Formulaire à télécharger Recherche scientifique - Louvre
Transcription
Formulaire à télécharger Recherche scientifique - Louvre
Antiquités orientales Antiquités égyptiennes Antiquités grecques, étrusques et romaines Arts de l’Islam Sculptures Objets d’art Peintures Arts graphiques musée Delacroix histoire du louvre Service du Récolement des dépôts antiques et des arts de l’Islam Délégation à la conservation préventive et à la coordination des régies Service Études et recherche de la Direction de la politique des publics et de l’éducation artistique Outils de la recherche Travaux de recherche Travaux de recherche Antiquités orientales L es axes de recherche du département des Antiquités orientales correspondent aux domaines couverts par les collections sur une période de temps qui va de la préhistoire jusqu’au début de l’Islam, et sur un territoire qui s’étend, selon les périodes historiques, de l’Afrique du Nord jusqu’à l’Asie centrale et de l’Anatolie au Yémen. Les coopérations internationales constituent un axe majeur de l’activité du département. Elles concernent actuellement presque tous les pays du Proche et du Moyen-Orient, jusqu’en Asie centrale, et comportent à la fois un volet scientifique et l’un des programmes concernant la formation et la conception muséographique. L’année 2010 a été marquée par l’important développement de ces programmes, particulièrement avec la Syrie et l’Arabie Saoudite. L’exposition « Routes d’Arabie. Archéologie et histoire du royaume d’Arabie Saoudite » (hall Napoléon, 16 juillet – 27 septembre 2010) restera la première grande manifestation consacrée au passé du royaume d’Arabie Saoudite ; le catalogue a été conçu comme un ouvrage historique de référence. L’histoire des collections, éclairant l’étude des œuvres, est l’un des principaux axes de nos recherches et de nos publications. B. André-Salvini The areas of research in the Department of Near Eastern Antiquities match the domains covered by the collections, whose historical and traditional geographic framework comprises a period that spans from prehistory to the beginnings of Islam, involving a large geographical area that extends—depending on the historical periods—from North Africa to Central Asia, and from Anatolia to Yemen. International cooperation plays a major role in the Department’s activities. The partnerships currently involve all the countries in the Near and Middle East and Central Asia, and comprise a research programme, and one of the programmes relating to training and museology. The year 2010 witnessed a major development in these partnerships, particularly with Syria and Saudi Arabia. The exhibition “Routes d’Arabie. Archéologie et histoire du Royaume d’Arabie Saoudite” (Roads of Arabia. Archaeology and History of the Kingdom of Saudi Arabia), held in the Hall Napoléon from 16 July to 27 September 2010, was the first major event devoted to the history of the Kingdom of Saudi Arabia; the catalogue was devised to provide a reference work for researchers and historians. The history of the collections, which sheds light on the study of the works, is one of the principal areas for research and publication. 18 Antiquités orientales Les ivoires d’Arslan Tash Projet suivi par Élisabeth Fontan et Giorgio Affanni ont tous été acquis d’Élie Borowski, marchand à Bâle, qui luiUn ensemble exceptionnel d’ivoires a été découvert en 1928 même les aurait achetés en 1955 à un antiquaire parisien. Dixsur le site d’Arslan Tash, par une mission du musée du Louvre sept de ces ivoires ont été acquis par le Metropolitan Museum dirigée par François Thureau-Dangin, conservateur en chef du de New York en 1957, un en 1966 par le musée de Hambourg, département des Antiquités orientales. quarante et un éléments entiers ainsi qu’une centaine de fragArslan Tash, nom qui signifie « la pierre au lion », est situé à ments par le Badisches Landesmuseum de Karlsruhe entre 1970 l’extrême nord de la Syrie, à quelques kilomètres de la frontière et 1972, enfin vingt et un ont été déposés en 1992 au Bible turque et à l’est de l’Euphrate. Deux campagnes de fouilles ont Lands Museum de Jérusalem. été menées au cours de l’année 1928 : la première s’est déL’origine de ces œuvres est obscure. Sans doute y eut-il des roulée au printemps avec la participation du père dominicain fouilles clandestines entre les deux campagnes de fouilles ou Augustin Barrois, de l’École biblique et archéologique française juste après la fermeture du chantier et/ou des vols dans un de Jérusalem, et de Georges Dossin, épigraphiste à l’université local de stockage. L’examen des œuvres a permis de constater de Liège, la seconde à l’automne avec le concours de Maurice que certains fragments provenant du commerce complétaient Dunand. des plaquettes issues de la fouille, ce qui prouve que la majeure Les fouilles ont notamment mis au jour un palais néopartie des ivoires de la collection Borowski proviennent bien assyrien du Ier millénaire avant J.-C. et un autre bâtiment, plus d’Arslan Tash. Les recherches sont en cours pour retracer l’hisancien, appelé le « bâtiment aux ivoires », sans doute un autre toire mouvementée de cette collection. palais. Arslan Tash / Hadatu était, comme le site voisin de Tell En 2006 a été lancé le projet d’une nouvelle publication de Ahmar / Til Barsip, une capitale provinciale de l’Empire assyl’ensemble des ivoires d’Arslan Tash, fruit d’une collaboration rien aux ixe-viiie siècles. C’est dans les quinze derniers jours de entre le musée du Louvre, l’université de Bologne et la Direcjuin 1928, après le départ de Thureau-Dangin et Dossin, qu’eut tion générale des antiquités et des musées de Syrie (DGAMS). lieu la découverte par le père Barrois du lot le plus important L’équipe chargée de l’étude et de la publication est comdes fameux ivoires. Les ivoires, qualifiés traditionnellement de posée de : Élisabeth Fontan, conservateur en chef au déparphéniciens, constituaient un décor de mobilier, associés à des tement des Antiquités orientales ; Giorgio Affanni, docteur éléments de verre coloré. Les fouilleurs ont retrouvé les traces (université de Turin) ; Annie Caubet, conservateur général de un ou peut-être deux lits ou bien d’un lit et d’un trône. honoraire (musée du Louvre) ; Serena Maria Cecchini, proLa publication parut dès 1931 : Arslan Tash, par F. Thureaufesseur émérite (université de Bologne) ; François Poplin, Dangin, A. Barrois, G. Dossin et M. Dunand. Cent quatorze ivoires y sont publiés. Ils ont été partagés entre le Louvre et le musée national d’Alep, selon la réglementation en vigueur à l’époque du mandat. Quarante-six d’entre eux sont aujourd’hui conservés au département des Antiquités orientales, soixante et onze sont exposés à Alep. Cependant, un certain nombre d’ivoires qui figurent dans la publication ne sont pas inventoriés au Louvre et ne sont ni exposés ni répertoriés à Alep. En revanche, certaines œuvres présentées dans les vitrines d’Alep n’apparaissent pas dans la publication. De plus, six plaquettes de très belle qualité sont conservées à l’École biblique et archéologique française de Jérusalem. Par ailleurs, un nombre important d’ivoires attribués d’un point de vue stylistique à Arslan Tash se trouvent dans des musées où ils sont arrivés via le commerce de l’art. Ils La Naissance d’Horus, département des Antiquités orientales (AO 11465) 19 Travaux de recherche professeur au Muséum d’histoire naturelle ; Fabrizio Venturi (université de Bologne) ; Maria Giulia Amadasi, professeur à l’université de Rome. Le sommaire provisoire est le suivant : Introduction historique (S. M. Cecchini) Origine de la matière animale et modes de fabrication (A. Caubet et F. Poplin) Histoire des fouilles et de la collection d’ivoires (É. Fontan) Étude iconographique et stylistique (G. Affanni) Catalogue Essai de reconstruction du mobilier (É. Fontan et G. Affanni) Appendice : Les inscriptions (M. G. Amadasi) Parallèlement, l’université de Bologne sous la direction de Serena Maria Cecchini a effectué, en collaboration avec la DGAMS, une nouvelle mission d’étude sur le terrain pour préciser la stratigraphie et la chronologie. En effet, au cours des fouilles anciennes, aucune céramique, aucun tesson n’a été recueilli. Le problème réside dans l’absence de protection du site, qui est entièrement recouvert par le village moderne. En 2007 a eu lieu une mission de relevé topographique, suivie en 2008 d’une mission de prospection géomagnétique. La fouille s’est déroulée en septembre 2009. L’étude des œuvres a débuté en 2006 et s’est terminée en décembre 2010. Chaque pièce a fait l’objet d’un examen sous loupe binoculaire, de photographies et de dessins (les deux faces et les tranches), d’un examen et de photos sous lumière UV. Le récolement d’environ deux cents œuvres a permis d’établir le catalogue, qui est en voie d’achèvement. Cette étude s’est accompagnée de campagnes de restauration confiées à Juliette Levy, Agnès Cascio et Marie-Emmanuelle Meyohas notamment, au Louvre, où le travail est terminé, et à Alep (en cours), dans le cadre de la coopération entre le musée du Louvre et la DGAMS. Parallèlement, un programme d’analyses en laboratoire a été entrepris en collaboration avec le Centre de recherche et de restauration des musées de France (C2RMF) sous la direction d’Ina Reiche et de Katarina Müller, dont une première tranche a été effectuée en 2010. Ce projet s’inscrit dans le cadre plus large des nouvelles recherches sur les ivoires du Ier millénaire menées par Georgina Herrmann pour Nimroud et par Claudia Suter pour Samarie. É. Fontan An archaeological mission from the Musée du Louvre, led by François Thureau-Dangin (head of the Département des Antiquités Orientales), discovered an exceptional set of ivories at the Arslan Tash archaeological site (Syria) in 1928. Most of the ivories, which were allotted to the Louvre and the Aleppo National Museum in accordance with the regulations at the time, were published in 1931. The differences between the works that appeared in the publication and those kept in the Louvre and Aleppo, and the fact that certain works acquired by other museums were stylistically similar to the published works from Arslan Tash, led to the project for a publication (“catalogue raisonné”) of all the ivories from Arslan Tash. The members of the team which conducted the study and compiled the catalogue are: Elisabeth Fontan (Musée du Louvre), Giorgio Affanni (Turin University), Annie Caubet (Musée du Louvre), Serena Maria Cecchini (University of Bologna), Fabrizio Venturi, François Poplin (Muséum d’Histoire Naturelle), and Maria Giulia Amadasi (University of Rome). The study of the works included conservation programmes, and a series of laboratory analysis was conducted in collaboration with the C2RMF (Centre for Research and Restoration of the Museums of France). At the same time, the Italian division has renewed fieldwork at the site to verify the stratigraphic and chronological data (September 2007, 2008, 2009). This study is part of a larger project of new research into the ivories of the 1st millennium bc, conducted by Georgina Herrmann for Nimrud, and Claudia Suter for Samaria. Programme d’étude historique et matérielle de la collection de tablettes cunéiformes du Louvre Projet suivi par Béatrice André-Salvini, Anne Liégey, restauratrice de sculptures, et Anne Bouquillon, ingénieur de recherches au C2RMF 20 Un nouveau programme d’études, de restauration et d’analyses concernant des séries bien identifiées dans la collection des textes cunéiformes du Louvre apporte des éléments nouveaux dans le cadre de recherches sur leur contexte historique d’origine. Les analyses effectuées dans le but d’approfondir la connaissance matérielle des tablettes sont menées parallèlement à la mise au point et au développement de méthodes de traitement de conservation-restauration non destructives. L’origine de cette étude repose sur la volonté et la nécessité de conserver après restauration l’aspect et les caractéristiques originales du support écrit, ce qui sauvegarde la possibilité de mener ultérieurement des investigations sur la nature et la composition originelles des matériaux. Un programme original de restauration des textes cunéiformes en terre crue et cuite a donc été mis en place. L’objectif premier était de restaurer les tablettes en terre crue sans les cuire, en appliquant un traitement respectant leur matière. La méthode de consolidation adoptée pour ce matériau fragile préserve son aspect et sa composition et permet d’effectuer son dessalement. Le projet se développe actuellement en liaison avec un programme d’analyses mené en coopération avec le Centre de recherche et de restauration des musées de France (C2RMF). Née des besoins de la restauration, cette étude a débouché sur des axes de recherche plus étendus. La détermination de la provenance des argiles doit permettre de proposer certaines hypothèses ou conclusions d’ordre historique. Une première sélection de tablettes a été effectuée dans les collections du département des Antiquités orientales et il a été procédé à un échantillonnage. Le choix a porté sur des pièces très altérées et lacunaires de la correspondance du roi Hammurabi de Babylone avec l’intendant Šamaš-hasir, son représentant chargé de l’administration des domaines de Larsa, une grande ville de la Mésopotamie méridionale, capitale d’un royaume conquis par le roi de Babylone en ± 1763 avant J.-C. (les dates suivent la chronologie traditionnelle dite « moyenne » ; elles sont relatives). Ces textes royaux sont donc Antiquités orientales guerre, et transportées alors dans un château de la Loire où elles ont été entreposées pendant plusieurs années dans un lieu très humide, a été une longue opération, maintenant achevée ; voir le chapitre « Restaurations ») ; – la collection des tablettes paléo-babyloniennes des archives de Larsa (écrites à Larsa). Les perspectives sont naturellement de continuer cette recherche combinant analyse et restauration sur des séries de textes venant de sites, de périodes ou de règnes identifiables et datés. (Les séries principales proviennent des anciennes fouilles françaises effectuées à la fin du xixe siècle et pendant la première moitié du xxe siècle, sur les sites de Tello et Larsa [Irak], Suse [Iran], Ras Shamra / Ougarit [Syrie].) B. André-Salvini A new programme of studies, conservation and analyses of a series of clearA new programme of examination, analysis, and conservation of a series of clearly identified lots in the Louvre’s collection of cuneiform tablets, is providing new information about their original historical context. The first aim of the programme was to restore the clay tablets without baking them, by a treatment of consolidation followed by desalinisation, with no effect on the mineralogical or chemical characteristics of the clay, while also respecting the appearance of the object. Launched as part of a general restoration programme, this procedure led to more detailed research, including the identification of each tablet’s provenance, enabling the researchers to determine their history. The analytical process, applied to a limited number of objects, will be extended to include a larger sample of clay tablets corresponding to well-known series, namely, the letters of Hammurabi (and Awil-Ninurta) addressed to Samas-hasir (sent to Larsa), and the collection of Paleo-Babylonian tablets from the Larsa archives (written in Larsa). Lettre de Hammurabi à Šamaš-hasir concernant l’entretien des terres du palais à Larsa, département des Antiquités orientales (AO 8317 [TCL VII, 18]) bien situés géographiquement et chronologiquement et nous savons qu’ils furent écrits pendant une période de temps limitée, d’environ dix années. Le protocole d’analyse adopté permet tout d’abord de caractériser les principaux constituants de la matière des tablettes. Ces analyses sont effectuées au C2RMF pour la roche totale et au laboratoire Géosystèmes de l’université Lille 1 pour les argiles. Le laboratoire ERM de l’université de Poitiers étudie la composition chimique des sels solubles. Ce projet, présenté lors la 55e Rencontre assyriologique internationale, à Paris en 2009, a fait l’objet d’une première publication (A. Liégey, A. Bouquillon, P. Recourt, V. Bout, B. AndréSalvini, « Les tablettes cunéiformes en terre crue du musée du Louvre. Évaluation d’un protocole de traitement », Conservation, restauration des biens culturels, 28, 2010, p. 29-36). Le procédé d’analyse, mis au point sur un nombre restreint d’objets, va désormais s’étendre à un échantillonnage plus important de tablettes en terre crue correspondant à des ensembles bien connus. Les lots prioritaires sont : – les lettres de Hammurabi (et Awil Ninurta) adressées à Šamaš-hasir (envoyées à Larsa), soit environ soixante tablettes, entrées au Louvre en 1922 (acquises de Géjou à Bagdad), publiées par François Thureau-Dangin (Lettres de Hammurapi à Šamaš-hâsir, Paris, 1924 [Textes cunéiformes du Louvre VII]) (la restauration de ces tablettes, sorties du Louvre pendant la Les Durighello, consuls, collectionneurs et marchands à Sidon Projet suivi par Élisabeth Fontan, avec la contribution de Néguine Mathieux (département des Antiquités grecques, étrusques et romaines), d’Élisabeth David (département des Antiquités égyptiennes) et du département des Arts de l’Islam Dans la seconde moitié du xixe siècle et au début du xxe, plusieurs membres d’une famille originaire de Venise et installée au Levant, les Durighello, participèrent à l’enrichissement du département des Antiquités orientales. Alphonse, vice-consul de France à Saïda, a collaboré à la mission de Phénicie dirigée par Ernest Renan. Deux de ses fils ont poursuivi son action, Edmond, le fouilleur, et Jacques-Ange, le marchand. La contribution des Durighello va bien au-delà des informations données par les registres d’acquisition. En effet, de nombreuses œuvres découvertes par eux sont passées par l’intermédiaire de divers collectionneurs, diplomates, marchands ou banquiers, avant d’arriver au Louvre, comme par exemple le sarcophage d’Eshmounazor. Ils sont à l’origine de l’entrée au département des Antiquités orientales de près de quatre cents objets, aussi bien des œuvres exceptionnelles que des pièces de série. Leur contribution concerne également le département des Antiquités grecques, étrusques et romaines et, pour une moindre part, ceux des Antiquités égyptiennes et des Arts de l’Islam. 21 Travaux de recherche L’étude met en outre en lumière les conditions dans lesquelles se sont déroulés les débuts de la recherche archéologique au Levant et la constitution des collections des musées occidentaux. É. Fontan In the second half of the nineteenth century and the beginning of the twentieth, the Durighello family—originally from Venice, but who settled in the Levant—contributed extensively to the Department of Oriental Antiquities by providing almost four hundred new objects for the collection; some works are unique pieces, while others belong to sets. The programme, which also involves other departments in the Museum, provides direct insight into the conditions in which the first archaeological research was conducted in the Levant, and into how the collections in Western museums were built up. Programme de l’Orient méditerranéen dans l’Empire romain Projet suivi par Nicolas Bel Dans le cadre de la préparation de la nouvelle présentation consacrée aux provinces orientales de l’Empire romain dans les collections du Louvre (ouverture prévue en 2012), plusieurs groupes d’objets ont été plus particulièrement étudiés en 2010 : – Bekaa libanaise : après l’étude des mains votives en bronze (P.-L. Gatier et N. Bel, « Mains votives de la Phénicie romaine », Monuments Piot, t. 87, 2008, p. 69-104), recherche sur les cultes héliopolitains, en particulier sur les liens entre connaissances astronomiques, développement de l’astrologie et iconographie portée par les objets ; – Cilicie et Cappadoce : recherche sur les liens existant entre le culte du Jupiter Dolichenus et le corpus des figurines de bronze de Cilicie, où la combinaison aigle-taureau apparaît fréquemment ; – côte levantine : étude des sarcophages en pierre de la côte levantine (Sidon, Byblos) : importation, ateliers locaux, copies ; début du catalogage des cippes funéraires de Sidon (environ cent dix numéros) : typologie, épigraphie, onomastique. N. Bel In preparation for the new exhibition devoted to the eastern provinces of the Roman Empire (opening scheduled for 2012), several sets of the Louvre’s objects from the Bekaa Valley (Lebanon), Cilicia, Cappadocia, and the Levantine coast were subjected to detailed studies in 2010, includingincluding bronze figurines related to the cult of Jupiter Dolichenus, stone sarcophagi, and Sidonian stelae. La statuaire en bronze sud-arabique Projet suivi par Françoise Demange, Benoît Mille, archéométallurgiste (C2RMF), et Iwona Gajda, épigraphiste, chargée de recherches au CNRS UMR 8167 22 Cette recherche s’inscrit dans le cadre de la convention de coopération signée en 2006 avec la Direction des antiquités du Yémen (GOAM). La statuaire en bronze est l’une des productions les plus originales et les moins bien connues de l’art du Yémen antique (Ier millénaire avant J.-C. – viie siècle après J.-C.). Mené depuis 2007 en collaboration avec Benoît Mille et Iwona Gajda, ce travail s’articule autour de l’étude appro- fondie de trois sculptures en bronze, dont deux portent une dédicace : une exceptionnelle statue d’homme, une applique représentant un lion passant, une statuette en ronde bosse représentant un lion debout. Cette étude a mis en évidence l’originalité des ateliers de bronziers locaux, qui transcrivent dans leur propre langage stylistique les influences venues du monde oriental. L’utilisation de techniques de fonte très particulières a été révélée par l’étude menée au C2RMF. Le noyau de terre conservé au cœur de la pièce fait partie intégrante de sa structure et les soudures des différents éléments rapportés (tête, membres, etc.) utilisent ce noyau comme renfort. Deux expositions-dossiers ont présenté les premiers résultats (2008 et 2009) et une étude plus poussée de la statue d’homme vient d’être publiée (Monuments Piot, t. 89, 2010). Les recherches de datation au radiocarbone (charbons se trouvant dans les noyaux des pièces) se poursuivent (laboratoire de l’université de Tucson, états-Unis). Les résultats comparés des trois pistes de recherche explorées (épigraphie, style des œuvres, techniques de fabrication et datation) permettent de proposer des dates pour les pièces étudiées, mais peuvent aussi désormais servir de référence pour la lecture d’autres bronzes. En effet, le corpus, une centaine d’œuvres actuellement, ne cesse de croître, malheureusement la plupart du temps grâce à des découvertes fortuites ; il est donc toujours très difficile de dater ces œuvres privées de tout contexte archéologique. Ces recherches ont aussi permis de restaurer les trois œuvres étudiées et de contribuer à la formation de restaurateurs yéménites. Une exposition, centrée sur la production particulièrement riche de sculptures en bronze dans la région du Jawf au début du Ier millénaire avant J.-C., est programmée pour 2013, mais la conjoncture politique actuellement très difficile dans le pays nous contraint pour le moment à suspendre sa préparation. F. Demange This research, in collaboration with the C2RMF (Centre for Research and Restoration of the Museums of France) and CNRS epigraphy expert Iwona Gajda, focuses on the study and restoration of three bronze sculptures from ancient Yemen, two of which bear a dedication. The study, which revealed unusual bronze casting technique enables to propose dating of the three sculptures. It will serve as a reference for the interpretation of other bronzes from southern Arabia. The project also provided training experience for four Yemenite restorers. Programme d’étude de la sculpture de Mari Projet suivi par Sophie Cluzan La sculpture retrouvée sur le site de Mari, en Syrie, est exceptionnelle à divers égards et témoigne de ce que la ville était un centre d’art important. Le corpus des statues retrouvées dans les couches du milieu du IIIe millénaire avant J.-C. présente des caractéristiques qui nous éclairent sur ce qu’était la culture de cette cité. Notre collaboration à la mission archéologique française de Mari et l’importance historique de ce site dans les collections du département des Antiquités orientales nous ont conduits à engager un programme d’étude de ces œuvres. À cet effet, parallèlement aux observations effectuées sur les quatre-vingt- Antiquités orientales dix exemplaires conservés au Louvre, plusieurs campagnes d’étude ont été menées en Syrie, notamment au musée national de Damas, où une trentaine de pièces ont déjà été examinées en détail. L’ensemble de ces études doit conduire à la publication d’une synthèse générale sur ce corpus. Les principaux axes de recherche retenus pour ce programme sont les suivants : répartition topographique et approche chronologique ; existence d’ateliers et d’un art du portrait ; observations techniques et histoire de chacune des sculptures avant destruction ; modalités des massacres ; caractéristiques et signification du corpus dans l’ensemble syro-mésopotamien de l’époque – en approchant les œuvres de Tello, d’Ur, de la Diyala, d’Ebla, etc. Parallèlement, ce programme entre dans la formation d’un certain nombre d’étudiants de l’École du Louvre. De plus, une base de données a été constituée, qui, à terme, regroupera l’ensemble du corpus de Mari conservé au Louvre et en Syrie. S. Cluzan Our collaboration on the French archaeological project in Mari (Syria) and the site’s historical importance in the collections of the Department of Oriental Antiquities has prompted a specific study programme on Mari sculpture, which will also provide training experience for students at the École du Louvre. Work has begun on a database containing the entire corpus of Mari artefacts kept in the Louvre and in Aleppo. Autres programmes de recherche du département des Antiquités orientales Recherches sur les musées de Syrie Parmi les grands programmes de l’année 2010, un projet d’études sur les musées de Syrie a occupé une place importante au département des Antiquités orientales, mobilisant particulièrement deux conservateurs (Sophie Cluzan, Nicolas Bel) et une documentaliste (Monique Buresi). Il s’inscrit dans le cadre de la convention de coopération signée en 2006 entre le musée du Louvre et la DGAMS et du programme de coopération bilatéral passé entre le gouvernement français et la Syrie. Ce projet a donné lieu, depuis 2009 et notamment en 2010, à des recherches concernant l’état actuel des musées (structure et muséographie) et leurs perspectives d’avenir (rédaction d’un rapport concernant les recherches sur les musées syriens par Sophie Cluzan, avec une importante participation de Nicolas Bel et l’assistance de Monique Buresi). Sur le plan scientifique, les recherches ont principalement porté sur l’histoire et l’archéologie syriennes, dans une perspective culturelle, éducative et de développement. Le programme muséographique du musée national de Damas sera au centre des réflexions menées à partir de 2011 dans un cadre institutionnel élargi. One of the main programmes undertaken in 2010 was the survey and assessment of the museums in Syria (current status, and development programme). This survey was particularly important for the Department of Oriental Antiquities, and involved two curators (Sophie Cluzan and Nicolas Bel) and a specialist for documentation (Monique Buresi). It was conducted within the framework of the cooperation agreement signed in 2006 between the Musée du Louvre and the Directorate General of the Antiquities and Museums of Syria (DGAMS), and the bilateral cooperation programme between the French government and Syria. Parmi les programmes qui n’ont pas donné lieu à des études significatives en 2010, certains méritent d’être mentionnés car ils s’inscrivent dans les projets menés de façon régulière par le personnel scientifique ou les chercheurs associés. La liste n’est pas exhaustive, certains projets à long terme seront décrits en temps utile. Domaine de l’écriture Parcours épigraphique du département des Antiquités orientales. Le volume I des textes cunéiformes sera achevé en 2011 (B. André-Salvini). Étude des textes provenant de Suse, en akkadien et en élamite. Projets de publication sur les textes proto-élamites (J. Dahl, université d’Oxford), sur les textes en élamite-linéaire (B. André-Salvini, M. Salvini, ICEVO [Istituto di Studi sulle Civiltà dell’Egeo e del Vicino Oriente], Rome), sur les textes juridiques et économiques de Suse (F. Malbran et al.) et sur les textes scientifiques de Suse (Ch. Proust). Mésopotamie Publication des actes du colloque « Babylone » (Louvre, 2008), dans Documenta Asiana, Rome (dir. B. André-Salvini, à paraître en 2011). Catalogue raisonné de la collection de glyptique entrée par acquisition (F. Demange, à paraître en 2012-2013). Les Sceaux royaux du IIIe millénaire de la Babylonian Collection de Yale (S. Cluzan), en liaison avec les collections du Louvre. Exposition-dossier sur le tableau de Félix Thomas représentant la porte no 3 de Khorsabad pendant les fouilles de Victor Place, salle d’actualité du département (É. Fontan, printemps 2011). Une monographie (Louvre, coll. « Solo ») sur les reliefs assyriens de Khorsabad s’inscrit dans la continuité de cette présentation. Étude de la polychromie sur les pierres (sculpture de Khorsabad, sculpture phénicienne) (É. Fontan). Iran et Asie centrale Catalogue raisonné des antiquités du monde transélamite au musée du Louvre (A. Benoit, à paraître en 2012-2013). Levant Syrie. Une partie des projets s’inscrivent dans le cadre de la convention passée avec la DGAMS. Outre les projets décrits plus haut (Mari, Arslan Tash), qui doivent déboucher sur des publications, signalons : – une exposition-dossier sur la statue d’Ebih-il de Mari, salle d’actualité du département (S. Cluzan, été 2011), suivie d’une monographie (Louvre, coll. « Solo ») ; – les fouilles de François Thureau-Dangin sur le site d’époque assyrienne de Tell Ahmar / Til Barsip, G. Bunnens avec la participation d’É. Fontan pour les collections du Louvre ; – un programme de publications, en liaison avec la Mission archéologique franco-syrienne à Ras Shamra / Ougarit (DGAMS et Lyon, Maison de l’Orient et de la Méditerranée, laboratoire Archéorient) ; – des textes lexicographiques sur Ougarit / Ras Shamra (B. André-Salvini) ; sceaux de Ras Shamra (S. Cluzan). Le Levant dans l’Empire romain. Dans le cadre du programme d’ouverture des nouvelles salles en 2012 (N. Bel), co-directeur de l’ouvrage général sur L’Orient méditerranéen dans l’Empire romain et un projet d’une monographie (Louvre, coll. « Solo ») sur Jupiter héliopolitain. Israël. Projet d’exposition-dossier sur deux statuettes de bronze provenant de fouilles récentes israéliennes sur le site de Hazor (salle d’actualité du département des Antiquités Orientales, É. Fontan, fin 2011-2012). 23 Travaux de recherche Bahrein Participation à la publication du matériel archéologique des fouilles de Qala’at el-Bahrein (N. Chevalier), sous la direction de P. Lombard (Lyon, Maison de l’Orient et de la Méditerranée, laboratoire Archéorient). Histoire des collections L’histoire des collections constitue l’un des principaux axes des recherches et des publications. Plusieurs projets de publications sont en cours. Outre le projet sur les Durighello (voir ci-dessus), deux monographies sont prévues dans les prochaines années : François Thureau-Dangin (1872-1944) (B. André-Salvini) et Histoire des fouilles de Tello, à partir des collections (B. André-Salvini). D’autres monographies suivront, portant également sur les grands sites dont les fouilles ont formé les collections du Louvre, et notamment sur Mari, Ras Shamra (S. Cluzan), Tell Ahmar (G. Bunnens, É. Fontan). B. André-Salvini Some of the Department’s projects are part of the studies conducted by the scientific staff and researchers involved in the Department’s various study programmes, such as inscriptions, the history of the collections, Mesopotamia, Iran, the Levant, and Bahrain; some of the research is linked to the opening of new exhibition rooms in 2012, and to agreements made with the General Directorate of the Antiquities and Museums of Syria. Programme Achemenet Projet suivi par Yannick Lintz, Pierre Briant et Salima Larabi Le musée du Louvre a été l’un des premiers partenaires du programme international Achemenet, lancé par la chaire d’histoire et civilisation du monde achéménide et de l’empire d’Alexandre au Collège de France en 2000. L’enjeu de ce programme est de rassembler et de diffuser sur le web des ressources variées (textes anciens, objets de musées, dessins, photographies, récits de voyageurs, contributions scientifiques, etc.) relevant d’un espace-temps historique, le Moyen-Orient de l’Indus à la Méditerranée, sous la domination des Perses achéménides, de 550 à 330 avant J.-C. Aujourd’hui, ces ressources sont mises en ligne sur deux sites : www.achemenet. com, qui réunit les corpus de textes anciens et d’importantes contributions scientifiques, et le Mavi (Musée achéménide virtuel et interactif) à l’adresse www.museum-achemenet.college-de-france.fr, qui regroupe déjà plus de huit mille œuvres conservées dans une quinzaine d’institutions à travers le monde. La collaboration du Louvre à ce programme se traduit par sa présence dans le comité de pilotage et par celle de plus de quatre cents pièces achéménides de ses collections dans le Mavi. Ce partenariat est amené à se renforcer en 2011. Y. Lintz The aim of this programme is to bring together the assorted online resources relating to the Middle East (from the Indus Valley to the Mediterranean) under the rule of the Persian Achaemenids (550 to 330 bc). These resources are available online via two sites: www.achemenet.com, which brings together the corpuses of ancient texts and major scientific contributions; and MAVI (the Virtual Interactive Achaemenid Museum) www.museum-achemenet.college-de-france.fr, which provides photos of more than 8,000 works held in fifteen museums around the world. 24 Antiquités égyptiennes Antiquités égyptiennes C onstituée d’environ soixante-cinq mille œuvres, produites dans la vallée du Nil pendant plus de quatre millénaires, la collection d’antiquités égyptiennes du musée est une des plus riches du monde. La majorité d’entre elles sont arrivées en France par voie de partages de fouilles, accordés par l’Égypte de 1852 à 1952. Les collections y ont ainsi gagné des enrichissements de très grande qualité, avec des certitudes précieuses sur le contexte archéologique de ces œuvres. Les axes majeurs de nos travaux de recherche s’articulent autour de plusieurs thèmes, dont l’histoire des collections – depuis leur découverte jusqu’à leur inscription sur nos inventaires ; les analyses et études, en collaboration avec le C2RMF (Centre de recherche et de restauration des musées de France), de nos objets – ou de leurs contenus – en vue de préciser leurs lieu et mode de fabrication ainsi que leur datation. Ces travaux se poursuivent en parallèle à la rédaction des catalogues des séries conservées, qui s’accompagnent toujours d’une traduction des inscriptions. Le projet muséographique OMER (« L’Orient méditerranéen à l’époque romaine »), dont les salles doivent ouvrir à l’automne 2012, a mobilisé de nombreux membres du département, qui participent à son programme scientifique et culturel. Environ six cents œuvres égyptiennes, produites pendant la conquête romaine, y seront exposées. Trois chantiers de fouilles en Égypte et un au Soudan illustrent la détermination du département à s’inscrire dans une politique archéologique active. G. Andreu-Lanoë Comprising around 65,000 artefacts produced in the Nile Valley over a period of more than four thousand years, the Louvre’s collection of Egyptian antiquities is one of the richest in the world. Most of the works arrived in France as part of an agreement with Egypt to jointly carry out archaeological digs between 1852 and 1952, and to share the finds accordingly. This long period of collaboration enriched the Museum’s collections with works of the highest quality, and provided precise details about the specific archaeological context of each of the artefacts retrieved. The current research drive involves several areas of activity, including the full documentation of the history of the collections, from the initial discovery of the artefacts, to their admission to the Museum and registration in our inventories; along with a detailed analysis of each object (and its contents) in collaboration with the C2RMF (Centre for Research and Restoration of the Museums of France), in order to specify the methods, dates and place of manufacture for each of the objects registered. In parallel, a systematic catalogue is being compiled of the sets of works housed in the Museum, including a translation whatever inscriptions the objects may contain. This comprehensive and ambitious museographic project has involved a broad swathe of staff from the various departments of the Louvre, and has been given the title of “OMER”, standing for “LOrient méditerranéen à l’époque romaine” (The Mediterranean East during the Roman Period), which will be the subject of and exhibition due to open in autumn 2012, when around six hundred Egyptian works, produced during the era of Roman dominion of the Mediterranean, will be presented to the public. The three archaeological digs in Egypt and Sudan in which the Louvre is at present actively involved in research are evidence of the Museum’s current archaeological policy. 25 Travaux de recherche Le musée égyptien de Champollion illustré Projet suivi par Sylvie Guichard Champollion rédigea le premier guide de la collection égyptienne à l’occasion de l’ouverture du musée Charles X, le 15 décembre 1827. Le 15 mai 1826, il avait été nommé par une ordonnance royale conservateur de la seconde division des monuments égyptiens et orientaux. Cet ouvrage est un petit livret de cent soixante-six pages à la simple couverture de papier, format in-12o, paru sous le titre Notice descriptive des monumens égyptiens du Musée Charles X. Dans la préface, Champollion expose brièvement ses conceptions muséographiques, alors mises en pratique dans les quatre salles (actuellement salles 27 à 30) qu’il avait été chargé d’aménager au premier étage de l’aile sud de la cour Carrée, répartissant les objets entre une salle des dieux, une salle civile et deux salles funéraires. Ce guide sommaire devait permettre au visiteur se promenant dans le nouveau musée Charles X d’y trouver la description du monument qu’il avait sous les yeux, avec des explications précieuses car ces objets étaient totalement inconnus du public parisien de l’époque. Il devait l’aider à aborder la civilisation égyptienne, à identifier les rois et les dieux, à établir la chronologie des pharaons, à comprendre les principes de l’écriture hiéroglyphique que Champollion venait de découvrir, en un mot à lever le voile sur trois mille ans d’histoire. Les pages de ce livret présentent quelque cinq mille objets, presque un à un et salle par salle, mais de façon sommaire, sans numéro d’inventaire ni origine de collection, et surtout sans dessin ni illustration permettant de les identi- 26 Le Musée Charles X en 1863, gravure de A. Régis d’apr. Joanne, Paris illustré, 1863 fier. Par ailleurs, certains mots employés par Champollion, en particulier les noms des dieux et des rois, ne sont plus en usage aujourd’hui et s’avèrent difficiles à interpréter. Ce livret fut le seul guide du musée Charles X jusqu’en 1855. À la mort prématurée du savant, en 1832, le département égyptien perdit son autonomie et il fallut attendre la nomination d’Emmanuel de Rougé pour qu’en 1855 le livret soit remplacé par la première édition de la Notice sommaire des monuments égyptiens exposés dans les galeries du Musée du Louvre. L’objectif de la réédition de ce premier catalogue du département des Antiquités égyptiennes du musée du Louvre était d’identifier les objets cités par Champollion, de retrouver les collections d’où ils provenaient, d’indiquer leurs numéros d’inventaire et surtout de les illustrer par des photographies, en suivant l’ordre exact des chapitres du livret. Cette réédition permet de se faire une idée du département tel qu’il était lors de son ouverture et de mesurer la richesse de la collection dès sa formation par Champollion. Pour l’identification des objets cités dans ce livret, nous avons exploité les manuscrits de Champollion conservés dans différents services d’archives. Les archives des musées nationaux conservent une partie des feuillets rédigés par le savant, ses « brouillons », reliés en un volume unique sous le titre Champollion inventaire manuscrit. D’autres feuillets complétant ceux du Louvre ont été retrouvés dans la masse des quatre-vingt-huit volumes qui composent les « Papiers Champollion » au départe- Antiquités égyptiennes ment des Manuscrits de la Bibliothèque nationale. Quand elle est précisée, l’origine des objets indique le plus souvent la collection du marchand d’art Edme Durand et celle du consul d’Angleterre en Égypte Henry Salt ; l’étude des inventaires particuliers a fourni des informations très précieuses. Les Lettres d’Italie et les Lettres d’Égypte adressées par Champollion à son frère ont livré une mine de renseignements sur ses conceptions muséographiques. Outre le dépouillement des archives et des catalogues de collections, la présence d’étiquettes collées par Champollion sur de nombreux objets a facilité leur identification. Le recoupement de tous ces éléments, à quoi s’ajoute une longue familiarité avec l’ensemble de la collection, nous a finalement permis d’identifier à peu près huit cents œuvres ; sachant que nous avons renoncé d’emblée à identifier certaines catégories d’objets dont les descriptions par Champollion étaient trop imprécises, en particulier un lot de scarabées au nombre de trois cent quatre-vingts représentant des divinités ou des emblèmes de divinités. L’analyse pointue des descriptions de Champollion nous a parfois réservé de belles découvertes d’objets « dormant » dans les réserves et non identifiés jusqu’alors, comme un fragment de textile aux cartouches du roi Ramsès III et deux vases canopes au nom d’un prêtre du roi Thoutmosis IV. Cette réédition sera précédée d’une introduction développée comportant : le décret de nomination de Champollion comme conservateur, son difficile parcours pour obtenir ce poste, ses conceptions muséographiques telles qu’il les expose dans ses lettres, l’histoire de l’aménagement du musée Charles X par les architectes Percier et Fontaine, les décors des plafonds des quatre salles, l’origine des fonds de la collection (collection Brindeau, collection Durand, collection Salt, collection Drovetti). À la fin de l’ouvrage figureront une bibliographie et un lexique qui établira une correspondance entre le vocabulaire de Champollion et la terminologie utilisée par les égyptologues d’aujourd’hui. Ce premier catalogue du département des Antiquités égyptiennes du musée du Louvre est connu des égyptologues. Il était toutefois nécessaire de le rendre plus accessible à la communauté scientifique en lui adjoignant l’identification des monuments cités accompagnés de photographies. Il aura entre autres pour effet de dévoiler le génie muséographique de JeanFrançois Champollion. S. Guichard Notice descriptive des monumens égyptiens du Musée Charles X When the Musée Charles X opened on 15 December 1827, Jean-François Champollion produced a concise 166-page book entitled Notice descriptive des monumens égyptiens du Musée Charles X (Description of the Egyptian Monuments in the Musée Charles X). Eight months earlier, Champollion had been appointed conservateur de la seconde division des monumens égyptiens et orientaux (curator of the Egyptian and Oriental section of the Louvre). Champollion’s book aimed to help visitors understand the civilisation of ancient Egypt, identify the kings and gods, establish a chronology of the pharaohs, and understand the principles of hieroglyphic writing that he had recently discovered. There followed a brief room-by-room description of some five thousand objects exhibited in the Museum, without inventory numbers or information about the origins of the items, and without any drawings or illustrations to enable visitors to match the descriptions with the objects themselves. The task of re-editing that first catalogue of the Department of Egyptian Antiquities, which for years served as a handbook for Egyptologists, involved consulting many manuscripts and Champollion’s letters so as to identify the objects itemised in the book, establish which collections they belonged to, and match their inventory numbers, and it moreover required providing photographic illustrations. The re-edition of this catalogue will give readers an idea of what the Department was like when it first opened, and will enable them to appreciate the wealth of the collection compiled by Champollion. Recherches sur les fouilles françaises menées sur l’île d’Éléphantine (Assouan), 1906-1911 Projet suivi par Élisabeth Delange Ce sont les objets de la collection dont le conservateur a la responsabilité qui servent de point de départ à toute réflexion scientifique. Les circonstances ensuite peuvent entraîner des recherches approfondies sur des séries spécifiques. Ces trois facteurs conjugués – connaissance de la collection, opportunité et durée dans le temps – ont coïncidé pour susciter l’étude des fouilles françaises d’Éléphantine. Deux ouvrages en cours de publication témoignent de son achèvement : l’un avec l’Institut allemand du Caire, sur le Chnoubeum – le cimetière des Béliers sacrés –, l’autre, à la demande de M. Jean Leclant, par l’Académie des inscriptions et belles-lettres, qui présente le récit des fouilles, le catalogue des objets qui en proviennent et plusieurs contributions savantes. Le Kôm d’Éléphantine que Clermont-Ganneau et Clédat ont commencé à dégager, en 1906, correspond à une cité qui n’a cessé d’être remaniée pendant toutes les époques historiques, de la préhistoire jusqu’à la période arabe, et où habitations et lieux de culte plusieurs fois détruits ou agrandis voisinaient avec un cimetière datant de l’Ancien et du Moyen Empire. Au début du xxe siècle, les campagnes de fouilles étaient traditionnellement suivies de partages d’objets entre l’Égypte et le pays fouilleur. Les caisses ainsi parvenues au Louvre, sans 27 Travaux de recherche 28 tir de laquelle il était désormais envisageable de dresser un catalogue d’objets et d’en comprendre le contexte. En 2005, Horst Jaritz, directeur émérite de l’Institut suisse en Égypte, prit la décision de publier le Chnoubeum, où il avait lui-même mené des fouilles. Il s’avérait dès lors indispensable de joindre nos efforts pour élargir notre compréhension du cimetière des Béliers (époque ptolémaïque et romaine) grâce à l’étude des documents laissés par nos prédécesseurs. La confrontation permanente entre l’archéologie de terrain et ce que dévoilent les archives a permis de retrouver la stratigraphie archéologique, enrichissant considérablement le propos. Ces différentes tâches s’étirèrent dans le temps. Pour mieux saisir l’ensemble des Fouilles françaises de la nécropole d’Éléphantine, photo prise par J. Gautier en 1909. Archives Clermont-Ganneau au CIS travaux – sujet du second (Corpus Inscriptionum Semiticarum), Académie des inscriptions et belles-lettres ouvrage –, il était nécessaire de revenir à l’archéologie de terrain. Les interventions des archéologues allemands et suisses être ouvertes intégralement ni le contenu inventorié, furent pendant les dernières décennies trouvent un écho dans l’ardéménagées plusieurs fois au sein du musée, puis laissées pour chéologie de « papiers », qui en retour reprend sa cohérence à compte. Un appel public lancé dans les années 1920 offrit aux la lumière des fouilles actuelles. Ce va-et-vient fructueux a perinstitutions qui le désiraient la possibilité d’y prélever les obmis de donner vie aux manuscrits des carnets de fouilles, qui à jets de leur choix, entraînant une dispersion de ces pièces, à l’évidence n’étaient destinés à être lus que par les archéologues Toulouse, Dijon, Nantes, Boulogne-sur-Mer, Strasbourg et au eux-mêmes. C’est pourquoi les bribes de notes consignées dans musée de l’Homme à Paris. leurs archives ont pu à la suite d’une connaissance plus globale Dès la première consultation des archives des fouilles, un prendre chair autour du squelette livré par ces brèves notations raccord de deux fragments a pu être effectué sur une statue personnelles. La compréhension approfondie des fouilles ande la déesse Anoukis, point de départ d’une longue quête ciennes dépendait de ce mouvement de balancier, nécessitant dans l’identification des objets d’Éléphantine. En revenant échanges et partage des connaissances. sans cesse vers ces grimoires d’archéologues, par une lecture Parallèlement il devenait indispensable de procéder à des assidue et répétitive, au fil du temps, grâce à la mémorisation interventions de restauration pour des séries inédites. Ainsi, les des formes, à la confrontation avec leur description hâtive éventuels morceaux d’un puzzle devaient être assemblés, une ou encore par un croquis à main levée, les objets sont sorsérie exceptionnelle de figurines de gazelles liées à la déesse tis de l’ombre. La typologie des pièces d’Éléphantine a proAnoukis, vénérée sur l’île, a retrouvé toute sa matérialité. Cergressivement permis de les différencier des séries provenant taines reliques exceptionnelles issues d’une cachette du temple d’autres lieux de fouilles. Par ailleurs, l’examen direct des de Satet, et qui ont été plusieurs fois restaurées dans l’Antipièces mises en dépôt a non seulement servi le récolement, quité, nécessitaient de même une intervention moderne. mais surtout donné lieu à des raccords inattendus, dont les Ce que livreront bientôt les ouvrages, destinés aux égyptoplus spectaculaires concernent la statuaire (citons Khnoumlogues et aux spécialistes, mériterait d’être connu du public à hotep AF 9916, l’effigie du dieu Khnoum AF 10037, ou encore l’occasion d’une exposition qui, selon notre souhait, mettrait la figure de Minmès E 12795). en scène objets et documents d’archives, les uns et les autres Plusieurs événements successifs ont stimulé cette recherche. livrant le point de rencontre du travail croisé des archéoloAinsi l’exposition « Cent ans de fouilles françaises » (Paris, pagues et du conservateur de musée. Certains chefs-d’œuvre lais de Tokyo, 1981) fut-elle l’occasion de découvrir les archives sont connus de tous, comme les blocs issus du temple de de Clermont-Ganneau conservées au cabinet du Corpus des Satet, joyaux de l’art thoutmoside (exposés dans la salle 12 études sémitiques à l’Académie. Opportunité suivie par le don du département) ; d’autres sont uniques, d’autres encore, plus exceptionnel des archives de Jean Clédat, en 1986, qui compremodestes, illustrent la vie des habitants d’Éléphantine, ville nait documents et carnets de fouilles. Parmi tous ces papiers, les frontière aux marges de la première cataracte du Nil. carnets d’Éléphantine devenaient une source majeure, complémentaire des données d’archives de Clermont-Ganneau, à parÉ. Delange Antiquités égyptiennes Égypte pharaonique et romaine, Soudan Recherches sur Deir el-Médina au Nouvel Empire Projet suivi par Guillemette Andreu-Lanoë et Geneviève Pierrat-Bonnefois Effigie du dieu Khnoum, département des Antiquités égyptiennes (AF 10037) The kom of Elephantine, which Clermont-Ganneau and Clédat excavated between 1906 and 1911, corresponds with a city that continued to develop from prehistory up until the Arab period. At the beginning of the twentieth century, objects discovered during archaeological expeditions were traditionally shared between Egypt and the country carrying out the excavations. The chests of artefacts arrived in the Musée du Louvre without being fully opened, and no inventory was made of the objects. In the 1920s, certain objects were entrusted to various museums in Toulouse, Dijon, Nantes, Boulogne-sur-Mer, Strasbourg, and the Musée de l’Homme in Paris. Following the exhibition entitled “Cent Ans de fouilles françaises” (One Hundred Years of French Excavations) at the Palais de Tokyo, 1981, the exceptional donation of Jean Clédat’s archives in 1986, and the decision of Horst Jaritz (Director Emeritus of the Swiss Institute in Egypt) to publish Chnoubeum in 2005, where he has conducted archaeological digs, a thorough study of the Elephantine excavations is currently under way, and the results will soon be made available in two publications: one on the Chnoubeum, the cemetery of Holy Rams, published in collaboration with the German Archaeological Institute in Cairo; the other an account of the Elephantine excavations, a catalogue of the objects discovered, and several contributions from specialists, published by the Académie des Inscriptions et Belles-Lettres of France. La participation de Guillemette Andreu-Lanoë au colloque organisé par le Conseil suprême des antiquités égyptiennes (CSA) et le CNRS (UMR 171, Mafto) a été l’occasion d’enrichir le dossier des « mystères de Deir el-Médina » ; les vestiges in situ, les œuvres conservées au département et les textes ne donnent pas toujours de réponses concordantes. Ce fut ainsi l’occasion de mettre en relief les chiffres apparemment contradictoires entre le nombre des maisons et des tombes datant du règne de Ramsès II et celui, très important, mentionné dans les textes documentaires des règnes postérieurs (XXe dynastie en particulier). Ce travail a bénéficié d’échanges répétés avec nos collègues du Museo Egizio de Turin. Parallèlement, le programme piloté par Geneviève Pierrat-Bonnefois sur les analyses de contenu des vases du cimetière est de Deir el-Médina (XVIIIe dynastie) se poursuit. Ce programme est effectué en liaison avec le Laboratoire de biogéochimie moléculaire, UMR 7177 CNRS – université de Strasbourg, et le Laboratoire de paléogénétique végétale de Lyon. Les échanges entre le département et ces institutions ont porté sur la nature des produits naturels concernés afin d’intégrer une synthèse des données égyptologiques. G. Andreu-Lanoë In 2010, research on Deir el Medina included the creation of an inventory of the houses and tombs dating from Ramses II’s reign, and the residues of the contents of vases from the East Cemetery were analysed (the programme was carried out by the Laboratoire de Biogéochimie Moléculaire in Strasbourg, and the Laboratoire PaléogénétiqueVégétale in Lyon. Récolement des collections lithiques du département Projet suivi par Raphaël Angevin Le récolement des collections lithiques du département des Antiquités égyptiennes du musée du Louvre a eu lieu du 17 mai au 18 juin 2010, dans le cadre d’un stage hors spécialité effectué au titre de la formation initiale des élèves conservateurs de l’Institut national du patrimoine. Ce dernier nous a offert l’opportunité de procéder à un nouvel examen de ces pièces, sur la base d’une étude technologique approfondie. La description des quelque six cent vingt-huit artefacts en silex identifiés a conduit à une révision de leur typologie – souvent incertaine – et de leur attribution chronologique. Pour un certain nombre de pièces d’exception (couteaux « rippleflake » de la période de Nagada, grands couteaux bifaciaux thinites ou dynastiques), il a par ailleurs été possible de reconsidérer – à travers le prisme défor- 29 Travaux de recherche mant des productions de prestige – la question de la pérennité des industries lithiques entre le IVe et le IIe millénaire avant J.