez Venteprivée.com, le principal site français de déstockage d’invendus de marques, on résume l’affaire:«Cheznous,cesontlessoldestoutel’année.»Oul’évolutioninéluctable du secteur. p Nicole Vulser ur le point d’afficher des pertes nettes pour la quatrième année consécutive, Sony, le géant japonais de l’électronique grand public, pourrait accélérer la transition à sa tête en nommant dès le mois d’avril Kazuo Hirai au poste de président. Agé de 51 ans. M. Hirai a mené la quasi-totalité de sa carrière chez Sony, principalement dans le domaine des contenus : jeux vidéo, musique et films. Il est l’un des artisans de la réussite de la console PlayStation dans les années 1990. Ses succès lui ont permis d’accéder en 2006 à la tête de la division Sony Computer Entertainment et, en avril2011,aupostededirecteurexécutif adjoint. Depuis, il se concentre sur les contenus utilisables sur différents supports, tablettes, consoles ou encore smartphones. Si sa promotion se confirmait, M. Hirai hériterait d’un poste aujourd’hui occupé par l’Américain Howard Stringer, 69 ans, à la têtedu groupedepuis2005. Lesresponsabilités de M. Stringer se verraient réduites mais il devrait rester directeur général et président du conseil d’administration jusqu’en 2013, date initialement fixée pour son remplacement. Ces informations, largement reprisessamedi7janvierparlapresse nippone, n’ont cependant pas étéconfirmées. Dansun communiqué diffusé le même jour, Sony ne dément pas mais précise que « rien n’est à ce jour décidé ». Le choix de M. Hirai ne surprendrait guère. En 2011, M. Stringer avait estimé qu’il représentait « le candidat naturel » pour lui succéder à la tête de Sony. Nommé dans ses nouvelles res- ponsabilités,M. Hiraiauraitla charge de mener une restructuration drastiquedesactivitésdel’entreprise, dont les résultats restent décevants. Le 2 novembre 2011, le groupe a annoncé une révision à la baisse de ses perspectives de résultats pour l’exercice clos fin mars 2012. Les ventes ne devraient pas dépasser 6 500 milliards de yens (66,3milliards d’euros) et les pertes nettes s’établir à 90 milliards de yens (919 millions d’euros). En juillet, Sony tablait sur des ventes à 7 200 milliards de yens (73,5 milliards d’euros) et un profit net de 60 milliards (612 millions d’euros). Un groupe très concurrencé Maisen 2011,legroupea souffert de l’appréciation du yen par rapport au dollar, de l’impact de la catastrophe de Fukishima, le 11mars,desconséquences demultiples cyberattaques contre son réseau PlayStation, des inondations en Thaïlande sans compter un contexte économique difficile aux Etats-Unis et en Europe. Son activité téléviseurs, que le groupe peine à rentabiliser, est dans une situation délicate. Très concurrencée par les conglomérats coréens Samsung et LG, victime d’une forte pression à la baisse des prix,elledevraitenregistrerundéficitpourla huitièmeannéeconsécutive, avec une perte opérationnelle record de 175 milliards de yens (1,7milliard d’euros). Cette situation a poussé Sony à réduire ses activités de production dans ce domaine. Fin décembre2011,legroupeaannoncél’abandon de sa participation dans la coentreprise S-LCD, établie en avec Samsung pour produire des écrans à cristaux liquides. p Philippe Mesmer Google mise sur des partenariats avec LG et Samsung pour relancer sa «Google TV» Le géant de l’Internet devrait annoncer l’arrivée de plusieurs nouveaux téléviseurs, fabriqués par les deux coréens et équipés de son logiciel L e Consumer Electronics Show (CES) de Las Vegas, la plus grande Foire annuelle de l’électronique grand public, qui a ouvert ses portes dimanche 8 janvier, devrait être l’occasion pour Google de donner un second souffle à sa Google TV, un système d’exploitation consacré à la télévision. Le coréen LG, deuxième fabricant mondial de dalles, a confirmé le 6 janvier la commercialisation d’une gamme de téléviseurs dotés de ce logiciel aux Etats-Unis. Selon Google, Samsung, le numéro un du secteur, devrait faire une annonce similaire mardi. Le géant américain de l’Internet avait dévoilé la première mouture de son produit au printemps 2010. C’était à la fois un navigateur pour consulter le Net sur la télévision et un moteur de recherche permettant, théoriquement, d’aller fouiller dans tous les contenus vidéo du Web (YouTube, etc.), mais aussi de « faire remonter » des programmes diffusés en vidéo à la demande, ou les émissions de télévision en direct. Les clients intéressés avaient lechoix entre s’offrir un nouveau téléviseur de la marque Sony, le seul constructeur à avoir choisi de préembarquer Google TV dans certaines de ses machines, ou garder leur téléviseur et lui adjoindre un modem de la marque Logitech, équipé de Google TV. Mais le succès n’a pas été au rendez-vous.Logitech a même qualifié ce partenariat « d’erreur colossale » : il est contraint de brader ses boîtiers à 99 dollars (77,60 euros) contre les 299dollars de départ. «Google n’a pas consacré le budget publicitaire qu’il aurait fallu pour imposer un produit dont la valeur ajoutée n’était pas évidente », note Andrew Frank, analyste du cabinet Gartner. Le nouvel équipement revenait plutôt cher et n’était pas très ergonomique: pour naviguer sur la télévision, il fallait un vrai clavier d’ordinateur ! Enfin, Google a eu du mal à convaincre les diffuseurs et les éditeurs de programmes télévisuels de référencer leurs contenus sur son moteur de recherche. Ces acteurs redoutaient de perdre le contact avec leurs téléspectateurs, l’écrand’accueildutéléviseurdevenantlemoteur Google. Etdu même coup de voir s’échapper une partie de leurs revenus publicitaires. «Google s’est attaqué à un écosystème très complexe, avec beaucoup d’intervenants, des diffuseurs, des producteursdecontenus,desopérateurs de télécommunications… Il n’était pas prêt», juge Luc Dumont, un des responsables de la plate-forme de vidéo Dailymotion. Mais cette fois Google affirme avoir appris de ses erreurs. « Notre système est plus ergonomique et beaucoup plus simple à utiliser », affirme-t-on à Mountain View, le siège californien du groupe. Grâce àl’AndroidMarket,lemagasind’applications de Google disponible sur les téléviseurs « Google », les téléspectateurs devraient avoir accès à une cinquantaine d’applications développées spécifiquement pour la télévision et à plus de mille autres rendues compatibles. Google affirme qu’il sera aussi possible d’accéder à plus de 80 000 programmes de Netflix (spécialiste de la vidéo à la demande), YouTube ou des chaînes câblées. Côté matériel, LG a développé une télécommande gyroscopique, comme la manette de la console Wii de Nintendo, qui permet de choisir son programme simplement en pointant en direction d’une icône sur l’écran. Développement stratégique « Il commence à y avoir pas mal d’éléments pour le développement de la Google TV : les principaux équipementiers suivent, ce qui va créer un parc installé de machines, l’ergonomie est meilleure et la régie publicitaire de la Google TV aussi. Il ne manque plus que l’accord des diffuseurs de contenus », note Philippe Pestanes, du cabinet Kurt Salmon. Eric Carreel, un Français consacré à Las Vegas DANS l’électronique grand public, ultradominé par les groupes américains et asiatiques, c’est suffisamment rare pour être relevé. Deux PME françaises sont sorties du lot, dimanche 8janvier, jour d’ouverture du Consumer Electronics Show (CES), la plus grosse Foire mondiale du secteur, en recevant chacune un prix de « la meilleure innovation » du Salon: Withings, pour son pèse-bébé connecté à Internet ; Invoxia, pour un téléphone fixe utilisant l’iPhone comme interface. Ces dernières années, bien peu d’inventions hexagonales sont parvenues à se distinguer, à part les tablettes d’Archos, ou, en 2010, les mini-hélicoptères télécommandés de Parrot. Withings, qui avait déjà lancé un pèse-personne connecté à Internet (par le Wi-Fi) en 2009, propose désormais une version pour les enfants de moins de 25 kg, avec une application pour iPhone. L’objet permet d’établir des courbes de poids, de les partager avec ses proches ou son médecin. Invoxia, quant à lui, convertit l’iPhone en téléphone de bureau: il suffit de l’insérer dans un boîtier équipé d’un combiné classique. Quand l’utilisateur décroche ce dernier, la communication passe par le réseau fixe, mais l’interface reste celle du smartphone, avec son carnet d’adresses... Ces sociétés ont toutes deux été cofondées par Eric Carreel. A 52ans, cet ingénieur de formation est l’un des pionniers du « triple play », cette offre couplant l’accès à Internet, le téléphone fixe illimité et la TV sur l’Internet devenue un standard du marché français. Avec son complice et ex-professeur à l’Ecole supérieure de physique et de chimie de Paris, Jacques Lewiner, M.Carreel avait fondé, au début des années 1990, une première société, Inventel, qui a conçu les premières Livebox d’Orange-France Télécom. Des « next-billion industries » M.Carreel a aussi créé la société Sculpteo, qui propose un service d’impression de petits objets en trois dimensions. La PME a mis au point un logiciel de conception 3D utilisable par le grand public, avec un site Web ou une application iPhone, et adapté au prototypage rapide. Ses clients choisissent une forme en ligne, la personnalisent. Le fichier est transféré sur les imprimantes en relief de Sculpteo, qui superposent de multiples couches de plastique ou de résine. Ces start-up pèsent peu face aux géants. Invoxia et Sculpteo réalisent des chiffres d’affaires encore anecdotiques, Withings est tout juste rentable. Mais M. Carreel veut croire qu’il a choisi des créneaux d’avenir, la « e-santé», la communication entre machines, l’impression 3D… «Ce sont des “next-billion industries”, comme on dit aux Etats-Unis », prétend-il. «Réussir à faire parler de soi au CES, alors qu’il y a plus de 20 000 nouveautés présentées cette année, c’est déjà énorme », ajoute Xavier Dalloz, consultant pour de grandes sociétés françaises. p C. Du. Sans eux, le succès de la Google TV risque encore d’être compromis. Sur ce point aussi, Google semble avoir évolué : « Je pense que le groupe a, au fil du temps, développé un certain respect pour les éditeurs. Sa décision, en 2011, d’investir 100 millions de dollars dans l’achat de contenus pour sa filiale YouTube le prouve », selon M. Frank. Les constructeurs se veulent aussi rassurants envers les diffuseurs. « L’échec de