Rapport - FemAnVi

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Rapport - FemAnVi
Universitéd’Ottawa
LES ENFANTS EXPOSÉS À LA VIOLENCE CONJUGALE :
CONVERSATIONS INTERNATIONALES POUR DES RECHERCHES ET DES PRATIQUES NOVATRICES
PRIORITÉS POUR LA RECHERCHE
Rapport rédigé par
Simon Lapierre
John Flynn
Isabelle Côté
Vanessa Couturier
Avril 2016
TABLEDESMATIÈRES
INTRODUCTION ............................................................................................................................................ 2
La raison d’être de ce rapport .............................................................................................................. 2
CONTEXTE .................................................................................................................................................... 3
AXE 1 : DIMENSIONS THÉORIQUES ET MÉTHODOLOGIQUES ....................................................................... 3
L’adoption d’une perspective féministe ............................................................................................... 4
L’importance accordée au point de vue des enfants ........................................................................... 4
Les partenariats entre les milieux universitaires et les milieux d’intervention .................................... 5
AXE 2 : THÈMES À EXPLORER OU À APPROFONDIR ..................................................................................... 6
Les facteurs qui contribuent à la sécurité et au bien-être des enfants exposés à la violence
conjugale .............................................................................................................................................. 6
L’intervention en maisons d’hébergement .......................................................................................... 6
Garde et droits d'accès en contexte post-séparation .......................................................................... 7
CONCLUSION ................................................................................................................................................ 8
SOURCES ...................................................................................................................................................... 8
1
INTRODUCTION
Les 9 et 10 avril 2015, se tenait le colloque Les enfants exposés à la violence conjugale :
conversations internationales pour des recherches et des pratiques novatrices. À cette occasion,
la Faculté des sciences sociales de l’Université d’Ottawa accueillait 14 conférencières provenant
du Canada, des États-Unis, de la Suède et de l’Angleterre, en plus d’une centaine de
participantes. Parmi ces participantes se trouvaient des décideurs, des intervenantes et des
étudiantes, francophones et anglophones, provenant principalement de l’Ontario et du
Québec.
Ce colloque visait à contribuer à l’avancement des connaissances dans le domaine de la
violence conjugale, en mettant l’accent sur la situation, l’expérience et le point de vue des
enfants exposés à la violence conjugale. Lors de la première journée, les nombreuses
présentations ont permis de dresser un portrait international des connaissances dans le
domaine, d’identifier les principaux enjeux et de proposer des perspectives novatrices pour la
recherche dans ce domaine. Les thèmes abordés incluaient : l’expérience et le point de vue des
enfants et des adolescents, la maternité et la relation mère-enfant, la paternité et la relation
père-enfant et la prévention de la violence conjugale. Lors de la deuxième journée, les
présentations ont permis d’identifier des initiatives (politiques, programmes, pratiques)
novatrices dans ce domaine, ainsi que de cerner le contexte dans lequel ces initiatives ont été
développées et implantées, les défis auxquels elles ont été confrontées, leurs retombées, etc.
Ce colloque a été rendu possible grâce à la contribution financière du Conseil de recherche en
sciences humaine du Canada, de la Faculté des sciences sociales et de l’Université d’Ottawa.
Laraisond’êtredecerapport
Lors de ce colloque, les conférencières et les participantes ont été invitées à échanger sur leurs
priorités pour les recherches futures dans le domaine de l’exposition à la violence conjugale. Ce
rapport présente les priorités qui ont émergé de ces échanges et qui ont obtenu l’approbation
d’un plus grand nombre de participantes. Dans le cadre de cet exercice, les participantes ont
d’abord été invitées à former des petits groupes puis à discuter des thèmes suivants pendant
une vingtaine de minutes :
1. Quels thèmes devraient être explorés ou approfondis dans les recherches futures ?
2. Comment ces recherches devraient-elles être réalisées (dimensions méthodologiques) ?
3. Quelles stratégies devraient être privilégiées pour faciliter la diffusion et l’appropriation
des résultats de ces recherches ?