-C., en mettant en lumière les apports d’une démarche multiscalaire et diachronique à l’approche anthropologique des techniques. En fondant notre analyse sur une évaluation critique de la documentation ancienne, nous avons pu reconstituer une partie au moins des assemblages d’origine, pour des ensembles provenant de fouilles anciennes et souvent mal documentées (nécropoles protodynastiques d’Abou Rawach et d’Oumm-el-Ga’ab près d’Abydos, etc.). In fine, ce récolement a permis de proposer une réflexion approfondie sur la conservation pérenne, la mise en valeur et la présentation au public des collections lithiques patrimoniales au sein des institutions muséales. R. Angevin The comprehensive authentication of the Department’s collections of stone artefacts has enabled the curators to re-examine some 658 objects fashioned from flint, which has led to a review of their classification and chronological attribution. This shed new light on the continuity of lithic industries between the fourth and second millennium bc, and some of the original assemblages were reconstituted. Recherches sur les collections (œuvres sculptées, papyrus) Projet suivi par Christophe Barbotin La préparation du second tome du Catalogue des statues du Nouvel Empire a été l’occasion d’étudier une trentaine de statues représentant des particuliers, pour la plupart dignitaires des règnes des XVIIIe, XIXe et XXe dynasties. L’étude de chaque œuvre est systématiquement accompagnée d’une description, d’une analyse, d’un dessin à main levée puis d’un calque des décors et des inscriptions, toutes ces étapes permettant d’avoir une connaissance approfondie de la statue et de la démarche technique et artistique qui a présidé à son exécution. Signalons au passage la découverte d’une peinture antique en faux granite rose sur le groupe calcaire A 61, un phénomène rarement attesté à cette époque. Le travail régulier dans les réserves, et tout particulièrement dans le « salon des refusés », où sont conservés des éclats, des fragments et autres objets cassés difficilement identifiables, a permis de s’intéresser à un énigmatique fragment de pierre. Une enquête rigoureuse l’a fait parler : il s’agit d’un exceptionnel bassin du roi Hakoris (ive siècle avant J.-C.), portant la transcription hiéroglyphique d’une scène de couronnement (publié dans la Revue d’égyptologie, 61 [2010]). Enfin, dans le très riche fonds de papyrus du département, un papyrus inédit (E 25357), à la fois court et difficile à interpréter, mentionne une sombre affaire de détournement d’esclave sur fond de meurtre et de fuite nocturne, en l’an 47 de Thoutmosis III… Son étude a pu être entreprise en 2010. C. Barbotin 30 In the framework of the publication of the catalogue of statues from the New Kingdom of Egypt, work in 2010 focused on a systematic study of the around thirty statues of individuals, most of whom were dignitaries. A detailed study of a fragment of stone kept in the reserve collection enabled researchers to identify a basin from King Hakoris, dating from 4 bc. A new papyrus (E 25357), which mentions the abuse of a slave in the 47th year of Thutmose III’s reign, is currently being studied. Recherches sur l’Ancien Empire Projet suivi par Michel Baud Les travaux consacrés au IIIe millénaire avant J.-C. ont été poursuivis, particulièrement dans le domaine de l’architecture civile et royale. L’étude des mastabas d’Abou Rawach d’une part (IVe dynastie, chantier Ifao [Institut français d’archéologie orientale]), et de ceux du secteur qui environne la concession du Louvre à Saqqara d’autre part (Ve-VIe dynasties), a permis d’analyser leur structure interne et leurs modes de construction. On a remarqué l’existence de murs d’enveloppe successifs (ou « accrétions »), qui rappellent les techniques employées aux pyramides ; ce type de structure caractérise particulièrement les tombeaux les plus anciens, massifs et imposants, dans lesquels la chapelle interne est de petite taille. Sur le chantier même de Saqqara, l’examen détaillé du soubassement de la chaussée du roi Ounas (limite sud de la concession du Louvre) a montré qu’il se composait de nombreux blocs de remploi, provenant clairement d’un temple royal. Ils ont été cartographiés et sont en cours d’étude, ainsi que les marques à l’encre noire que portent certains d’entre eux. M. Baud The Museum’s current research into the Empire of Ancient Egypt focuses on civil and royal architecture, and involves an analysis of the internal structures and construction methods employed for the mastabahs of Abu Rawash (4th Dynasty) and Saqqara (5th and 6th Dynasties) This has revealed the presence of successive encasing walls, reminiscent of the techniques used to build the pyramids, particularly in the case of the oldest tombs with small internal chapels. The foundation of the causeway of King Unas in Saqqara, comprised of reused blocks from a royal temple, is currently being studied, thanks to the Louvre’s archaeological work on the site. Étude de la vaisselle de pierre du Nouvel Empire en vue d’un catalogue raisonné Projet suivi par Hélène Bouillon Cette étude s’inscrit dans le cadre d’une thèse de doctorat (Paris IV, codirection Dominique Valbelle et Geneviève PierratBonnefois au département) consacrée au développement de la vaisselle de luxe en Égypte au Nouvel Empire et à ses liens avec le commerce international en Méditerranée orientale au Bronze récent. Les études ponctuelles menées sur les sites archéologiques ou les collections de musées n’ont pas à ce jour déterminé l’origine d’une vaisselle de luxe retrouvée dans l’ensemble du bassin méditerranéen oriental. La question de son apparition dans le répertoire des formes égyptiennes est d’ailleurs rarement posée. Cette ambiguïté est source d’un paradoxe : alors que nombre de ces formes proviennent de modèles étrangers, ces mêmes vases retrouvés hors d’Égypte (au Proche-Orient et dans le monde égéen) sont toujours qualifiés d’« égyptiens », voire d’« égyptisants ». Il s’agira donc de définir clairement par quel type d’échanges (commerciaux, diplomatiques, culturels) ces vases ont circulé et d’aborder la problématique des échanges internationaux en Méditerranée au Bronze récent. H. Bouillon Antiquités égyptiennes A study of stone crockery from the New Kingdom, which is held in the Department of Egyptian Antiquities, is being conducted within the framework of a doctoral thesis (directed by Dominique Valbelle and supervised by Geneviève Pierrat-Bonnefois in the Department) on the development of luxury crockery in the New Kingdom of Egypt, and its links with international trade in the eastern Mediterranean in the Late Bronze Age. This study will subsequently lead to the compilation of a comprehensive catalogue. Recherches sur la collection de serviteurs funéraires (ouchebtis) Projet suivi par Jean-Luc Bovot Le catalogue raisonné Les Serviteurs funéraires du Moyen et du Nouvel Empire au Louvre, en cours de préparation, concernera environ deux mille exemplaires, soit la moitié de la collection de ces figurines que les Égyptiens nommaient chaouabtis au Nouvel Empire (XVIIIe-XXe dynastie, 1550-1069 avant J.-C.), ouchebtis ensuite. Les résultats des recherches menées sur cette collection sont partiellement diffusés dans des articles scientifiques. En 2010, dans la revue Égypte Afrique & Orient, un article faisait le point des connaissances sur les serviteurs funéraires des divines adoratrices, prêtresses du clergé d’Amon, dont l’existence et la succession durant la Troisième Période intermédiaire (XXIe-XXVe dynastie, 1069-664 avant J.-C.) ne sont souvent attestées que par l’existence même de ces statuettes. Une autre étude a été consacrée aux serviteurs d’artistes et artisans. En effet, la présence systématique du nom et du (des) titre(s) du défunt sur la statuette constitue une source unique pour la connaissance sociologique, tant sur le plan onomastique que pour l’existence de nombreux titres rarement attestés. La dispersion et le nombre des serviteurs (plusieurs dizaines de milliers) dans les collections mondiales, publiques et privées, demandent une mise à jour constante de la bibliographie et, indirectement, un suivi permanent du marché de l’art. J.-L. Bovot Some information about the study of the collection of figurines of funerary servants from the Middle and New Kingdoms of Egypt—which is being conducted with a view to the publication of a comprehensive catalogue—was presented in articles published in 2010. The articles dealt with the funerary figurines of divine female worshippers and priestesses of Amon, during the Third Intermediate Period, and figurines of artists and craftsmen. Étude de la collection d’armes Projet suivi par Nathalie Couton-Perche L’étude de la collection d’armes a porté en 2010 sur les objets suivants : – les flèches de Sedeinga présentées dans l’exposition « Méroé. Un empire sur le Nil » : une étude typologique a été publiée dans le catalogue et il a été procédé à une identification du bois des pointes de flèche (bois de Grewia sp., bien attesté dans la zone soudano-sahélienne) ; – la dague d’Ahmôsis : son décor présentant une analogie troublante avec la dague de la reine Ahhotep du musée du Caire, des doutes ont été émis sur son authenticité, tout ou partie ; une analyse générale du métal et de son décor et un examen approfondi ont permis d’établir un relevé de la dorure, présente sur les deux faces ; une étude de la ciselure du décor est en cours ; – quatre des cinq moyeux de char dont la présence dans notre collection présente un caractère exceptionnel et dont un seul est publié : une analyse du bois est en cours. N. Couton-Perche In the framework of the exhibition entitled “Méroé. Un empire sur le Nil” (Meroë, an Empire on the Nile) in 2010, the study of the weapons collection focused on the arrows from Sedeinga. Research is currently being conducted on the dagger of Ahmose, and on chariot hubs. Archives scientifiques : fonds photographiques Thédenat et Maspero, archives Mariette Projet suivi par Élisabeth David Entreprise en 2010, l’analyse préliminaire d’archives éparses donne déjà des résultats notables. Le recoupement des fonds photographiques de l’abbé Henri Thédenat (sept cent trentetrois négatifs), touriste en Égypte au début du xxe siècle, avec ceux de Gaston Maspero (mille deux cent quatre-vingt-huit tirages), donnés au département des Antiquités égyptiennes à soixante-quinze années de distance, met à la disposition de la recherche près de mille cinq cents vues d’Égypte et du Soudan, prises de 1901 à 1914 par un ami du directeur du Service des Antiquités de l’Égypte. Une base de données documente les négatifs Thédenat, et son illustration (numérisation des originaux) a commencé. Inédites en quasi-totalité, ces photographies ont permis en 2010 d’affiner les recherches sur l’exploration des vestiges égyptiens, notamment celles d’Élisabeth Delange (Éléphantine) et celles de collègues extérieurs au Louvre (Karnak). La collaboration avec Alain Prévet, responsable des archives des musées nationaux, a par ailleurs permis d’identifier dans ces archives l’unique liste complète connue à ce jour, et réputée perdue, des monuments issus des fouilles de Mariette au Sérapéum de Memphis : l’origine de mille six cent quatrevingt-quatorze monuments, accordés en partage à la France par le gouvernement égyptien, se trouve ainsi assurée. É. David The Department has a significant reserve of works by Abbot Henri Thédenat and Gaston Maspero, comprising around 1,500 photographs of Egypt and Sudan taken between 1901 and 1914. The digitisation of the negatives has enriched the database of the Thédenat collection. In 2010, these photographs enabled the Department to refine the coverage of explorations of Egyptian remains, particularly the work of Élisabeth Delange (Elephantine), and that of colleagues external to the Louvre (Karnak). Furthermore, the complete list of 1,694 registered artefacts from the archaeological excavations conducted by Auguste Mariette in the Serapeum (temple) at Memphis—rights to excavate the monuments were given to France by the Egyptian government under an agreement to share finds—was identified in the Musées Nationaux archives. 31 Travaux de recherche Étude pluridisciplinaire sur la technologie des bronzes antiques Étude du papyrus médical E 32847 Projet suivi par Marc Étienne Projet suivi par Marc Étienne La technologie des bronzes antiques a fait l’objet d’une étude pluridisciplinaire très fructueuse, grâce à l’intervention de Benoît Mille (CNRS) pour les procédés de fabrication et de Marc Aucouturier (C2RMF) pour les analyses sur les patines et les dorures. Une synthèse de cette recherche sur les statues de bronze de la première moitié du Ier millénaire avant J.-C. a été présentée à l’occasion d’une exposition au Metropolitan Museum de New York. Les études et analyses effectuées lors de l’intervention de restauration des statues de Bachasou et du dignitaire anonyme (E 7692 et 7693) ont fourni des résultats inattendus. Elles conduisent à remettre en question des données jusqu’alors tenues pour sûres, comme la technologie de fabrication des statues égyptiennes de cette époque, et notamment les techniques de fonte et de soudure, et à reconsidérer l’hypothèse de l’utilisation de statues antérieures comme source iconographique et matérielle de certaines de ces œuvres. M. Étienne Le papyrus médical E 32847, acquis en 2006, a connu une large publicité parmi le monde scientifique touchant tant à l’égyptologie qu’à l’histoire de la médecine. Cependant, l’impatience légitime liée à la publication de son contenu doit être modérée par l’état de conservation particulièrement délicat et singulier du support, exigeant un traitement dont il faut inventer le protocole. Ce traitement est un préalable à toute manipulation des fragments nécessaire à l’établissement du texte et à la compréhension du document, dans la mesure où les limites de l’utilisation de l’imagerie numérique ont été atteintes. L’élaboration du protocole et le suivi de cette restauration ont fait l’objet d’une présentation à la commission de restauration du Louvre (séance du 15 octobre 2010) tandis que l’étude épigraphique s’est poursuivie, en collaboration avec François-René Herbin (CNRS). La validation prochaine de ce protocole permettra de replacer les morceaux épars afin de faire progresser la connaissance de ce document exceptionnel. M. Étienne A very fruitful multidisciplinary study was conducted on the techniques used for ancient bronzes, thanks to the collaboration of Benoît Mille (CNRS) and Marc Aucouturier (C2RMF), who participated in the analysis of the statues of the Libyan chief Bachasou and of an anonymous dignitary (E 7692 and 7693). Owing to its particularly fragile state of conservation, the medical papyrus E 32847 (acquired in 2006) is in need of attentive restoration, which is currently being assessed by the Louvre’s restoration commission (meeting of 15 October 2010); meanwhile the epigraphic study of the document continues, in collaboration with F.R. Herbin (CNRS). Recherche sur l’histoire des collections du département : textes démotiques ou bilingues (écritures démotique égyptienne et grecque) Bronzes et petite statuaire divine des époques tardives Projet suivi par Marc Étienne et Marie-Claude Sagay L’histoire des collections du département, en particulier sur la période 1870-1914, s’est considérablement affinée, grâce aux recherches sur les acquisitions effectuées de 1873 à 1908 par Eugène Revillout, spécialiste du démotique et conservateur adjoint au département. Ces recherches ont été menées en association avec Marie-Claude Sagay, spécialiste de l’écriture démotique. Ce travail a donné lieu à la vérification de la lecture des textes démotiques ou bilingues inscrits sur plus de cent cinquante papyrus, mille étiquettes de momies et mille cinq cents ostraca, ainsi qu’à la mise à jour de leurs fichiers respectifs. Des données précieuses pour cette période de la fin du Ier millénaire avant notre ère ont été ajoutées au « répertoire des titres » établi par Élisabeth David. M. Étienne In 2010, Marie-Claude Sagay, a specialist in Demotic script, helped study and verify the 150 papyri, 1,000 mummy labels, and 1,500 Demotic and bilingual ostraca acquired between 1873 and 1908 by Eugène Revillout, a specialist in Demotic script and assistant curator of the Department. 32 Projet suivi par Florence Gombert-Meurice Les auteurs de catalogues de bronzes sont toujours confrontés aux mêmes limites : provenance inconnue, datation hypothétique, pratique de dévotion mal cernée, iconographie décrite de manière générale faute d’inscription permettant de préciser la forme divine. La matière est surabondante, mais souvent dénuée de contexte archéologique précis. L’un des phénomènes les plus marquants de la piété égyptienne aux époques tardives est donc l’un des moins connus. Un premier axe de recherche a été, lors de l’exposition « Gift for the Gods » (New York, The Metropolitan Museum of Art, 2007-2008), de préciser l’identité possible des dédicants des bronzes de Ay’n Manâwir (oasis de Kharga). Cette piste est essentielle pour l’étude des bronzes égyptiens aujourd’hui. Au Louvre, les collections de bronzes égyptiens sont remarquables tant par leur importance numérique que par la qualité des pièces qui les composent. L’étude des statuettes découvertes dans le Sérapéum – plus de trois cents pièces – est une première étape de la recherche menée sur les bronzes du musée, parallèlement à celle des statuettes mises au jour sur le site de Ay’n Manâwir. L’étude des statuettes de ritualistes constituera un autre pan de la recherche. Une étude précise des bronzes inscrits et des statuettes divines en pierre pourra éclairer en partie la question des dédicaces. Parallèlement, un catalogue sommaire permettra de définir une approche générale avec un nouveau type de classement des bronzes et d’aborder les délicates questions des donations, des dépôts de confréries, des Antiquités égyptiennes pratiques de pèlerinage et autres pratiques votives associées aux bronzes. F. Gombert-Meurice With the aim of compiling a detailed catalogue of the Department’s collection of bronzes, the study will ensure more precise information regarding the dates and provenance of certain works, and the votive practices pertaining to these periods. The entire collection will be reevaluated in the light of recent discoveries. An initial study of the over three hundred bronzes from the Serapeum (temple) is being conducted in parallel with an analysis of the bronzes recently unearthed at the site of Ayn Manawir (south of the Kharga Oasis), during excavation work currently being carried out by the Cairo-based IFAO (French Institute for Oriental Archaeology). Étude et publication d’ostraca inscrits en hiératique Projet suivi par Pierre Grandet Ces ostraca inscrits en hiératique, acquis par le département en octobre 1994 et avril 2007, appartiennent à l’ancienne collection de l’égyptologue Alexandre Varille. Ces objets se répartissent en ostraca documentaires (soixante-dix-huit), littéraires (quatre-vingt-un), figurés (sept) et poids à inscriptions hiératiques (trois). Il s’y ajoute deux ostraca coptes et huit objets ou fragments d’objets qui ne sont pas des ostraca. Le travail comporte pour chaque objet la réalisation d’un fac-similé et d’une transcription hiéroglyphique, ainsi qu’une traduction commentée. Quelques ostraca particulièrement intéressants ont été étudiés en 2010, notamment, parmi les ostraca littéraires : E 33037 (Enseignement d’Amenemhat Ier, 1, 3-8), E 32890 (Hymne à la crue du Nil, 14, 5 – 14, 8), E 32922 (Lettre satirique du papyrus Anastasi I, 2, 6 – 3, 1). Le numéro E 32919 porte un texte littéraire inconnu titré Enseignement délivré au Menset. Parmi les ostraca non littéraires, citons E 27675, écrit au verso d’un fragment de relief, et qui porte une liste intéressante de produits minéraux. Parmi les ostraca figurés, notons E 33021, qui figure Nékhemmout visitant sa maîtresse, laquelle l’attend chez elle. P. Grandet A systematic study (to be published shortly) is currently being carried out on the ostraca (potsherds) in the Varille collection, acquired in 1994 and 2007. An exact copy is being made of each ostracon, together with a transcription of its hieroglyphs, along with a translation and commentary. The types of ostracon comprise documentary (78), literary (81), and figurative (7) examples, along with weights bearing hieratic inscriptions (3). Also included are 2 Coptic ostraca, and 8 objects or fragments that are not classified as ostraca. Étude des restes humains Projet suivi par Hélène Guichard Du fait de la présence de momies humaines dans ses collections, le département se trouve au premier rang des responsables dans le dossier de l’étude des restes humains, lequel met en jeu des questions de conservation mais aussi de déontologie, l’attitude des conservateurs et du public ayant considérable- ment évolué ces dernières années sur ce sujet délicat. Le département s’est largement impliqué dans le dossier scientifique de l’étude et de la conservation-restauration des restes humains, questions paradoxalement taboues et « dans l’air du temps » : participation – à la demande du SRDAI (service du Récolement des dépôts antiques et des arts de l’Islam) – à la mise en place d’un comité de pilotage interdisciplinaire pour l’étude des momies d’Antinoé déposées par l’État, direction du master 2 de M. Nicolas de Larquier consacré à la paléopathologie appliquée aux momies égyptiennes, redécouverte et opération de conservation de la momie de Neshor conservée au département (confiée à Laure Cadot, restauratrice d’objets ethnographiques et de restes humains), conception, enfin, d’un séminaire de master 1 que l’École du Louvre souhaitait créer pour l’année 2010-2011 autour des restes humains et animaux patrimonialisés, autant de projets qui permettent au département des Antiquités égyptiennes de figurer en bonne position parmi les acteurs d’un domaine à la fois riche d’enseignements et placé, à l’heure actuelle, sous les feux de l’actualité scientifique. H. Guichard The Department plays a key role in issues relating to the ethics and the conservation of human remains , and together with the SRDAI (the department responsible for locating and authenticating antiquities, and for Islamic arts) has set up a special committee for the study of the mummies from Antinopolis currently in the custody of the French State; the management of Nicolas de Larquier’s second year of studies at Masters II level devoted to the palaeopathology of Egyptian mummies; the rediscovery and conservation of the mummy of Nes-Hor; and the development of a new Masters I level seminar at the École du Louvre centred on human remains and animals that have been preserved and have become part of the cultural heritage. Études sur les papyrus du département Projet suivi par François-René Herbin En 2010, le déchiffrement, la traduction et l’interprétation des papyrus funéraires conservés au département se sont poursuivis, plus particulièrement sur les documents suivants : – le papyrus médical E 32847, en collaboration avec Marc Étienne ; – les bandelettes de momie d’Ounnefer fils de Hekenet (AF 11957), plus de cent trente fragments comportant des extraits du Livre des Morts et des textes originaux de nature rituelle ; – le papyrus E 5353, d’époque romaine, qui ressemble à un banal Livre des Morts, mais comporte une section liturgique et magique relative à l’anéantissement d’Apophis ; la découverte d’un parallèle dans un manuscrit du Metropolitan Museum de New York permettrait de saisir la structure particulière du texte ; – le papyrus N 3173, qui est une nouvelle version du Livre de repousser le mauvais ; ses nombreux fragments (environ quatrevingts), aujourd’hui dispersés dans des boîtes ou collés sur des cartons, ont été scannés et leurs photographies repositionnées puis réunies pour permettre une remise en place des fragments originaux, laquelle doit être programmée par le département ; – le papyrus N 3283, qui a l’apparence d’un exemplaire du Livre des Morts d’époque romaine ; un examen approfondi a montré d’importantes divergences textuelles qui vont bien audelà de simples variantes ; 33 Travaux de recherche – la section I du Livre du Fayoum d’après le papyrus AF 13423 ; ce manuscrit d’époque romaine, conservé au Louvre, contient la première page et surtout, bien qu’incomplet, le début de ce texte, qu’aucune des autres versions existantes n’a conservé. F.-R. Herbin In 2010, studies involving the deciphering, translation, and interpretation of funerary papyri held in the Department focused on the medical Papyrus E 32847; the wrapping of the mummy of Ounnefer (AF 11957), son of Hekenet; the Papyri E 5353, N 3173, and N 3283; and section I of the Book of Faiyum on Papyrus AF 13423. Recherches sur les peintures des tombes thébaines Projet suivi par Sophie Labbé-Toutée Les tombeaux de notables et d’artisans situés sur la rive occidentale de Thèbes / Louxor sont au nombre de cinq cents environ et offrent le panorama le plus exhaustif et le plus spectaculaire de l’art des peintres du Nouvel Empire. Malheureusement, depuis le début du xixe siècle, ces tombes ont été, très souvent, endommagées ou pillées. C’est pourquoi l’étude des relevés de ces scènes effectués au xixe siècle est nécessaire pour rétablir le programme décoratif de ces monuments. Dans cette perspective, le département a procédé en 2010, à l’occasion de la préparation de l’exposition « Visions d’Égypte. Émile Prisse d’Avennes » à la Bibliothèque nationale de France, en collaboration avec Élisabeth Delange, à l’identification de scènes peintes des tombes thébaines dans l’œuvre inédite de Prisse d’Avennes (1807-1879). Ces dessins et estampages, conservés à la Bibliothèque nationale, n’ont été que peu étudiés et sont rarement légendés. L’identification de leur provenance archéologique, tout comme celle des tombes thébaines reproduites par Hippolyte Boussac (1847-1942) sur des aquarelles conservées au département des Antiquités égyptiennes, a été menée à bien ; ce travail s’inscrit dans un programme de recherche des archives graphiques et photographiques mené par le département. S. Labbé-Toutée This study has enabled researchers to identify the Theban tombs pictured in the works of Prisse d’Avennes in the Bibliothèque Nationale de France recently re-examined in preparation for the exhibition “Visions d’Égypte. Émile Prisse d’Avennes” (in collaboration with Élisabeth Delange), and also the Theban tombs featured in the watercolours by Hippolyte Boussac, held in the Department of Egyptian Antiquities. Catalogue des statues privées de l’Égypte tardive Projet suivi par Olivier Perdu 34 L’année 2010 a été consacrée à l’achèvement du premier volume du catalogue des statues privées de l’Égypte tardive (cent quarante-quatre en tout) réunies au musée depuis sa création. L’importance de ces statues tient à leur très grande diversité, leur seul point commun étant leur destination, qui est d’être placées dans des temples, où elles devaient permettre à leur propriétaire de bénéficier des conditions nécessaires à sa destinée posthume. Diversité des époques, puisqu’elles se répartissent sur toutes les étapes de l’histoire pharaonique entre la fin du Nouvel Empire et la domination romaine ; diversité des origines, dans la mesure où elles proviennent de toutes les régions d’Égypte, y compris du Delta et de ses principales localités ; diversité des formes, des matières et des dimensions également ; diversité des inscriptions enfin. Ainsi, la collection des statues tardives du Louvre peut prétendre refléter plus d’un millénaire d’évolution artistique. L’aide de Sylvie Guichard, au département, a été essentielle pour la recherche documentaire sur l’histoire récente des pièces et de leur mode d’entrée dans les collections. O. Perdu The year 2010 saw the completion of the first volume of the catalogue of Late Egyptian private statues dating from the end of the New Kingdom to the period of Roman rule, representing more than a thousand years of artistic evolution. Groupe d’étude sur le lapis dans le trésor de Tôd Projet suivi par Geneviève Pierrat-Bonnefois Ce groupe d’études pluridisciplinaires, constitué à l’initiative de Geneviève Pierrat-Bonnefois, ancien directeur de la mission archéologique du Louvre à Tôd, et dirigé par Philippe Quenet, a pour but de réexaminer à des fins de publication exhaustive le lapis dans le trésor de Tôd. Sa démarche est fondée sur la volonté de prendre en compte l’ensemble des fragments et d’actualiser le savoir les concernant, plusieurs décennies après la première publication. Ces milliers de fragments de perles, incrustations, amulettes et sceaux-cylindres constituent le plus important rassemblement antique de lapis avec celui des tombes royales d’Ur. Les fragments identifiables sont des témoignages de l’artisanat du lapis dans les civilisations allant de la Mésopotamie jusqu’à l’Anatolie entre 2600 et 1850 avant J.-C., ce qui justifie la coopération de plusieurs spécialistes. Ce rassemblement exceptionnel pose également la question du lapis en Égypte et des relations entre ce pays et les pays producteurs aux différentes époques. L’étude de la partie du trésor conservée au musée du Louvre est très avancée et a fait l’objet de deux communications par les membres du groupe. En dépit de conditions difficiles, le groupe a mené des missions d’étude sur la part du trésor en lapis conservée au musée du Caire. Une mission complémentaire était programmée pour 2011. Outre la publication nouvelle du trésor de lapis, le groupe envisage une base de données en ligne sur les objets en lapis du trésor de Tôd, ainsi qu’une table ronde sur les échanges égypto-mésopotamiens du IIIe au début du IIe millénaire (teneur, routes, modalités). Les partenaires sont : l’université de Strasbourg – CNRS UMR 7044, Philippe Quenet et Sylvie Donnat ; l’université Rennes 2 – CNRS UMR 5133, Michèle Casanova ; l’université Lille 3 – CNRS UMR 8164, Denis Lacambre ; le CNRS UMR 5133, Virginie Danrey. G. Pierrat-Bonnefois Antiquités égyptiennes This study group comprises members from the University of Strasbourg / CNRS - UMR 7044, the University of Rennes 2 / CNRS - UMR 7041, CNRS - UMR 5133, and the University of Lille / CNRS - UMR 8164 (UMR: Joint Research Unit) and focuses on studying the lapis lazuli objects from the Tod treasure, with a view to re-examining the trade networks through which all these objects were acquired. A paper or electronic publication may be issued in 2011. Programme sur les faïences de Méditerranée orientale Projet suivi par Geneviève Pierrat-Bonnefois Il s’agit d’un projet de recherche transversal, commun au département des Antiquités égyptiennes et au département des Antiquités grecques, étrusques et romaines. Pour le département des Antiquités égyptiennes, le propos est de mener à partir d’une sélection d’objets de même provenance et de même datation des recherches sur les groupes de productions en analysant les aspects de ces faïences, avec en corollaire l’idée d’avancer sur le problème des faïences « gréco-saïtes », nombreuses dans nos collections. La confrontation des analyses, effectuées au C2RMF, et des études permet de réattribuer la production de ces faïences à des ateliers de l’île de Rhodes, alors qu’on les attribuait auparavant à l’Égypte. Les applications du projet sont nombreuses : publications d’articles dans diverses revues d’archéométrie et d’archéologie égyptienne et grecque, communications dans des conférences internationales, et enfin diffusion d’une base de données ouverte aux échanges. G. Pierrat-Bonnefois The research project on the production of faience continues in collaboration with the C2RMF, aimed at ascertaining the origins and chronology of the Department’s faience wares. Catalogue des stèles du Moyen Empire Projet suivi par Lilian Postel Le catalogue raisonné des quelque cent vingt-cinq stèles du Moyen Empire que conserve le musée du Louvre a été entrepris en 2007. La collection, en grande partie inédite ou publiée de manière inadéquate à la fin du xixe siècle, compte un large échantillon de stèles privées, dédiées par de hauts dignitaires de l’État ou par des personnages de condition beaucoup plus modeste et réparties sur l’ensemble du Moyen Empire, même si la documentation de la fin de la période (fin XIIe dynastie – XVIIe dynastie) représente environ les trois quarts de l’ensemble. Les notices individuelles, outre la traduction commentée des textes, mettent l’accent sur les délicates questions de datation et de provenance afin d’obtenir un corpus de référence raisonnablement fiable. Dans la même perspective, des indices développés ainsi que des annexes paléographiques et typologiques viendront compléter le catalogue proprement dit et viseront à fournir aux chercheurs un outil de travail aussi performant que possible. Les stèles étudiées en 2010 appar- tiennent essentiellement à la fin du Moyen Empire, époque pour laquelle on dispose de critères chronologiques encore peu sûrs. La compréhension de ces monuments passe également par une étude des réseaux structurant l’entourage royal comme les sociétés provinciales de la première moitié du IIe millénaire avant notre ère : elle suppose des enquêtes parfois de longue haleine et une confrontation systématique avec l’abondante documentation épigraphique de cette période, aujourd’hui largement dispersée à travers le monde. L. Postel The compilation of a comprehensive catalogue of the Louvre’s 125 stelae from the Middle Kingdom began in 2007. Studied in 2010, the stelae were shown to date mainly from the end of the Middle Kingdom. An understanding of these relics involves studying the networks of which the royal entourage was composed, such as the provincial societies of the first half of the 2nd millennium bc. To do this requires extensive research and the systematic collation of the abundant epigraphic documentation from this period, which is widely dispersed around the world. Projet de construction d’une chronologie absolue pour la XVIIIe dynastie Projet suivi par Anita Quilès Dans le cadre d’un projet de construction d’une chronologie absolue pour la XVIIIe dynastie, des datations au radiocarbone ont été effectuées au laboratoire de mesure du carbone 14 du Commissariat à l’énergie atomique (CEA) de Saclay. Deux séries d’objets de courte durée de vie, archéologiquement attribués aux règnes de Thoutmosis III (vanneries de Deir elMédina) et de Toutankhamon-Horemheb (bouquets de fleurs de la tombe de Sennefer), ont été mesurées. Par modélisation bayésienne, en combinant ces analyses à la durée connue ou supposée des règnes et à la succession des rois, une chronologie absolue de cette dynastie a été proposée : elle s’étend de 1570 à 1310 cal BC. D’autre part, la collection de poupées votives provenant de mines de galène du Gebel Zeit a été datée afin de situer avec précision la période d’utilisation du sanctuaire dont elles proviennent. Ces mesures établissent une période d’activité comprise entre 1750 et 1265 cal BC, c’est-à-dire entre le début de la Deuxième Période intermédiaire et le milieu du Nouvel Empire. A. Quilès As part of the project to establish a definitive chronology for the 18th Dynasty, radiocarbon dating was carried out on two sets of objects attributed to the reigns of Thutmose III (wickerwork from Dayr al-Madiˉnah) and Tutankhamen/Horemheb (bouquets of flowers from the tomb of Sennefer), resulting in the definitive chronology for the dynasty of 1570 to 1310 BCE. 35 Travaux de recherche Étude des masques de momies provenant de la forteresse de Mirgissa Projet suivi par Patricia Rigault Le site de la forteresse de Mirgissa, en Nubie soudanaise, a été fouillé par une mission française dirigée par Jean Vercoutter au cours de sept campagnes (1962-1969), lors de la campagne de sauvetage des monuments de Nubie. Cinquante-trois masques de momies, en plâtre, furent attribués à la France à l’issue de ces fouilles ; ils sont conservés au Louvre, où ils font l’objet d’un catalogue scientifique. Cette collection unique couvre une période qui s’étend de la fin du Moyen Empire à la XVIIe dynastie. Son étude permet de mettre en évidence l’évolution des croyances funéraires dont témoignent ces masques et leur importance dans le développement des cercueils, notamment ceux de type « rishi » de la XVIIe dynastie. Les analyses de polychromie en cours apportent elles aussi des informations importantes, notamment sur l’emploi privilégié de certains matériaux, dont l’orpiment. P. Rigault The 53 mummy masks found during excavation work at Mirgissa (Nubia) date from the end of the Middle Kingdom to the 17th dynasty. Their study is providing information about the evolution of funerary beliefs and the importance of masks in the development of coffins. Section copte Étude du matériel provenant de l’église nord du monastère de Baouit : identification, raccords, analyses, restauration Projet suivi par Dominique Bénazeth À la suite du partage des fouilles de Baouit, en 1902, le musée du Louvre a reçu des sculptures architecturales et des boiseries provenant de cet ancien monastère copte. La fouille reprise sur l’une des églises (campagnes Louvre-Ifao 2003-2007) et la découverte d’archives sur les fouilles anciennes (en 2004) ont donné lieu à un projet de publication. La recherche a considérablement enrichi notre connaissance des pièces données au Louvre en 1902 (une autre partie se trouve au Musée copte du Caire). L’identification de leur provenance, des associations et des raccords retrouvés, a largement complété la documentation des œuvres. Des analyses ont été effectuées (essence des bois peints, identification de pigments, datations au radiocarbone). Deux études poussées ont été menées sur des boiseries exceptionnelles (un vantail de porte et un ensemble de vingt-trois pièces constituant une cloison sculptée). D. Bénazeth Following the Louvre’s resumption of excavation work at the Baouit site in Recherches sur l’Antiquité soudanaise Projet suivi par Michel Baud, Élisabeth David et Aminata Sackho-Autissier En relation avec le chantier de Mouweis au Soudan, Michel Baud a poursuivi les recherches sur les structures méroïtiques en contexte urbain, domestique, artisanal et officiel. Élisabeth David est chargée de la documentation des objets découverts et en administre la base de données, qui comporte deux mille cent trente-quatre entrées à ce jour. L’un et l’autre ont étudié divers aspects de la culture matérielle méroïtique, en particulier la typologie des figurines animales et la symbolique des figurines humaines d’argile, qui pour certaines présentent des motifs décoratifs. Les scellements d’argile ont été analysés, et une attention particulière a été portée à leurs supports d’application, comme les vanneries, ou aux éléments de fermeture, ficelles et cordelettes, nouées ou non. Une typologie du matériel lithique, très abondant et varié, a été dressée. La collection des antiquités soudanaises conservées au département rassemble environ trois cents pièces et est, pour l’essentiel, composée de poteries et de petits artefacts, en cours d’étude par Aminata Sackho-Autissier. M. Baud Research on urban domestic, craft-related, and official Meroitic buildings, and on various aspects of the Meroitic material culture, is being conducted in parallel with excavation work at Muweis. The department’s collection of Sudanese antiquities (300 objects) is currently being studied. 36 2003—the Museum has a collection of sculpted architectural elements and carved wooden panels found in previous excavation work (1902)—there has been a significant increase in the knowledge about these objects: their provenance, associations, and linking elements have been identified. Analyses of the painted wooden panels and pigments were conducted, and radiocarbon dating was carried out. Étude du mobilier funéraire de la tombe de la « Prophétesse » d’Antinoé Projet suivi par Florence Calament Cette recherche est le fruit d’une collaboration, notamment avec le musée de Grenoble (Hélène Vincent, conservateur en chef), l’université Rennes 2 (Christophe Vendries, professeur d’histoire romaine), l’Institut archéologique allemand de Berlin (Pr Ricardo Eichmann, directeur de l’Orient Abteilung) et le C2RMF. L’année 2010 a vu la finalisation de ce projet autour du corps habillé de la dite « Prophétesse » et de son mobilier funéraire, comprenant une dizaine de pièces dont un remarquable instrument de musique (luth), en vue de la publication d’une monographie (sous presse). Intégralement conservé au musée de Grenoble, c’est à ce jour le seul ensemble funéraire complet exhumé des nécropoles d’Antinoé en Moyenne-Égypte à avoir fait l’objet d’une étude exhaustive ; il a ainsi bénéficié de la mise en œuvre de moyens scientifiques (radiocarbone, radiographie, identification de l’essence des bois, analyse de pigments et dépôts). L’une des révélations de cette étude est qu’elle a permis de revoir entièrement la datation de la tombe et de rendre la défunte à la période byzantine (vie – début viie siècle). F. Calament Antiquités égyptiennes Research focused on the completion of the study of this funeral furniture—in collaboration with the University of Rennes II, the German Archaeological Institute of Berlin, and the C2RMF (the Centre for Research and Restoration of the Museums of France)—comprising a dozen pieces, and the mummified corpse (held in the Museum of Grenoble), with a view to the publication of a monograph. Étude de la collection papyrologique copte Projet suivi par Florence Calament et Catherine Louis Cette étude a été menée selon trois axes : étude de textes en dialecte fayoumique (collaboration avec Anne Boud’hors, directeur de recherche au CNRS, IRHT [Institut de recherche et d’histoire des textes], Paris), suivi des travaux de Catherine Louis sur les parchemins et papiers littéraires, poursuite du dossier de la correspondance de Pesynthios, évêque de Coptos (569-632), soit une soixantaine de papyrus au Louvre. Véritablement démarré en 2007, ce programme de réédition (collaboration avec le Pr Jacques van der Vliet, université de Leyde) est maintenant arrivé à mi-parcours ; il a été présenté devant le XXVIe Congrès international de papyrologie à l’université de Genève (16-21 août 2010). Chargée de recherche au CNRS (Strasbourg) et collaborateur associé, Catherine Louis étudie le fonds copte du Louvre, qui comprend environ deux cent cinquante feuillets et fragments de textes littéraires sur parchemin et papier, provenant en majorité de la bibliothèque antique du monastère Blanc (HauteÉgypte). La totalité des fragments bibliques, plus aisément identifiables, a fait l’objet d’un examen systématique visant à recueillir tous les éléments concrets (dimensions, réglure, aspect, etc.) nécessaires à leur description ; ils entreront dans le premier volume du catalogue, en cours d’écriture et de mise en page. Parallèlement, des fragments destinés à figurer dans le second volume (apocryphes, hagiographie, homélitique) ont été récemment identifiés ; deux d’entre eux ont ainsi pu être reconnus comme étant jointifs et provenant d’une homélie attribuée à Bacchios de Maïouma, tandis qu’un feuillet entier a été rendu à son auteur, Proclus de Constantinople. Ces efforts d’identification se poursuivent régulièrement, dans le but de construire l’architecture du second volume du catalogue. F. Calament This study focused on three areas: a study of texts written in the Faiyumic dialect—in collaboration with Anne Boud’hors, director of research at the CNRS, IRHT-Paris (Institute of Research and History of Texts)—followed by work conducted by Catherine Louis on literary parchments and papers, and the continuation of the study of the correspondence of Pesynthios, bishop of Coptos (569–632), comprising around sixty papyri in the Louvre. Catalogue des pierres sculptées conservées par la section copte Projet suivi par Cédric Meurice L’établissement du catalogue des quatre cents pierres sculptées de la section copte du département a débuté par l’étude des pièces provenant du site monastique de Baouit, à la lumière de la reprise des fouilles du site depuis 2003. La confrontation entre la collection du Louvre et les découvertes archéologiques récentes d’éléments sculptés provenant du groupe central des églises apporte beaucoup à notre connaissance de la sculpture copte des ve-viie siècles et les deux volets de l’étude paraissent indissociables. Notre travail consiste à replacer les différents styles rencontrés à Baouit dans l’histoire de l’art copte. Ensuite, à la lumière des sculptures dégagées dans la plus grande église du monastère depuis 2008, église qui est aussi la plus tardive, nous tentons d’établir que certaines sculptures ont été réutilisées. Les pierres de la collection du Louvre sont donc étudiées pour elles-mêmes, mais également comme éléments de décors d’église réutilisés pendant près de deux siècles. C. Meurice The collection comprises four hundred carved stone objects, most of which originate from shared archaeological finds at Baouit at the beginning of the 20th century. The resumption of work at the site in 2003 is enriching our knowledge about Coptic sculpture in general, and particularly the carvings from this prime site. Étude du matériel en bois de Fostat-Istabl ‘Antar Projet suivi par Marie-Hélène Rutschowscaya Les années 2007 à 2009 ont été employées à la recherche des objets stockés dans le magasin de l’Institut français d’archéologie orientale (Ifao) et dans celui du Conseil suprême des antiquités égyptiennes (CSA). Le travail a été consacré à leur conditionnement, leur description et leur enregistrement avec photographies dans la base de données : mille cent objets ont été répertoriés. En 2010, avec l’aide de la restauratrice Sandrine Linxe, tout le matériel a pu être examiné et trié en vue d’effectuer des restaurations, des dessins techniques, des analyses en laboratoire et des photographies. L’analyse des traces d’outils permettra d’étudier les méthodes de fabrication ; des tests de restauration ont servi à déterminer les méthodes les plus appropriées. La typologie concerne la vie quotidienne : toilette, tissage, écriture, ustensiles de cuisine, jouets, socques, éléments tournés et décors de meubles, serrures, baguettes et débris de tournage. De nombreux objets sont fragmentaires, donc difficiles à identifier ; c’est pourquoi l’examen des cassures, des perforations et des vestiges de clous ou de tenons a été fait pour pouvoir comparer ces fragments à des objets complets conservés dans des musées ou sortis de fouilles (Tebtynis, Antinoé, Baouit). En 2009, un colloque, « Wooden Material from Fustat », a réuni à l’Ifao tous les chercheurs travaillant sur les fouilles du site ; les actes en seront publiés en 2011-2012. M.