Sony est dû au fait qu’il faisait porter un risque aux chaînes. Les choses ont changé. Nous, nous avons une connaissance du dialogue avec elles, nous avons réussi à négocier la présence de Canal+ ou NRJ TV », assure Alexandre Fourmont, directeur marketing chez LG. Pour Google, le développement sur la télévision est stratégique : c’est son principal réservoir de croissance, avec le mobile. Le groupe tire en effet l’essentiel de ses revenus de la vente d’espaces publicitaires. Or, c’est encore sur le petit écran que les annonceurs dépensent le plus. Mais le temps presse : la concurrence est féroce. Il y a tous les opérateurs de télécommunications qui fournissent du contenu télévisuel en plus de l’accès à Internet, Microsoft qui multiplie les partenariats pour diffuser de la vidéo à la demande ou de la télévision à péage (Canal+) sur sa console de jeux Xbox 360. Ou Apple, à qui la rumeur prête aussi de grandes ambitions dans le secteur… p Sarah Belouezzane et Cécile Ducourtieux 0123 15 économie Mardi 10 janvier 2012 Ma vie en boîte | Chronique par Annie Kahn Rires de crise Grève générale au Nigeria contre le doublement du prix des carburants La suppression d’une subvention pénalise les catégories vivant sous le seuil de pauvreté I l suffit parfois d’arpenter les couloirs d’un immeuble de bureaux pour apprendre la gamme. Celle des rires s’entend. Non pas que l’humeur y soit forcément au beau fixe. Car si le rire cristallin, tout en gaieté, déride tout un chacun, à l’opposé les rires étrangement sonores et appuyés dérangent, irritent, agacent, autant qu’une fausse promesse sur un emballage. Tant d’effort déployé pour signifier que l’on est heureux et que l’ambiance est bonne est suspect. Il est pourtant de bon ton d’en faire état. Être de bonne humeur est considéré comme une qualité en entreprise. Il faut l’afficher. «Rire est devenu une arme de management redoutable », estime Jawad Mejjad, docteur en sociologie, chercheur au Centre d’études sur l’actuel et le quotidien (CEAQ) à l’Université Paris-V-Sorbonne, dans un article paru le 2 janvier sur le site Atlantico.fr. De fait, le « management par le rire » a désormais pignon sur rue. C’est une méthode avec consultants et séminaires de formation. Certes, rire permet de relativiser un débat devenu trop intense au regard des enjeux défendus. « Voir les choses avec humour et dérision » serait le meilleur moyen de lutter contre le stress, estiment plus de 2 000 cadres sondés par le site de recherche d’emplois en ligne Monster. Rire est même bon pour la santé, argumentent certains spécialistes. Mais rire est aussi un moyen de détourner une conversation dérangeante. Il brise la communication, escamote les questions de fond. M. Meijjad est sévère. « Ce diktat du rire dans l’entreprise signale la souffrance qui s’y est installée, en raison du décalage entre les valeurs de l’entreprise et celles, déjà postmodernes, de la société. Au lieu de pleurer, les gens rient, indiquant ainsi qu’ils ont pris acte du changement et qu’ils sont prêts à mourir symboliquement, c’est-à-dire à tirer un trait sur les attitudes du passé, pour mieux renaître. » Les gens indiquent avoir tiré un trait sur les valeurs du passé pour mieux renaître Les hommes politiques sont au diapason. Après les discours sérieux d’un président Charles de Gaulle, se sont succédé les sourires éclatants de chefs d’Etat, affichant bien-être et joie de vivre. La dernière prestation du président de la République, Nicolas Sarkozy, le 31 décembre 2011, était d’un tout autre registre. Grave et sérieux. Crise oblige. Le mouvement va-t-il suivre en entreprise ? Où l’on rira peut-être moins, mais pour de bon. Dans une société ayant réussi sa mutation en adoptant les nouvelles valeurs, nouvelles contraintes, nouvelles règles. p [email protected] L’assureur Allianz assigne PIP pour fausse déclaration Le concepteur des implants mammaires avait dissimulé les risques de ses prothèses L a société Poly Implant Prothèse (PIP), à propos de laquelle une enquête judiciaire est en cours, est aussi sous le coup d’une plainte de son assureur. Allianz l’a assignéedevant letribunal de commerce de Toulon, le 27 juillet 2010, s’estimant fondée à réclamer la nullité des contrats d’assurance pour « fausse déclaration intentionnelle quant à la conformité réglementaire des produits » et « fausse déclaration intentionnelle sur la sinistralité », selon le document que s’est procuré Le Monde. La procédure a été lancée peu après la décision de l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) de retirer les produits PIP du marché, en mars 2010, après la découverte de la fraude orchestrée par son fondateur, qui utilisait un gel non médical pour remplir ses prothèses. La déconvenue d’Allianz a été d’autant plus forte que la compagnie avait été contrainte d’assurer PIP. L’histoire commence en 2005. La société varoise se met en quête d’un assureur pour couvrir son risque de responsabilité civile, ainsi quel’exige le code de lasanté publique. Mais tous les assureurs contactés refusent ou ne répondent pas à la sollicitation de PIP, y compris Allianz, qui lui oppose un refus net. Comme le veut la réglementationpour toutes les assurances obligatoires, à partir d’au moins deux refus, le Bureau central de tarification (BCT) se charge de désigner d’autorité un assureur et de fixer un niveau de primes. Son choix s’arrête sur Allianz qui se retrouve « commis d’office » contre sa volonté. Puis vient la décision de l’Afssaps. Les experts de la compagnie d’assurances, qui ont alors engagé une enquête, prennent conscience des méthodes de PIP, qui a menti sur la conformité du gel utilisé, ce quiluia permis l’obtentiondumarquageCE. «En l’absence decertification, les produits n’auraient pu être mis sur le marché et n’auraient pu, de fait, être assurés », estime Allianz. Réclamations Ses équipes découvrent que la vérité leur a été dissimulée lors de l’établissement du contrat d’assurance et après. PIP ne déclarait aucune réclamation d’indemnisation de victimes pour sinistres. Pourtant, selon les rapports trimestriels de l’Afssaps, ils étaient courants – 337 en 2004, par exemple. D’ailleurs, PIP a été condamnée à trois reprises par la justice à réparer des préjudices, mais n’a informé ni Allianz ni le BCT. Allianz considère avoir été trompée sur la base de fausses déclarations, qui ont induit une interprétation faussée du risque. L’assureur mise aujourd’hui sur la procédure en nullité engagée pour obtenir réparation. L’heure est à la « mise en état du dossier », soit à l’apport de pièces manquantes. Aucune date d’audience n’est encore fixée. De son côté, le Bureau central de tarification estime, lui aussi, avoir été trompé. Allianz joue gros. En tant qu’assureur de PIP, il pourrait devoir indemniser divers acteurs. Dans l’assignation, l’assureur explique d’ailleurs qu’à la suite de la décision de l’Afssaps, il a été destinataire de plusieurs réclamations de victimes d’une rupture d’implants. Il est aussi visé dans le cadre d’une assignation devant le tribunal de commerce de Toulon par des distributeurs étrangers de prothèses PIP. p Laetitia Clavreul et Anne Michel L ’activité économique devrait tourner au ralenti au Nigeria, lundi 9 janvier, en raison d’un appel à une « grève générale indéfinie », lancé par deux grands syndicats, le Nigeria Labour Congress (NLC) et le Trades Union Congress (TUC). Ceux-ci entendent faire revenir le gouvernement du pays le plus peuplé d’Afrique (160 millions d’habitants) sur sa décision de supprimer, depuis le 1er janvier, une subvention au secteur pétrolier qui permettait de maintenir très bas le prix des carburants. Dès le 2 janvier, cette suppression a porté le prix du litre d’essence de 65 nairas (0,30 euro) à 140 nairas (0,66 euro), et provoqué de nombreuses manifestations. La Conférence des évêques catholiques du Nigeria a pris, elle aussi, parti contre cette suppression, le 3 janvier. Elle l’a qualifiée « d’immorale » et a dénoncé l’absence de toute mesure de protection des plus vulnérables contre les effets de la hausse. Cette dispute est complexe. D’un côté, la suppression de la subvention aux carburants est une excellente chose, car elle profitait d’abord aux classes urbaines les plus fortunées. Elle avait pour inconvénient d’absorber plus de 8 milliards de dollars par an, soit 5 % du produit national brut et quatre fois le budget de la santé. Enélaguantcettedépense,legouvernement du président Goodluck Jonathan peut espérer faire d’une pierre plusieurs coups. Il incite les capitaux privés à s’investir dans le raffinage national qui ne couvre que 17% des besoins du pays.Il arrête les exportations sauvages de carburant subventionné vers le Togo ou le Bénin. Il met plus de transparence dans le secteur pétrolier, puisque les recettes exceptionnelles pétrolières – qui excèdent les prévisions budgétaires et peuvent atteindre jusqu’à 50 milliards de dollars – sont désormais placées dans un compte spécial sous surveillance du Parlement. Le Nigeria adopte au même moment les mêmes mesures de clarification et de bonne gestion que l’Argentine. Celle-ci vient de supprimer une longue liste de subventions aux transports ou à l’énergie qui dévoraient 4 % du PIB argentin, afin de redresser son budget en difficulté. D’un autre côté, l’affaire est compliquée parce que le problème a été seulement débattu entre l’Etat fédéral et les 36 Etats fédérés, et pas avec la société civile. Les responsables politiques n’ont donc pas vu que, si la subvention profitait essentiellement aux plus aisés, elle allégeait fortement le fardeau des plus pauvres. Une manne accaparée Aucun programme d’aides ciblées pour les catégories vivant sous le seuil de pauvreté, soit les deux tiers de la population, n’a été étudié pour limiter une perte sévère de leur maigre pouvoir d’achat. La tournure politique de la contestation vient de la conviction de la population que la subvention était le seul moyen pour elle de profiter un peu de la manne pétrolière – 30 milliards de dollars par an – accaparée par les élites. Elle est persuadée que sa suppression profitera une fois de plus aux mêmes parasites. Elle se sent volée, car elle ne croit pas que les milliards de dollars économisés iront aux infrastructures, comme le promet le gouvernement. La grève risque donc d’être dure, voire violente, selon un expert nigérian qui ne croit pas pour autant à un revirement du