La discussion a ensuite continuée en grand groupe pendant environ 60 minutes, avec quatre
panelistes à l'avant pour faciliter la discussion. Par la suite, les participantes ont été invitées à
choisir les priorités parmi celles qui ont été mentionnées pendant la plénière.
2
Ce rapport présente donc les priorités qui ont émergé de ces échanges et qui ont obtenu
l’approbation d’un plus grand nombre de participantes. Elles ont été regroupées en fonction
des deux axes suivants : les dimensions théoriques et méthodologiques qui devraient être
privilégiées; et les thèmes qui méritent d’être explorés ou approfondis.
CONTEXTE
Traditionnellement, la violence conjugale a été perçue comme un problème touchant
uniquement les adultes concernés, mais il est aujourd’hui généralement admis que les enfants
sont aussi affectés par cette violence. En effet, les enfants sont souvent exposés à la violence
exercée à l’endroit de leur mère.1 C’est le cas, par exemple, lorsqu’ils sont témoins visuels des
incidents de violence, ou lorsqu’ils entendent ce qui se passe à partir d’une autre pièce de la
maison. Ils peuvent ressentir le climat de tensions et de peur. Ils peuvent aussi être exposés de
manière indirecte, en constatant les blessures ou la détresse de leur mère, ou en assistant à
l’arrestation ou à l’incarcération de leur père ou de leur beau-père.2
Cette problématique touche un grand nombre d’enfants au Canada, comme ailleurs dans le
monde. Selon UNICEF, le nombre d'enfants canadiens qui, en 2016, furent témoins directs ou
indirects de violence conjugale se chiffrait entre 85000 et 360 000.3
Les trois dernières décennies ont vu une augmentation accrue des recherches consacrées à la
problématique des enfants exposés à la violence conjugale. Ces recherches ont surtout mis
l’accent sur l’ampleur et les conséquences négatives de l’exposition à la violence conjugale.4 Les
résultats de ces recherches démontrent que la violence peut avoir des impacts considérables
sur la sécurité, la santé, le développement et le bienêtre des enfants.
Les militantes et les intervenantes féministes en maisons d’hébergement ont été les premières,
dès les années 1970, à se préoccuper de la situation de ces enfants.5 Avec les années, elles ont
développé une solide expertise dans ce domaine.6,7 Plus récemment, l’exposition à la violence
conjugale a été reconnue comme une problématique pouvant nécessiter l’intervention des
services de protection de l’enfance et devant être considérée dans les procédures concernant la
garde et les droits d’accès suite à la séparation des parents.8,9 Néanmoins, plusieurs
controverses persistent, notamment en ce qui a trait à la compréhension de la situation de ces
enfants et des interventions à privilégier auprès de ces derniers et de leur famille.
AXE1:DIMENSIONSTHÉORIQUESETMÉTHODOLOGIQUES
Trois des thèmes qui ont émergé relèvent davantage des dimensions théoriques et
méthodologiques, soit : l’adoption d’une perspective féministe; l’importance accordée au point
de vue des enfants; et les partenariats entre les milieux universitaires et les milieux
d’intervention.
3
L’adoptiond’uneperspectiveféministe
Tout comme les militantes et les intervenantes féministes ont été les premières à se
préoccuper de la situation des enfants vivant dans un contexte de violence conjugale, les
chercheures féministes ont aussi été parmi les premières à réaliser des recherches dans ce
domaine.10 Néanmoins, il semble que le discours féministe ait été marginalisé dans la
littérature contemporaine ainsi que dans les politiques et les pratiques, particulièrement dans
le champ de la protection de l’enfance.11 En effet, les recherches récentes sur les enfants
exposés à la violence conjugale se sont davantage appuyées sur une analyse systémique de la
violence et ont adopté un cadre psychodéveloppemental pour rendre compte des
conséquences de cette violence sur les enfants.12 Ces recherches sont problématiques, dans la
mesure où elles renforcent un discours sur la symétrie de la violence conjugale et présentent
une vision unidimensionnelle de la réalité des femmes et des enfants qui vivent dans un
contexte de violence, alimentant ainsi un discours « déficitaire ». En effet, de nombreuses
recherches mettent l’accent sur les conséquences négatives de la violence sur les enfants et sur
l’incapacité des femmes victimes de violence à assurer la sécurité et le bien-être de ceux-ci de
manière jugée adéquate. Ces observations se reflètent aussi dans les pratiques.13
Contrairement aux recherches traditionnelles, la recherche féministe s’intéresse à l’expérience
des femmes et des enfants et contribue au changement social. Ainsi, ces recherches sont
nécessaires puisqu’elles mettent les inégalités de pouvoir entre les hommes et les femmes au
centre de l’analyse. La théorie féministe remet en question la production du savoir par les
groupes dominant parce que les intérêts des femmes et autres groupes opprimés femmes sont
perpétuellement renvoyés à la marge. Au lieu, la recherche féministe repositionne les femmes et autres groupes marginalisés - au coeur de la recherche sociale14 en les reconnaissant comme
étant les « expertes ». Ce sont elles qui dictent l'orientation des recherches, en valident les
constats, et s'appuient sur ceux-ci pour revendiquer le renversement de l'ordre social injuste en
faveur d'une société plus inclusive, où les intérêts des groupes marginalisés sont mis à l'avantscène.
