nouvelles de l`inde - Collège Tanguy Prigent

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nouvelles de l`inde - Collège Tanguy Prigent
NOUVELLES
Ambassade de l’Inde
mars-avril-mai 2015
DE L’INDE
Numéro 420
VISITE OFFICIELLE DU PREMIER MINISTRE
NARE NDRA MODI EN F ran c e
Hommage
Dossier
Tourisme
Steve Lecler
Bengale Occidental
Le Taj Mahal
Curriculum-vitae
S.E. Dr. Mohan Kumar est entré aux Affaires Etrangères en 1981 en tant que Troisième
Secrétaire à la Mission Permanente de l’Inde à Genève où il est resté jusqu’en 1984. Tout
en apprenant le français, il s’est familiarisé avec le travail aux Nations Unies. Entre 1984 et
1990, il a travaillé comme Deuxième Secrétaire puis Premier Secrétaire dans les Missions
diplomatiques indiennes respectivement au Maroc et au Congo. Il fut chargé des relations
politiques et commerciales entre l’Inde et ces deux pays francophones.
E
ntre
1990
et
1992,
l’Ambassadeur
Kumar
a
travaillé au Ministère des
Affaires Etrangères à New
Delhi
comme
responsable
des
relations bilatérales de l’Inde avec
le Bangladesh, le Sri Lanka et les
Maldives.
En
1992
commence
son
partenariat avec le GATT/OMC basé
à Genève. Il a été étroitement associé
aux Négociations commerciales du
Cycle d’Uruguay ; il fut également le
principal négociateur de l’Inde dans
des domaines tels que le Textile &
les Droits et Services de la Propriété
Intellectuelle et a représenté l’Inde à
la Conférence ministérielle de l’OMC
à Marrakech en 1994. Plus tard,
il a été amené à revenir à Genève
et à participer aux Conférences
ministérielles de l’OMC à Seattle
en 1999 & à Doha en 2001. Sa
carrière est de fait caractérisée par
sa spécialisation dans la diplomatie
multilatérale en général et dans les
sujets liés à l’OMC en particulier.
En décembre 2001, S.E. Dr. Mohan
Kumar a été nommé Ambassadeur
adjoint à la Mission diplomatique
indienne de Colombo au Sri Lanka.
En 2005, l’Ambassadeur a été
posté comme Chef de Division (Joint
Secretary) au Ministère des Affaires
Etrangères à New Delhi afin de
superviser les relations bilatérales de
l’Inde avec le Bangladesh, le Sri Lanka,
les Maldives et Myanmar.
En août 2007, Dr. Mohan Kumar
fut nommé Chef de Mission adjoint à
l’Ambassade de l’Inde à Paris, jusqu’à
sa nomination comme Ambassadeur
de l’Inde au Royaume de Bahreïn de
novembre 2010 à avril 2015.
En mai 2015, il prit ses fonctions
en France en qualité d’Ambassadeur
de la République de l’Inde.
L’Ambassadeur Mohan Kumar est
un diplomate confirmé riche d’une
expérience multiple, notamment
dans le secteur de l’OMC & dans
celui des relations avec les pays
voisins de l’Inde. Par ailleurs, sa
maîtrise de la langue française et
son implication en France sont
également d’ importants atouts.
S.E. Dr. Mohan Kumar est titulaire
d’une Maîtrise en Administration
des Affaires (MBA) de la Faculty of
Management Studies à New Delhi et
d’un Doctorat de Sciences Po - Paris.
Il est marié et a deux enfants,
une fille de 28 ans et un fils de 22
ans. Ses centres d’intérêt incluent
les voyages, la lecture, le cricket et
le tennis. n
Message du nouvel
ambassadeur de
l’Inde en France
Chers lecteurs,
C
’est pour moi un immense plaisir de m’adresser aux lecteurs
de « Nouvelles de l’Inde » en tant que nouvel ambassadeur
de l’Inde en France puisque j’ai pris mon poste il y a tout
juste un mois.
La France et l’Inde partagent d’étroits liens bilatéraux qui reposent
sur des valeurs communes telles que la démocratie, le pluralisme
et la liberté. Ces deux pays sont également confrontés à des défis
similaires comme le terrorisme. Les relations bilatérales se sont vues
considérablement renforcées grâce à la visite du Premier ministre
indien Narendra Modi au mois d’avril 2015 qui a été couronnée d’un
profond succès. Cette visite a permis la création d’une base solide
permettant de porter la relation entre l’Inde et la France à un niveau
supérieur non seulement en termes de stratégie : défense, espace
et énergie nucléaire civile mais également dans des domaines tels
que le commerce, la culture, l’investissement et les relations entre
les personnes.
Il est par conséquent, pertinent que ce nouveau numéro de
« Nouvelles de l’Inde » se concentre sur l’importante visite en France
du Premier ministre indien.
Pour conclure je dirais que c’est un grand plaisir et un immense
honneur de représenter l’Inde en France et je suis déterminé à faire
de mon mieux pour renforcer et consolider les relations entre nos
deux pays.
(Dr Mohan Kumar)
Nouvelles De L’Inde
mars-avril-mai 2015
3
Sommaire
Nouvelles de l’Inde, Paris
06
mars-avril-mai 2015
Hommage
Hommage à Steve Lecler (1931-2014)
Dossier
08
Bengale occidental
Une aventure culturelle et touristique
12
Business
Du riz aux nouvelles technologies
de l’information
16
Bengale occidental
Une terre de culture et de découvertes
22
Bengale occidental
Du riz et du poisson en toute subtilité
24
Bengale occidental
Des potiers et des sculpteurs de talent
26
Bengale : Littérature
Une littérature dominée par
Rabindranath Tagore
6
12
Economie
27
Coton
Fabriquer les textiles en coton
en Inde, pour le monde
Tourisme
28
Le Taj Mahal
Le Taj Mahal un monument
symbole historique et touristique
du romantisme mondial
Santé
34
Le yoga
Philosophie et expérience concrète
Reportage photo
38
16
M. Narendra Modi en France
Le Coin des Enfants
Visite du Premier ministre indien,
M. Narendra Modi en France
58
Littérature
Les éléphants et les souris
46
Revue des livres
48
Bibliothèques
Culture
Bibliothèques publiques en Inde
Education
53
Le Coin des Enfants
Echange d’étudiants
« Street Food - Voyage en Inde »
avec le Lycée Jacques-Cœur de Bourges
61
L’agenda de l’ambassade
62
L’Inde en France
65
Le théâtre-dansé du Kathakali
ou l’avènement terrestre des
dieux et des héros légendaires.
54 29ème Know India Programme
- Himachal Pradesh
56 Un voyage inoubliable pour de
jeunes élèves bretons
44
mars-avril-mai 2015
Nouvelles De L’Inde
22
Hindi
67
Le Coin du hindi
28
N UM E RO 4 2 0
Nouvelles
de I’Inde
Rédacteur en chef :
Apoorva Srivastava, Conseiller (PIC)
Assistante de rédaction :
Viviane Tourtet
Contributeurs du numéro :
Gaëlle Benacchio
Olivier Chiron
Mireille-Joséphine Guézennec
Gaëlle Gicquel
Marie-Françoise Le Page
Wendy Ayassamy &
Melvin Poinoosawmy
Milena Salvini
Shivkumar
Julien Sineux
Ewa Tartakowsky
Julia Thatje
Viviane Tourtet
(Media India Group) :
Priyankar Bhargava (Art Director)
Hitesh Mehta, Vinay Kamboj
NOUVELLES
novembre-décembre
Numéro 418
DE L’INDE
Bani Thani, oeuvre
de Gopal Swami
Khetanchi, artiste
représenté par bCA
Galleries, Mumbai
Ambassade de l’Inde
Spécial
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LITT éRATUR E
Hommage
Prix Nobel de la Paix
Economie
Secteur IT
Festival
Cerf-volant
Si vous souhaitez être abonnés gratuitement à la revue
« Nouvelles de l’Inde » ou nous envoyer vos commentaires et
vos remarques sur la revue, merci de nous écrire à l’adresse :
[email protected]
42
Publié et imprimé par Media India Group (production
d’articles, de photographies, et réalisation de la maquette
graphique) pour le Service Presse, Information & Culture
de l’Ambassade de l’Inde. Media India Group 12 rue d’Isly
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Ambassade de l’Inde à Paris 13 rue Alfred Dehodencq,
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Imprimé en France par l’Imprimerie
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52
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Nouvelles De L’Inde
Steve
littérature
Lecler
Hommage
Dossier Spécial
Hommage à
Steve Lecler
(1931-2014)
S
teve Lecler nous a quittés mais
restera dans nos mémoires
comme artiste à l’image de
l’Inde, cette Inde qu’il a tant
aimée, riche et multiple. Né à Paris en
1931 d’un père français et d’une mère
anglo-indienne, il passe sa jeunesse
à Londres puis poursuit des études
d’architecture.
Le travail de peintre de Steve
Lecler remonte au jour où il entendit
un Raga à la rudra veena au centre
védantique Ramakrishna de Gretz
qu’il fréquentait jeune. A partir de là,
il commence à traduire sur les toiles
son ressenti des Ragas. Une première
exposition en 1964 chez Duncan est
suivie l’année suivante d’une seconde
à la galerie des Beaux-Arts. Puis en
1966, grâce à une bourse de peinture
du gouvernement indien, Steve Lecler
rejoint l’Inde ou plutôt Bharat-mata
dont il se sent si proche. « J’y connus
toutes les expériences de l’amitié, de la
vie sociale, des pèlerinages, sillonnant
le pays en tous sens, me baignant dans
les canaux, les rivières, couchant dans
les temples, y savourant la Nature et
la liberté enfin retrouvées, les pluies,
les couchers du soleil sur l’Océan, la
grâce des femmes, l’Humanité de ce
peuple unique et aussi la symbiose
avec nos amis les animaux. »
A Delhi, il fréquente le « College
of Art » et expose grâce à Francis
Doré, alors conseiller culturel auprès
de l’Ambassade de France en Inde.
« Ma façon personnelle d’interpréter
les Ragas suscita des réactions de
la presse indienne, habituée à voir
les Ragas figurés traditionnellement
par les dieux et les déesses sur les
miniatures appelées Ragmalas. »
Formé à la culture hindouiste, il se
propose dans ses toiles de traduire les
modes musicaux ou Ragas, dont les
différentes formes évoquent des états
d’âme particuliers. L’Eveil artistique et
6
mars-avril-mai 2015
Nouvelles De L’Inde
littéraire évoque son travail : « Peintre
surprenant, insolite, à la palette riche
et lumineuse, Steve Leclerc – à sa
manière- exprime la vie, dans toute
sa force et sa beauté. Ses paysages
indiens et ses personnages sont inspirés
par la nature, mais recréés selon
son imagination. Toutes ses œuvres
sont d’une nette, rare personnalité :
véritable magicien du pinceau, par le
trait et la couleur, il projette ses visions
sur la toile, engendrant des formes,
certes, irréelles, mais significatives
et harmonieuses. (…) Il émane de cet
ensemble pictural un lyrisme étrange,
captivant, une exquise, charmante
poésie, qui enchantent l’esprit et
pénètrent le cœur ». Lucette Schouler
écrit par ailleurs dans le Journal de
l’Amateur d’Art : « Un mystérieux univers
se dégage de ces toiles, unique dont les
formes s’approchent de la réalité par
la révélation de l’eau, des montagnes,
des nuages, par la révélation du rôle
des couleurs qui paraît ici essentiel.
Des rouges puissants, riches flammes
vives et crépitantes, des bleus intenses
puisés aux profondeurs insondables
des océans, quelques jaunes en
jaillissantes fééries. (...) »
Le
Guide
du
collectionneur
évoquant une exposition à la Galerie
royale en 1980 mentionne : « Le
registre de ce peintre va du réalisme
à un surréalisme discret. Des petits
nus peints d’une manière somme
toute classique s’opposent à de vastes
effets de ciels orageux et de vagues
tourmentées (…) Steve Lecler fort
porté sur les tons chaleureux varie
cependant ses harmonies. Tantôt sage,
tantôt fougueux, il ne perd jamais le
contrôle de l’idée. Un artiste qui n’a
pas besoin de forcer son caractère
pour être original. »
Steve Lecler n’a cessé de travailler
à partir de sa très grande sensibilité,
la mariant à un riche imaginaire et à
la spiritualité hindoue dont il était
empreint. Il a exposé dans un grand
nombre de galeries tant en France
(notamment à la Galerie Royale et à
la Galerie Jean Camion) qu’en Inde et
a participé à plusieurs Salons comme
le Salon des Indépendants ou le Salon
d’Automne. Un grand nombre de ses
œuvres font partie de collections
particulières en France, en Inde, en
Espagne, en Italie, en Angleterre, en
Arabie Saoudite et aux Etats-Unis.
Steve Lecler
L’œuvre de Steve Lecler est
celle d’un initié. Ces toiles sont
hautement symboliques, d’inspiration
profondément
cosmique
encore
rehaussée par le recours à la technique
des glacis. Elle ne manque pas de nous
toucher de par l’universalité de ses
thèmes et l’hommage rendu à Mère
Nature à une époque où celle-ci est si
souvent maltraitée.
Viviane Tourtet
D’après des documents d’archives
STEVE LECLER, un artiste comme
l’Inde les aime
Il nous a quittés en octobre 2014
après une longue et douloureuse
maladie.
Il est difficile de dire si son profond
attachement à l’Inde, où il vécut
intensément, était dû à son petit
pourcentage de sang indien (par sa
mère), ou à cette sorte d’affinité aux
origines indécelables : métaphysique,
spirituelle, humaine, artistique ? Il était
indien dans l’âme. Sa vie en était le
témoignage.
Steve était un artiste né tel que
l’Inde le conçoit. En lui était cette
fusion intime des langages de l’art à
travers ceux qu’il avait faits siens : la
musique et la peinture, en particulier.
Nous l’avons rencontré pour la
première fois en 1974. Il est resté un
ami très cher tout au long des années.
L’Inde
avait
fait
germer
spontanément entre nous une amitié
partagée. Il avait très gentiment
accepté de jouer du sitar et chanter
lors de notre mariage le 22 juin 1974.
Mon mari et moi avons découvert
ce jour-là un musicien d’une rare
qualité dont la voix grave, chaude et
intense, servait si bien le Dhrupad, style
qu’il affectionnait particulièrement. Il
avait été le disciple de Dilip Chandra
Mistry qui lui avait transmis l’art de
faire chanter son sitar et résonner
les cordes de sa voix comme celles
de son instrument... Il aimait les
métaphores et en émaillait ses propos
qui reflétaient sa totale adhésion à
l’universalité de l’art, n’hésitant pas
à faire ressortir ce qu’il ressentait
d’oriental dans nos plus intrinsèques
musiques d’Occident et vice versa.
Par la suite, il donna plusieurs
concerts au Mandapa et nous apporta
sa collaboration. Ses concerts étaient
appréciés des puristes mais il n’a
jamais cherché à acquérir la notoriété.
Il vivait la musique en esthète et en
toute modestie. En 1985, à l’occasion
de notre cycle sur la musique de l’Inde
du nord : Les 24 Heures du Raga,
Steve assura les textes de présentation
du programme et le déroulement de
la Nuit sur France Culture. Il avait de
la musique une compréhension et un
ressenti personnels nourris de ses
origines mêlées et de ses profondes
connaissances.
Les moments passés en sa
compagnie étaient riches d’émotions
Hommage
et de saveurs. L‘humour était présent
ainsi que sa naturelle mélancolie. Il
était aussi un conteur né !
Au fil des années, se partageant
entre ses différentes passions, Steve
était le guide régulier de voyages
en Inde organisés par une agence
parisienne. Qui aurait su, mieux que
lui, faire découvrir à des étrangers les
monuments de l’Inde, leurs trésors
artistiques et faire revivre leur histoire
par des anecdotes comme sorties de
sa mémoire ? Entre ses pérégrinations
personnelles, ses multiples randonnées
et sa quête intérieure, les événements
vécus en Inde associaient le réalisme
et le surnaturel. Il était bien connu
pour ses narrations extraordinaires,
et nombreux étaient ceux qui ne
se seraient jamais inscrits pour ces
voyages sans sa participation assurée !
Les dernières années de sa vie l’ont
retenu loin de l’Inde et de Bénarès où
il aurait aimé finir ses jours.
Mais son souhait a été entendu. La
toute dernière bénédiction qu’il reçut en
ce monde lui a été donnée par Pandit
Viswanath Shastri de Bénarès (de
l’Association Dharma Sangh de Paris).
La sérénité alors inscrite sur son
visage reste un émouvant adieu. n
Milena Salvini
(directrice du Centre Mandapa/Paris)
Ses enregistrements CD restent des
productions personnelles.
Son ouvrage autobiographique :
Yogi-gay (Editions La Bruyère).
Nouvelles De L’Inde
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7
Dossier
Bengale occidental
Capitale
Darjeeling
Principales villes
Jalpaiguri
Koch
Bihar
Raiganj
Maldah
Balurghat
Baharampur
Siuri
Krishnanagar
Barddhaman
Puruliya
Chinsurah
Kolkata
Bankura
West
Medinipur
East
Medinipur
Infos générales :
Capitale : Kolkata
Etats voisins : Le Bengale Occidental est
entouré par l’Odisha au sud, le Jharkhand
et le Bihar à l’ouest, le Sikkim au nord et
l’Assam à l’est. Il partage ses frontières
avec le Bhoutan et le Népal au nord et le
Bangladesh à l’est.
Langues : bengali, anglais, hindi et nepali
Superficie (km²) : 88 752
Districts : 19
Population totale : 191,2 millions
d’habitants
Répartition par sexe (nombre de femmes
pour 1 000 hommes) : 947
Taux d’alphabétisation (%) : 77,1
Revenu par tête d’habitant ($) : 1 261
PIB (Gross state domestic product,
GSDP) en dollars : 114,6 milliards en
2012-2013
8
mars-avril-mai 2015
Nouvelles De L’Inde
D
es vues sur les plus hauts
sommets du monde, des
plantations de thé, des
rivières,
une
forêt
de
mangrove, des plages de sable fin…..
S’étirant de l’Himalaya, au nord, à la
plaine du Gange, au sud, le Bengale
Occidental offre des paysages très
variés.
Le plus exceptionnel est sans
doute celui des Sundarbans, la plus
grande mangrove au monde, au sud
du Bengale Occidental, qu’il partage
avec son voisin le Bangladesh, à l’est.
Cette réserve classée au patrimoine
de l’UNESCO
est une curiosité
unique. Ses forêts et ses cours d’eau
abritent une grande diversité de
faune, notamment des mammifères
aquatiques comme les dauphins de
l’Irrawaddy et le dauphin du Gange,
des oiseaux et des reptiles, et surtout
la plus grande population de tigres au
monde.
L’autre lieu emblématique est
Darjeeling, la station d’altitude
bâtie par les Anglais. Entourée de
plantations de thé verdoyantes,
Bengale occidental
Dossier
Une aventure
culturelle et touristique
Qui dit Bengale dit
Darjeeling, Kolkata, Tagore,
littérature, cinéma…. Autant
de références pour les
Occidentaux. En Inde, le
Bengale est aussi célèbre
pour sa Durga Puja, festival
célébré dans la liesse, et
pour son extraordinaire
cuisine. L’Etat, gouverné
par les communistes
pendant plus de trente
ans, est aussi le premier
producteur national de riz
et de jute et de crevettes, et
un exportateur de plus en
plus important de TIC et de
services utilisant les TIC.
elle est aujourd’hui un haut-lieu du
tourisme en Inde.
Kolkata, la capitale, construite sur
la berge orientale de la rivière Hooghly,
au sud, est le berceau de la culture
bengalie. Les autres villes principales
sont Asansol, Siliguri et Durgapur.
Avec près de 16 millions d’habitants,
Kolkata est aujourd’hui la troisième
ville de l’Inde.
En 2001 le nom officiel anglais a été
changé de « Calcutta » en « Kolkata »,
plus proche de la prononciation
bengalie. Celle qui a été capitale de
l’Inde sous la colonisation britannique
jusqu’en 1911 est
à présent la
capitale commerciale de l’est du pays.
Son université, toujours réputée, est
l’université publique la plus ancienne
d’Inde. Elle a joué un rôle important
dans le développement du système
d’éducation moderne du souscontinent.
Kolkata ville de culture et d’histoire
L’habitant le plus célèbre de Kolkata
est sans aucun doute Rabindranath
Tagore, prix Nobel de littérature en
1913. Celui qui fut à la fois homme de
lettres, peintre, musicien, réformiste,
est aujourd’hui la figure la plus
importante du Bengale, dont on fête
la naissance le 9 mai, devenu un jour
férié. Une autre référence pour les
Bengalis est Amartya Sen, prix Nobel
d’Economie en 1998. Rien d’étonnant
qu’il se soit établi à Santiniketan, au
nord de Kolkata, où Tagore avait fondé
son ashram (devenu par la suite une
université réputée).
D’autres figures illustres ont joué
un grand rôle dans le pays, comme
Nouvelles De L’Inde
mars-avril-mai 2015
9
Bengale occidental
©en.wikipedia.org
©en.wikipedia.org
Dossier
Militants communistes lors de la campagne pour les élections générales en 2014
©imgkid.com
©Nemai Ghosh
Ravana et Hanuman, école de peinture de
Kalighat, datant de 1880
Satyajit Ray, 1989
les réformistes Raja Ram Mohan Roy
et Swami Vivekananda, à l’initiative
de réformes sociales dans la société
hindoue, telles que l’abolition de la
pratique du sati (coutume voulant
qu’une veuve s’immole sur le bûcher
funéraire de son époux), de la dot et de
l’intouchabilité. La ville est portée par
un éternel bouillonnement culturel qui
englobe littérature, peinture, cinéma,
musique, etc... Autant d’arts dans
lesquels les Bengalis se distinguent.