président Goodluck Jonathan. « Un comité de crise essaie de trouver le moyen d’amortir à retardement le choc pour les classes démunies, estime-t-il. Le gouvernement fédéral discutera avec les gouvernements locaux pour corriger les dégâts, mais la subvention ne sera pas rétablie, car le président n’a jamais fait marche arrière. S’il l’emporte, son succès changera la donne au-delà des frontières du Nigeria, car il mettra un coup de frein aux échanges informels avec des voisins qui en profitaient largement. » p Alain Faujas Conjoncture et vie des entreprises Télécom Alger rachètera 51 % de Djezzy Transport aérien L’Algérie rachètera 51 % de l’opérateur de téléphonie mobile Djezzy à la suite des négociations entreprises avec le principal actionnaire de l’égyptien Orascom Telecom Holding (OTH), le russe Vimpelcom, a annoncé, dimanche 8 janvier, le porte-parole du ministère des postes et télécommunications algérien. – (AFP.) Finance La Hongrie prête à des négociations sans conditions avec le FMI La Hongrie est prête à ouvrir des négociations sans conditions préalables avec le Fonds monétaire international (FMI), a déclaré, le 8 janvier, le premier ministre conservateur Viktor Orban à l’agence de presse hongroise MTI. « Toutes les questions que les parties estiment importantes pourront être mises à l’ordre du jour », a-t-il ajouté. M. Orban est intervenu à l’issue d’une semaine au cours de laquelle la Hongrie a vu la pression des marchés finan- Troisième jour de grève des pilotes d’Iberia contre sa filiale à bas coûts Plus de cent vols de la compagnie aérienne espagnole Iberia ont été annulés, lundi 9 janvier, en raison d’une nouvelle journée de grève des pilotes pour protester contre la création d’une filiale à bas coûts, IberiaExpress, à partir du printemps 2012. Quelque 109 vols ont été annulés, soit 35 % des 303 vols prévus ; 104 seront annulés mercredi 11 janvier. Deux journées de grève avaient déjà conduit à l’annulation d’une centaine de vols par jour les 18 et 29 décembre. Le syndicat des pilotes Sepla craint que de bas salaires ne soient proposés aux nouvelles recrues et dénonce le non-respect de la convention collective. De son côté, la compagnie assure que la création d’Iberia-Express n’affectera pas les conditions de salaires et de travail de ses employés actuels. – (AFP.) p ciers s’accroître sur fond de conflit avec l’Union européenne et le FMI. – (AFP.) Emploi Recul du chômage en Suisse en 2011 Le taux de chômage en Suisse a reculé à 3,1 % en 2011, contre 3,9 % en 2010, malgré l’appréciation de la monnaie helvétique et le ralentissement économique mondial, a annoncé, lundi 9janvier, le secrétariat d’Etat à l’économie. – (AFP.) Marchés Commerce extérieur Déficit de 4,4 milliards d’euros en novembre 2011 Le déficit commercial de la France s’est amélioré en novembre 2011, à 4,41 milliards d’euros, après 5,57 milliards d’euros en octobre, selon les données CVS-CJO publiées, lundi 9 janvier, par les Douanes. Le solde cumulé de la balance commerciale s’établit à – 64,9 milliards d’euros sur les onze premiers mois de 2011 contre – Devise Le Parlement iranien tente d’enrayer la chute du rial Le Majlis, le parlement iranien, a tenté, dimanche 8 janvier, d’enrayer la chute de la devise nationale, le rial, alors que les Iraniens se précipitent pour acheter des dollars, après les nouvelles sanctions financières décrétées par les EtatsUnis. Le rial a perdu près de 20 % face au billet vert avant que la banque centrale n’intervienne cette semaine en injectant des devises sur le marché pour empêcher une nouvelle chute. – (AFP.) Spatial Arianespace suspendu au lanceur Vega Arianespace attend le tir inaugural de Vega en Guyane d’ici à mars 2012. Ce lanceur, plus léger, lui permettra de se développer sur le marché des petits satellites et complétera les fusées Ariane 5 et Soyouz, a déclaré son PDG, JeanYves Le Gall. – (AFP.) Retrouvez l’ensemble des cotations sur notre site Internet :http://finance.lemonde.fr LES MARCHÉS DANS LE MONDE 9/1, 9h40 VALEURS DU CAC40 Lundi 9 janvier 9h40 Valeur 45,91 milliards sur la même période en 2010. – (AFP.) Pays Dernier cours Cours préc. % var. /préc. % var. 31/12 Plus haut ACCOR .........................◗ 19,43 AIR LIQUIDE .......................◗ 94,98 ALCATEL-LUCENT ...........◗ 1,25 ALSTOM ............................◗ 22,84 ARCELORMITTAL ............... 14,70 AXA ....................................◗ 9,85 BNP PARIBAS ACT.A ........◗ 28,55 BOUYGUES .......................◗ 23,72 CAP GEMINI ......................◗ 24,81 CARREFOUR .....................◗ 16,71 CREDIT AGRICOLE ............◗ 4,14 DANONE ............................◗ 48,59 EADS ...................................◗ 24,88 EDF ......................................◗ 18,02 ESSILOR INTL ....................◗ 55,11 FRANCE TELECOM ............◗ 11,82 GDF SUEZ ...........................◗ 20,78 LAFARGE ...........................◗ 27,00 LEGRAND ..........................◗ 24,84 L’OREAL ............................◗ 81,35 LVMH MOET HEN. ............◗ 109,50 MICHELIN...........................◗ 46,85 PERNOD RICARD ...............◗ 72,16 PEUGEOT............................◗ 12,71 PPR .....................................◗ 113,55 PUBLICIS GROUPE ...........◗ 36,96 RENAULT............................◗ 28,88 SAFRAN ..............................◗ 23,27 SAINT-GOBAIN..................◗ 29,20 SANOFI ...............................◗ 56,22 SCHNEIDER ELECTRIC .....◗ 42,58 SOCIETE GENERALE .........◗ 15,56 STMICROELECTR. .............◗ 4,86 TECHNIP.............................◗ 70,95 TOTAL .................................◗ 40,13 UNIBAIL-RODAMCO ........◗ 132,70 VALLOUREC .......................◗ 51,37 VEOLIA ENVIRON. .............◗ 8,17 VINCI...................................◗ 33,84 VIVENDI ..............................◗ 16,61 19,11 94,90 1,25 22,77 14,73 9,80 28,45 23,73 24,68 16,61 4,13 48,27 24,77 17,81 55,20 11,79 20,67 26,93 24,77 81,18 108,90 46,65 71,93 12,80 113,70 36,78 28,31 23,36 29,16 56,25 42,42 15,56 4,85 70,90 39,99 132,60 51,51 8,13 33,73 16,55 1,67 0,20 0,16 0,37 -0,24 0,11 -0,12 -0,21 0,71 0,48 -0,22 0,76 0,50 1,24 -0,22 0,51 0,77 0,17 0,38 0,25 0,51 0,46 0,44 -0,35 0,04 0,45 2,19 -0,04 0,24 0,11 0,41 -0,29 0,41 0,17 0,36 0,34 -0,14 0,76 0,36 0,42 -0,82 -0,52 3,31 -2,48 4,03 -2,33 -6,36 -2,73 2,96 -5,25 -5,50 0,12 3,06 -4,10 0,97 -2,35 -1,37 -0,66 0,04 0,84 0,05 2,59 0,82 5,33 2,80 3,94 7,95 0,60 -1,45 -0,78 4,72 -9,79 6,08 -2,20 1,61 -4,21 2,55 -3,29 0,28 -1,77 20,24 97,93 1,32 24,54 15,27 10,64 31,60 25,05 25,67 18,30 4,46 49,80 25,15 19,32 56,43 12,40 21,85 28,38 25,49 82,79 113,40 48,23 72,54 13,28 115,15 37,06 29,21 23,66 31,07 57,42 43,70 17,68 4,96 74,55 40,52 139,00 52,40 8,95 34,88 17,62 Plus bas Divid. net Code ISIN 18,72 0,62 T FR0000120404 94,52 2,35 T FR0000120073 1,21 0,16 T FR0000130007 22,70 0,62 T FR0010220475 14,03 0,16 S LU0323134006 9,71 0,69 T FR0000120628 28,26 2,10 T FR0000131104 23,68 1,60 T FR0000120503 24,04 1,00 T FR0000125338 16,57 1,08 T FR0000120172 4,07 0,45 T FR0000045072 48,03 1,30 T FR0000120644 24,02 0,19 T NL0000235190 17,73 0,57 A FR0010242511 54,50 0,83 T FR0000121667 11,72 0,60 A FR0000133308 20,57 0,83 A FR0010208488 26,73 1,00 T FR0000120537 24,61 0,88 T FR0010307819 80,47 1,80 T FR0000120321 108,00 0,80 A FR0000121014 45,61 1,78 T FR0000121261 70,50 0,77 S FR0000120693 11,98 1,10 T FR0000121501 110,70 3,50 T FR0000121485 35,30 0,70 T FR0000130577 26,76 0,30 T FR0000131906 22,75 0,25 A FR0000073272 29,07 1,15 T FR0000125007 54,89 2,50 T FR0000120578 40,31 3,20 T FR0000121972 15,52 1,75 T FR0000130809 4,59 0,09 A NL0000226223 70,88 1,45 T FR0000131708 39,47 0,57 A FR0000120271 130,35 2,70 D FR0000124711 49,68 1,30 T FR0000120354 8,07 1,21 T FR0000124141 33,62 0,55 A FR0000125486 16,47 1,40 T FR0000127771 Cours en euros. ◗ : valeur pouvant bénéficier du service de règlement différé (SRD). # : valeur faisant l'objet d'un contrat d'animation. Plus haut et plus bas : depuis le 1/1/2011. n/d : valeur non disponible. A : acompte, S : solde, T : totalité. Indice ROYAUME UNI ETATS-UNIS JAPON % var. Maxi 2011 Mini 2011 PER CAC 40 3137,36 6/1 -0,24 3246,74 3/1 3136,75 5/1 DAX Index 6057,92 6/1 -0,62 6179,03 3/1 5900,18 2/1 9,35 FTSE 100 index 5649,68 6/1 0,45 5719,83 4/1 5572,28 3/1 9,66 Dow Jones ind. 12359,92 6/1 FRANCE ALLEMAGNE Dernier cours 9,00 -0,45 12876,00 2/5 10404,49 4/10 11,19 Nasdaq composite 2674,22 6/1 0,16 2887,75 2/5 2298,89 4/10 15,79 Nikkei 225 8390,35 6/1 -1,16 8581,45 4/1 8481,83 5/1 13,11 PER - Price Earning Ratio (ou cours/bénéfice) : cours de Bourse divisé par le bénéfice par action estimé pour l'exercice courant. PER : FactSet JCF Estimates ; données : la Cote Bleue. n/d : valeur non disponible. (Publicité) SICAV ET FCP 0123 LA BOUTIQUE SÉLECTION publiée sous la responsabilité de l'émetteur Dernier cours connu le 9/1 à 9h Valeur CM-CIC EUROPE Cours en euro date valeur 21,73 5/1 Du lundi au vendredi 9 h 30 à 18 h Samedi 10 h à 14 h Fonds communs de placements CM-CIC EURO ACTS C 16,61 5/1 CM-CIC SELECT.PEA 6,89 5/1 CM-CIC MID EUROPE 18,75 5/1 CM-CIC TEMPERE C 166,46 5/1 CM-CIC DYN.EUROPE 30,46 5/1 CM-CIC FRANCE C 27,76 5/1 CM-CIC EQUILIBRE C 68,79 5/1 CM-CIC DYNAM.INTLE 26,58 5/1 CM-CIC OBLI C.T.D 132,54 6/1 CM-CIC MID FRANCE 30,46 5/1 ........................................................................................ ........................................................................................ ........................................................................................ ........................................................................................ ........................................................................................ 