Dans ce contexte, il est important de continuer de mener des recherches qui s’inscrivent dans
une perspective féministe et qui s‘appuient sur une analyse féministe de la violence
conjugale. Ces recherches doivent se centrer sur le vécu des femmes et des enfants, dans une
analyse qui centralise les concepts de genre et d’inégalités de pouvoir. Il est aussi fondamental
que ces recherches se dotent d’un agenda politique, et s’inscrivent dans une logique de
changement social.
L’importanceaccordéeaupointdevuedesenfants
Les recherches sur les enfants exposés à la violence conjugale se sont surtout basées sur des
données recueillies auprès d’adultes, incluant les mères et les professionnels.15 Ces recherches
ne permettent pas de saisir toute la diversité et la complexité des expériences vécues par les
enfants. Cette tendance s’explique, entre autres, par le peu de valeur accordée au point de vue
des enfants de manière plus générale.16
4
En effet, même si les enfants et les adolescents constituent l’objet de très nombreuses
recherches dans diverses disciplines, ils ne sont généralement pas considérés comme des sujets
ou comme des acteurs sociaux suffisamment compétents pour être en mesure de définir et
d’expliquer leur réalité. Cette tendance peut être généralisée à la société dans son ensemble,
où le point de vue des enfants est rarement écouté et entendu. Dans le domaine de la violence,
les comités d’éthique, tant universitaires qu’institutionnels, posent aussi des défis importants
qui limitent l’accès à ces jeunes.17 À cet égard, Morris, Hegarty et Humphreys18 (2012)
soulignent que ces défis éthiques :
Présentent des occasions de considérer des méthodes de recherche novatrices,
sécuritaires et éthiques pour l’implication des enfants en recherche. Des designs
de recherche qui se considèrent des méthodologies favorables à la prise de parole
des enfants dans des contextes appropriés, des protocoles et procédures qui
permettent aux chercheurs de se préparer et de gérer les potentiels de risques et
de re-traumatisation. (traduction libre, p. 136)
Pourtant, l’expérience et le point de vue des enfants devrait être au centre de la
recherche et, pour y parvenir, il est crucial de leur donner la parole. En effet, ces enfants
occupent une position d’avant-plan et personne n’est mieux placé qu’eux pour parler de
la violence qu’ils ont vécus et à laquelle ils ont été exposés. En d’autres mots, ils occupent
une position épistémologique « privilégiée »19. Il y a néanmoins une réflexion à
poursuivre concernant les types de recherches à privilégier et les meilleures façons de
recueillir le point de vue de ces enfants, en assurant toujours leur sécurité et leur bienêtre.
