Article du Parisien Aujourd`hui en France (format PDF - 212

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Article du Parisien Aujourd`hui en France (format PDF - 212
Fille s
.
-garçons .
yaduboulot...
Enquête. -relés, radios et même dessins animés: la
parité progresse mais très trop lentement, selon
deux études du OEA que nous dévoilons en exclusivité.
- -
Malgré les bonnes
résolutions, les femmes restent sous-représentées dans
patience...
les médias, et certains stéréotypes perdurent. Tel est le constat de
deux nouvelles études exclusives
commandées par le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA). Confiée
à l'INA (Institut national de l'audiovisuel), la première relative à la présence de ces dames dans les éditions
d'information des chaînes et des radios, au premier trimestre 2013, se
révèle sans appel.
Certes, les femmes signent presque autant de sujets que les journalistes hommes au sein des chaînes
généralistes et d'information conti-
nue. Mais celles qui interviennent
Part des interventions
féminines dans les sujets
des journaux
(au 1er trim. 2013)
¿2,97%
M 19,61 %
TFI 19,44°i
fpi17,93°,
en tant que témoins lors de reportages ou qu'expertes dans les JT de-
meurent marginales. Elles ne sont
en moyenne que 18,9 % sur TF 1,
France 2, France 3, M 6, Arte et Canal +. La Trois est la seule à donner
la parole à plus de 20% de femmes
(22,97% exactement) tandis que la
chaîne cryptée n'en affiche que
15,8%. «L'objectifétait de dresser un
état des lieux, souligne Sylvie PierreBrossolette, qui préside le groupe de
travail sur les droits des femmes au
CSA. Or, on constate qu'il y a encore
beaucoup d'efforts à faire : les habi-
l'idée que vous avez une légitimité.
Or là encore, les chaînes font appel à
davantage d'hommes », poursuit
Sylvie Pierre-Brossolette.
Les femmes parlent
moins longtemps
Et quand ces dames ont la parole,
elles la gardent moins longtemps
que leurs homologues masculins,
confirme une autre étude menée par
le CSA sur les magazines télévisés
qui accueillent des invités en plateau. « Ce statu quo ne pourra pas
perdurer, prévient la sage. Lorsque
la loi sur l'audiovisuel sera votée en
janvier, radios et chaînes devront se
conformer à une juste représenta-
17,67%
tion des femmes, faute de quoi nous
pourrons leur adresser une mise
en garde.»
CANA[+ 15,88°i
Source: INAlêtude CSA
ment parmi les personnalités
conviées le plus souvent sur les plateaux: 18% de femmes ont bénéficié
de trois passages et plus sur les chaînes généralistes contre 82 % d'hom-
tudes masculines dominent. Et les
mes! Parmi elles, une majorité de
radios sont encore plus en retard. »
politiques mais aucune célébrité féminine reçue plus de trois fois pour
Le déséquilibre s'affiche égale-
parler d'économie, de religion, de
santé, de justice ou de sport. « Etre
visible de façon récurrente installe
La direction de France Télévisions
a déjà pris l'engagement de recevoir
au moins 30 % d'expertes dans ses
JT et magazines avant la fin 2014. «Ii
y a quelques progrès, mais ce n'est
pas suffisant, s'inquiète Brigitte Gré-
sy, auteur de rapports sur le sujet
en 2008 et 2011. Les équipes doivent
prendre conscience que la parole
donnée aux femmes est un facteur
d'innovation, de modernité et le
meilleur reflet de la société. »
CARINE DIDIER
Machos les radios?
vhos les radios?
Tendez
tut national de l'audiovisuel
l'oreille et
écoutez le
le pospos
et écoutez
endez l'oreille
Aen
l'étude de
de l'Instil'Insti
te. A
en croire
croire l'étude
II
tut
national
de l'audiovisuel
pour le Conseil supérieur de l'audiopour le Conseil supérieur de l'audio
visuel, les voix féminines se font
plus rares encore sur les ondes qu'à
la télévision. Au premier trimestre
2013, 34,2% des sujets ont été réalisés par des femmes journalistes sur
RTL, Europe 1, RMC et France Inter
avec une prime aux thèmes de socié-
té, économiques
ou internationaux.