Une visite à Kolkata est l’occasion
de découvrir les artistes de la Bengal
School of Art, dont Jamini Roy est
l’un des plus célèbres représentants,
ou encore les peintures de Kalighat,
avec leurs personnages aux yeux en
amande. Cet art populaire du XIXe
siècle, qui avait pris ses racines dans
les bazars de Kolkata, représente des
scènes religieuses ou laïques, mettant
souvent en scène des courtisanes et
des comédiennes de l’époque. Les
10
mars-avril-mai 2015
Nouvelles De L’Inde
A Kolkata, on se passionne pour le football et le cricket
peintures étaient aussi l’occasion de
montrer, parfois de façon ironique, les
évolutions de la société. Au cours des
vingt dernières années, les galeries
d’art contemporain ont essaimé
à Kolkata, exposant une nouvelle
génération d’artistes prometteurs.
Un cinéma de renom
Des réalisateurs comme Satyajit
Ray, Mrinal Sen, Ritwik Ghatak, ont
contribué à le faire connaître endehors des frontières et aujourd’hui
les films bengalis figurent souvent en
sélection dans les festivals de films
internationaux. Une industrie de films
plus populaire s’est aussi développée,
connue sous l’appellation « Tollywood »,
d’après
Tollygunj,
l’endroit
de
Kolkata où se trouvent de nombreux
studios. Chaque année, un festival
cinématographique célèbre a lieu à
Kolkata. L’amour de la culture laisse
aussi la place au sport. Le Bengale,
contrairement à la plupart des autres
Etats de l’Inde, se passionne pour
le football, et Kolkata est un centre
majeur du ballon rond dans le pays.
Le cricket n’est pas en reste et des
deux grands stades de Kolkata, le
Salt Lake Stadium est le second plus
grand au monde. L’Eden Gardens
est quant à lui le plus grand en Inde.
Kolkata est aussi la ville de Mère
Teresa, décédée en 1997, dont la
fondation poursuit l’action envers les
personnes les plus pauvres, malades
et handicapées.
Des festivals fêtés avec ferveur
La majorité des habitants du
Bengale sont hindous, mais comme
partout en Inde, ils cohabitent
avec d’autres communautés. Les
musulmans forment un quart de la
population, beaucoup plus que la
moyenne nationale, qui est d’environ
13%. A Darjeeling, les bouddhistes
Bengale occidental
sont très présents.
Une autre communauté bien
spécifique au Bengale est celle des
Bauls, ces musiciens mystiques
originaires du district de Birbhum, au
nord-ouest de Kolkata. Leurs chants,
accompagnés à l’ektara, un instrument
à une corde, expriment leur philosophie
de la vie et leur idéal de tolérance.
Cette communauté reconnaissable
à ses vêtements couleur safran, a
été répertoriée par l’UNESCO. De
nombreux festivals de musique les
mettent en scène tout au long de
l’année à Kolkata, Santiniketan, ou
dans leur région d’origine.
Les festivals, fêtés avec une ferveur
particulière, sont l’occasion pour les
différentes communautés de s’affirmer
et de partager leurs traditions et de
déguster leur cuisine réputée.
Un dicton populaire en bengali dit
« Baro Mase Tero Parban » qui veut
dire littéralement « treize festivals en
douze mois ». En plus du célèbre Durga
Puja, les principaux festivals célébrés
au Bengale Occidental sont Kaali
Puja, Basant Panchami, Dushera, Bhai
Phota/Dooj, Holi, Mahavir Jayanti,
Buddha Jayanti, Rathyatra et Noël.
D’autres événements qui ont
presque pris la forme de festivals sont les
anniversaires de Rabindranath Tagore,
le Rabindra Jayanti, de Sri Ramakrishna
Paramahamsa, un mystique ayant vécu
au XIXe siècle, et du nationaliste Netaji
Subhas Chandra Bose.
30 ans de pouvoir communiste
Le Bengale a eu une histoire
mouvementée avant de passer sous
contrôle musulman au XIIIe siècle. Il
a ensuite connu la prospérité sous
l’Empire moghol au XVIe siècle,
développant son industrie et son
commerce. Dès la fin du XVIIIe, il a été
dominé par les Britanniques qui, partis
de là, ont étendu leur pouvoir sur la
majeure partie de l’Inde.
Plus tard, la partition de la
région, en 1905, a entraîné un vif
mécontentement chez les Bengalis.
Ils ont déclenché
une vague de
terrorisme contre l’administration
britannique. En 1943 le Bengale a
été frappé par une sécheresse sans
précédent, et la famine a emporté
Dossier
Statue géante fabriquée pour la Durga Puja
entre 1,5 et 3 millions de Bengalis.
Au moment de la partition de l’Inde
cette fois, en 1947, le Bengale a été
divisé en deux : la partie ouest (à
majorité hindoue) devenant le Bengale
Occidental indien, tandis que la partie
est (à majorité musulmane) devenait
le Pakistan oriental. Ce dernier a
finalement pris son indépendance
sous le nom de Bangladesh en 1971.
A partir de 1977 le front de gauche,
emmené par le parti communiste
a gouverné le Bengale. Cela a duré
pendant trente-quatre ans, jusqu’en
2011.
Aujourd’hui
le
Bengale
Occidental est l’un des Etats indiens
les plus peuplés de l’Inde, avec plus de
91 millions d’habitants. Son indice de
développement humain, auparavant
sous la moyenne nationale, s’améliore,
ainsi que son revenu par habitant.
L’industrie est développée de façon
encore inégale dans l’Etat, certains
districts du nord, en particulier,
accusant un certain retard.
Du riz et du jute
Cependant, les conditions climatiques sont propices à l’agriculture, à
l’horticulture et à la pisciculture.
L’Etat est le premier producteur de
riz, de jute, de poisson et de crevettes
du pays, et le deuxième producteur
de pommes de terre et de thé. Il
produit aussi du charbon en grande
quantité.
Le gouvernement a entrepris de
développer les TIC et services utilisant
les TIC (technologies de l’Information)
afin d’augmenter leurs exportations.
Aujourd’hui l’Etat compte 22
universités et des instituts de recherche importants. Il abrite des instituts
renommés comme l’IIT Kharagpur
et le NIT Durgapur. La population,
particu-lièrement à Kolkata, a une
bonne connaissance de l’anglais.
Autant de points positifs pour la
sixième économie du pays. n
Gaëlle Gicquel
Nouvelles De L’Inde
mars-avril-mai 2015
11
Dossier
Bengale occidental : Business
Du riz aux nouvelles
technologies de l’information
« La position stratégique du Bengale Occidental, à la frontière vers les Etats du Nord-Est et d’autres
pays de la zone Asie, en fait un point d’entrée pour les marchés d’Asie du Sud-Est. Premier producteur
indien de riz, de jute, de poisson et de crevettes, il est au second rang pour les pommes de terre et le
thé, et se tourne à présent vers l’IT/ITeS. Pour encourager l’industrie, le gouvernement développe des
centres de croissance et des parcs industriels.
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mars-avril-mai 2015
Nouvelles De L’Inde
Bengale occidental : Business
Productions animales
L
e Bengale Occidental est la
sixième économie du pays
après le Maharashtra, l’Uttar
Pradesh, le Tamil Nadu,
l’Andhra Pradesh et le Gujarat. Le
secteur tertiaire contribue à 65,5% du
PIB de l’Etat, suivi du secteur primaire
(18,7%) et du secteur secondaire
(15,7%). Il est un marché traditionnel
pour l’est de l’Inde, les Etats du NordEst, le Népal et le Bhoutan.
L’agriculture
Les conditions climatiques adaptées
à la culture du thé et du jute en ont fait
un centre majeur pour ces produits
et les industries qui leur sont liées. Le
Bengale Occidental est le plus grand
producteur de riz de l’Inde, avec
14,2% de la production nationale. Il
est le second producteur de pommes
de terre en Inde, avec un quart de la
production.
Renommé mondialement pour
ses plantations de Darjeeling, le
Bengale Occidental est le second Etat
producteur de thé de l’Inde, avec plus
du quart de la production nationale
(26,3%). D’autres plantations sont
développées dans le district de
Jalpaiguri, également au nord.
La canne à sucre et le blé, le maïs,
le blé, l’orge, les oléagineux figurent
aussi parmi les principales productions
du Bengale Occidental.
La floriculture est une industrie
émergente, mais déjà très développée.
En 2011-12 la production totale de
fleurs s’élevait à environ 64 tonnes.
L’Etat possède un fort potentiel pour
exporter des fleurs au Moyen-Orient,
au Royaume-Uni et au Japon.
Productions animales
L’Etat possède une longue côte
de plus de 150 km et de nombreux
plans et cours d’eau. Il est le plus
grand producteur de poisson et de
crevettes, avec 20% de la production
totale. C’est un exportateur majeur de
crevettes, et le plus grand producteur
du pays. Il produit aussi presque 80%
des œufs de carpes du pays.
C’est aussi l’un des premiers
producteurs de viande en Inde.
Le climat est favorable à l’élevage
de la volaille et le potentiel est énorme
au niveau de l’élevage de poulets
et de canards. L’Etat encourage le
développement de la production
laitière et l’élevage de la volaille.
Industrie
La principale zone industrialisée se
trouve le long de la rivière Hooghly,
du nord au sud de Kolkata. Une autre
région industrielle importante se situe
long de la rivière Damodar, à l’ouest,
qui traverse Asansol et Durgapur,
parmi les principales villes du pays.
L’Etat représente 10% de la
capacité en acier du pays. Des usines
d’acier de la Steel Authority of India
Limited se trouvent à Durgapur
Dossier
Steel Authority of India Limited
surnommée « la cité de l’acier de l’est
de l’Inde » et à Burnpur.
L’Etat produit la moitié du charbon
du pays. Il est extrait à Raniganj, à
Barjora, à Birbhum et à Darjeeling. La
vallée de la Damodar est considérée
comme le premier centre de charbon à
coke du pays. En plus de l’industrie de
la houille et de la métallurgie lourde,
la vallée de la Damodar a aussi vu se
développer l’industrie chimique.
Le port de Haldia est le terminus
d’un pipeline venu d’Assam, et une
grande raffinerie de pétrole y est
installée. Le port a aussi développé
une industrie pétrochimique.
L’Etat possède un nombre important
de petites industries et d’activités
artisanales. Certains districts du nord
du pays, notamment, sont beaucoup
moins développés au niveau industriel.
Le jute et l’industrie textile
Le Bengale Occidental est le
premier producteur de jute du
pays ; il fournit environ 70% de ses
besoins. L’industrie du textile, qui
génère actuellement du travail pour
1,5 million de personnes, est centrée
autour du tissage à la main, du tissage
mécanique, du jute et de la soie.
La bonneterie est très développée.
Actuellement cette industrie du textile
contribue à 5,2% du PIB de l’Etat mais
le gouvernement souhaite augmenter
la contribution de ce secteur de 10%
d’ici à 2022-2023. Il met en avant
Nouvelles De L’Inde
mars-avril-mai 2015
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Dossier
Bengale occidental : Business
L’industrie textile
14
la production de produits chimiques
et de teintures en quantité, ses
ressources suffisantes en électricité,
et une main-d’oeuvre bon marché.
En outre, les ports et les aéroports
favorisent les exportations. Un parc de
textile intégré doit être développé à
Belur, à Howrah, près de Kolkata.
étendue. Hindustan Motors est un
acteur majeur. L’accès facile aux
matières premières comme le fer
et l’acier est un avantage. Parmi les
politiques d’incitation de l’Etat figure
l’autorisation pour les étrangers
d’investir à hauteur de 100% dans le
secteur.
Le cuir
L’industrie du cuir est également
très développée. L’Etat, qui compte
environ 500 tanneries, représente
environ 55% des exportations des
produits en cuir de l’Inde. Environ 25%
des activités de tannerie de l’Inde se
font à Kolkata.
Pour développer et vendre des
produits en cuir les petites et microindustries sont aidées par le West
Bengal Leather Industrial Development
Corporation. Une zone économique
spéciale dédiée aux produits du cuir
est installée à Bantala, près de Kolkata.
L’automobile et les composants
automobiles
L’industrie
des
composants
automobiles comprend une gamme
L’IT/ITeS
En 2012 le gouvernement a mis
en place le West Bengal ICT Incentive
Scheme afin de promouvoir les projets
de l’IT/ITeS à tous les niveaux. C’est
un secteur prioritaire pour l’Etat, qui
souhaite voir sa part d’exportations
augmenter, de façon à constituer 25%
des exportations nationales (elles sont
à présent de 3%).
Plus de 500 sociétés de l’IT et ITeS
sont établies, et emploient plus de 120
000 personnes. L’industrie compte 16
zones économiques spéciales dans le
secteur. Tata Consultancy Services,
qui est un des acteurs-clés du secteur
avec Genpact, Cognizant Technology
Solutions, et HCL, prévoit d’investir
246 millions de dollars dans la zone
mars-avril-mai 2015
Nouvelles De L’Inde
économique spéciale de Rajarhat.
Des
infrastructures
IT
se
développent autour de la ville satellite
de Kolkata, Bidhannagar, appelée
familièrement Salt Lake City ainsi qu’à
proximité, à New Town, à Rajarhat,
près de Kolkata
Des villes comme Durgapur, Siliguri,
Haldia, émergent comme destinations
disposant
d’une
infrastructure
appropriée. De nouveaux parcs IT
devraient voir le jour dans des villes
de seconde catégorie comme Asansol,
Kharagpur, Malda, Haldia, Durgapur,
Kalyani, Rajarhat et Siliguri. Un parc IT
est aussi attendu à Durgapur.
Le tourisme
La diversité de la faune et de la
flore fait du Bengale Occidental une
attraction touristique intéressante,
d’autant que les infrastructures sont
bonnes. En 2010 l’Etat a accueilli près
de 3,74% des touristes en Inde, dont
95% d’Indiens.
Parmi les principales attractions
touristiques, la chaîne de l’Himalaya,
le delta du Gange, la mangrove, (les
Bengale occidental : Business
Dossier
Les Sunderbans
Les composants automobiles
Sundarbans) et les plantations de
thé de Darjeeling. A présent l’Etat
prévoit de développer, en mode de
partenariat public-privé, de nouveaux
aéroports et des hôtels dans les
Sundarbans et à Digha (une station
balnéaire de la Baie du Bengale)
notamment. Dans ces deux derniers
endroits le gouvernement souhaite
aussi développer le parapente.
Par ailleurs, dans un souci de
développer le tourisme, l’Etat a
identifié 11 sites potentiellement
touristiques où il souhaite développer
l’infrastructure, toujours sur le mode
partenariat public-privé.
Les biotechnologies
Le Bengale Occidental a des
ressources naturelles importantes
basées sur la diversité de la faune
et de la flore. De nombreux instituts
de recherche sont engagés dans la
recherche de haute qualité.
Autres
Les autres industries-clés sont les
produits de l’ingénierie, le pétrole,
la pétrochimie, les bijoux et pierres
précieuses, la fabrication alimentaire,
le bétail et les produits laitiers,
les produits chimiques, les huiles
végétales, la pharmacie, le papier,
l’électricité et l’électronique.
Les infrastructures
L’aéroport international Netaji
Subhas Chandra Bose dessert bien
l’Inde et le reste du monde. Au
nord, un autre aéroport à Bagdogra,
près de Siliguri, dessert d’autres
destinations importantes dans le
pays, faisant de Siliguri une porte
d’entrée importante sur les Etats
du Nord-Est, et une plate-forme
logistique pour la région.
L’Etat a deux ports modernes,
Kolkata et Haldia, à l’embouchure de
la rivière Hooghly, au sud-ouest de
Kolkata.
Pour développer, améliorer et
maintenir les infrastructures, le
gouvernement régional encourage les
partenariats public-privé. Les projets
de partenariat public-privé sont
développés avec l’aide du West Bengal
Aéroport international Netaji Subhas Chandra Bose
Infrastructure Development Fund.
Les centres de croissance et les
parcs industriels
Le
gouvernement
encourage
le développement de centres de
croissance par l’intermédiaire de
la société de développement de
l’infrastructure industrielle du Bengale
Occidental (West Bengal Industrial
Infrastructure Development Corporation
-WBIIDC). Jusqu’à présent 16 centres
de croissance ont été établis dans
différents endroits. Le WBIIDC souhaite
aussi développer des parcs industriels
sur le modèle du partenariat publicprivé en collaboration avec l’industrie.
Les deux parcs déjà développés sont
une plate-forme d’industrie intégrée
dans le district de Jalpaiguri et un parc
automobile à Jhargram.
L’Etat a développé des zones
industrielles spéciales au niveau du
cuir, des énergies non conventionnelles,
des multi-produits, des composants
auto, du textile et du métal. n
Gaëlle Gicquel
Nouvelles De L’Inde
mars-avril-mai 2015
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Dossier
Bengale occidental
Darjeeling 'Queen of the Hills'
Plantation de thé de Makaibari à Darjeeling
Une terre de culture et
de découvertes
De la chaîne de l’Himalaya au nord au golfe du Bengale au sud, le Bengale occidental offre des
paysages extrêmement variés. Au nord-ouest la région de Darjeeling, réputée pour produire
le « champagne des thés », présente des points de vue superbes sur la chaîne himalayenne.
A l’extrême sud, la réserve des Sundarbans, une biosphère unique répertoriée au patrimoine de
l’UNESCO, est la plus grande mangrove au monde, célèbre pour ses tigres « mangeurs d’hommes ».
Entre les deux, la capitale, Kolkata, est le berceau de la culture bengalie.
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Nouvelles De L’Inde
Bengale occidental
Dossier
Le train miniature de Darjeeling
S
es bâtiments coloniaux, son
quartier des libraires, ses
potiers, en font une cité pleine
d’intérêt, particulièrement au
moment du festival de Durga Puja,
début octobre.
Shantiniketan et son université,
fondée par le Prix Nobel Rabindranath
Tagore, est également un haut-lieu de
la connaissance en Inde et accueille
plusieurs festivals réputés.
Les fameux temples de terre cuite
de Bishnupur, à l’ouest de Kolkata,
font aussi partie des endroits à ne pas
manquer.
Le Bengale est une terre de
festivals, célébrés dans la ferveur.
Aux fêtes traditionnelles hindoues
s’ajoutent, à Darjeeling, les festivals
bouddhistes, notamment celui de la
nouvelle année, en février.
Enfin, les Bauls, cette communauté
de bardes musiciens bien spécifique
au Bengale, se produisent à plusieurs
endroits pendant la période hivernale,
notamment à Shantiniketan.
La vallée de Dooars
Aux portes du Bhoutan, à l’extrême
nord, la vallée de Dooars, bordée par
l’Himalaya s’étend entre les rivières
Teesta et Sankosh. Dans une mosaïque
de forêts denses, de plantations de
thé, de prairies, de ruisseaux et de
rivières, cette zone de 130 km de long
sur 40 km de large abrite une grande
Nouvelles De L’Inde
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Dossier
Bengale occidental
Parc Victoria à Kolkata
Les chutes de Kanchenjunga
Les rues pittoresques de Darjeeling
Le Pont Howrah
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Le trek de Singalila Ridge
Nouvelles De L’Inde
Bengale occidental
Le temple de Shyam Ray à Bishnupur
diversité de flore et de faune. Parmi
les animaux que l’on peut observer :
des rhinocéros unicornes, des tigres
du Bengale, des éléphants, plusieurs
espèces de cerfs, des bisons et une
multitude d’oiseaux
La vallée possède plusieurs
parcs et réserves naturelles comme
celle de Jaldapara, et la superbe
réserve de tigres de Buxa. Avec ses
zones marécageuses, entrecoupées
de cours d’eau, elle abrite une grande
biodiversité, dont des orchidées rares
et des plantes médicinales.
Certaines de ses collines, restées
sauvages, sont même inexplorées.
Darjeeling
Darjeeling, avec ses collines vertes
et leurs plantations de thé, est une des
principales attractions touristiques du
Bengale occidental. Cette ancienne
station d’altitude construite par
les Anglais a gardé ses bâtiments
coloniaux. Une des destinations
phares des touristes est son point
de vue époustouflant sur le mont
Kanchenjunga, depuis Tiger Hill. Au
programme des balades figurent aussi
le zoo, et les visites des jardins de thé.
Il est même possible de séjourner
chez les employés de la plantation de
Makaibari. Les monastères rappellent,
quant à eux, la forte présence de la
communauté bouddhiste, qui fête
joyeusement la nouvelle année chaque
mois de février.
Mais
l’attraction-phare
de
Darjeeling reste son petit train à
vapeur, surnommé le « toy train », qui
serpente à travers les collines. Cet
Himalayan Railway, construit entre
1879 et 1881 par les Anglais, offre
des vues imprenables sur la vallée. En
raison de glissements de terrain, des
travaux, programmés jusqu’au milieu
de l’année 2015, ont provisoirement
modifié son circuit.
Pour les plus aventuriers, le
trekking, qui a débuté à Darjeeling il
y a près d’un siècle, est très réputé
dans la région pour ses panoramas
sur les plus hauts sommets du monde,
comme l’Everest ou le Kanchenjunga.