Lespartenariatsentrelesmilieuxuniversitairesetlesmilieuxd’intervention
La notion de partenariats entre les milieux universitaires et les milieux d’intervention est de
plus en plus documentée et jugée nécessaire. En effet, le plan stratégique 2006-2011 du Conseil
de recherches en sciences humaines du Canada (CRSH) énonçait une réorientation de ses
objectifs stratégiques visant notamment la favorisation les activités de partenariats et de
mobilisation des connaissances.20 Ces partenariats sont généralement perçus comme étant
prometteurs, puisqu’ils sont de longues durées, réciproques et organisés de façon
intentionnelle21. Par ailleurs, Powell (2002) soutient que la recherche en travail social, si elle
veut s'assurer d'être pertinente pour les milieux pratiques, doit être davantage inclusive et
assurer l'engagement des usagers dans le processus de recherche.22 Flynn et al. (201523)
soulignent que, lorsque nous sommes dans un contexte de recherche en partenariat : « il est
important de fournir des occasions pour discuter de ces diverses postures théoriques,
méthodologiques ou idéologiques afin d’identifier les points de jonction qui rallient les
membres chercheurs et partenaires des milieux de pratique » (p. 3).
Cependant, les milieux se sentent souvent « utilisés » par les chercheurs; ils sont sollicités pour
la collecte de données, mais ne sont pas nécessairement impliqués dans la formulation des
objectifs ou de la stratégie de recherche, ou encore dans la diffusion des résultats de la
5
recherche. Certaines participantes ont même déploré le manque d’accès aux connaissances
développées dans le milieu universitaire.
Ainsi, il s’avère nécessaire de favoriser un solide partenariat entre les milieux universitaires et
les milieux d’intervention. Les paramètres du partenariat devraient être négociés au tout
début du processus et des discussions doivent se poursuivre tout au long du processus, pour
s’assurer que le projet répond aux besoins et aux attentes de tous les partenaires impliqués.
AXE2:THÈMESÀEXPLOREROUÀAPPROFONDIR
Plusieurs thèmes ont fait l’objet de discussion lors de ce colloque, mais trois d’entre eux ont été
identifiés comme étant prioritaires par les participantes, soit : les facteurs qui contribuent à la
sécurité et au bien-être des enfants exposés à la violence conjugale; l’intervention en maisons
d’hébergement; la garde et les droits d’accès en contexte post-séparation.
Lesfacteursquicontribuentàlasécuritéetaubien-êtredesenfantsexposésàlaviolenceconjugale
Tel que mentionné ci-dessus, les recherches dans ce domaine ont mis l’accent sur les
conséquences négatives de l’exposition à la violence conjugale. Ces recherches ont démontré
que les enfants qui ont été exposés à la violence conjugale peuvent souffrir de stress posttraumatique24 et qu’ils présentent plus de problèmes d’adaptation et de fonctionnement à
court et à long terme, comparativement aux enfants qui n’ont pas été exposé à la violence
conjugale.25 Dans cette perspective, le discours sur la « transmission intergénérationnelle » de
la violence conjugale, qui soutient que le phénomène de la violence conjugale se transmet
d’une génération à l’autre par l’entremise de la famille, a été particulièrement influent dans la
littérature.26,27 Dans l’ensemble, ces recherches présentent une vision unidimensionnelle de la
réalité des enfants qui vivent dans un contexte de violence conjugale, et alimentent ainsi un
discours « déficitaire » de ces enfants.