80, boulevard Auguste-Blanqui - 75013 Paris 01 57 28 29 85 - http://boutique.lemonde.fr/ 16 0123 décryptages ENQUÊTE Mardi 10 janvier 2012 A l’embarcadère du port de Calais (Pas-de-Calais) à l’heure de la fermeture des locaux de SeaFrance, le 7 janvier. RICHARD BARON/LIGHT MOTIV POUR « LE MONDE » Violences, relations incestueuses avec l’ancienne équipe de direction, soupçons d’enrichissement personnel… les accusations pleuvent contre les pratiques supposées de la CFDT-Maritime Nord. Au point d’empêcher la reprise d’une société de 800salariés? SeaFrance Unsyndicalisme Bertrand Bissuel Calais (Pas-de-Calais) Envoyé spécial C hez SeaFrance, l’étiquette CFDT est devenue lourde à porter. Un véritable boulet, presque une marque d’infamie. Depuis le 6 janvier, les responsables de ce syndicat dans la compagnie de ferries sont accusés dans la presse des pires dérives, au moment même où ils défendent la reprise de l’entreprise par une société coopérative et participative (SCOP). Un symbole de plus dans ce dossier qui s’est invité dans la campagne présidentielle. Les syndicalistes étaient déjà contestés, du fait de leur opposition à la solution de relance portée par Louis Dreyfus Armateur (LDA) et la société danoise DFDS. Mais la controverse a pris une tournure nouvelle avec le déballage, sur la scène nationale, de faits dénoncés naguère par des journaux régionaux et par d’autres syndicats : intimidations, violences, gestion opaque des instances représentatives du personnel, relations incestueuses avec l’ancienne équipededirection,soupçonsd’enrichissement personnel… Dans ce déferlement d’accusations, un nom revient sans cesse : Didier Cappelle, responsable de la CFDT-Maritime Nord. Bien que cet ancien salarié de SeaFrance ait pris sa retraite en 2006, il continue de jouer un rôle de tout premier plan dans les manœuvres de sauvetage de la compagnie qui assure la liaison Calais-Douvres. Ses nombreux contradicteurs le décrivent comme le « cerveau », le « gourou » d’une organisation quasi « mafieuse ». La CFDT, au niveau confédéral, a prévenu qu’elle l’exclurait,luiet lesautreschefs de sonsyndicat, si les soupçons de « pratiques obscures et frauduleuses » se confirmaient. « On sera sans état d’âme, confie Laurent Berger, secrétaire national de la centrale cédétiste. Ces gens-là ne sont pas en phase avec les valeurs et l’éthique de la CFDT.» Beaucoup moins sévère, un ex-cadre de haut niveau, employé dans la compagnie de 2001 à 2008, voit dans cet homme aux allures de papy ordinaire un « syndicaliste à l’ancienne », adepte certes « du coup de poing sur la table », mais « généreux ». Didier Cappelle commence à travailler en 1966 à l’âge de 15 ans, à l’issue de l’Ecole d’apprentissagemaritimeduHavre (SeineMaritime). Mousse sur le paquebot France durant un an, il bourlingue ensuite sur « toutes sortes de bateaux » : porte-conteneurs,bananiers,etc. En1973, ilintègre l’Armement naval SNCF, l’ancien nom de Sea- àladérive France, et gravit les échelons jusqu’au poste d’intendant, avant de passer permanent syndical en 1990. Au moment de son embauche, raconte-t-il, la CGT occupait une position dominante, tandis que la CFDT ne comptait que quelques dizaines d’adhérents. Le rapport de forces va peu à peu s’inverser. Didier Cappelle sait commander des troupes et se faire apprécier d’elles.En1994, ilestélusecrétairedu comité d’entreprise (CE). Au cours des années 1990, les conflits sociaux s’enchaînent sur de multiples sujets : salaires, emplois, indemnisation des arrêts maladie… Nommé à la tête de SeaFrance en 2001, Eudes Riblier essaie de jugulerle nombre de joursde grèvesen travaillant « en étroite liaison avec la CFDT », explique un proche de l’actuelle direction, enposte àl’époque. « Petit àpetit, poursuitil, la CFDT a pris le pouvoir sur le recrutement des non-cadres. » Didier Cappelle fournirait même des « listes » de personnesà engager dans la compagnie de ferries. La Cour des comptes dresse un constat similaire dans un rapport remis en 2009 : pour les « agents de service général » à bord des navires, « le recrutement s’effectue largement par cooptation selon des critères peu transparents », écrit la haute juridiction, en ajoutant : « Les recommandations familiales et surtout l’appui de la formation syndicale majoritaire [la CFDT] entrent comme un facteur déterminant dans la sélection des candidats. » Aux yeux de la Cour, cette politique entraîne des sureffectifs. «Sous prétexte de paix sociale, on a fait n’importe quoi» Jacques Brouyer secrétaire du syndicat CGT des officiers de SeaFrance Didier Cappelle ne nie pas avoir eu « une certaine influence » en matière d’embauche, mais d’autres syndicats en avaient aussi et ces usages ne sont pas propres à SeaFrance, se défend-il. La CFDT-Maritime Nord est également soupçonnée d’exercer son emprise sur les Didier Cappelle, responsable de la CFDT-Maritime Nord, le 7 janvier à Calais. RICHARD BARON/LIGHT MOTIV POUR « LE MONDE » augmentations salariales et sur le déroulement de carrière des techniciens et des personnels d’exécution. A tel point qu’en février 2007, l’intersyndicale CGT/CFECGC des officiers s’indigne des privilèges exorbitants qui seraient accordés à certains salariés : primes exceptionnelles sans justification, promotions aussi subites qu’inexpliquées… « Le président Riblier a acheté la paix sociale à la CFDT », fustigent les deux organisations. Pour avoir relayé ces allégations, le quotidien Nord-Littoral sera condamné pour diffamation par la cour d’appel de Douai (Nord).Mais Pascal Dejean, le PDG du groupepropriétairedecejournal, pense,aujourd’hui encore, que ces critiques étaient fondées : « Nous avons eu le tort d’avoir raison trop tôt », affirme-t-il. La preuve : la Cour des comptes a validé, dans son rapport de 2009, les observations faites deux ans plus tôt par l’intersyndicale des officiers. Accusée d’être de mèche avec la direction, la CFDT-Maritime Nord est également montrée du doigt pour ses méthodes musclées. En mars 2002, un représentant de la CGT, Christophe Wadoux, est frappé au cours d’une « réunion paritaire » par Eric Vercoutre, l’actuel secrétaire du CE. Une agression commise sous les yeux d’un membre de la direction des ressources humaines. Un an plus tard, un groupe de salariés de SeaFrance emmené par Didier Cappelle envahit les locaux de Nord-Littoral à Calais. Un article leur avait déplu, raconte Pascal Dejean. Il n’y a ni coup ni casse – ou presque – mais par la suite, la CFDT-Maritime Nord distribuera des tracts menaçants contre des journalistes du quotidien, d’après le PDG du groupe de presse. E n avril 2005, une autre altercation éclate, entre Eric Vercoutre et Roger Lopez, un responsable de la CGT chez SeaFrance. Ce dernier s’écroule, après, dit-il, avoir été boxé par son contradicteur. La justice condamne le militant cédétiste à une peine d’amende, malgré ses dénégations. Enfin, quelques mois plus tard, un incident se produit lors d’une manifestation au Havre, mais cette fois la victime est une policière en civil qui photographie des manifestants. Plusieurs hommes tentent de s’emparer de son appareil, elle se retrouve au sol. Didier Cappelle, Eric Vercoutre et un de leurs collègues sont renvoyés en correctionnelle : le premier se voit infliger une amende, le second sept mois de prison avec sursis, le troisième cinq mois avec sursis. Tous ces épisodes ont été grossis jusqu’à l’exagération, plaide Didier Cappelle. Il explique que la policière avait dissimu- lé sa véritable qualité aux manifestants – d’où la colère de certains d’entre eux. Il prétend même avoir cherché à la protéger avec ses deux collègues. Un recours devant la Cour européenne des droits de l’homme a été engagé contre la décision sanctionnant les trois hommes… Un changement important survient lorsque Eudes Riblier est remplacé en 2008 par Pierre Fa à la direction. Celui-ci « siffle la fin de la récréation » et enterre la politique de cogestion, relate un syndicaliste. D’après lui, la CFDT-Maritime Nord cesse d’avoir la main sur une partie des recrutements. Depuis, la guerre fait rage entre le syndicat et le président du directoire. Les belligérants croisent le fer au sujet des comptes du CE : Pierre Fa multiplie les requêtes pour y voir plus clair. N’obtenant pas les documents réclamés, il lance des actions judiciaires, si nombreuses et si touffues que les protagonistes ont eux-mêmes de la peine à s’y retrouver. Didier Cappelle assimile cette cascade de procédures à une « cabale » visant à « jeter le discrédit » sur son organisation. « Le CE a toujours été très bien géré et au bénéfice de tous », assure-t-il, tout en prenant un malin plaisir à rappeler que Pierre Fa fut condamné dans l’affaire Elf. Début 2010, suspectant des détournements de produits à bord des navires, les patrons de SeaFrance portent plainte pour « abus de confiance ». Une information judiciaire est ouverte par le parquet de Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais). Depuis, aucune mise en examen n’a été prononcée, mais les comptes bancaires de responsables de la CFDT-Maritime Nord auraient été épluchés. Quelques semaines après le début de cette enquête, une autre affaire surgit : celle des biens immobiliers d’Eric Vercoutre. « Comment a-t-il pu se les offrir ? », s’interroge Nord-Littoral, le 4 juin 2010. Un sujet à nouveau abordé par Libération, dans son édition du 7-8 janvier. Au quotidien national, le secrétaire du CE indique qu’il a dû contracter de gros emprunts afin d’acheter ces logements qu’il met en location. Propriétaire, lui aussi, de plusieurs appartements à Calais, Didier Cappelle soutient qu’ils sont « hypothéqués » et qu’il s’est « surendetté » à cause de l’acquisition d’un immeuble. « Sous prétexte de paix sociale, on a fait n’importe quoi », tempête Jacques Brouyer, secrétaire du syndicat CGT des officiers de SeaFrance. Des « calomnies » martelées depuis des années, rétorque Didier Cappelle. Selon lui, elles ressortent aujourd’hui pour torpiller le projet de SCOP. Celui-ci était considéré comme voué à l’échec en raison d’un financement insuffisant et d’un business plan boiteux. Mais la société Eurotunnel vient de créer la surprise en proposant d’appuyer le schéma construit par la CFDT-Maritime Nord. Si cette solution prend tournure, le pavillon français continuera peut-être de flotter entre Calais et Douvres. p 0123 décryptages DÉBATS Mardi 10 janvier 2012 17 Cofondateur de l’UMP, pourquoi je rejoins aujourd’hui François Bayrou Seul le président du MoDem peut réunir le centre autour de ses valeurs Philippe Douste-Blazy Ancien président du groupe UDF à l’Assemblée et ancien ministre V oilà dix ans, je contribuais avec d’autres à la création de l’Union en mouvement au congrès de Toulouse, devenue l’UMP. Voilà cinq ans que je regarde ce mouvement grandir en prenant des orientations qui ne me conviennent pas. Voilà deux ans que je m’interroge sur ma place à l’UMP face au tournant droitier désormais assumé par l’état-major du mouvement. L’UMP est-il encore un grand parti de centre droit, humaniste et libéral ? C’est parce que telle n’est plus ma