-H. Rutschowscaya In 2010, all the material in the store-rooms of the IFAO and the CSA (Supreme Council of Antiquities)—totalling 1,100 objects—was examined and stored with the help of the restorer Sandrine Linxe, with a view to carrying out restoration work, producing technical drawings and photographs, and conducting laboratory analyses. They are everyday objects: items of toiletry, weaving, writing, and cooking utensils, toys, clogs, furniture decorations, locks, sticks, and wood-turning debris. Many objects are difficult to identify as they are broken. 37 Travaux de recherche Antiquités grecques, étrusques et romaines A fin de répondre aux principales attentes des chercheurs, spécialistes de l’Antiquité ou des temps modernes, l’équipe scientifique du département des Antiquités grecques, étrusques et romaines du musée du Louvre a privilégié trois axes de recherche : l’étude matérielle des œuvres en vue de leur publication, l’histoire de la réception de l’Antiquité classique et l’étude des contextes archéologiques des objets parvenus au Louvre. Plusieurs recherches portent donc sur les techniques antiques (bronze, verre, etc.) et sur l’histoire des collections et des fouilles anciennes : collections Richelieu, royales, Borghèse, Albani, Campana ; études des contextes archéologiques de certains sites de Méditerranée orientale (Tanagra, Éléonte de Thrace, Macédoine, Rhodes, Antioche, Myrina, Smyrne…) ou occidentale (Gabies, Cerveteri, territoire antique de la Tunisie…). Ces recherches sont menées à l’occasion d’expositions, d’analyses scientifiques liées à la gestion des collections, mais aussi en fonction du plan de publication des catalogues raisonnés et sommaires, qui vise à combler les lacunes les plus importantes. Pour l’année 2010, nous évoquons ci-dessous deux projets emblématiques de ces études : d’une part, la publication du troisième tome consacré aux verres antiques du Louvre, qui est l’occasion de dresser le bilan des recherches menées dans ce domaine depuis dix ans ; d’autre part, l’étude de la collection Campana et la préparation du réaménagement des salles romaines, lesquelles sont à l’origine des recherches qui débutent sur les plaques architecturales de terre cuite dites « plaques Campana ». J.-L. Martinez To meet the principal needs of the researchers, specialists in Antiquities, and specialists in the Modern Era, the research team in the Musée du Louvre’s Department of Greek, Etruscan, and Roman Antiquities has pursued research in three core areas: crafting techniques, the history of the reappraisal of Classical Antiquity, and the study of the archaeological contexts of the objects that have entered the Louvre collections over time. A fair amount of research has been conducted on early craft techniques (bronze, glass, etc.) and on the history of the collections, and past excavation work: the Richelieu, royal, Borghese, Albani, and Campana collections; and studies have been conducted on the archaeological contexts of certain sites in the eastern Mediterranean (Tanagra, Eleonte in Thrace, Macedonia, Rhodes, Antioch, Myrina, Smyrna, etc.) and the western Mediterranean (Gabii, Cerveteri, the ancient territory of Tunisia, etc.). This research is carried out on objects prior to exhibitions, or as part of scientific analyses related to the preservation and handling of the objects themselves, and the resulting data are published in the relative catalogues as part of the ongoing inventory of the Louvre’s entire patrimony. Two noteworthy examples of the research carried out in 2010 are the publication of the third volume devoted to Louvre’s collection of antique glassware, which provided an opportunity to review all the research conducted in this field over the last ten years; and the systematic examination of the Campana collection prior to the reorganisation of the Roman rooms, which led to a new study of the ornamental terracotta tablets known as the “Campana plaques”. 38 Antiquités grecques, étrusques et romaines Bilan de dix ans de recherche sur les collections de verres antiques du musée du Louvre Projet suivi par Véronique Arveiller-Dulong et Marie-Dominique Nenna À l’occasion de la parution en janvier 2011 du troisième et dernier volume consacré aux verres antiques du musée du Louvre, il nous a paru pertinent de présenter un rapide bilan de cette recherche conduite depuis dix ans. Au-delà d’un simple catalogue, cette publication achève de mettre à la disposition du public spécialisé et du grand public une synthèse sur l’artisanat verrier antique depuis le viiie siècle avant J.-C. jusqu’au viie siècle après J.-C., synthèse – et c’est là son originalité – fondée sur les collections des trois départements antiques du musée du Louvre. En trois volumes parus entre 2000 et 2010, les deux mille trois cent soixante-six objets ou ensembles d’éléments conservés au Louvre ont été publiés par grande catégorie technique ou par emploi. Le premier volume, paru en 2000, est consacré à deux cent soixante-dix-sept contenants et vaisselles en verre façonné sur noyau et moulé d’époque grecque et romaine allant du vie siècle avant J.-C. au ier siècle après J.-C. Paru en 2005, le deuxième volume réunit mille trois cent quarante-neuf pièces en verre soufflé datées entre le ier et le viie siècle après J.-C. Enfin, le troisième et dernier volume, publié début 2011, est dévolu aux objets de parure, aux instruments et aux éléments d’incrustation produits entre le viiie siècle avant J.-C. et le viie siècle après J.-C. (sept cent neuf numéros). Pour ces objets que l’on qualifiait il y a encore peu de « verroterie », les anciens verriers ont su mettre au point des techniques raffinées, parfois peu ou pas répandues dans la manufacture des vases, comme par exemple les perles dorées. L’un des intérêts de la collection des trois départements des Antiquités est, une fois de plus, qu’elle fournit des informations sur la provenance de la plupart des objets. Pour ce troisième volume, on soulignera les beaux ensembles que constituent les objets issus des fouilles d’Edfou et de Sedeinga, de Camiros à Rhodes, de Myrina en Éolide, d’Éléonte de Thrace, de Carthage, d’Utique et de Gouraya, et de la région de Kertch dans le Bosphore cimmérien. Ces lots offrent des points d’ancrage pour étudier un mobilier qui a souvent été négligé dans les recherches sur le monde gréco-romain. On trouvera peu d’objets d’Europe centrale et occidentale, conservés depuis 1862 au musée d’Archéologie nationale à Saint-Germain-en-Laye. Les pièces dont nous disposons illustrent les différentes phases du développement de l’artisanat verrier antique. Après les étonnants objets pharaoniques, mésopotamiens ou levantins du IIe millénaire avant J.-C., l’artisanat du verre connaît des âges obscurs jusqu’aux viiie-viie siècles. Sa renaissance se manifeste d’abord par les perles, perles sphériques translucides illustrées Plaque mosaïquée, ier siècle avant J.-C. – ier siècle après J.-C., département des Antiquités égyptiennes (N 1636) Fuseau, Proche-Orient (?), Collier de perles dorées, Kertch (Crimée), i étrusques et romaines (MND 1265, Bj 667) -ii siècle après J.-C., département des Antiquités grecques, er e ier siècle avant J.-C. – siècle après J.-C., département des Antiquités er i grecques, étrusques et romaines (MNE 137) 39 Travaux de recherche 40 doute nettement plus répandu que ne le révèlent les publications de fouilles. Mise en valeur par le travail d’Ekaterina M. Alexieva, la richesse des tombes du littoral septentrional de la mer Noire, datées de la basse époque hellénistique et du Haut Empire, montre l’inventivité des artisans verriers, qui multiplient formes et motifs pour satisfaire les goûts d’une large clientèle. Dans le domaine des éléments de parure, le Haut Empire n’apporte guère de changements, à l’inverse de ce qui se passe dans le domaine des contenants et de la vaisselle de verre, profondément modifié par l’invention du soufflage à la volée au milieu du ier siècle avant J.-C. Néanmoins, comme par jeu et expérimentation, se développe alors toute une série de petits instruments appartenant au monde de la toilette féminine, du textile et du jeu, imitant des modèles en os ou en métal ; la technique du verre doublé de plomb permet de fabriquer les premiers miroirs en verre et l’invention du verre à vitre modifie les conditions de vie. À partir du iiie siècle, le goût pour un verre apparaissant noir, sans doute pour imiter le jais, qui se répand surtout dans les éléments de parure et peu dans la vaisselle, gagne l’ensemble de l’Empire, où l’on observe de nombreux bracelets, pendentifs et perles à décor tacheté ou appliqué mulEnsemble de perles oculées et de pendentifs façonnés sur noyau, Tharros (Sardaigne), viie-iiie siècle avant J.-C., ticolore. Des verres de couleurs variées département des Antiquités orientales (AO 5825) continuent néanmoins d’être abondamment employés dans les simples perles monochromes et dans par les découvertes de la nécropole de Camiros et perles trianles pendentifs estampés. gulaires à décor d’yeux. À partir du vie siècle se répand l’emploi L’ambition de cette recherche, qui a donné lieu en dix ans à de verres opacifiés de couleur bleu foncé, bleu turquoise, vert peine à la rédaction de trois catalogues, était de faire découvrir clair, blanc et jaune, qui vont servir à manufacturer aussi bien un mobilier longtemps négligé ou méconnu, de faciliter son apdes contenants que des perles à décor oculé et des pendentifs proche en mettant en valeur la diversité des techniques qui ont en forme de masque. Les centres de production se répartissent présidé au façonnement des vases et des petits objets, enfin de entre le monde levantin et le monde égéen, avec au moins l’île le replacer plus largement dans la culture matérielle de l’époque de Rhodes ; l’Égypte est quant à elle spécialisée dans les éléments antique. Nous espérons ainsi offrir aux chercheurs comme au d’incrustation en verre opaque de meilleure qualité, destinés à public qui fréquente nos salles une utile synthèse sur cet artisaorner le mobilier religieux, funéraire ou domestique. Cet art de nat antique du verre, qui est devenu au fil des années un outil l’incrustation va trouver son apogée dans la seconde moitié du de datation aussi précieux et précis que celui de la céramique. ive siècle avant J.-C. avec l’emploi du verre mosaïqué et de motifs végétaux ou figurés miniaturisés tirés des répertoires décoratifs V. Arveiller-Dulong égyptien et grec. On peut supposer, même si les découvertes archéologiques Bibliographie sont rares, que c’est à partir de cette époque que se déveNenna (M.-D.), Exploration archéologique de Délos, 32 : Les verres, Paris, loppent des centres de production régionaux de perles et de Athènes, EFA, De Boccard, 1999. pendentifs, comme c’est le cas sans doute des ateliers de CarArveiller-Dulong (V.) et Nenna (M.-D.), Verres antiques du musée du Louvre, thage et d’autres cités du monde punique. Le dépotoir de vol. 1 : Les Contenants à parfum en verre moulé sur noyau et la vaisselle l’atelier de Rhodes, mis au jour dans les années 1960, offre moulée (viiie siècle av. J.-C. – ie siècle apr. J.-C.), Paris, RMN, 2000. une bonne image du répertoire des perles et des pendentifs, Arveiller-Dulong (V.) et Nenna (M.-D.), Verres antiques du musée du mais aussi des petits instruments en verre, en usage à la fin du Louvre, vol. 2 : Vaisselle et contenants du ie siècle au début du viie siècle iiie siècle et au début du iie siècle avant J.-C. Un siècle plus tard, apr. J.-C., Paris, Musée du Louvre éditions, Somogy, 2005. les exemples de Délos, avec ses ateliers répartis en plusieurs Arveiller-Dulong (V.), « Le mobilier en verre de la nécropole de Maule endroits dans la ville, et de Jérusalem indiquent que ce petit (Yvelines) », Bulletin archéologique du Vexin français et du Val-d’Oise, artisanat travaillant à partir de verre brut importé était sans 38, 2006, p. 143-163. Antiquités grecques, étrusques et romaines Spaer (M.), Ancient Glass in the Israel Museum : Beads and Other Small Objects, Jerusalem, The Israel Museum, 2001. Stern (E.M.) et Schlick-Nolte (B.), Frühes Glas der alten Welt, 1600 B.C.A.D. 50, Ernesto Wolf Collection, Stuttgart, Hatje Verlag, 1994. The ancient craft of glass-making from the eighth century bc to the seventh century ad is represented by some 2,366 objects or ensembles of elements held in the Museum’s three Departments of Antiquities. The study of this material was conducted over the last ten years and published in 3 volumes: the first volume in 2000 dealt with the 277 containers and dishes made by core-formed technique (a prefabricated core of clay is covered by glass and decoration is made by winding) or by moulding from the Greek and Roman periods (the sixth century bc to the first century ad); the second volume in 2005 presented 1,349 pieces of blown glass dating from the first and seventh century ad; and, finally, the third volume in January 2011 contained 709 items of finery, implements, and inlays elements produced between the eighth century bc and the seventh century ad. The aim of this research was to provide a complete study of small objects of ancient glass that have long been disregarded or remained unknown; facilitate understanding by highlighting the various techniques used to make the vases and small objects; and finally, to put them in the wider context of the material culture in the Antique period. Recherches sur les terres cuites architecturales dans le monde grec et romain : les plaques architecturales dites Campana Bilan d’étape à l’issue des cinq études menées sur les plaques Campana à l’atelier de Flore au C2RMF en 2010 Projet suivi par Violaine Jeammet, Néguine Mathieux et Daniel Roger Restauration : Frédérique Berson, Christine Devos, Marie-Emmanuelle Meyohas, Christine Pariselle et Marie Petit Analyses au C2RMF : Anne Bouquillon Au terme du conditionnement et du prérécolement effectués en 2009-2010 (chantier suivi par Néguine Mathieux et Aurélie Piriou, sous la direction de Violaine Jeammet), l’étude matérielle de la collection des plaques architecturales de terre cuite du Louvre dites « plaques Campana » a franchi en 2010 une étape décisive. Le musée du Louvre conserve vingt-huit de ces plaques de grandes dimensions, deux cent quatre-vingts plaques plus petites et des milliers de fragments (environ sept mille) désormais classés et conditionnés dans neuf cent soixante-quatorze bacs. Une série de plaques architecturales a été choisie par Néguine Mathieux et Daniel Roger dans la perspective d’une présentation dans les salles romaines. Huit catégories ont ainsi été sélectionnées sur des critères de dimensions (plaques de grandes dimensions et corniches), d’iconographie, de typologie, voire d’ateliers (signature « VALES »). Ce corpus restreint a fait l’objet d’analyses et de restaurations afin de mieux comprendre les pratiques des restaurateurs actifs à Rome au milieu du xixe siècle, dans le cadre de recherches plus complètes portant sur l’ensemble de la collection du marquis Giovanni Pietro Campana (1807-1880), en grande partie parvenue au Louvre en 1863. Ces séries ont d’abord fait l’objet d’une campagne d’analyses physico-chimiques et, pour certaines d’entre elles, d’une analyse en thermoluminescence, puis une sélection de ces œuvres a été étudiée par des restauratrices. L’objectif était de repérer un éventuel « modus operandi » propre aux restaurateurs Campana, et de sélectionner les plaques susceptibles d’être présentées dans les futures salles romaines. Leur fragilité, en particulier pour les plus grandes, supposait en effet une restauration préalable et imposait une réflexion initiale sur leur mode de fixation. Les analyses conjointes physico-chimiques et en thermoluminescence ont confirmé la concordance des pâtes et leur ancienneté et permis de repérer certaines des interventions du xixe siècle quand il s’agissait de fragments ou de morceaux isolés. La véritable interrogation porte sur les grandes plaques, les plus intéressantes a priori par leur aspect et leur iconographie. Les analyses du Centre de recherche et de restauration des musées de France (C2RMF), quand elles ont pu être faites (par exemple Apollon citharède, Cp 4162), ont confirmé leur hétérogénéité, pressentie lors de l’étude préalable (voir le rapport de Christine Pariselle et les analyses du C2RMF), caractéristique technique typique des restaurateurs du marquis Campana, qui procédaient par ajouts modernes et anciens dans une optique volontairement illusionniste. Les sondages et nettoyages partiels ont ainsi révélé des indices techniques intéressants : il apparaît que ces grandes plaques, recouvertes d’un épais badigeon sur la face et souvent d’une polychromie tout aussi moderne, sont prises dans un mortier d’amalgame sur le revers. Il s’agit en réalité d’une savante recom- Plaque Campana : Apollon citharède, département des Antiquités grecques, étrusques et romaines (Cp 4162) 41 Travaux de recherche 42 complètes et moins restaurées ? Il faudrait enfin comparer le corpus du Louvre à ceux des autres grandes collections européennes, en particulier à Rome. Contrairement aux petites plaques et aux corniches, qui posent des problèmes de restauration et de muséographie traditionnels, la présentation de ces grandes plaques dans les salles romaines s’avère donc complexe. Il semble que leur intérêt réside dans le fait qu’elles sont un témoignage de l’histoire des collections. On peut alors s’interroger sur la pertinence d’un « piccolo museo Campana » qui regrouperait les plus beaux pastiches de cette collection. Cela aurait au moins le mérite, outre l’intérêt pour l’histoire de la restauration, de poser la question de l’histoire du goût d’un collectionneur romain de la première moitié du xixe siècle passionné par l’argile à un moment où se mettaient en place en France les préGiampietro Campana, Antiche Opere in Plastica, 2e éd., Rome, 1851, planche aquarellée : Salle des terres mices de ce qui allait devenir le musée cuites du musée Campana au mont-de-piété, Naples, Bibliothèque universitaire de Naples de Céramique (ouvert en 1824) voulu par Alexandre Brongniart, révélant ainsi peutêtre un goût nouveau pour ce matériau plus modeste mais prêt position de fragments de taille et d’épaisseur diverses, prouvant à détrôner les matériaux nobles (bronze et marbre) qui avaient leur appartenance initiale à des plaques différentes. La corniche jusqu’à présent retenu toute l’attention des savants. supérieure s’avère être le plus souvent un ajout moderne. Certains de ces fragments semblent avoir été surmoulés au xixe siècle V. Jeammet pour servir à l’assemblage final tandis que des morceaux de terre Bibliographie cuite, voire de tuiles (antiques ou modernes), viennent colmater Van Rohden (H.) et Winnefeld (H.), Architektonische römische Tonreliefs les trous. D’autres tessons dans lesquels se trouvent agglomérés der Kaiserzeit, Berlin, 1911. des grains d’ocre (pour imiter des terres antiques) apparaissent Nadalini (G.), « Le musée Campana : origine et formation des collecmodernes. Ces faits corroborent ainsi ce que l’on connaît déjà tions. L’organisation du musée et le problème de la restauration », des pratiques des restaurateurs Campana, passés experts en pasdans L’Anticomanie. La collection d’antiquités aux xviiie et xixe siècles, tiches dans les divers domaines et matériaux qui formaient la textes rassemblés par Laurens (A.-F.) et Pomian (K.) (colloque intercollection, mais dont l’art culminait dans la terre cuite, laquelle national, Lattes, 9-12 juin 1988), Paris, EHESS, 1992, p. 111-121. avait toutes les faveurs du marquis. Nadalini (G.), « De Rome au Louvre, les avatars du musée Campana entre Les petites plaques (corniches et plaques horizontales de 1857 et 1862 », Histoire de l’art, 21-22, 1993, p. 47-58. moindre importance) présentent un état plus homogène, sans Nadalini (G.), « La collection Campana au musée Napoléon III et sa être toutefois dépourvues d’interventions portant tant sur la première dispersion dans les musées français (1862-1863) », Journal structure (mêmes ajouts d’éléments modernes en terre cuite) des savants, 1998, p. 183-225. que sur la surface. Sarti (S.), Giovanni Pietro Campana (1808-1880). The Man and His CollecAu terme de cette étude préliminaire, la restauration des tion, Oxford, 2001 (BAR International Series). plaques de grandes dimensions de la collection Campana Walter (C.), « Historique des dépôts, Collection du Marquis Campana », s’avère hasardeuse. À moins de s’assurer par une étude radiolodans Bronzes, marbres et autres antiques. Dépôts du musée du Louvre gique (infrarouges, rayons X traditionnels avec prélèvements en 1875, sous la dir. de Orgogozo (C.) et Lintz (Y.), Paris, Musée du systématiques pour de futures thermoluminescences) de l’étenLouvre éditions, 2007, p. 61. due limitée des remontages anciens, les colmatages effectués au xixe siècle laissent peu de visibilité pour une étude fiable. Il In the wake of the major verification projects conducted by the Departsemble que, dans l’état actuel de nos connaissances, la grande ment of Greek, Etruscan, and Roman Antiquities, the Roman ornamental terracotta tablets, known as the “Campana plaques”, were—for the first majorité soit fortement restaurée, ce qui pose le problème de time since the nineteenth century—duly packaged, and photographed leur authenticité et par ailleurs de leur état de conservation : before verification and computerisation (28 large tablets, 270 small tablets, le mortier qui permet l’agrégation des différents morceaux est and around 7,000 fragments packed in 978 containers). A selection was très grossier et les collages à la gomme laque, surtout en raison chosen for analysis by the C2RMF (Centre for Research and Restoration of du poids des plaques, se révèlent de plus en plus inefficaces et the Museums of France) (physio-chemical studies, luminescence dating, même dangereux. and a forthcoming study of the colours) and for study before restoration. Deux pistes de réflexion s’offrent à nous pour l’étude compléThe aim is also to enrich our knowledge of the restorers who worked on the mentaire de ces grandes plaques. Il faudrait d’abord vérifier l’état Marquis Campana’s collections in the nineteenth century. A choice of the des restaurations des plaques analogues de la collection d’Edme best conserved tablets with the most significant iconography will be made for the future Roman exhibition rooms. Antoine Durand (1768-1835) qui sont antérieures : sont-elles plus Antiquités grecques, étrusques et romaines Axe de recherche 1 Étude matérielle des œuvres et publication des collections Recherches sur les ateliers et les pratiques artisanales de la couleur dans le monde grec Programme suivi par Violaine Jeammet, en partenariat avec le C2RMF (Brigitte Bourgeois et Sandrine Pagès-Camagna) Depuis plus de quinze ans, l’étude des traitements de surface des figurines en terre cuite, notamment la polychromie et la dorure, est menée conjointement avec le Centre de recherche et de restauration des musées de France (C2RMF). L’analyse des pigments et l’étude stratigraphique des couches colorées et des feuilles d’or présentes sur les figurines permettent de mieux connaître les matériaux comme de mieux comprendre les gestes des artisans, et ainsi de mettre en valeur la corrélation entre document archéologique (parfois œuvre d’art) et magistral savoir-faire technique. Cette étude a donné lieu à plusieurs publications et communications, dont celle associant en 2009 Brigitte Bourgeois, Violaine Jeammet et Sandrine Pagès-Camagna sur la dorure (« Color Siderum. La dorure sur les terres cuites hellénistiques », dans Les Arts de la couleur en Grèce ancienne… et ailleurs. Actes du colloque international (École française d’Athènes, 23-25 avril 2009), sous la dir. de Jockey (Ph.), à paraître dans le Supplément du Bulletin de correspondance hellénique), tandis qu’en 2010 une nouvelle édition anglaise et espagnole de Tanagras (Valence, 2010, voir infra, « Expositions ») a fait connaître les dernières découvertes et livré les plus récentes synthèses sur ces questions. Une journée d’étude en 2011 élargira cette thématique à celle des vases (lécythes à fond blanc) et devrait aussi, à terme, prendre en compte les bois. The Department and the C2RMF (Centre for Research and Restoration of the Museums of France) are working in close collaboration on a long-term study focusing on a stratigraphic study of the coloured layers and an analysis of the pigments used on Greek terracotta figurines. The study aims to identify the practices in antique workshops. The findings of this study were presented at an international seminar, whose proceedings are due to be published, and in 2010 the new edition of the catalogue Tanagras was published in English and Spanish; this publication provides a general overview and highlights the latest discoveries. Recherches sur les techniques des bronzes grecs et romains : la base Héphaïstos Programme suivi par Sophie Descamps en partenariat avec le C2RMF (Benoît Mille) Anciennement publiée par André de Ridder, la collection des bronzes antiques du Louvre a bénéficié d’un long travail de récolement, de restauration et d’étude lié à l’aménagement de la salle des bronzes et des réserves. Un catalogue raisonné des bronzes grecs est en projet. En partenariat avec le Centre de recherche et de restauration des musées de France (C2RMF), le département est à l’origine de la création d’un outil de recherche, la base Héphaïstos, qui vise à recenser la bibliographie consacrée aux techniques de mise en œuvre et aux restaurations documentées des bronzes antiques. En 2010 est parue une mise au point sur la question des patines : Descamps (S.), « Couleurs originelles des bronzes grecs et romains. Analyses de laboratoire et patines intentionnelles antiques », dans La Chimie et l’Art. Le génie au service de l’homme. Actes du colloque (Paris, Maison de la chimie, 28 janvier 2009), sous la dir. de DinhAudouin (M.-Th.), Les Ulis, EDP Sciences, 2010 (« L’Actualité chimique »), p. 115-127. Au mois de mars de la même année, Sophie Descamps a présenté une synthèse intitulée « Cuivre noir, κύανος et bronze de Corinthe » à l’occasion d’un séminaire de l’université d’Aix-en-Provence. In partnership with the C2RMF (Centre for Research and Restoration of the Museums of France), the Department has created a database (Héphaïstos) of all publications devoted to the production techniques and documented restorations of antique bronzes. In 2010 a study on intentional patinas was published, and Sophie Descamps presented research on antique bronze techniques during a seminar on “Corinthian bronzes” at the Université d’Aix-en-Provence. Recherches sur la sculpture grecque : publications sur la collection du Louvre Programme suivi par Jean-Luc Martinez et Ludovic Laugier La sculpture grecque en pierre du musée du Louvre est bien publiée grâce aux travaux récents de Marianne Hamiaux. La définition géographique et chronologique de cet art a cependant été revue et élargie à l’époque impériale. Deux publications doivent paraître prochainement et ont fait l’objet de recherches conduites en 2010. Le catalogue raisonné, qui formera le troisième tome des sculptures grecques du musée du Louvre et que Ludovic Laugier consacrera aux Sculptures grecques des provinces hellénophones de l’Empire romain, doit paraître en 2012, à l’occasion de l’ouverture des nouvelles salles présentant l’Orient méditerranéen à l’époque romaine. Ludovic Laugier a publié en 2010 plusieurs résultats de ses recherches sur ce corpus (sur les sculptures de Smyrne dans Anatolia Antica, XVIII, 2010, p. 321-328, et sur les sculptures de Phrygie dans le catalogue de l’exposition « Civilisations oubliées de l’Anatolie antique », Bordeaux, 19 février – 16 mai 2010, p. 6163, nos 25-29). Une monographie consacrée à la Vénus de Milo par Jean-Luc Martinez doit par ailleurs faire le point sur notre connaissance de ce chef-d’œuvre, largement renouvelée par la restauration et les analyses conduites en 2009-2010 (voir infra « Restaurations »). The Department is preparing two publications on Greek sculpture, for which research was carried out in 2010: Sculptures grecques des provinces hellénophones de l’empire romain (Greek Sculptures from the Greek-Speaking Provinces of the Roman Empire) by Ludovic Laugier (to be published in 43 Travaux de recherche 2012), and a monograph devoted to the Venus de Milo by Jean-Luc Martinez, following restoration work and analyses conducted in 2009–10 (see “Restoration Work” below). Moreover, in 2010 Ludovic Laugier presented results from recent research on Greek sculptures of the Imperial period: the sculptures of Smyrna (now İzmir) in the journal Anatolia Antica (Vol. XVIII, 2010, pp. 321–28), and Phrygian sculptures at an exhibition in Bordeaux. Recherches sur la céramique grecque : publications sur la collection du Louvre Programme suivi par Anne Coulié, Martine Denoyelle, Alexandra Kardianou, Sophie Marmois, Sophie Padel et Marie-Christine Villanueva Puig La céramique grecque du Louvre est anciennement publiée, mais de nombreuses séries et des milliers de fragments restent quasiment inédits. Elle est traditionnellement publiée par l’Académie des inscriptions et belles-lettres dans une série spécifique (le Corpus vasorum antiquorum). Les recherches en cours sur les questions de style et d’identification des ateliers comme sur les analyses techniques (couleur, cuisson des argiles) expliquent le recours à d’autres formes de publication. En 2010 est paru le vingt-huitième volume du CVA consacré à la collection du Louvre par Marie-Christine Villanueva Puig, fruit d’un long travail de recherche conduit sur quatre-vingt-six lécythes attiques à figures noires du Louvre d’époque archaïque (CVA Louvre 28 France 42 : Les Lécythes attiques à figures noires, t. I), réservant la production du ve siècle à un second volume. D’autres publications sont en préparation : pour le CVA, Les Lécythes à fond blanc du Louvre par Alexandra Kardianou, Fragments de coupes attiques à figures rouges du Louvre par Sophie Marmois, Les Amphores attiques à panse à figures noires attiques du Louvre par Sophie Padel, et, pour les éditions du Louvre, le catalogue raisonné consacré aux vases de Paestum préparé par Martine Denoyelle. Le Louvre possède une exceptionnelle collection d’inscriptions latines (plus de mille deux cents numéros), presque entièrement conservée en réserve, une très intéressante collection d’inscriptions grecques (plus de quatre cents numéros) et une modeste (une centaine de numéros tout de même !) mais remarquable collection d’inscriptions étrusques et italiques. Connues des spécialistes mais dispersées dans des publications anciennes et souvent pas ou mal illustrées voire complètement inédites (pour les inscriptions étrusques notamment), ces inscriptions font l’objet de projets de publication. La publication des inscriptions grecques a été confiée à Michèle Brunet (université Lumière Lyon 2), qui y consacre son séminaire de recherche et s’est rapprochée du réseau Digital Classicist pour une publication en ligne. En 2010-2011, elle a notamment repris l’étude des inscriptions des blocs des murs formant le passage conduisant à l’agora de Thasos (Grèce du Nord) conservés au Louvre et sur place. Pour la publication des inscriptions étrusques et italiques, confiée à Dominique Briquel, une première étape de recensement, entreprise en collaboration avec les conservateurs, a permis de découvrir en 2010 plusieurs inscriptions inédites et d’établir un corpus d’une centaine d’inscriptions (un chiffre important pour une langue comme l’étrusque), portées sur une grande variété de supports. Daniel Roger coordonne le travail de documentation et d’informatisation en cours de la très riche collection d’épigraphie latine : en 2010, reprenant l’ordre du catalogue analytique dactylographié de Serge Ducroux présenté en 1975, ont été informatisées les séries consacrées aux divinités, aux empereurs, aux ordres sénatorial et équestre. The Department has embarked on an ambitious programme of printed and online publications of its collections of Greek, Etruscan, and Latin epigraphy. Michèle Brunet is working on the publication of Greek inscriptions and, in 2010, she resumed the study of the inscriptions on the walls of the Passage of Theoria at Thasos. Dominique Briquel is working on the publication of Etruscan and Italic inscriptions; an inventory drawn up in 2010 revealed a considerable number of inscriptions (around a hundred). Daniel Roger is coordinating the documentary work on the very rich collection of Latin inscriptions, which is currently being placed online. The catalogue of the Louvre’s collection of Greek ceramics is traditionally published by the Académie des Inscriptions et Belles Lettres in a specific set of works (the Corpus Vasorum Antiquorum). The 28th volume of the CVA (by MarieChristine Villanueva Puig) was published in 2010. The work is devoted to the Louvre’s collections and focuses on the Louvre’s 86 Attic black-figure lekythoi from the Archaic period. Work on other publications, for which research was carried out in 2010, is currently underway. These include les lécythes à fond blanc du Louvre (“The Louvre’s White-Ground Lekythoi”) by Alexandra Kardianou, and the catalogue raisonné devoted to the vases of Paestum, by Martine Denoyelle. Recherches sur les collections épigraphiques : catalogues en préparation 44 Programme suivi par Jean-Luc Martinez, Marianne Hamiaux et Michèle Brunet (inscriptions grecques) ; Françoise Gaultier, Laurent Haumesser et Dominique Briquel (inscriptions étrusques et italiques) ; Daniel Roger, Agnès Scherer et Marianne Hamiaux (inscriptions latines) Axe de recherche 2 Histoire de la réception de l’Antiquité classique Recherches sur les collections d’antiques des xviie et xviiie siècles en France et en Italie Programme suivi par Jean-Luc Martinez et Marie-Lou Fabréga-Dubert Développée à partir de 2004 à l’occasion de l’inauguration de la salle du Manège et de la publication de deux ouvrages (Les Antiques du Louvre. Une histoire du goût d’Henri IV à Napoléon Ier, Paris, Fayard, 2004, ouvrage collectif sous la direction de Antiquités grecques, étrusques et romaines J.-L. Martinez, et La Collection Borghèse au musée Napoléon, Paris, Musée du Louvre éditions, 2009, par M.-L. Fabréga-Dubert), cette recherche vise à faire le point sur l’histoire des collections princières d’antiques parvenues au Louvre. Elle s’accompagne d’une politique de rerestauration des statues antiques débarrassées aux xixe et xxe siècles de leurs ajouts modernes. En 2010, le projet a porté sur la préparation de deux expositions qui doivent s’ouvrir en 2011 : « Richelieu à Richelieu » aux musées d’Orléans, Tours et Richelieu (mars-juin 2011, commissariat scientifique Jean-Luc Martinez), et « Les Borghèse et l’Antique » à Rome (décembre 2011 – avril 2012, commissariat scientifique Marie-Lou Fabréga-Dubert et Jean-Luc Martinez). Reprenant les archives disponibles (plans, dessins, récits de voyageurs, inventaires…), ces deux recherches en cours permettront de proposer une reconstitution du décor du château de Richelieu vers 1676, date du guide de Benjamin Vignier, et de la villa décorée pour Marc Antonio IV Borghèse telle qu’elle se présentait au moment de l’achat pour le Louvre en 1807. Developed in 2004, the year in which the Salle du Manège was inaugurated, this research aims to examine the history of the Louvre’s princely collections of antiques. In 2010, the project focused on the preparation of two exhibitions which are scheduled to open in 2011: Richelieu à Richelieu (Richelieu at Richelieu) in the museums of Orléans, Tours, and Richelieu, and Les Borghèse et l’Antique (The Borghese and the Antique) in Rome. Using available archive material (plans, drawings, travellers’ accounts, inventories, etc.), the two research programmes will recreate the decorations in the Château de Richelieu (ca. 1676) and the Villa decorated for Marcantonio IV Borghese. Recherches sur les collections de moulages d’après l’antique Programme suivi par Jean-Luc Martinez et Élisabeth Lebreton Développée à partir de 2002 à l’occasion de l’affectation au département de la collection de moulages d’antiques conservée aux Petites Écuries du Roi à Versailles et portée par une politique de restauration ambitieuse et l’animation d’un réseau des gypsothèques françaises, cette recherche a pour but d’approfondir notre connaissance matérielle et historique des collections de moulages d’antiques. Faisant suite au colloque de Cergy-Pontoise de 2001, organisé avec le Groupe de recherche sur le plâtre dans l’art (GRPA) et consacré à l’analyse des techniques de mise en œuvre et à l’analyse chimique des plâtres, ce programme a également pour objectifs de permettre de déterminer la datation et d’identifier des critères d’attribution des plâtres anciens jetés aux xviie, xviiie et xixe siècles, et de contribuer à faire mieux connaître ce domaine du patrimoine français. Un catalogue raisonné de la collection de la gypsothèque du Louvre à Versailles est en projet. En 2010, à la demande de Rosa Plana, chargée des collections de Montpellier, Jean-Luc Martinez a participé au suivi des restaurations et à l’établissement d’un projet scientifique pour la présentation de ces collections. Élisabeth Lebreton a par ailleurs publié un état des lieux des collections françaises (« Les plus belles gypsothèques françaises », Dossier de l’art, 180, décembre 2010). Developed in 2002, the year in which the collection of antique casts from the Petites Écuries du Roi at Versailles was transferred to the Department, this research aims to improve our material and historical knowledge of the antique cast collections. In 2010, Rosa Plana (who manages the collection) invited Jean-Luc Martinez to help set up a scientific project for the presentation of the Montpellier collection. Elisabeth Lebreton presented an overview of the French collections titled “Les plus belles gypsothèques françaises” (The Finest French Gypsotheques; Dossier de l’Art, no. 180, December 2010). Recherches sur les collections d’antiques du marquis Campana Programme suivi par Catherine Metzger et Françoise Gaultier (orfèvrerie) ; Violaine Jeammet, Daniel Roger et Néguine Mathieux (plaques Campana) ; Paolo Nadalini (Institut national du patrimoine) ; Laurent Haumesser et Françoise Gaultier (collection étrusque) ; Hubert Giroux et Marianne Hamiaux (reconstitution des numéros Cp) ; Ludovic Laugier (marbres) Le département a engagé un vaste programme de recherche sur la collection Campana, acquise par l’empereur Napoléon III en 1861 et entrée partiellement au Louvre en 1863. Entrepris par Françoise Gaultier et Catherine Metzger à l’occasion de l’exposition de 2005 au Louvre consacrée aux bijoux Campana, le premier volet aboutira à la publication de l’orfèvrerie. En 2010, Françoise Gaultier a présenté à Rimini une synthèse sur ce sujet (« I gioielli delle collezioni Campana e des Vergers del Museo del Louvre: origini, acquisizioni, fortuna »). D’autres recherches témoignent du développement de ces études (voir infra le dossier sur les plaques Campana). En octobre 2010, Paolo Nadalini a rappelé l’historique de l’acquisition à Beaulieu-sur-Mer. En décembre, Françoise Gaultier a évoqué à Orvieto le contexte de sa dispersion (« La fortuna degli Etruschi nella costruzione dell’Italia Unita: la dispersione della collezione Campana negli anni dell’Unificazione politica dell’Italia »). À l’occasion de deux expositions monographiques consacrées à des peintres du Second Empire, Jean-Luc Martinez et Laurent Haumesser ont rappelé le rôle de la collection Campana dans la réception de l’Antiquité durant la seconde moitié du xixe siècle, le premier en novembre à Montpellier à l’occasion d’une conférence organisée par le Centre de recherches interdisciplinaires en sciences humaines et sociales de l’université Paul Valéry – Montpellier III (« Cabanel [1823-1889] et l’antique »), le second en décembre lors d’un colloque organisé par le musée d’Orsay (« Regarder Gérôme », communication sur les « Visions de l’Italie antique sous le Second Empire »). The Department has embarked on a vast programme of research on the Campana Collection, which was acquired in 1861. Begun by Françoise Gaultier and Catherine Metzger in 2005, the year in which the Louvre presented an exhibition of the jewellery, the first step in the project will be the publication of the works in gold. In April 2010, Françoise Gaultier presented an overview of the works in Rimini. Other research attests to the development of these studies (see the article on the Campana tablets below). Paolo Nadalini spoke about the history of the acquisition in a seminar at Beaulieu-sur-Mer in October 2010. Françoise Gaultier gave a talk on the collection’s dispersal in a seminar held in Orvieto, Italy, in December. 