Pour contrer ce discours « déficitaire », les recherches futures devraient mettre l’accent sur les
enfants qui vont « bien », malgré leur expérience d’exposition à la violence conjugale. De plus,
les recherches futures devraient aussi étudier les facteurs de protection pour les enfants
exposés à la violence conjugale. Les facteurs de protection constituent un point d’ancrage qui
permet de tenir compte de différentes caractéristiques individuelles et environnementales dans
la vie des enfants. Quelques recherches se sont ainsi penchées sur les facteurs de
protection28,29 mais en contrepartie, plusieurs recherches se sont penchées sur la résilience des
enfants exposés à la violence conjugale. 30,31
L’interventionenmaisonsd’hébergement
Au Canada, comme aux États-Unis et dans plusieurs pays européens, les premières maisons
d’hébergement pour femmes victimes de violence conjugale ont vu le jour au cours des années
1970, à l’initiative de militantes féministes32,33). Depuis leur création, ces maisons ont toujours
hébergé des femmes victimes de violence et leurs enfants. À cet égard, notons que les
6
statistiques pour l’année fiscale 2013-2014 démontrent que 30 030 femmes ont été admises
dans des maisons d’hébergement canadiennes et environ 50% de ces femmes étaient
accompagnées d’un ou plusieurs enfants.34 Tel que mentionné ci-dessus, ce sont les militantes
et les intervenantes en maisons d’hébergement qui ont été les premières à se préoccuper de la
situation des enfants vivant dans un contexte de violence conjugale. Elles ont développé une
solide expertise en matière d’intervention auprès des enfants exposés à la violence conjugale,
et des services destinés spécifiquement à ces enfants ont été mis en place.35 À cet égard,
plusieurs maisons d’hébergement embauchent des intervenantes jeunesse pour travailler avec
les enfants et pour favoriser les relations mères-enfants, même si le financement pour ces
services demeure précaire dans certaines régions.36
Cependant, un récent rapport37 met en lumière que l’expertise des intervenantes en maisons
d’hébergement n’est pas toujours reconnue par les différents acteurs dans le système de
protection de l’enfance et dans le système judiciaire. De plus, peu de recherches ont examiné
les impacts d’un séjour en maisons d’hébergement et des services reçus par les enfants dans ce
contexte. Ce même rapport souligne que certains professionnels perçoivent même les maisons
d’hébergement comme des endroits qui ne permettent pas une stabilité dans la vie des
enfants, nuisant ainsi à leur sain développement et à leur bien-être.
Ainsi, les recherches futures devraient étudier les impacts positifs et négatifs, à court terme et
à long terme, du séjour en maison d’hébergement chez les enfants. Dans le même sens, les
programmes et les pratiques en place en maisons d’hébergement devraient faire l’objet
d’évaluations formelles. Ces évaluations devraient inclure les facteurs qui peuvent faciliter ou
limiter l’accès à ces services – la nécessité d’obtenir l’autorisation du père, la langue, etc. – et
les facteurs qui peuvent contribuer ou nuire au succès de ces interventions.
Gardeetdroitsd'accèsencontextepost-séparation
La période entourant la séparation est un moment charnière pour les femmes et les enfants
vivant dans un contexte de violence conjugale. En effet, cette période peut constituer une
transition positive vers une vie sans violence. Par contre, de nombreuses recherches
démontrent que la violence ne cesse pas nécessairement au moment de la rupture38,39,40 et que
c’est pendant la période post-séparation que les femmes et les enfants sont le plus à risque
d’être victimes de violence sévère ou d’homicide.41,42 À cet égard, notons que les hommes qui
ont des comportements violents utilisent souvent les contacts avec leurs enfants pour
continuer de contrôler leur ex-conjointe.43
Néanmoins, relativement peu de recherches dans le domaine de la violence conjugale ont porté
sur la période post-séparation et sur les enjeux qui émergent durant cette période. Plus encore,
les divers professionnels ont une connaissance limitée de ces enjeux et ne considèrent pas
toujours la violence post-séparation et les risques qui y sont associés dans leurs
interventions.44Dans ce contexte, les femmes peuvent être blâmées si elles expriment des
inquiétudes ou des réticences face aux contacts père-enfant45 et certaines femmes peuvent
même être accusées d’aliénation parentale dans ces circonstances.46
7
Ainsi, les recherches futures devraient porter une attention particulière à la période postséparation, notamment aux enjeux en lien avec la garde et les droits d’accès. Ces recherches
devraient examiner les différentes stratégies utilisées par les agresseurs, la place des enfants
dans ces stratégies, et les impacts à court terme et à long terme sur les femmes et les enfants.
Dans le même sens, ces recherches devraient documenter les impacts des interventions qui
reposent sur une mauvaise compréhension de la problématique de la violence conjugale.
CONCLUSION
Ce rapport a présenté les priorités identifiées lors du colloque Les enfants exposés à la violence
conjugale : conversations internationales pour des recherches et des pratiques novatrices. Nous
espérons qu’il incitera les actrices et les acteurs concernés à poursuivre les riches conversations
qui ont eu lieu lors de ce colloque, contribuant ainsi à l’avancement des connaissances dans le
domaine de la violence conjugale, en mettant l’accent sur la situation, l’expérience et le point
de vue des enfants exposés à la violence conjugale.
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