Les chemins traversent des prairies,
des forêts de chênes, de châtaigniers
et de rhododendrons, et des étendues
de magnolias, orchidées et autres
fleurs sauvages. La région abrite en
outre plus de 400 espèces d’oiseaux,
des cerfs aboyeurs, ou encore des
pangolins.
Le trek le plus populaire, près
de Darjeeling, aux frontières avec
le Népal et l’Etat du Sikkim, est
celui du Singalila Ridge, à travers
le parc national du même nom. Des
hébergements sont prévus tout le long
du chemin.
Les Sundarbans
A l’opposé, tout au sud, un paysage
totalement différent s’offre au visiteur :
le parc national des Sundarbans.
Inscrit au patrimoine mondial de
l’UNESCO, ce site exceptionnel de
10000 km² de terre et d’eau se trouve
dans le delta du Gange. Plus de la
moitié de la réserve se trouve en Inde,
Dossier
le reste au Bangladesh. On y trouve
la plus grande étendue de forêts de
mangroves du monde. Les Sundarbans
sont célèbres pour leur population de
tigres. Ces derniers ont la particularité
de s’être adaptés à un mode de vie
semi-amphibie, en développant des
capacités pour nager sur de longues
distances, et se nourrir de poissons,
de crabes et de varans.
Leurs forêts et leurs cours d’eau
abritent une grande diversité de
faune, notamment plusieurs espèces
rares ou menacées, ainsi que des
mammifères aquatiques comme le
dauphin de l’Irrawaddy et le dauphin
du Gange, des oiseaux et des reptiles.
On y trouve aussi des populations
importantes d’espèces endémiques
de tortues de rivière que l’on croyait
disparues.
Digha, la plage
A l’extrême sud-ouest, près de la
frontière avec l’Odisha, Digha est la
station balnéaire la plus populaire de
l’Etat. D’une longueur de 7 km, elle est
réputée pour la baignade. Les levers
et couchers de soleil depuis la plage
sont mémorables.
Shantiniketan
La petite ville située à environ
200 kilomètres au nord de Kolkata
est connue pour l’université VishwaBharati, une institution expérimentale
fondée par le Prix Nobel Rabindranath
Tagore en 1921. L’endroit, qui fut
d’abord un ashram, a été le domicile
de l’homme de lettres, d’où il a
écrit un nombre important de ses
œuvres majeures. Son université
des beaux-arts (college of art) est
toujours considérée comme l’une des
meilleures au monde. Shantiniketan
est aujourd’hui le lieu de résidence de
Amartya Sen, Prix Nobel d’économie
en 1998.
L’endroit est décoré de superbes
sculptures, fresques et peintures
murales de Rabindranath et d’autres
artistes. Il est également célèbre
pour ses festivals et ses fêtes, comme
Holi, en mars, pendant laquelle les
étudiants présentent des spectacles
pour célébrer le printemps. Le Poush
Mela, qui accueille chaque année des
Nouvelles De L’Inde
mars-avril-mai 2015
19
Dossier
Bengale occidental
Monument aux morts à Darjeeling
musiciens Bauls, propose aussi des
danses folkloriques et tribales, ainsi
que des spectacles par les étudiants
de Shantiniketan. Il donne un très bon
aperçu de la tradition bengalie.
Bishnupur, à environ 140 km à
l’ouest de Kolkata, est célèbre pour
ses temples en terre cuite et ses saris
baluchari. La cité a prospéré aux XVIIe
et XVIIIe siècles. Les traces de sa gloire
passée sont encore vivaces dans son
architecture, sa musique, sa poterie et
son tissage.
Digha, Bengale occidental
Statue de Rabindranath Tagore à Amar Kutir
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mars-avril-mai 2015
Nouvelles De L’Inde
Les festivals
Un dicton populaire en bengali dit «
Baro Mase Tero Parban », ce qui signifie
littéralement « treize festivals en douze
mois ». Les Bengalis ont à cœur de
préserver leurs fêtes traditionnelles,
autant celles célébrées dans toute
l’Inde que les fêtes plus locales. En
plus du célèbre festival de Durga Puja,
les principaux festivals célébrés au
Bengale occidental sont Kaali Puja,
Basant Panchami, Dushera, Bhai
Phota/Dooj, Holi, Mahavir Jayanti,
Buddha Jayanti, Rathyatra et Noël.
D’autres événements qui ont presque
pris la forme de festivals sont les
anniversaires de Rabindranath Tagore,
le Rabindra Jayanti, de Sri Ramakrishna
Paramahamsa, un mystique ayant vécu
au XIXe siècle, et du nationaliste Netaji
Subhas Chandra Bose.
Le festival le plus populaire est celui
de Durga Puja, qui célèbre la déesse
Bengale occidental
Baul Performance chanson Jago Bangla Pavilion
39e International Kolkata Book Fair Milan Mela
Complex Kolkata
Durga pendant les derniers moments
de sa victoire sur le mal. Sa ferveur et
l’ampleur de ses célébrations à travers
tout le Bengale occidental ne trouvent
de parallèle en Inde qu’avec le
Ganesha Chaturthi à Mumbai, lorsque
les statues du dieu à tête d’éléphant
sont immergées dans la mer. Pendant
près d’une semaine les gens vêtus de
neuf descendent dans la rue avec des
fanfares. Le dernier jour (dashami), les
statues de la déesse aux dix bras sont
immergées après avoir été recouvertes
de vermillon.
A Darjeeling, où la présence
bouddhiste est importante, le nouvel
an se fête en grande pompe en février,
avec des danses dans les temples
de la ville. Les jeunes gens en liesse
descendent dans les rues et dansent.
Festivals de musique Baul
Plusieurs festivals mettent en scène
les Bauls, des mystiques originaires du
Bengale. Leurs chants, accompagnés
à l’ektara, un instrument à une corde,
expriment leur philosophie de la
vie et leur idéal de tolérance. Cette
communauté reconnaissable par ses
vêtements couleur safran, originaire
du district de Birbhum, à environ 200
km au nord-ouest de Kolkata a été
répertoriée par l’UNESCO.
Le plus grand rassemblement de
Bauls a lieu pendant la Kenduli Mela,
Dossier
Mahashtami Puja, Durga Puja à Bakul Bagan Sarbojanin, Sud de Kolkata
Danse descriptive sur les chansons de Tagore, Rabindra Sangeet, à Kolkata
organisée dans la ville de Kenduli
(district de Birbhum) à la mi-janvier.
Venus par milliers pour l’occasion,
certains restent sur place pendant un
mois entier. Le troisième et dernier jour
du festival, des centaines de milliers de
pèlerins se rassemblent pour se baigner
sur l’île de Saugour, sur l’estuaire de
la rivière Bhagirathi. Cette fête est le
second rassemblement religieux au
monde après la Kumbha Mela.
Quelques jours plus tard, le
troisième week-end de janvier, un
autre festival plus petit, le Fakiri
Utsav, accueille des musiciens Bauls
dans le village de Gorbhanga, à 210
km au nord de Kolkata, où vit une
communauté de fakirs musiciens. Ce
festival en pleine campagne est une
opportunité pour les musiciens des
deux communautés mystiques de
jouer ensemble pendant trois jours. Il
est possible pour les spectateurs de
séjourner sur place chez les artistes ou
dans des tentes.
Aux alentours du 23 décembre,
à Shantiniketa, le festival Poush
Mela, est également réputé pour ses
concerts de musique donnés par les
mystiques Bauls.
Le Bengale est une destination
encore méconnue de la plupart des
touristes étrangers. La plupart des
visiteurs sont indiens. Sa richesse
culturelle et ses paysages en font
pourtant une région à découvrir sans
tarder. n
Gaëlle Gicquel
Nouvelles De L’Inde
mars-avril-mai 2015
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Dossier
Bengale occidental
Du riz et du poisson
en toute subtilité
Le Bengale Occidental est connu populairement comme la terre du « maach » (poisson)
et du « bhaat » (riz). « Macche bhate bangali », un dicton populaire en Bengali dit même :
« le riz et le poisson font un Bengali ». La plupart des Bengalis consomment de la viande
et ont un faible pour les pâtisseries, très réputées.
Bengale occidental
L
consomment de la viande. La plus
populaire est la chèvre. Au menu figure
aussi un grand nombre de fruits et de
légumes variés comme les aubergines,
le fruit du jacquier vert, les tiges et les
fleurs de feuilles de bananier, et les
gourdes. Les mangues, les bananes,
les noix de coco et la canne à sucre
poussent en abondance.
Une touche amère
Traditionnellement le repas commence par une touche amère et se
termine par un plat sucré.
Un des plats connus du début
de repas est le shukto, servi surtout
au repas de midi. C’est un plat
essentiellement fait avec des feuilles de
margousier, ou d’autres feuilles amères,
de la gourde amère, des aubergines,
des pommes de terre, des radis, des
bananes vertes et des épices comme le
curcuma, le gingembre.
L’ambole, un plat aigre-doux de
fruits, de légumes et de poisson est un
autre plat réputé.
La plupart des Bengalis ont un faible
pour les sucreries ainsi que le yaourt
sucré (mishti doi). Ce dessert, un des
plus populaires, est servi dans un bol
en terre, et termine les repas, souvent
accompagné de sucreries et de fruits
comme la mangue. Un autre dessert
populaire est le rasgolla, des boules
blanches parfumées et trempées dans
un sirop à l’eau de rose. Les autres mets
sucrés incluent notamment une variété
de gâteaux à base de farine de riz ou
de patates douces frites dans du sirop.
La nourriture des rues, en particulier
à Kolkata, est très réputée.
A Darjeeling, dans les montagnes,
où vivent des communautés tibétaine
et népalaise, un plat populaire est le
momo. Cuits à la vapeur et fourrés
de mouton, de porc, de bœuf ou de
légumes, ils sont servis avec une soupe
de légumes et une sauce à la tomate
ou un chutney épicé. Le wai-wai est un
snack des montagnes de Darjeeling
fait de nouilles dégustées seules ou
avec de la soupe. Le churpee, une
sorte de fromage à pâte dure à base
de lait de vache ou de yak, est un
autre petit snack populaire. Originaire
du Tibet, le thupka, une soupe aux
longues nouilles et aux légumes, est
un autre délicieux plat très courant. Le
chhang et le tongba sont des boissons
alcoolisées faites à partir du millet. n
Gaëlle Gicquel
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a spécialité de la cuisine
bengalie ? Un parfait mélange
d’épices sucrées et puissantes
et de saveurs subtiles. Avec,
à la base, de l’huile de moutarde et
du panchforan (ou panchphoron) un
mélange de cinq épices : des graines
d’anis, de moutarde, de fenugrec, de
cumin noir et de cumin.
Les Bengalis sont de grands
mangeurs de poisson. Ils consomment
pas moins de quarante variétés de
poisson frais, dont ils utilisent presque
toutes les parties. Ainsi, même la tête,
est utilisée pour parfumer les curries.
Au Bengale, la cuisine se décline sur
plusieurs modes : à la vapeur, frite,
mijotée avec des légumes ou des
saucisses, bouillie avec des épices...
Bref, il y en a pour tous les goûts. Le
hilsa est la spécialité de Kolkata : le
poisson est délicatement cuit à la
vapeur avec des épices et de l’huile
de moutarde pour retenir ses parfums
et sa tendresse. Le maaccher jhol est
un autre plat réputé de Kolkata. Le
poisson se mange aussi séché.
Côté
crustacés,
le
Bengale
Occidental n’est pas en reste : il est
le premier producteur de crevettes
du pays. La plupart des Bengalis
Dossier
A Kolkata, une cuisine des rues de qualité
Rasgulla
Nouvelles De L’Inde
mars-avril-mai 2015
23
Dossier
Bengale occidental
Des potiers et des
sculpteurs de talent
Les Bengalis sont des artistes et des artisans réputés dans tout
le pays. Ils excellent particulièrement dans la poterie, le travail du
métal, le tissage du jute et de la soie, et la sculpture du shola pith,
ce bois blanc et spongieux spécifique à la région. Le célèbre cheval
de terre de Bankura est même devenu le logo de l’association de
l’artisanat indien, le All India Handicrafts.
L
a
pièce
d’artisanat
du
Bengale la plus célèbre est
probablement le fameux cheval
en terre cuite de Bankura. Cette
représentation de l’animal avec un long
cou et de longues oreilles pointues,
utilisée à la base pour les rituels dans
les villages, figure en bonne place dans
les magasins d’artisanat et dans les
intérieurs bengalis.
Le travail de la terre cuite est une
des plus anciennes formes d’art au
Bengale. Les sculptures en terre cuite
remontent à la période Maurya (324187 avant J.C.).
Dans n’importe quel village de
l’Etat on peut voir à l’œuvre des
potiers (kumbhakars) au travail sur
leur roue. Ils trouvent leur matière
première dans les nombreuses rivières
de la région et réalisent toutes sortes
d’objets, des pots pour le yaourt aux
assiettes, en passant par des jouets
et des figurines religieuses. La plupart
des foyers ruraux utilisent au quotidien
des objets en terre cuite.
Kumartuli, à Kolkata, est l’un
des quartiers les plus célèbres de la
métropole. Des artisans y façonnent
les images des dieux et déesses les
plus vénérés du Bengale. Certaines
sont de véritables œuvres d’art.
Une visite dans le quartier dans les
semaines qui précèdent le festival
de Durga Puja, lorsque des milliers
de statues prennent forme, est un
moment inoubliable.
On peut aussi admirer cet art de la
poterie sur les panneaux des temples
de Murshidabad, de Bishnupur,
et de Midnapore. A Krishnanagar,
également couru par les touristes, les
artisans fabriquent des poupées et
personnages en argile grandeur nature
depuis l’époque où le Maharaja de la
région leur a apporté son soutien.
Le Dhokra ou « cire perdue »
Les petits objets en métal sont
traditionnellement réalisés par les
tribus Dhokra Kamar, qui suivent une
technique de coulage du métal qui
porte leur nom, le Dhokra, également
connue sous les termes de « cire
perdue ».
En résultent des objets rituels,
des bijoux, des représentations de
dieux et de déesses, de musiciens
portant des masques, de paysans,
d’animaux… autant de références
à l’univers de ces tribus Dhokra
Kamar - qui appartiennent en fait à
la même famille que d’autres tribus du
Jharkhand et de l’Odisha voisins.
Les saris balucharis
Premier Etat indien producteur
de jute, champion de la production
textile, le Bengale occidental est
aussi très réputé pour ses soies.
Murshidabad, Birbhum, Bankura,
Bishnupur, Hooghly, et Nadia sont des
centres connus.
Les saris les plus précieux pour
les femmes bengalies sont les saris
balucharis, connus dans toute
l’Inde pour leurs motifs représentant
des
scènes
mythologiques,
traditionnellement du Mahabharata
et du Ramayana. La confection d’un
Fabrication à Kolkata de statues de la Déesse Durga en argile
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mars-avril-mai 2015
Nouvelles De L’Inde
Bengale occidental
Dossier
Les fameux chevaux en terre cuite de Bishnupur.
Sculptures tribales réalisées à l’aide de cire et
d’argile.
sari prend environ une semaine –
voire plus. Ils sont principalement
fabriqués à Murshidabad et à
Bishnupur. Auparavant, seules les
femmes des castes très élevées et
les femmes de propriétaires terriens
pouvaient s’offrir de telles pièces,
qu’elles portaient à l’occasion des
fêtes et des mariages.
Les produits en jute
Le Bengale occidental est le
premier producteur de jute du pays.
La gamme d’objets disponibles est
vaste, des tapis aux sacs à main,
en passant par les dessus de lit. Le
processus de tissage et de coloration
du jute est particulièrement vivace à
l’ouest de Dinajpur.
Les shola pith de Murshidabad
Le shola est une plante qui pousse
dans des endroits marécageux du
Bengale, de l’Assam et de l’Odisha.
Le shola pith est le nom donné à
son intérieur spongieux et blanc. Les
artisans de Murshidabad ont appris
à le graver pour en faire des objets
d’art décoratif et des ornements pour
les mariés. Les plus belles pièces,
travaillées dans les moindres détails,
sont des représentations des dieux
et des déesses. Elles sont fabriquées
en particulier à l’occasion du festival
Durga Puja. Beaucoup d’objets en
shola pith, comme des mini Taj Mahal,
ou des représentations d’éléphants
sont vendus aux touristes dans des
boîtes en verre afin de les protéger.
Les masques en bois
Les masques en bois forment
un aspect important des activités
sociales et culturelles du Bengale.
Ils sont particulièrement utilisés
par
les
danseurs
Chhau
et
représentent des dieux, des déesses,
et des personnages mythologiques et
historiques. Dans les montagnes, aux
alentours de Darjeeling, les masques
sont les images des esprits maléfiques
des montagnes et des démons.
Parmi les autres objets d’artisanat
que l’on trouve au Bengale, citons
encore les sculptures sur bois, les
produits en bambou, les sacs et
les portefeuilles en cuir, les conques
et les objets en coquillage, les tissus
en batik imprimés représentant des
scènes de village… n
Gaëlle Gicquel
Nouvelles De L’Inde
mars-avril-mai 2015
25
Dossier
Bengale : Littérature
Une littérature dominée par
Rabindranath Tagore
Les Anglais ont largement contribué à faire de Calcutta un centre intellectuel majeur du
pays. Dans la foulée de Rabindranath Tagore, prix Nobel de littérature, d’autres écrivains ont
produit des œuvres remarquées.
L
a tradition orale a prédominé
au Bengale Occidental jusqu’à
l’époque de la littérature
dite médiévale, consacrée à
la religion. A l’arrivée des Anglais,
Calcutta, où ils ont établi leur Comptoir,
est rapidement devenu le centre de
l’orientalisme, et les Occidentaux ont
commencé à s’y initier au sanskrit.
A partir de 1800 le Fort William
College est devenu un haut lieu de
l’enseignement des langues indiennes,
et des ouvrages leur étant destinés y
ont été rédigés.
Parmi les grands écrivains du
19e siècle à Calcutta citons Bankim
Chandra Chatterji, une personnalité
majeure au Bengale, connu dans l’Inde
entière également à l’origine d’une
revue d’idées. Kapalkundala (Celle
qui portait des crânes en boucles
d’oreilles, 1866) ou Ananda Math
(Le monastère de la félicité, 1882)
figurent parmi ses romans principaux.
Rabindranath Tagore, prix Nobel
de littérature
La figure majeure du Bengale reste
Rabindranath Tagore (1861-1941),
à la fois poète, romancier, essayiste,
nouvelliste,
polémiste,
auteur
dramatique, peintre. Son oeuvre lui
a valu le prix Nobel de littérature
en 1913. Le caractère idéaliste - et
accessible aux lecteurs occidentaux
- d’une petite partie de son œuvre
traduite - dont Gitanjali (L’offrande
lyrique, 1912, traduit par André Gide)
a retenu l’attention de l’Académie.
Fils d’un des fondateurs du
mouvement Brahmo Samaj, et petitfils de Dvarkanath Tagore, l’homme
de lettres a été élevé dans une famille
d’artistes et de réformateurs sociaux.
Sa pensée était imprégnée d’idéalisme
26
mars-avril-mai 2015
Nouvelles De L’Inde
upanishadique. Grand voyageur, il
a été l’ami de plusieurs intellectuels
de son temps et a échangé avec
ses contemporains les plus célèbres
comme Henri Bergson, Albert Einstein,
Thomas Mann, George Bernard Shaw,
H. G. Wells et Romain Rolland. Par la
suite, plusieurs de ses œuvres ont été
adaptées au cinéma. Parmi cellesci: Trois Filles (Teen Kanya) (1961),
Charulata (1964), La Maison et le
Monde (1984), par le grand réalisateur
bengali Satyajit Ray. Tapan Sinha a par
ailleurs réalisé Atithi (1965) et Rituparno
Ghosh Chokher Bali: A Passion Play
(2003). Shantiniketan, l’ashram qu’il
a fondé en 1901, est devenu par la
suite une école expérimentale et une
université internationale qui reste
aujourd’hui très dynamique.
Les intellectuels dans la lutte pour
l’indépendance de l’Inde
Avant
même
l’Indépendance,
comme le rappelle le chapitre de
l’ouvrage « L’Inde contemporaine »,
consacré à la littérature bengalie
depuis l’Indépendance « les écrivains
bengalis avaient intégré le marxisme
et la psychanalyse freudienne à leur
vision du monde ».
Des
chefs-d’oeuvre de Bibhuti
Bhushan Banerji (1894-1953), Pather
Panchali (La complainte du sentier) et
Aparajita (L’invaincu) ont été rendus
célèbres par Satyajit Ray, qui les a
adaptés au cinéma.
Sarat Chandra Chatterji
qui,
dans ses romans a décrit la classe
moyenne bengalie, est un auteur
majeur. Ce contemporain de Tagore a
eu plusieurs de ses œuvres portées à
l’écran, notamment Devdas, une des
histoires d’amour les plus célèbres de
la littérature indienne.
De
nombreux
écrivains
ont
participé au mouvement de Gandhi
et à la lutte pour l’indépendance. Le
romancier Satinath Bhaduri, avec
Jagari (Le veilleur), est représentatif
de l’époque. Un autre auteur connu,
Tara Shankar Banerji (1892-1971),
également influencé par Gandhi, s’est
attaché à dépeindre la campagne.
Comme le rappelle l’ouvrage
« L’Inde contemporaine », Manik
Banerji (1908-1956) a été de son
côté très influencé par le marxisme.