45 Travaux de recherche Axe de recherche 3 Étude des contextes archéologiques Méditerranée occidentale (Italie-Tunisie) Recherches sur les productions de la cité étrusque de Cerveteri : « De Cerveteri au Louvre : la peinture étrusque et son contexte » Programme suivi par Françoise Gaultier et Laurent Haumesser en partenariat avec le Consiglio Nazionale delle Ricerche (CNR) (Paola Santoro et Vincenzo Bellelli) et Francesco Roncalli, professeur honoraire à l’université Federico II de Naples. Site majeur d’Étrurie, d’où provient une grande partie de la collection étrusque du Louvre, dont ses principaux chefsd’œuvre (sarcophage des Époux, plaques Campana), la cité de Cerveteri fait l’objet d’un programme ambitieux de recherche en partenariat avec plusieurs institutions italiennes. Dans le cadre d’une collaboration avec le CNR, ce projet a pour objet de faire le point sur l’histoire des fouilles au xixe siècle et sur les productions artisanales de la cité. Un volet de la recherche, en collaboration avec Francesco Roncalli, professeur honoraire à l’université Federico II de Naples, porte sur les plaques peintes (analyse des techniques, étude des restaurations et mise en contexte). En septembre 2010, Laurent Haumesser a présenté à l’auditorium du Louvre une « Œuvre en scène » consacrée aux « Plaques peintes de Cerveteri », faisant le point des recherches sur ces peintures et leur contexte archéologique. This project, which is being conducted in partnership with the CNR (Italian National Research Council) and the Federico II University of Naples, aims to study the works from the town of Cerveteri (Italy), which make up a large proportion of the Louvre’s Etruscan collections. In September 2010, as part of the Louvre’s “Art on Stage” (Œuvre en scène) programme, Laurent Haumesser gave a lecture on “The painted tablets of Cerveteri” in the Louvre’s auditorium. The lecture focused on the research conducted on the paintings and their archaeological context. Recherches sur les œuvres provenant de l’Étrurie intérieure conservées dans les collections du Louvre Programme suivi par Françoise Gaultier, Laurent Haumesser et Katerina Chatziefremidou, en partenariat avec le Museo dell’Accademia Etrusca e della Città di Cortona (MAEC) 46 Les recherches menées sur la partie de la collection étrusque provenant de l’importante région d’Étrurie située le long des cours de l’Arno et du Tibre visaient à préciser et compléter nos connaissances sur le contexte archéologique des œuvres et sur leur histoire entre leur découverte et leur entrée au Louvre. Grâce au dépouillement d’archives, de publications anciennes et de catalogues de ventes, il a été possible en particulier d’établir la provenance de plusieurs pièces ou séries de pièces de la collection, et de reconstituer avec davantage de précision les modes de formation des grandes collections du xixe siècle (Durand, Campana, Pourtalès). Les restaurations menées sur les objets (notamment sur le bucchero) ont également permis de mieux comprendre les pratiques des restaurateurs italiens de l’époque. Les premiers résultats de ces recherches sont présentés dans le catalogue de l’exposition « Gli Etruschi dall’Arno al Tevere. Le collezioni del Louvre a Cortona », organisée à Cortone au printemps 2011, en collaboration avec le MAEC (commissaires Françoise Gaultier, Laurent Haumesser, Paolo Bruschetti et Paolo Giulierini). D’autres redécouvertes importantes feront l’objet de publications spécifiques. The research conducted on works in the Etruscan collection that originated from sites established along the Arno and Tiber Rivers, aimed to identify the archaeological context of the works and their history after their discovery. Restoration work and archive studies have enabled researchers to identify the origin of several pieces in the collection, and to gain a better understanding of nineteenth-century Italian restoration practices and the ways in which the great collections were compiled at that time. The first results of the research are presented in the catalogue for the exhibition Gli Etruschi dall’Arno al Tevere. Le collezioni del Louvre a Cortona (The Louvre’s Collection in Cortona. The Etruscans from the Arno to the Tiber), which was held in Cortona in spring 2011. Recherches sur la peinture romaine du Louvre : reconstitution de la villa de Fannius Synistor de Boscoreale Programme suivi par Daniel Roger et Delphine Burlot (Institut national d’histoire de l’art), en partenariat avec le Metropolitan Museum de New York et les musées de Mariemont et de Bruxelles De taille modeste (une centaine d’œuvres), mais de provenance prestigieuse, la collection de peintures romaines du Louvre a fait l’objet d’un catalogue ancien, publié en noir et blanc en 1974. Depuis, la collection a presque complètement quitté les salles du musée pour la mise en œuvre d’une politique de restauration fondamentale accompagnée d’analyses. La recherche actuelle s’interroge sur la question des faux, des repeints et des restaurations du xviiie siècle et vise à restituer des ensembles décoratifs dispersés entre plusieurs musées. Le catalogue raisonné de la collection après restauration est en préparation. En 2010, Daniel Roger a pu exposer certains résultats de cette recherche à l’occasion du cours organique « Archéologie et histoire de l’art du monde romain » qu’il a consacré à l’École du Louvre à « Boscoreale et la peinture campanienne » (octobre-décembre 2010), mais aussi lors d’une communication sur les panneaux du Louvre présentée au colloque « Les fresques romaines de Boscoreale : perspectives actuelles » organisé du 21 au 23 avril 2010 par le Musée royal de Mariemont et les Musées royaux d’art et d’histoire de Bruxelles. Daniel Roger has prepared a new catalogue raisonné of the Louvre’s collection of ancient Roman paintings, to replace the previous black-and-white Antiquités grecques, étrusques et romaines edition published in 1974. Current research is focusing on the subject of forgeries, retouched works, and eighteenth-century restorations. In 2010 Daniel Roger presented some results of this research at a seminar held from 21 to 23 April 2010, organised by the Musée Royal de Mariemont (Belgium) and the Musées Royaux d’Art et d’Histoire de Bruxelles. The presentation focused on Fresques romaines de Boscoreale: perspectives actuelles: “Les panneaux du Louvre” (Roman frescoes at Boscoreale—current perspectives: “The Louvre panels”). Recherches sur l’histoire de l’archéologie française en Tunisie : les collections lapidaires romaines du Bardo et du Louvre Programme suivi par Jean-Luc Martinez, Danièle Braunstein et Agnès Scherer, en partenariat avec le Musée national du Bardo (Taher Ghalia) et le Centre interrégional de conservation et de restauration du Patrimoine (CICRP) de Marseille (Vincent Mercurio) Fruit d’une convention signée en novembre 2009 entre l’Institut national du patrimoine de Tunis et le musée du Louvre pour accompagner la rénovation en cours du musée du Bardo, ce programme de recherche vise à établir le catalogue des collections de sculptures romaines provenant des sites antiques de l’ancienne Tunisie et conservées dans les deux institutions. En 2010, au cours de trois missions à Tunis, l’équipe du Louvre, avec le renfort d’un membre du CICRP de Marseille, a pu dresser un bilan sanitaire de la collection et faire des préconisations en matière de conservation préventive et de restauration. Un programme particulier a eu pour objet les collections du Bardo provenant des fouilles de la Carthage romaine. Dans le même temps, une base de données créée au Louvre a recensé par dépouillement de la bibliographie existante les contextes de découverte et permis un premier récolement de la collection du Bardo. In November 2009 the Institut National du Patrimoine de Tunis (National Heritage Institute, Tunis) and the Musée du Louvre signed an agreement to provide support for the Bardo Museum renovation project. The accord entailed inventorying the two institutions’ collections of Roman sculptures retrieved from the ancient sites of Tunisia. In 2010 the Louvre team’s three missions in Tunis entailed assessing the overall condition of the collections, evaluating preventive conservation measures, and creating a database that details the contexts of the finds, prior to locating and authenticating each item accordingly. Méditerranée orientale (Grèce-Turquie) Recherches sur les vases géométriques attiques du style du Dipylon Programme suivi par Anne Coulié Dicté par les impératifs de la conservation préventive, un programme de restauration de six vases du Louvre (A 517, A 516, A 519, A 552, A 522, A 527) impose de reprendre l’étude d’une riche collection, composée d’environ deux mille fragments, la plupart inédits. Un millier d’entre eux, dessalés en 2010, ont permis de reconstituer des ensembles appartenant à une quinzaine d’individus. Ainsi, le cratère A 522, œuvre du disciple le plus talentueux du Maître du Dipylon, a retrouvé son pied jointif. Ce vase, dont un fragment est conservé à Athènes, résume le triple objectif que nous assignons à l’étude dans le long terme : la redécouverte d’une collection exceptionnelle sur le plan patrimonial, la nécessité d’une nouvelle publication scientifique et la constitution, grâce au recours à l’image 3 D, d’un musée virtuel, seul capable de rassembler et comparer des vases disséminés dans toute l’Europe et particulièrement entre Athènes et Paris. Un article paru en 2010 présente une partie des résultats de cette recherche (Anne Coulié, « Deux vases monumentaux du Maître du Dipylon au musée du Louvre», Revue des musées de France. Revue du Louvre, 1, 2010, p. 22-30). Studies showed that six Louvre vases (nos. A 517, A 516, A 519, A 552, A 522, and A 527) were in urgent need of preventive restoration, which involved methodically sorting through a collection of around two thousand fragments, most of which had never previously been shown. The programme’s objectives are threefold: to publish a comprehensive dossier; to reappraise this extraordinary heritage of pottery; and to create a bank of 3D images for the world’s first virtual museum of the countless vases disseminated in museums throughout Europe. Recherches sur les vases orientalisants du style de la « chèvre sauvage » Programme suivi par Anne Coulié, en partenariat avec le C2RMF Cette enquête s’inscrit dans une actualité scientifique, renouvelée par les acquis récents de l’archéologie et de l’archéométrie. Étayée par des analyses effectuées au Centre de recherche et de restauration des musées de France (C2RMF), l’approche typologique et stylistique vise à distinguer les ateliers et les artisans qui contribuèrent aux viie et vie siècles avant J.-C. à la création et à la diffusion d’un style figuré spécifique à la Grèce de l’Est, connu sous le nom de style de la « chèvre sauvage ». La création d’un site de recherche commun hébergé au C2RMF est un bon moyen de mettre en valeur la collection des vases du Louvre, en offrant une couverture photographique complète en trois dimensions et en favorisant une recherche vivante et critique. Ce travail pourra être valorisé dans le cadre d’un colloque consacré à l’étude des archives des fouilles de Rhodes et à la question des ateliers, ainsi que d’une exposition programmée en 2014 au musée du Louvre et en 2015 à Athènes. The purpose of this study is to identify and highlight the workshops and craftsmen of the seventh and sixth centuries bc who contributed to creating and diffusing the figurative style in Eastern Greece called “Wild Goat”. The creation of a collaborative research site based at the C2RMF (Centre for Research and Restoration of the Museums of France) is an effective means of enhancing the Louvre’s collection, as it will contain 3D visual documentation accompanied by critical essays. This work will be showcased through a symposium and an exhibition, to be staged in Rhodes between 2013 and 2015. 47 Travaux de recherche Recherches sur la céramique orientalisante thasienne Programme suivi par Anne Coulié En vue de la publication dans la collection des « Études thasiennes » de l’École française d’Athènes des vases orientalisants de « style mélien », des campagnes de dessalement, d’étude et d’analyse du matériel ont été programmées en 2010 et 2011 à Thasos. Ces dernières ont fait l’objet d’une convention entre le Louvre, le Centre de recherche et de restauration des musées de France (C2RMF) et l’École française d’Athènes. Elles ont permis de distinguer les séries pariennes, importées de la métropole, et les productions locales majoritaires, dont les plus anciennes remontent plus tôt qu’on ne le pensait, au second quart du viie siècle, soit aux premiers temps de la colonie. Desalination campaigns, studies, and material analyses were scheduled for 2010 and 2011 in Thasos, ahead of a special issue of the École Française d’Athènes’ publication Études thasiennes dedicated to the orientalising vases in the “Melian style”. The analyses enabled researchers to distinguish the Parian series, imported from the metropolis, from the more extensive local productions, the most ancient of which date back to the second quarter of the seventh century bc, that is, to the beginning of the colony. Recherches sur les ateliers céramiques à Athènes au ive siècle avant J.-C. Programme suivi par Violaine Jeammet Après une communication présentant les premières hypothèses de travail lors du colloque international organisé à Rhodes en 2009 sur l’art de la coroplathie (actes à paraître), ce programme prévoit d’étudier conjointement deux domaines d’activité artisanale traditionnellement distincts qui forment deux importants ensembles dans les collections du Louvre : les vases dits « plastiques » (vases et figurines à la fois) d’une part, et les premières « tanagras » d’autre part, figurines d’un nouveau genre né au ive siècle à Athènes, issues sans doute des mêmes ateliers actifs sur l’agora d’Athènes. L’étude a donné lieu à une première synthèse présentée lors de deux séminaires (en 2009 à l’Université libre de Bruxelles et en 2010 dans le cadre de l’un des cinq cours sur l’art de la terre cuite lors du cours-bloc de l’université de Fribourg). Elle débouchera en 2011 sur un semestre de cours à l’École du Louvre, et à terme sur une publication plus exhaustive de la collection du Louvre. The project’s purpose is to bring together in the same study two fields of craftsmanship that were traditionally distinct, and which form two major ensembles in the Louvre collections: the “plastic”—or figurine—vases (which are both vases and figurines), and the first “Tanagra” statuettes, a new type of figurine that was introduced in the fourth century bc in Athens, and probably produced in the same workshops in the Athenian Agora. 48 Recherches sur l’histoire de l’archéologie française en Grèce du Nord Programme suivi par Sophie Descamps et Alexandra Kardianou Cette recherche porte sur l’histoire de l’archéologie française en Grèce du Nord, et notamment sur les fouilles effectuées par Léon Heuzey en Macédoine à partir de 1855, dont les résultats furent présentés à Paris au palais de l’Industrie en 1862, et sur l’histoire des fouilles de l’armée d’Orient durant la Première Guerre mondiale. L’exposition « Macédoine antique. Au royaume d’Alexandre le Grand » (octobre 2011 – janvier 2012), organisée dans le hall Napoléon du musée du Louvre, s’inscrit dans ce programme. En mars 2010, Sophie Descamps a présenté une partie des résultats de cette recherche à l’université de Nanterre (« Le Service archéologique de l’armée d’Orient et la Macédoine antique. Fouilles durant la Première Guerre mondiale dans la région de Thessalonique », dans le cadre du séminaire dirigé par Anne-Marie Guimier-Sorbets et Katerina Chryssanthaki-Nagle). Alexandra Kardianou met à profit le dépouillement des rapports des fouilles des années 1915 à 1923 conservés dans les archives du département pour recenser le matériel d’Éléonte de Thrace parvenu au Louvre dans ces circonstances. This research focuses on the history of French archaeology in Northern Greece, particularly on the excavations carried out by Léon Heuzey in Macedonia and those of the Armée d’Orient (French unit fighting in the Balkans) during World War I. During a seminar at the Université de Nanterre in March 2010, Sophie Descamps presented an overview of the work that facilitated the study of the archaeological context of objects from the region of Thessalonica. Based on a detailed study of the excavation reports from 1915–23 stored in the Department’s archives, Alexandra Kardianou compiled an inventory of all the material in the Louvre that came from Elaeus, Thrace. Recherches sur les productions des cités de Smyrne et de Myrina (Turquie) Programme suivi par Jean-Luc Martinez, Isabelle Hasselin, Ludovic Laugier et Néguine Mathieux, en partenariat avec le Musée archéologique d’Istanbul À la suite de l’exposition organisée dans le cadre de l’année de la Turquie en France (« D’Izmir à Smyrne. Découverte d’une cité antique », 11 octobre 2009 – 6 avril 2010, commissaires : Ludovic Laugier, Isabelle Hasselin et Jean-Luc Martinez), le département a poursuivi ses travaux sur le contexte archéologique des objets du Louvre provenant d’Asie Mineure. Jean-Luc Martinez a présenté en février 2010 à la Société française d’archéologie classique une synthèse intitulée « Le département des Antiquités grecques, étrusques et romaines du musée du Louvre et l’archéologie en Turquie » (à paraître dans la Revue archéologique). Portant son intérêt sur la région d’Izmir, le département a également été à l’origine du colloque « Rivages Antiquités grecques, étrusques et romaines et ports de la Turquie antique » (20-21 mai 2010, Institut français d’Izmir) organisé avec l’École pratique des hautes études (Stéphane Verger) et le centre culturel français d’Izmir (JeanLuc Maeso). Ce programme comporte également des études archéométriques des collections lapidaires et de terres cuites des cités de Myrina et de Smyrne (voir I. Hasselin et L. Laugier, « Smyrne et ses productions artistiques », Anatolia antiqua, XVIII, 2010). Ces travaux ont été présentés en octobre 2010 par Ludovic Laugier et Isabelle Hasselin à l’université de Bordeaux dans le cadre d’une journée d’étude consacrée aux « Programmes de recherches en histoire et en archéologie en Turquie ». Dans le cadre d’un partenariat avec le Musée archéologique d’Istanbul, Isabelle Hasselin prépare la publication des terres cuites smyrniotes d’Istanbul, dont elle a présenté les résultats en mai 2010 lors du symposium archéologique annuel et en octobre à l’invitation du Musée archéologique d’Istanbul. Poursuivant les recherches sur les fouilles menées à Myrina en 1881-1882 (voir H. Duchêne, N. Mathieux, La Lettre et l’argile. Autour d’une semaine de fouilles à Myrina, Dijon, Éditions universitaires de Dijon, 2007), Néguine Mathieux a fait paraître en 2010 une synthèse sur les tanagréennes trouvées dans le tombeau A de Myrina (dans Tanagras. Figurines for Life and Eternity. The Musée du Louvre’s Collection of Greek Figurines, catalogue de l’exposition, Valence [Espagne], Fondation Bancaja, 30 mars – 7 juillet 2010, Valence, 2010, p. 194-203) et une nouvelle étude sur les figurines d’acteurs ensevelies avec le défunt du dit tombeau C de Myrina (dans The Art of Ancient Greek Theater, catalogue de l’exposition, Los Angeles, The J. Paul Getty Museum, 26 août 2010 – 3 janvier 2011, Los Angeles, 2010, p. 144-148). Following the Louvre exhibition “D’Izmir à Smyrne. Découverte d’une cité antique” (From Izmir to Smyrna: The Discovery of an Ancient City), from 11 October 2009 to 6 April 2010, and the research carried out into the history of the Myrina excavations, the Department began a study project on the archaeological context of the Louvre’s objects from Asia Minor. In February 2010, J.-L. Martinez presented an overview of “the Department and archaeology in Turkey” to the Société Française d’Archéologie Classique. The Department focused on the region of Izmir, and organised a symposium on “the shores and ports of ancient Turkey” (20 to 21 May 2010, Institut Français d’Izmir), arranged in conjunction with the École Pratique des Hautes Études (S. Verger) and the Institut Français d’Izmir (J.-L. Maeso). The programme also includes archaeometric studies of the lapidary and ceramic collections from the cities of Myrina and Smyrna; in October 2010, the results of these studies were presented by L. Laugier and I. Hasselin at the Université de Bordeaux in the framework of a study day that focused on “history and archaeology research programmes in Turkey”. In the framework of a partnership with the Istanbul Archaeology Museum, I. Hasselin is preparing the publication devoted to Istanbul’s Smyrnan terracottas: she presented the results during the annual archaeological symposium in May 2010 and at the Istanbul Archaeology Museum in October. N. Mathieux continued research into the 1881–82 Myrina excavations, and in 2010 published an overview of the Tanagra figurines found in Tomb A at Myrina, and a new study of the figurines of actors buried with the dead in the so-called Tomb C. Recherches sur les mosaïques romaines de la cité d’Antioche sur l’Oronte (Turquie) Programme suivi par Cécile Giroire Dans la continuité du travail entrepris depuis 2006, et en raison de l’avancement du projet muséographique de l’Orient méditerranéen dans l’Empire romain (Omer), la recherche sur les mosaïques romaines porte sur l’ensemble des œuvres provenant d’Antioche. Deux axes de recherche ont été privilégiés : l’étude matérielle de cinq des huit mosaïques d’Antioche du Louvre, à l’occasion de leur restauration fondamentale effectuée par l’atelier de restauration de mosaïques de Saint-Romain-en-Gal (mosaïque du Phénix, Ma 3442 ; Personnification, Ma 3460 ; Perroquets enrubannés, Ma 3459 ; Oiseaux autour d’un vase, Ma 3461) et par celui du musée départemental Arles antique (Amazonomachie, Ma 3457 et Ma 3463). Afin de compléter la documentation sur ces œuvres et de préciser la connaissance de leur contexte archéologique, cette étude matérielle a été accompagnée d’une première mission de recherche sur les archives des fouilles d’Antioche (1934-1936) conservées à l’université de Princeton, visant à réunir tous les documents d’archives liés aux mosaïques du Louvre. Ces travaux ont été présentés à l’occasion d’une journée d’étude sur Antioche organisée à la fondation Dumbarton Oaks de Washington (15 avril 2010). Following the progress made in the museographic project relating to the Mediterranean East in the Roman Empire, the Roman mosaics project focused on the Antioch mosaics. Two research methods were adopted: this involved the material study of five of the Louvre’s eight Antioch mosaics during their complete restoration; and, to complete the documentation on these works and clearly identify their archaeological context, this material study was complemented by an initial research analysis of the Antioch excavation archives (1934–36) held at Princeton University, New Jersey. The findings from these studies were presented during an Antioch study day at the Dumbarton Oaks Foundation, Washington, D.C. 49 Travaux de recherche Arts de l’Islam L a céramique prédomine au sein des collections du département des Arts de l’Islam (DAI) : outre le grand nombre de pièces de forme et de carreaux de revêtement qui seront à nouveau offerts aux yeux du public dans les nouvelles salles du département, dès l’automne 2012, de très nombreux tessons, fantastique matériel d’étude pour le chercheur, sont conservés dans les réserves. Loin de sommeiller, ce matériel est l’objet de programmes de recherche thématiques consacrés tantôt à une technique, tantôt à une aire géographique sur une période donnée. L’association des méthodes relevant de l’histoire de l’art, de l’archéologie, de l’étude des textes et des analyses de laboratoire se révèle déterminante pour identifier les techniques utilisées par les artisans du monde islamique et tenter d’en retracer les évolutions. Grâce à ses compétences multiples, l’équipe du DAI est particulièrement qualifiée pour coordonner ces projets et mettre en perspective les résultats obtenus. S. Makariou A significant quota of the objects in the collections of the Department of Islamic Art (DIA) is taken up by ceramics: in addition to the many vessels and tiles that will go back on display in the department’s new exhibition galleries (autumn 2012), the Louvre’s storerooms contain a large number of potsherds—one of the researcher’s most informative materials. All this stored material is being systematically studied in distinct research programmes, each one devoted to a particular technique or geographical area and given period. By combining various disciplines—art history, archaeology, textual interpretation, and laboratory analysis—considerable progress has been made in identifying and charting the evolution of crafts techniques employed throughout the Islamic world. Owing to its multidisciplinary nature, the DIA team is particularly well equipped to coordinating these projects and putting the results into perspective. 50 Arts de l’Islam Les « routes du lustre » Projet suivi par Delphine Miroudot et Claire Déléry Depuis fin 2005, le DAI collabore avec le C2RMF (Centre de recherche et de restauration des musées de France) sur un projet consacré à la technique du lustre métallique, qui tient une place exceptionnelle dans l’histoire de la céramique. Cette technique novatrice consiste à peindre un décor sur un support glaçuré au moyen d’oxydes de cuivre et d’argent ; celui-ci a la propriété optique de présenter sous un certain angle des reflets métalliques d’une forte intensité lumineuse. Outre l’étude du procédé technique et de son évolution, les recherches visent à caractériser des centres de production Fragment de céramique glaçurée à décor de lustre métallique vu en lumière diffuse et à la réflexion spécuafin de tenter d’appréhender la transmislaire (lorsque l’angle d’observation est équivalent à l’angle d’incidence de la lumière), Iran, Suse, ixe siècle, sion technologique de la Mésopotamie département des Arts de l’Islam (MAOS 636) du ixe siècle à l’Espagne et à l’Iran du xviie siècle. Le matériel analysé provient tats confirment la virtuosité technique des artisans du monde des collections du DAI, du musée national du Moyen Âge, mais islamique. Ainsi a-t-on pu constater, pour les productions du aussi du musée national de Céramique de Sèvres. Pour répondre à la problématique de la diffusion technologique, les pièces anaixe siècle, la coexistence sur une même pièce de glaçures de comlysées doivent afficher une provenance sûre : c’est pourquoi une position différente (alcalines et alcalino-plombifères). partie du corpus du DAI et du musée national de Céramique D. Miroudot choisi est issue des fouilles françaises de Suse. Pour poursuivre A programme of research devoted to lustre technique on pottery is being ces investigations, le British Museum et le musée d’Art islacoordinated with the Department of Islamic Art (DIA). The programme’s aim mique de Berlin ont rejoint le projet en 2009, avec un ensemble is to gain a better understanding of the techniques involved and their de tessons provenant de Samarra (Irak), Fustat (Égypte), Siraf transmission from Mesopotamia in the ninth century to medieval Spain and (port médiéval du sud de l’Iran). Iran in the seventeenth century. Analyses are being conducted at the C2RMF Les premiers résultats ont été diffusés dans différents articles, (Centre for Research and Restoration of the Museums of France). The pieces dont ceux du catalogue de l’exposition « Reflets d’or », qui s’est under study originate from the collection in the Louvre, the Musée National du tenue au musée national du Moyen Âge en 2008. L’analyse des Moyen Age (National Museum of the Middle Ages), the Musée National de la données permettant de reconstituer les « routes du lustre » est en Céramique de Sèvres (Sèvres National Ceramics Museum), the British cours sous la direction d’Anne Bouquillon au C2RMF ; les résulMuseum, and the Museum of Islamic Art in Berlin. DORAI : Décors dORés dans les Arts de l’Islam Projet suivi par Delphine Miroudot et Claire Déléry Ce projet concerne l’étude des techniques de dorure sur céramique glaçurée et sur verre de l’Islam médiéval. Il s’agit de mettre en lumière des savoir-faire et des transferts de technologie concernant l’Iran, l’Asie centrale, l’Anatolie et la Syrie du xiie au xve siècle. Ce programme de recherche, financé depuis 2006 par l’Agence nationale pour la recherche (ANR), associe le CRP2A (Centre de recherche en physique appliquée à l’archéologie), le C2RMF, le DAI, ainsi que le Centre d’étude et de mise en forme des matériaux (Cemef) de l’École nationale supérieure des mines de Paris. Le programme s’est dans un premier temps appuyé sur les recherches menées dans le cadre d’une thèse. Il concernait l’histoire des techniques de décors à la feuille d’or sur des céramiques glaçurées d’Iran et d’Asie centrale médiévales. Le corpus étudié a été confié pour étude au CRP2A par le musée Amir-Timur du site de Shahr-e Sabz (Ouzbékistan) : il s’agit de carreaux de revêtement architectural datant de la fin du xive au début du xve siècle. À titre comparatif, le DAI a fourni un ensemble de tessons de céramique iranienne (fin xiie – début xiiie siècle) à décor doré. Cette étude a permis de mettre en évidence la chaîne opératoire nécessaire à l’élaboration de l’or dans les décors architecturaux de la fin du xive siècle et du début du xve. On a ainsi pu observer, contre toute attente, que l’or, appliqué sous forme de feuille, subissait une cuisson à haute température. Le programme s’est ensuite tourné vers l’étude d’une série de douze tessons de verre à décor émaillé et doré, provenant de Syrie et attribuables aux xiiie et xive siècles. Ils ont été étudiés au C2RMF dans le cadre d’un stage de l’École nationale supérieure des mines et dans le cadre d’un master (Bordeaux 3) au CRP2A. 51 Travaux de recherche Fragment de bord de plat à décor peint et doré sur glaçure colorée, Iran, dernier quart xiiie – début xive siècle, département des Arts de l’Islam (MAO 449/36 [extérieur et intérieur]) La dorure est ici obtenue à partir d’une feuille d’or qui, une fois broyée sous forme de paillettes, est utilisée comme « peinture », puis subit une cuisson. L’usage de la feuille d’or montre que céramistes et batteurs d’or travaillaient en étroite collaboration. Outre la publication d’articles, les derniers résultats d’analyse ont été discutés au cours d’une journée d’étude en avril 2010 et donneront lieu à une publication. D. Miroudot The DIA (Department of Islamic Art) is participating in a special research project on gilding techniques for medieval Islamic glazed ceramics and glassware. The project aims to chart the transmission of craft skills and techniques through Iran, Central Asia, Anatolia, and Syria during the twelfth and fifteenth centuries. Financed by the French National Research Agency, this research programme is being conducted by the CRP2A (French Centre for Research in Physics Applied to Archaeology – Bordeaux III), the C2RMF (Centre for Research and Restoration of the Museums of France), the DIA, and the École Nationale Supérieure des Mines (French engineering school) in Paris. Part of the corpus studied was given to the CRP2A by the Amir Timur Museum in Shahr-i Sabz (Uzbekistan), and the rest was supplied by the Louvre. La céramique d’« al-Andalus » Projet suivi par Claire Déléry 52 Deux programmes de recherche sont consacrés aux productions d’al-Andalus (la péninsule Ibérique – Espagne et Portugal – sous domination islamique). Le premier a été initié en 2008-2009 à partir de l’étude d’une jarre conservée au DAI (inv. MAO 429) ; il bénéficie du mécénat Fondation Furusiyya. L’étude se concentre sur l’ensemble des jarres connues identiques à celle du Louvre et a été élargie aux autres jarres moulées d’al-Andalus. Il s’agit d’éclaircir l’histoire de ces pièces et de tenter de préciser leurs lieu et date de production. On s’appuie sur des recherches en archives et sur des analyses effectuées au C2RMF sous la direction d’Anne Bouquillon. Le second s’inscrit dans le cadre des programmes de recherche de la Commission européenne. Intitulé REMAI (Réseau européen des musées d’art islamique), il a pour but une mise en commun des informations relatives aux objets conservés dans les grandes collections européennes. L’un des thèmes concrets choisis par les trois membres actuels du réseau – le Patronato de l’Alhambra de Grenade, le Victoria and Albert Museum de Londres, et le DAI – est l’étude de céramiques de l’époque nasride. On associe les études d’archives, les études typologiques et les analyses de laboratoire, qui seront conduites au C2RMF sous la direction d’Anne Bouquillon. Ce projet débuté en 2010 se poursuivra jusqu’en 2012. Une publication, un site Internet et un colloque sont prévus pour diffuser ou communiquer ces résultats. C. Déléry Two ongoing research programmes focus on the ceramic productions in Arabic Spain. Initiated in 2008/09, the first programme started with the study of a jar held in the DIA (inv. MAO 429), and is sponsored by the Furusiyya Foundation. The second, entitled REMAI (European Network of Islamic Art Museums), is a European Commission research programme, and includes a study of glazed ceramics from the Nasrid era. Both programmes involve the C2RMF (Centre for Research and Restoration of the Museums of France). Arts de l’Islam L’étude du matériel céramique des fouilles de Nishapour Études sur les collections du département Projet suivi par Rocco Rante et Annabelle Collinet Le DAI consacre aussi une part de son activité à l’archéologie, ce qui implique l’étude du matériel céramique. Dans le cadre des fouilles effectuées à Nishapour (Iran) en 2005-2007, il a sollicité l’expertise du C2RMF pour l’étude des pâtes et des glaçures afin de préciser les techniques de fabrication des pièces (composition des glaçures, nature des supports, conditions de cuisson) et de compléter l’étude macroscopique des grands groupes de céramiques. L’étude minéralogique et pétrographique des pâtes joue ici un rôle clé pour mener une réflexion sur la production locale et sur les dynamiques d’importation. La datation par thermoluminescence des céramiques est quant à elle intervenue, conjointement à l’archéomagnétisme, pour attribuer une date aux différents niveaux d’occupation de la zone fouillée. La publication de cette étude, éditée sous la direction de Rocco Rante et d’Annabelle Collinet, est en cours, en collaboration avec une équipe de sept personnes du C2RMF. L’équipe du DAI fouille également à Paykend (Ouzbékistan). Les résultats de la première campagne de fouille, menée en 2010, sont en cours d’exploitation. Dans le domaine de la céramique, l’activité est actuellement centrée sur l’étude stratigraphique du matériel ainsi que sur les différentes productions de céramique de la ville. A. Collinet En liaison avec la réouverture du département sont programmées de nouvelles publications : – un ouvrage général : Les Arts de l’Islam au Louvre, sous la direction de S. Makariou, avec A. Collinet, C. Déléry, G. Fellinger, C. Juvin, A. Leclerc, C. Maury, D. Miroudot, R. Rante et A. C. Mathews ; – quatre monographies : Le Baptistère de Saint-Louis, par S. Makariou ; La Pyxide d’al-Mughira, par S. Makariou ; Les Relevés des mosaïques de Damas, par L. Simonis ; Le Porche mamlouk, par A. Mathews ; – une publication liée aux fouilles archéologiques : Monographie sur la céramique de Nishapour, par R. Rante et A. Collinet. The following new publications will be issued to coincide with the reopening of the Department: - General: Les Arts de l’Islam au Louvre (Islamic Art in the Louvre), curated by S. Makariou, with contributions from A. Collinet, C. Déléry, G. Fellinger, C. Juvin, A. Leclerc, C. Maury, D. Miroudot, R. Rante, and A. Mathews. - Four monographs: Le Baptistère de Saint-Louis (The ‘Baptistère’ of SaintLouis), by S. Makariou; La Pyxide d’al-Mughira (The Pyxis of al-Mughira), by S. Makariou; Les Relevés des mosaïques de Damas (Copies of the Mosaics of Damascus), by L. Simonis; and Le Porche mamlouk (The Mamluk Portico), by A. Mathews - Specific to the excavations: Monographie sur la céramique de Nishapour (A Monograph on the Ceramics of Nishapur), by R. Rante and A. Collinet. The DIA’s archaeological activities in Nishapur (Iran) and Paykend (Uzbekistan) involve a considerable amount of work on ceramic wares, and require the technical expertise of the C2RMF (Centre for Research and Restoration of the Museums of France) for identifying the techniques date, and place of fabrication of the material discovered on site. 53 Travaux de recherche Sculptures P lusieurs axes de recherche déterminent les travaux du service : en premier lieu la constitution de corpus scientifiques consacrés à des foyers régionaux ou à des sculpteurs ainsi que leur étude ; ensuite la compréhension de la technique des sculpteurs, des matériaux utilisés et de leur mise en forme ; enfin l’histoire des collections de sculptures. Après avoir étudié des régions françaises (Champagne au xvie siècle, Maine au xviie siècle) ou étrangères (retables brabançons) et participé à des expositions monographiques de sculpteurs, principalement du xviiie et du xixe siècle (Sarazin, Puget, Clodion, Pajou, Boizot, Triqueti, Pradier, Barye), les membres du département ont présenté en 2010 de nouvelles expositions monographiques (Houdon, Messerschmidt). Ils se consacrent actuellement à la sculpture florentine du Quattrocento (exposition prévue au Louvre en 2012), au corpus des sculptures souabes des musées de France, à une étude transversale sur Edme Bouchardon et collaborent aux expositions sur Bartolini et sur Rude. L’étude des matériaux s’inscrit dans le cadre d’une collaboration étroite avec le Centre de recherche et de restauration des musées de France (C2RMF) et porte principalement sur la terre cuite italienne, les traces d’outils sur le marbre et le bronze français. Le catalogue et l’identification des photographies du fonds de l’antiquaire Demotte, surtout composé de sculptures médiévales, ainsi que le catalogue des sculptures du musée des Monuments français, désormais entrepris avec l’Institut national d’histoire de l’art (INHA), ouvrent de nouvelles perspectives sur l’histoire des collections de sculpture. G. Bresc-Bautier The Department’s programme of ongoing research is directed towards: - creating expert advisory teams focused on regional Schools or specific sculptors; - understanding techniques and materials used; - confirming the background of each piece in the Louvre’s various sculpture collections. After conducting a study of certain French regions (Champagne in the sixteenth century, and Maine in the seventeenth), and regions abroad (Brabantine retables), and participating in monographic exhibitions of sculptors, mainly from the eighteenth and nineteenth centuries (Sarazin, Puget, Clodion, Pajou, Boizot, Triqueti, Pradier, and Barye), the Department prepared and staged two new monographic exhibitions in 2010 (Houdon, and Messerschmidt). Currently the Department is investigating fifteenth-century Florentine sculpture (exhibition scheduled at the Louvre for 2012), and the corpus of Swabian sculptures in various museums across France, and is collaborating on forthcoming exhibitions devoted to Bartolini and Rude; also scheduled is a comparative study of Edmé Bouchardon’s sculptures and drawings. The study of the materials is being conducted in close collaboration with the C2RMF (Centre for Research and Restoration of the Museums of France) and mainly focuses on Italian terracotta, and tool-marks on marble work, and French bronzework. The cataloguing and identification of works in the photographs of the Demotte collection (composed largely of medieval sculptures), and of the sculptures in the Musée des Monuments Français (to be compiled in tandem with the INHA, French National Institute of Art History), has opened new avenues for the study of the Louvre’s extensive sculpture collections. 54 Sculptures Sculptures souabes gothiques tardives (vers 1450 – 1530) des musées de France : programme de recherche et projet de catalogue Projet suivi par Sophie Guillot de Suduiraut La richesse et la diversité des collections des musées français permettent de rendre compte de l’importance de la sculpture médiévale allemande, art majeur à la fin du Moyen Âge sur les terres de l’Empire germanique. Le programme de recherche consacré aux sculptures souabes et la publication du catalogue de ces œuvres constituent la première étape d’un projet général, destiné à mettre en valeur les sculptures médiévales allemandes des musées de France. Parmi les centaines de sculptures allemandes que conservent environ quarante musées, beaucoup demeurent en effet méconnues ou insuffisamment étudiées. Le programme s’inscrit dans le cadre du réseau « Sculptures médiévales des musées de France ». Créé en 2003, ce réseau réunit les conservateurs des musées de France responsables de collections de sculptures médiévales. Son but principal est de faciliter les échanges scientifiques entre les musées, et de promouvoir la recherche et la publication de catalogues de collections. Le choix du domaine de recherche se fonde sur la place prépondérante que tient la Souabe dans la sculpture allemande de la fin du Moyen Âge. La Sainte Marie Madeleine de Gregor Erhart, dite autrefois « La Belle Allemande » (musée du Louvre), est la figure emblématique de cet art souabe tout en douceur paisible, en grâce et en délicatesse. La Souabe, dans le sud de l’Allemagne, connaît au xve et au début du xvie siècle une très abondante production sculptée, à Ulm et à Augsbourg, les principaux centres artistiques, mais aussi dans de petites cités très actives comme Biberach, Kaufbeuren ou Memmingen. Les églises et les musées allemands conservent de nombreux témoins de cette production. En France également, la sculpture souabe est largement présente dans les collections des musées. Riches en œuvres de qualité, les musées français comptent environ quatre-vingts sculptures souabes pour la période allant de 1450 à 1530, dont quatorze au musée du Louvre. Ce sont des sculptures religieuses en bois de tilleul polychromé (ou autrefois polychromées et aujourd’hui décapées), pour la plupart venant de retables d’autel démembrés ; les figures occupaient la caisse du retable, tandis que les reliefs étaient appliqués sur les volets. Quelques statues de fonction cultuelle ou dévotionnelle, utilisées lors de cérémonies et de processions, comme le Christ de l’Ascension et le Christ des Rameaux du musée du Louvre, sont des exemples plus rares. Les principaux sculpteurs souabes sont représentés dans les musées français, tels Hans Multscher, Gregor Erhart, Niklaus Weckmann, Daniel Mauch ou Jörg Lederer, mais bien évidemment la plupart des œuvres restent anonymes. Le recensement des sculptures souabes s’appuie sur l’enquête menée lors de l’exposition de 1991-1992 au musée du Louvre (Sophie Guillot de Suduiraut, « Sculptures allemandes de la fin du Moyen Âge dans les collections publiques françaises ») et a été poursuivi à partir de 2006, avec l’aide du réseau des sculptures médiévales des musées de France. Des missions ont été conduites dans plusieurs musées, assorties de nouvelles découvertes comme le Martyre de saint Thomas (Beauvais, musée départemental) et, en 2010, un Saint Nicolas (Chaumont, musée). Gregor Erhart, Sainte Marie Madeleine, vers 1515-1520, tilleul, polychromie originale, département des Sculptures (R.F. 1338) Une base de données a été créée en 2007 avec l’aide de Christine Vivet-Péclet, chargée d’études documentaires au département des Sculptures, et de deux stagiaires bénévoles. En 2010, onze sculptures des musées de Cluny et du Petit Palais à Paris ont fait l’objet d’un master 2 à l’École du Louvre par Chloé Ariot. L’analyse technique des œuvres, indispensable à leur connaissance approfondie, a lieu dans le cadre d’un programme du C2RMF destiné à identifier le bois, étudier la structure des sculptures et analyser les polychromies. Les élèves restaurateurs de l’Institut national du patrimoine et de l’école supérieure des Beaux-Arts de Tours sont associés aux travaux et chargés de restaurer trois œuvres, le Martyre de saint Thomas (Beauvais, musée départemental), Sainte Barbe (Albi, musée 55 Travaux de recherche Toulouse-Lautrec) et le Christ des Rameaux (Strasbourg, musée de l’Œuvre-Notre-Dame). L’analyse stylistique reste la base des travaux de recherche. De nombreuses sculptures sont quasiment inédites, mal datées, sans origine ni attribution précises. Les investigations se poursuivent en relation avec des collègues allemands ou français avec lesquels se nouent de fructueux échanges scientifiques, en particulier les conservateurs de Colmar et de Strasbourg Pantxika Béguerie-De Paepe et Cécile Dupeux. Les recherches ont beaucoup avancé en 2010. La publication du catalogue raisonné est prévue pour 2014, en relation avec une journée d’étude qui reste à préciser. S. Guillot de Suduiraut Le Christ des Rameaux, pays germaniques, Souabe, bois (tilleul et épicéa), restes de polychromie originale, département des Sculptures (R.F. 2008.01) The wealth and diversity of German specimens in the various museum collections in France attests to the signal importance of sculpture as an art form in the German Empire at the end of the Middle Ages. The programme of research on Swabian sculptures and the publication of the catalogue of these works are the first stages in a general project designed to highlight German medieval sculptures held in French museums. The programme is being implemented in the framework of the “Sculptures médiévales des musées de France” network, which was created in 2003 to facilitate the exchange of technical data between museum curators, and promote research and the publication of catalogues of collections of sculpture from the Middle Ages. Swabia was chosen because of the important role the area played in the development of German sculpture at the end of the Middle Ages. Currently there are around eighty Swabian sculptures held in different museum across France. The in-depth study of these works includes laboratory analysis at the C2RMF (Centre for Research and Restoration of the Museums of France), along with studies of each piece’s history, iconography, and style. A comprehensive catalogue is scheduled for 2014, in conjunction with a dedicated Study Day, yet to be arranged.. Études des terres cuites et des méthodes de taille des sculptures italiennes de la Renaissance Projet suivi par Marc Bormand 56 Depuis près de quinze ans, le département des Sculptures du Louvre et le C2RMF mènent une vaste campagne d’études et d’analyses sur les terres cuites émaillées des Della Robbia et des Buglioni, ainsi que sur les terres cuites polychromées italiennes de la Renaissance. Cette enquête explore notamment les très riches collections du Louvre et de nombreuses collections publiques françaises (Paris, musée des Arts décoratifs, musée Jacquemart-André ; Sèvres, musée national de Céramique ; Amiens, musée de Picardie ; Écouen, musée national de la Renaissance ; Nîmes, musée des Beaux-Arts ; Rouen, musée des Antiquités de Seine-Maritime et musée des BeauxArts ; Saint-Omer, musée de l’Hôtel-Sandelin…) ou étrangères (Florence, musée national du Bargello). Elle doit s’étendre prochainement à d’autres œuvres conservées à Lyon, au musée des Beaux-Arts, et à Strasbourg, au musée des Beaux-Arts. Les objectifs de ces recherches sont multiples : – faire la part des œuvres authentiques et de celles plus tardives dans des ensembles parfois mal ordonnés ; – caractériser les techniques et les savoir-faire, leur évolution dans le temps, à travers l’étude fine des divers constituants de l’œuvre : pâtes, glaçures, polychromies et dorures ; – identifier les centres de création, regrouper l’ensemble des œuvres attribuables à chaque artiste (par exemple, le Maître de David et de Saint Jean) et suivre les étapes de la carrière d’artistes hors Toscane (Émilie, Lombardie, etc.) et hors Italie, particulièrement en France pour les Della Robbia ; ces recherches devraient par ailleurs s’étendre à des œuvres provenant de Lombardie ou d’émilie. Le plus souvent possible, les protocoles d’étude ont fait appel aux regards croisés des conservateurs, des restaurateurs et des physiciens et chimistes des matériaux à la fois en France et en Italie, ce qui a permis dans un premier temps d’établir une collaboration étroite entre spécialistes français et italiens. Les méthodes d’analyses, micro- ou totalement non destructives, ont mobilisé, selon la nature des matériaux étudiés, plusieurs techniques : en premier lieu les analyses par faisceaux d’ions (PIXE et PIGE) mises en œuvre sur les accélérateurs de particules du C2RMF et de l’INFN (Istituto Nazionale di Fisica Nucleare) de Florence, la microscopie électronique à balayage (MEB), l’ICP-AES-ICP-MS en collaboration avec le Centre de recherche pétrographique et géochimique de Nancy, et également les techniques de datation, thermoluminescence (TL) Sculptures et luminescence stimulée optiquement (OSL) du C2RMF, radiographie et tomographie. Les résultats, portant sur près de cent œuvres, éclairent le haut niveau de technicité atteint par les artistes florentins de la Renaissance, le parfait accord entre les buts recherchés, les moyens et les matériaux mis en œuvre, notamment chez les Della Robbia. Le rapprochement des résultats donnés par la TL, l’OSL et l’analyse des matériaux a permis également de réévaluer un certain nombre de pièces auparavant dépréciées (par exemple TH38, œuvres du Petit Palais) et parfois d’affiner les datations de certaines autres, avant et après 1520. Parallèlement, un important travail de restauration sur les collections, portant sur plusieurs dizaines d’œuvres depuis une vingtaine d’années et appuyé par l’expérience accumulée précédemment, a permis d’améliorer la connaissance des techniques de fabrication, pour les œuvres tant émaillées que polychromes. Récemment, ce travail a conforté la place majeure de la Madone Piot de Donatello du Louvre par rapport à ses différentes répliques ; il a aussi aidé à reconnaître les éléments du « puzzle » composite en Donatello, La Vierge adorant l’Enfant, dite Madone Piot, terre cuite, dorure, incrustations, département des cent quatre-vingts pièces du retable de Sculptures (R.F. 3967) l’Ascension d’Andrea della Robbia, préalable indispensable à la mise en chantier du Louvre et au C2RMF les 26 et 27 octobre 2011, rapprochant de sa restauration. les recherches menées par des historiens de l’art, celles des resCes études ont bénéficié de collaborations scientifiques avec taurateurs et celles des chimistes et physiciens. de nombreux musées italiens, en premier lieu le musée national du Bargello à Florence. Mais également avec l’Opificio M. Bormand delle Pietre Dure à Florence (centre national de restauration et Over the last 15 years, the Department of Sculpture and the C2RMF d’analyses), le Victoria and Albert Museum à Londres, le Bode (Centre for Research and Restoration of the Museums of France) have Museum à Berlin, la National Gallery of Art de Washington undertaken an extensive programme of study and analysis of Della Robbia et des laboratoires et des universités françaises et étrangères. and Buglioni glazed terracotta works, and Italian Renaissance polychrome Dans ce cadre, une collaboration est en cours avec le Victoria pottery. The programme covers the Louvre’s own ample collection and the and Albert Museum sur deux masques funéraires appartenant many public collections in France and abroad, and has involved researchers à l’une et l’autre des collections. from numerous museums, laboratories, and national and international Les retombées sont multiples : universities. Among the fruits of the programme is a comprehensive – base unique de plusieurs milliers de données mise à dispodatabase accessible to researchers, along with many new published articles, sition des chercheurs ; various exhibitions of Della Robbia glazed terracotta, and dedicated Study Days and symposiums. – nombreuses publications dans des revues à rayonnement international ; participation à des colloques ; – exposition « Les Della Robbia » (Nice, musée national Message biblique Marc Chagall, et Sèvres, musée national de Céramique, 2001-2002) ou collaborations à des expositions (« I Della Robbia. Il dialogo tra le Arti nel Rinascimento », Arezzo, Museo Statale, 2009 ; « Gian Francesco Rustici », Florence, musée national du Bargello, 2010) ; – journées d’étude sur les matériaux (terres cuites émaillées) des Della Robbia, Paris, C2RMF, en collaboration avec le musée du Louvre et l’INFN de Gênes, 2009 (actes sous presse). Des journées d’étude plus spécialement consacrées aux terre cuites polychromées de la Renaissance sont programmées au musée 57 Travaux de recherche Recherches autour du Maître de Naumbourg Projet suivi par Pierre-Yves Le Pogam La participation du musée du Louvre à l’exposition qui doit se tenir à Naumbourg en juin 2011 sur le Maître de Naumbourg a non seulement conduit à approfondir la thématique traditionnelle des liens entre la sculpture gothique française et allemande dans la première moitié du xiiie siècle (des liens symbolisés par la confrontation sur l’affiche de deux chefs-d’œuvre, le roi Childebert du Louvre et la reine Uta de Naumbourg), mais également permis de revenir sur de nombreuses problématiques concernant la sculpture française à cette époque. Ainsi, la question toujours ouverte de l’influence éventuelle de la cathédrale de Reims sur divers grands chantiers allemands (Bamberg, Mayence, Naumbourg, etc.) a fait reconsidérer la chronologie du monument français, notamment pour ses parties orientales, qui sont les plus susceptibles d’avoir précédé les cathédrales germaniques en cause. De même, les programmes figurés de la Sainte-Chapelle parisienne et du chœur occidental de Naumbourg présentent des parallèles frappants ; mais notre recherche tend à montrer qu’il s’agit plutôt là d’une coïncidence ; le cycle français présente en effet une intention qui n’a jamais été bien comprise. Enfin, si les jubés français du xiiie siècle ont été victimes de destructions bien plus radicales que celles qui ont affecté leurs homologues allemands, leur précocité et l’importance de leur décor sculpté obligent à s’interroger sur leur éventuel rôle de modèle et amènent en tout cas à en esquisser un tableau global qui fait encore défaut. P.