"Bobo" un mots parmi tant de maux

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"Bobo" un mots parmi tant de maux
Patrice Lucquiaud
"Bobo" un mots parmi tant
de maux
Publié sur Scribay le 15/09/2016
"Bobo" un mots parmi tant de maux
À propos de l'auteur
Retraités depuis janvier 2005, avec mon épouse, nous étions accompagnateurs de
personnes handicapées mentales, ceci pendant 40 ans, dans un Foyer de Vie, en
Haute Normandie.
À propos du texte
Élève Bobard, quelle est la capitale du Tamalou ? "Gébobolah" M'sieur !...
Ce billet a été édité sur mon blog il y a 10 ans ...
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"Bobo" un mots parmi tant de maux
"Bobo" un mots parmi tant de maux
Les temps changent : Les gens de ma génération "Soixante-huitarde", laquelle a si
bien engendré celle des "Peace and Love", clamaient à tous propos : "Y a pas de mal
à se faire du bien..." aujourd'hui, autre son, qui point ne cloche... on dirait volontiers
: " Y a pas de mal à se faire Bobo ..." Je ne me savais pas ignare à ce point…
Figurez-vous que cette semaine dans la « Nouvelle République du Centre Ouest »
(Septembre 2006), je suis tombé (sans me faire mal ...) sur un article de fond à
propos des « Bobos »… Jusqu’à présent le terme de « bobo » désignait pour moi,
dans le langage enfantin, les ecchymoses et égratignures bénignes résultant de
petits chocs occasionnés par les mouvements et les déplacements maladroits
d’enfants débordant de vitalité, voire, par extension, des petits maux qui n’ont
aucune conséquence grave sur la santé des adultes… Et bien « bobo » a maintenant
un tout autre sens, pour les initiés bien sûr, mais pas pour le quidam ordinaire que je
suis… En fait, « bobo » est l’abréviation de « bourgeois bohème »… Ah oui, faut
connaître ! … Arriver à 62 ans sans savoir ce qu’est un « Bobo » relève d’une culture
rétrograde en total décalage avec les « tendances » du moment … Alors tout de suite
je me pose la question : suis-je ou ne suis-je pas « Bobo » ? Mais, avant de répondre à
cette question, tentons de définir ce qu’est un « Bobo » … Sur ce sujet, bien dans les
mœurs du temps, à ce qu’il parait, les chroniqueurs spécialistes restent encore
évasifs. J’en ai retenu qu’il s’agit le plus souvent d’une génération de personnes, dont
la plus part se situe dans une palette d’âge entre 20 et 45 ans et ce n’est pas
limitatif, et qui ont les moyens de vivre « Bio » et « Branché », sur le mode artiste
intello libéré inspiré par le néo rétro d’avant garde … Tout un programme... En fait
c’est tout un style de vie, de manière d’être de s’exprimer et de penser qui va de
concert avec cette « bobosophie » (moi aussi je suis capable d’inventer une
terminologie adaptée, non mais !...) Si les "Bobos" adoptent des modes diverses et
colorées souvent liées aux exotismes à caractère « zen » ils tentent également de
marier le naturel et le bio à du contemporain parfois très « in » . Intellectuellement
les bobos sont ouverts surtout à ce qui fait l’actualité. Le « Bobo » est un « touche à
tout » mais aussi sélectif pour certaines options de vie : Maintien en bonne Santé Plaisirs équilibrants - Elitisme stimulant, le "Bobo" est un progressiste qui se veut au
« top » en restant modéré…
Dans cette confusion il est difficile de ne pas se sentir
concerné par cette « bobomania » et me dis, illico, que je dois aussi avoir ma dose de
« bobo » sans m’estimer pour autant, un endommagé de la vie...
Mais qu’est-ce donc cette nécessité qu’éprouvent les humains de notre temps à
cataloguer, à classifier, à caractériser, à stigmatiser leurs semblables, les rangeant
dans telle ou telle catégorie d’individus, suivant des modes, des « tendances » et un
vocabulaire sans cesse réactualisé dont les définitions précédent le plus souvent un
phénomène social, une mode, parfois éphémères et heureusement, sans conséquence
dommageable ? … Au cours de ma carrière d’encadrant et d'animateur de
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personnes dites « handicapées mentales » j’ai dû intégrer toute une terminologie,
adaptée, elle, aux pratiques, psychologique, sociale et médicale … La connaissance
(succincte …) des pathologies nous conduisait à échanger nos points de vue et
expériences entre collègues en se « délectant » d’un jargon aussi impressionnant que
superficiel… Parlant de nos patients on y allait, très docte, à coup de : trisomique autiste – psychotique - schizophrène - maniaco-dépressif et de bien d’autres noms
souvent vides de sens car insuffisants pour expliquer le mystère humain que chacun
représente et encore moins l’énigme d’Existences hors « normes »… Alors, de
grâce, laissons aux étiquettes leur fonction initiale : celle de désigner ou d’afficher le
prix et la valeur, des choses, uniquement !... L’humain n’est pas un produit à
étiqueter … Il faut bien d’autres yeux, pour percevoir ce qui constitue les
fondements de la Nature Humaine, nous faisant entrevoir, chez chacun de nos
semblables, sa véritable « Raison d’Être » …
Sa Seigneurie "Beau Baudet "
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