conviction qu’ilesttemps pourmoi deromprelesilence,derappeler les valeursqui sont lesmiennes et d’appeler à une union nationale autour de François Bayrou, candidat à l’élection présidentielle. Compagnon de route de François Bayrou, avant de prendre un autre chemin, je sais que cette prise de position surprendra. C’est pourquoi je tiens à rappeler ce qu’était l’UMP et ce qu’elle est devenue. En 2001, plus rien ne séparait les partis gaullistes, libéraux et centristes. Les vieilles querelles de la droite semblaient derrière nous : la division, les haines personnelles, les invectives, les divergences idéologiques. Depuis le discours à Berlin de Jacques Chirac, les gaullistes avaient achevé leur mue européenne. Il était enfin possible de ressouder le couple franco-allemand, moteur d’une Europe forte. Depuis le discours de Rodez, le RPR avait pris le tournant décentralisateur. Le choix de la confiance aux collectivités locales était désormais partagé. Nos positions, nos programmes, nos propositions étaient désormaisles mêmes,y compris dans les domaines économique et social ou sociétal. Partout en Europe, s’étaient construits des partis de centre droit proeuropéen, libéraux et humanistes, parfois alliés à un petit parti conservateur, affrontant un parti social-démocrate. La France faisait encore figure d’exception, avec son parti gaulliste, ayant survécu au charis- me d’un héros rassembleur issu des heures sombres de la guerre, et son Parti socialiste, marqué par une culture marxiste désespérante. L’heure d’une vie politique française plus moderne et plus apaisée était venue. D’un point de vue tactique, chacun sait que la bipolarisation créée par la Ve République condamne le centre à n’être qu’un supplétif des deux grands partis de droite oudegauche. Acet égard,l’élection deValéry Giscard d’Estaing n’avait été qu’une parenthèse dans notre histoire politique. Course à l’urgence J’avais proposé en son temps à François Bayrou de rejoindre ce grand mouvement qui se construirait sur la base de nos idées et de nos valeurs. Il avait refusé, persuadé que la famille centriste devait rester indépendante. Il était persuadé que l’alliance des centres et des droites au sein de l’UMP ne ferait que vassaliser une fois de plus les centristes. Il avait raison. Premier secrétaire général de l’UMP au côté d’un homme aussi exceptionnel qu’Alain Juppé comme président, exemple de courage et de conviction, notre relation était équilibrée. Je prends acte que l’UMP, depuis 2007, a L’Europe doit soutenir sa Banque centrale Laurence Boone Managing director chez Bank of America Merrill Lynch Raoul Salomon Managing director chez Barclays Capital R écemment, un jeune banquier central rappelait avec beaucoup d’à propos que, en ce moment, le monde avait besoin de plusd’historiens et de moins d’économistes. Difficile de ne pas faire de comparaison avec la grande crise de 1929 : une grave crise financière qui se propage au monde réel, une absence de coordination globale, un manque de leadership politique… Au début des années 1930, alors que les déficits se creusaient et que la récession s’aggravait après la crise financière, les pays n’arrivaient pas à se coordonner : la rigueur budgétaire s’imposait et les pays s’accrochaient à maintenir leur parité or, avec les conséquences que nous connaissons. L’histoire se répète : l’activité se grippe dans la zone euro sous l’effet d’ajustements budgétaires drastiques et non coordonnés sans que la politique monétaire unique déploie toutes ses armes. Pourtant, si les pays de la zone euro soutenaient la Banque centrale européenne (BCE), elle pourrait mettre en place une politique monétaire plus accommodante, à l’image de ses consœurs britannique et américaine. Si un Trésor unique, responsable d’une politique budgétaire coordonnée et optimale à travers la zone émergeait, la BCE aurait moins de difficultés à procéder à son tour à une politique qui soutiendrait les économies et leurs efforts d’ajustement. En se souvenant d’un certain nombre d’erreurs du passé, les banques centrales anglo-saxonnes ont mis en œuvre des politiques non conventionnelles. Partant du principe que la dette souveraine est la référence à la plupart des taux d’intérêt affectant l’économie réelle, ces banques ont décidé de stabiliser les taux à des niveaux très bas en rachetant de la dette souveraine. Au Royaume-Uni, une stratégie d’ajustement budgétaire assumée a été mise en place en parallèle. Aux Etats-Unis, le débat budgétaire est moins clair, mais il subsiste un sentiment fort que tout est mis en œuvre pour relancer l’économie. Rassurés à la fois sur la direction prise par ces Trésors, et sur le fait qu’il y aurait toujours un acheteur en dernier ressort, les investisseurs continuent d’ajouter de la dette souveraineaméricaine et britanniquesur leursbilans. Résultat: les taux à dix ans de ces deux pays sont à environ 2 %, alors même que l’inflation est plus élevée, ce qui génère des pertes réelles chez les investisseurs. En Europe, la situation est confuse. Alors que la BCE ne cesse d’assurer qu’elle ne rachètera pas la dette des Etats en difficulté, son bilan ne cesse de s’alourdir avec la provision de liquidités fournies aux banques, sans limites et à taux dérisoires. Les achats de dettes souveraines sont restés négligeables en regard de la taille du bilan,200milliards d’eurosà comparerà uneaugmentation dubilan de 1 000 milliards d’euros (le bilan de la BCE est passé de 1 500 milliards fin 2007 à 2 700 milliardsd’euros aujourd’hui). Il ya unedifférence majeure entre ce programme européen et celui de ses consœurs anglo-saxonnes : la BCE prête énormément deliquidités,maisrachète peu. Celaa deux conséquen- ces importantes : d’une part, le bilan des banques n’est pas nettoyé – contrairement à celui des banques américaines, que la Fed a délestées d’un grand montant de dettes toxiques ; d’autre part, les banques devront rembourser ces liquidités à échéances variant entre sixmois et trois ans. Les conséquences (négatives) sur l’activité réelle sont non négligeables. Certes, on aide les banques à se refinancer : le montant de dette à refinancer pour les banques de la zone euro est énorme pour 2012, à environ 800 milliards d’euros, et nul doute que le récent prêt de 490 milliards d’euros à trois ans à 1 % va les aider. Mais en ne les aidant pas à assainir leurs bilans, les banques ne vont pas se remettre à prêter aux consommateurs et aux entreprises, ou timidement. D’autant que les banques doivent augmenter leur ratio de capital d’ici à fin juin. L’activité économique va en pâtir. En outre, on maintient la chimère dangereuse que l’argent prêté par la BCE aux banques pourrait leur permettre de continuerà financer lesdettessouveraines. Maissi l’argent de la BCE s’investit dans la dette souveraine, elle ne va pas dans l’économie réelle, ce qui prive un peu plus cette dernière de financement. En parallèle, les gouvernements de la zone euro ont décidé de renforcer la discipline budgétaire à l’aide de règles qui menacent de paralyser l’arme budgétaire. Les pays de la zone euro, qui ont une politique monétaire commune et contrainte comme on vient de l’expliquer, s’imposeraient une autre contrainte Consultant en management, maître de conférences à l’Institut d’études politiques de Paris A ¶ Laurence Boone a été chef économiste de Barclays Capital tion. Si ce n’est un engagement fort de celui qui sera élu en mai dans la mise en place d’une solidarité mondialisée. Alors que nous traversons une des pires crises mondiales de l’histoire, je ne cherche pas à fragiliser mon camp. Mais je crois pouvoir le renforcer en adoptant la démarche de clarté qui est celle qui a toujours animé mon engagement politique. En reconnaissant à Nicolas Sarkozy sa stature et son courage, je veux réaffirmer les idées humanistes et européennes, ma croyance en l’économie sociale de marché, ma préférence pour la solidarité et la justice. C’est pourquoi, je voterai pour François Bayrou et j’invite tous les Français qui se reconnaissent dans ces valeurs à le rejoindre, lui dont la fidélité à ces convictions, et l’indépendance en font un leader apte à rassembler les femmes et les hommes de bonne volonté prêts à redresser notre pays. p ¶ Philippe Douste-Blazy est conseiller spécial pour les sources du développement à l’ONU Des syndicats impuissants Un déclin très préoccupant Vijay Monany On est donc en train d’adopter une stratégie qui va à l’inverse de ce qu’il faudrait faire paralysant l’outil budgétaire pour la gestion du cycle économique. La politique budgétaire va se résumer à des ajustements forts, sans tenir compte des effets d’entraînement négatifs pour la zone. Il faut rappeler que les ajustements budgétaires réussis sont ceux qui ont été faits alors que l’environnement international de ces pays était un environnement de croissance, et la politique monétaire devenait plus accommodante. La somme de règles budgétaires uniques à des situations économiques nationales différentes risque de donner une politique budgétaire sous-optimale à l’échelle européenne. Onest donc en train d’adopter une stratégie qui va à l’inverse de ce qu’il faudrait faire : il faudrait mettre en place une politique budgétaire européenne, qui répartirait l’effort d’ajustement entre les différents pays de la zone euro, afin que les pays qui ajustent bénéficient du soutien de la demande des pays qui n’ont pas besoind’ajuster (Allemagne) autant ou au même rythme (France). Si de surcroît chaque pays acceptait de décider de sa stratégie d’ajustement au niveau européenpour le bien de lazone euro, alors onaurait l’équivalent d’un Trésor de la zone euro. La BCE, forte de l’existence de ce Trésor et d’une stratégie d’ajustement soucieuse de croissance et clairement définie, pourraitrendresapolitiquemonétaire plusaccommodante en procédant à des achats de dettes souveraines de façon à abaisser les taux sur toutes les maturités. Depuis le début de la crise grecque, nous avançons à petits pas de sommets en sommets. Il faut tordre le cou à l’idée qu’un pays de la zone euro puisse faire défaut à l’avenir et dire que les pays sont solidaires en posant les pierres d’un embryon de fédéralisme. La BCE entendra les gouvernements sur cette évolution et pourra alors emboîter le pas à ses consœurs anglo-saxonnes. p pris ses distances avec ce que nous avions créé. Si ce parti existe encore pour rassembler et construire