-Y. Le Pogam The Musée du Louvre’s participation in the “Le maître de Naumbourg” exhibition scheduled on june 2011 in Naumburg, involved a more detailed exploration the links between French and German Gothic sculpture, epitomised by the comparison of two masterpieces: the statue of King Childebert I in the Louvre, and the statue of Queen Uta in Naumburg, which has facilitated a re-appraisal of many questions regarding French sculpture during this period (work relating to Reims Cathedral and the Sainte-Chapelle in Paris, and the importance of carved rood screens). Recherches sur les sculptures florentines du Quattrocento Projet suivi par Marc Bormand 58 Alors que les sculptures florentines du Quattrocento constituent l’un des ensembles les plus importants de la collection italienne du département des Sculptures, leur mise en perspective sous une forme plus large dans le cadre d’une exposition d’envergure n’avait jusqu’à présent jamais été envisagée à Paris. Les recherches en cours, en collaboration étroite avec le musée national du Bargello à Florence, institution de référence sur le sujet, ont pour objectif d’analyser les thématiques majeures qui déterminent la place de la sculpture florentine dans l’éclosion et les premiers développements de la première Renaissance. Plusieurs thématiques sont actuellement au centre de ces recherches : la place des artistes précurseurs de la Renaissance, la mise en valeur d’une vision de l’Antiquité romaine à la fois civile et chrétienne, le rôle de certains sujets comme les spiritelli, les modalités de développement de la perspective, le rôle de nouveaux matériaux comme la terre cuite polychromée et la terre cuite émaillée dans la diffusion de la beauté, la relation avec les autres arts. L’ensemble de cette recherche doit déboucher sur la présentation d’une exposition à Florence et à Paris en 2013. M. Bormand Conducted in collaboration with the Museo Nazionale del Bargello in Florence, this study aims to analyse the major themes that determine the role of Florentine sculpture in the blossoming of the arts and the initial developments of the early Renaissance, such as the role of artists who were precursors of the Renaissance; the various phases in the development of perspective; the role of new media and techniques such as polychrome and glazed terracotta; and sculpture’s relationship with the other arts. This research programme will culminate in an exhibition in Florence and Paris in 2013. Autour des techniques des bronzes français Projet suivi par Geneviève Bresc-Bautier À la suite de l’exposition consacrée aux bronzes français au Louvre, à New York et à Los Angeles (2008-2009), un programme d’analyse de ces sculptures (alliage, noyau, patine, observation interne, radiographie) a été poursuivi avec le C2RMF (David Bourgarit, Thierry Borel), le J. Paul Getty Museum (Jane Bassett) et l’université de Harvard (Francesca Bewer), et avec la collaboration d’Antoine Amarger et Jean-Marie Welter. Il s’agit de définir les techniques de mise en œuvre, leurs variations et les éventuelles influences ou spécificités en fonction des époques, des lieux ou des ateliers. Ce programme devrait aboutir à une journée d’étude en 2012 (Louvre, C2RMF). L’accent a été plus particulièrement mis sur les œuvres de la Renaissance (Pilon, Prieur) et sur certains sculpteurs-fondeurs du xviie siècle (Bordoni, Keller). Les bronzes des départements des Sculptures et des Objets d’art ont, pour la plupart, été étudiés. La recherche se poursuit grâce à la comparaison avec des analyses effectuées aux États-Unis, en Angleterre et dans divers musées de France. G. Bresc-Bautier Following the exhibition of French bronzes at the Louvre, New York, and Los Angeles (2008/09), a detailed analysis of these sculptures (alloys, cores, patinas, endoscopic examination, and radiography) was carried out with the C2RMF (Centre for Research and Restoration of the Museums of France; David Bourgarit and Thierry Borel), the J. Paul Getty Museum (Jane Bassett), and Harvard University (Francesca Bewer), in collaboration with Antoine Amarger and Jean-Marie Welter. The programme aims to identify the techniques used to make the bronzes, variations in these techniques, and the possible influences and characteristics depending on the period, place of fabrication, and the workshop. Sculptures Recherches sur Jean Antoine Houdon et ses contemporains ment de travail scientifique. L’INHA prévoit l’organisation d’un conseil scientifique, de journées d’étude et d’un colloque. G. Bresc-Bautier Projet suivi par Guilhem Scherf Dans le cadre d’une exposition organisée par le Liebieghaus de Francfort et le musée Fabre de Montpellier (« Houdon. La sculpture sensible »), dont le commissariat et la rédaction du catalogue étaient assurés par Maraike Bückling et Guilhem Scherf, ce dernier a effectué des recherches sur les matériaux utilisés par Houdon et ses contemporains Lemoyne, Pigalle, Caffieri et Pajou. Ont été analysées les différences stylistiques et les modes opératoires de ces sculpteurs lorsqu’ils sont confrontés à des matériaux différents (terre cuite, plâtre, marbre, bronze). Les récentes investigations menées par le J. Paul Getty Museum à Los Angeles sur les bronzes de Houdon, et par le Museum of Art de Philadelphie sur les bustes de Franklin par le même artiste, ont abouti à des conclusions spectaculaires, publiées ou en cours de publication. Elles mettent en évidence le processus d’élaboration d’une sculpture dans un matériau donné. Ces études, pour le moment consacrées à Houdon, devraient être élargies à d’autres sculpteurs actifs durant la seconde moitié du xviiie siècle – l’exposition de Francfort a montré les enjeux de telles recherches –, selon une approche aussi bien scientifique que sensible, en collaboration avec le C2RMF et d’autres institutions à l’étranger. G. Scherf In the framework of an exhibition organised by the Liebieghaus Museum in Frankfurt and the Musée Fabre in Montpellier (entitled “Houdon, La sculpture sensible”)—Maraike Bückling and Guilhem Scherf curated the exhibition and compiled the catalogue, research were conducted on the materials used by Houdon and his contemporaries Lemoyne, Pigalle, Caffieri, and Pajou. Scherf analysed the stylistic differences and techniques of these sculptors who used a variety of materials (terracotta, plaster, marble, and bronze). Catalogue des œuvres du musée des Monuments français d’Alexandre Lenoir (1795-1816) Projet suivi par Geneviève Bresc-Bautier L’Institut national d’histoire de l’art (INHA) et le département des Sculptures mènent un programme scientifique consacré à Alexandre Lenoir et au musée des Monuments français, institution révolutionnaire de premier plan, à l’origine de l’idée de patrimoine. Le programme est dirigé par Béatrice de ChancelBardelot, pensionnaire à l’INHA, en collaboration avec le département des Sculptures (Geneviève Bresc, Angèle Dequier, Pierre-Yves Le Pogam). Le département des Sculptures a, depuis plusieurs années, commencé une base de données recensant l’ensemble des œuvres. Leur origine, leur présentation au musée des Monuments français – où elles sont souvent remontées dans des monuments composites –, leur dispersion et leur localisation actuelle sont ainsi collectées. S’y ajoutent la bibliographie et la référence aux catalogues édités par Lenoir. Dans l’avenir, la numérisation de ces catalogues et de nombreuses reproductions (tableaux, dessins, gravures) permettra de disposer d’un instru- The INHA (French National Institute of Art History) and the Department of Sculpture are carrying out a scientific programme devoted to Alexandre Lenoir and the Musée des Monuments Français. The programme is directed by Béatrice de Chancel-Bardelot, a pensionnaire at the INHA, in collaboration with the Department of Sculpture (Geneviève Bresc, Angèle Dequier, and Pierre-Yves Le Pogam). The Department has set up a database of all the works, which contains information about their origin, their presentation in the Musée des Monuments Français, their dispersal and current location, together with a bibliography and reference to the catalogues published by Lenoir. Le fonds photographique des antiquaires Georges-Joseph et Lucien Demotte Projet suivi par Christine Vivet-Péclet et Pierre-Yves Le Pogam Le fonds des plaques de verre des antiquaires Georges-Joseph et Lucien Demotte est entré au département des Sculptures dans les années 1980. Il est constitué d’environ deux mille cinq cents plaques de verre qui reproduisent les œuvres mises en vente dans leurs deux galeries de Paris et de New York dans le premier quart du xxe siècle. Les œuvres vendues par ces antiquaires sont essentiellement des sculptures et en majorité des œuvres médiévales. Dès son arrivée, le fonds a été réinventorié et les plaques ne concernant pas le domaine de la sculpture ont été redistribuées aux départements concernés. Puis il a été procédé aux tirages sur papier des plaques (deux mille photos). L’opération s’est ensuite arrêtée. En 2009, il a été décidé de reprendre le traitement de ce fonds, mais cette fois en créant une base de données qui permette d’indexer, d’identifier et de localiser les œuvres. Mille photos ont ainsi pu être traitées. Dans le même temps, le Metropolitan Museum de New York s’est livré à une opération de reconnaissance rapide des œuvres, car il possède également un jeu de tirages photographiques de ce fonds. L’opération actuellement menée au département des Sculptures consiste à la fois à identifier précisément les œuvres et à les mettre en relation avec la base de New York. En 2010, il a été procédé à l’identification et à la localisation du reste du fonds, soit un total de deux mille cinq cents plaques de verre. L’objectif à terme est de créer une base de données en ligne qui pourrait être enrichie par l’apport de différents musées et institutions possédant des œuvres issues de ces antiquaires qui ont beaucoup vendu à travers le monde et en particulier aux États-Unis. Ch. Vivet-Péclet In the 1980s the Department of Sculpture’s iconographic collection was augmented with around 2,500 glass-plate negatives documenting works (mainly medieval sculptures) sold by the art dealers Georges-Joseph and Lucien Demotte at the beginning of the twentieth century. In 2009–10 the Department created a database, which lists, identifies, and locates the works; in parallel, the Metropolitan Museum of Art in New York compiled a similar archive of its own photographic images of this collection, for the purpose of providing an online database that can be further updated with information from other museums and institutions that acquired works from these two art dealers in Paris and New York. 59 Travaux de recherche Objets d’art L es projets de recherche engagés au département des Objets d’art suivent plusieurs axes. Dans le domaine de l’art médiéval, le rôle fédérateur du département au sein d’un réseau international apparaît clairement avec la poursuite du catalogue de l’œuvre de Limoges, dont le second corpus d’émaux méridionaux vient de paraître. Un autre aspect de ce rayonnement international consiste en une collaboration étroite avec le Courtauld Institute of Art en vue de la mise en ligne d’une base de données recensant tous les ivoires gothiques connus. L’exposition d’une ampleur exceptionnelle consacrée à la « Sainte Russie » a ouvert un champ de recherche sans précédent, partagé avec de nombreuses institutions des régions anciennes de ce grand pays. Le département s’affirme aussi dans des domaines moins explorés, en liaison étroite avec d’autres musées européens, grâce à la publication de deux nouveaux catalogues raisonnés : celui des ivoires de la Renaissance et des temps modernes révèle un fonds ancien méconnu, dû principalement à la curiosité des amateurs du xixe siècle, tandis que celui de l’orfèvrerie du xixe siècle met l’accent sur une collection récente, fruit d’une politique d’acquisition volontariste orientée vers les plus belles créations de l’argenterie parisienne. Parallèlement, des campagnes d’analyses scientifiques sont menées en collaboration avec le C2RMF (Centre de recherche et de restauration des musées de France) et des partenaires étrangers, afin de contribuer à une meilleure connaissance des techniques utilisées et des pratiques d’atelier, telles que celles des verres à la façon de Venise ou des céramiques à la manière de Palissy. Un programme de recherche concernant le mobilier Boulle, mis en place également avec le C2RMF et divers spécialistes extérieurs, s’inscrit dans le cadre du vaste chantier des collections lancé en vue de la rénovation complète des salles du mobilier du xviiie siècle. Ce chantier ambitieux offre plus globalement l’occasion de réfléchir à une nouvelle muséographie, dans une volonté de transversalité partagée avec plusieurs départements du musée – intégrant des peintures, sculptures, arts graphiques et antiquités romaines – afin de faire mieux comprendre cet art de vivre du siècle des Lumières. M. Bascou 60 Objets d’art The activities of the Department of Decorative Arts cover several distinct areas of research. In the field of medieval goldsmithing, for instance, the Department plays a federative role in the coordination of an international network aimed at creating a comprehensive catalogue of the Champlevé Limoges enamels, the second corpus of which has recently been published (July 2011). In parallel the Department is working in close collaboration with the Courtauld Institute in London to create an online database listing all the known Gothic ivories. Meanwhile the major exhibition “Sainte Russie” (Holy Russia) opened up unprecedented opportunities for shared research with many institutions in this great country’s former regions. The Department is also establishing itself in less explored areas, in close collaboration with other European museums, through the publication of two new catalogues raisonnés: the catalogue of Renaissance and Modern ivories reveals a little-known collection that was built up by nineteenthcentury connoisseurs; whereas the catalogue of nineteenth-century silverwork focuses on a recent collection built up through an active acquisitions policy oriented toward the most beautiful pieces produced by Parisian silversmith. At the same time, the Department has conducted scientific analysis in collaboration with the C2RMF (Centre for Research and Restoration of the Museums of France) and partners abroad, in order to help improve knowledge of the techniques used and the practices of the workshops, such as those relating to glass vessels produced “in the Venetian manner” and ceramics made “in the manner of Palissy”. A programme of research on Boulle furniture has also been initiated with the C2RMF and external specialists, as part of a vast project to study the Louvre’s collections, with a view to the complete renovation of the Museum’s eighteenth-century furniture rooms. More generally, this ambitious project provides further input for the ongoing elaboration of a new concept of museographical installation, by which there will be direct cross-referencing between certain Departments (e.g., paintings, sculptures, drawings, prints, and Roman antiquities), in order to better acquaint visitors with the art of living in the Age of Enlightenment. 61 Travaux de recherche Second volume du Corpus des émaux méridionaux : L’Apogée Projet suivi par Élisabeth Antoine Le Corpus des émaux méridionaux (CEM) a été entrepris sous la direction de Marie-Madeleine Gauthier († 1998), qui consacra son existence de chercheur à l’étude de ces émaux du Moyen Âge. Le premier volume est paru en 1987 aux éditions du CNRS. Il était consacré aux débuts de la production limousine à l’époque romane, et comprenait quelque trois cents notices longuement développées. À la mort de Marie-Madeleine Gauthier, l’importance du projet et la somme des informations déjà rassemblées incitèrent à créer une équipe pour la publication du second volume. Celle-ci s’est constituée sous l’égide du département des Objets d’art, sous la direction de Danielle Gaborit-Chopin puis d’Élisabeth Antoine. Le second volume du CEM vient d’être publié par le Comité des travaux historiques et scientifiques (CTHS) et les éditions du Louvre. Il regroupe les émaux limousins exécutés entre 1190 et 1215. Ce tome comprend environ huit cent soixante notices d’œuvres dispersées dans le monde entier, dans des collections publiques ou privées, ou passées dans le commerce. Marie-Madeleine Gauthier l’avait intitulé L’Apogée, car il rassemble quelquesunes des créations les plus prestigieuses et les plus remarquables de l’œuvre de Limoges, avant que l’aspect « sériel » ne domine. Ce vaste chantier nous a amenés à constituer une équipe internationale associant le musée du Louvre, le musée de Cluny, le musée de Limoges (auquel Marie-Madeleine Gauthier a légué toute sa documentation), de grands musées étrangers – Ciboire de Maître Alpais (vue d’ensemble), département des Objets d’art 62 (MRR 98) le Metropolitan Museum of Art de New York, l’Ermitage à SaintPétersbourg, l’Art Institute de Chicago, le Nationalmuseet de Stockholm –, ainsi que les universités d’Oslo et de León. Le nombre élevé des notices et des illustrations a imposé un parti éditorial différent de celui du premier volume. L’ouvrage, paru en juillet 2011, se compose en effet de deux éléments : – un livre synthétique regroupant les textes introductifs aux chapitres, et pour chaque chapitre une sélection de notices des objets les plus représentatifs ; – un DVD comprenant le catalogue proprement dit, c’est-àdire toutes les notices et toutes les illustrations. Les œuvres ont été regroupées par chapitres typologiques – châsses, crosses, reliures, etc. –, puis, si nécessaire, par iconographie à l’intérieur du chapitre, et enfin par ordre alphabétique des lieux de conservation. La période étudiée correspond à d’importantes mutations techniques telles que l’utilisation de têtes d’applique classicisantes fondues en série et l’abandon des fonds vermiculés animés de fins rinceaux gravés et de figures émaillées au profit des figures réservées dorées se détachant sur des fonds émaillés où domine le célèbre bleu lapis de Limoges. Stylistiquement, les premiers signes du style gothique se manifestent par des drapés fluides et plus naturalistes. Outre le ciboire d’Alpais, chef-d’œuvre de l’émaillerie limousine, ce volume présente des séries d’œuvres caractéristiques du tournant entre roman et gothique, telles les châsses de l’Adoration des Mages ou de Thomas Becket. Les réserves eucharistiques adoptent des formes multiples, dont les plus spectaculaires sont les colombes qui étaient suspendues audessus de l’autel, symbolisant la descente de l’Esprit saint. Les chandeliers forment un groupe de transition vers les objets profanes, assez peu nombreux pour cette période. Ceux de la célèbre église d’Urnes (Norvège), conservés dans ses murs depuis le xiiie siècle, montrent la très large diffusion de l’œuvre de Limoges dans l’Occident tout entier. Ce projet très ambitieux débouche donc sur une publication longtemps attendue, qui sera un instrument de travail indispensable pour tous les médiévistes. Les recherches menées ont permis de nouer des liens entre différentes institutions au niveau international, qui se sont déjà manifestés par les actions suivantes : – une journée d’étude organisée en novembre 2008 par le British Museum : « The Heritage of Maître Alpais », dont les actes ont été publiés en décembre 2010 (communication d’Élisabeth Antoine : « L’iconographie du ciboire d’Alpais. Nouveaux points de vue et vieilles questions », p. 21-27) ; – la journée d’étude organisée par l’INHA en mai 2009 sur l’actualité de la recherche dans le domaine des émaux méridionaux, à laquelle six des auteurs du CEM 2 ont fait une communication (actes parus aux Presses universitaires de Rennes en 2011) ; – la participation d’Élisabeth Antoine au colloque organisé en février 2010 au Victoria and Albert Museum à l’occasion de la réouverture des salles médiévales et Renaissance (communication sur « Theme and Variations in the Oeuvre de Limoges around 1200: The Question of Models ») ; – l’accueil de chercheurs étrangers, telle Ekaterina Nekrassova, conservateur à l’Ermitage ; Objets d’art – la tenue d’une journée d’étude à l’automne 2011, à l’occasion du lancement de la publication du tome 2, journée à laquelle les auteurs et les autres spécialistes seront invités à communiquer. Notre ambition est, avec cette parution, de relancer à partir du Louvre les rencontres annuelles autour des émaux, organisées jusqu’en 1997 par le British Museum. Elles pourraient se tenir, par roulement, en plusieurs lieux : le Louvre, Limoges, et d’autres institutions en fonction de l’actualité. É. Antoine The study of medieval Champlevé Limoges enamels, conducted by Marie-Madeleine Gauthier († 1998), led to the publication of an initial volume of the Corpus des Emaux Méridionaux (Corpus of Southern Enamels; 1987, Éditions du CNRS): devoted to early enamel production in Limoges in the Romanesque period. This volume comprised around 300 entries. The next phase of the study is focusing on Châsse de saint Thomas Becket (vue d’ensemble), département des Objets d’art (OA 11333) 860 Limoges enamels produced between 1190 and 1215, dispersed in public and private collections worldwide and on the art market. An the National Museum of Fine Arts in Stockholm, and the universities of Oslo international team was formed to carry out this work under the aegis of the (Norway) and León (Spain). Department of Decorative Arts, in collaboration with the Musée de Cluny, This very ambitious project culminated in a publication in 2011, which the Musée de Limoges, the Metropolitan Museum of Art, New York, the will serve as an indispensable working tool for all medievalists. State Hermitage Museum in Saint Petersburg, the Art Institute of Chicago, Le mobilier Boulle Projet suivi par Frédéric Dassas Les travaux de recherche sur le mobilier Boulle concernent d’une part la rédaction de la première partie du catalogue raisonné des collections de mobilier, d’autre part les restaurations, en cours ou à venir. Ce double objectif explique les orientations retenues : recherches documentaires sur l’histoire de la collection du Louvre et les collections de mobilier Boulle au xviiie siècle, recherches sur les œuvres elles-mêmes dans le but de préciser les critères de datation et d’attribution, recherches sur les matériaux en vue de la définition de nouveaux protocoles de restauration. Recherche historique L’une des particularités de la collection de mobilier Boulle conservée au département des Objets d’art est la relative ancienneté de son entrée dans les collections nationales. Sur les quarante-sept numéros que compte actuellement le projet de catalogue, trente sont issus de saisies révolutionnaires. Un certain nombre de ces pièces ont été identifiées dans les collections du xviiie siècle. Le mobilier Boulle est en effet le seul à être suffisamment référencé dans les documents de l’époque pour pouvoir faire l’objet d’une recherche historique approfondie. De nombreuses contributions récentes, fruit du travail de conservateurs ou d’experts, ont apporté des éléments significatifs enrichissant notre connaissance de l’histoire de ce type de meubles au xviiie siècle. L’objectif de la recherche en cours est d’arriver à un niveau de synthèse permettant d’inscrire pleinement la collection du Louvre dans l’environnement de son temps et d’établir de façon définitive le degré de certitude – ou d’incertitude – auquel peuvent prétendre les identifications généralement retenues. À ce jour, les recherches se sont portées dans trois directions : les catalogues de vente du xviiie siècle, les recherches sur les collectionneurs et celles sur les saisies d’émigrés. Les catalogues de vente du xviiie siècle Le dépouillement complet des mentions de mobilier attribué à Boulle dans les ventes du xviiie siècle a été entrepris en 2008 et devrait être achevé au plus tard en 2012. Sur cent quatre-vingtquatorze ventes repérées comprenant des pièces de mobilier, un tiers environ a été dépouillé, qui inclut la presque totalité des ventes majeures. Étude des commanditaires et des collectionneurs La connaissance des collections de la seconde moitié du xviiie siècle ne peut être approchée de façon satisfaisante que par le croisement des informations issues des catalogues de vente et de celles issues des dépouillements d’archives. Dans un premier temps, le travail s’est limité à la collation et au 63 Travaux de recherche consultation des cartons mise en route. Ce travail devrait être achevé en 2011. Le fruit de ces recherches a fait l’objet d’un cours dispensé depuis l’automne 2008 à l’École du Louvre. Le cours a pris fin au printemps 2011. Un état de la question aura été proposé à cette occasion sur les points suivants : – définition du corpus d’André Charles Boulle, étude des critères d’attribution ; – les ateliers contemporains d’André Charles Boulle ; – les commanditaires contemporains d’André Charles Boulle ; – les liens entre le mobilier Boulle et l’évolution du décor intérieur ; – le mobilier « néo-Boulle » du xviiie siècle ; analyse typologique et stylistique, problèmes d’attribution ; – les collectionneurs de mobilier Boulle dans la seconde moitié du xviiie siècle ; – les saisies révolutionnaires et l’entrée des meubles attribués à Boulle dans les collections nationales. Attribué à André Charles Boulle, Cabinet, département des Objets d’art (OA 5453) dépouillement des documents de base que sont les scellés et inventaires après décès, ponctuellement enrichis par les procès-verbaux des greffiers des Bâtiments du Roi lorsqu’ils étaient aisément accessibles. La recherche a porté sur les commanditaires et collectionneurs suivants : le Grand Dauphin, Claude Le Bas de Montargis, Pierre Gruyn, Pierre Thomé, Pierre Crozat, le président de Machault, le duc de Bourbon, Jean de Jullienne, Ange Laurent Lalive de Jully, Augustin Blondel de Gagny, le marquis de Marigny, Maximilien Radix de SainteFoy, le comte de Vaudreuil, Grimod de La Reynière, le duc de Praslin. Le nombre de références utiles de mobilier Boulle dépasse à ce jour les six cents items et constitue le corpus de base à partir duquel la suite du travail pourra se dérouler. 64 Les archives révolutionnaires Les archives révolutionnaires permettent de retracer l’histoire de l’entrée des collections de mobilier Boulle dans les collections nationales au fur et à mesure de leur saisie au titre de biens des émigrés. Le dépouillement le plus complet possible des cartons de la série F17 relatifs à la Commission des monuments et la Commission temporaire des arts a été entrepris en 2009. Les inventaires ont été systématiquement dépouillés et la Recherche scientifique et technique Ces travaux de recherche sont menés en collaboration avec le C2RMF et avec la participation d’intervenants extérieurs (université Paris I Sorbonne, Institut national du patrimoine [INP], laboratoire Valectra, Laboratoire d’expertise du bois et de datation par dendrochronologie). Les études visent essentiellement à la caractérisation des matériaux et des techniques de mise en œuvre, afin d’enrichir le corpus de données susceptible d’aider à la datation et à l’attribution : – étude des bois et des assemblages : examens de dendrochronologie, relevés des traces d’outils, schémas de construction ; – étude des métaux (bronzes, laitons et étains) : détermination de la composition des alliages (ce programme bénéficie d’un mécénat de compétence de la Fondation EDF – laboratoire Valectra) ; – étude des marqueteries : relevés comparatifs. Attribuée à André Charles Boulle, Bibliothèque, département des Objets d’art (OA 5459) Objets d’art Collaboration au Gothic Ivories Project (2008-2011) Projet suivi par Marie-Cécile Bardoz Attribuée à André Charles Boulle, Commode, département des Objets d’art (OA 5477) Protocoles de restauration La définition de protocoles de restauration doit tenter de répondre à plusieurs questions : la consolidation des collages et les protections de surface nécessaires pour prévenir les soulèvements récurrents dans les marqueteries et la corrosion des laitons et étains, enfin le degré de nettoyage des bronzes dorés. Collage des marqueteries La fragilité principale des meubles ornés de marqueterie de métal consiste dans le défaut d’adhérence de cette dernière. La recherche porte à la fois sur la détermination de la nature des colles anciennes et sur le choix de la colle la mieux adaptée aux contraintes de conservation actuelles. Corrosion des laitons et étains L’objectif de la recherche est de mettre au point une technique permettant d’éviter toute intervention abrasive susceptible d’endommager la gravure des parties métalliques des marqueteries. Les essais effectués au cours de l’année 2011 devront permettre de choisir une technique plus neutre. Protection de surface La recherche porte à la fois sur la détermination des protections de surface anciennes et sur le choix d’une protection adaptée à la conservation de la collection. Le choix entre les différentes formules qui ont fait l’objet de tests et d’essais de vieillissement, de la simple cire aux vernis à la gomme-laque, sera fait au cours de l’année 2011, à partir des résultats obtenus et au regard des exigences du département tant du point de vue esthétique que de la conservation des œuvres. Nettoyage des bronzes Un protocole de nettoyage des bronzes à la vapeur a été expérimenté. Il est en cours de validation. F. Dassas The research on Boulle furniture involves the compilation of the first part of a comprehensive catalogue of the Louvre furniture collections and a specific campaign of restoration. This twofold objective explains the approach that was taken: documentary research on the history of the Louvre collection and the eighteenth-century collections of Boulle furniture, research on this luxury furniture with the aim of clarifying dating and attribution criteria, and research on the materials with the aim of defining new restoration protocols. Ce projet, lancé en 2008 par le Courtauld Institute of Art, consiste à référencer les ivoires gothiques conservés dans les collections publiques et privées du monde entier dans une base de données documentaire consultable gratuitement sur Internet (une image par œuvre et un cartel descriptif succinct comprenant une datation, un historique, un état et une bibliographie). La collaboration des grandes institutions muséales européennes a été sollicitée. Ainsi, le musée du Louvre et le musée de Cluny pour la France, le British Museum et le Victoria and Albert Museum pour le Royaume-Uni, ont donné accès à leurs ressources documentaires (dossiers d’œuvres, photographies). Les deux cent dix-huit notices concernant les ivoires gothiques du musée du Louvre ont été relues, corrigées et validées en 2010 par le département des Objets d’art. Une première mise en ligne, partielle, a été effectuée en décembre 2010 : elle concerne les collections d’une trentaine d’institutions, sur la centaine de celles qui collaborent au projet. Les notices du Louvre seront versées dans la base courant 2011. Le Courtauld Institute assure l’enrichissement et la mise à jour périodique de la base ; celle-ci est consultable à l’adresse suivante : http://www.gothicivories.courtauld.ac.uk/ M.-C. Bardoz This project, launched in 2008 by the Courtauld Institute of Art (London), will list Gothic ivories held in public and private collections around the world in a widely accessible database on http://www.gothicivories. courtauld.ac.uk/. An initial database of some of the ivories was made available online in December 2010, containing works from the collections of around thirty of the one hundred institutions collaborating on the project. The Louvre’s entries will be placed in the online database in 2011. Les verres émaillés vénitiens de la Renaissance Projet suivi par Françoise Barbe Le projet, lancé en 2009 par Isabelle Biron (C2RMF), Marco Verita (Laboratorio di Analisi dei Materiali Antichi, Venise) et Rosa Barovier, se concentre sur la production des verres émaillés vénitiens, alors que, jusqu’à présent, seul le matériau « verre » a été étudié. La prise en compte des émaux colorés qui le décorent permet de mettre en place un axe de recherche précis et pertinent, centré sur le large répertoire des verres émaillés traditionnellement attribués aux ateliers de Venise de la fin du xve et du xvie siècle. Cette étude devrait permettre non seulement de distinguer les verres vénitiens de ceux produits dans d’autres centres « à la façon de Venise », mais encore d’apporter des précisions d’ordre chronologique quant à l’usage de certains matériaux. Par ailleurs, l’authenticité des grandes coupes bleues, à riches décors dorés et émaillés, a parfois été remise en cause. Les premières analyses montrent que l’une de ces magnifiques pièces, conservée au Louvre, est authentique, relançant ainsi le débat sur la validité des critères scientifiques et stylistiques discriminants. F. Barbe 65 Travaux de recherche This project, which was initiated in 2009 by researchers from the C2RMF and the Laboratorio di Analisi dei Materiali Antichi (Laboratory for the Analysis of Ancient Materials) in Venice, is focusing on Venetian enamelled glass vessels. The study will enable researchers to distinguish between glass vessels of Venetian origin and those produced “in the Venetian manner” in other centres. It will also enable them to establish a precise chronology of the use of certain materials, and deal with questions of authenticity. The first analyses have reopened discussions on the validity of distinguishing scientific and stylistic criteria. Les céramiques de Bernard Palissy et ses continuateurs Projet suivi par Françoise Barbe Depuis les fouilles effectuées aux Tuileries dans les années 1980, le C2RMF est étroitement associé à l’étude des fragments de céramique de l’atelier de Bernard Palissy. La richesse de ces matériaux archéologiques et la grande variété des pièces de musée traditionnellement attribuées à Bernard Palissy ou à ses « continuateurs », qui suscitent de nombreuses interrogations quant à leur lieu et leur période de fabrication, justifient pleinement la poursuite des analyses physico-chimiques par le C2RMF en étroite relation avec les études stylistiques et historiques conduites notamment au musée du Louvre, au musée national de la Renaissance d’Écouen et à la Cité de la céramique de Sèvres. Les axes de recherche actuels sont les suivants : – la production propre de Bernard Palissy et de son atelier ; – les pièces à décor de « rustiques » dans la suite de Palissy (fin du xvie et début du xviie siècle), et leur distinction d’avec les copies et les faux du xixe siècle ; – les objets traditionnellement attribués aux ateliers de poterie de Fontainebleau, dits d’Avon ; – les pièces ornées de décors exécutés par moulage, peut-être produites en Normandie (Pré-d’Auge, Lisieux, Manerbe). F. Barbe Since the archaeological investigations in the Tuileries in the 1980s, the C2RMF has been closely involved in the study of ceramic fragments from the Bernard Palissy workshop. The archaeological material and the pieces held in museums, which are traditionally attributed to Palissy or his “continuators”, raise many questions about their place and period of fabrication. The physical-chemical analyses conducted at the C2RMF are continuing in conjunction with stylistic and historical studies in the Musée du Louvre, the Musée d’Écouen, and the Cité de la Céramique de Sèvres. Projet de catalogue raisonné du mobilier de la fin du Moyen Âge, de la Renaissance et de la première moitié du xviie siècle Projet suivi par Agnès Bos 66 La collection de meubles du musée du Louvre est riche d’environ cent cinquante pièces, qui illustrent de façon relativement exhaustive la création des menuisiers et les débuts de l’ébéniste- rie aux époques concernées : dressoirs, coffres, armoires, chaires et tables, mais aussi quelques éléments de mobilier liturgique. Si l’origine géographique de ces meubles est essentiellement française, il s’y ajoute toutefois un petit nombre de pièces italiennes. Bien que certains meubles, comme l’armoire attribuée à Hugues Sambin, soient depuis longtemps connus et publiés, beaucoup d’entre eux n’ont jamais fait l’objet d’une étude approfondie. Des campagnes de constats d’état détaillés sont en cours avec une restauratrice afin de faire un bilan sanitaire de la collection et d’obtenir des informations sur la structure des meubles. Ces constats devront être complétés par des analyses scientifiques (dendrochronologies, radiographies…) afin de préciser, pour certaines pièces, leur datation, mais aussi d’approcher de façon plus fine les conditions et les aspects matériels de la mise en œuvre du bois. Un partenariat avec le C2RMF est en cours d’élaboration pour la réalisation de ces analyses. A. Bos The Louvre’s collection of furniture dating from the end of the Middle Ages, the Renaissance and the first half of the seventeenth century comprises around 150 items, which are largely of French manufacture, and exemplify the work of joiners and the beginnings of cabinetry. The studies will be based on detailed reports of each piece’s state of conservation and, in some cases, will entail both dendro-chronological and radiographic analyses, performed in collaboration with the C2RMF. L’ordre du Saint-Esprit : étude des éléments textiles (xvie-xixe siècle) Projet suivi par Agnès Bos De l’ordre du Saint-Esprit fondé en 1578 par Henri III, le musée du Louvre conserve, outre le trésor proprement dit, de nombreux éléments textiles : ornements de la chapelle pour les cérémonies de l’ordre, manteaux des grands officiers datant d’avant la Révolution, manteaux et éléments d’habits confectionnés à la Restauration. Un manteau prérévolutionnaire a été restauré par la restauratrice Antoinette Villa à l’occasion de son prêt à l’exposition « Fastes de cour et cérémonies royales. Le costume de cour en Europe 1650-1800 », au château de Versailles en 2009. Cette opération fut l’occasion d’observations détaillées sur la technique de broderie, complétées par des analyses des fils métalliques effectuées par Dominique de Reyer (Laboratoire de recherche des Monuments historiques [LRMH]). Cette première étape doit être prolongée par la restauration et l’étude des autres manteaux prérévolutionnaires conservés au musée du Louvre, mais aussi par le rapprochement avec un manteau daté avec certitude des années 16751676, remis au roi de Pologne Jean III Sobieski, conservé au château de Wawel à Cracovie. Cette étude doit aboutir à terme à une publication. A. Bos The Louvre has some exceptional textiles from the prestigious Order of the Holy Spirit, founded by King Henry III of France in 1578. These include chapel ornaments for the Order’s ceremonies, the mantles of the Grands Officiers prior to the Revolution, and mantles and clothing items produced under the Bourbon Restoration. The conservation requirements of one of the mantles have led to detailed studies of the embroidery technique, complemented by analyses of the metallic threads. Objets d’art Études des ivoires de la Renaissance et des temps modernes Catalogue raisonné des collections d’orfèvrerie du xixe siècle Projet suivi par Philippe Malgouyres Projet suivi par Anne Dion-Tenenbaum Ivoires de la Renaissance et des Temps modernes. La collection du musée du Louvre marque l’achèvement de l’étude menée ces dix dernières années sur une collection restée pratiquement inédite. Ces recherches ont bénéficié de contacts réguliers avec les collègues responsables de collections similaires, à Londres, Berlin, Dresde, Munich et Vienne. Ce catalogue raisonné recense trois cents œuvres de la fin du xve siècle jusqu’au milieu du xixe siècle et comprend également des œuvres qui ont depuis été transférées vers d’autres collections ou inscrites pour ordre sur nos inventaires. Nous en avons souhaité l’organisation thématique puis chronologique. Cette attitude maximaliste a été dictée par le désir de reconstituer aussi l’histoire de cet ensemble, fruit de la libéralité des collectionneurs plus que d’une politique d’achats. L’ouvrage fournit ainsi une référence en français dans ce domaine dominé par les études anglo-saxonnes. Ce volume vient clore la publication des ivoires du département des Objets d’art, dont le premier volume, consacré aux ivoires médiévaux, est paru en 2003. P. Malgouyres Il importait de remettre à jour le dernier catalogue de l’orfèvrerie moderne du département des Objets d’art du musée du Louvre, qui datait de 1958, alors que la politique d’acquisition menée ces trente dernières années, grâce à l’impulsion de Daniel Alcouffe, s’était attachée à enrichir la collection de pièces de la première moitié du xixe siècle. La collection du musée du Louvre est aujourd’hui l’une des plus complètes, reflétant tous les courants qui se succèdent du néoclassicisme à l’éclectisme. Le catalogue raisonné, classé par ordre alphabétique d’orfèvres, comprend environ cent vingt numéros, comptant des ensembles parfois importants, tels que des nécessaires ou des services. Certains orfèvres, comme Biennais, Lebrun, FromentMeurice, ou encore Christofle grâce aux versements du ministère des Finances, sont particulièrement bien représentés. Le catalogue est assorti d’un répertoire de notices biographiques des orfèvres cités, fondées sur des recherches d’archives et livrant des renseignements inédits. Il devrait ainsi constituer un ouvrage de référence sur l’orfèvrerie du xixe siècle. A. Dion-Tenenbaum The comprehensive catalogue of the Louvre’s Renaissance and Modern Ivories is the culmination of a ten-year study on a hitherto practically unknown corpus of artefacts. The catalogue contains three hundred works, dating from the end of the fifteenth century to the middle of the nineteenth century, and entries are organised by theme, then chronologically. It also details the history of this collection, which was built up more through the generosity of collectors than through acquisitions. It serves as a Frenchlanguage reference work in a field which is otherwise dominated by studies in English. This volume completes the publication in 2003 of the collection of medieval ivories in the Department of Decorative Arts. The collection of nineteenth-century silverware in the Department of Decorative Arts has been considerably enriched over the last thirty years. Hence the need to publish a comprehensive catalogue of this collection that serves as a reference work, and includes the silver table service from the Napoleon III apartments. The catalogue comprises around 120 items, and comprises a list of biographical entries. 67 Travaux de recherche Peintures L e rayonnement international du département des Peintures pour ce qui concerne les travaux de recherche entrepris à l’initiative de ses personnels scientifiques a été revivifié depuis quelques années grâce à la mise en place de réseaux de recherche et de journées d’étude, instruments de rencontres et de dialogues entre des spécialistes de plusieurs pays. Ainsi le recensement des peintures françaises et néerlandaises du xvie siècle a-t-il par exemple favorisé la mise en place d’un réseau de recherche sur cette époque, tandis que se mettaient en place les journées d’étude consacrées à Rembrandt, Watteau, Léonard ou Raphaël qui ont permis la création de réseaux de chercheurs dédiés à ces artistes. Autre conséquence de cette politique, la mise en ligne des bases de données concernant les écoles américaine (base La Fayette) et anglaise (base D’Outre-Manche) a été suivie en 2010 du lancement de la base Gracia, recensant l’art espagnol. Parallèlement à ces nouveaux axes de travail, le département des Peintures poursuit sa politique de publication de catalogues sommaires de ses collections ; après l’école italienne, puis les écoles flamande et hollandaise, le solde des écoles étrangères (allemande, anglaise, espagnole, danoise, suisse, etc.) est à présent prêt pour publication. Par ailleurs, la préparation des expositions prévues pour les prochaines années a entraîné des recherches importantes, souvent menées en partenariat avec le Centre de recherche et de restauration des musées de France (C2RMF), portant sur Léonard de Vinci, Raphaël, Giotto, Delacroix ou Rubens. Enfin, il convient de rappeler que les différentes activités d’un département patrimonial – acquisitions, restaurations, préparations d’accrochages, diverses publications – engendrent tout un lot de recherches consacrées aussi bien aux collections du musée du Louvre qu’à celles de musées en régions. V. Pomarède 68 The Department of Paintings’ international reach in terms of the projects initiated by its research staff has been strengthened over the last few years through the introduction of networks and reference forums titled “Study Days”, devised to enable specialists from various countries to meet and discuss topical issues. One example of this activity is the completion of a new inventory of sixteenth-century French and Dutch paintings, which has contributed to the creation of a research network focusing on this period, and a series of Study Days on Rembrandt, Watteau, Leonardo, and Raphael, with relative research networks specific to these artists. The launch of the online databases of the American (La Fayette Database) and English Schools (the Outre-Manche database), led to the creation of the GRACIA database of Spanish art, effective since 2010. In parallel with these new areas of activity, the Department of Paintings is pursuing its policy of publishing catalogues sommaires of its collections. Following the catalogues of the Italian, Flemish, and Dutch Schools, catalogues of all the remaining foreign Schools (German, English, Spanish, Danish, Swiss, etc.) are now ready for publication. The preparation of exhibitions scheduled for the coming years has led to other major research programmes, often conducted in partnership with the C2RMF (Centre for Research and Restoration of the Museums of France) and focusing on Leonardo da Vinci, Raphael, Giotto, Delacroix, and Rubens. Lastly, it is important to note that a cultural heritage department’s various activities—acquisitions, restoration work, exhibition preparation work, and various publications—generate daily research on the Louvre’s collections and those in regional museums. Peintures Journées d’étude autour de la collection de peintures de Raphaël et de son atelier Projet suivi par Vincent Delieuvin En vue de l’exposition consacrée aux dernières années de Raphaël, organisée en 2012 en collaboration avec le musée du Prado et avec le commissariat scientifique de Paul Joannides et Tom Henry, une nouvelle étude des tableaux du maître a été lancée fin 2008. Le Louvre possède un ensemble remarquable de seize œuvres peintes par Raphaël et son cercle, d’une grande diversité thématique (portraits d’apparat et portraits intimes, grands tableaux d’autel et petites peintures de dévotion privée), posant souvent de difficiles problèmes d’attribution entre le maître et les membres de son atelier. À côté de chefs-d’œuvre entièrement autographes comme le Portrait de Baldassare Castiglione, en très bel état de conservation, les quatre tableaux envoyés à la cour de François Ier en 1518 présentent en effet des différences d’exécution, liées à la participation plus ou moins importante de l’atelier. Afin d’enrichir les comparaisons, les œuvres de la période mantouane de Giulio Romano ont aussi été prises en compte. Pour tenter d’aider ce travail de connoisseurship, il a été décidé de réexaminer au laboratoire du C2RMF toutes ces peintures, afin de renouveler les informations obtenues lors de la précédente campagne d’étude menée à l’occasion de la grande rétrospective de 1983. Le nombre et la qualité des examens se sont en effet considérablement accrus, notamment la réflectographie infrarouge, très performante depuis la récente acquisition de la caméra Osiris. Un travail similaire a été entrepris par le musée du Prado sur sa riche collection, ce qui a permis de multiplier les comparaisons entre les œuvres. L’ensemble des résultats obtenus a été présenté à un groupe de trente spécialistes lors de deux journées d’étude, les 18 et 19 octobre 2010. La première journée s’est d’abord consacrée à l’analyse croisée de trois retables tardifs de Raphaël et de son atelier conservés au Louvre et au Prado : la Madonna della Quercia, La Perla et la Grande Sainte Famille de François Ier. Étonnamment, cet examen a révélé des procédés diversifiés de mise en œuvre de la composition, laissant soupçonner une utilisation différente des dessins préparatoires. La journée s’est ensuite concentrée sur le problème de l’état de conservation des peintures transposées de bois sur toile. Plusieurs tableaux de Raphaël ont en effet été transposés dès la seconde moitié du xviiie siècle, et plusieurs autres, prélevés en Europe (la Madone de Foligno du Vatican ou le Spasimo di Sicilia du Prado), ont connu en France le même traitement jugé alors salutaire. Le recoupement des études scientifiques sur tous ces tableaux transposés, aujourd’hui conservés dans des institutions différentes, s’avère essentiel pour comprendre l’évolution des techniques de transposition en France depuis le milieu du xviiie siècle, et pour appréhender au mieux les restaurations futures. À ce titre, le cas du Grand Saint Michel a été abordé : quelques tests d’allègement de vernis ont été présentés, et l’état correct de l’œuvre a pu être constaté, excepté la partie inférieure de l’ancienne planche gauche. Le projet de restauration, soutenu par tous les experts, pourrait commencer après l’exposition. La seconde journée s’est déroulée dans les salles du musée avec les tableaux décrochés et décadrés. Chacun a été étudié par observation directe et avec l’aide des dernières images scientifiques projetées sur écran. Journées d’étude Raphaël (séance du 19 octobre 2010), Saint Michel terrassant le démon (INV. 610) La richesse des informations fournies par l’imagerie scientifique nécessite désormais une analyse plus fine. Les réflectographies infrarouges ont livré par exemple d’intéressants rapprochements avec certains des dessins préparatoires, dont l’attribution est aussi débattue que celle des peintures. Pour mieux comprendre la diversité des procédés d’exécution rendue évidente à travers toutes ces études, il s’avère indispensable de les comparer aux résultats obtenus sur d’autres œuvres, notamment celles conservées au musée de Capodimonte, où l’intervention de l’atelier est manifeste. Ces deux journées ont suscité un grand enthousiasme et plusieurs collègues, dont ceux de Naples, ont proposé de procéder à des examens sur leurs œuvres et d’en présenter les résultats lors de la journée d’étude publique organisée au Louvre le 25 juin 2011. V. Delieuvin A new study of the remarkable set of sixteen works painted by Raphael and his circle was launched at the end of 2008, ahead of an exhibition devoted to the master’s later years, scheduled for 2012. Since the last study was conducted for the grand retrospective in 1983, the investigations have become more sophisticated, particularly the infrared reflectography with the recent acquisition of an Osiris camera. The Museo Nacional del Prado (Madrid) has conducted similar studies, enabling more comparisons to be made between the works. All the results were presented to a group of specialists during the Study Days of 18 and 19 October 2010. The first day was devoted to the analysis of three late retable paintings by Raphael and his atelier, held in the Louvre and the Prado: the Madonna della Quercia, La Perla, and The Holy Family of Francis I. The analysis revealed that a variety of processes was used to produce the composition, indicating that the preparatory drawings may have been used for a different purpose. The second part of the day focused on the problem of the state of conservation of paintings that have been transferred from wood to canvas. The project to restore St Michael Slaying the Devil—after a presentation of the work’s condition and varnish removal tests—was approved by all the experts and will begin after the exhibition. The second day was spent in the Museum’s exhibition rooms looking at paintings that had been taken down and their frames removed. Each painting was studied through direct observation, and with the use of the latest scientific images projected on a screen. Following these Study Days, several colleagues including those from Naples, offered to conduct investigations on their own works and present the results on the public Study Day organised at the Louvre on 25 June 2011. 