Ses romans et ses nouvelles, très
réalistes, l’ont rendu célèbre dans les
milieux intellectuels.
Après l’Indépendance, les romans
ont exploré de plus en plus les milieux
défavorisés des campagnes. Une des
œuvres majeures des années 1970
est le roman de la militante des droits
de l’homme Mahasweta Devi, Hajar
Churashir Maa (La mère du numéro
1084), inspiré par le mouvement
naxaliste qui ébranla le Bengale entre
1969 et 1971. n
Gaëlle Gicquel
Coton
Economie
Fabriquer les textiles
en coton en Inde,
pour le monde
L
e coton, la fibre naturelle
la plus versatile connue de
l’homme, est présente dans nos
vies sous des formes infinies.
Internationalement admirée pour son
confort et sa versatilité sans égal, le
coton est la fibre la plus répandue
dans le monde, comptant pour plus de
50% de la consommation globale de
fibre. Elle fait figure de choix préféré,
depuis les vêtements jusqu’au linge de
maison. Le coton se mélange bien avec
les fibres naturelles et synthétiques,
permettant une variété de textures,
de résistances et autres propriétés. Il
peut être tissé, tricoté ou transformé
en flanelle, en velours côtelé ou bien en
jean ainsi qu’un nombre d’autres tissus
pour diverses utilisations.
L’Inde et le coton représentent 5000
ans d’histoire. Le pays a un riche héritage
de production de textiles en coton et
fut l’un des premiers exportateurs.
Grâce à de récents investissements de
plus de 30 milliards de dollars dans
la technologie de pointe à travers la
chaîne de valeurs, l’Inde possède l’une
des capacités de production de textiles
les plus modernes du monde.
Généralement connus pour leurs
produits uniques et à forte valeur
ajoutée, les producteurs indiens
travaillent avec les meilleurs fils de
coton, des motifs complexes et des
finitions innovatrices pour réaliser
des produits complexes et novateurs,
suivant les tendances contemporaines.
Les textiles de coton indiens
offrent une large gamme avec des
caractéristiques à valeur ajoutée et
sont facilement différenciés. La qualité
sans compromis, la fiabilité, la variété
et la versatilité ont fait de l’Inde une
source de choix parmi les leaders
internationaux (détaillants, marques,
importateurs et designers).
L’Inde, en tant que fournisseur
de choix, offre plusieurs avantages
uniques pour les textiles en coton, à
travers toutes les catégories :
- Grande disponibilité de fibres (l’Inde
est le deuxième producteur mondial
de coton au monde ; 1er producteur
mondial de coton biologique)
- Gamme de produits complète (fils,
tissus tissés, tissus tricotés, linge de
maison, tissus d’ameublement, textiles
techniques)
- Design de grande qualité et
compétences pour le développement
des produits
- Coût de production globalement
compétitif
- Usines de production modernes et
verticalement intégrées
- Capacité de production de volumes
flexibles
- Facilité de communication
- Management efficace & conformités
sociales
Le coton est essentiellement produit
dans les Etats du Punjab, l’Haryana, le
Rajasthan, le Maharashtra, le Gujarat,
le Madhya Pradesh, l’Andhra Pradesh,
le Tamil Nadu & le Karnataka.
La répartition des textiles en coton
exportés par l’Inde est la suivante :
linge de maison (42%) ; fil de coton
(39%) et tissus de coton (19%).
L’Inde exporte les textiles en coton
principalement vers les Etats-Unis
(27%), le Bangladesh (9,3%), la Chine
(4,9%), l’Allemagne (4,6%), la Corée
du Sud (4,2%) et le Royaume-Uni
(3,8%). Les détaillants et marques de
renom tels que Carrefour, GAP, H&M,
JC Penney, Levi Strauss, Macy’s, Marks
& Spencer, Metro Group, Nike, Reebok,
Tommy Hilfiger & Wal Mart importent
des produits textiles indiens. n
Julien Sineux, Service commercial
Source de l’article : Making in India
(Texprocil)
Liens utiles : The Cotton Textiles
Export Promotion Council (www.
texprocil.org)
Ministry of Textiles: http://
texmin.nic.in/
Make in India: Textiles &
Garments: http://makeinindia.
com/sector/textiles-garments/
Nouvelles De L’Inde
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27
Tourisme
28
Le Taj Mahal
mars-avril-mai 2015
Nouvelles De L’Inde
Le Taj Mahal
Tourisme
Le Taj Mahal
un monument symbole historique et
touristique du romantisme mondial
« Le Taj, un bâtiment sans précédent, est probablement une des plus puissantes images de la Majesté
Divine jamais créée. Sa beauté architecturale constitue la contrepartie formelle de notre concept
mental le plus exalté, celui d’une divinité sans forme... Sa beauté relative est peut-être la manifestation
de l’intention délibérée de refléter la Beauté absolue de Dieu. », dit Wayne Begley, l’historien américain
qui décrit les sourates sur les murs du Taj.
E
ffectivement, c’est le côté
parfaitement équilibré qui
prévaut dans la vision du Taj
Mahal, un modèle proche de
la perfection. L’axe du plan met en
alignement le jardin et le tombeau
selon des proportions particulièrement
harmonieuses.
La construction du Taj Mahal débuta
en 1632. Il représente un modèle
unique au monde de perfection dans
l’Architecture mais malheureusement
en mauvais état (voir conclusion).
Après la mosquée de Jama Masjid
à Delhi, la mosquée de la perle à
Agra, une autre mosquée dans le Sind
(Pakistan), et les jardins de Shalimar
à Lahore, Shah Jahan bâtit avec le Taj
Mahal le plus parfait des tombeaux
musulmans, le chef-d’oeuvre. On
pense en général au Taj Mahal comme
quelque chose de parfait avec son
dôme rond et blanc qui donne un
effet d’illusion, une perspective
remarquable et inégalée, un effet
d’optique qui fascine le touriste dès
qu’il pénètre dans le parc après le
portail d’entrée (jilaukhana).
Le Taj Mahal est accessible à tous
et on découvre en le visitant plusieurs
plans à la manière d’un trompe l’oeil
où se chevauchent, l’architecture
certes mais aussi la perspective (on
dit nazara, nazariya, dristicon en hindi)
jusqu’aux jardins. C’est un monument
silencieux très pur, le saint du saint
mais qui contraste avec le tohubohu
du tourisme.
Ce court article s’attache à montrer
la symbolique architecturale et la
merveille patrimoniale qu’il constitue
du point de vue de l’architecture et de
la perspective. Puis, nous présentons
le plus succinctement possible le
symbole touristique qu’il représente
et finalement à qui appartient ce
monument ? Aux amoureux ?...
Non bien plus encore sur un plan
plus universel aux touristes indiens,
internationaux et bien sûr à tous les
passionnés d’art, d’architecture et
d’histoire.
L’architecture du Taj Mahal et les
jardins : une perspective originale
Le Taj Mahal dans cet ordre d’idée,
est en outre, le plus grand et le plus
fastueux des monuments, celui qui n’a
aucun égal, il est hors du commun,
c’est sans doute pour cela qu’il
appartient au patrimoine mondial de
l’Unesco depuis 1984.
En général, pour le Taj Mahal,
ce que l’on peut dire, c’est que la
symétrie et la géométrie constituent
un équilibre parfait, méticuleux
reflétant les qualités de Shah Jahan
durant sa vie.
a) Les historiens, les architectes et la
fondation
Les historiens du monument sont
Muhammad Amin ou Aminai Qazwini,
chroniqueur officiel de Shah Jahan
et Abd al-Hamid Lahawri (auteur du
Padshahnama en deux volumes :
recueil sur l’histoire de Shah Jahan), ils
nous renseignent sur l’histoire du Taj
Mahal.
Muhammad Ahmin Qwazini est
le premier historien du Taj Mahal en
1631 : il parle d’un dôme de grande
fondation et d’un bâtiment central et
que rien n’a jamais été aussi admiré
dans les temps passés. Ce sera la pièce
majeure qui s’ajoute au patrimoine
de l’humanité. Construit en 1632
et achevé en 1648, les fondations
du Taj Mahal n’auraient pas existé si
Shah Jahan n’avait pas acquis ce bout
de terrain du petit fils de Man Singh
Mirza Raja Jai Singh (voir le texte
Padshanama à ce sujet).
Le marbre utilisé venait de carrières
situées à 400 kilomètres du Taj. A
cette époque Shah Jahan exerce un
contrôle proche sur les artistes, sa
cour et son administration et donc sur
les architectes.
b) Le tombeau
L’essentiel de mes sources sur le
tombeau et les jardins viennent ici de
Ebba Koch (2011) et sur l’architecture
du Taj Mahal de la lecture de son
oeuvre, “The complete Taj Mahal”.
Le complexe du Taj Mahal est
composé de plusieurs parties :
Nouvelles De L’Inde
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Tourisme
Le Taj Mahal
Darwasa-i-rauza
Le jilhaukhana (darwasa-i-rauza),
c’est la grande porte jouxtant le Taj
Ganj reconstruit en 1908-1909. Il
prépare le visiteur à découvrir la
grandeur de l’édifice. Il est entouré de
pishtaq ( portail en forme d’arc).
Le Taj Ganj, lui, est le quartier urbain
avec ses anciens caravansérails. Il
respecte les principes de l’architecture
shajahani.
La mosquée de Mihman Khana
encadre le Taj Mahal. Le hall
d’assemblée encadrant le Taj Mahal
et les 4 minarets forment un damier
parfait.
Les tombes (rauza i-munua auwara,
raiza i-muqqadas) :
Les cénotaphes (de Mumtaz Mahal
et Shah Jahan) sont recouverts en
pietra dura et on note l’utilisation
hiérarchique des couleurs avec du
grès moghol rouge et des feuilles
d’acanthes avec des petits vases.
Des fleurs de chrysanthème ou de
lotus sont représentées, c’est le style
kangura. Les fleurs rouges ont une
30
mars-avril-mai 2015
Nouvelles De L’Inde
connotation funéraire plus poussée,
on voit aussi que les fleurs en pietra
dura sont plus réalistes que les
fleurs gravées sur le marbre. C’est le
cénotaphe de Mutmaz Mahal Begam
qui est aussi connue sous le nom de
Arjumud Banu Begam qui est le plus
mis en valeur et le plus décoré.
En premier, Mumtaz Mahal fut
enterrée à Burhanpur en 1631 là où
elle décède, sur les rives de la rivière
Tapti. Mumtaz Mahal ne fut pas la
seule femme dans la vie de Shah Jahan
mais celle qui l’inspira à tout jamais.
C’est le plus beau tombeau du
monde, de couleur blanche on dit
que même si sa femme n’était pas
morte, Shah Jahan aurait construit ce
monument à la gloire de la religion.
Mais l’histoire persane n’est pas claire
sur celui qui a enterré Shah Jahan
dans le Taj Mahal.
En effet, c’est à l’âme éternelle que
l’on dédie le monument : « Ô toi, âme
apaisée, retourne vers ton Seigneur,
satisfaite et agréée ; entre donc parmi
mes serviteurs, et entre dans Mon
Paradis ».
Patrimoine pour les Indiens hindous
et musulmans comme pour nous
Occidentaux, la vasque du Taj Mahal
est magnifique, c’est une architecture
parfaite symbolisant l’accès au
paradis dans le prolongement des
jardins (hasht bishist). Ridzwan, dans
la religion musulmane est le gardien
de la porte d’éntrée du paradis. Les
inscriptions à la gloire du maître
de l’univers sur le Taj Mahal usent
d’une imagerie paradisiaque (image
récurrente sur ce beau monument)
et sacrée à l’image du jardin (hasht
bishist).
c) Les jardins
Les jardins (et pas seulement celui
qui est dans l’enceinte du Taj Mahal)
qui font face à la rivière Yamuna
complètent la perspective (drysa,
paridrsya) et forment une partie de
l’architecture paysagère et finalement
l’armature spatiale du pan d’ensemble
du complexe du Taj Mahal. L’autre
Le Taj Mahal
Tourisme
Mihman Khana
particularité de ces jardins est de
former des terrasses rectangulaires
faisant face à la rivière sacrée, la
Yamuna qui coule au pied du Taj.
En face du Taj, les jardins persans
sont appelés hasht bihisht (en persan
cela veut dire « 8 paradis » tandis
que le Char Bagh, c’est « les quatre
jardins » un concept datant du 6ème
siècle repris par Babur : E. Koch,
p. 24). Jardin céleste rectangulaire,
divisé en 8 sections ou modèle
octogonal proche d’un mandala (le
jardin est un labyrinthe) on lui trouve
de nombreuses analogies avec l’art
arabique. Les jardins sont magnifiques
et lumineux (comme le disque solaire),
ceci vient équilibrer la structure entre
jardin et tombeau. Cette figure reflète
la beauté parfaite de Dieu et 8 est un
nombre divin. On peut imaginer que
depuis sa dernière demeure, Mumtaz
Mahal voit le jardin, l’oeuvre la plus
accomplie sur le plan esthétique après
la tour du Taj Mahal que Shah Jahan
admirera après s’être fait emprisonné
par son fils Aurangzeb en 1659.
Les jardins qui font face au Taj
Mahal sont nombreux avec en
premier lieu l’imperial moonlight
(Math, le jardin impérial du char
bagh Padshashi jusqu’à la tombe de
Itmad-ud-Daula, père de Nur Jahan),
puis d’autres tombes suivent derrière
avec leurs jardins, il y aura aussi ceux
de Muhammand Zakaria et Wasir
Khan avec le long de la Yamuna des
résidences de princes, des havelis
(celle de Dara Shikosh, Asaf Khan et
Jaran Lodi).
Dans le jardin principal, il faut noter
la régularité du schéma symétrique
des longueurs et largeurs de côté.
Dans ces jardins, on trouve une
composition florale faite de tulipes,
d’iris, de roses et de soucis, et d’arbres
comme des cyprès, des orangers,
des manguiers, des amandiers, des
pommiers et des platanes. Un poème
urdu raconte en anglais cette présence
des fleurs au Taj Mahal :
« The straight cypresses and
bushes of white roses (nastaran) stand
symmetrically (...) Also the garden’s
flower are full of raibel (lala), flowers
(phul) and nasrin and nastaran roses »
(E. Koch).
A cette époque, dans l’idéologie
islamique, les fleurs sont particulièrement appréciées dans la décoration
des monuments religieux funéraires.
Sur les murs du Taj Mahal sont écrits
des sourates de l’Islam (versets
coraniques) : Allah Akbar ce qui
signifie « Dieu est grand ».
La sculpture des monuments de
l’Inde n’a pas été jugée de la même
façon par tous les voyageurs (Bernier
et Tavernier, Thévenot). Thévenot
travaille et sculpte les pierres : le
cristal, l’argent, les fleurs de couleur
bleue, rouge et orange. Bernier, lui,
parle avec admiration des oeuvres et
des miniatures mogholes.
Ces sculptures ciselées attirèrent
les voyageurs. Le Taj Mahal se visite
depuis le XIXème siècle avec des
populations au départ de touristes
Nouvelles De L’Inde
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31
Tourisme
Le Taj Mahal
Cénotaphes de Shah Jahan et de Mumtaz Mahal
Le Taj Mahal, l’une des attractions les plus populaires de Inde
européens et indiens.
Le tourisme romantique ; à qui
appartient le Taj Mahal ?
A qui appartient le Taj Mahal
finalement ? La question est
importante car sa forte personnalité
musulmane en fait un patrimoine
moghol mais il reste un symbole de la
paix (shanti en hindi) pour l’humanité
quelles que soient les religions.
L’éternelle beauté des choses, ou le
rêve d’absolu, la beauté idéale d’un
altruisme romantique qui fascine des
générations de voyageurs avec toute
une romance autour.
Les différentes cultures vont toutes
visiter ou revisiter le monument,
très attractif de toute façon de par
son architecture et son dôme blanc
(symbole de pureté) où la légende
32
mars-avril-mai 2015
Nouvelles De L’Inde
historique fabuleuse vient amplifier le
phénomène touristique.
Tous les couples un peu romantiques
s’y reconnaissent et l’idéalisent
avant même de l’avoir vu grâce aux
prospectus « mais c’est encore plus
beau une fois que l’on y est » disentils (d’après enquêtes). Quel est donc le
sentiment amoureux des Indiens face
à ce monument ?
Dans la pensée moghole, l’amour
divin revêt un importance majeure,
tous les amoureux indiens admirent le
Taj Mahal pour la paix qu’il symbolise,
là où l’âme éternelle repose, symbole
de l’amour immuable.
De plus, les Indiens y sont
très
sensibles
culturellement,
émotionnellement, ils disent d’ailleurs
une fois face à l’édifice : « hamra
Taj Mahal », « notre Taj Mahal ».
Le Taj Mahal, c’est la fierté de leur
patrimoine, référent indispensable car
monument funéraire le plus achevé
sur le plan de l’architecture en Inde
influencé par l’Iran et la Perse car les
architectes sont iraniens et indiens.
Fait-on du tourisme religieux quand
on va au Taj Mahal ou du tourisme
culturel, ou un pèlerinage musulman ?
Comme dans le cadre du tourisme
culturel qui se distingue du tourisme
de masse, selon Saskia Cousin, (une
spécialiste du tourisme), on pourra
aussi associer l’idée de culture et de
religion à cette visite. Le désir des
Indiens de faire la visite d’une tombemémorial et d’un haut lieu historique
est partagé par tous les couples
amoureux récents lors d’une honey
moon et même les couples plus âgés.
Par exemple, les soirs de pleine lune,
le Taj Mahal est encore plus beau et
plus romantique ; la lune de miel est
parfaite et se manifeste par des petits
gestes d’amour ou par la prise d’une
photo prenant en enfilade le jardin et
le dôme du Taj.
Ce qui distingue les touristes
internationaux des touristes indiens
c’est le vêtement (salwar kameez ou
saris pour les dames et pantalon ou
kurta pour les hommes) ; les costumes
des touristes occidentaux sont parfois
plus extravagants (chapeaux, longue
robe, chapeau colonial). C’est aussi
au Taj que l’on se dit tout et que le
romantisme sur fond de coucher de
soleil peut battre son plein. Est-ce un
cliché ?
Le site reste impraticable pour
ceux qui veulent faire du tourisme
hors des itinéraires balisés. Dans le
cadre d’un tourisme de masse, c’est
un monument incontournable qui fait
partie à la fois d’un tourisme populaire
et d’un tourisme d’élite mais plus tout
à fait authentique à cause de sa forte
fréquentation. Ceci dit cet aspect élite
(les élites du XIX ou XVIIIème siècle)
appelle à un sentiment individuel et
d’exaltation partagé par les couples
amoureux dont les voyages de noces
sont dûment programmés avec tous
les clichés qui leur sont associés : la
féérie de l’Inde les nuits de pleine lune
par exemple.
En tous les cas, le Taj Mahal reste
Le Taj Mahal
un des symboles les plus forts de ce
qui nous reste en image de l’Inde après
le voyage, sans doute le monument le
plus photographié par les touristes
avec les ghâts de Bénarès.
Depuis
bien
longtemps,
les
voyageurs se sont précipités pour
voir une telle beauté : Bernier visite
en 1658 le Taj Mahal et rencontre
Shah Jahan. Le premier ambassadeur
britannique, Sir Thomas Roe à la cour
moghole le visite aussi et qualifie
Shah Jahan de tyrannique. Ce dernier
rapporte un manuscrit du 18ème siècle
dans la librairie Bodeilan à Oxford.
Bernier visite plus tard en 1658 le Taj
Mahal et Tavernier est un des premiers
français en 1665 à le découvrir c’est
ce que raconte l’ouvrage de Christian
Petit (le Songe du Taj Mahal). Bernier
avec Mannucci racontent aussi les
batailles de l’époque.
Le Taj monument classé patrimoine
Unesco (1984)
Regardons
maintenant,
la
construction de l’espace touristique
autour du Taj Mahal. Depuis le
1er Juillet 2007, il est classé
monument Unesco et parmi les sept
merveilles du monde. Avec 10 millions
de visiteurs, il est bâti sur la rive ouest
de la Yamuna.
Le tourisme et la gestion du
patrimoine sont intimement liés, le
projet de conservation du Taj Mahal
sert les ambitions du tourisme qui
veut augmenter la fréquentation
ou la diminuer en fonction des
contraintes. La gestion du Taj Mahal
au sein du patrimoine de l’Unesco
comme patrimoine mondial est un pas
décisif qui accélère la reconnaissance
contemporaine de cette oeuvre
architecturale monumentale sur un
plan mondial en permettant aussi
de la protéger. Vu sa fréquentation,
l’architecte
indien
Ramakrishna
s’est inquiété de ses fondations qui
s’enfoncent.
Le Taj Mahal a subi les guerres et
de multiples restaurations jusqu’à
aujourd’hui. La situation actuelle du
Taj Mahal n’est pas idéale pourtant
puisqu’il a connu et connaît encore
des travaux de rénovation, il jaunit, les
poutres pourrissent aussi.
L’islam indien et ses castes forment
une seule et même société avec le
monde hindou englobant. En fait,
c’est la même société indienne,
toute proche juxtaposée sur des
territoires coalescents avec comme
marques territoriales distinctives les
temples (polythéiste ou monothéiste,
l’architecture varie). On peut avoir
sur un même territoire indien des
lieux de cultes musulmans et hindous,
sans que les territoires religieux se
chevauchent complètement. Sur un
plan scientifique, d’autres questions
se posent d’emblée comme : en quoi
ce référent spatial et identitaire du
Taj Mahal est-il précieux pour les
musulmans, qu’est ce qui est cher à
leur coeur ? Est-ce que l’aspect saint
les fascine, font-ils un pèlerinage au
lieu saint, qui sont les dévots ?
