Texte Freud Séance 4

Transcription

Texte Freud Séance 4
Freud, Sigmund, Nouvelles Conférences d’introduction à la psychanalyse, extrait :
« Vous attendrez certainement plus qu’une simple illustration, si je vous annonce que nous avons
appris maintes choses sur la formation du surmoi, donc sur la constitution de la conscience. En
s’appuyant sur une phrase connue de Kant, qui met en rapport la conscience en nous avec le ciel
étoilé, un homme pieux pourrait bien être tenté de vénérer les deux choses comme les chefsd’œuvre de la création. Les constellations sont assurément grandioses, mais, en ce qui concerne la
conscience, Dieu a accompli un travail inégal et négligent, car une grande majorité d’êtres
humains n’en a reçu qu’une part modeste ou à peine assez pour qu’il vaille la peine d’en parler.
Nous ne méconnaissons nullement la part de vérité psychologique qui est contenue dans
l’affirmation que la conscience serait d’origine divine mais cette thèse a besoin d’une
interprétation. Même si la conscience est quelque chose « en nous », elle n’y est quand même pas
dès le départ. Elle se trouve vraiment en opposition avec la vie sexuelle qui est réellement là
depuis le début de la vie et qui ne s’y ajoute pas simplement par la suite. Le petit enfant est,
comme on sait, amoral, il ne possède pas d’inhibitions1 internes à ses pulsions qui aspirent au
plaisir. Le rôle qu’assumera plus tard le surmoi est d’abord joué par une puissance extérieure, par
l’autorité parentale. L’influence des parents gouverne l’enfant par l’octroi de preuves d’amour et
par la menace de punitions qui prouvent à l’enfant la perte d’amour et qui doivent être redoutées
en elles-mêmes. Cette angoisse devant le danger réel est le précurseur de l’angoisse morale
ultérieure ; aussi longtemps qu’elle domine, on n’a pas besoin de parler du surmoi et de
conscience. Ce n’est que par la suite que se forme la situation secondaire, que nous considérons
trop volontiers comme normale, où l’empêchement extérieur est intériorisé, où le surmoi prend la
place de l’instance parentale et où il observe, dirige et menace désormais le moi exactement
comme les parents le faisaient auparavant pour l’enfant. »
Questions
1. Quel est le sens de conscience dans ce texte ?
2. La phrase de Kant à laquelle Freud fait allusion est la suivante :
"Deux choses remplissent le cœur d'une admiration et d'une vénération toujours nouvelles et
toujours croissantes, à mesure que la réflexion s'y attache et s'y applique : le ciel étoilé au-dessus de
moi et la loi morale en moi." (Kant, Critique de la raison pratique). D’après Freud cette comparaison estelle valide ?
3. Qu’est-ce qui atténue l’admiration portée à la conscience ?
4. Quelle thèse concernant la conscience Freud réfute-t-il ?
5. Qu’est-ce qui est présent depuis la naissance ? En quoi l’affirmation de Freud est-elle
révolutionnaire et scandaleuse ?
6. De quoi le petit enfant est-il dépourvu ? Qu’est-ce qui vient s’y substituer ?
7. Comment s’exerce l’autorité des parents ?
8. Que provoque l’interdit chez l’homme pour Freud ?
9. A partir de quand peut-on dire qu’existent chez le sujet une conscience ou un surmoi ?
10. Décrivez l’activité du surmoi.
1
Inhibition : ici synonyme d’interdit, prohibition, blocage, censure.

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