69 Travaux de recherche La base de données La Fayette Projet suivi par Guillaume Faroult 70 l’École nationale supérieure des beaux-arts à Paris. L’institution La base de données « La Fayette. L’art des États-Unis dans les conserve en effet un nombre appréciable de projets de la main collections publiques françaises (1620-1940) » est un catalogue des artistes américains étudiant à l’École des beaux-arts dans la seen ligne des œuvres d’art des États-Unis (peintures, sculptures, conde moitié du xixe siècle. Une enquête spécifique a en outre été objets d’art, œuvres graphiques) conservées dans les collections publiques françaises qui a été entrepris à l’initiative d’Olivier menée sur les colonies d’artistes américains à la fin du xixe siècle Meslay, alors conservateur au département des Peintures, et en Bretagne, en Normandie et auprès de maîtres charismatiques dont la première mise en ligne remonte au 13 juin 2006. Cette tel le sculpteur Auguste Rodin. Enfin, un grand effort a été fait vaste entreprise a été soutenue par la Terra Foundation for Amepour obtenir les droits de reproduction auprès de certaines instirican Art et The Henry Luce Foundation. Depuis cette date, la tutions et particulièrement auprès du musée d’Orsay, qui a bien base a été régulièrement actualisée et une dernière campagne voulu nous permettre d’illustrer sur notre base son fonds excepde collecte d’informations, de photographies et d’études des tionnel de façon bien plus importante qu’auparavant. œuvres sur le terrain a été entreprise de janvier à mai 2010 par Au terme de cette aventure qui a été menée sur plus de cinq Marie-Alice Loiseau sous la direction de Guillaume Faroult. années, le catalogue La Fayette permet désormais de mesurer Pour la première fois était proposée à un vaste public d’inl’importance et, dans certains domaines ou pour certaines ternautes (aussi bien les spécialistes du domaine qu’un public périodes chronologiques comme la fin du xixe siècle, la riplus large) la vision la plus complète possible du vaste fonds chesse d’un pan jusqu’à présent très méconnu des collections d’œuvres conservées dans les collections publiques françaises publiques françaises. et exécutées aux États-Unis ou par des artistes originaires G. Faroult des États-Unis depuis la fondation de la colonie au début du xviie siècle et jusqu’à la veille de la Seconde Guerre mondiale. The database entitled La Fayette. L’art des Etats-Unis dans les collections publiques françaises (1620–1940) (Art from the United States in French Pour chaque œuvre est proposée une fiche individuelle préciPublic Collections (1620–1940)) is an online catalogue of American works sant ses titre, technique, dimensions, numéro d’inventaire, hisof art (paintings, sculptures, objets d’art, prints and drawings) held in torique, mode d’acquisition, bibliographie et, chaque fois que French public collections. It was set up on the initiative of Olivier Meslay, les droits de reproduction le permettent ou que l’image existe, who was at the time a curator in the Department of Paintings, and first le lieu où elle est reproduite ; le lieu de conservation est préappeared online on 13 June 2006. This massive undertaking was supported cisé, avec un lien externe vers le site Internet de l’institution. by the Terra Foundation for American Art and The Henry Luce Foundation. Le catalogue présente désormais plus de mille sept cents œuvres Since that date, the database has been regularly updated and the last diverses, dont mille deux cents sont illustrées. Cet outil permet initiative to collect information and photographs, and conduct in-the-field de prendre la mesure de ce pan méconnu du patrimoine public studies of works was carried out in January to May 2010 by Marie-Alice Loiseau, under the direction of Guillaume Faroult. français tout en offrant la possibilité d’étudier et de découvrir For the first time, the site offered a large number of Internet users l’art américain, qui est souvent peu pris en compte en dehors (specialists and the wider public) the chance to view the largest possible des États-Unis, surtout pour ce qui concerne les périodes les plus number of works held in the vast French public collections. They were anciennes, antérieures à 1850. La base La Fayette permet ainsi produced in the United States or by artists originating from the United d’identifier les fonds d’œuvres d’art américaines du musée du Sates from the foundation of the artist’s colony in the seventeenth century Quai Branly (avec un ensemble important de peintures indiennes to just before World War II. du peintre George Catlin commandées par le roi Louis-Philippe dès 1846) ou du musée du Louvre (avec quatre peintures de Gilbert Stuart, Benjamin West et Thomas Cole, de la fin du xviiie siècle ou de la première moitié du xixe siècle) à Paris mais aussi du musée de la Coopération franco-américaine à Blérancourt ou du musée du Nouveau-Monde à La Rochelle. Mais c’est surtout au musée d’Orsay (avec plus de deux cents œuvres) que la collection est particulièrement riche et significative, car, dès la seconde moitié du xixe siècle, les artistes américains affluèrent à Paris pour faire leur apprentissage ou exposer, incitant l’administration française à procéder à un nombre appréciable d’achats, voire de commandes à certains créateurs de premier plan tels Whistler, Homer ou Sargent, pour ne citer que quelques peintres. Lors de la dernière campagne d’actualisation de la base de données, un effort particulier a été consacré à l’étude de l’important fonds d’œuvres (graphiques notamment) conservé à Page d’accueil de la base de données La Fayette Peintures Nouvelle édition du Catalogue des peintures françaises du musée du Louvre Projet suivi par Élisabeth Foucart-Walter La plupart des conservateurs chargés de la peinture française travaillent sous la direction d’Élisabeth Foucart-Walter à la mise à jour de ce catalogue, dont la dernière édition remonte à 1986. Si les œuvres des artistes nés après 1820, qui sont exposées depuis décembre 1986 au musée d’Orsay, ne doivent plus y être prises en compte, en revanche y figureront toutes les acquisitions (achats, dons, retours de dépôt…) effectuées depuis cette date, ce qui porte le nombre des tableaux catalogués à près de trois mille cinq cents. Comme dans les autres volumes de la nouvelle édition du catalogue sommaire des peintures du musée du Louvre (2007 pour les peintures italiennes, 2009 pour les peintures flamandes et hollandaises, 2011 pour les peintures espagnoles, anglaises, allemandes, autrichiennes, scandinaves et diverses), l’origine des œuvres et la bibliographie ont été enrichies par rapport aux catalogues plus anciens. Autre innovation, les notices sont réparties en sections chronologiques correspondant aux grandes périodes de l’histoire de la peinture, et non plus classées par ordre alphabétique. É. Foucart-Walter A majority of the curators of the Louvre’s French painting division are working under the direction of Elisabeth Foucart-Walter on updating this catalogue, last published in 1986. All the acquisitions made since that date will appear in the new edition. The range and quality of the works (around 3,500) and the bibliography have been augmented relative to previous catalogues. The entries will be arranged in chronological sections corresponding to the main periods in the history of painting, and will no longer be in alphabetical order. Coordination éditoriale du Catalogue des peintures espagnoles, anglaises, allemandes, autrichiennes, scandinaves et diverses Projet suivi par Élisabeth Foucart-Walter Ce nouveau catalogue (le précédent remonte à 1981), qui fait suite au volume de l’école italienne (paru en 2007) et à celui des écoles flamande et hollandaise (paru en 2009), est conçu de la même manière que ces deux derniers, soit, pour chaque peinture, une notice illustrée pourvue d’un historique approfondi et d’une sélection des principales références bibliographiques. Le nombre de tableaux catalogués s’élève à cinq cent trente-cinq numéros. Les notices qui avaient été préparées en vue d’une publication prévue initialement en 2003 ont toutes été mises à jour et complétées ; les historiques, notamment, ont été singulièrement améliorés, grâce aux nouveaux instruments de recherche que constituent les bases informatisées Getty (régulièrement enrichie) et Lugt (catalogues de vente antérieurs à 1900 en ligne). Un jeu d’index (par noms d’artistes, titres des œuvres, provenances : commanditaires, collectionneurs, marchands et donateurs) assure à l’ouvrage sa fonction attendue d’instrument de recherche, notamment pour ce qui concerne l’histoire des collections et du goût. Le Catalogue des peintures espagnoles, anglaises, allemandes, autrichiennes, scandinaves et diverses, par Olivier Meslay et Élisabeth Foucart-Walter, Musée du Louvre éditions et Gallimard, paraîtra en 2011. É. Foucart-Walter The new catalogue (535 paintings) is arranged in the same way as the two preceding volumes (a volume of the Italian School, 2007; and a volume of the Flemish and Dutch Schools, 2009): the format includes an illustrated entry for each painting, together with a detailed historical account and a selected bibliography. The Getty and the Lugt computer databases, which are new research tools, aided in the completion of the historical background of each work. A series of indexes (particularly the listing of provenances: patrons, collectors, dealers, and donors) ensure that the new catalogue fulfils its required function as a research tool, particularly where the history of the collections and style are concerned. Base Gracia Projet suivi par Guillaume Kientz Dans la continuité des précédentes bases en ligne La Fayette et D’Outre-Manche, la base Gracia se propose de recenser et étudier l’art hispanique conservé dans les collections et monuments publics français. Le projet inclura ainsi le Portugal et l’Amérique latine et, bien que lancé à l’initiative du département des Peintures, il souhaite élargir son champ d’investigation aux sculptures, arts décoratifs et arts textiles. Très dispersé entre les musées et les églises du territoire, l’art hispanique est cependant bien représenté en France, mais peu connu. La collecte et l’étude des données seront ainsi l’occasion de rendre plus visible cette richesse patrimoniale, de l’accompagner par la publication de découvertes et l’organisation de cours et/ou de conférences, voire de proposer un cycle d’expositions diffusant les résultats du travail effectué. Le projet sera mené en partenariat scientifique avec l’Institut national d’histoire de l’art (INHA) et en collaboration avec nos collègues des principaux musées et instituts de recherche hispaniques. Nous signalons enfin la création d’une Association française des historiens de l’art ibérique et latino-américain, qui accompagnera tout naturellement cette initiative. G. Kientz As a continuation of the preceding online databases, La Fayette and Outre-Manche, the Gracia database aims to study and compile a list of Hispanic art held in French institutions and collections. The project will therefore include Portugal and Latin American countries, and will extend its field of investigation to sculptures, the decorative arts, and textiles. The project will be conducted in partnership with the INHA (French National Institute of Art History), and in collaboration with our colleagues from the principal Hispanic museums and research institutes. 71 Travaux de recherche Répertoire des peintures italiennes conservées dans les collections publiques de France (Retif, étude coordonnée par l’INHA) Projet suivi au musée du Louvre par Vincent Delieuvin, Jean Habert, Stéphane Loire et Dominique Thiébaut L’Institut national d’histoire de l’art (INHA) a entrepris depuis 2001 de répertorier les tableaux italiens conservés en France dans les musées et les institutions publiques. Douze mille œuvres exécutées entre le xiiie siècle et 1914 sont actuellement recensées, qu’il s’agit de localiser, identifier et documenter. Ce projet est mené en collaboration avec la direction générale des Patrimoines du ministère de la Culture et les conservateurs des musées, de l’Inventaire, des Antiquités et Objets d’art. Des séances de travail réunissent régulièrement, sous l’autorité scientifique de Michel Laclotte, des spécialistes de peinture italienne, universitaires, conservateurs ou chercheurs français et étrangers, afin de proposer de nouvelles identifications. Les quatre conservateurs responsables de la peinture italienne au département des Peintures, Vincent Delieuvin, Jean Habert, Stéphane Loire et Dominique Thiébaut, participent au Retif (Répertoire des tableaux italiens dans les collections publiques françaises), soit en assistant aux séances de travail, soit en transmettant des avis sur les tableaux relevant de leur compétence. Retif fait partie des vingt-deux bases de données intégrées à l’ensemble des ressources documentaires de l’INHA sous le vocable d’Agorha. Adresse Internet : www.inha.fr J. Habert Since 2001, the INHA (French National Institute for Art History) has been compiling an inventory of the Italian paintings held in French museums and public institutions. Twelve thousand works produced between the thirteenth century and 1914 are currently listed; they are gradually located, identified, and documented. This project is being conducted in collaboration with the Department of Cultural Heritage in the French Ministry of Culture and a large team of curators. The four curators of Italian painting from the Department of Paintings—Vincent Delieuvin, Jean Habert, Stéphane Loire, and Dominique Thiébaut—are participating in the RETIF (Inventory of Italian Paintings in French Public Collections). Internet address: www.inha.fr. Préparation de l’exposition « Autour de Giotto » (titre provisoire) Projet suivi par Dominique Thiébaut 72 Cette manifestation, qui se tiendra au musée du Louvre (salle de la Chapelle) au printemps 2013, a pour point de départ trois chefs-d’œuvre du Trecento conservés au Louvre, Saint François recevant les stigmates, une monumentale croix peinte qui sera restaurée pour l’occasion, et la Crucifixion acquise par le musée en 1999, tous représentatifs des différentes phases de l’activité de Giotto (vers 1267 – 1337) et de ses assistants comme de la variété de sa production. Elle se propose bien sûr de mettre en évidence l’apport intellectuel et plastique du grand maître florentin, principal artisan du renouveau de la peinture occiden- tale depuis l’Antiquité, le rayonnement de son art, mais aussi d’aborder des questions telles que la finalité de certains de ses tableaux, l’organisation de son atelier et la pertinence, dans le contexte de la peinture du Trecento, du concept moderne de création autographe… Un relief particulier sera donné au séjour napolitain du grand maître florentin car les liens étroits entretenus par les souverains angevins avec leurs cousins français peuvent expliquer la diffusion précoce des nouveautés giottesques sur notre sol et l’arrivée très ancienne de peintures et manuscrits en provenance de Naples. D. Thiébaut Three masterpieces from the Trecento in the Louvre, which are representative of the various phases in the career of Giotto (ca. 1267–1337) and show the diversity of the work that he and his assistants produced, are the starting point of this exhibition dedicated to the Florentine master, his bottega, and the influence of his art. Particular emphasis will be placed on Giotto’s sojourn in Naples and the very early arrival of Neapolitan works in France, which was partly due to the links between the Angevin monarchs and their French cousins. Préparation d’une exposition-dossier autour des deux triptyques du couvent Santa Maria degli Angeli de Rimini Projet suivi par Dominique Thiébaut Cette exposition prévue au palais Fesch – musée des Beaux-Arts d’Ajaccio à l’automne 2012 se propose d’attirer l’attention sur l’un des plus beaux « primitifs » parvenus à Ajaccio avec les tableaux du cardinal Fesch, un triptyque peint durant le second quart du xive siècle à Rimini, et de le confronter à deux panneaux, L’Adoration des Mages et La Vision de la bienheureuse Claire de Rimini, respectivement conservés à Miami et à Londres, qui proviennent d’un retable de structure voisine et présentent avec lui une parenté iconographique et stylistique frappante. Il y a tout lieu d’identifier ces deux ensembles avec les tableaux que l’érudit Garampi décrit en 1755 au couvent de Santa Maria degli Angeli de Rimini, à l’endroit du monastère fondé par l’obscure pénitente. On se penchera sur la légende de Claire et le culte dont elle fit précocement l’objet, ainsi que sur la date et l’attribution respectives des deux « triptyques ». D’autres tableaux et fresques permettront d’évoquer la scène artistique riminaise, et en particulier l’activité de Francesco da Rimini et de son atelier, en qui une partie de la critique actuelle est tentée de voir l’auteur des retables de Santa Maria degli Angeli. D. Thiébaut The exhibition will focus on the beautiful triptych of Ajaccio (Corsica) painted in the later fourteenth century in Rimini, which will be shown alongside The Adoration of the Magi (Lowe Art Museum, Miami) and The Vision of the Blessed Clare of Rimini (National Gallery, London), all three of which can be identified with two altarpieces witnessed in 1755 by Cardinal Giuseppe Garampi at the convent of Santa Maria degli Angeli in Rimini. Other paintings and frescoes will give visitors an idea of the artistic milieu in Rimini, and particularly the work of Francesco da Rimini, to whom these panels have been recently attributed. Peintures Projet de recherche sur la technique des peintres actifs en Provence au cours des années 1430-1520 Projet suivi par Dominique Thiébaut Une étude d’ensemble sur la technique des peintres actifs en Provence occidentale durant le xve siècle et le début du xvie siècle s’avérerait particulièrement intéressante pour mieux cerner les pratiques en vigueur dans un foyer dont l’éclat a attiré des artistes des Pays-Bas, du nord de la France, d’Italie et d’Espagne... Citons parmi ceux-ci les noms de Barthélemy d’Eyck, Enguerrand Quarton, Nicolas Froment, Josse Lieferinxe. Les investigations scientifiques pratiquées jusqu’à présent ont livré des informations passionnantes, par exemple sous l’angle du dessin sous-jacent. Par chance, on dispose d’un corpus de tableaux bien défini, aisément maîtrisable (une centaine d’œuvres) et majoritairement conservé sur le sol français, et, fait exceptionnel, les archives provençales conservent un nombre élevé de textes, surtout des actes notariés, riches de nombreuses mentions sur la technique des menuisiers et des peintres. Cette enquête se propose donc d’affiner le recensement de cette production, de poursuivre la collecte documentaire et bien entendu d’entreprendre, cette fois de façon systématique, avec le concours du C2RMF et du Centre interrégional de conservation et de restauration du patrimoine basé à Marseille, l’analyse matérielle de tous ces tableaux. D. Thiébaut Many artists from Holland, Northern France, Italy, and Spain were attracted to western Provence during the late fifteenth and early sixteenth centuries: a comprehensive study of the techniques they employed would be particularly useful for gaining a better understanding of the practices of this school of painting. It would take into account the scientific analyses conducted on their paintings, and the many technical data found in the archives. Recensement de la peinture française et néerlandaise du xvie siècle Projet suivi par Cécile Scailliérez La connaissance de la peinture française du xvie siècle est encore très largement faussée par la prééminence historiographique de l’art de cour incarné par le style italianisé de Fontainebleau et par le portrait officiel porté à son sommet par Clouet. Non seulement cet art a plus qu’on ne l’a cru essaimé dans toute la France au gré des possessions seigneuriales, mais une autre peinture française, parfois très marquée par la présence d’artistes des Pays-Bas, s’est développée dans bien des foyers régionaux, que des expositions ont depuis vingt ans commencé à mettre en lumière (en Bourgogne, en Provence). Entrepris en 2006 sans autres moyens que l’enthousiasme et la collaboration généreuse des conservateurs et documentalistes chargés de ce patrimoine, le recensement de cette peinture française méconnue, souvent en piètre état et perdue dans les églises et les réserves des musées, vient de trouver auprès de la société japonaise Kinoshita le soutien indispensable à sa mise en œuvre systématique et à la constitution d’une base de données. C. Scailliérez Information on sixteenth-century French paintings—which are often in poor condition and distributed (but not documented) around the country in churches and museum storerooms—still largely suffers from the historical bias for the kind of court art epitomised by the Italian manner of the Palace of Fontainebleau, and the style of official portraiture perfected by Clouet. Begun in 2006, the project to compile an inventory of the works has now received crucial backing from the Japanese company Kinoshita, enabling a more systematic approach to the project and the creation of a comprehensive database. Préparation des journées d’étude autour de Jean Cousin Projet suivi par Cécile Scailliérez Un seul ouvrage a été consacré à Jean Cousin, qui fut l’une des figures les plus éminentes de la Renaissance française : celui de Firmin-Didot, publié en 1873, il y a plus de cent trente ans. Les travaux de Roy dans le premier tiers du xxe siècle, qui ont exhumé de nouvelles archives et révélé qu’il y avait deux Cousin, le père (vers 1500 – 1560) et son fils (vers 1522 – vers 1594), puis les chapitres qu’Henri Zerner a consacrés à Jean Cousin Père dans son Art de la Renaissance en France (1996), ont depuis élargi notre intelligence de cet artiste dont l’œuvre touche, à partir du dessin, tous les domaines : peinture – décor éphémère, vitrail, tapisserie, broderie et enluminure compris –, sculpture, orfèvrerie, armure, livre et gravure. Les journées d’étude Jean Cousin organisées par le département des Peintures les 15 et 16 novembre 2011 sont conçues comme un état de la question, que l’on espère préliminaire à une exposition : une première journée autour des collections du Louvre dans les quatre domaines de la peinture de chevalet, du dessin, de la tapisserie et de la sculpture, suivie d’une journée publique articulée en plusieurs tables rondes faisant intervenir et débattre les chercheurs qui dans tous ces domaines ont récemment apporté des documents ou des œuvres inédites. C. Scailliérez The last book devoted entirely to Jean Cousin was published in 1873. Since then, extensive research has revealed the existence of two painters of this name—father and son—now respectively named Jean Cousin the Elder and Jean Cousin the Younger. The special Study Days devoted to Jean Cousin organised by the Department of Paintings for 15 and 16 November 2011 are designed to examine the current state of inquiry. The first day will focus on works held in the Louvre (easel-paintings, drawings, tapestries, and sculptures), and will be followed by an open day consisting of several roundtable discussions between researchers. Préparation de l’exposition « La Sainte Anne de Léonard de Vinci » Projet suivi par Vincent Delieuvin La préparation et le suivi de la restauration – en cours – de la Vierge à l’Enfant avec sainte Anne de Léonard de Vinci est l’occasion de reconsidérer sa genèse complexe. Déjà, la redécouverte en 2005 d’une mention manuscrite d’octobre 1503 dans un 73 Travaux de recherche incunable de la bibliothèque de Heidelberg avait ouvert une nouvelle hypothèse, selon laquelle l’exécution picturale aurait débuté dès cette date. Les analyses scientifiques effectuées au laboratoire du C2RMF en 2008 ont enfin permis de révéler les contours du carton utilisé par Léonard, dont la composition, sensiblement différente de celle du tableau, nous est donnée par plusieurs copies anciennes. Ces informations permettent de proposer une chronologie plus fine des nombreux dessins préparatoires que l’on peut relier à plusieurs copies peintes, probablement dans l’atelier du maître, qui s’avèrent en fait des versions d’un état intermédiaire de la composition. L’évolution formelle et iconographique de cet ambitieux chef-d’œuvre peut ainsi être retracée. L’exposition « La Sainte Anne de Léonard de Vinci » se tiendra au musée du Louvre, hall Napoléon, au printemps 2012. V. Delieuvin The scientific analyses conducted in 2008 at the C2RMF (Centre for Research and Restoration of the Museums of France) on the Museum’s version of the Virgin and Child with St Anne by Leonardo da Vinci have revealed the outlines of the cartoon Leonardo used whose composition is noticeably different from that of the final painting, but arises in several early copies. This discovery has facilitated a more precise chronology of the many preparatory drawings related to the various painted copies, which were probably produced in the master’s workshop, and are intermediate versions of the definitive composition. « Nature et idéal. Le paysage à Rome, 1600-1650. Carrache, Poussin, le Lorrain » Projet suivi par Stéphane Loire Cette exposition, également présentée à Madrid, au Museo Nacional del Prado, avait pour ambition d’illustrer les développements les plus significatifs de l’histoire de la peinture de paysage à Rome dans la première moitié du xviie siècle, à travers quelque quatre-vingts peintures et une vingtaine de dessins. Auparavant, le paysage n’existait pas en tant que genre autonome dans la peinture européenne et c’est dans la Ville éternelle que cette nouvelle catégorie picturale va s’épanouir. D’Annibal Carrache à Adam Elsheimer, de Paul Bril à Pierre Paul Rubens, de Claude Lorrain à Nicolas Poussin en passant par Gaspard Dughet, quelques-uns des plus grands peintres du xviie siècle ont contribué à l’émergence du paysage peint. Exposées selon un parcours chronologique, leurs œuvres présentées ont mis en évidence les grandes articulations de l’histoire du paysage peint à Rome pendant la première moitié du siècle. S. Loire This exhibition of around eighty paintings and twenty drawings— which will travel to the Prado in Madrid—illustrates the key stages of the development of landscape painting in Rome in the first half of the seventeenth century, following the chronology and main orientations as they evolved. 74 « L’Antique selon François Perrier. Les Segmenta nobilium signorum et leurs modèles » Projet suivi par Sylvain Laveissière Ouvrage au succès durable jusqu’au début du xixe siècle, les Segmenta nobilium signorum publiés par le peintre et graveur François Perrier (Pontarlier, vers 1594 – Paris, 1649) à Rome en 1638 ont longtemps constitué le répertoire le plus complet des sculptures antiques alors conservées dans la Ville éternelle. Cette étude analyse l’ouvrage de Perrier en tant que projet artistique et pédagogique : choix des œuvres les plus importantes des grandes collections romaines ; rôle dans la diffusion des modèles antiques auprès des artistes et des amateurs, dix ans avant la fondation de l’Académie royale ; utilité pour l’administration des Bâtiments du Roi, qui s’y référera pour choisir les œuvres à faire copier par les pensionnaires de l’Académie de France à Rome. Elle l’envisage aussi sous l’angle éditorial : les six états du célèbre titre-frontispice en retracent le parcours d’un éditeur à l’autre ; les contrefaçons attestent son utilité. Elle propose enfin pour la première fois la reproduction intégrale des cent planches mises en regard des sculptures antiques (dont deux seulement n’ont pu être localisées), dans leur état actuel, photographiées sous le même angle. S. Laveissière Bibliographie Laveissière (S.), « L’Antique selon François Perrier. Les Segmenta nobilium signorum et leurs modèles », dans Poussin et la construction de l’antique, actes du colloque (Académie de France à Rome, 2009), sous la dir. de Bayard (M.), Paris, Somogy, 2011, p. 49-287. The Segmenta nobilium signorum, published in Rome in 1638 by the painter and etcher François Perier (born circa 1594, Pontarlier, died 1649, Paris), has long served as the most complete record of the antique sculptures conserved in Rome at that time. This new study analyses Perrier’s work, and also provides—for the first time—a complete reproduction of the 100 original plates, compared alongside photographs of the relative antique sculptures (only two of which could not be located). To be published in the proceedings of the seminar “Poussin et l’Antique” (Poussin and the Antique), Académie de France in Rome, in 2011. « Rubens et l’Europe » Projet suivi par Blaise Ducos Il s’agit d’éclairer l’époque de Rubens à partir de ses œuvres, de donner à comprendre le contexte européen (politique, social, religieux, économique). Rubens comme organisateur de fêtes splendides, de cérémonies baroques sera au cœur du propos. Le fil conducteur de l’exposition relie les correspondants de l’artiste et les cours qu’il fréquenta ou pour lesquelles il eut à travailler. Au système des Habsbourg et de leurs vassaux qui dominent l’Europe durant le premier xviie siècle s’ajoute la « république des lettres ». Madrid, Vienne, Bruxelles et Anvers, mais aussi Prague, Mantoue, Londres et Paris s’affirment comme les repères de cette histoire rubénienne en Europe – avec une place toute particulière qu’il faut octroyer à Rome. Peintures Rubens met au point une machine entrepreneuriale avant la lettre, de portée européenne. Aucune forme d’art ne lui est étrangère et toutes peuvent se réclamer d’un premier moment rubénien. Ce qui justifie de mêler, au corpus de Rubens, des œuvres d’autres artistes, sculpteurs, ciseleurs, orfèvres, ornemanistes… Européenne, l’exposition vise ainsi à illustrer l’infinie variété des formes artistiques qui composèrent l’univers de Rubens. B. Ducos The exhibition traces the many correspondents and courts which the artist either visited or received commissions from. In professional terms, Rubens developed a Europe-wide entrepreneurial approach that was well ahead of its time. Because he excelled in every field of artistic production, his stylistic influence can be seen on all of them—hence the decision to include works by other artists, sculptors, chasers, goldsmiths, and ornamentalists, in the Rubens corpus. « Rembrandt et la figure du Christ » Projet suivi par Blaise Ducos Partant de la mention énigmatique d’un Christ peint « d’après nature » parmi les possessions de Rembrandt recensées lors de sa banqueroute de 1656, l’exposition réunissait les œuvres semblant éclairer ce mystère. Il s’agit d’un groupe de têtes montrant un même jeune homme – un modèle ayant posé dans l’atelier de Rembrandt. Parmi ces têtes, certaines sont bien connues et conservées dans des musées (Berlin, Detroit, Philadelphie, Cambridge, Amsterdam) ; d’autres, encore en mains privées, sont réapparues récemment au cours des quatre ans de préparation du projet. L’exposition donnait l’occasion de comparer les œuvres, de les mettre en regard des Pèlerins d’Emmaüs du Louvre, autour duquel elles gravitent. Cette réunion inédite avait pour objectif, non seulement d’offrir l’occasion d’approcher le fonctionnement de l’atelier de Rembrandt, mais aussi de donner un aperçu de la capacité d’innovation du maître d’Amsterdam. Prendre un modèle vivant, sans doute issu de la communauté juive d’Amsterdam, pour qu’il prête ses traits au Christ est une démarche saisissante – un raccourci historique. Autour de ce noyau, l’exposition mettait en scène les différents moments où, au long de la carrière de l’artiste, ses recherches sur la figure du Christ se sont cristallisées. B. Ducos Taking its cue from the enigmatic mention of a Christ painted “from life” in the inventory of Rembrandt’s possessions compiled when he went bankrupt in 1656, the exhibition brings together a series of portraits (on loan from museums in Berlin, Detroit, Philadelphia, Cambridge, Amsterdam, and others from private collections) of the same young man—a model who posed for Rembrandt in his atelier. The exhibition provides a unique opportunity to compare these works, and view them in the context of the Louvre’s The Pilgrims at Emmaus. La coupole du pavillon du palais Bourbon, projet de recherche pour sa reconstitution dans les salles des Objets d’art du xviiie siècle Projet suivi par Marie-Catherine Sahut Le Louvre conserve depuis la dernière guerre une coupole d’Antoine François Callet (1741-1823) peinte sur toile vers 1775 pour le pavillon du palais Bourbon à Paris (inventaire MNR 572). C’est l’un des rares vestiges conservés des « folies » à coupoles qui fleurirent dans le dernier quart du xviiie siècle. Construit par l’architecte Bellisard sur ordre de Louis Joseph de Bourbon, prince de Condé, le pavillon était célèbre pour son décor intérieur. Peinte en trompe l’œil, la coupole du salon imitait une galerie circulaire sur laquelle étaient disposées les figures mythologiques de Vénus et de sa suite. Démarouflée en 1846 lors de la destruction du bâtiment, la toile est actuellement conservée en morceaux. Après restauration, elle prendra place, en 2013, au centre du parcours des Objets d’art du xviiie siècle, au premier étage du pavillon Marengo. Le chantier donne l’occasion de revenir, à la suite de Jacques Wilhelm, sur l’histoire de ce décor, fort bien documentée grâce aux archives des Bourbon-Condé au château de Chantilly. M.-C. Sahut Since World War II, the Louvre has held a painting of a cupola (canvas, ca. 1775) commissioned from Antoine-François Callet (1741–1823) for the reception room in the apartments in the Palais Bourbon in Paris (inv. MNR 572). After restoration, the work will be put on display at the centre of the eighteenth-century section of the Department of Decorative Arts in 2013, on the first floor of the Marengo Pavilion. The project will provide an opportunity—following the work of Jacques Wilhelm—to review the history of this well-documented decorative work, thanks to the Bourbon-Condé archives in the Château de Chantilly. Préparation du catalogue raisonné des peintures italiennes du xviiie siècle du musée du Louvre Projet suivi par Stéphane Loire Sur le modèle des deux volumes déjà publiés en 1996 et 2006 pour les deux cent quatre-vingt-trois tableaux italiens du xviie siècle des collections du musée du Louvre, ce catalogue étudiera quelque cent quatre-vingt-cinq tableaux de peintres italiens nés à partir de 1655. Comme les ouvrages précédents, il comportera une introduction sur l’histoire de la collection, ainsi que celles de ses présentations successives et de son étude, et fournira pour chacune des œuvres une notice donnant un état des connaissances aussi complet que possible. Regroupant des informations classées selon les rubriques « État de conservation », « Historique », « Bibliographie », « Expositions », « Œuvres en rapport (dessins, gravures, autres versions, copies) », ces notices comporteront un commentaire développé faisant la synthèse de toutes ces données, et seront éventuellement complétées par des illustrations de comparaison. L’outil essentiel pour la préparation de cet ouvrage est bien sûr la documentation du 75 Travaux de recherche département des Peintures, où des dossiers individuels existent depuis longtemps pour chacune des œuvres. Mais ces dossiers doivent faire l’objet de nombreux compléments à partir de vérifications bibliographiques, de nouveaux dépouillements, de recherche de précisions sur les œuvres en rapport et sur l’histoire des restaurations, ou encore à l’aide de comptes rendus d’études scientifiques au C2RMF. Le travail de rédaction de cet ouvrage s’accompagne donc en permanence d’un effort de mise à jour de la documentation sur chacun des tableaux. S. Loire The catalogue comprises some 185 paintings by artists born after 1655, each of which will be accompanied by a detailed entry providing all the available information on the painting; the catalogue will be similar to the two volumes (published in 1996 and 2006) comprising the 283 seventeenthcentury Italian paintings in the Louvre collections. The compilation of this catalogue is, of course, being accompanied by extensive work to update the documentation on each painting. Journées d’étude autour des peintures de Goya Projet suivi par Guillaume Kientz Récemment augmentées par le généreux don de Pierre Bergé du Portrait de Luis María de Cistué y Martínez (R.F. 2009-5), les collections du Louvre comptent désormais sept portraits de Francisco de Goya y Lucientes. Les journées d’étude du département des Peintures ayant pour objet de faire bénéficier un ensemble significatif d’œuvres d’une campagne d’examens scientifiques et de séances de travail avec les principaux spécialistes des artistes considérés, leur édition 2012 se consacrera à l’étude des portraits de Goya conservés au Louvre. Les récentes et discutées remises en cause du corpus du peintre – qui ne concernent pas les portraits du Louvre – ont contribué à la mise en place d’une vision plus critique et plus exigeante de son œuvre. Ce contexte offre ainsi un terreau favorable à l’amélioration de notre connaissance de la technique et du style propres à Goya grâce à l’analyse approfondie de sept de ses tableaux aux origines, dates et historiques différents. Outre une journée consacrée à la restitution des conclusions des journées d’étude, une exposition-dossier est envisagée. G. Kientz In 2012, a series of special Study Days will be devoted to discussing the Louvre’s seven portraits by Francisco de Goya. The programme closes with a final day of summarising and conclusions; the publication of an exhibition-dossier is currently being considered. Préparation des journées d’étude consacrées à l’œuvre de Jean Auguste Dominique Ingres Projet suivi par Vincent Pomarède 76 Envisagées en 2012 en partenariat avec le musée Ingres de Montauban, ces journées d’étude constitueraient les secondes organisées en région, après celles consacrées à Nicolas Poussin en 2009. Organisées avec le C2RMF, elles permettraient d’effectuer une comparaison technique et stylistique poussée des œuvres (tableaux et dessins) conservées au musée du Louvre et au musée Ingres. Après une étude systématique des tableaux de la collection montalbanaise, accompagnée de la constitution de dossiers laboratoires complets et actualisés (photographies en lumière directe, dans l’infrarouge et l’ultraviolet, radiographie, réflectographie, etc.), les œuvres du musée Ingres seraient présentées aux spécialistes du peintre, afin de mieux comprendre leur attribution, leur état de conservation et leur histoire. Entièrement filmées, ces journées d’étude à Montauban seraient complétées par une journée à Paris, afin d’étudier les œuvres de la collection du Louvre susceptibles d’être rapprochées de celles du musée Ingres. V. Pomarède Scheduled for 2012 in partnership with the Musée Ingres in Montauban, this will be the second series of Study Days to be organised in the provinces (the first in 2009 were devoted to Nicolas Poussin). Arranged in collaboration with the C2RMF (Centre for Research and Restoration of the Museums of France), these Study Days on Ingres will offer attendees a chance to conduct a detailed technical and stylistic comparison of the paintings and drawings by the artist held in the Louvre and the Musée Ingres. Préparation de l’exposition « Eugène Delacroix » Projet suivi par Sébastien Allard Première rétrospective de grande ampleur consacrée à Eugène Delacroix en Espagne, l’exposition présentera, avec environ cent cinquante peintures, dessins et lithographies, l’ensemble de son œuvre, de ses débuts dans les années 1820 jusqu’à sa mort en 1863. Partant de l’ultime notation dans le journal de l’artiste, quelques jours avant sa mort – « Le premier mérite d’un tableau est d’être une fête pour l’œil. Ce n’est pas à dire qu’il n’y faut pas de la raison » –, elle s’attachera particulièrement à montrer comment s’est articulé, chez Delacroix, le rapport du sujet et de l’exécution, autrement dit de l’idée et de la matière, avec l’inspiration. Mû par une aspiration à l’idéal, qu’il héritait de la grande tradition, Delacroix a en même temps revendiqué le pouvoir expressif de la peinture en elle-même. Seront ainsi développées les questions du modèle antique et vivant, de la répétition, avec entre autres plusieurs versions de Médée furieuse (Lille, Paris) et de La Chasse aux lions (Orsay, Stockholm, Boston), du sujet moderne avec La Grèce à Missolonghi (Bordeaux), et sera réévalué le rôle de son voyage au Maroc, brillamment évoqué dans l’exposition par la présence des deux versions des Femmes d’Alger (Louvre et Montpellier), ainsi que des trois plus importants autres tableaux inspirés par le voyage : La Noce juive (Louvre), Le Kaïd (Nantes), Les Convulsionnaires de Tanger (Minneapolis). L’exposition, qui se tiendra à Madrid (CaixaForum) à l’automne 2011 puis à Barcelone (CaixaForum) au printemps 2012, sera accompagnée par un catalogue scientifique en espagnol, catalan et français. S. Allard Peintures The first retrospective of the work of Delacroix held in Spain covering the entire arc of the artist’s career will be staged first in Madrid (Fundacio La Caixa, autumn 2011), and then in Barcelona (Fundacio la Caixa, spring 2012). The exhibition will highlight the latest research into the artist’s life and interpretations of his work, and will reference recent publications, including Delacroix’s Journal, edited by Michele Hannoosh (2009). The exhibition catalogue will be published in Spanish, Catalan, and French. Préparation de l’exposition « Méditerranées » (titre provisoire) Projet suivi par Vincent Pomarède Coordonnée par Jean-Luc Martinez, cette exposition, prévue au Japon en 2013 et associant tous les départements du musée du Louvre, cherche à illustrer la présence de l’art dans les différentes civilisations qui se sont développées autour de la Méditerranée depuis l’Antiquité jusqu’au xixe siècle. Le département des Peintures, représenté par Vincent Pomarède, est plus spécialement chargé de la conception de la cinquième et dernière partie de l’exposition, intitulée « 1798-1848. La Méditerranée de l’expédition d’Égypte aux colonies ». Construite autour de chapitres traitant surtout du thème des voyages d’artistes et de la découverte par les créateurs de territoires traditionnels, comme l’Italie, ou de nouvelles contrées plus exotiques telles que l’Algérie ou le Maroc, cette dernière section abordera également la relation des peintres avec l’Espagne et la Provence. Cette exposition constituera par ailleurs une excellente occasion de faire découvrir ou redécouvrir des fonds d’artistes conservés par le département, comme les études d’après nature peintes et dessinées durant son voyage en Italie par le professeur de Camille Corot, Achille Etna Michallon, ou bien les œuvres exécutées par Antoine Alphonse Montfort durant son séjour au Moyen-Orient. Prolongement de ce « Grand Tour » sur les rives de la Méditerranée, une présentation de plusieurs tableaux orientalisants de Decamps ou de Chassériau, ainsi que celle d’une série d’études pour un panorama de Constantinople, concluront l’exposition. V. Pomarède Élaboration d’un programme de recherche, mené à partir des collections françaises du musée du Louvre, sur les fournisseurs de supports de tableaux et les marchands de couleurs à Paris au xixe siècle Projet suivi par Vincent Pomarède, Sylvain Laveissière et Pascal Labreuche Mené en collaboration avec Sylvain Laveissière, conservateur général au département, et Pascal Labreuche, historien de l’art ayant soutenu une thèse de doctorat sur cette question, ce programme de recherche, encore non financé, ambitionne de recenser toutes les marques de fournisseurs de supports et de marchands de couleurs portées sur les revers ou les cadres de tableaux du xixe siècle appartenant à la collection du département, puis de croiser ces informations, artiste par artiste, avec les informations déjà connues par la littérature sur les marchands auprès desquels les peintres se fournissaient. À la fois recherche concernant une problématique économique et sociale et recherche portant sur des questions plus techniques et de pratique professionnelle, ce programme devra être mené en relation étroite avec le C2RMF et être complété par des comparaisons systématiques avec les collections de musées nationaux conservant des tableaux complémentaires de ceux du Louvre pour cette époque – plus particulièrement le château de Versailles et le musée d’Orsay. V. Pomarède Still awaiting financial backing, this research programme is conducted in collaboration with Sylvain Laveissière, general curator of the department, and art historian Pascal Labreuche, who has submitted a doctoral thesis on this subject. The programme involves compiling a list of all the suppliers of supports, stretchers, and paint mentioned on the backs of paintings or on their frames, and then matching this information with the available literature on the suppliers each artist is known to have used. Coordinated with Jean-Luc Martinez, this exhibition (scheduled for 2013 in Japan)—which is based on works from all the departments in the Louvre—will attempt to investigate the presence of art in the various civilisations that developed around the Mediterranean world from Antiquity to the nineteenth century. The Department of Paintings and Vincent Pomarède are particularly involved in organising and presenting the fifth and last part of the exhibition, entitled “1798–1848: La Méditerranée de l’expédition d’Egypte aux colonies” (The Mediterranean: from the Egyptian Expedition to the Colonies (1798–1848)). 