Pour l’Inde et son contexte
multiconfessionnel là où les religions
se côtoient et échangent dans une
Tourisme
certaine forme de tolérance, le mot
que j’emploierais est aussi une forme
de communion d’esprit (ce qui fait
penser au communalisme) avec les
autres (les morts, la mémoire). Faut-il
voir aussi avec toutes les femmes qui
jouent un rôle dans l’histoire du Taj
Mahal, (Mumtaz Mahal, Nur Jahan et
Jahanara) que ce monument reprend
vie dans le souvenir de cette âme
éternelle qui vit grâce à la dévotion
des pèlerins et des touristes, l’esprit
de cette flamme éternelle et de
cette douleur difficile à oublier pour
Shah Jahan, cette blessure d’amour
sublimée dans un autre acte d’amour
ultime : la construction d’un monument
à l’image de sa femme défunte, acte
d’union, et de mémoire. n
Olivier Chiron
Source : Eba Koch,
The complete Taj Mahal and
the riverfront gardens of Agra,
Thames and Hudson, 2006.
Vue intérieure de la mosquée
Nouvelles De L’Inde
mars-avril-mai 2015
33
Santé
Le yoga
Le yoga
philosophie et expérience concrète
Comme les rayons de la roue qui convergent vers le moyeu, les pensées fluctuantes et dispersées se résorbent en un seul point, dans un état d’attention
et d’unité (la référence au symbole de la roue est fréquente). Une des 24 roues du char solaire de Sûrya, temple du Soleil à Konârak, Orissâ.
L
e 11 décembre 2014, moins
de trois mois après l’initiative
du Premier Ministre de l’Inde,
Narendra Modi, l’Assemblée
Générale des Nations Unies a proclamé
le 21 juin « Journée internationale du
Yoga », au motif selon les termes du
projet de résolution « qu’une plus
large diffusion d’informations sur les
bienfaits du yoga serait bénéfique pour
la santé de la population mondiale ».
Le choix de la date n’est pas neutre,
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mars-avril-mai 2015
Nouvelles De L’Inde
le solstice d’été marque le début de la
période de l’année où le soleil est le
plus haut et le jour le plus long, aux
latitudes moyennes. Où la lumière
l’emporte sur les ténèbres.
Le yoga, souvent mal connu et
dénaturé en Occident, est l’un des
six darshana (littéralement « points
de vue ») de la philosophie indienne
classique. Toutefois son existence
est bien antérieure à la rédaction
des Yoga Sûtra ou « Aphorismes du
Yoga » attribués à Patanjali. Celuici a systématisé, probablement aux
premiers siècles de l’ère chrétienne, de
très anciennes pratiques de maîtrise
du souffle, d’échauffement ascétique
et de méditation.
La racine sanskrite YOG- ou YUJdont est dérivé le mot « yoga » implique
deux notions complémentaires :
celle d’ « atteler », de mettre sous le
joug, et celle d’ « unir ». Méthode de
maîtrise du corps, du souffle et des
Le yoga
Santé
sens, faisant appel à toutes les facultés
de l’individu, requérant attention,
vigilance et persévérance, le yoga a
pour effet de faire taire la pensée et
de susciter ainsi un état d’éveil et de
clarté de la conscience. L’être n’est plus
dispersé mais rassemblé ; au-delà de
cet état d’unité, il devient apte à une
expérience d’une tout autre nature,
celle du dévoilement de la Conscience
pure, d’union avec le Seigneur, Ishvara,
entendu comme Essence impassible,
inaltérable, libre1 .
Le psychisme est habituellement
vagabond et cet état d’éparpillement
du
mental
entraîne
mal-être,
jugement erroné, action inadéquate
et par conséquent constitution d’un
karma2 négatif qui entretient les
perturbations. Aussi Patanjali énoncet-il dès le deuxième sûtra que le yoga,
c’est l’arrêt des fluctuations du mental
(yoga chitta-vritti-nirodha).
Par ailleurs, tout individu étant
confronté à la souffrance, source
de trouble et d’égarement, il faut
éradiquer les causes de la souffrance
que sont le sentiment de l’individualité
(l’ego), les attractions et répulsions
qui colorent et dominent le mental,
la volonté de vivre et son corollaire,
la peur de la mort. Ces facteurs
d’affliction (klesha) sont tous dérivés
de l’ignorance (avidyâ3) comprise
comme l’erreur sur la véritable nature
des choses (notamment considérer
l’impermanent comme permanent,
confondre pensée et principe de
Conscience).
Le respect d’exigences éthiques est
impératif et préalable à toute pratique,
qui ne saurait être dissociée d’une
préparation mentale et morale. Il s’agit
d’abord de s’abstenir de conduites
négatives à savoir la violence et
l’hostilité, le mensonge et la fausseté,
le vol et la convoitise, l’aspiration
1) Cette essence inactive, appelée purusha
(Esprit), fait pendant à la Nature créatrice,
prakriti (racine KAR- : faire), dynamique et
changeante; ces notions sont développées dans
les Sâmkhya-Kârikâ, autre « point de vue » avec
lequel s’articule le yoga.
2) Karma ou karman (racine KAR-) : tout acte ;
conséquence des actes ; destinée individuelle.
3) Avidyâ vient de vidyâ : connaissance de
la réalité (racine VID- : savoir) et du préfixe
négatif a.
Ascète yogin, dénudé, cheveux longs dénoués, debout en posture d’équilibre ; le visage est empreint de
contentement. Sculpture du temple de Srî Rangam dédié à Vishnu, près de Tiruchirapalli (Trichy), Tamil Nâdu.
Nouvelles De L’Inde
mars-avril-mai 2015
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Santé
Le yoga
L’image de la tortue, qui peut rentrer sa tête et ses pattes sous sa carapace, illustre le retrait des facultés sensorielles qui intervient
après âsana et prânâyâma. (Bhagavad-Gitâ, II, 5) Temple Babulnath à Mumbai, Mahârâshtra.
à vouloir répéter les sensations de
plaisir, la soif de possession.
Au-delà de cette attitude de
refrènement (universellement prônée
d’ailleurs), il convient de mettre en
œuvre un ensemble de conduites
positives : pureté du corps et du
mental (refus de ce qui peut altérer
l’intégrité du corps et perturber
l’esprit), contentement, ardeur de
la pratique (qui échauffe et brûle
les impuretés) ou tapas4 , étude qui
dissipe l’ignorance, abandon de soi et
non attachement aux fruits des actes
(attitude d’humilité, incompatible
avec tout sentiment d’orgueil ou
d’arrogance).
Cette préparation est en elle-même
une discipline, au même titre que les
méthodes visant à maîtriser le corps
36
mars-avril-mai 2015
Nouvelles De L’Inde
et la respiration, généralement mieux
connues.
La maîtrise du corps fait appel à la
pratique des postures.
La posture (âsana) doit être à la
fois stable et aisée, ce qui implique
fermeté, vigilance et continuité dans
l’effort (sans laquelle la posture ne
peut être confortable). L’inspiration
et l’expiration accompagnent le
mouvement et l’attention se focalise
sur le geste à accomplir ; si la forme
de la posture aboutie et parfaite est
présente à l’esprit, l’effort doit rester
juste, sinon serait rompu l’équilibre
entre exigence et « lâcher-prise »,
attention et abandon, qui ne sont
qu’apparemment
contradictoires.
Les postures d’équilibre, d’extension,
de flexion, de torsion, d’inversion
de la position habituelle du corps,
contribuent à maintenir le corps en
bon état de fonctionnement et donc
en bonne santé ; elles ont aussi
pour effet d’amener un changement
dans la façon d’être, l’immobilité se
substituant à l’agitation, le calme à
l’émotion.
Des postures de méditation assises,
la posture du lotus5, largement
représentée dans l’iconographie, est la
plus célèbre. Dans une telle posture, le
contrôle du souffle (prânâyâma) prend
toute sa dimension. A la respiration
ordinaire, automatique, s’est substituée
pendant l’enchaînement des postures
4) Racine TAP- : chauffer, cuire.
5) Le lotus, qui prend racine dans la vase et dont
la fleur s’épanouit dans la lumière, symbolise
l’éveil spirituel.
Le yoga
Santé
Quatre fleurs de lotus non encore écloses entourent une fleur
épanouie, symbole célèbre de l’accomplissement spirituel et
de l’éveil.Sculpture du monastère bouddhique Pândulena,
près de Nâsik, Mahârâshtra.
une respiration soumise au contrôle
de la volonté, rythmée et régulée,
allongée et affinée. Adoptant ensuite
une posture de méditation, l’adepte
peut restreindre la respiration :
la maîtrise du souffle, c’est en définitive
le refrènement des deux phases de la
respiration (inspiration/expiration) et
l’allongement des temps de rétention
entre ces deux phases ; la respiration
devient si ténue, si subtile, qu’elle
paraît suspendue, inactive. Ce contrôle
du souffle a pour effet de purifier
le corps et libérer l’esprit de toute
perturbation. A l’issue de ces pratiques
(âsana et prânâyâma), les sens se
tiennent spontanément
au repos.
Corps immobile, souffle suspendu,
mental pacifié, sens en retrait : l’être
se trouve dans un état contraire à son
état habituel, fait de mouvement, de
respiration arythmique, d’éparpillement
de la pensée, de sens en éveil. Dès lors,
l’adepte peut fixer sa pensée sur un
seul point, de façon continue, jusqu’à
ce qu’elle s’absorbe dans l’objet de
sa contemplation et qu’intervienne
la libération ou résorption dans la
Réalité Suprême. Pour les dévots de
la religion de Shiva, cette Réalité c’est
Shiva, Roi de la danse et Seigneur du
Représentation de Shiva Yogeshvara, « Seigneur des yogin », en posture de méditation, les yeux clos, le regard
tourné vers l’intérieur. Temple de la grotte principale, Ile d’Elephantâ, Mahârâshtra.
yoga (Natarâja et Yogapati) : sa danse
cosmique émet le monde que détruit le
feu de son ascèse.
La pensée, d’ordinaire fluctuante,
attentive durant la pratique, finit par
se taire et s’abolir, ayant œuvré à
sa propre dissolution. C’est l’un des
paradoxes du yoga, école de vigilance
et de détente, qui dispense énergie
et apaisement, voie spirituelle et
pragmatique en même temps puisque
le yogin se sert de son corps, de son
souffle et de son mental pour s’isoler
du monde, s’affranchir de ses entraves
et accéder à l’état de pure Conscience.
A la fois une méthode et un but, le
yoga est un cheminement qui s’inscrit
dans la durée, nécessitant confiance
et ferveur, une force agissante qui
substitue l’équilibre à la passion et
à la torpeur, une voie de passage
du multiple vers l’un, qui réalise les
potentialités latentes, révélant la
crème dans le lait et l’huile dans la
graine. n
Marie-Françoise Le Page
(Yoga, discipline et
liberté – Les Deux
océans, 2006)
Nouvelles De L’Inde
mars-avril-mai 2015
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Visite du Premier ministre indien,
M. Narendra Modi
en France
C’est en France, partenaire stratégique clé du continent européen, que le Premier ministre indien s’est
rendu en premier, du 9 au 12 avril, avant de poursuivre sa tournée en Allemagne puis au Canada.
M. Narendra Modi en France
Reportage photo
Reportage photo
M. Narendra Modi en France
Arrivée du Premier ministre indien, M. Narendra Modi, à l’aéroport de Roissy, où il est accueilli par M. Thierry Braillard, Secrétaire d’État aux Sports,
auprès du ministre de la Ville, de la Jeunesse et des Sports.
Le Premier Ministre Narendra Modi et le Ministre des Affaires Etrangères et du Développement International, Laurent Fabius à la cérémonie
d’accueil dans la cour des Invalides
40
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Nouvelles De L’Inde
M. Narendra Modi en France
Reportage photo
Le Premier ministre indien au MEDEF. De gauche à droite, M. Paul HERMELIN, représentant spécial pour la relation économique avec l’Inde et Président-Directeur général de
Capgemini, M. Narendra Modi, M. Pierre Gattaz, Président du MEDEF et M. Laurent Fabius, Ministre des Affaires Etrangères et du Développement international.
Table ronde au MEDEF
Nouvelles De L’Inde
mars-avril-mai 2015
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Reportage photo
M. Narendra Modi en France
Le Premier Ministre indien à l’Unesco auprès de la Secrétaire Générale, Mme Irina Bokova
Hommage à Sri Aurobindo dans le jardin de l’Unesco
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mars-avril-mai 2015
Nouvelles De L’Inde
M. Narendra Modi en France
Reportage photo
Accueil à l’Assemblée Nationale par le Président Alain Bartolone
Accueil du Premier ministre
M. François Hollande, à l’Elysée
indien, M. Narendra Modi par le Président de la République Française,
Un timbre commémoratif franco-indien pour marquer 50 années de coopération dans le domaine spatial
Nouvelles De L’Inde
mars-avril-mai 2015
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Reportage photo
M. Narendra Modi en France
Signature d’un protocole d’accord entre les deux gouvernements
Promenade en bateau sur la Seine en compagnie du Président Hollande
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mars-avril-mai 2015
Nouvelles De L’Inde
M. Narendra Modi en France
Cérémonie d’hommage aux soldats indiens morts pendant la
Première Guerre mondiale à Neuve-Chapelle. De gauche à droite :
M. Jean-Yves Le Drian, Ministre de la Défense, M. Narendra Modi,
Premier ministre indien et Sir Joe French, KCB, CBE, ADC.
Visite au CNES de M. Narendra Modi en présence de M. Laurent Fabius et de
M. Jean-Yves Le Gall, Président du CNES
Reportage photo
Moment de recueillement du Premier minister au pied du monument aux morts
Le Premier ministre et les Indiens travaillant chez Airbus
Nouvelles De L’Inde
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Littérature
Revue des livres
Littérature
Revue des livres
Nous l’appelions EM, de Jerry Pinto, traduit de l’anglais (Inde) par Myriam
Bellehigue, Ed. Actes Sud, 2015.
Dans son univers délimité, le petit
appartement familial et son travail de
journaliste qui lui permet parfois de
s’échapper, un univers où interagissent
quatre figures, sa mère, son père, sa sœur
et lui-même, un jeune homme s’interroge.
Sur son avenir, sur sa place dans sa famille,
sur la vie qu’ils mènent tous, sur le passé de
ses parents. Car sa mère n’est pas une mère
comme les autres – son esprit est hors de
portée, et elle passe éternellement de
phases dépressives en phases euphoriques,
menaçant continuellement la petite bulle
familiale d’implosion.
Sur le mode de l’enquête, armé des
correspondances de ses parents dans
les années 1950 et 1960 à Bombay et
de l’ancien journal intime de sa mère, le
narrateur cherche ses réponses. Quand tout
a-t-il basculé ? Comment son père puise-til en lui cette énergie de tout supporter ?
« Battez-vous contre vos gênes », lui entendil souvent dire – va-t-il donc devenir fou lui
aussi ? Nous l’appelions Em est un récit
puissant et sans compromis, à l’écriture
lumineuse.
Le goût de Bombay, de Jean-Claude Perrier, Ed. Mercure de France, 2015.
Quelle bonne idée que celle de Mercure
de France d’inventer en 2002 la série Le goût
de, anthologies littéraires consacrées à des
villes, des régions, des pays, des thématiques
car Bombay méritait bien pareille approche
et qui mieux que le voyageur Jean-Claude
Perrier pouvait nous amener à goûter à
toutes ces approches d’une ville inclassable,
indomptable, invraisemblable. Nous avons
particulièrement apprécié son choix d’avoir
inclus des poèmes d’Arun Kolatkar, cet
alchimiste de l’ordinaire, pour reprendre
l’expression si juste de Laetitia Zecchini,
traductrice avec Pascal Aquien de ses
poèmes, qui nous parlent si haut et fort
de Bombay. A travers les choix de JeanClaude Perrier, ce sont toutes les facettes
de Bombay que nous présentent quelques
auteurs, certains célèbres comme Muriel
Cerf, Paolo Pasolini, Nicolas Bouvier,
Salman Rushdie, d’autres moins mais qui
tous nous livrent une page de cette ville de
la démesure. Et peut-être avez-vous votre
propre vision de la ville !
L’éveil de la conscience ou l’illumination de la reine Tchoudâlâ, conte inspiré par le Râmâyana, traduit
du sanskrit par Alain Porte, Editions Dervy, 2015.
Le lecteur ne peut que se réjouir
lorsqu’Alain Porte nous livre une nouvelle
traduction de textes qui, sinon, nous
échapperaient et quel dommage ! Ce
conte se trouve dans la dernière partie du
Yogavasistha rédigé entre le IXe et le XIIe par
Gaudha Abhinanda du Cachemire, intitulée le
Nirvana dans le sens d’une « émancipation
de toute souffrance, physique et mentale »
pour reprendre les termes d’Alain Porte.
Le Yogavasistha relate principalement le
dialogue entre le jeune Rama et le sage
Vasistha en présence du père de Rama et de la
cour. Âgé de 15 ans, Rama s’interroge sur ce
qu’est la vérité et comment l’homme englué
dans la dualité que lui impose le commerce
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mars-avril-mai 2015
Nouvelles De L’Inde
avec le monde peut parvenir à la tranquillité
autrement que par le renoncement. Ce
conte lui montrera comment il est possible
de s’orienter vers une vision du monde qui
« réconcilie le transitoire et l’éternel,
l’existence périssable et l’être immuable. »
Il raconte que le couple très uni du roi
Shikhidhvaja et de la reine Tchoudâlâ se
demandait comment parvenir à un état de
stabilité tel que les épreuves de la vie ne
consumeraient plus leur cœur. Le roi opta
pour une vie d’ascèse tandis que la reine
connut une illumination qui la conduisit
devant l’échec de son époux à instruire son
mari par le biais d’un subterfuge. Un conte
édifiant pour éveiller notre conscience.
Revue des livres
Littérature
Philosophie/Spiritualité
Krishnamurti le rebelle, sa vie, son message, d’Alain Delaye, Ed. Accarias L’Originel, 2015.
Alain Delaye le dit bien dans la 4ème de
couverture, ce livre est une gageure quand
on sait le nombre d’ouvrages déjà publiés sur
ce grand penseur de l’Inde. Mais le défi est
bien relevé. Après une présentation de son
parcours de vie, un bref portrait est dressé.
L’incroyable fluidité d’esprit de Krishnamurti
ne rend pas la tâche aisée. Ensuite l’auteur
nous propose de découvrir son message,
toujours d’une grande pertinence et très
actuel, qui peut se résumer à « Changeons
de regard », « Libérons-nous du connu »,
« Accueillons le réel », « Agissons » et « Vivons ».
La citation que l’auteur indique en début
d’ouvrage, « La révolte est essentielle à la vie.
Etre mécontent d’une façon intelligente, c’est
un don divin. Vous me direz que beaucoup
de gens dans le monde sont mécontents.
Mais le mécontentement intelligent est
une vertu rare. Si vous vous révoltez avec
intelligence, vous croissez réellement »,
extraite de L’homme et les problèmes de la
vie de 1930 ne peut que nous interpeller
par son actualité. Ce livre nous convie à la
redécouverte de l’innocence, de la liberté et
de la vacuité. Un livre à lire de toute urgence.
Shiva Nâtarâja – La Danse cosmique, son mythe, sa symbolique de Michel
Coquet, Ed. Les Deux Océans, 2014.
Shiva dansant est représenté dès le
VIIème siècle dans les lieux saints shivaïtes.
Le Natyashastra, le plus ancien traité indien
sur les formes de spectacles sacrés, nous
renseigne surtout sur les aspects techniques
mais ne nous éclaire pas sur la signification
réelle des danses de Shiva. Le livre de Michel
Coquet nous permet d’aller plus avant dans
notre connaissance de ce que symbolisent
les sept danses de Shiva, la septième
symbolisant l’ensemble des danses. L’auteur
remonte au commencement des temps
pour introduire Shiva et nous présente
de manière approfondie le mythe et la
symbolique de cette danse éminemment
cosmique. Un ouvrage vraiment intéressant
pour comprendre une image si souvent
représentée.
La salutation au soleil traditionnelle, de Krzysztof Stec, Ed. Dervy, 2014.
Bien que gravement alourdi par une
interminable série de témoignages de
spécialistes du suryanamaskar validant
à l’unanimité l’expérience de l’auteur, ce
livre est une mine précieuse d’informations
concernant la pratique de la salutation
au soleil issue de la tradition du yoga.
Aspects physiologiques, psychologiques et
spirituels sont abordés tour à tour dans une
démarche didactique qui, si elle vise une
pratique extrêmement intense, permettra
aussi à toute personne pratiquant le yoga
ou s’intéressant à ses retombées sur la
santé mentale et physique de parfaire sa
culture et d’ajuster ses exercices.
Pour mémoire
L’aventure d’un Lyonnais aux Indes, de Dr. Rosie Llewellyn Jones, Editions LUGD, 1992.
Dans le cadre de la visite officielle
du Premier ministre indien en France
en avril, nous nous sommes de nouveau
penchés sur ces Français qui bien avant
la ruée des touristes sont partis en Inde
tenter l’aventure. Claude Martin en faisait
partie. L’auteur de cet ouvrage nous livre
la biographie d’un homme qui grâce à son
intelligence, à sa ténacité au travail et à son
habileté sut de simple soldat embarqué à
Lorient en 1751 devenir Major Général.
