Manif anti-Témoins de Jéhovah

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Manif anti-Témoins de Jéhovah
Le vendredi 29 juin 2007
Manif anti-Témoins de Jéhovah
Pierre-André Normandin
Le Soleil
Québec
Parlez-en en bien, parlez-en en mal, mais parlez-en. Reprenant l’adage, les Témoins de
Jéhovah disent profiter de l’attention suscitée par leurs positions controversées.
« Ça suscite des questions chez bien des gens », assure un porte-parole du mouvement
religieux, Léonce Crépeault. « Une façon pour nous de rejoindre les gens est de les visiter dans
leurs foyers. Ils ont lu ou entendu des choses et ils posent des questions. Ça nous donne donc
l’occasion d’ouvrir la Bible. »
Les Témoins de Jéhovah ont donc accueilli avec le sourire la poignée de manifestants venus
frapper hier matin à la porte de leur congrès annuel au Colisée. Armés de brochures et de vidéos
explicatifs, les organisateurs attendaient de pied ferme les médias attirés par la controverse
entourant les transfusions sanguines. En mai, la Cour supérieure du Québec a autorisé le CHUQ
à transfuser deux prématurés malgré le refus des parents adeptes du mouvement.
Des porte-parole ont multiplié les entrevues afin d’expliquer la rigidité du mouvement dans ses
positions. « On voit l’Église anglicane qui se divise sur le mariage homosexuel. Mais un Témoin
de Jéhovah de 10 ans sait ce que la Bible dit concernant l’homosexualité », indique M. Crépeault.
Le mouvement religieux
exclut en effet de ses rangs les gais. À moins que ceux-ci acceptent de « changer ».
« On n’admettrait pas au baptême un homosexuel. Avant de se qualifier, une personne doit
rencontrer les critères de la Bible, comme ne pas commettre l’adultère ou être ivrogne. On
s’assure ainsi de la qualité de nos membres », poursuit le porte-parole.
Pancartes en main, la dizaine d’anciens adeptes venus manifester hier a surtout voulu dénoncer
la position du mouvement sur la question du sang. L’instigateur de la manifestation, Jonathan
Lavoie, a lui-même perdu en décembre dernier son frère pratiquant qui refusait toute transfusion.
Rigidité du mouvement
Exclus pour la plupart de leur famille à la suite de leur départ des Témoins de Jéhovah, ces
manifestants ont invité les participants au congrès à s’interroger sur la rigidité de leur
mouvement.
« Je veux les aider à sortir de cette secte qui bafoue leurs droits, entre autres de recevoir des
transfusions sanguines quand c’est nécessaire », indique Jean-Philippe Cossette, un ancien
adepte. « En faisant des pancartes, on essaie de réveiller certaines personnes », ironise-t-il, en
référence au magazine Réveillez-vous que distribuent les Témoins.
Baptisé en 1993, cet infirmier s’est retiré du mouvement six ans plus
tard afin de recouvrer sa liberté de pensée, dit-il. « Les Témoins de Jéhovah n’ont pas le droit de
penser, de croire et d’exprimer ce qu’ils veulent, sinon ils peuvent être exclus, c’est-à-dire
excommuniés », déplore M. Cossette.
Léonce Crépeault explique plutôt l’absence de dissidence au sein du mouvement religieux par la
perfection de la Bible, seule source d’information crédible à ses yeux. « Chez les Témoins de
Jéhovah, il n’y a pas de dissidence parce qu’on s’en tient à la Bible. On ne peut pas la changer,
elle est parfaite. »

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