des destins, je ne retrouve pas la volonté de créer un idéal dans la même idée collective que celle de 2001. L’UMP d’aujourd’hui s’est abîmée dans sa course permanente à l’urgence, à la surenchère, dans la poursuite du fait divers.Elle a laissé danssa poche sa boussole principale : la personne humaine. C’est tout l’inverse de l’action que je mène depuis 2007 en tant que secrétaire général adjoint de l’ONU en charge des financements innovants pour les pays en développement et président d’Unitaid, l’agence dédiée à la collecte des contributions de solidarité sur les billets d’avion pour lutter contre les risques sanitaires dans les pays en développement, tout particulièrement en Afrique. Avec des dirigeants mondiaux, tels Bill Clinton, Bill Gates, Lula ou Michèle Bachelet, nous sommes en charge au quotidien de la mondialisation de la solidarité. Pour autant, je ne me suis jamais désintéressé de l’avenir de mon pays. Mais aujourd’hui, la vie politique nationale est derrière moi, je ne demande rien, je n’attends rien. Ni poste ni circonscrip- quelques jours du sommet social du 18 janvier à l’occasion duquel le président de la République doit recevoir l’ensemble des partenaires sociaux, ces derniers semblent plus fragilisés que jamais. La première raison qui explique cette fragilité des syndicats tient au discrédit dont ils sont l’objet, notamment en raison de l’opacité de leur financement. En effet, deux rapports récents ont contribué à alimenter la suspicion à l’égard du financement du paritarisme français. Le premier, publié par l’Institut Montaigne et consacré à la formation professionnelle, dénonce l’empressement de certainspartenaires sociaux à bloquer toute réforme de la formation professionnelle dans la mesure où le système de financement de la formation permet également de financer le paritarisme. Le second rapport est celui de la commission parlementaire sur le financement des organisations syndicales et patronales piloté par le député du Nouveau Centre Nicolas Perruchot. L’affaire est emblématique, puisque à l’issue de six mois d’auditions la commission parlementaire a décidé de ne pas adopter le rapport, qui se trouve interdit de publication. Le rapport, qui devait faire la lumière sur le financement des syndicats, a été occulté. La vérité, ici, n’était pas bonne à dire. Les partenaires sociaux ont été les premiers à s’émouvoir de cette non-publication et ont argué du fait qu’elle a pu donner lieu à une campagne médiatique à charge contre eux. L’« ère du soupçon », pour reprendre une expression de Nathalie Sarraute, n’a pas épargné les syndicats, et l’on éprouve la nécessité de clarifier leur financement, comme on l’a fait il y a presque vingt ans pour les partis politiques. Mais si les syndicats paraissent plus fragilisés qu’hier, c’est également parce que leurs modes d’action sont de plus en plus contestés par ceux-là mêmes qu’ils représentent. Les syndicats paraissent ainsi débordés par les salariés qui inventent de façon autonome de nouveaux modes de conflictualité. La grève, mode de contestation traditionnel prôné par les syndicats, est de moins en moins suivie : au fil des années, une baisse notable des journées individuelles non travaillées est constatée. Pour autant, on observe une remontée de la conflictualité dans l’entreprise. Cette conflictualité toutefois prend d’autres formes, plus diffuses que l’arrêt de travail. Dans les entreprises, les salariés préfèrent désormais se désengager, dans une logique de grève froide. Dans une certaine mesure, on pourrait dire que les syndicats subissent avec les salariés le même phénomène que les partis politiques d’opposition avec les « indignés » : une contestation moins hiérarchique, plus horizontale, moins encadrée, plus spontanée. Enfin, si les syndicats sont dans cette situation de fragilité, c’est surtout parce qu’ils ont fait la preuve de leur impuissance. En la matière, le souvenir de leur échec retentissant à l’occasion de la réforme des retraites en 2010 contribue à alimenter ce sentiment d’impuissance. Les syndicats, unis, étaient alors parvenus à rassembler plusieurs millions de personnes dans la rue, qui ont manifesté leur désaccord à l’égard d’une réforme des retraites pour laquelle le président de la République n’avait reçu aucun mandat. Pourtant, cette mobilisation n’a produit aucun effet et n’a pas modifié le projet préparé par le gouvernement. La réforme des retraites a bel et bien eu lieu. Sommet social Plus encore, le sentiment que l’action syndicale est vaine est d’autant plus fort en cette période de crise économique. En effet, au moment où la fermeture de grands sites industriels est annoncée, les syndicats se révèlent incapables de protéger les salariés. Dans la seule filière automobile, l’annonce de la fermeture du site de PSA à Aulnay-sous-Bois ou encore le plan de compétitivité préparé par la direction des Fonderies du Poitou sont à même de décourager l’initiative syndicale. Une dernière raison enfin contribue à entretenir ce sentiment d’une impuissance des organisations syndicales, c’est la proximité de l’élection présidentielle. En effet, au moment où les Français savent qu’ils auront bientôt l’occasion de dire ce qu’ils pensent par les urnes, ils sont moins enclins à le dire dans la rue. Au moment où ils s’apprêtent à accorder leur confiance à un homme politique, ils hésitent à l’accorder à une organisation syndicale. La démocratie politique est en France toujours concurrente de la démocratie sociale. Le paradoxe de cette situation tient au fait que c’est au moment où notre pays a besoin d’un dialogue social serein que les syndicats se retrouvent fragilisés. La crise économique et sociale dans laquelle le monde est plongé, et qui plaide pour une restauration du dialogue social, a besoin de syndicats forts et représentatifs. A cet égard, le sommet social du 18 janvier est attendu et espéré. p 18 0123 décryptages le grand débat Mardi 10 janvier 2012 Assimilée à une attitude défensive de l’islam le plus conservateur, la charia est un terme que s’approprient aussi bien les rigoristes que les réformistes La charia, une réalité plurielle A «Le salafisme se réduit à l’imitation minutieuse du mode de vie des pères fondateurs pour se préserver de toute innovation, de toute aventure intellectuelle» Ainsi peut-on comprendre que, par une évolution sémantique familière à la langue arabe, ce vocable très concret dans ses acceptions premières ait fini par désigner un concept complexe et abstrait, c’est-à-dire l’acte de légiférer, ou la législation. La racine suggère également le commencement d’un processus, ce qui s’accorde assez bien avec l’idée d’un exercice du pouvoir législatif. En outre, la même racine évoque la voile du bateau, ce par quoi celui-ci s’élève vers le ciel et s’élance vers le large et, enfin, la voie bien tracée, l’avenue. Le mot de charia existait avant la révélation coranique et désignait la simple législation sans connotationreligieuse particulière. Certains dérivés de cette même racine sont d’ailleurs restés dans le champ sémantique du droit positif. C’est ainsi que le terme qououat tachri’iya veut dire pouvoir législatif par opposition aux pouvoirs exécutif et judiciaire dans tout système démocratique, fût-il laïque. On a relevé une seule occurrence du mot charia dans le Coran. Sourate 45, verset 18 (traduction personnelle) : « Nous t’avons établi en une loi pertinente. Suis-la donc et ne suis pas les passions des inconscients. » Il désigne donc une loi claire, inhérente à la Création, une sorte de droit naturel et non un précepte révélé. L’usage de mots très voisins dans leur forme, en quatre autres passages du Livre, a cependant montré que le mot de charia pouvait désigner la loi de l’islam ou le droit musulman. Par référence à ces versets et, surtout, parce que, au moment où ils établissaient leursinstitutions, les musulmans considéraient la religion comme source naturelle Assez tôt sont apparues des divergences initialement saluées comme fécondes sur les modalités de cet effort et sur ses résultats législatifs et jurisprudentiels (le Coran ne dit-il pas : « La divergence en ma communauté est un acte de grâce »). Pour répondre à diverses nécessités, il a été convenu, dans le monde sunnite, à la fin de notre premier millénaire, de s’en tenir à quatre grandes écoles d’interprétation et de jurisprudence que sont le malékisme, le hanbalisme, le hanafisme et le chafeïsme. Les chiites duodécimains s’en sont tenus pour leur part aux observationsdel’imam Dja’farmais,tout en ytrouvant la source de préceptes, ils n’ont pas interrompu l’ijtihad. Toujours est-il que chacune de ces écoles expose sa propre représentation de la charia et la précise par une jurisprudence adaptée. A présent, il est très souvent recommandé aux musulmans par leurs penseurs et guides spirituels de « rouvrir » les portes de l’ijtihad et donc de participer à l’élaboration toujours inlassable de la charia. Le rigorisme : une action conservatoire rassurant le « petit peuple ». Il faut dire cependant que de graves disputes sont apparues sur l’usage qu’il revenait aux fidèles de faire de leur raison et de leurs facultésde jugement, selon les recommandations mêmes du Coran. Certains et non des moindres, en particulier depuis le IIIe siècle de l’Hégire, ont cru devoir vilipen- Pierre Lafrance Ancien ambassadeur de France Né en Tunisie, il est entré au Quai d’Orsay en 1963 et a consacré sa carrière au monde musulman. Il a écrit de nombreux articles sur le sujet. Arabophone, il traduit des ouvrages de pensées profanes et de réflexions spirituelles d’auteurs musulmans. Pierre Lafrance est membre de l’Institut de recherche et d’études Méditerranée Moyen-Orient (Iremmo) IREMMO de toute normativité, le mot charia a pris le sensde législation islamique fondamentale sur laquelle s’édifiait le système jurisprudentiel ou fiqh. Cette jurisprudence a très tôt distingué les règles du culte ou ibâdât relevant de l’intangible, des normes du comportement social, moral et juridique appelées mo’âmalât et qui, elles, étaient l’objet de la réflexion des fidèles et surtout des jurisconsultes ou foqahâ (pluriel de faqîh, spécialiste du fiqh ou jurisprudence). Il est intéressant d’observer le destin parallèle du mot grec kanôn signifiant initialement larègle et adopté par la chrétienté dans une acception principalement religieuse (le droit canon, le canon de