Soldat, négociant, cartographe, inventeur,
Claude Martin devint riche, si riche qu’il
laissa suffisamment d’argent pour que soit
créée après sa mort et selon son testament
dans un esprit philanthropique de l’Esprit
des Lumières, une « école pour instruire
un certain nombre d’enfants des deux
sexes » à Lyon. Cette école devait porter
le même nom que l’école créée à Lucknow,
La Martinière et porter sur le devant la
même inscription que sur celle de Calcutta.
L’esprit de cet homme souffle toujours sur
ces institutions toujours en activité et en
lien les unes avec les autres.
Gaëlle Benacchio et Viviane Tourtet
Nouvelles De L’Inde
mars-avril-mai 2015
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Littérature
Bibliothèques
Bibliothèques
publiques en Inde
©www.plus.google.com
Bibliothèque centrale de l’État d’Himachal Pradesh à Shimla et son règlement
Bibliothèque centrale d’Etat, Bangalore
L
a
période
de
l’Inde
indépendante
connaît
une
évolution sans précédent de la
place des bibliothèques dans
l’enseignement et le développement
du pays. Grâce aux efforts de S. R.
Ranganathan1, l’État de Chennai
(anciennement Madras) s’engage le
premier dans une voie législative en
promulguant, en 1948, la Madras
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mars-avril-mai 2015
Nouvelles De L’Inde
Public Library Act, première loi sur
le territoire indien offrant un accès
gratuit aux usagers. Le principe de la
bibliothèque publique est posé, même
si le passé avait connu des expériences
pouvant s’apparenter à ce type de lieu
de conservation et de mise en accès
public des livres.
Mais parler de bibliothèques
publiques dans l’Inde contemporaine
implique de prendre en compte sa
diversité tant culturelle, linguistique
que sociale, incomparable à l’échelle
mondiale. En effet, avec sa population
qui dépasse aujourd’hui un milliard
deux cents mille personnes, l’Inde
compte 860 langues d’après le People’s
Linguistic Survey of India réalisé en
2011 (1652 en 1961) dont 22 d’entre
elles reconnues comme officielles par la
Constitution et 122 langues parlées par
plus de dix mille personnes. Cela place
ce pays au premier rang en termes
de la diversité linguistique ce qui joue
aussi sur le développement des lieux
de conservation des langues et des
cultures que sont les bibliothèques.
Il est évidemment difficile, compte
tenu d’une telle diversité, de faire
des généralisations, car à la diversité
culturelle s’ajoute le développement
propre aux territoires (la République
de l’Inde compte aujourd’hui 29 États
et 7 Territoires). On peut néanmoins
repérer deux grandes caractéristiques :
les grandes villes telles Delhi,
Chennai ou Bangalore possèdent
des infrastructures et des réseaux
bibliothécaires
bien
développés
alors que les zones rurales peinent
encore à avoir un accès similaire aux
bibliothèques ; les États du Sud de
l’Inde, singulièrement le Tamil Nadu,
l’Andhra Pradesh et le Karnataka, sont
bien plus développés sur ce plan que
d’autres États de l’Inde.
La législation sur les bibliothèques
Ces inégalités en termes de
développement du système des
bibliothèques publiques résultent de
l’histoire singulière de chacun des États
à qui la Constitution de l’Inde confie la
charge de créer des bibliothèques de
1) « S. R. Ranganathan, père des bibliothèques
modernes en Inde », Nouvelles de l’Inde, janvierfévrier 2015.
Bibliothèques
Bibliothèque publique municipale Hardayal à Delhi
©Andrew Middleton
Les plans quinquennaux
La promotion du développement
des bibliothèques en Inde fait
également
partie
des
plans
quinquennaux, élaborés un peu
après l’indépendance du pays pour
garantir son développement. Ces plans
comportent toujours un volet éducatif
dont une partie, à l’instar des anciens
programmes coloniaux, est réservée
au développement des bibliothèques,
considérées
comme
moyen
de
promotion de l’alphabétisation et
de la formation tant des enfants que
des adultes. Retracer l’histoire des
bibliothèques publiques en Inde
nécessite donc un retour sur l’histoire
de ces plans gouvernementaux.
Le premier plan (1951-1956) aboutit
à une proposition d’amélioration du
service des bibliothèques, toujours
dans une optique de promotion
de l’éducation. L’idée est de créer
des bibliothèques de districts dans
chaque État sous la tutelle d’une
bibliothèque centrale d’État. En 1951,
l’UNESCO avec le gouvernement
indien lance un projet pilote pour
adapter des techniques modernes
de bibliothéconomie aux conditions
indiennes. Il en résulte la création de
la Bibliothèque publique de Delhi qui
©Varun Shiv Kapur
différents niveaux sur leurs territoires.
En effet, si les efforts de S. R.
Ranganathan ont contribué à pousser
d’autres États que le Tamil Nadu à
adopter le même type de législation,
certains l’ont adopté tardivement et
tous n’ont pas encore suivi cette voie.
Ainsi 19 des 29 États possèdent un
Library Act et l’ancienneté de ces
mesures joue sur l’état effectif du
développement des bibliothèques. Les
États qui ont adopté une loi spécifique
pour les bibliothèques sont : le Tamil
Nadu, déjà mentionné (1948), l’Andhra
Pradesh (1960), le Karnataka (1965),
le Maharashtra (1967), le Bengale
occidental (1979), le Manipur (1988),
le Kerala (1989), l’Haryana (1989), le
Mizoram (1993), Goa (1993), le Gujarat
(2000), l’Orissa (2001), l’Uttaranchal
(2005), le Rajasthan (2006), l’Uttar
Pradesh (2006), le Lakshadweep
(2007), le Bihar (2008), le Chattisgarh
(2009) et l’Arunachal Pradesh (2009).
Littérature
Bibliothèque Deshbandhu à Darjeeling dans l’État du Bengale occidental
acquiert un statut de bibliothèque
nationale compte tenu qu’elle reçoit,
depuis le vote de la loi Delivery of
Books Act de 1954, le dépôt légal
aux côtés de la Bibliothèque nationale
de l’Inde à Calcutta2, la Bibliothèque
publique de Connemara (Chennai)
et la Bibliothèque centrale d’État de
Mumbai. La Delivery of Books Act sera
amendée en 1956 pour permettre,
toujours dans les quatre bibliothèques
indiennes, le dépôt légal des journaux.
Sur la base des publications reçues, la
2) « Bibliothèque nationale de l’Inde. Une
évolution toujours en devenir », Nouvelles de
l’Inde, novembre-décembre 2014.
Nouvelles De L’Inde
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Littérature
Bibliothèques
Bibliothèque publique d’État Connemara à Chennai
Bibliothèque centrale de référence à
Calcutta, créée en 1955, établit une
bibliographie nationale d’ouvrages
parus en Inde, mais elle n’inclut
cependant pas de cartes, d’atlas, de
partitions de musiques et documents
du même type.
Cette période est également celle
de la requalification de la Bibliothèque
publique Connemara à Chennai (créée
en 1896) en Bibliothèque centrale de
l’État grâce aux financements alloués
par le Public Library Act de 1948.
Ces mesures participent des
avancées en termes d’éducation ce dont
témoigne le taux d’alphabétisation qui
augmente de 16% en 1941 à 18,33%
en 1951.
Le second plan (1956-1961) vise
la mise en place de bibliothèques
dans 320 districts. L’idée est d’assurer
un lien entre bibliothèques centrales
d’État et bibliothèques des villages. Le
plan prévoit également la promotion
de la législation sur les bibliothèques
dans chaque État. A cette période, le
niveau d’alphabétisation s’améliore en
passant, en 1961, à 28,31%.
50
mars-avril-mai 2015
Nouvelles De L’Inde
En 1957, le gouvernement indien
nomme une commission consultative
sur les bibliothèques, dite Commission
Sinha (Sinha Committee) du nom du
directeur de l’instruction publique dans
le Bihar, en charge d’analyser l’état
du développement des bibliothèques
publiques dans le pays. La Commission
doit déterminer les besoins en matière
de lecture, les goûts littéraires,
recommander la future structure
bibliothécaire de l’Inde, déterminer
les zones de coopération entre les
bibliothèques et le secteur d’éducation,
prévoir la formation des bibliothécaires,
recommander des mesures tant
financières qu’administratives pour
mener à bien ce développement. Le
rapport, rendu en 1958, recommande
en premier lieu la gratuité des
bibliothèques pour chaque citoyen
indien. Il promeut la législation sur
les bibliothèques dans chaque État et
propose un modèle pouvant servir de
base. Le rapport préconise également
la construction d’un système des
bibliothèques hiérarchique avec en
haut de l’échelle, des bibliothèques
nationales, puis des bibliothèques
centrales d’État, des bibliothèques
de districts, des bibliothèques de
blocs (sous-districts) et enfin des
bibliothèques de panchayat, à savoir
villages. C’est sur ce modèle que le
système des bibliothèques en Inde a
été créé. La Commission préconise
enfin la création d’un département
spécialement dédié à l’éducation
sociale et aux bibliothèques au niveau
national. On compte à l’époque environ
32 000 bibliothèques.
Le troisième plan quinquennal
(1962-1967)
voit
une
certaine
glaciation
budgétaire
pour
les
bibliothèques publiques. En 1962, un
modèle de la Public Library Act est
néanmoins envoyé par le gouvernement
central aux États afin de promouvoir ce
type de législation. A cette période,
selon les sources gouvernementales, il y
a douze bibliothèques centrales d’État
sur 18 États et Territoriales de l’époque,
205 bibliothèques de districts sur 327
districts, 1394 bibliothèques de blocs
sur 5223 blocs, 28 317 bibliothèques
de villages sur 566 878 villages.
Bibliothèques
Durant
le
quatrième
plan
quinquennal
(1969-1974),
le
gouvernement central crée, en 1972,
la fondation Raja Rammohun Roy
Library Foundation s’inscrivant ainsi
dans le cadre du bicentenaire des
festivités de l’anniversaire de Raja Ram
Mohan Roy, réformateur social du XIXe
siècle. Cette fondation qui constitue
un grand pas pour le développement
des
bibliothèques
à
l’époque
contemporaine en Inde, a pour
mission le soutien du mouvement des
bibliothèques publiques, la promotion
du cadre législatif sur les bibliothèques
par les États, l’assistance technique et
financière, la publication des rapports,
et particulièrement la promotion des
bibliothèques sur des territoires ruraux
ainsi qu’auprès du plus jeune public.
Elle travaille en étroite coopération
avec les gouvernements des États ainsi
qu’avec des associations et soutient
particulièrement les bibliothèques
centrales d’État et les bibliothèques
centrales de districts.
Le cinquième plan (1974-1979)
prévoit des mesures pour renforcer
la formation des adultes dont le
développement des bibliothèques
publiques au niveau des districts
ce qui passe notamment par le
financement des bâtiments ou encore
le renforcement des collections. En
1979 est créée une section dédiée aux
bibliothèques au sein du département
de la culture du ministère de l’éducation
du gouvernement central.
Le sixième plan (1980-1985) met
l’accent sur le développement des
bibliothèques rurales et connaît la
création de 26 bibliothèques d’État
ainsi que de 291 bibliothèques de
districts. En 1983, le gouvernement
met en place un groupe de travail pour
moderniser le service informatique des
bibliothèques. La recommandation
principale qui en découle est la
constitution d’une Politique nationale
sur les bibliothèques.
En 1985, une nouvelle commission,
présidée par D.P. Chattopadhyay,
doit proposer une Politique nationale
des systèmes des bibliothèques et
d’information (National Policy on Library
and Information System, NAPLIS).
La Commission rend son rapport en
Littérature
Bibliothèque centrale de l’État Himachal Pradesh à Shimla et son règlement
1986, mais il faut attendre juillet 1993
pour qu’un groupe de travail rende
un rapport sur des recommandations
d’application dans le cadre de la
NAPLIS dont celles concernant le
renforcement du développement dans
les zones rurales ou encore le maintien
de la compétence sur des bibliothèques
publiques au niveau des États et non au
niveau de l’Union indienne.
Le septième plan (1985-1990)
fait une place centrale à la lutte
contre l’illettrisme avec la création,
en 1986, de la Mission nationale
d’alphabétisation. Le but est surtout
de renforcer l’alphabétisation des
femmes tout en poursuivant le
développement des bibliothèques
dans des territoires ruraux. Le travail
est mené pour renforcer des liens
entre des bibliothèques des villages
et les écoles primaires et une section
pour des enfants doit être créée dans
chaque bibliothèque.
Le huitième plan (1992-1997)
met l’accent sur l’accès universel à
l’éducation primaire et sur l’éradication
de l’analphabétisme chez les 15-35
ans ; le 10e plan quinquennal (20022007) propose la modernisation des
bibliothèques centrales et publiques.
En 2005, le ministère de la culture
crée la Commission nationale du Savoir
(National Knowledge Commission) pour
une période de trois ans. Elle doit dresser
un plan de développement notamment
des bibliothèques et préconise à cette
fin la formation de bibliothécaires,
la création d’un fond national de
financement des bibliothèques, la
promotion de l’information sur cellesci et l’aide à l’accroissement des
collections. Une Mission nationale
sur les bibliothèques doit permettre
Nouvelles De L’Inde
mars-avril-mai 2015
51
Littérature
Bibliothèques
de créer une Bibliothèque virtuelle
nationale de l’Inde, mettre en place
un programme de développement
permettant d’aboutir à la création de
six bibliothèques sous la responsabilité
du ministère de la culture, 35
bibliothèques centrales d’État et 35
bibliothèques de districts. En plus,
les 629 bibliothèques de districts
devraient bénéficier d’une connectivité
des réseaux. Une enquête nationale sur
les bibliothèques est également prévue
afin de créer une base de données, la
plus exhaustive possible.
Retracer ce long chemin législatif
et de déploiement des bibliothèques
publiques en Inde permet de rendre
compte à la fois des avancées
accomplies et des besoins à venir. Il
donne à voir également, en pointillés, les
disparités en termes d’aménagement
du territoire en bibliothèques.
Leur rôle dans l’éducation et
l’alphabétisation a été reconnu dès
l’accès de l’Inde à l’indépendance.
Malgré le taux net de scolarisation
à l’école primaire en 2011 de 98,6%
pour les filles et les garçons confondus
et les 56 000 bibliothèques publiques,
les 400 000 bibliothèques scolaires, les
11 000 bibliothèques universitaires et
de facultés et les 13 000 bibliothèques
de recherche et développement,
l’alphabétisation demeure, encore
aujourd’hui, un enjeu crucial pour les
politiques de l’éducation. En effet,
en 2012, ce taux d’alphabétisation
reste encore relativement faible et
se situe à 62,8 % chez les adultes
toutes tranches d’âge confondues.
Évidemment, ces données doivent
être rapportées aux territoires, car là
encore il existe de fortes inégalités
en termes de développement. Outre
le fait que les bibliothèques peuvent
jouer un rôle dans l’alphabétisation
et dans l’éducation, elles permettent
aussi l’accroissement du capital social
et constituent des espaces pour le
renforcement de l’engagement, le débat
et la participation démocratiques. Les
bibliothèques publiques en Inde jouent
également un rôle de véritables lieux
de ressources d’informations pour des
communautés, notamment en tant
qu’intermédiaires en donnant accès aux
informations administratives. Malgré
52
mars-avril-mai 2015
Nouvelles De L’Inde
ces avancées notables, elles n’ont pas
encore atteint tout leur potentiel : leur
déploiement territorial doit continuer
et elles peuvent offrir dans les années
à venir de l’information sur la santé, par
exemple sur les maladies sexuellement
transmissibles ou encore fournir des
Chronologie :
1948 – vote de la Madras Public
Library Act (Tamil Nadu)
1951 – création de la Bibliothèque
publique de Delhi
1954 – vote de la loi Delivery of
Books Act permettant le dépôt légal
1955 – création de la Bibliothèque
centrale de référence (Central
Reference Library) à Calcutta
1956 – vote de l’amendement de la
loi Delivery of Books Act permettant
le dépôt légal des journaux
1957 – nomination de la Commission
consultative sur les bibliothèques dite
Sinha
1960 – vote de l’Andhra Pradesh
Public Library Act
1964 – nomination d’un groupe de
travail chargé des bibliothèques
1965 – vote de la Karnataka Public
Library Act
1967 – vote de la Maharashtra Public
Library Act
1972 – création de la Raja Rammohun
Roy Library Foundation
1972 – nomination du groupe de
travail sur le développement des
bibliothèques publiques
1978 – adoption du Programme
national d’éducation des adultes ???
1979 – création de la Section
Bibliothèques au sein du département
de la culture du ministère de
l’éducation du gouvernement central
1979 – vote de la West Bengal Public
Library Act
1983 – nomination du groupe
de travail sur la modernisation
des services bibliothécaires et
informatique
1985 – nomination de la Commission
sur la Politique nationale des systèmes
des bibliothèques et informatiques
1986 – création de la Mission
nationale d’alphabétisation
1988 – vote de la Manipur Public
Library Act
services
d’alphabétisation
grâce
notamment au renforcement des outils
pédagogiques que sont les nouvelles
technologies de l’information et de la
communication. n
Ewa Tartakowsky
1989 – vote de la Haryana Public
Library Act
1989 – vote de la Kerala Public
Library Act
1993 – vote de la Mizoram Public
Library Act
1993 – vote de la Goa Public Library
Act
2000 – vote de la Gujarat Public
Library Act
2001 – vote de l’Orissa Public Library
Act
2005 – vote de l’Uttaranchal Public
Library Act
2005 – nomination de la Commission
nationale
du
Savoir
(National
Knowledge Commission)
2006 – vote de la Rajasthan Public
Library Act
2006 – vote de l’Uttar Pradesh Public
Library Act
2007 – vote de la Lakshadweep
Public Library Act
2008 – vote de la Bihar Public Library
Act
2009 – vote de la Chattisgarh Public
Library Act
2009 – vote de l’Arunachal Pradesh
Public Library Act
Bibliographie :
Neeta Jambhekar, « National Policy
on Public Libraries in India », World
Libraries, vol. 5, n°2, automne 1995.
Ajit K. Pyati, « Public library
revitalization in India : Hopes,
challenges, and new visions », First
Monday, vol. 4, n°7, 6 juillet 2009.
URL : http://firstmonday.org/ojs/index.
php/fm/article/view/2588/2237
Zahid Ashraf Wani, « Development
of Public Libraries in India », Library
Philosophy and Practice, Mars 2008.
Le site de la Raja Rammohun Roy
Library Foundation du ministère de
la Culture du gouvernement indien.
URL : http://rrrlf.nic.in
Echange d’étudiants
Le yoga
Santé
Education
« Street Food - Voyage en Inde »
avec le Lycée Jacques-Cœur de Bourges
leur stage de trois mois à l’ITC Grand
Chola, un somptueux hôtel 5 étoiles
à Chennai. Autant d’actions qui se
font conjointement dans le cadre
l’Association Namaste I.N.D.E. (www.
namasteinde.org/) et du lycée hôtelier :
http://lycee-hotelier-jacques-coeur.fr/)
M.J. Guézennec
©www.todayonline.com
sur le thème « Le Goût de l’Autre »,
d’un film, d’un album photo et de
rencontres. L’objectif est de partager
des savoir-faire et les talents de la
gastronomie française et indienne
dans un esprit de découverte et avec
un sens de la réciprocité.
D’ores et déjà, trois de leurs
étudiants sont partis en avril effectuer
©www.foodamentals.com
L
e lycée Jacques Cœur qui
accueille quelque 2000 élèves,
fait partie du réseau des
écoles associées de l’UNESCO.
Depuis 2013, il organise des voyages
d’études et de découvertes en Inde
pour ses étudiants de BTS. Le 13
février dernier, ils ont organisé avec
les élèves de 1ère Bac pro et de BTS
(section « Hôtellerie- Restauration »)
une soirée « Street Food - Voyage en
Inde »-, sous forme d’apéritif dinatoire,
conviant de nombreux invités à venir
découvrir les saveurs de l’Inde autour
d’une grande diversité de plats qu’ils
avaient préparés.
Une initiative qui fut très suivie par
le public de Bourges et qui s’inscrit
également dans la préparation d’un
futur voyage de 15 jours qui aura
lieu en février 2016. De nombreux
échanges professionnels sont prévus
avec l’Ecole hôtelière de Munnar,
l’université de Chennai ainsi qu’avec
le restaurant Satsang à Pondichery.
A leur retour, les étudiants rendront
compte de diverses façons de leur
projet réalisé dans le sud de l’Inde, par
la publication d’un carnet de voyage
Restauration de rue en Inde
Nouvelles De L’Inde
mars-avril-mai 2015
53
Education
Know India Programme
Son Excellence Shri A.K.Singh, Wendy Ayassamy et Melvin Poinoosawmy
29ème KNOW INDIA PROGRAMME
- HIMACHAL PRADESH
L
e Know India Programme
(KIP) est organisé par le
Ministère
des
Affaires
indienne d’outremer (MOIA)
depuis 2003. C’est une formidable
plate-forme dont le but est de faire
rencontrer les jeunes du monde
entier de 18-26 ans, de la diaspora
indienne afin de se retrouver,
d’échanger et d’apprendre la culture
et l’histoire de l’Inde.