77 Travaux de recherche Arts graphiques L a collection d’œuvres d’art graphique du Louvre est une des plus importantes au monde ; pour l’école française, elle est sans conteste la collection la plus complète qui soit. L’équipe de recherche suit la répartition de la collection par école et par siècle. Trois principaux axes de recherche ont été poursuivis en 2010 : – les études et les recherches sur les œuvres dans le cadre des expositions programmées en 2011-2012 (« Enluminures » ; « Claude Gellée, le Lorrain » ; « Le Papier à l’œuvre » ; « Pietro da Cortona et Ciro Ferri » ; « Les Plafonds peints et sculptés à Paris au xviie siècle » ; « Giorgio Vasari » ; « Luca Penni » ; « Giulio Romano ») ; – le récolement décennal de la collection (environ cent quatre-vingt mille œuvres), en collaboration avec l’équipe scientifique du musée d’Orsay, et l’établissement de l’inventaire complet de la collection Edmond de Rothschild ; – la mise à jour continue de la base de données du département, et la préparation de sa migration sur le site www.louvre.fr ; la mise en ligne de la base Marques de collections de dessins et d’estampes en partenariat avec la Fondation Custodia ; les publications achevées ou en cours sous format papier (Inventaire Baccio Bandinelli ; Inventaire des enluminures ; Inventaire des dessins bolonais des xviie et xviiie siècles ; plusieurs volumes dans la série « Cabinet des dessins » et différents catalogues d’exposition). C. van Tuyll van Serooskerken The Louvre houses one of the most extensive collections of drawings in the world; the Museum’s collection of works from the French School is unquestionably the largest anywhere. The curatorial staff organises its work on the collection according to schools and periods. Research was conducted in three core areas in 2010: Research in preparation for exhibitions scheduled in 2011–2012 (Illuminations; Claude Gellée, called Lorrain; “Le Papier à l’œuvre”; Pietro da Cortona and Ciro Ferri; seventeenth-century painted and sculpted ceilings in Paris; Giorgio Vasari; Luca Penni; Giulio Romano); the decennial verification of the collection (around 180,000 works), in collaboration with the curatorial team of the Musée d’Orsay, and the establishment of a comprehensive inventory of the Edmond de Rothschild Collection; the continued updating of the Department’s database and the preparation of its transfer to: www. louvre.fr; the online publication of the database “Marques de collections de dessins et d’estampes” in partnership with the Fondation Custodia; and publications in paper form: catalogues raisonnés of the drawings and other works of Baccio Bandinelli in the Louvre (published); of illuminations (in preparation); of Bolognese drawings from the seventeenth and eighteenth centuries (in preparation); several volumes in the Cabinet des Dessins series, as well as various exhibition catalogues. 78 Arts graphiques « Les Marques de collections de dessins & d’estampes » Projet suivi par Laurence Lhinares et Dominique Cordellier Le département des Arts graphiques du musée du Louvre s’est associé à la Fondation Custodia depuis 1999 pour proposer une édition révisée et augmentée en ligne du répertoire de Frits Lugt (1884-1970) Les Marques de collections de dessins & d’estampes, publié en 1921 et suivi d’un supplément en 1956. Cet ouvrage, communément appelé le « Lugt », l’un des manuels les plus utilisés par les spécialistes de dessins et d’estampes, répertorie des marques, estampées ou écrites, de collections particulières et publiques, de marchands, de monteurs, d’imprimeurs et des cachets de vente d’artistes. Ces marques permettent de retracer l’historique d’un grand nombre de dessins et d’estampes. Une base de données d’accès bilingue (français-anglais) a été spécialement conçue pour accueillir le contenu des deux volumes historiques (soit cinq mille deux cent seize marques), auquel ont été ajoutées de très nombreuses marques, aussi bien des nouvelles, créées par des amateurs et par des collections publiques, que des plus anciennes ayant échappé aux premières recherches et méritant d’être signalées. Enfin, un grand nombre de notices originales ont pu être complétées et beaucoup de marques anonymes ont été identifiées. Sur les mille nouvelles notices proposées en mars 2010, cinq cents ont été rédigées au sein du musée du Louvre. Toutes les marques sont reproduites à l’identique, le plus souvent avec une image numérique du cachet et accompagnées d’un commentaire historique explicatif généralement détaillé. Cet outil permet de rechercher efficacement une marque à partir de multiples critères, que l’on peut combiner. La recherche peut se faire, notamment, à partir du numéro, du nom et du lieu de la collection, ou à partir de la description visuelle de la marque. Ce travail d’enrichissement est toujours en cours. Le musée du Louvre a participé avec la Fondation Custodia à mettre gracieusement à la disposition des amateurs un outil de recherche sans pareil sur les collectionneurs et les collections de dessins et d’estampes, répondant ainsi au vœu déjà ancien, exprimé par les amateurs, les marchands d’art et les conserva- teurs de musée, de voir l’ouvrage classique de Frits Lugt mis à jour. Le lancement du site Internet www.marquesdecollections.fr, par la Fondation Custodia en partenariat avec le département des Arts graphiques du musée du Louvre, a eu lieu pendant la Semaine du dessin, le 24 mars 2010. D. Cordellier Since 1999, the Department of Graphic Arts and the Fondation Custodia have been collaborating on a revised and enlarged online version of Frits Lugt’s repertory Les marques de collections de dessins & d’estampes, published in 1921 and followed by a supplement in 1956. A bilingual database (French–English) contains the content of the two historical volumes, to which have been added many collectors’ marks since identified. All the marks are exact reproductions, very often with a numerical image of the stamp, accompanied by a general historical explanation. The site’s development is ongoing. The launch of the Internet site www.marquesdecollections.fr, by the Fondation Custodia, in partnership with the Louvre’s Department of Graphic Arts, took place during the Semaine du dessin, on 24 March 2010. Page intérieure du site www.marquesdecollections.fr Catalogue raisonné des enluminures Projet suivi par Dominique Cordellier, Laura Angelucci et Roberta Serra Le département des Arts graphiques du Louvre vient d’établir, sous la direction scientifique d’éminents spécialistes – M. François Avril et Mme Nicole Reynaud –, le catalogue raisonné des enluminures occidentales conservées dans le fonds du musée. Ce volume a pour objet le recensement exhaustif et la description précise des enluminures et des manuscrits conservés au cabinet des Dessins, dans la collection Edmond de Rothschild et au sein du département des Peintures. Il réunit cent soixante-quinze enluminures du xie au xviie siècle et fournit un outil de référence et de recherche au service non seulement des historiens de l’art du Moyen Âge, des philologues, des bibliothécaires, des musicologues et des historiens, mais aussi d’un très large public profondément sensible à l’ancienneté, au charme et à la préciosité des manuscrits à peinture du Moyen Âge et de la Renaissance. Sa rédaction, coordonnée par Dominique Cordellier, Laura Angelucci et Roberta Serra, fait appel aux contributions de plus de trente spécialistes, conservateurs, bibliothécaires ou universitaires européens et américains. Sa parution s’est accompagnée de la présentation durant trois mois de soixante-dix chefs-d’œuvre de l’enluminure dans les salles d’exposition du département des Arts graphiques (6 juillet – 3 octobre 2011). D. Cordellier The 175 Western European illuminations from the eleventh century to the seventeenth century, held in the Louvre, have been studied and a comprehensive catalogue edited. The compilation of the catalogue, coordinated by Dominique Cordellier, Laura Angelucci, and Roberta Serra, involves contributions from more than thirty specialists, curators, librarians, and scholars from American and European universities. The publication accompanied an exhibition at the Louvre until 3 October 2011. 79 Travaux de recherche Baccio Bandinelli, Tête de jeune homme vue de trois quarts, département des Arts graphiques (INV. 1501, recto) Jean Fouquet, Page enluminée : Le Passage du Rubicon par César, département des Arts graphiques (R.F. 29493, recto) Inventaire des dessins, sculptures et peintures de Baccio Bandinelli Projet suivi par Françoise Viatte, Marc Bormand et Vincent Delieuvin 80 Les recherches sur les dessins du sculpteur florentin Baccio Bandinelli (1493-1560) conservés au Louvre ont abouti à un nouveau volume, de la main de Françoise Viatte, de l’inventaire général des dessins italiens, volume publié en 2011. Environ deux cents dessins sont étudiés, incluant les dessins originaux de Baccio Bandinelli ainsi que les feuilles de son école, les copies et les pièces rejetées dont l’attribution à l’artiste ne peut être maintenue. Toutes les propositions d’attribution, anciennes ou récentes, ont été prises en compte par l’auteur, qu’elles aient été retenues ou refusées. Sur les cent quatre-vingt-quinze dessins classés sous le nom de Bandinelli, soixante-dix-neuf sont acceptés comme originaux. L’ouvrage ne catalogue pas uniquement les dessins classés sous le nom de Bandinelli dans l’inventaire du département des Arts graphiques ; il recense également les sculptures de l’artiste conservées au département des Sculptures, dont les notices ont été rédigées par Marc Bormand, ainsi qu’une peinture, importante mais d’attribution difficile, que plusieurs historiens ont donnée au sculpteur florentin et qui est ici traitée par Vincent Delieuvin. Le volume propose ainsi l’inventaire de toutes les œuvres associées à Bandinelli dans les collections du Louvre. F. Viatte Research on the drawings of the Florentine sculptor Baccio Bandinelliin the Louvre’s collection has led to the publication (in 2011) of a new volume of the general catalogue of Italian drawings. The work contains not only the drawings listed under Bandinelli’s name, it also comments on the artist’s sculptures held in the Department of Sculpture (entries: M. Bormand), and on an interesting painting whose attribution remains uncertain (entry: V. Delieuvin). Luca Penni Projet suivi par Dominique Cordellier Selon un schéma historique trop simple, l’école de Fontainebleau aurait été l’affaire de grands maîtres florentins (Rosso) et émiliens (Primatice, Nicolò dell’Abate). Ce schéma ne laisse pas assez de place au quatrième des grands fondateurs de cette « école », venu lui aussi de la Péninsule : Luca Penni, dit le Romain (après 1504 ? – 1556 ou 1557). Frère de l’un des élèves favoris de Raphaël, Gianfrancesco Penni, beau-frère et ancien collaborateur de Perino del Vaga, il joua en France un rôle exceptionnel de promoteur du classicisme romain. Arts graphiques L’étude qui lui est consacrée débouchera sur une exposition de ses dessins et de ses peintures, mis en regard de gravures et d’objets d’art tirés de ses inventions ; cette exposition permettra de réévaluer l’importance de ce courant « classique » au sein de la manière italienne qui se développe en France sous François Ier et Henri II. D. Cordellier From a very simplified historical perspective, the School of Fontainebleau was founded by Rosso, Primaticcio, and Nicolò dell’Abate. This view doesn’t take into account Luca Penni, (after 1504?–1556 or 1557). Luca Penni was the brother of one of Raphael’s favourite students, Gianfrancesco Penni (Perino del Vaga’s brother-in-law and former collaborator), and he played a key role in promoting Roman classicism in France. This study will lead to an exhibition of his drawings and paintings, which will enable us to re-evaluate the importance of the “classical” current within the Italian manner developed in France in the sixteenth century. Édition et traduction des Vies des plus excellents peintres, sculpteurs et architectes de Giorgio Vasari Projet suivi par Louis Frank Les recherches nécessaires à l’annotation historique et critique de la Vie de Léonard de Vinci, peintre et sculpteur florentin, dans les éditions de 1550 et 1568, ont été poursuivies en 2010. Les points sur lesquels ont principalement porté ces études sont les rapports de Léonard avec la sculpture et l’architecture, ainsi que la question de l’historique de ses manuscrits et de ses dessins. A également été établi le corpus des cinquante-six passages des Vies, hors celle qui lui est consacrée, où figure le nom de Léonard. D’autre part, un certain nombre d’extraits de la Vie de Baccio Bandinelli, sculpteur florentin, dans l’édition de 1568, ont été choisis et traduits en vue de leur publication dans le neuvième volume de l’Inventaire général des dessins italiens du Louvre rédigé par Françoise Viatte (Musée du Louvre éditions et Officina Libraria, 2011). Nous préparons, en collaboration avec Stefania TullioCataldo, l’exposition « Giorgio Vasari dessinateur » (Louvre, automne 2011) ainsi que le catalogue de cette exposition. L. Frank Research on Leonardo da Vinci preliminary to the historical annotation and critique of “The Life of Leonardo da Vinci: Florentine Painter and Sculptor” in the 1550 and 1568 editions of Vasari’s work, continued in 2010. An exhibition on “Giorgio Vasari the Draughtsman” will open in autumn 2011. Études des dessins bolonais du Louvre Projet suivi par Catherine Loisel Après la publication en 2004 du Catalogue des dessins de Ludovico, Agostino, Annibale Carracci, Catherine Loisel mène actuellement des recherches en vue de la sortie du second volume du catalogue des dessins bolonais du Louvre. Cette publication de travaux entrepris il y a vingt ans sur la collection du Louvre mettra en évidence l’importance des collections bolonaises en France depuis le xviie siècle. Compte tenu du nombre de dessins existants, les copies d’après les peintures et les dessins ont été éliminées et seuls seront présentés, pour chacun des artistes d’Émilie entre 1580 et 1720, les dessins autographes ou attribuables avec vraisemblance. La sortie de l’ouvrage est prévue pour 2012. C. Loisel Following the publication of the catalogue of drawings by Ludovico, Agostino, and Annibale Carracci (2004), Catherine Loisel is currently carrying out research in preparation for the publication of the second volume of the catalogue of Bolognese drawings in the Louvre. This publication of twenty years of research on the Louvre collection will highlight the importance of Bolognese collections in France since the seventeenth century. Given the number of drawings, copies based on paintings and drawings have been eliminated, and only authentic drawings and drawings that can reasonably be attributed to Emilian artists (1580– 1720) will be presented. The work is scheduled for publication in 2012. Les plafonds peints et sculptés à Paris au xviie siècle Projet suivi par Bénédicte Gady Les dessins et les esquisses pour les plafonds peints et sculptés à Paris au xviie siècle font l’objet d’un projet d’exposition pour 2013, à partir du fonds du Louvre et des principaux fonds parisiens. Les premières recherches sur ce thème ont débouché sur une découverte importante relative à des décors disparus du palais du cardinal Mazarin (actuelle Bibliothèque nationale de France) : la mise au jour, d’une part, de grands relevés aquarellés effectués par Jules Frappaz en 1853, conservés à la Médiathèque du patrimoine, et, d’autre part, de nouvelles pièces d’archives, permet non seulement de mieux comprendre la distribution de l’appartement d’hiver du cardinal, mais aussi de « visualiser » les décors qu’avaient exécutés en 1649-1651 Giovanni Francesco Grimaldi et Rémy Vuibert. Ces résultats ont été présentés lors d’un colloque international à Bologne (« Crocevia e capitale della migrazione artistica: forestieri a Bologna e bolognesi nel mondo, secolo XVII », 30 novembre – 2 décembre 2010) et sont en cours de publication. B. Gady Research prior to an exhibition on the painted and sculpted ceilings in Paris in the seventeenth century has led to an important discovery relating to the decorations in the Palais Mazarin (now the Bibliothèque Nationale de France): the discovery of nineteenth-century watercolour copies, held in the Médiathèque du Patrimoine, and new archive material provide a better understanding of the organisation of the cardinal’s winter apartment, and enable us to visualise the decorations by Giovanni Francesco Grimaldi and Remy Vuibert, which have now disappeared. These results were presented during an international seminar in Bologna (30 November to 2 December 2010). 81 Travaux de recherche « L’Ascension de Charles Le Brun. Liens sociaux et production artistique » Préparation de l’exposition sur Claude le Lorrain Projet suivi par Bénédicte Gady Projet suivi par Carel van Tuyll van Serooskerken Pour éclairer l’ascension spectaculaire de Charles Le Brun, avant sa nomination comme premier peintre de Louis XIV, sans se contenter de réunir un savoir dispersé, le parti pris a été d’étudier ensemble et de confronter les liens sociaux de l’artiste (familiaux, amicaux, professionnels, intellectuels, voire criminels) et la production artistique (regroupant les questions de commandes, de style, de collaborations, de rayonnement d’une œuvre ou d’un homme). Abandonnant la grande fresque historique comme l’étude systématique et successive des œuvres, l’objectif était de saisir la singularité d’une figure en examinant ses relations avec son entourage. Ainsi, pour la période qui s’étend du début de la carrière de Le Brun jusqu’à son retour d’Italie, en 1646, à l’âge de vingt-sept ans, cette étude croisée des relations et des œuvres fait ressortir une correspondance, sinon systématique, du moins très étroite, entre réseaux, commandes et style des œuvres, qui oblige à reconsidérer la structure du catalogue des premières années du peintre. Après cette date, le prestige des premiers grands décors et l’accès à des commanditaires placés au sommet de l’État font que l’association entre un réseau social (dont l’unité s’est dissoute) et une commande semble insuffisante pour rendre compte d’une réalité devenue plus complexe. Ressort, en revanche, la permanence de la protection du chancelier Séguier, qui assure au peintre, outre certains succès, une étonnante capacité de repli stratégique, tant dans la jeune et instable Académie royale de peinture et de sculpture que sur les principaux chantiers du règne. Au cours de cette période, l’étude des liens sociaux se révèle également très efficace pour comprendre l’organisation des équipes qu’emploie Le Brun pour plusieurs décors menés concomitamment, organisation qui invite à remettre en cause la perception actuelle de la notion d’atelier. L’examen minutieux des travaux effectués pour le surintendant des Finances Nicolas Fouquet à Vaux-le-Vicomte, que renseigne un nombre exceptionnel de documents, permet de reconsidérer, à partir de l’analyse de ces liens sociaux, la répartition des tâches sur le chantier et de revoir, sans préjugés et sur de nouvelles bases, les attributions des œuvres. Cette étude est publiée sous le titre L’Ascension de Charles Le Brun. Liens sociaux et production artistique, aux éditions de la Maison des sciences de l’homme (2010). B. Gady En avril 2011, le musée du Louvre inaugurait l’exposition « Claude le Lorrain. Le dessinateur face à la nature », qui réunissait environ quatre-vingts dessins, une douzaine de peintures et plusieurs eaux-fortes de la main de Claude Gellée, dit le Lorrain (1600 ou 1604-1605 – 1682). Les dessins provenaient des fonds du musée du Louvre et de celui du musée Teyler à Haarlem, deux fonds qui se complètent remarquablement bien et qui permettent d’étudier les différentes catégories du dessin tel que le Lorrain l’a pratiqué, et son évolution artistique au cours de sa longue carrière. L’exposition examinait le rôle du dessin de Claude dans la préparation de ses peintures et de ses estampes, avec une attention particulière pour les études d’après nature. En introduction, l’exposition proposait une confrontation de dessins du Lorrain avec des feuilles de ses maîtres et contemporains, comme Paul Bril, Agostino Tassi, Goffredo Wals, Bartholomeus Breenbergh et Nicolas Poussin. Cette confrontation inédite a permis de mesurer la dette incontestable du Lorrain envers ces artistes italiens et nordiques, ainsi que sa remarquable originalité. C. van Tuyll van Serooskerken Benefiting from the discovery of new paintings, drawings, engravings, many unpublished archive documents, and a critical review of the sources, this study (published by Éditions de la Maison des Sciences de l’Homme) reviews the rise of the painter by exploring two aspects of his life—his works and social network. Of humble origins—his family was involved in the publication of engravings—he benefited from the patronage of the chancellor Pierre Séguier, enabling him to execute prestigious commissions (for Richelieu and then the king). As arbiter of the decorative projects in Paris and castle of Vaux-le-Vicomte, he solicited many collaborators, with whom he maintained judicial, artistic, and social links. 82 In April 2011, the Louvre inaugurated the exhibition “Claude le Lorrain. Le dessinateur face à la nature”, which presented around 80 drawings, a dozen paintings, and several etchings. The drawings originate from the collections in the Louvre and the Teylers Museum in Haarlem (Netherlands). The exhibition examined the role Lorrain’s drawing played in the preparation of his paintings and engravings, with a particular focus on studies from nature. The exhibition also enabled visitors to assess the influence of contemporary Italian and Northern artists on Lorrain’s work, and its remarkable originality. Étude du fonds du Louvre de Pietro da Cortona et Ciro Ferri Projet suivi par Bénédicte Gady Pietro da Cortona est l’un des trois principaux protagonistes de la Rome baroque. Les Français, qui, au xviie siècle, avaient considéré l’artiste comme l’égal de Poussin et l’avaient sollicité pour l’architecture du palais du Louvre, étaient restés en retrait dans sa redécouverte, due principalement aux chercheurs italiens, américains et allemands. Dans la lignée de leurs travaux, l’étude du fonds du Louvre de Pietro da Cortona et de Ciro Ferri, son élève le plus fidèle, a été reprise, permettant de mieux comprendre les modes de collaboration entre les deux artistes et les styles graphiques de chacun d’eux, souvent volontairement proches. Les nouvelles propositions d’attribution, l’identification de la destination de certains dessins et la découverte, à l’occasion de la restauration, de deux versos dessinés sont présentées dans le catalogue qui accompagnait l’exposition « Pietro da Cortona et Ciro Ferri. L’invention baroque » (salles Mollien, 10 mars – 6 juin 2011). B. Gady Arts graphiques In preparation for the exhibition “Pietro da Cortona et Ciro Ferri. L’invention baroque” (Salles Mollien, 10 March to 6 June 2011), the study of the two artists’ works was taken up again, enabling the re-attribution of certain works, the identification of the purpose of others, and the discovery of two drawings on the backs of works revealed during the restoration process. Recherche sur Jean-Baptiste Marie Pierre et l’art français au xviiie siècle Projet suivi par Bénédicte Gady L’exposition des dessins, gravures et planches de cuivre du premier peintre du roi Jean-Baptiste Marie Pierre (1714-1789) dans la salle d’actualité (salle 33, 1er septembre – 22 novembre 2010) a été l’occasion de rendre hommage aux travaux de Nicolas Lesur et d’Olivier Aaron, publiés aux éditions Arthena en 2009 : elle a ainsi permis de présenter la recherche la plus récente menée hors du musée sur l’art français du xviiie siècle et ses incidences sur la connaissance des œuvres du département des Arts graphiques, avec son lot de découvertes, de rejets d’attributions et de réattributions. La préparation de l’accrochage a conduit à prolonger certaines de ces enquêtes : a pu ainsi être précisé le motif d’un dessin récemment attribué à l’artiste (INV. 34755), qu’il faut désormais comprendre comme une Allégorie aux armes du sculpteur René Frémin, surmontées d’une couronne ducale ; de même, deux cuivres gravés par Pierre luimême sur la vie de saint François d’Assise ont pu être replacés au début de sa carrière d’aquafortiste grâce à la découverte d’un « repentir » sur l’une des planches (Chalcographie, 1186C et 1187C). B. Gady An exhibition on Jean-Baptiste Marie Pierre in the Salle d’Actualité (room 33, 11 September to 22 November 2010) marked the publication of a monograph on the artist by N. Lesur and O. Aaron, and provided an opportunity to re-assess the Louvre’s holding of the artist’s work. La collection de dessins italiens de Pierre Crozat Projet suivi par Bernadette Py Il s’agit ici de l’édition critique des notes de l’expert Pierre Jean Mariette portées sur son exemplaire du catalogue de la vente des dessins de Pierre Crozat qu’il avait dirigée en 1741 (conservé au Victoria and Albert Museum à Londres). Ces notes inédites, entièrement retranscrites, livrent des informations capitales sur les acheteurs des lots et surtout sur leur contenu, Mariette donnant souvent la description des dessins et le nom de leur auteur. Ces descriptions (parfois très développées) et ces attributions ont permis de rechercher la trace des dessins dans des ventes successives et souvent de retrouver leur localisation actuelle. Elles permettent en outre de connaître l’appréciation que Mariette portait sur les œuvres contenues dans les lots, grâce à ses annotations qui allaient de « Ex. » (excellents) à « m » (mauvais), et de constater que, parmi les dessins italiens – plus de douze mille feuilles –, étaient aussi rangées des feuilles d’artistes français ou nordiques. Un grand nombre de ces œuvres sont conservées au département des Arts graphiques. B. Py Preparation of a critical edition of the notes by the expert Pierre-Jean Mariette relating to the sale catalogue that he had written in 1741 (held in the Victoria and Albert Museum in London). These previously unpublished notes, which have been re-transcribed in their entirety, provide important information on the purchasers of lots and sometimes their content, and facilitate the identification of the provenance of many of these sheets, which are now dispersed. Préparation de l’exposition « Le Papier à l’œuvre » Projet suivi par Natalie Coural (C2RMF), Hélène Grollemund et Dominique Cordellier Le papier comme matériau support du dessin était au cœur de l’exposition « Le Papier à l’œuvre » (aile Sully, du 9 juin au 5 septembre 2011) et de son catalogue. Il s’agissait de montrer comment, du xve au xxie siècle, les artistes ont utilisé le papier pour leurs créations graphiques et quelles techniques ont alors été mises en œuvre : les papiers préparés et la pointe de métal au xve siècle, le support entièrement recouvert de laque industrielle au xixe siècle ; les assemblages induits par les dimensions de la feuille elle-même, les ajouts pour transformer un dessin ou introduire un repentir ; le procédé du transfert, avec l’utilisation d’un papier résistant aux manipulations, aux perforations et aux incisions ; les papiers spécialement créés pour les artistes. À cette occasion, des analyses ont été effectuées par le C2RMF (Centre de recherche et de restauration des musées de France), notamment sur des fibres de papier Montval, un papier mis au point par Gaspard Maillol et repris par Canson. H. Grollemund Research on the fabrication of paper and paper’s journey from China to the West, the material’s technical characteristics, and the various types of paper chosen by artists and their use, are being carried out in preparation for the exhibition “Le Papier à l’œuvre” (Musée du Louvre, 2011). The exhibition will present examples of the use of paper in works from the fifteenth to the twenty-first century. 83 Travaux de recherche Musée Delacroix A u-delà de la mise en valeur des lieux et de l’enrichissement de ses collections, un musée monographique comme le musée Delacroix se doit de contribuer à une meilleure connaissance de l’artiste. C’est pourquoi il s’est fixé pour objectif d’accompagner chacune de ses expositions d’un catalogue scientifique diffusable plus largement en librairie et faisant appel aux meilleurs spécialistes tant français qu’étrangers, conservateurs comme universitaires : en 2009-2010, Une passion pour Delacroix. La collection Karen B. Cohen, et pour 2011, Fantin-Latour, Manet, Baudelaire : L’Hommage à Delacroix. En cours de préparation pour une ouverture le 7 décembre 2011, l’exposition sur L’Hommage à Delacroix de Fantin-Latour retracera l’aventure de la grande toile de 1864 (Paris, musée d’Orsay), sa conception, les variantes, le choix des modèles élus et des exclus, et, au-delà, la question complexe des rapports de ces artistes avec l’héritage du maître. Cette toile-manifeste rassemblait audacieusement, aux côtés de critiques comme Baudelaire et Champfleury, une nouvelle génération d’artistes novateurs (Manet, Whistler, Legros, Bracquemond…) qui n’étaient pourtant pas des disciples fidèles de Delacroix. Depuis la rétrospective Fantin-Latour présentée au Grand Palais il y a trente ans, ce dossier méritait d’être rouvert à la lumière des documents réapparus depuis et d’être traité pour la première fois spécifiquement. Par ailleurs, le Bulletin de la Société des Amis du musée Eugène Delacroix réunit chaque année un riche ensemble d’études issues d’horizons variés. Parallèlement à ces publications régulières, le musée s’est associé à l’université Paris IV-Sorbonne pour mener à bien la vaste entreprise de l’édition en ligne de la correspondance de Delacroix, objectif ambitieux mais capital pour l’avancée de la recherche sur l’artiste et son temps. Ch. Leribault In addition to enhancing the historic building of the painter’s former home and atelier and augmenting its collections, one of the main goals of a dedicated museum like the Musée Delacroix is to increase public knowledge of the artist and his work. Each exhibition is therefore accompanied by an authoritative catalogue (available in bookshops) comprising articles contributed by international specialists, curators, and scholars: in 2009–2010, Une passion pour Delacroix. La collection Karen B. Cohen; in 2011, Fantin-Latour, Manet, Baudelaire: L’Hommage à Delacroix. The exhibition on L’Hommage à Delacroix by Fantin-Latour, which is being prepared and is scheduled to open on 7 December 2011, will retrace the creation of this major painting (1864, held in the Musée d’Orsay) and will focus on the painting’s conception, related works, the sitters he chose to represent (and those he excluded), and the complex question of the links between these artists and the master’s legacy. This seminal painting boldly portrays a new generation of innovative artists such as Manet, Whistler, Legros, and Bracquemond—who were not particularly devout followers of Delacroix—together with critics like Baudelaire and Champfleury. A decision was made to re-examine and—for the first time—focus exclusively on this painting in the light of new documentation that has emerged since the Fantin-Latour retrospective, which was held at the Grand Palais thirty years ago. In addition, the yearly Bulletin de la Société des Amis du Musée Eugène Delacroix provides a wealth of research by a broad range of specialists. To complement these regular publications, the Museum is collaborating with the University of Paris IV-Sorbonne on a sweeping project to publish Delacroix’s correspondence online: this vital—if highly ambitious— undertaking will facilitate research on the artist and his epoch. 84 Musée Delacroix L’édition électronique de la correspondance d’Eugène Delacroix Projet associant le Centre André Chastel UMR 8150, laboratoire associé à l’université Paris IV-Sorbonne, et le musée national Eugène Delacroix La correspondance du peintre Eugène Delacroix, qui comporte à l’heure actuelle plus d’un millier de lettres courant sur toute sa carrière, est une source capitale pour la connaissance tant de l’artiste que de son temps, du fait de ses multiples intérêts. L’actuelle édition de la correspondance par André Joubin, qui date de 1931-1938, n’est plus satisfaisante, en raison d’abord de la réapparition de nombreux originaux inconnus alors (certains publiés depuis par Lee Johnson et Michele Hannoosh), du progrès des études sur Delacroix et son époque, qui rendent l’annotation, par ailleurs relativement rapide, en partie obsolète, et enfin de nouvelles exigences quant à la transcription des manuscrits anciens. Le projet est piloté par deux institutions : le Centre André Chastel UMR 8150, laboratoire associé à l’université Paris IVSorbonne, et le musée national Eugène Delacroix, rattaché au musée du Louvre. L’édition électronique de la correspondance d’Eugène Delacroix vise à rendre immédiatement disponible, au fur et à mesure de son avancement, le travail nécessairement collectif mené à partir et autour des lettres de l’artiste. La première étape a consisté à établir un fichier le plus complet possible des lettres conservées ou connues. Beaucoup sont heureusement conservées à Paris (bibliothèque de l’Institut national d’histoire de l’art, Fondation Custodia, Bibliothèque centrale des musées nationaux, musée Delacroix, département des Arts graphiques du musée du Louvre). Le travail actuel de transcription concerne ces fonds, mais des missions seront nécessaires pour examiner sur place les autres originaux, très dispersés, conservés en Europe et aux États-Unis. Une importante subvention de l’Agence nationale pour la recherche obtenue en 2007 pour les trois années 2008-2010 a permis de financer des vacations d’étudiants pour les transcriptions, des commandes de photographies et microfilms, des missions à l’étranger, une partie du matériel informatique nécessaire et, enfin, la conception du logiciel complexe, développé par la société Opixido – après appel d’offres –, pour ce projet pilote. Le choix d’une édition en ligne facilite de façon évidente la mise en ordre progressive de ce vaste corpus évolutif, avec ses découvertes d’inédits à intégrer dans le fil chronologique, et sa consultation via les indexations automatiques. Il est aussi l’occasion d’une présentation plus complexe de l’ensemble. Le principe retenu est, en effet, de proposer, d’une part, la photographie des manuscrits et, d’autre part, leur transcription sous deux formes, l’une pour les chercheurs, avec le respect de l’orthographe, de la ponctuation et de la présentation originale, l’autre destinée à un plus vaste public, avec une orthographe modernisée et une ponctuation améliorée. Ce sont ces trois documents qui sont dans un premier temps, ainsi que le fichier de base, accessibles sur le web. Parallèlement, le comité de direction réuni autour de Barthélémy Jobert, Arlette Sérullaz et Christophe Leribault coordonne l’annotation, elle aussi collective, de ces lettres, confiée aux volontaires spécialistes de tel ou tel domaine. Un forum destiné à recevoir toute information susceptible d’enrichir l’annotation sera également ouvert, la transcription annotée d’une lettre étant ainsi susceptible d’évoluer (chaque modification devant toutefois être validée par le comité). Grâce aux efforts de Thierry Laugée, à présent maître de conférences à Paris IV, de Catherine Page d’accueil de la base www.correspondance-delacroix.fr Limousin, secrétaire général du Centre Chastel, et des vacataires qu’ils ont encadrés durant la période écoulée, ainsi qu’au travail accompli par les deux chargées d’études documentaires du musée Delacroix, Catherine Adam-Sigas et Marie-Christine Mégevand, ce projet a atteint un degré d’avancement fort satisfaisant pour un programme aussi ambitieux. La base www.correspondance-delacroix.fr a été mise en ligne à l’hiver 2010 et est accessible à partir des sites du musée Eugène Delacroix et de la Sorbonne Paris IV. Les lots couverts étant d’abord assez restreints, il n’a été fait aucune communication spécifique, cet effort de diffusion étant reporté au-delà de la phase de « rodage ». En pratique, le site a très vite été référencé sur Google et apparaît en premier à l’interrogation « Delacroix correspondance ». Par ailleurs, son ergonomie s’est avérée concluante et a d’ailleurs reçu le label Accessiweb (accessibilité aux malvoyants). Aux deux cent quarante lettres déjà entrées seront prochainement ajoutées une centaine de nouvelles lettres annotées ; un fort contingent de lettres déjà transcrites mais en attente d’annotations prendra ensuite le relais. Cet enrichissement progressif de la base autorisera bientôt à mieux faire connaître cette entreprise auprès d’un plus large public. Ainsi le musée pourra-t-il répondre davantage encore à sa double mission, qui est d’une part de préserver l’atelier de Delacroix et d’enrichir ses collections, d’autre part de contribuer de manière dynamique à une meilleure connaissance de l’artiste et de son œuvre. Ch. Leribault et B. Jobert The five volumes of Delacroix’s correspondence published between 1931 and 1938 by André Joubin were deemed no longer satisfactory in light of the fact that in the meantime other original letters have been discovered since its publication, and considerable progress was made in studies of Delacroix and his epoch; furthermore, new requirements now apply with regard to the transcription of old manuscripts. To address the problem, the Centre André Chastel / UMR 8150 (Paris IV-Sorbonne University) and the Musée National Eugène Delacroix, have compiled a database of some 240 letters, available online since the winter of 2010 at: www.correspondance-delacroix.fr. 85 Travaux de recherche Histoire du Louvre L ’idée consistant à structurer une recherche sur le thème de l’histoire du Louvre est née dans les années 1940 du sentiment que des aspects importants du musée, en particulier son implantation dans un palais riche d’histoire au cœur de la capitale, ne relevaient de la compétence d’aucun département en propre. Aujourd’hui encore, les grands axes de la recherche sur l’histoire du Louvre viennent en complément des champs explorés par les départements et développent les problématiques suivantes : – étude de la vie palatiale : conservation et étude des objets médiévaux et modernes trouvés sur le site du Louvre et des Tuileries lors des fouilles des années 1980-1990 essentiellement ; – étude architecturale du Louvre et conservation des œuvres issues de l’activité de l’architecte en chef du palais, en particulier une collection de moulages du xixe siècle préparatoires au décor sculpté du palais ; – recherches sur des moments fondateurs de l’institution du musée. Ces travaux sont menés au sein de la section Histoire du Louvre, créée par le département des Peintures mais aujourd’hui rattachée au département des Sculptures, et par l’agence de l’architecte en chef, qui mène d’importantes études historiques préalables à toutes les opérations de restauration et de modernisation entreprises dans le musée. Michel Goutal est l’architecte en chef du palais et Guillaume Fonkenell est chargé de l’histoire du Louvre. G. Fonkenell The idea of formulating a study programme specifically on the history of the Louvre itself emerged in the 1940s, when it became clear that there was actually no division exclusively devoted to the remarkable building containing all these collections, a palace in the heart of the capital with such a rich history of its own. The research programmes that were consequently set up to study the Museum’s history are devised to complement each Department’s own field of research, and focus on the following subjects: the study of life in and around palace down through the ages; conservation and studies of medieval and modern objects found on the Louvre and Tuileries sites during archaeological excavation work largely conducted between 1980 and 1990; studies of the building’s architecture, and the conservation of works connected with the activities of the Louvre’s Chief Architect, particularly a collection of nineteenth-century preparatory mouldings for the Louvre’s sculptural decorations; and research on the founding moments in the Museum’s establishment. This project is run by the History of the Louvre division—which was set up by the Department of Paintings, and is now attached to the Department of Sculptures—and the Chief Architect’s office, which carries out the necessary major historical studies prior to any restoration and modernisation work effected on the Museum. Michel Goutal is currently the Chief Architect, and Guillaume Fonkenell is in charge of the History of the Louvre division. 86 Histoire du Louvre La charpente du Salon carré Projet suivi par Michel Goutal et Guillaume Fonkenell Les travaux de restauration de la couverture du Salon carré entrepris en avril 2010 ont été l’occasion d’observer dans le détail sa charpente métallique. La confrontation avec les documents anciens a montré que la charpente originelle, conçue en 1789 par les architectes Axel Guillaumot et Augustin Renard, était encore en place aujourd’hui. Cette découverte fait du Louvre le dépositaire de l’une des plus anciennes structures métalliques de grande portée conservée in situ en France et probablement dans le monde. Le système adopté par Renard et Guillaumot cherchait à associer la légèreté (pour ouvrir largement le sommet de la charpente afin d’assurer un éclairage zénithal) et la sécurité contre l’incendie : le bois avait été entièrement proscrit et les ardoises étaient directement « collées » et clouées sur un enduit en plâtre. La charpente a été consolidée en 1849 par Félix Duban et ses pentes modifiées au xxe siècle. Son apparence primitive sera restituée à l’occasion des travaux et une présentation détaillée en sera faite lors de l’International Congress of History of Construction qui se tiendra à Paris en juin 2012. G. Fonkenell During the restoration work on the roof above the Salon Carré, the existing roof structure was revealed to be the original one designed by the architects Axel Guillaumot and Augustin Renard in 1789. This means that the Louvre has one of the oldest metallic large-span frameworks conserved in situ in France. The system adopted by Renard and Guillaumot combined lightness of weight (to facilitate the creation of a wide opening at the top of the structure to provide overhead natural lighting) with fire safety. Vue générale du chantier de restauration de la couverture du Salon carré, Attribué à Jean Augustin Renard, Coupe sur la charpente du Salon carré, 1789, 12 mai 2011 Archives nationales (O1 1670, pièce 249) 87 Travaux de recherche Service du Récolement des dépôts antiques et des arts de l’Islam L e service du Récolement des dépôts antiques et des arts de l’Islam (SRDAI) s’est mis en place en 2004, sous l’autorité directe du président-directeur du Louvre, faisant suite à la mission du même nom créée en 1997. La vocation de ce service est liée aux objectifs de la Commission de récolement des dépôts d’œuvres d’art de l’État et consiste à réaliser un récolement de tous les « dépôts » du Louvre dans les autres institutions en France et à l’étranger. Ce travail, contrairement à un récolement régulier, ne consiste pas simplement à pointer la présence ou l’absence des œuvres en fonction d’un inventaire existant. En effet, l’histoire de la politique muséale française dès la fin du xviiie siècle s’est caractérisée par une volonté de l’État de répartir le patrimoine national sur l’ensemble du territoire et le Louvre a été l’un des vecteurs essentiels de cette « distribution ». Ainsi, le travail de récolement des dépôts consiste d’abord à mener des enquêtes historiques sur les collections acquises par le Louvre dès le début du xixe siècle et envoyées, souvent rapidement après leurs acquisitions, dans divers musées, universités et autres institutions. Le récolement in situ permet ensuite de découvrir ou de redécouvrir scientifiquement ces collections en quelque sorte oubliées. C’est pourquoi les activités de recherche du service se développent autour de deux axes essentiels : l’histoire des collections et de leurs envois, et l’étude archéologique de ces collections souvent inédites. Y. Lintz After its mission was established in 1997, the Division responsible for locating and verifying the Museum’s holdings of antiquities and Islamic art was created in 2004 under the management of the Department of Near Eastern Antiquities. This Division is closely linked to the operations of the “Commission de récolement des dépôts d’œuvres d’art de l’État”, whose mission involves locating and authenticating all works in the Louvre itself, and Louvre property deposited with other institutions in France and abroad. This mission is not a routine matter of simply verifying whether or not works are present by checking them against an existing inventory. In fact, the history of French museum policy since the end of the eighteenth century has always been characterised by a deliberate State policy of fostering greater awareness of the national heritage throughout France, and the Louvre has always been one of the main vectors for this promulgation. Hence, the location and authentication of the deposits primarily involves conducting historical investigations into the collections acquired by the Louvre at the turn of the nineteenth century, which were then transferred—often quite soon after their acquisition—to other museums, universities, and institutions. This procedure has resulted in the technical analysis or rediscovery of collections that had been almost forgotten. This is why the Division’s research activities focus on two core initiatives: the history of the collections and their transfers, and the thorough reassessment of (often) previously unseen collections. 