La Restauration du Salon Directoire
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La Restauration du Salon Directoire
Décor de gypseries (après restauration) figurant un mariage et surmontant un miroir du salon. LA RESTAURATION DU SALON DIRECTOIRE UNE AFFAIRE DE PROFESSIONNELS BERNARD GALÉRON bleu pastel qui ne collait pas du tout au style de l’époque », explique-t-il. Pour retrouver les couleurs d’origine, les Monuments historiques ont piloté une opération de sondage des murs. « On a retrouvé du gris, du parme et du jaune qu’on n’a plus l’habitude de voir accordés ensemble. Il a fallu retravailler ces couleurs pour proposer des teintes qui ne heurtent pas notre époque et qui correspondent bien à l’esprit d’origine. » Une odeur un peu âpre flotte sur le chantier. Hugues Losfeld ne travaille que la peinture à l’huile et les pigments naturels. Le salon avant et après restauration et reconstitution d’un décor peint à l’ancienne : plinthes en imitation marbre Cerfontaine et décor de frises et de grotesques Directoire. De gauche à droite : Les patines ont été faites d’après les sondages sur les couches antérieures. Sur la bordure, l’apprêt ocre jaune sera recouvert de feuille d’or. Gypseries plaquées sur bois : un procédé devenu courant au tournant des XVIIIe et XIXe siècles. ATELIER HUGUES LOSFELD Diplômé de l’Institut supérieur de peinture décorative Van der Kelen (Bruxelles), Hugues Losfeld a ouvert son atelier de Mouvaux en 2008. Ses spécialités : restauration et reconstitution de décors anciens. FRANÇOISE DURAND BERNARD GALÉRON BERNARD GALÉRON BERNARD GALÉRON « Il a fallu retravailler les couleurs pour proposer des teintes qui ne heurtent pas notre époque. » Avec leurs blouses blanches et leur air juvénile, ils semblent sortis d’un autre temps. Peintre en décor formé à l’institut Van der Kelen, à Bruxelles, Hugues Losfeld a investi le salon de Neulette pendant quelques mois, transformant la pièce en atelier de peinture. Il y travaille dans une ambiance studieuse, aidé de Noémie. Objectif : restaurer les stucs et les boiseries de ce décor Directoire. « Le salon avait été repeint dans un « La grande difficulté c’est d’obtenir la même couleur partout. On peut mettre une journée entière avant de trouver exactement la teinte que l’on souhaite. » Après avoir nettoyé, lessivé, poncé et enduit les boiseries, les deux peintres en décor ont appliqué une première couche de blanc puis une seule couche de couleur : « Le blanc va transparaître, ce sera plus lumineux. » Pour les dorures à la feuille, ils ont choisi une assiette jaune afin de réveiller la palette : « Il ne faut pas avoir peur d’y aller un peu fort. » L’habillage des panneaux a soulevé beaucoup de questions. Tissus, peinture unie ou motifs ? Le propriétaire opte pour une création de motifs inspirés d’autres décors Directoire. « Ce n’est pas faire du faux vieux mais recréer quelque chose avec les mêmes codes qu’à l’époque », explique le jeune homme. Côté gypseries, un patient nettoyage au coton-tige a permis d’enlever les couches de peinture successives qui engluaient les reliefs de ces fins tableaux de plâtre. Menée tout en finesse, cette restauration est incontestablement une réussite, et un bel hommage à l’esprit de cette demeure familiale dont le charme, subtil, tient à l’authenticité et à l’absence d’ostentation. N° 242 U MARS 2012 49