C’est une expérience inoubliable
qu’on a vécu en participant à la
29ème édition du KIP – Himachal
Pradesh qui s’est déroulée du 28 Août
2014 au 18 Septembre 2014. Avant
tout, nous remercions Son Excellence
Shri A.K Singh, ambassadeur de
l’Inde à Paris et GOPIO France pour
54
mars-avril-mai 2015
Nouvelles De L’Inde
nous avoir permis de réaliser ce
passionnant voyage et découvrir
l’histoire et la terre de nos ancêtres.
Nous sommes nés en France de
familles de culture indienne mais
c’était notre premier voyage en Inde.
Nous étions les seuls à représenter un
pays européen : la France. Ce voyage
prend une tout autre dimension
lorsqu’on intègre un groupe de 37
personnes venant « des 4 coins du
monde » (Argentine, Israël, Malaisie,
Ile Maurice, Myanmar, Nouvelle
Zélande, Afrique du Sud, Sri Lanka,
Suriname, Trinidad & Tobago, Yémen
et Zimbabwe). Nous avons tous des
parcours éducatifs et intellectuels
différents mais avec un héritage en
commun, être d’origine indienne.
Ainsi, des liens forts se tissent, car
nous étions constamment ensemble
(24h/7jours), de plus le cadre
était exceptionnel.
Nous étions
tous curieux de savoir et partager
nos expériences personnelles sur
l’intégration des personnes d’origine
indienne dans les différents pays,
nos racines, cultes de la religion, la
nourriture, etc…Nous avons évoqué
avec émotion la vie de nos ancêtres qui
ont traversé inconsciemment pendant
des jours et des mois les océans
hostiles pour s’installer dans l’espoir
d’une vie meilleure en terre inconnue.
Avec du recul, ils ont parcouru un
long chemin et ont été récompensés
de leur dur labeur car certains sont
aujourd’hui à la tête de leurs pays
Know India Programme
Education
Wendy Ayassamy, Shri Prem Narain et Melvin Poinoosawmy
au poste de Premier ministre : Mme
Kamla Persad-Bissessar,
Premier
ministre de la République de Trinidad
& Tobago et M. Aneerood Jugnauth,
Premier ministre de l’Ile Maurice.
Nous avons démarré notre KIP
à Delhi, ville magnifique, très riche
culturellement et historiquement. Le
KIP nous a permis de visiter différentes
institutions gouvernementales ou
privées, musées, temples, TV show,
écoles, universités, ainsi que différents
endroits culturels. La deuxième
semaine, nous étions dans l’Etat
d’Himachal Pradesh avec notamment
les décors du piémont himalayen
et ses impressionnantes chaines
de montagnes qui ressemblent
aux vallées suisses ou savoyardes.
Ce fut un des moments les plus
mémorables, notamment avec une
grande richesse dans ses cultures,
(hindou, bouddhisme, etc…), visites
des temples et monastères.
En revenant sur Delhi, nous
avons eu droit à la visite d’une des
7 merveilles du monde, le Taj Mahal
qui signifie l’amour éternel. C’est un
des monuments touristiques les plus
visités au monde qui se trouve à Agra.
Cette réalisation unique résume la
puissance de l’Empire moghol et ses
prouesses techniques, esthétiques,
scientifiques, philosophiques sous
toutes ses formes pyramidales et
symétriques Dans le cœur de cette
éternelle perfection, on retrouve une
image de l’amour que transporte le
Taj Mahal et qui résiste au passage du
temps.
L’heure
de
notre
départ
s’approchait et on est sous le choc
et le charme de ce grand pays. Nous
avons encore plein la tête des images,
des sons, des odeurs et des émotions
que nous n’oublierons jamais. Le
paradoxe est qu’au moment de
quitter l’Inde, on avait l’impression
de quitter de nouveau notre maison.
En effet, cette culture est ancrée
profondément en nous et c’était plus
qu’un voyage. Nous ne pouvions
pas rester insensibles à toutes ces
émotions. Nous souhaitions les
partager avec tous les jeunes de notre
âge, car cette expérience de vie valait
la peine.
C’est ainsi que lors de la visite de Shri
Prem Narain, Secrétaire du Ministère
des Affaires indiennes d’outremer
(MOIA) à Paris le 19/10/2014, nous
avons organisé un évènement à l’hôtel
Ibis Cambronne Tour Eiffel avec l’aide
de GOPIO France pour promouvoir le
« Know India Programme ».
Il n’y a pas d’autre pays au monde
qui organise ce genre de programme
pour les jeunes de sa diaspora. L’Inde
est le seul pays à le faire et nous
encourageons vivement les jeunes de
18-26 ans, sans hésiter à y participer. n
Wendy Ayassamy &
Melvin Poinoosawmy
https://www.facebook.com/pages/
Gopio-France/351192008380501
Nouvelles De L’Inde
mars-avril-mai 2015
55
Echange scolaire
©Collège Tanguy Prigent (Finistère)
Education
Un voyage inoubliable pour
de jeunes élèves bretons
D
epuis 3 ans, notre
collège public Tanguy
Prigent
à
SaintMartin des Champs, 180
élèves, situé sur la pointe
bretonne, est jumelé avec Nath Valley
School, établissement qui compte
1200 élèves du primaire au lycée,
dirigé par M.Ranjit Dass (récompensé
en septembre 2014 par le « National
Teachers Award 2013 »). Cet échange
a démarré grâce à l’AADI, association
présidée par M. Breton qui encourage
les échanges entre l’Inde et la France.
Après des échanges de courriers,
des rencontres par le biais de
webcam, nous avons eu envie d’aller
plus loin, et d’offrir cette chance
exceptionnelle à nos élèves de
découvrir l’Inde. Les familles nous
ont soutenu et nous ont aidé à réunir
l’argent nécessaire. L’ambassade de
l’Inde nous a permis, dans le cadre
de cet échange, d’obtenir nos visas,
56
mars-avril-mai 2015
Nouvelles De L’Inde
et nous avons eu le soutien financier
du Conseil Général du Finistère, dans
le cadre d’Agenda 21 et de Morlaix
Communauté. Le 8 octobre 2014,
vingt-quatre élèves de 4è et 3è (1314 ans) sont donc partis pour 13 jours
de voyage, encadrés par M. Eckert,
principal, Mmes Thibault, Larvor et
Thatje, professeurs au collège. Il a fallu
2 bus, un avion et près de 50 heures
de voyage pour arriver à Aurangabad,
à 400 km à l’est de Bombay (État du
Maharashtra, Inde).
Pour la plupart de nos jeunes
élèves, c’est leur premier voyage hors
de France : le dépaysement est total !
Ils sont chaleureusement accueillis
dans les familles indiennes.
Pendant toute la semaine nos
élèves sont intégrés dans l’école, ils
vont aux différents cours et travaillent
sur notre projet conjoint autour du
développement durable : « Green
school » et British Council pour les
Indiens, « Agenda 21 » pour les Français.
Nos élèves découvrent l’Assemblée
du matin, le port de l’uniforme... Des
excursions leur ouvrent les portes de la
culture indienne : les grottes d’Ajanta
et Ellora, classées au patrimoine
mondial de l’UNESCO, le petit Taj
Mahal d’Aurangabad, une fabrique
de tissu, une école de danse, la ville
immense de Mumbai...
Dans une situation privilégiée pour
découvrir les contrastes du pays, les
élèves expérimentent la cuisine, très
appréciée, les saris, le shopping avec
les correspondants, les parties de foot,
les routes et les transports scolaires,
seuls points plus négatifs du voyage.
Certains ont appris un peu d’hindi,
mais nos élèves ont surtout progressé
en anglais, langue usuelle à l’école
et dans les familles. Notre voyage
s’est terminé par la « Diwali Mela »,
la fête des lumières, l’occasion d’une
grande fête dans l’établissement et
©Collège Tanguy Prigent (Finistère)
©Collège Tanguy Prigent (Finistère)
©Collège Tanguy Prigent (Finistère)
Education
©Collège Tanguy Prigent (Finistère)
Echange scolaire
de retrouvailles familiales. Depuis le
retour les contacts se poursuivent
par les réseaux sociaux entre les
jeunes. Nous espérons pouvoir
accueillir comme prévu les Indiens en
mai ou juin 2015. Nous avons déjà
prévu pour une semaine en mai de
faire fonctionner notre collège sur le
modèle de Nath Valley School, avec
des maisons, regroupant des élèves de
la 6è à la 3è, identifiées par un nom
et une couleur, celle qui aura obtenu
le plus de points obtenant un trophée.
Nous avons fait avec les élèves
un bilan du voyage : le plus apprécié
a été l’accueil, la gentillesse du
correspondant et de leur famille,
de leurs amis. Les visites, surtout
les grottes d’Ellora, ont aussi eu du
succès, tout comme la découverte
du pays, de nouvelles choses... La
nourriture a souvent été citée (les
élèves ont été très gâtés), ainsi que
les paysages, la religion et les temples.
La chaleur et l’absence de pluie, qui
nous ont changé de la Bretagne, ont
été difficile à supporter pour certains,
mais bien appréciée par d’autres !
Enfin, élèves comme enseignants nous
avons vraiment apprécié de découvrir
l’Inde non comme simples touristes,
mais intégrés dans l’établissement
scolaire. Notre échange a permis de
développer l’enseignement du français
en Inde, puisque le nombre d’élèves
volontaires a tellement augmenté
qu’une enseignante a été recrutée.
Quant à nous, l’assemblée matinale
et la journée d’adieu nous ont
vraiment impressionnés... Au retour,
nous avons réalisé une exposition
de 10 panneaux, accompagnée
d’un montage photo, qui va circuler
dans notre région pour présenter ce
voyage. Les élèves iront aussi dans les
classes intéressées pour témoigner.
Nous avons aussi un blog, avec le récit
au jour le jour et des vidéos en anglais
présentant notre vie en France : www.
bretagne-inde.blogspot.com n
Julia Thatje
Professeur-documentaliste
Collège Tanguy Prigent
Nouvelles De L’Inde
mars-avril-mai 2015
57
Le Coin des Enfants
Les éléphants et les souris
Les éléphants
et les souris
58
mars-avril-mai 2015
Nouvelles De L’Inde
Les éléphants et les souris
I
l y avait une grande et belle ville à côté
d’un lac. Elle abritait de nombreux
temples et de belles maisons.
Les gens qui y vivaient étaient
heureux et prospères. Or, avec le temps,
la ville tomba peu à peu en ruine.
Les gens s’étaient enfuis, prenant
avec eux leurs vaches, leurs taureaux,
leurs chevaux et leurs éléphants.
Seules les souris restèrent. Elles
emménagèrent dans les temples et les
maisons. Cela devint une ville de souris.
Bientôt, il y eu plus de souris que
jamais : des générations entières. Des
générations d’arrière-grands-parents,
grands-parents, pères et mères, maris
et femmes, tantes et oncles, frères et
soeurs, ainsi que beaucoup, beaucoup
de bébés souris.
Ils vivaient heureux tous ensemble,
et presque chaque jour il y avait une
fête ou une autre. Il y avait la fête du
printemps, la fête des récoltes, les
mariages et autres rassemblements.
Dans la jungle, loin de la ville des
souris, vivaient des éléphants. Il y avait
un grand troupeau, et leur roi était un
grand mâle. Noble et gentil, il dirigeait
le troupeau de manière juste. Les
éléphants l’aimaient. Le grand mâle et
son troupeau vivaient heureux dans
la jungle jusqu’à l’arrivée d’un grand
désastre. Il ne pleuvait plus depuis
plusieurs années, et toutes les rivières
et leurs réserves s’asséchaient. Ils
n’avaient plus d’eau à boire.
Les éléphants partirent loin en quête
d’eau. L’un d’eux rapporta au roi qu’il
avait vu une ville en ruines et que de
l’autre côté se trouvait un lac.
Le roi en fut ravi. Il conduisit aussitôt
son troupeau au lac.
En chemin, ils passèrent par la ville
des souris.
Comme les éléphants, assoiffés,
se déplaçaient en toute hâte, ils ne
remarquèrent pas qu’ils piétinaient
et tuaient des milliers de souris. Des
milliers d’autres furent blessées.
Les souris docteurs et infirmières
firent tout leur possible pour sauver les
mourants et les blessés. Mais comme
de plus en plus d’éléphants traversaient
la ville, de plus en plus de souris étaient
tuées et blessées. Jamais les souris
n’avaient été confrontées à pareille
Le Coin des Enfants
calamité. Que pouvaient-elles faire ?
Comment pouvaient-elles arrêter les
éléphants de tuer les leurs ?
Les souris se rassemblèrent afin
de se concerter sur le meilleur moyen
d’agir. Une vieille souris, très sage,
suggéra d’aller voir le roi des éléphants
et de lui parler. Il pourrait accepter
d’arrêter de faire passer son troupeau
par la ville.
Toutes les souris approuvèrent cette
idée, et en choisirent trois d’entre elles
pour aller parler au roi.
Les trois souris allèrent trouver le roi,
et s’inclinant, lui dirent :
“Votre Majesté, vous êtes grand et
puissant. Vous n’avez peut-être pas
remarqué le mal que vous causez quand
votre troupeau traverse notre ville. Nous
sommes petites et nous faisons écraser
sous vos pattes. Plusieurs milliers
d’entre nous ont déjà été tuées et un
plus grand nombre blessées.
« Nous craignons que si vous
continuez à passer par notre ville,
aucune de nous ne survive. Donc, nous
sommes venues vous demander de
trouver un autre chemin pour retourner
dans votre jungle. Si vous acceptez, nous
vous en serons très reconnaissantes et
serons vos amis. Nous admettons que
Nouvelles De L’Inde
mars-avril-mai 2015
59
Le Coin des Enfants
Les éléphants et les souris
nous sommes petites, mais un jour
nous serons peut-être capables de vous
aider. »
Le roi était ému.
« Vous avez raison, leur dit-il.
Vous pouvez vivre tranquillement
maintenant. Je veillerai à ce que vous
ne souffriez plus. »
Quelques années plus tard, le
roi d’une région voisine voulut de
nombreux éléphants pour son armée.
Il envoya ses hommes en capturer
autant qu’ils pouvaient.
Ils vinrent dans la jungle où le grand
mâle éléphant ainsi que son troupeau
vivaient. Ils étaient ravis de trouver
autant d’éléphants.
Les
hommes
creusèrent
de
profondes fosses qu’ils recouvrirent de
brindilles de feuilles. C’était des pièges
à éléphants.
Le roi et beaucoup d’autres
éléphants du troupeau tombèrent dans
ces fosses. Ils essayèrent tant bien que
mal de remonter, en vain.
Les hommes revinrent avec des
éléphants apprivoisés.
Avec de solides cordes, ils sortirent
les éléphants piégés des fosses et les
attachèrent fermement.
Les hommes repartirent avec les
éléphants apprivoisés et allèrent chez
leur roi faire leur rapport.
Les éléphants captifs étaient dans
une fâcheuse posture. Leur roi, le grand
mâle, était peiné de voir qu’autant
d’éléphants du troupeau avaient
été piégés comme lui. Comment
pourraient-ils s’échapper ? Il n’arrivait
60
mars-avril-mai 2015
Nouvelles De L’Inde
pas à trouver un moyen de s’échapper,
quand il se rappela soudain des souris
dans la ville. Elles avaient dit qu’elles
les aideraient.
Le grand mâle appela la reine qui
n’avait pas été piégée.
Il lui demanda de se rendre
rapidement dans la ville des souris et de
leur raconter ce qui c’était passé.
La reine se précipita chez les
souris. Ces dernières furent désolées
d’entendre que les éléphants se
trouvaient dans un tel péril. « Nous
allons faire de notre mieux pour aider
nos amis », assurèrent-elles.
Des milliers de souris accoururent
à l’endroit où les éléphants étaient
attachés. Avec leurs dents aiguisées,
elles coupèrent les cordes et libérèrent
les éléphants.
Tout le monde était heureux. Les
souris étaient contentes d’avoir pu
rembourser leur dette.
L’une d’elles grimpa sur la trompe du
roi des éléphants. « Nous sommes amis »,
dit-elle. Vous avez été gentils avec
nous une fois, nous sommes heureuses
d’avoir pu vous aider.”
Ainsi, les éléphants et les souris se
rassemblèrent pour célébrer leur amitié.
« C’est la fête la plus heureuse de
toutes », chantèrent-ils en choeur.
« C’est en effet la fête de l’amitié entre
souris et éléphants ». n
Extrait du livre
Stories from Panchatantra
de Shivkumar, illust. Tapas
Guha, publié par Children’s
Book Trust
Traduction Aman Kumar &
Viviane Tourtet
L’agenda de l’ambassade
Culture
L’agenda de l’ambassade
Le 27 février l’ambassadeur M. Arun K. Singh a lancé « Les Anciens de ICCR ». Environ 65 des étudiants ayant
été en Inde dans le cadre des bourses ICCR ont promu et pratiqué la danse, la musique et les arts martiaux de l’Inde.
Certains ont créé des associations culturelles franco-indiennes ou des écoles de danse et de musique. Plusieurs se
sont produits dans le cadre de festivals et de manifestations culturelles en France et en Europe, contribuant ainsi par
leur travail à la conservation et à la promotion de la culture indienne dans leur région.
L’ambassadeur a accueilli une manifestation pour fêter l’augmentation des collaborations dans le domaine
éducatif entre l’Inde et la France et l’ouverture de la Mahindra Ecole Centrale (MEC) à Hyderabad, le 4 mars. M.
Hervé Biausser, Président de l’ Ecole Centrale Paris/ Centrale Supélec , M. Vineet Nayyar, Président de MEC, Prof S G
Dhande, Directeur de MEC, M. Vikram Nair, Président – de Tech-Mahindra Europe, et M. Fabrice Haccoun, Directeur
Général de Tech Mahindra France étaient présents à la soirée. La collaboration entre Mahindra and Mahindra,
l’une des plus grosses sociétés en Inde et l’Ecole Centrale de Paris/Centrale Supélec qui ont accueilli sur leurs rangs
des noms fameux tels que Gustave Eiffel, architecte de la Tour Eiffel et les fondateurs de Renault, Peugeot, Dior,
FerroConcrete etc. représente ce qu’il y a de mieux dans les relations entre l’Inde et la France. Le rapprochement
d’une société indienne et d’un institut éducatif français est un brillant exemple de la manière dont nous pouvons
combiner nos talents, nos capacités et potentiels dans un partenariat gagnant-gagnant.
Le 10 mars l’ambassade a organisé une session interactive sur “Make In India - in the Defense Sector” .
Des hauts responsables de diverses sociétés du secteur de la défense ont assisté à cette manifestation. Après une
présentation par l’ambassadeur Arun K. Singh, une discussion sur le sujet a permis d’échanger.
Nouvelles De L’Inde
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Culutre
L’Inde en
en France
France
L’Inde
L’Inde en France
L’art a été au rendez-vous ces
derniers mois avec un très beau
spectacle de Kuchipudi par Sandhya
Raju accompagnée de ses musiciens
à l’auditorium du Musée Guimet les
20 et 21 février. n
Mahina
Khanum,
danseuse d’Odissi, a proposé
un festival autour des danses
classiques
indiennes
la
danse les 28 et 29 mars, sur
le thème de l’amour intitulé
« Mouvements émouvants »
organisé sous le
Haut
Patronage de l’Ambassade
de l’Inde. Au programme,
conférence, spectacle et stages
d’initiation à diverses formes
de danse (Bharatanatyam,
Sattriya, Kuchipudi, Manipuri,
Kathak et Odissi). L’ensemble
des événements s’est déroulé
à l’Espace Jemmapes à Paris. n
La Grande Nuit du Kathakali s’est déroulée les 5 et
6 avril de 18h30 à 9h du matin. Le centre Mandapa
a accueilli au Théâtre du Soleil en association avec
la Compagnie Prana cette manifestation. Une occasion
unique en France de retrouver sur scène ce théâtre dansé
originaire du Kerala dans sa forme traditionnelle, avec 6
épisodes du Mahâbhârata, du Râmâyana et des Purana.
19 acteurs-danseurs, chanteurs, percussionnistes et
maquilleurs-accessoiristes ont été spécialement invités
du Kerala pour cette nuit exceptionnelle (voir article
page 65). n
Après la création du spectacle
« Mithuna » au festival Ignite ! de
Delhi en janvier, le spectacle a
été présenté au Théâtre du Soleil
les 2, 3 et 4 avril dans le cadre
du festival India Scene 1 (où ont
également été lues trois pièces
contemporaines indiennes traduites
en français). Cette création de
la compagnie Annette Leday/
Keli qui s’appuie sur le parcours
personnel de cette artiste française
a permis une rencontre entre
danseurs de kathakali et danseuses
contemporaines
françaises,
un
grand dialogue créatif entre l’Ouest
et l’Est, entre deux traditions
qui se complètent et résonnent.
Une conférence-débat a aussi
été proposée au public par Katia
Légeret, professeur à Paris 8 en
présence d’Annette Leday et de ses
danseurs. n
L’Ambassadeur Arun K. Singh a rendu
visite le 31 mars à Audencia, école de
commerce fondée en 1900 à Nantes.
