On dirait que la chance était avec nous

Nikolaus Meyer-Landrut à propos du tirage au sort de l’EURO 2016 :
« On dirait que la chance était avec nous »
Nikolaus Meyer-Landrut est ambassadeur d’Allemagne en France depuis juillet dernier. Ce
natif de Düsseldorf partage avec kicker ses impressions sur le groupe dans lequel
l’Allemagne évoluera en début d’EURO l’an prochain et nous décrit l’ambiance en France,
entre la joie à la perspective de cet événement, d’une part, et la situation de tension après
les attentats du 13 novembre, de l’autre.
Kicker : Qu’avez-vous ressenti lors du tirage au sort ?
Nikolaus Meyer-Landrut : J’ai eu le grand privilège d’assister à ce tirage au sort plein de
suspense. Je crois que ce moment nous a donné un avant-goût de ce que nous allons vivre
pendant l’EURO qui commencera dans moins de six mois maintenant.
kicker : Que pensez-vous du niveau du groupe de l’Allemagne ?
Nikolaus Meyer-Landrut : On dirait que la chance était avec nous pendant le tirage au sort.
Mais restons prudents. Il ne faut jamais sous-estimer ses adversaires. Même si bien
entendu, en tant que champions du monde en titre, nous sommes les favoris de notre poule.
Kicker : Comment les Français abordent-ils l’EURO ?
Nikolaus Meyer-Landrut : D’un côté, ils se réjouissent évidemment à la perspective du
championnat d’Europe de football. Les Français gardent un très bon souvenir de la Coupe
du monde 98 qu’ils ont organisée et remportée. Après la Coupe du monde 2006 très festive
en Allemagne et la Coupe du monde colorée au Brésil l’an dernier, ils ont à nouveau envie
d’accueillir une belle fête du sport chez eux. D’un autre côté, ils ont été très ébranlés par les
terribles attentats qui ont coûté la vie à tant d’innocents pendant et après le match FranceAllemagne. Aussi épouvantables qu’aient été ces événements, nous ne devons pas nous
laisser intimider par une minorité barbare.
Kicker: L’équipe allemande ne sera-t-elle pas coupée de l’ambiance de l’EURO dans son
camp de base d’Évian-les-Bains, à proximité du lac Léman ?
Nikolaus Meyer-Landrut : La fédération allemande de football (DFB) a certainement choisi
ce camp de base en toute connaissance de cause. Nous nous rappelons tous très bien le
Campo Bahia à Porto Seguro au Brésil. Avant la Coupe du monde, beaucoup avaient
protesté contre ce choix en Allemagne. Mais n’est-ce pas justement un mélange de passion
et de calme qui a fait notre force ? Je sais par Wilfried Grolig, qui était alors ambassadeur à
Brasilia et avait rendu visite à la Mannschaft à Porte Seguro, à quel point la population locale
était fière d’accueillir notre équipe. C’est ce que j’espère voir à Évian aussi. Et bien entendu,
les jours de matches, les joueurs seront plongés dans l’ambiance et portés par la ferveur des
supporteurs tant dans les stades qu’à l’extérieur.
Kicker : Que doivent savoir les supporters allemands pour leur séjour en France ?
Nikolaus Meyer-Landrut : Ils peuvent tout d’abord se réjouir à la perspective de séjourner
chez nos voisins, dans ce pays formidable et très accueillant qu’est la France. Mais les
conditions de sécurité se sont évidemment durcies dans tout le pays depuis les attentats.
Les supporteurs doivent s’attendre à d’importants dispositifs de contrôle aux frontières, sur
les sites où auront lieu les matches et surtout aux abords des stades et des événements
festifs organisés à l’occasion de l’EURO. Je tiens cependant à souligner que les services de
sécurité français, en coopération avec leurs collègues allemands et européens également,
mettront tout en œuvre pour que nous vivions un EURO paisible et sûr.
Kicker : Quel amateur de football êtes-vous ?
Nikolaus Meyer-Landrut : Je croise bien sûr les doigts pour la sélection nationale
allemande. Je suis un fervent supporteur de la Mannschaft depuis des années et je suis
aujourd’hui très heureux de pouvoir l’accompagner pendant cette grande compétition ici, en
France. Mais je suis évidemment très proche de la France et je serais ravi que nos hôtes
fassent un beau championnat eux aussi. Ce qui fait la beauté du football et des compétitions
comme l’EURO est leur capacité à fédérer autant de personnes si différentes autour de leur
passion du ballon rond.
Propos recueillis par Rainer Franzke