la messe,le canonicat,le chanoine).Ildésigne aussi une norme de caractère profane com- me, par exemple, le canon de la beauté. En revanche, le même mot a été adopté par la langue arabe et le monde musulman sous la forme de qânoun pour désigner le droit positif ne relevant pas de sources religieuses, ou les règles propres à des pratiques scientifiques (le Canon d’Avicenne énonce ainsi les principes de la médecine). Il y eut donc un chassé-croisé lexical. La manière de penser et de dire la charia à la lumière des textes fondamentaux que sont le Coran, les paroles prononcées par le Prophète dans les moments où il était guidé par ses seules vertus et non par une révélation divine, les diverses relations de ses faits et gestes ont été et restent l’objet d’un effort de remémoration et de réflexion. Cet effort est l’ijtihad, qui s’impose en principe à tout pieux musulman. La loi islamique dans le monde PAYS MUSULMANS OÙ LA CHARIA EST ... Source unique du droit avec application des houdoud (punitions corporelles) Source principale du droit Source du droit aux côtés d’autres sources législatives Influence faible voir inexistante TURQUIE TUNISIE MAROC 12 ALGÉRIE SYRIE IRAK 10 LIBYE 11 2 ÉGYPTE ARABIE SAOUDITE MAURITANIE 14 7 9 8 15 MALI CHINE 1 IRAN PAKISTAN 13 5 3 INDE OMAN NIGER TCHAD 6 SOUDAN NIGERIA Etats du Nord YÉMEN 4 BRUNEI SOMALIE MALAISIE Zone sous contrôle des Al-Chabab 1 AFGHANISTAN 2 BAHREÏN 3 BANGLADESH 4 DJIBOUTI 5 E.A.U. 6 ÉRYTHRÉE 7 GAMBIE 8 GUINÉE 9 GUINÉE-BISSAU 10 JORDANIE 11 KOWEÏT 12 PALESTINE 13 QATAR 14 SÉNÉGAL 15 SIERRA LEONE 16 SINGAPOUR 17 TCHÉTCHÉNIE INDONÉSIE Le «printemps arabe» et la loi islamique COMMENT ANALYSER la situation politico-religieuse issue de ce qu’il est convenu d’appeler le « printemps arabe » ? En Tunisie, le mouvement Ennahda ayant choisi pour nom celui donné à l’effort de renaissance islamique du XIXe siècle se réfère certes à la charia. Il s’agit de celle établie par l’école malékite que l’on dit fort apparentée au droit romain. A priori, il ne s’agit pas d’une charia immuable et défensive mais constructive. Encore faut-il connaître le sentiment du « petit peuple ». Certes, celui-ci s’est battu héroïquement pour préserver sa liberté de décision et de jugement ; il est prêt à participer à un effort renouvelé d’ijtihad. Restera-t-il ferme dans son audace ? Les déboires postrévolutionnaires ne vont-ils pas le rapprocher du pseudosalafisme défensif et punitif ? La question reste posée. Il est à noter que, contrairement à bien des idées reçues, tout arabophone (notamment tunisien) quelque peu instruit est capable de lire et de comprendre le Coran. Il ne faut pas exagérer les différences séparant l’arabe dialectal de l’arabe classique. Cependant, il ne faut pas oublier que, dans ce pays comme ailleurs, le salafisme peut ressembler à une forme de recours pour les opprimés comme naguère le communisme. Tendances opposées En Libye, la charia est celle de l’école hanafite que l’on dit souple. Peut-on imaginer en ce pays perdant ses repères tribaux et découvrant les solidarités locales une forme de Constitution et de législation inspirée du droit hanafite, mais visant à protéger la population de l’arbitraire et du gouvernement autocratique qu’elle a si longuement combattus ? Cela est possible si l’union nationale se perpétue et si aucune « main de fer » religieuse n’est appelée à la préserver. En Egypte, la charia dont se réclament les Frères musulmans se voulant organisateurs et guides de la rénovation islamique, ou nahdha, relève de l’école chaféite der l’agilité intellectuelle des casuistes habiles à polluer l’immuabilité et l’intemporalité de la révélation par des raisonnements servant en réalité leurs intérêts et perpétuant leurs habitudes. Dès lors, il fallait s’en remettre à une lecture littérale des textes de caractère normatifsanss’encombrer deréflexions interprétatives. Ces rigoristes, relevant le plus souvent de l’école hanbalite, ont eu tendance à fixer les règles de comportement comme s’il s’agissait d’actes de piété. Il fallait vraiment lapider les coupables d’adultère, couper la main des voleurs, maintenir la femme dans un statut de subordination, etc. Cette vision de la charia a souvent été bien accueillie par le « petit peuple » dans les moments où des mots d’ordre simples, une discipline stricte, semblaient pouvoir protéger la communauté musulmane des attaques extérieures ou des désordres intérieurs. Ce fut notamment le cas dans les années 900 après J.-C. à Bagdad, sous les Abbassides, quand des sermonnaires populaires parcouraient les rues de la capitale en mettant en garde les fidèles contre l’influence néfaste des gens de pensée et de raisonnement. En dépit de ces remous, la charia a été, dans la plupart des territoires islamisés, un corpus de règles prudentes répondant aux exigences de la sensibilité générale sans débordement de rigueur sauf lorsqu’un pouvoir politique jugeait nécessaire de « faire des exemples » pour des raisons politiques. Toutefois, elle est restée relativement inerte dès lors que l’ijtihad était plus ou moins réputé « déjà accompli » et que l’outil intellectuel laissé aux jurisconsultes était le seul qiyâs ou raisonnement par analogie. «Ces rigoristes ont eu tendance à fixer les règles de comportement comme s’il s’agissait d’actes de piété» 17 SOURCE : LE MONDE vec l’émergence de l’islam politique et le « printemps arabe », le mot « charia » est passé dans le vocabulaire commun comme synonyme de « fanatisme ». Un retour aux sources et à l’histoire récente des mouvements intellectuels et politiques du monde musulman semble vraiment utile pour prendre la mesure de ce qui se passe au sud de la Méditerranée. L’ensemble des préceptes fondamentaux régissant le droit musulman est communément désigné du nom de charia. Le terme est d’un usage ancien et n’a soulevé de controverses que depuis cinquante ans. On peut dire que, pour les adversaires du « monde occidental » et de sa culture comme pour leurs défenseurs les plus farouches, le mot est utilisé à la manière d’un épouvantail.Tout sepasse comme s’il marquait, pour les premiers, ce qui dans l’islam doit rester incompréhensible voire inadmissible pour les seconds, lesquels, de leurcôté, ne se priventguère de faire usage du même mot pour désigner ce qui, dans cemêmeislam, leurapparaît commerétrograde, figé et surtout inhumain. En usant du même vocable comme d’un outil politique et psychologique, les deux antagonismes semblent jouer chacun le jeu de l’autre et rendre antinomiques les droits de Dieu et ceux de l’homme, vision récusée par un grand nombre de pratiquants sincères, pour qui la transcendance divine ne peut être conçue qu’à travers l’immanence de la foi. Il importe dès lors, pour y voir plus clair, d’essayer de comprendre quelle réalité a été caricaturée par l’épouvantail censé la représenter. Que veut dire le mot ? La racine dont il dérive évoque une ouverture sur le monde extérieur et un mouvement vers lui, tel le cheminement des troupeaux vers l’abreuvoir. Le mot suggérerait donc un ordre, une organisation venue de l’intérieur et communiqués ou imprimés à un monde extérieur resté à l’état de nature. dont on dit qu’elle est la plus « subtile ». N’oublions pas cependant que le salafisme de rupture et de crispation, celui, par exemple, du mouvement Al-takfir oua-l-hijra a trouvé un véritable terreau dans la population égyptienne. D’ailleurs, l’actuel chef du mouvement taleb [singulier de taliban] d’Afghanistan, le docteur Ayman Al-Zawahiri n’est-il pas un salafiste égyptien ? Comment le peuple pourra-t-il concilier ces tendances opposées alors même qu’il récuse, non sans raison, l’arbitrage de l’armée ? En Syrie enfin, le pouvoir du président Bachar Al-Assad a beau jeu de brandir l’épouvantail de la charia réinventée par les salafistes pour justifier ses actes de répression sanglante… En fait, il apparaît de plus en plus vain de faire le jeu des salafistes en considérant que la charia ne peut être que celle-là même qu’ils imaginent. Un examen serein de la réalité complexe que recouvre ce terme s’impose donc plus que jamais. p Or, depuis le XIXe siècle, les penseurs musulmans ont déploré le marasme spirituel et intellectuel où le renoncement à l’ijtihad avait conduit leur communauté. Certains, comme Mohammed Abdou et Djamâlouddine Al-Afghani, et plus tard Mohamed Iqbal, ont insisté sur la nécessité vitale, pour l’islam, d’une relance des efforts de réflexion de ses adeptes, bref, d’une « réouverture des portes de l’ijtihad ». Certains d’entre eux ont prôné une sorte de nouveau départ, un retour à la pureté, la sainte naïveté des pères fondateurs de l’islam, dans l’idée de retrouver la créativité grâce à laquelle ils avaient établi les bases de la société islamique. Ce souci d’une pensée inventive parce que délestée des constructions normatives accumulées au cours de l’histoire, ce retour à l’élan initial des pères spirituels ou aslâf, portaient le nom de salafia et visait de toute évidence à rendre à la charia sa vertu novatrice et évolutive suggérée par son étymologie. Il se trouve que le terme de salafia ou de salafisme a été saisi au bond par les tenants du conservatisme le plus pointilleux, le plus disciplinaire, seule attitude permettant à leurs yeux de défier les puissances non musulmanes dans le monde contemporain. Le salafisme actuel se réduit, dès lors, à l’imitation minutieuse du mode de vie des pères fondateurs pour se préserver de toute innovation, de toute aventure intellectuelle, et construisant une armure culturelle protégeant contre les agressions extérieures, réelles ou supposées. Suivant la tradition des prédicateurs hanbalites tels Ibn Taymiya ou Mohamed Ibn Abdelwahhab, ce salafisme non pas créatif mais défensif s’inscrit dans une perspective d’affrontement. Il semble naturel qu’il puisse se prolonger par le djihadisme, attitude donnant la prééminence au combat contre l’infidèle. C’est cette tendance qui tend à présenter la charia comme un bouclier et un épouvantail. Cela n’est pas l’islam mais c’en est un aspect. p 0123 décryptages ANALYSES Mardi 10 janvier 2012 France | Chronique par Gérard Courtois Sarkozy-Hollande, un duel paradoxal L e programme ! Le programme ! », scandent en chœur, de l’orchestre au poulailler, les spectateurs assemblés au grand théâtre de la présidentielle. Surprenante impatience. Tant on est prêt à parier que dans trois mois, quand