En revanche, les
quatre stations
écopent du bonnet d'âne pour le
«Ilya
unemisogynie
ordinaire
« Il y a une
misogynie ordinaire
française à
laquelle
dans la
la société
société française
à laquelle
dans
notre rédaction n'échappe pas, re
notre rédaction n'échappe pas, rePhilippe Balasse,
connaît
directeur
Balasse, directeur
connaît Philippe
adjoint de la rédaction d'Europe 1.
et à ceux qu'on
parfois moins
moins en
mettent parfois
en avant.
avant.»
mettent
»
Même
démarche à
à Radio
Radio France.
France.
Même démarche
de
«Nous
« Nous avons
avons amélioré
amélioré la
la présence
présence de
journalistes et
productrices
femmes
et productrices
femmes journalistes
sur nos antennes mais celle des invitées reste un problème, concède Bérénice Ravache, secrétaire générale
de la Maison ronde. Dans l'urgence,
on appelle ceux que l'on con naît sans
faire l'effort d'aller chercher des femmes. D'où l'idée deconstituer, d'ici la
fin de l'année, un répertoire d'expertes propre à nos lignes éditoriales. »
A RTL, on pointe la méthodologie
de l'étude INA-CSA. « Sur la journée,
entend le moins. »
la plupart de nos éditions sont pré-
« Notre public
est à parité masculin et féminin.
sentées par des femmes, plaide la di-
Mais les choses changent. Ici, un
journaliste homme s'occupe d'éducation, des femmes font les éditos
politiques et la revue de presse. Depuis septembre, nous avons créé un
service, piloté par des femmes, chargé de gérer les in-
une
misogynie ordinaire
dans la société
française"
vités pour élargir
le spectre à celles
choix de leurs intervenants qu'il
Philippe Balasse, directeur
s'agisse de repor- adjoint de la rédaction d'Europe i renchérit Catheritages, d'entretiens
ne Mangin, la di-
ou d'invités, on ne compte que
rectrice de la rédaction de RTL. Nous
16,6% de femmes sur la période étudiée. Pire, aucune personnalité fémi-
parlons à tout le monde et je suis
nine n'a bénéficié d'au moins trois
passages sur Europe 1, RTL et RMC.
attachée au fait de solliciter des expertes dans tous les domaines. Mais
il est vrai aussi que les femmes se
rectrice de la rédaction. Quant aux
intervenants, le critère de choix n'est
en aucun cas lié au sexe. Seule la
CAD.
compétence prime. »
«Etude sur la présence desfemines
dans les éditions d'informations de
8 heures pour RTL, RMC, Europe I
et de 19 heures pour France Inter
au premier trimestre 2013.
((C dans l'air », mauvais élève
uand elles intègrent les
croisés » (81,2 %) et au « Grand
plateaux télévisés, ces dames
Journal » (70,8 %). « C dans l'air a
s'expriment beaucoup moins
pourtant fait des progrès car nous
que les hommes. Témoin, la
avons demandé aux équipes de veiller
nouvelle étude réalisée par le Conseil
¿ un meilleur équilibre, défend Laurent
supérieur de l'audiovisuel (CSA) sur le
Zerbib, responsable de la déontologie
temps de parole des femmes dans les
des programmes sur France 5. On
magazines de plateau. Une quinzaine
comptait 9 % d'expertes sur le
d'émissions a été observée sur
plateau en septembre 2011 mais 25 %
France 2 (« Mots
en septembre 2012
croisés », « On
et 32 % le mois
n'est pas couché »,
dernier. On retrouve
« Ce soir ou
ainsi une ¿ deux
jamais »), France 5
femmes pour
(« C dans l'air »,
intervenir dans tous
« C ¿vous »), M 6
Laurent Zerhib, responsable les domaines. »
(« Zemmour et
de la déontologie
Autre enseignement
des programmes sur France 5 livré par l'étude du
Naulleau »),
Canal +
CSA : sur les
(« la Nouvelle Edition », « le Grand
plateaux des différentes chaînes, les
Journal ») et D 8 (« le Grand 8 ») du
femmes gardent moins longtemps la
18 au 31 mars dernier. Ici, les femmes
parole. En clair, elles ont moins le
n'ont obtenu qu'un tiers du temps de
temps pour développer leurs propos
parole global, soit 19 h 52 contre
et s'imposer face ¿ des « habitués »
45 h 47 pour les hommes.
