Le latin, langue scientifique
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Le latin, langue scientifique
Jean-Baptiste Dupré Lycée Claudel Mis à jour : 11/2011 Page 1 Les langues de la science : du latin à l’anglais, et de l’anglais… au latin. I) Rappel historique À toutes les époques, différentes langues ont eu une influence plus ou moins grande dans le domaine des sciences : Vers 500 av. JC : le grec (philosophie, arithmétique, géométrie, physique). Du XIe au XIIIe siècle : l’arabe. Les Arabes ont introduit la science grecque en Occident par le biais de traductions et ont compté parmi eux de grands savants (mathématiciens, médecins, entre autres…). Du XVe au XVIIe siècle : le latin (philosophie, mathématiques, sciences naturelles), concurrencé en partie par l’émergence des langues nationales (Paré donne ses cours de médecine en français, Galilée écrit en italien, et le philosophe Bacon en anglais). Au XVIIIe siècle : le français, en concurrence avec le latin. Les publications scientifiques sont rédigées en français en Italie, en Suisse, aux Pays-Bas et à Berlin. Mais le Suédois Linné publie en latin son Systema Naturae, ouvrage de base des sciences naturelles. Au XIXe siècle : avancée de l’anglais (avec la Révolution industrielle, à la base du développement de nouvelles techniques : machine à vapeur, métallurgie, industrie textile, chemins de fer…). Au XXe-XXIe siècle : domination de l’anglais dans les communications scientifiques. Cependant… II) Maintien du latin et du grec dans la langue scientifique À y regarder de près, l’anglais utilisé dans les domaines des sciences et techniques a une base lexicale grecque et latine : Les classifications en latin utilisées par Linné au XVIIIe siècle dans les domaines de la botanique et de la zoologie se sont maintenues jusqu’à nos jours. Plus inattendu : la cosmétologie connaît depuis 1995 une nouvelle nomenclature pour indiquer la composition des produits mis en vente dans l’U.E. : le latin y supplante l’anglais de manière spectaculaire : Beeswax > cera alba Fish extract > pisces Sea salt > maris sal Egg > ovum Dans la table des éléments chimiques, la moitié des 105 noms repose sur des termes grecs ou latins. Les symboles internationaux utilisés le rappellent : N « azote » (grec nitron « salpêtre ») Na « sodium » (latin natrium) Jean-Baptiste Dupré Lycée Claudel Mis à jour : 11/2011 Page 2 K « potassium » (latin kalium) Sb « antimoine » (latin stibium) En physique, il y a eu une normalisation dans l’utilisation des préfixes servant à désigner les multiples et sous-multiples de chaque unité de mesure. Ces préfixes sont formés du grec : exa-, péta-, téra-, giga-, méga-, kilo-, hecto-, déca-, micro-, nano- ; du latin : déci-, centi-, milli- ; du danois : femto- (un millionième de milliardème) et atto- (un milliardième de milliardième) ; il y en a un de l’espagnol : pico-. En informatique, environ 80 % du vocabulaire anglais utilisé est d’origine latine : il s’agit de termes venus soit par l’intermédiaire du français ( computer, code, test), soit plus ou moins directement du latin (index, digit, scanner). Conclusion En anglais, 60 % des mots anglais proviennent du français ou du latin. L’anglais n’est-il pas devenu la langue de la science, parce qu’il comprend –en partie grâce au français- un nombre considérable d’éléments de la langue qui avait été pendant des siècles la langue scientifique par excellence, le latin ?