Après avoir inauguré la section indienne
de la bibliothèque et avoir rencontré les
responsables de l’école, il s’est adressé à
plus de 170 étudiants, professeurs, anciens
élèves et sociétés locales sur le thème de
l’Inde émergente en mettant l’accent sur la
politique du “Make in India”. n
L’ambassadeur s’est rendu M. l’Ambassadeur Arun K. Singh s’est
rendu le 3 mars, sur le campus de Sciences-Po au Havre. Plus de 250
étudiants ont assisté à sa conférence, durant laquelle M. l’Ambassadeur
s’est exprimé sur divers aspects de l’Inde moderne et innovante, dont les
universités et les centres de recherches sont de plus en plus prisés dans le
monde entier. Sciences-Po Le Havre dispense un programme spécialisé sur
les relations entre l’Europe et l’Asie, durant lequel les étudiants peuvent
aussi apprendre le hindi ou d’autres langues asiatiques. Le développement
de ce programme souligne sa pertinence dans un monde où l’Inde est
désormais incontournable. n
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mars-avril-mai 2015
Nouvelles De L’Inde
L’Inde en France
Culutre
PwC France et l’ambassade ont organisé une
conférence sur “Investir en Inde” qui s’est adressée à
plus de 25 importantes sociétés françaises (Airbus Group,
Alcatel-Lucent International, Alstom Transport, Altran,
BNP Paribas, Dassault Aviation, Dassault Systemes,
DCNS, Essilor International, Eutelsat, Faurecia, GDF Suez,
JCDECAUX, KEOLIS, Natixis SA, Renault, Saint Gobain,
SNCF, Solvay, State Bank of India, Thales Communication,
Total et Vicat) comme pour d’importantes sociétés
françaises le 15 avril. Cette manifestation s’est basée sur
l’intérêt et le dynamisme généré par la visite fructueuse du
Premier Ministre en France. Ce fut l’occasion également
pour l’Ambassadeur et M. Bernard Gainnier, PDG de
PwCFrance, M. Shashank Tripathi, M. Akash Gupt, et M.
Rajeev Dhar de lancer le rapport préparé par PwC sur
“Future of India - The Winning Leap” . L’ambassadeur a
mentionné que depuis l’arrivée au pouvoir du nouveau
gouvernement en Inde, un nouvel élan avait été donné
aux relations commerciales entre l’Inde et la France.
Dans le cadre de la campagne « Make in India », la France
est un partenaire de choix dans des secteurs comme le
développement de smart cities, l’énergie propre et les
réseaux de transport respectueux de l’environnement.
Le rapport rédigé par PwC « Winning Leap » examine
comment l’Inde peut se développer à une vitesse encore
plus grande pour devenir une économie de 10 trillions de
US$ et porter le PIB à 5 fois plus d’ici 2034. n
Le cinéma a également été à l’honneur avec la
deuxième édition du festival « Extravagant India ! »,
(inauguré par l’ambassadeur Arun K. Singh le 4 mars)
entièrement dédié au jeune cinéma indien indépendant
et placé sous le Haut Patronage de l’Ambassade de
l’Inde à Paris. L’ambassadeur a souligné combien il était
important de soutenir ce festival qui donne une voix à
l’extérieur de l’Inde à un cinéma novateur et extrêmement
varié, représentatif de la diversité linguistique et
culturelle de l’Inde. Cette cérémonie s’est déroulée en
présence des nombreux sponsors prestigieux, d’un
jury de grands professionnels du cinéma, et surtout
d’une délégation indienne comprenant Mlle Geetanjali
Thapa, comédienne, le Dr Mohan Agashe, comédien et
psychiatre de renom, M. Kartik Singh, réalisateur.
Le festival s’est déroulé au cinéma Gaumont-ChampsElysées jusqu’au mardi 10 mars avec une programmation
de quelque 25 films - longs-métrages, courts-métrages,
documentaires et films hors compétition (classiques et
films d’animation). La cérémonie de clôture le 10 mars
fut marquée par la présence du réalisateur, M. Vishal
Bhardwaj, et de la chanteuse Mme Rekha Bhardwaj. ‘Q’
de M. Sanjeev Gupta a été primé Meilleur Film et Gulabi
Gang de Nishtha Jain Meilleur Documentaire. M. Vishal
Bhardwaj a obtenu le prix du Meilleur Réalisateur pour
son film ‘Haider’.
Le festival a connu un vif succès et a fait salle comble
presque tous les soirs.De quoi nourrir les amoureux du
cinéma indien à Paris ! Bravo à la fondatrice et déléguée
générale Gabrielle Brennen et
toute son équipe
associative ! n
C’est avec une grande émotion que l’ambassadeur
s’est rendu le 13 mars au Mémorial de Neuve Chapelle
à Richebourg dans le cadre des manifestations
organisées en 2015 pour la commémoration
du centenaire de la participation indienne à la
Première Guerre Mondiale et plus particulièrement
de la bataille de Neuve-Chapelle. Les communes de
Richebourg et du Béthunois se sont associées pour faire
de cette journée un bel hommage aux soldats morts
pour la France. La commune de richebourg a organisé
plusieurs manifestations en mars relatives à cette page
d’histoire : deux expositions - “Les troupes Indiennes en
France en 1914-1918” à Neuve Chapelle, “ Les Soldats
Indiens sous le regard de Paul Sarrut”, en l’Espace Paul
Legry à Richebourg – avec des panneaux provenant de
l’Association d’Histoire et d’Archéologie Militaire - des
spectacles, conférences, films. n
Nouvelles De L’Inde
mars-avril-mai 2015
63
Culutre
L’Inde en France
Trois
festivals
ont aussi marqué
les derniers mois,
le 18ème Festival
les 20, 21 et 22
mars, à la salle
multifonctionnelle
de Casseneuil dans
le Lot-et-Garonne
où
l’association
Laxmi
a
proposé au public
une programmation
riche
qui
a
rassemblé plusieurs
spectacles de danse
(danse du feu, danse gitane indienne, odissi,
danse Bollywood...), des concerts ainsi que des
ateliers à thème (yoga, cuisine indienne bio,
mandala, danses odissi et Bollywood, massages
ayurvédiques). n
Le Théâtre de la Ville, grande
institution parisienne, a mis l’Inde
et sa culture à l’honneur pendant
toute la journée du 22 mars. Cette
grande journée “Inde - Fête de Holi”
a permis au public parisien ravi par
l’expérience de se plonger dans une
grande aventure musicale sous forme
de trois concerts, le matin avec le
surbahar d’Ashok Pathak, puis dans
l’après-midi avec le duo de Ravikiran
à la chitravina et de Shashank à la
flûte, et enfin avec Nishat Khan au
sitar. Une longue conférence enrichie
de nombreuses photographies, un
atelier mandala et un stand de restauration ont également
permis à petits et grands de prolonger leur expérience et
d’explorer la signification de cette journée de Holi dans la culture
indienne : fête des couleurs célébrée au moment de l’équinoxe
de printemps, elle est aussi un moment de partage où s’effacent
les différences, et un moment de joie où l’on laisse ses erreurs
et ses regrets derrière soi dans le renouvellement des saisons. n
© Julia Gaulon
(c) Nezha El Massoudi
Le 7ème Festival de l’Inde s’est tenu au Méesur-Seine les 25 et 26 avril 2015. Ce Festival est
organisé par le Cercle Culturel Franco-Indien (CCFI)
en association avec l’administration municipale
locale et GOPIO France Métropole.
Le Festival a été inauguré par le Chef de Mission
adjoint, M. Indra Mani Pandey et a présenté une
riche palette de la culture indienne : arts, artisanat,
vêtements, démonstration de yoga et de méditation,
spectacle de danses indiennes. n
Concours de dessins organisé par l’Ambassade
de l’Inde : de nombreux jeunes lauréats au Collège
Jean Renoir de Bourges.
Dans le cadre de leur projet Bharata, des élèves du
Collège Jean Renoir ont travaillé sous la houlette de leur
professeur d’anglais, Nezha El Massoudi, afin de réaliser
des documents video et une grande exposition sur le
thème de l’Inde ; tout un travail nourri de différents
échanges avec des intervenants, dont Devashree
Ambulkar, une assistante de langue originaire de
Bombai.
Les élèves ont également participé au concours de
dessins organisé par l’ambassade de l’Inde et nombre
64
mars-avril-mai 2015
Nouvelles De L’Inde
d’entre eux ont reçu des prix pour la qualité et l’originalité de
leurs oeuvres. Madame Apoorva Srivastava qui leur a offert
des livres sur l’Inde en récompense et les a félicités pour leur
créativité.
La remise officielle des Prix – avec des 1er Prix- a
eu lieu, lundi 4 mai, au Collège Jean Renoir, un Collège
qui fait partie du Réseau des Ecoles associées à l’UNESCO et
qui depuis 2007 a monté différents projets et des voyages
d’étude en Inde, en présence de M. Alain Payen, Principal du
Collège. n
Leur prochain voyage aura lieu en février 2016.
http://www.collegejeanrenoirbourges.fr/
http://my-english-corner.weebly.com
L’Inde en France
La Grande Nuit du Kathakali
Le théâtre-dansé du Kathakali
ou l’avènement terrestre des dieux et des héros légendaires.
Orchestrée conjointement par le Centre MANDAPA et sa directrice, Milena Salvini, et la Cie PRANA,
« La Grande Nuit du Kathakali » qui s’est déroulée au « Théâtre du Soleil » à Vincennes, les 5 et 6
avril 2015, a réuni une vingtaine d’artistes, parmi les plus éminents acteurs-danseurs, chanteurs
et musiciens venus du Kerala. Le récital qui fut un enchantement a duré toute une nuit, comme le
veut la tradition en Inde. Ce fut un moment de grâce et de beauté où les spectateurs redevenus
contemporains du temps des origines ont pu revivre par cette puissante création, le temps d’un retour
aux sources dans un passé mythique.
Melappadam : prélude orchestral avec tambours chenda et maddalam
L
e théâtre dansé du Kathakali
est l’héritier des formes de
théâtre traditionnel et sacré, tel
le Kuttiyatam, l’ancien théâtre
sanskrit qui était exclusivement
interprété dans les temples et qui,
au fil des siècles, se sont développées
dans ce petit Etat du Kerala riche de
ses traditions culturelles et artistiques.
Situé au sud-ouest de l’Inde, le
Kerala qui étire sa côte occidentale
sur quelque 700 kilomètres le long
de l’Océan Indien fut jadis constitué
de plusieurs petits Etats princiers
qui, parfois, entraient en rivalité. Or,
certains de ces rajas qui régnaient en
fiers souverains furent également des
poètes et des artistes qui ont contribué
à enrichir diversement le répertoire et
les traditions théâtrales. Ces fins lettrés
et protecteurs des arts ont favorisé
le développement des expressions
théâtrales d’une grande originalité
inspirées à la fois des élans de
dévotion envers Vishnu et nourries par
la pratique assidue des arts martiaux
Apparition de Râvana, derrière le rideau Tirrasila
du Kalaripayat, que l’acteur-danseur
devait suivre pendant sa formation qui
durait une dizaine d’année.
Ainsi le Kathakali a-t-il hérité du
« Krishnanattam » et du « Ramanattam »
qui célébraient de façon rituelle les
hauts faits de Krishna et de Râma,
tous deux des avatars de Vishnu,
l’Immanent, le protecteur de l’Univers,
et à qui s’adressaient des élans de
ferveur nés de la Bhakti, ou profonde
dévotion.
Inspiré
des
théories
esthétiques développées dans le grand
Traité des arts de la scène du « Natya
Shastra », qui fut conçu par Bharata
aux environs de notre ère, c’est au
XVIIIème siècle que le Kathakali a pris
sa forme définitive, pour l’essentiel
de sa présentation et de composition
formelle des « caractères » ou Vesham.
La codification de la gestuelle
symbolique des mains ou mudras, qui
en compte 24 principaux, est basée sur
le traité de l’« Abhinaya Darpanam ».
Le vaste répertoire qui met en
scène des personnages mythiques
et des héros légendaires plonge ses
sources dans les grandes Epopées du
« Mahâbhârata » et du « Râmâyana »
ainsi que dans les « Purânas ».
Quand résonne la conque qui
purifie l’atmosphère…
Déjà les puissants battements des
tambours - chenda et maddalam retentissent annonçant l’ouverture du
récital puis, par contraste, et à trois
reprises résonne le son de la conque
marine – l’attribut de Vishnu – qui
purifie l’atmosphère. Alors la magie du
récital peut commencer à se déployer
sous nos yeux émerveillés… Des êtres
immenses font leur apparition, comme
venus d’un ailleurs, des personnages
d’une dimension gigantesque entrent
en scène, surgissant d’un autre monde.
Telle une hiérophanie, ils redescendent
des cieux et reviennent d’un temps tout
autre pour rétablir ce lien éphémère et
mémorable entre le macrocosme des
dieux et le microcosme des hommes.
Désormais, soutenues par la cadence
intense et rythmique des tambours,
Nouvelles De L’Inde
mars-avril-mai 2015
65
La Grande Nuit du Kathakali
Photos par : Mireille-Joséphine Guézennec
L’Inde en France
Hanuman : le dieu-singe blanc – caractère
Vellatâdi, à barbe blanche
Emouvantes retrouvailles : Kuchela, l’ami d’enfance, de Krishna
des confrontations inouïes vont
s’engager entre les forces cosmiques
antagonistes, autant de puissances
incarnées par des personnages divins
et des Titans en proie aux luttes
intérieures. Des combats acharnés vont
se livrer contre les forces du mal et avec
les implacables démons qui toujours
cherchent à entraver l’Ordre éthique du
monde et sa marche harmonieuse, ou
Dharma.
En effet, ces acteurs ne sont
pas seulement les interprètes d’un
répertoire, aussi riche soit-il, et qu’ils
connaissent par coeur, mais en raison
du temps imparti à la préparation de
leur maquillage qui va durer plusieurs
heures, ils deviennent peu à peu les
héros même qu’ils vont jouer sur scène.
Et c’est toute la splendeur et la magie
du Kathakali où, grâce à cette alchimie
d’un lent travail et d’un cheminement
intérieur, les acteurs-danseurs qui se
sont transformés font du spectateur le
témoin de cette métamorphose.
Une lampe à huile immense est
allumée à l’avant de la scène, tandis
que deux artistes entament, face aux
musiciens, une danse oblatoire Thodayam - derrière le grand rideau
- Tirassila - qui est tenu à chaque
bout par deux accessoiristes. Ce
rideau, -ou « vagues de tissus », jadis
inspirées d’une vision de la mer*aux couleurs symboliques qui sépare
le monde des dieux de celui des
hommes marque aussi la frontière
entre le réel, l’inaccessible, et le jeu
des effets illusoires qui règnent dans
notre monde phénoménal en raison
de l’œuvre de la Mâyâ, la puissance
cosmique d’Illusion.
L’avènement des héros divins ou
des personnages tyranniques et
démoniaques
Avec majesté deux acteurs, tels les
66
mars-avril-mai 2015
Nouvelles De L’Inde
héros magnanimes du « Mahâbhârata »
entrent en scène pour interpréter un
duo d’amour entre le puissant Bhîma
(Kalamandalam
Balasubramanian)
- le second des cinq frères Pandâvaset son épouse Draupadî (Kottakkal
Rajumohan) qui l’implore pour tenter
de retrouver cette fleur mystérieuse
dont le parfum et la beauté l’ont
subjuguée… Cette requête d’un cœur
épris permet de révéler toutes les
subtilités de l’abhinaya – mimiques et
expressions du visage – qui expriment
le rasa de l’amour - Sringâra rasa - le
sentiment par excellence que l’on
savoure parmi les neufs sentiments
esthétiques, ou rasas, déclinés qui sont
comme l’essence savoureuse ou la
« sève » au cœur de l’être.
Tout au long de la soirée et au fil
des six séquences ou « phases » (d’une
durée d’1h30 à 2h30) choisies dans
les Epopées ou dans le « Bhâgavata
Purâna », chaque acteur-danseur,
déploie avec autant de prestance
que de finesse toute la gamme des
nuances de sentiments susceptibles
de naître en son coeur. Comme, par
exemple, l’immense compassion de
Krishna envers
Kuchela, son ami
d’enfance très pauvre qui, plein de
crainte et prit la décision courageuse
de venir à la rencontre du dieu dont
l’infinie clémence et l’amitié si humble
se révèlent exemplaires. Deux rôles
interprétés magistralement et de façon
très touchante par le grand maître
Nellyode Vasudevan Namdboodiri
(Kuchela) et par Kalamandalam
Balasubramanian
(Krishna).
Puis,
au milieu de la nuit, c’est au tour de
Râvana (Kalamandalam Karunakaran),
ce terrible démon-roi de Lânka, de
déployer toutes les ruses pour tenter
de séduire la très belle nymphe
Rambhâ, qu’il croise par hasard, au
cours d’une halte nocturne, tandis
Ravâna, le roi-démon de Lanka –
un caractère Katti
qu’elle se rendait en secret à son
rendez-vous d’amour. Une rencontre
qui fait autant chavirer notre cœur
face à un tel pseudo-héroïsme plein
d’orgueil et d’arrogance, qu’elle suscite
d’effroi et de terreur bouleversant le
cœur de la belle en détresse…
Le point culminant de la nuit fut
cette rencontre avec Hanumân, le
dieu-singe qui, au cœur de l’Epopée
du « Râmâyana », parvint à délivrer
la vertueuse Sitâ, l’épouse du noble
Râma, enlevée et faite prisonnière
par Râvana, le perfide râkshasa . Tout
un jeu théâtral où les expressions
intenses et captivantes du grand singe
blanc au visage grimé où domine
le rouge, surligné de motifs noirs
révèlent pleinement son caractère à
barbe blanche du Vellatâdi. Un être
exceptionnel, plein d’élan et brulant
d’une absolue dévotion, qui toujours
se comporte avec vaillance et courage.
Interprété par le grand maître
Naripatta Narayanan Namboodiri,
Hanumân
est
ce
personnage
emblématique qui, par l’expression
de la bhakti, cette absolue dévotion,
subjugue le cœur du spectateur tout
comme les rencontres précédentes
avec Krishna, Bhîma ou encore le
terrible Asura Narakâsura (Sadanam
Krishnankutty) qui a le don de se
métamorphoser, avait comme poli le
cœur du spectateur pour le préparer
à une plus grande et profonde
réceptivité. Car en Inde, toujours la
qualité de l’artiste entre en résonance
avec la sensibilité du spectateur dont
le plus excellent est un être raffiné de
goût et de coeur, un sahridaya, capable
de vibrer à l’unisson de l’œuvre d’art. n
Mireille-Joséphine Guézennec
*Milena Salvini : « L’histoire fabuleuse
du Kathakali à travers le Ramayana » (1990) Editions Jacqueline Renard.
LE COIN DU HINDI
Durant sa visite officielle en France les 10 et 11 avril 2015, le Premier Ministre indien Shri Narendra Modi s’est exprimé
comme à son habitude en hindi. Les premières lignes de la Déclaration Conjointe avec le Président français M. François
Hollande (10 avril 2015) sont l’occasion de découvrir un hindi soutenu et de revenir sur l’importance de la relation
franco-indienne selon le Premier Ministre.
आज यह ॊ फ् ॊस आकर मझ
ु े बहुत ख़ुशी हुई
Āj yahān France ākar mujhe
bahut khushī huī hai.
Je suis très heureux d’être en
France aujourd’hui.
मैं र ष्ट्रऩतत जी क और फ़् ॊस की जनत
Main rāshṭrapati jī kā aur France
kī jantā kā mere svāgat aur
sammān
ke
lie
hārdik
abhinandan kartā hūn.
Je salue du fond du cœur M. le
Président et le peuple de France
pour l’accueil et les honneurs qui
m’ont été faits.
Europe kī merī yeh pehlī yātrā
hai.
Ceci est mon premier voyage en
Europe.
Lekin pehlī yātrā main France se
shurū kar rahā hūn.
Mais pour ce premier voyage je
commence par la France.
Yeh is bāt kā pratīk hai ki Bhārat
aur France ke sanbandh kitne
gehre hain, kitne purāne hain,
kitne mahatvapurṇ hain aur
bhavishya men inkā kyā mahatv
hai.
C’est un symbole du fait que les
relations entre l’Inde et la France
sont si profondes, si anciennes, si
significatives, et ont une telle
importance pour l’avenir.
France
Bhārat
ke
sabse
ghanishth
mitron
aur
vishwasnīya partners men se ek
hai.
La France est l’un des plus
proches amis et l’un des
partenaires de confiance de l’Inde.
Jaisā ki rāshṭrapati jī ne batāyā
ki ham kaī bāton men sājhī
paramparāon ko le karke āge
baḍh rahe hain.
Comme l’a dit M. le Président,
nous reprenons sur certains sujets
les traditions communes et les
porterons à un nouveau niveau.
है ।
क मेरे स्व गत और सम्म न के लऱए
ह र्दि क अलिनॊदन करत हॉ ।
यरोऩ की मेरी यह ऩहऱी य त्र है ।
ऱेककन ऩहऱी य त्र मैं फ् ॊस से शरू
ु कर
रह हॉ ।
यह इस ब त क प्रतीक है कक ि रत और
फ् ॊस के सॊबध
ॊ ककतने गहरे हैं, ककतने
ऩरु ने हैं, ककतने महत्वऩर्ि हैं और िववष्ट्य
में इनक क्य महत्व है ।
फ् ॊस ि रत के सबसे घतनष्ट्ठ लमत्रों और
ववश्वसनीय partners में से एक है ।
जैस कक र ष्ट्रऩतत जी ने बत य कक हम
कई ब तों में स झी ऩरॊ ऩर ओॊ को ऱे करके
आगे बढ़ रहे हैं ।
Gaëlle Benacchio

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