masculins. En outre, elles sont peu
Parmi les mauvais élèves, l'étude
sollicitées pour évoquer les sciences,
pointe le magazine quotidien de
l'environnement, l'éducation mais
France 5 « C dans l'air » où ces
leurs interventions en matière de
messieurs ont occupé 84 % du temps
culture et de santé sont plus
de parole! Mais la parole masculine
importantes que celles des hommes.
prédomine aussi dans « Mots
CAD.
"L 'émission
a pourtant
fait des progrès"
Les dessins animés vers la parité
garçons l'action, aux filles
les rôles secondaires. Beau-
Aux
coup de séries animées
tion plus garçons favorise ce déséquilibre, souligne la responsable du
groupe public. On
n'échappent pas aux stéréotypes. Le
groupe France Télévisions s'est interrogé sur le nombre d'héroïnes et leur
rôle dans ses programmes jeunesse.
est loin de la pari-BIoo m
Quelque 60 productions de 2012
78 % des couvertures
sont consacrées à des
héros masculins.»
et 2013 ont été analysées. A l'arrivée,
un bilan mitigé. «Notre ambition est
de refléter un large éventail en termes de genres, d'ethnies, de handicaps. Nous avions le sentiment d'être
de bons élèves car nos programmes
ne sont pas très typés filles-garçons à
l'exception de certaines acquisitions
étrangères liées à l'industrie du jouet.
Mais il y a encore du travail à faire »,
confirme Tiphaine de Raguenel, di-
té, mais ce n'est
pas si mal au regard
de l'édition jeunesse où
Des héroïnes qui se
font entendre : bon- (
ne note, en revanche,
dans les histoires. Sur
rectrice des activités jeunesse de
France Télévisions, nommée cette
l'ensemble des programmes, 42 % des personnages principaux sont des
filles. « Lulu Vroumette »
(France 5), pétillante tortue,
joue les chefs de bande. L'ado
indienne « Sally Bollywood »
semaine directrice des programmes
et de l'antenne de France 4.
(France Ô) fonce pour résoudre
des enquêtes.
Des titres très masculins : tout
commence là! Vingt-huit pour cent
cinq dessins animés pour les
des titres font référence à une héroïne, 38% à un héros et 38% sont neutres dans les dessins animés destinés
aux plus petits. L'écart est plus marqué encore pour les séries des plus de
6 ans : là, on compte un quart de
titres féminins et la moitié évoquent
un garçon! « L'achat de séries d'ac-
Des filles trop stéréotypées:
6-12 ans n'offrent aucun per-
sonnage féminin, relégué à
de rares apparitions. Parmi
eux, « les Tortues Ninja »,
«Dofus », adapté d'un jeu
vidéo, « les Daltons ». A
l'inverse, la série des
«Winx », venue d'Ita-
lie, frise la caricature: actives et rusées, les fées à la taille
des (WiflX)).
de guêpe
y sont
obsédées par
leur apparence
et la séduction.
Selon l'étude interne, «les stéréotypes
sont encore plus présents dans les représentations des parents ». Souvent, la
femme ne travaille
pas ou elle le fait à
la maison...
Vers la parité : autant d'enseignements qui sensibilisent chaînes et producteurs. « Pour
la série Playmobil, en cours de réalisation, nous avons beaucoup discuté de la façon dont on caractérisait
les personnages, note la patronne
des activités jeunesse. Nous aurons quatre héros dont deux garçons et deux filles et nous jouerons
sur les nuances. Il y aura une fille
pirate fougueuse mais parfois mala-
droite, une fée gentille mais pas
cruche. » Ici, la parité sera respectée,
CA.D.
entre aventures et humour.