toutes les propositions auront été défendues, décortiquées et taillées en pièces à l’infini, les mêmes réclameront avec une semblable énergie « Le vote ! Le vote ! » Nous n’en sommes pas là, mais aux scènes d’exposition, destinées à présenter les personnages et amorcer l’intrigue. A cet égard, la première semaine de l’année aura été riche d’enseignements, en particulier sur les deux acteurs principaux de la pièce, le président de la République sortant et le candidat socialiste qui aspire à lui succéder. A tous ceux qui se demandaient si cette « drôle de campagne » présidentielle commencerait un jour et quand, l’un et l’autre, en effet, ont apporté une réponse sans ambiguïté : la bagarre s’est engagée à un rythme impressionnant, et chacun, déjà, lâche ses coups. Qu’on en juge. En quelques jours, sans attendre le sommet prévu le 18 janvier avec les partenaires sociaux, Nicolas Sarkozy a ouvert trois chantiers aussi significatifs que symboliques. Ainsi, il a confirmé sa volonté de mener à terme, avant la fin de son mandat, un projet de « TVA sociale », destiné à donner un coup de fouet à la compétitivité des entreprises françaises en transférant vers la fiscalité qui pèse sur les consommateurs une partie des charges sociales jusqu’à présent assumées par les entreprises et les salariés. De même, sans attendre un hypothétique accord européen, il a assuré que la France montrerait « l’exemple » en instaurant, avant le printemps, une taxe sur les transactions financières pour faire « participer la finance à la réparation des dégâts qu’elle a provoqués ». Enfin, il a dévoilé un programme de réforme de l’éducation nationale qui vise à la fois à mettre en œuvre l’autonomie des écoles, collèges et lycées et à corriger, pour ne pas dire supprimer, le collège unique. On admettra que rien de tout cela n’est cosmétique. Et il ne fait pas de doute que les cérémonies de vœux à répétition – le 10 janvier au monde de la solidarité, le 11 aux parlementaires, le 12 aux fonctionnaires et le 13 à la justice – seront l’occasion de nouvelles initiatives. François Hollande n’a pas été en reste. Dans une adresse aux Français, publiée par Libération le 3 janvier, il a donné le ton – cinglant – du réquisitoire qu’il entend dresser contre le bilan de M. Sarkozy : au-delà de la crise qui sévit depuis 2008, « il y a surtout les politiques injustes et stériles menées depuis dix ans, les fautes économiques et morales de ce dernier quinquennat. Il y a donc la responsabilité personnelle de celui qui est au sommet de l’Etat depuis cinq ans ». Pour tourner la page de cette « présidence de la parole » et de ce « président des privilégiés », le candidat socialiste en appelle à une autre politique, bâtie sur quatre principes qui seront martelés et déclinés sans relâche : « vérité, volonté, justice, espérance ». C’est sur cette base qu’il a commencé, au pas de charge, un nouveau marathon de visites de terrain et de réunions publiques, appelant ses troupes au « combat », le mercredi en Gironde, le jeudi à Caen, le samedi dans son fief corrézien de Tulle, avant d’aller dimanche, à Jarnac, chercher inspiration et « force de l’esprit » sur la tombe de François Mitterrand, comme une réplique à la voix de Jeanne d’Arc que le chef de l’Etat est allé écouter à Domrémy. Quant à la semaine qui s’ouvre, elle sera consacrée à des rencontres tous azimuts avec les responsables syndicaux pour mieux dénoncer, avant le sommet social du 18 janvier, l’impuissance de M. Sarkozy sur le front de l’emploi et du chômage. à moins de quatre mois de la présidentielle, une réforme aussi controversée et complexe que celle de la « TVA sociale », dont on voit mal comment elle ne se solderait pas par une augmentation des impôts des Français, notamment des plus modestes d’entre eux. L’improvisation est patente, tant les grandes lignes de cette réforme, et plus encore ses détails, demeurent mouvants et imprécis, au risque de déboucher sur une usine à gaz bricolée. Il y a, enfin, beaucoup de désinvolture Face au volontarisme forcé du président, aux bluffs et aux «quitte ou double» de l’Elysée, le candidat socialiste est fidèle à lui-même: prudent, déterminé, cohérent Derrière cet affrontement et ses péripéties se dessinent la nature des deux hommes autant que leur stratégie de campagne. La situation du chef de l’Etat est évidemment la plus délicate. Plombé, quoi qu’il en dise, par son bilan économique et social, ayant déjà usé jusqu’à la corde la rhétorique du « J’ai changé », il a décidé d’être lui-même, fidèle aux ressorts profonds de sa personnalité : culot, improvisation, désinvolture. Du culot, il en faut, pour lancer, démocratique à prétendre, après cinq ans de présidence, que cette réforme doit être conduite toutes affaires cessantes, sans attendre l’arbitrage des électeurs. L’on pourrait en dire autant de la taxe sur les transactions financières que le président-candidat se fait fort d’instaurer seul et tout de suite, sans souci des risques qu’il fait courir à la place financière de Paris et sans égard pour la démarche européenne qui commençait à prendre forme sur ce dossier. Mais Nicolas Sarkozy n’en a cure. Pour espérer remonter son lourd handicap, il est décidé à surprendre, brouiller les cartes et renverser les tables, quel qu’en soit le prix. A cet activisme, François Hollande entend opposer une « marche tranquille, sereine sans doute, qui doit conduire à la victoire », comme il l’a dit à Caen voilà quelques jours. Au volontarisme forcé du président, il oppose sa « volonté » tenace de changement. Aux bluffs et aux « quitte ou double » de l’Elysée, dont il veut croire que les Français ne seront pas dupes, il réplique par un mot d’ordre bien dans sa manière : « Lever une espérance, mais ne rien promettre qui ne puisse être tenu. » En cela, le candidat socialiste est, également, fidèle à lui-même : prudent, déterminé, cohérent ; et persuadé que les Français seront plus convaincus par ce langage de vérité que par quelque pensée magique que ce soit. Mais ce n’est pas le moindre paradoxe de cette campagne – ce duel – qui va opposer, en première ligne, un président sortant pétaradant comme un challenger, et un challenger parlant déjà comme un président. p [email protected] Livre du jour Gouvernance mise à nu E n 2007, Pascal Lamy, directeur général de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), ouvrit à l’anthropologue Marc Abélès les portes de son institution. Créée en 1995 en remplacement de l’Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce (GATT), avec pour objectif déclaré de «favoriser autant que possible la bonne marche, la prévisibilité et la liberté des échanges », l’OMC était fortementcontestéedepuislesommet de Seattle de 1999 et l’échec du cycle de Doha, commencé en 2001. Le geste de Pascal Lamy invitant un anthropologue à observer les coulissesdesoninstitution s’inscrivait dans une politique de communication destinée à relégitimer l’OMC comme instance de gouvernance globale. Marc Abélès, qui a longtemps observé les forums politiques, de l’Ethiopie au Parlement européen enpassantparl’Assembléenationale, pose depuis quelques années les problèmes d’une anthropologie de la mondialisation (voir son livre sur le marché de l’art chinois, Pékin 798, Stock, 2011). Avec l’OMC, il se confrontait à un défi de taille : comment décrire une gouvernance mondiale que Pascal Lamy qualifie lui-même de « gazeuse »? Si l’OMC dispose bien d’un siège à Genève, ou le secrétariat emploie 800 fonctionnaires en charge d’aider les 153 pays membres dans leurs négociations, une grande partie des enjeux se déroule en dehors de cette arène. Des anthropologues à l’OMC Marc Abélès (dir.) CNRS Editions, 288 p., 24,9 ¤ Pour résoudre ce problème d’accès à un forum public international, Marc Abélès a réuni une équipe d’anthropologues issus de plusieurs pays : Argentine, Cameroun, Canada, Chine, Corée, Etats-Unis et France. Chacun, ayant l’occasion de faire un séjour plus ou moins long à l’OMC dans le cadre d’un projet financé par l’Agence nationale de la recherche,souligneun aspectdifférent de l’institution. La Coréenne Jae Chung rappelle le geste de son compatriote, le fer- mier Lee Kyung-hae, qui se suicida en 2003 devant le siège de l’OMC après avoir écrit : « J’ai cherché à comprendre la vraie raison, la force qui se trouve derrière ces vagues qui nous emportent. Et ma conclusion, c’est que je l’ai trouvée ici, derrière les grilles de l’OMC. » Le Camerounais Paul Dima compare les modes de résolution des conflitspropresàl’OMCaveclesformes de justice traditionnelles dans les pays africains. Le Chinois Hua Cai retrace la lente montée en puissance de la Chine à l’OMC, qui s’est L’analyse porte sur les «régimes de visibilité», la façon dont l’institution joue sur les registres de la transparence et du secret prise de passion pour cette institution depuis son ouverture au marché international – au point que les touristes chinois viennent se faire prendreen photodevant lesiège de Genève – mais qui peine à apprendre les règles de la nouvelle gouvernance. Pour les anthropologues issus des « pays développés », le problème de l’accès à l’OMC se pose autrement. L’analyse porte sur les «régimesdevisibilité»,lafaçondontl’institution joue sur les registres de la transparenceetdusecretpourmettreen scèneson pouvoir. La « Green Room », où ont lieu les négociations les plus âpres, est comparée aux coulisses du théâtre élisabéthain. Les peintures qui accueillent le visiteur du Centre William Rappard,héritéesduBureauinternational du travail, ont été recouvertes pendant la période du GATT, puis découvertes à nouveau lorsque l’OMC assuma à nouveau la question de l’équité. La gouvernance mondiale contemporaine est ainsi réinscrite dans la temporalité plus longue du symbolique. p Frédéric Keck ION T C E L É S E E. , UN D S I N O O M M E U U D LES e l’actualité CHAQ C I T R A S R EILLEvUous offre une relecture crsomartplèictelesdparus dans le qi uvootiudsieavnait DES M qu de » eilleu ot, er l’enquête l du « Mon tion des m un m trouv Le mensue dent, avec une sélec reposée, re étiez juré de lire… En . te tê à é c le ré ic p rt du mois ent illustré vous vous Relire un a nalyse que zine élégant et fortem pléments. a p e u s tt e s c e s s n u o r da s un maga ous plonge onde » dan M « échappé, v u d r u el le meille bolemensu a r/ .f e vous offrir d n o em ww.l ONNER : w B A S U O V POUR 19