88 Service du Récolement des dépôts antiques et des arts de l’Islam Étude historique, scientifique et archéologique des envois d’Antinoé (Égypte) Projet suivi par Yannick Lintz et Magali Coudert Enjeux du programme Le récolement des dépôts qui a débuté en 1996 a eu le mérite de mettre en lumière des collections nationales mal connues, parce que souvent acquises au xixe siècle ou au début du xxe siècle puis immédiatement distribuées dans diverses institutions muséales ou universitaires. Le SRDAI se donne donc pour objectifs d’étudier et de publier les collections les plus significatives de cette histoire. En 2010, nous avons entrepris l’étude historique, scientifique et archéologique des collections égyptiennes d’Antinoé fouillées par l’archéologue Albert Gayet entre 1895 et 1910. Émile Guimet, qui fut très tôt, en tant que collectionneur privé, l’un des mécènes de l’archéologue, dirigea aussi au début du xxe siècle, au nom de l’État français et en tant que directeur du musée Guimet de Paris, la distribution de ce patrimoine à travers la France et quelques pays européens. Aujourd’hui, alors que nous allons terminer en 2011 le récolement de ces envois dans les diverses institutions, nous avons identifié d’ores et déjà plus de quatre mille cinq cents objets aujourd’hui conservés dans soixante et une villes en France et sept à l’étranger. L’étude porte sur les trois mille cinq cents items vus lors des différentes campagnes de récolement. Ce programme, qui a débuté en 2006 pour sa partie archivistique et historique, s’est élargi en 2010 à une partie scientifique. Le travail se développe à partir de deux axes thématiques : les momies (un corpus de trente-huit individus) et les tissus (quantitativement la partie la plus importante de cette collection et par ailleurs un domaine archéologique déjà exploré pour cette époque de l’Égypte). Ces deux programmes de recherche s’articulent autour de trois questions. La première vise à clarifier une chronologie pour l’instant vague (romano-byzantine, romaine ou byzantine selon les cas). La deuxième concerne l’étude anthropologique et génétique, pour comprendre notamment s’il y a eu des mélanges d’individus d’origine africaine et procheorientale (ce qui renvoie à la question de la cité d’Antinoé et de son positionnement économique et culturel durant l’Antiquité tardive en Égypte et dans le monde méditerranéen et oriental). La troisième question porte sur la compréhension des pratiques funéraires entre l’évolution des traditions égyptiennes d’époque pharaonique et les apports des cultures gréco-romaine et chrétienne. Méthode L’année 2010 nous a permis de préciser notre méthode de travail selon plusieurs principes. Nous ne voulons pas nous contenter d’additionner des résultats bruts après une « batterie » d’analyses. L’équipe pluridisciplinaire réunie pour ce projet a donc décidé en juin d’entreprendre un travail en deux temps : d’abord une phase d’étude macroscopique, avec constitution d’un corpus d’imagerie (scanner ou radios) intégrant aussi l’analyse au carbone 14, les études isotopiques et tribologiques. Une seconde phase consistera à approfondir des recherches de type physico-chimique en fonction des résultats de la première phase. En amont, des protocoles précis de travail ont été mis au point (imagerie scanner, examens pathologique et dentaire, transport des momies dans les centres hospitaliers universitaires [CHU], prises d’empreintes pour la tribologie, prise d’échantillons de cheveux pour le carbone 14 et les analyses isotopiques). Une expérimentation de protocole est en cours pour l’analyse ADN, afin de clarifier la réalité de conservation d’ADN en fonction des prélèvements et pour éviter des résultats « trompeurs ». Composition de l’équipe pluridisciplinaire – Yannick Lintz, conservateur en chef, responsable du SRDAI, et Magali Coudert, collaboratrice scientifique de conservation, culture copte et époque romano-byzantine, SRDAI, toutes deux responsables du programme ; – Marie-Hélène Rutschowscaya, conservateur général, responsable de la section copte au département des Antiquités égyptiennes, musée du Louvre ; – Dominique Bénazet, conservateur en chef, section copte au département des Antiquités égyptiennes, musée du Louvre ; – Hervé Bocherens, professeur, Institut für Geowissenschaften – Biogeologie Universität, Tübingen ; – Thierry Borel, radiologue, C2RMF, palais du Louvre, Paris ; – Laure Cadot, conservateur-restaurateur d’objets ethnographiques – matériaux organiques, polychromies mates, restes humains ; – Dr Laurent Dussarps, chirurgien-dentiste, Gradignan ; – Eva-Maria Geigl, directrice de recherche CNRS, équipe Épigénome et Paléogénome (recherche sur l’ADN), Institut Jacques Monod, CNRS, université Paris VII Diderot ; – Fabienne Médard, archéologue, spécialiste de l’étude technique des textiles anciens ; – Dr Samuel Mérigeaud, praticien hospitalier du CHU Lapeyronie, Montpellier ; – Witold Nowik, ingénieur de recherche, responsable du pôle analytique, Laboratoire de recherche des monuments historiques, Champs-sur-Marne ; – Pascale Richardin, responsable du groupe Datation – Datation par le carbone 14, département recherche, C2RMF, palais du Louvre, Paris ; – Margareta Tengberg, archéobotaniste, UMR 7209, Muséum d’histoire naturelle, Paris ; Observation scientifique d’une momie d’Antinoé au musée de l’Homme en 2010 89 Travaux de recherche – Dr Pierre-Léon Thillaud, paléopathologiste, chargé de conférences, École pratique des hautes études, Paris ; – Romain Thomas, doctorant en botanique, Muséum d’histoire naturelle, Paris. Calendrier Début du programme : 2010. Fin des analyses : fin 2011. Sortie d’un ouvrage : fin 2012. Projet suivi par Yannick Lintz et Caroline Tsagouris Y. Lintz Since 1996, the comprehensive programme of locating and authenticating works deposited in museums has involved a complex inquiry into the background of national collections acquired in the nineteenth and early twentieth century, and immediately distributed to various museums and university institutions. One of the first steps in this mammoth undertaking was to examine the archival and historical records of the Egyptian collections from Antinopolis, excavated by the archaeologist Albert Gayet between 1895 and 1910, a task that began in 2006. This study involved inventorying more than 4,500 objects on deposit in 61 towns and cities in France, and 7 abroad. The technical assessment that followed in 2010 involved the chronological, anthropological, and genetic analysis of the mummies and mummy cloths, and an inquiry into funerary practices. This project is being conducted by a multidisciplinary team of specialists in social sciences and the exact sciences. The results of the research are scheduled for publication in 2012. Recherche sur l’histoire des dépôts du Louvre et de l’État en France et dans le monde Projet suivi par Yannick Lintz, Marie-Josée Castor, Caroline Tsagouris et Christine Walter Le récolement des dépôts du Louvre et de l’État engendre de fait une recherche historique sur les contextes d’envois de ces collections par le Louvre ou l’État dans les différentes villes en France et à l’étranger. Le SRDAI mène un travail important de recherche historique selon une méthodologie définie à partir d’une connaissance détaillée des fonds d’archives à Paris, en région et à l’étranger. Cette recherche est menée selon des dossiers par ville et par institution muséale à l’intérieur de chaque ville. Il est ainsi possible de reconstituer de manière relativement précise les différents contextes historiques qui ont présidé à ces envois : la politique de l’État à l’époque concernée par le dépôt, les acteurs engagés dans ce projet du côté du Louvre, notamment dans le choix des œuvres envoyées, et les enjeux du musée dépositaire bénéficiaire de ces dépôts. Un rapport est rédigé à l’issue du récolement où ces différents éléments sont analysés. Les villes étudiées en 2010 sont Belfort, Boulognesur-Mer, Châlons-en-Champagne, Lyon (en cours), Nantes (en cours), Reims et Troyes. Y. Lintz The comprehensive programme of locating and authenticating works 90 Recherche sur l’histoire des collections nationales et leur circulation entre le Louvre et les autres musées nationaux deposited by the Louvre and the State has brought to light a wealth of archives that have aided the verification of the procedures and conditions by which these collections were originally sent by the Louvre and the State to various towns and cities in France and abroad. The towns and cities studied in 2010 were Belfort, Boulogne-sur-Mer, Chalons-en-Champagne, Lyon (ongoing), Nantes (ongoing), Reims, and Troyes. Le récolement des dépôts entre les musées nationaux nous amène à établir un état des lieux exhaustif des dépôts du Louvre vers les autres musées nationaux depuis l’origine de l’institution. Cette étude, dont l’objectif administratif vise à acter par des reversements ou des renouvellements de dépôts un certain état actuel de la répartition des collections nationales, nous oblige à rechercher les conditions d’entrée des œuvres dans les collections nationales, en clarifiant des situations historiques, notamment des modalités d’affectation des anciennes collections royales et impériales. Nous cherchons aussi à reconstituer de manière précise les modalités de mouvements de ces collections au cours du temps, en fonction des différents projets muséaux de l’État. On sait ainsi très bien que la décision de créer en 1945 un grand musée national des Arts asiatiques au musée Guimet entraîne le départ de ce type de collections du Louvre vers Guimet. On en sait moins sur les œuvres antiques arrivées de Guimet au Louvre à la même époque. Cette recherche s’effectue d’abord à partir de l’examen critique des inventaires, du rassemblement des sources d’informations disponibles dans les services de documentation des conservations, mais surtout par un travail de dépouillement analytique des dossiers relatifs aux mutations de collections, mené dans les centres d’archives. L’année 2010 s’est concentrée sur l’identification de toutes les situations historiques de mouvements de collections du Louvre vers les autres musées nationaux et inversement. Y. Lintz The comprehensive programme of location and verification of deposits held by the various national museums has produced an exhaustive inventory of works despatched by the Louvre to these institutions since the Museum first opened. It is also gradually providing a timeline for the transfers of these collections, corresponding with the various museum projects pursued by the State over the years. In 2010, the research team successfully finished tabling the historical circumstances of each of the transfers of the Louvre collections to other national museums, and vice versa. Recherche sur l’histoire de la constitution des collections du Louvre Projet suivi par Yannick Lintz et Catherine Graindorge Deux étapes sont à la base de cette recherche entreprise en janvier 2010 : la loi de 2002 relative aux musées de France, qui permet le transfert de propriété des dépôts effectués avant 1910, et le récolement de dix-huit mille quatre cent soixantetreize œuvres antiques déposées dans près de trois cents institutions en France et à l’étranger, dont six mille cinq cents ont un mode d’acquisition inconnu ou méconnu. Service du Récolement des dépôts antiques et des arts de l’Islam La recherche de ces provenances donne lieu à une étude des contextes d’envoi permettant de remonter aux choix des œuvres et donc éventuellement à leurs contextes d’acquisition. En réunissant l’ensemble des arrêtés, des décrets et des listes d’envois de l’État, un récapitulatif chronologique a ainsi été établi, précisant l’année, le lieu de dépôt et le nombre d’objets. Les raisons qui ont présidé à la composition des dépôts sont de deux sortes : soit les objets ont été rassemblés à des fins pédagogiques, ce qui est le cas pour de nombreuses villes, qui ont alors reçu des dépôts relativement stéréotypés, associés à l’une des trois civilisations antiques ou aux arts de l’Islam, soit ils ont été réunis en fonction de critères locaux parfois inattendus, ce qui est le cas pour un certain nombre de villes isolées où il n’existait pas de tradition en la matière. Des investigations sont ensuite menées sur les acteurs concernés, qui font apparaître des engagements et des niveaux de responsabilité différents et des modes de financement spécifiques. Ces deux éléments conjugués créent un faisceau d’indices corroboré par une recherche historiographique et archivistique (dépouillement de fonds dans une quinzaine de centres d’archives en France, où près de deux mille trois cents documents d’archives ont été sélectionnés). L’année 2010 a été essentiellement consacrée à l’étude des dépôts de 1901 (cinq cent quatorze œuvres égyptiennes dans seize villes). Y. Lintz This particular research project, which began in January 2010, was prompted by two events: first, the law of 2002 relating to French museums, which enables the transfer of ownership of deposits made before 1910; and second, the Louvre’s comprehensive location and validation of 18,473 antique works deposited in around 300 institutions in France and abroad, 6,500 of which involved transactions that are not accounted for, or are unrecognised. Systematic provenance research has provided a detailed chart of the historical context in which the works were transferred, so as to identify how works were chosen, and possibly the contexts in which they were acquired. Research in 2010 was essentially devoted to the study of deposits distributed in 1901 (514 Egyptian works to 16 towns and cities). Constitution d’outils scientifiques d’étude des collections dans le cadre du récolement Projet suivi par Yannick Lintz et Anne-Laure Goisnard La démarche de récolement que nous poursuivons avec l’ensemble des départements du Louvre fait apparaître la nécessité d’éclairer les mouvements de certaines collections ou de certaines œuvres au cours du temps. L’histoire du Louvre et de la distribution de ses collections à l’intérieur de l’établissement en fonction de l’apparition progressive des départements scientifiques et de la disparition de certains autres appelle un regard transversal. Une première démarche dans ce sens a amené le SRDAI à coordonner en 2010 un groupe de travail sur la numérisation des inventaires du Louvre et à réfléchir à un outil partagé entre tous les départements. Cette démarche ambitieuse suppose deux axes de travail. L’un est une connaissance précise de tous les registres (d’entrée ou d’inventaire) transversaux aux collections du Louvre et par département (une première liste en a été dressée). L’autre consiste à mettre en place dans les inventaires déjà numérisés des principes d’indexation, seuls capables de créer un véritable outil scientifique. La commission de Récolement des dépôts d’œuvres d’art et le service des Archives des musées nationaux sont associés à cette réflexion. Y. Lintz The intricacy of the Louvre’s history and the complex distribution of the Museum’s collections within the establishment—which advanced gradually with the creation of specialist departments and the disappearance of others—entails taking a transversal view of the history of these collections, so as to form a composite chart of the Museum’s evolution over time. An initial step in this direction in 2010 prompted the SRDAI (the department responsible for locating and verifying early deposits, and for Islamic arts) to coordinate a working party to assess the complete digitisation of the Louvre inventories, so as to create a working tool shared by all the departments. 91 Travaux de recherche Délégation à la conservation préventive et à la coordination des régies D epuis sa création en 2007, la Délégation à la conservation préventive et à la coordination des régies (DCPCR) a développé trois axes au sein des missions qui lui ont été confiées : – le travail préalable à l’élaboration et la mise en œuvre d’une politique de conservation préventive à l’échelle de l’établissement, pour l’ensemble des espaces du musée, dans et hors les murs ; de même, la délégation intervient dans chacun des grands projets de l’établissement ; – la conception et la mise en œuvre de chantiers des collections, qui permettent aux différents départements de mener des campagnes pour les objets non inclus dans les grands projets, qu’ils se trouvent dans les salles ou en réserve, dans ou hors les murs ; – la gestion des lieux mutualisés, en particulier aire de livraison et réserves extérieures, qui participe de la politique de conservation préventive du musée. Les six membres de la délégation, pour l’essentiel des restaurateurs et régisseurs formés dans les domaines spécifiques susmentionnés, travaillent en étroite collaboration pour garantir la cohérence de la politique mise en œuvre. A. de Wallens Since it was established in 2007, the “Délégation à la conservation préventive et à la coordination des régies” (Division for preventive conservation and collection management coordination) has developed three distinct approaches to carrying out its mandates: – it lays the groundwork for the development and implementation of a preventive conservation policy applicable to all of the Museum’s internal and external areas; the Division also participates in each of the Louvre’s major conservation projects; – it conceives and implements projects that enable the various departments to carry out specific operations on objects not included in the major conservation programmes; this applies to objects located in the exhibition halls, the storerooms, and inside or outside the Museum; – it is responsible for managing the Museum’s shared areas, particularly the delivery area and the external storerooms, which are part of the Museum’s preventive conservation policy. The Division’s six members include restorers and administrators specifically trained in each of the fields mentioned above, and work in close collaboration to ensure the coordinated implementation of the Museum’s conservation policies. 92 Délégation à la conservation préventive et à la coordination des régies Journée d’étude « Veille sanitaire des collections patrimoniales » Projet suivi par Anne de Wallens, Joëlle Le Roux, Bertrand Le Dantec, Nicolas Pouget La Délégation à la conservation préventive et à la coordination des régies fait partie d’un groupe de travail « insectes », rassemblement informel de différentes institutions patrimoniales voisines (C2RMF, Laboratoire de recherche des monuments historiques, musée du Louvre, musée du Quai Branly, Muséum d’histoire naturelle, Centre des monuments nationaux, Bibliothèque nationale de France) qui se réunissent deux à trois fois par an pour un échange d’expériences autour des infestations biologiques, de la veille sanitaire et des traitements existants. Ce groupe s’est réuni pour une journée d’étude au Louvre en décembre 2010. Plusieurs thèmes ont été abordés : la reconnaissance des points d’entrée des insectes ; la mise en place de plans de veille sanitaire concernant les insectes, la pertinence de l’installation de pièges lumineux ; les traitements par anoxie dynamique effectués au Louvre, dans le cadre d’un marché public. Des échanges fructueux ont ainsi pu être noués entre collègues confrontés à ces mêmes questions. J. Le Roux The “délégation à la conservation préventive et à la coordination des régies” (Division for preventative conservation and collection management coordination) is a team of experts that meets several times a year to exchange information about biological infestations, the intrusion of insects in particular. The special study day held at the Louvre in December 2010 focused on several issues, including the identification of the points of entry for insects; the creation of insect-monitoring systems; the installation of light-traps; and the implementation of dynamic anoxia treatment. Commission de restauration Projet suivi par Anne de Wallens La Commission de restauration et de conservation préventive s’est réunie trois fois au cours de l’année 2010. Composée de dix membres institutionnels et de seize personnalités reconnues dans le domaine de la conservation-restauration (historiens de l’art, archéologues et restaurateurs), elle donne un avis consultatif sur les restaurations proposées par les départements, ou en cours de réalisation. Dix œuvres ont été présentées, parmi lesquelles la Vénus de Milo (avant sa réinstallation dans la galerie de la Melpomène), le Christ Courajod, les bas-reliefs de la fontaine des Innocents de Jean Goujon, la Vénus du Pardo de Titien ou encore le papyrus médical acquis par le département des Antiquités égyptiennes en 2007. Certaines d’entre elles ont fait l’objet d’une deuxième, voire d’une troisième présentation, permettant ainsi aux membres de la commission de suivre les différentes étapes de la restauration, et de confirmer ainsi les avis préalablement donnés. A. de Wallens field—met on three occasions in 2010. Among the ten works presented for review were the Venus de Milo, the Courajod Christ, the Fountain of the Innocents bas-reliefs by Jean Goujon, the Pardo Venus by Titian, and the medical papyrus E 32847. Étude de l’environnement vibratoire dans le cadre du chantier Marengo Projet suivi par Anne de Wallens et Bertrand Le Dantec Un facteur d’altération, souvent considéré à tort comme moins dangereux que le climat ou la lumière, est de plus en plus présent dans l’environnement patrimonial. Il s’agit des vibrations sismiques anthropiques (travaux) dont les basses fréquences (de quelques hertz à quelques centaines de hertz) et le contenu énergétique peuvent provoquer des dommages structuraux sur les collections. La DCPCR, ainsi que les départements concernés (départements des Peintures et des Antiquités orientales) et la Direction architecture, muséographie et technique (DAMT) sont intervenus en amont du chantier Marengo, qui consiste à percer des escaliers sur toute la hauteur de l’aile nord de la Cour carrée, pour tenter de limiter les effets des vibrations inhérentes au percement et à la démolition des plafonds et planchers. Le laboratoire d’acoustique du Mans et la junior entreprise qui en dépend ont été sollicités pour aider à la définition puis au dimensionnement de systèmes antivibratoires adaptés. Les ingénieurs ont aussi défini le protocole d’enregistrement et de surveillance du chantier à partir d’un seuil théorique à ne pas dépasser. Ces systèmes de surveillance seront mis en place sur et autour des collections qui n’auront pas pu être déplacées du fait de leur poids, de leur encombrement ou de leur mode de présentation. B. Le Dantec Relative to the installation of stairs in the north wing of the Cour Carrée, the DCPCR (Division for preventative conservation and collection management coordination), la Direction Architecture, Muséographie et Technique (Architecture, Museography, and Technical Department) and the corresponding departments involved met to discuss and make provisions for the effects of the stair construction on the collections. The Laboratoire d’Acoustique (Laboratory of Acoustics) in Le Mans and the associated student-run enterprise were brought in to assess the implementation of suitable anti-vibration devices and monitoring systems, which will be installed on and around those collections that cannot be moved because of their weight, size, or the way in which they are exhibited. The “commission de restauration et de conservation preventive” (restoration and preventive conservation commission)—comprised of ten members of Louvre staff and sixteen consultants in the conservation-restoration 93 Travaux de recherche Service Études et recherche de la Direction de la politique des publics et de l’éducation artistique L a mise en œuvre d’une politique de recherche sur les publics du Louvre a été inscrite au « contrat de performance » 2009-2011, l’objectif étant de faire connaître et de diffuser les connaissances acquises sur les publics, les usages et les politiques mises en œuvre à leur intention, grâce à l’existence d’un important corpus d’études. La visée d’innovation et d’expérimentation qui sous-tend de nombreuses activités culturelles du Louvre en France et à l’étranger justifiait aussi de soutenir cette fonction de recherche, susceptible d’en expliciter et d’en accompagner le développement et la stratégie. Les thèmes retenus relèvent de l’analyse et de la prospective sur les usages et les publics, des apprentissages et des bénéfices retirés de l’expérience muséale, enfin de la finalité du musée comme espace de production de biens et de valeurs. Ces domaines ont été inscrits au « contrat de performance » sous la forme de trois volets de recherche : – recherche sur les formes de la médiation et les aides à la visite ; – recherche sur les publics « réels » et « virtuels » ; – recherche sur la valeur sociale, culturelle et économique du Louvre. Les conditions de mise en œuvre de ce programme ont été établies de la façon suivante : – les méthodologies employées relèvent des sciences humaines et sociales et mobilisent des techniques tant qualitatives que quantitatives ; – les recherches sont conduites dans le cadre de partenariats avec des organismes d’enseignement et de recherche (CNRS ; université Paris I Sorbonne ; HEC-Paris) ; – le programme procède d’un dispositif de recherche appliquée, à horizon de moyen terme, avec une visée opérationnelle à destination des professionnels du Louvre ; – il doit enfin contribuer à la diffusion des connaissances et faire l’objet de publications au sein de revues spécialisées à comité de lecture. A. Krebs-Poignant 94 The implementation of a policy for conducting research on the Louvre’s audience was included in the Performance Report for 2009–2011; the goal was to acquire and disseminate knowledge about the audiences and about the practices and policies to be applied to it, drawing on the large body of research now available. The innovative and experimental approach underlying many of the Louvre’s cultural activities, both in France and internationally, has justified the emergence of this research focus, through which its development and strategies can become more clearly articulated and supported. The topics selected include the analysis and future projection of the uses and audiences of the museum; the educational and other benefits gained from the museum experience; and lastly, the role of the museum as a territory for the production of goods and values. These areas were represented in the Performance Report in the form of three research projects: - Research on types of interactive communication and interpretation devices - Research on «real» and «virtual» audiences - Research on the social, cultural and economic value of the Louvre. The procedure for the implementation of this research programme was defined as follows: - The methodologies used come from the social sciences and humanities, and adopt both qualitative and quantitative approaches. - The research is conducted through partnerships with educational and research institutions (CNRS, the University of Paris I-Sorbonne, and the HEC business school). - The programme employs a medium-term applied research approach, with its intended beneficiaries being the Louvre’s staff. - Lastly, it will contribute to the dissemination of knowledge in the field, and result in articles published in peer-reviewed journals. Service études et recherche de la Direction de la politique des publics et de l’éducation artistique Recherche sur les pratiques réelles et « virtuelles » du Louvre Partenariat Louvre – HEC-Paris Projet suivi par Florence Caro Présentation de la recherche À l’âge moderne, la naissance des techniques de reproduction et le développement consécutif des industries culturelles ont conduit à s’interroger sur les différences entre l’œuvre d’art et sa reproduction. L’époque contemporaine, marquée par le développement d’Internet et la révolution induite dans les possibilités d’accès aux œuvres et aux connaissances, transforme ce qui pourrait être compris comme une simple extension de la reproduction en nouvelles modalités de visite et d’expérience (bouger autour de l’œuvre, la voir en 3D, etc.). Dans le cas des musées d’art, le site Internet propose à ses visiteurs, au-delà des finalités pratiques, un espace virtuel qui semble exister indépendamment des collections originales tout en les reflétant quasiment en miroir (bases de données d’œuvres, visites virtuelles dans les salles, etc.). Explorer la question de l’articulation du territoire « réel » du musée avec son territoire « virtuel » via son site Internet devient une question de première importance pour le développement des musées. Cette recherche ayant pour terrain le Louvre s’inscrit dans le contexte plus large de la refonte de son site Internet. Elle vise à analyser et mieux comprendre les rapports de complémentarité et/ou de substitution éventuelle qui peuvent exister entre la visite physique du musée et sa visite virtuelle. Cadre conceptuel et questions de recherche La recherche s’appuie sur une segmentation des publics obtenue par le croisement entre visiteurs du musée (in situ) et visiteurs du site Internet (en ligne). Elle conduit à définir, hormis le non-public (exclu du champ de cette recherche), trois catégories de visiteurs : – les visiteurs « complets », qui effectuent les deux types de visites et pour lesquels il s’agira de comprendre la nature du lien entre visites physiques et visites virtuelles ; – les « exclusifs physiques » ; – les « exclusifs virtuels ». Visite physique oui Visite virtuelle non oui « complets » « exclusifs virtuels » non « exclusifs physiques » (non-publics) La recherche explore les relations entre réel et virtuel : – exploration croisée des pratiques muséales, réelles et virtuelles ; – appréhension des différentes dimensions de l’expérience et de la création de valeur sous-tendue par ces pratiques ; – compréhension des représentations qu’ont les individus des œuvres et des collections dans les deux types de visites et bénéfices respectifs. Méthodologie La recherche procède en deux volets. Un premier volet, qualitatif, pour explorer les usages Internet des visiteurs de musées d’art, en relation avec leurs pratiques de sorties et de loisirs, et comprendre comment ces usages affectent le rapport à l’œuvre, originale et reproduite : – vingt-neuf entretiens semi-directifs, à domicile et sur place au musée, auprès de Franciliens, de régionaux et de visiteurs étrangers ; – une réunion de groupe avec huit Franciliens. Un second volet, quantitatif, via un questionnaire, avec deux modes de recueil : – in situ, à la sortie des collections du musée du Louvre, auprès de cinq cent trente-sept répondants (moitié Français et moitié étrangers), en trois langues ; – en ligne, auprès de cinq mille quatre cent quatre-vingtquinze internautes du site www.louvre.fr, à leur déconnexion du site, dans les mêmes langues. Premiers résultats Les premiers résultats ont été obtenus par l’approche qualitative. Ils s’ordonnent autour de plusieurs thèmes : – positionnement du musée d’art dans les attitudes et pratiques culturelles des répondants ; – variables déterminant les représentations et usages constatés ; – existence de rôles influents chez certains visiteurs ; – tendance dominante : non-substituabilité de la visite réelle à la visite virtuelle. La seconde partie de la recherche porte sur les résultats de la phase d’enquête quantitative (actuellement en cours d’analyse), en particulier le développement d’une échelle multiitems sur les relations entre réel et virtuel et les déterminants individuels des variations de cette échelle. Ces résultats seront détaillés et mis en perspective avec les apports de la littérature consacrée aux musées et aux nouvelles technologies. En conclusion, les apports théoriques et les questions soulevées par cette recherche et ses résultats seront mis en évidence. Des implications pratiques dans le domaine de la politique numérique seront proposées, à destination des professionnels de musées. F. Caro The inter-relation between the «physical» location of a museum and its «virtual» counterpart, the latter being primarily its website, is becoming a vitally important issue for museum development. This research project seeks to analyse the connections between visiting the actual museum and visiting its website: one may complement the other, or possibly replace it. Three audience groups are investigated: - “Full” visitors who make both types of visit, where the issue is to understand the relationship between the physical and virtual visit - «Purely physical» visitors - “Purely virtual» visitors. The research methodology is both qualitative (29 interviews and a group meeting, focusing on visitor uses and perceptions) and quantitative (an “onsite” questionnaire administered to 537 visitors to the Louvre, in several languages, and an “on-line” questionnaire filled out by 5,495 visitors to the www.louvre.fr site, in the same languages as the on-site questionnaire). The initial findings, resulting from the qualitative phase of the study, make it possible among other things to understand the positioning of the art museum in the respondents’ attitudes and practices with respect to culture, as well as the variables that determine these. The results of the quantitative phase, currently being analysed, will make it possible to weight appropriately the trends observed in the qualitative phase, and also to develop a multi-item scale showing the relationships between the real and the virtual, as well as the individual determinants of variation in this scale. 95 Travaux de recherche Recherche sur les relations entre les musées et les municipalités en Europe Partenariat Louvre – Centre d’économie de la Sorbonne – université Paris I Sorbonne (groupement d’analyse politique financé par l’Union européenne) Projet suivi par Anne Krebs-Poignant Présentation de la recherche et méthodes employées Le partenariat entre le Louvre et le Centre d’économie de la Sorbonne (université Paris I Sorbonne), qui a débuté en 2007 par une étude appliquée sur l’impact économique du Louvre, s’est poursuivi en 2010 avec la création d’un groupement d’analyse politique financé par l’Union européenne, associant le musée du Louvre, le Centre d’économie de la Sorbonne, le Manchester Museum (université de Manchester, Royaume-Uni), la ville de Split (Croatie) et le réseau européen ENCATC (European Network of Cultural Administration Training Centres). Pour faire le point sur la question des relations entre les musées et les municipalités européens dans le cadre de différents contextes nationaux ou subrégionaux, le travail du groupement s’est appuyé sur : – quatre rencontres européennes (Paris, Manchester, Split, Bruxelles) ; – une dizaine d’auditions de professionnels des musées, des collectivités ou d’experts de ces questions ; – quatorze études de cas nationales ou régionales ; – une double enquête en ligne conduite auprès de musées et de municipalités en Europe. Questions de recherche La recherche visait à comprendre l’état de la relation entre les musées et leurs territoires, afin de contribuer notamment à la réflexion sur le développement territorial du Louvre, à travers l’analyse de la transformation des relations, des missions et des attentes mutuelles des musées et des municipalités en Europe. Les municipalités ont constitué de nombreuses collections ou en ont hérité et sont devenues des partenaires très actifs des musées : la décentralisation confère des responsabilités croissantes aux collectivités territoriales ; la crise financière conduit les États à réduire leurs engagements et les musées à renforcer leurs partenariats notamment avec les municipalités, parmi d’autres tuteurs publics ou privés ; enfin, la recherche d’un développement culturel durable, associant progrès culturels, sociaux et économiques, crée un espace de convergence entre les activités de plus en plus variées des musées et les responsabilités que doivent assumer aujourd’hui les collectivités locales. 96 Résultats L’analyse de l’état de ces relations souligne les synergies et les différences relatives aux missions des musées et aux attentes mutuelles des municipalités et des musées. Les deux partenaires s’accordent sur le fait qu’ils peuvent soutenir et stimuler ensemble responsabilité patrimoniale et responsabilité sociale, mais avec des différences d’approche : – les musées restent très attachés à leurs fonctions traditionnelles (accueil des visiteurs et éducation des scolaires), mais ils ignorent de moins en moins leurs contributions possibles au développement social et économique ; – les musées mettent en évidence les capacités d’ouverture et la curiosité des élèves, alors que les municipalités insistent sur la place à accorder à la lutte contre l’échec scolaire ; – les musées s’accordent tous sur leur contribution à l’éducation et à l’insertion des jeunes de dix-huit à vingt-cinq ans, alors que les municipalités insistent sur la nécessité de poursuivre le même objectif pour les adultes ; – les musées envisagent leur rôle en soutien à l’expression des valeurs culturelles de communautés présentes sur leur territoire, alors que les municipalités leur demandent de bien veiller à ce que toutes les communautés puissent accéder aux musées ; – alors que les municipalités soulignent l’importance des musées pour la croissance économique liée au tourisme, les musées préfèrent afficher leur capacité à être des lieux d’innovation technologique ; – les musées, clairement concernés par leurs responsabilités vis-à-vis de leurs territoires, attendent que les municipalités les aident à se faire connaître et à se financer ; ils ne veulent pas servir de simples aimants au tourisme dit culturel et craignent que les municipalités les ignorent ; – les municipalités demandent aux musées d’assumer les fonctions élargies aujourd’hui prêtées à la culture en contribuant, au même titre que tous les autres équipements structurants, au bien-être sanitaire, à la cohésion sociale et à l’expression de la diversité culturelle. En tenant compte des spécificités propres aux vingt-sept États membres, la synergie entre musées et municipalités pourrait permettre aux musées de renforcer leur rôle en tant que leviers de créativité culturelle, sociale et économique, en prenant en compte, et sous réserve d’évaluation : – un design institutionnel et juridique qui favorise autonomie et responsabilisation des musées ; – un design économique et financier qui permette des formes de mutualisation et des engagements de moyen terme ; – un design de gestion des ressources humaines renforçant et valorisant les qualifications de toutes les catégories de personnels et mettant en valeur volontariat et réseaux ; – enfin, un design de l’évaluation associant les indicateurs traditionnels d’objectifs et de résultats à des indicateurs de valeur, et notamment, en matière d’élévation du bien-être sanitaire et social des populations, d’expression de la diversité culturelle et de contribution au développement économique et social des territoires. Les résultats des travaux du groupement d’analyse politique ont été présentés à Bruxelles, le 10 décembre 2010, dans le cadre d’une conférence internationale, et ont fait l’objet d’un « livre blanc », disponible en français et en anglais, sur le site www.encatc.org A. Krebs-Poignant The Louvre and the Centre d’économie of the University of Paris I Sorbonne have coordinated and provided research supervision of a policy analysis group, financed by the European Union, studying the state of the relationships between European museums and the regions where they are located. This research was aimed at gaining an understanding of the trends, the areas of convergence or divergence with respect to museums’ sustainable development, the mutual expectations and the challenges currently shared by museums and municipalities in the domains of governance and development. The analysis of the state of these relationships highlights both synergies and differences of viewpoint with respect to the stated missions of the museums, and the mutual expectations of both partners. This research opens the way for a discussion of innovations through which museums can strengthen their role as drivers of cultural, social and economic creativity within their respective regions. Service études et recherche de la Direction de la politique des publics et de l’éducation artistique Recherche sur les formes et structures des médiations et des aides à la visite (in situ et online) Partenariat Louvre – laboratoire Culture et communication (université d’Avignon et des Pays de Vaucluse) Projet suivi par Anne Krebs-Poignant Questions de recherche L’axe de recherche sur « les médiations des savoirs et les aides à la visite », inscrit au « contrat de performance » du musée du Louvre, comprend plusieurs volets. Ce partenariat de recherche, lancé en 2007 avec le laboratoire Culture et communication (Centre Norbert Elias – UMR 8562 – université d’Avignon et des Pays de Vaucluse), vise à consolider les connaissances sur les formes et les structures de la médiation et explore la compréhension des significations des messages culturels, de leurs usages et de leurs modes de réception par les différentes catégories de publics. Le programme vise notamment à étudier et évaluer les méthodes de transmission et d’acquisition de la culture dans le contexte plus général de la politique des publics du Louvre, à Paris, comme sur les autres « territoires » où peuvent s’exposer, aujourd’hui ou à moyen terme, les situations communicationnelles entre le Louvre et ses publics (Louvre-Lens, Louvre-Abou Dabi, site Internet du Louvre) : – un premier volet (2007) portait sur les textes et les lectures dans les collections du musée du Louvre, analysant la politique de production des écrits et inventoriant de façon ethnographique les pratiques de lecture ou de non-lecture des visiteurs ; – en 2009, à la demande du service multimédia du Louvre, un deuxième volet a porté sur l’analyse du site Internet du Louvre en tant que média de communication, et définissait les scénarios d’usage du nouveau site www.louvre.fr ; – un troisième volet, ouvert en 2010 à la demande du département des Antiquités grecques, étrusques et romaines et du service Éducation de la Direction de la politique des publics et de l’éducation artistique, visait à consolider les connaissances sur les dispositifs textuels proposés au public et sur leur réception, dans le contexte particulier des espaces muséographiques des nouvelles salles d’art grec classique et hellénistique. A. Krebs-Poignant Analyse des flux et de la présence des visiteurs à partir des captations de données des dispositifs mobiles des visiteurs Partenariat Louvre – laboratoire LiftLab (Suisse) – société BitCarrier (Espagne) Projet suivi par Thomas Besançon Le partenariat de recherche noué entre le Louvre, la société mécène BitCarrier et l’agence de recherche LiftLab a permis de tester un dispositif innovant de captage des flux de visiteurs au sein des espaces muséographiques. Dix appareils, munis de batteries ayant une autonomie de dix jours et capables de capter les signaux Bluetooth émis par les téléphones mobiles des visiteurs, ont été disposés à des points clés d’un parcours allant du hall d’accueil à la Grande Galerie et à la salle de la Vénus de Milo. Chaque téléphone mobile détecté était identifié de façon unique par un code numérique crypté respectant l’anonymat du visiteur. Il a ainsi été possible, par analyse statistique, de cerner les parcours individuels (un même téléphone étant capté à différents points du musée), les boucles (visiteurs repassant près d’un même capteur), les flux (proportion de visiteurs s’engageant sur telle partie du parcours), ou encore la durée des trajets ou des stationnements, et les effets de l’affluence sur les stratégies de déplacement des visiteurs. T. Besançon Through a research partnership between the Louvre, one of its business patrons BitCarrier and the research company LiftLab, an innovative system for collecting data on visitor behaviour was tested. Ten Bluetooth sensors were installed at key points in the Denon wing of the Louvre. Mobile phones, uniquely identifiable by an encrypted digital code that preserved the anonymity of their owners, could in this way be made to yield invaluable information about the pathways chosen by visitors and the volume of visitor flow. Research on the «interactive communication of knowledge and visitor aids» was initiated in 2007 with the Culture and Communication Laboratory (Centre Norbert Elias - UMR 8562 - University of Avignon and the Pays de Vaucluse). A series of studies investigated and consolidated knowledge of the types and organisation of interactive communication, the understanding of the meanings of cultural messages, and their uses and methods of delivery to audiences. Lecture : comparaison du nombre de billets vendus au Louvre (courbe noire) et du nombre de téléphones mobiles détectés (courbe orange) sur une période de quatre mois 97 Travaux de recherche Outils de la recherche Bases de données Museum Plus Le musée du Louvre est lancé depuis 2007 dans un projet de refonte globale de la gestion informatique de ses collections. Ce projet consiste à mettre en place un système transversal de gestion des collections des sept départements du musée (hors Arts graphiques), tant sur le plan administratif et scientifique que sur celui de la localisation, de la documentation, de la conservation, et de la gestion des risques. La future application rassemblera toutes les informations concernant les œuvres et les cadres et recensera l’activité liée aux œuvres et aux cadres. Le projet de refonte comprend quatre phases : mise en place du socle commun (2007-2009) ; mise en œuvre pour les départements des Antiquités égyptiennes et des Peintures (20092011) ; mise en œuvre pour les départements des Sculptures, des Objets d’art et des Antiquités orientales ; mise en œuvre pour le département des Arts de l’Islam, celui des Antiquités grecques, étrusques et romaines et les autres services concernés, et enfin mise en place d’un Intranet de consultation. Since 2007, the Louvre has been busy undertaking a complete overhaul of its collections, entering each item into a universal database so as to create an interdepartmental management system that covers the collections of each of the Museum’s seven departments (excluding the department of Graphic Arts). This system will serve as a vital tool for both administrative and scientific use by providing data on the exact location, documentation, and conservation of each work, and facilitate risk management of the Louvre’s holdings. This mammoth overhaul involves four distinct phases: the establishment of a common platform (2007–09); operational implementation for the Departments of Egyptian Antiquities and Paintings (2009–11); operational implementation for the Departments of Sculpture, Decorative Arts, and Near Eastern Antiquities; and operational implementation for the Departments of Islamic Arts, and Greek, Etruscan, and Roman Antiquities, and the other departments concerned, along with the creation of an intranet for in-house consultation. Développement des données informatiques sur les collections égyptiennes d’époque pharaonique dans Museum Plus 98 Rappelons que le choix d’une base de données documentaire informatique (on ne parlait pas encore de « documentation dématérialisée ») portant sur l’ensemble de la collection du département égyptien remonte à 1974. En 2010, la documentation du département a activement préparé le reversement sur Museum Plus des quarante et un mille deux cent quarante fiches de l’ancienne base hébergée sur Mistral, en révisant certains thésaurus (fusion dénomination/typologie, époques et datations). Un méticuleux travail de nettoyage a anticipé le reversement ultérieur des bases liant les œuvres aux expositions passées (action rétroactive sur dix ans), de celles relatives aux photographies des œuvres ainsi que de la base du récolement décennal. Ces travaux documentaires d’importance, menés avec l’assistance du service Informatique du Louvre, sont les préalables indispensables au succès de la nouvelle base de données des collections, outil fondamental pour la recherche documentaire au département égyptien ainsi qu’outil de gestion des mouvements d’œuvres. Retardées pour des raisons techniques, la « mise en production » et la prise en main par les membres du département auront lieu à partir du printemps 2011. It is important to note that the idea of creating a documentary database (the term “dematerialised documentation” was not used at the time) of the entire collection of the Department of Egyptian Antiquities, goes back to 1974. In 2010, the research division of the Department of Egyptian Antiquities actively prepared the transfer of the 41,240 records on the old Mistral database to the centralised “MuseumPlus” system, by revising certain thesauri (denominations/typologies, periods, and dates were merged). A systematic streamlining operation was carried out before the subsequent transfer of the databases, linking each of the works to past exhibitions (covering the last 10 years), the photographic databases of the works, and the database of the ten-year update on the location and authentication of each item. This extensive documentary work, conducted with the assistance of the Louvre’s Computer Department, is an indispensable prerequisite for the success of the new database of the collections—an essential documentary research tool in the Department of Egyptian Antiquities, and a tool for monitoring the possible relocation of any given work. Delayed for technical reasons, the new system was finally made available to the department’s staff began in spring 2011. Les collections du département des Peintures dans Museum Plus En 2010, la régie et la documentation du département des Peintures ont œuvré activement à la migration des données (fiches des œuvres, photos, etc.) dans Museum Plus. Cette étape a nécessité l’étude, la mise à jour et le nettoyage des données figurant dans les différentes bases de gestion existantes (des collections permanentes, des dépôts, des cadres, des catalogues, des revues, des photos, etc.). Ce travail a été effectué sur plusieurs mois, avec la collaboration du service Informatique. Retardée pour des raisons techniques, la mise en production est prévue à l’automne 2011 pour le département des Peintures. À terme, cette base complète et transversale de gestion des collections regroupera toutes les informations (historique, Outils de la recherche photo, etc.) et recensera les activités (prêts, restaurations, etc.) liées aux onze mille deux cent cinquante-huit peintures et aux neuf mille cadres du musée. Ainsi, Museum Plus deviendra un outil indispensable aussi bien pour la documentation que pour la régie des œuvres et des cadres du département. Throughout 2010 the research division and management of the Department of Paintings has been busy transferring back data (descriptions and/or images of works, photos, etc.) to the new, centralised Museum Plus database. This first phase entailed sorting, updating and collating information from the various existing databases (records of permanent exhibitions, deposits, frames, catalogues, journals, photos, etc.). The task was carried out over several months in tandem with the in-house Computer Department. For the time being, the Department of Paintings database is delayed for technical reasons, but will begin functioning in autumn 2011. This comprehensive interdepartmental database for managing the collections will eventually contain all known information (history, photos, etc.) and activities (loans, restoration work, etc.) relating to 11,258 paintings and 9,000 picture frames (3,000 of which are not actually in use). Inventaire des Arts graphiques L’inventaire informatisé et illustré du département des Arts graphiques décrit et reproduit les dessins, cartons, pastels, miniatures inscrits sur les inventaires manuscrits du cabinet des Dessins du musée du Louvre et du musée d’Orsay. Il comporte également toutes les planches gravées de la Chalcographie, tous les dessins et une partie des gravures de la collection Edmond de Rothschild, le fonds des dessins récupérés en Allemagne et attribués aux musées nationaux par l’Office des biens privés, le fonds des peintures sur papier et miniatures déposées par le département des Peintures et le fonds des autographes du cabinet des Dessins. Il recense aussi les expositions dans lesquelles ont figuré les œuvres du département et propose les fiches de ces expositions. Mise en chantier en 1989, la base de données est accessible sur Internet depuis 2003. Depuis 2008, une nouvelle version de l’application, considérablement enrichie, est utilisée par le département. Cette version est mise à jour quotidiennement. En 2010, l’équipe de la documentation a procédé à la correction et à l’enrichissement de onze mille sept cent cinquante et une fiches d’œuvres, à la création et à l’enrichissement de neuf mille mouvements, à la création et à l’enrichissement de cent dix-neuf expositions et à l’insertion de deux mille trois cents images. En 2010, un travail de recherche et de préparation a été effectué afin d’attribuer des critères d’identification destinés à former la première partie du champ « Collection Everhard Jabach » de l’inventaire informatisé. En 2010, le personnel scientifique de la documentation, en collaboration avec le service Informatique, a entrepris la préparation de la mise en ligne de cette nouvelle version, dont la mise en ligne est prévue pour 2012. Les diverses versions et réécritures de cet inventaire informatisé ainsi que son enrichissement relèvent de la responsabilité de Brigitte Donon et Michèle Gardon, de Christel Winling pour la Chalcographie et la collection Edmond de Rothschild, et Hélène Grollemund pour les mouvements des œuvres et les expositions. The computerised and illustrated inventory of the Department of Graphic Arts contains descriptions and reproductions of drawings, cartoons, pastel drawings, and miniature paintings recorded in the manuscript inventory of the Cabinet des Dessins in the Musée du Louvre and the Musée d’Orsay. It also contains all the engraved plates of the Chalcographie, and all the drawings and some of the engravings in the Edmond de Rothschild collection; the collection of drawings retrieved in Germany and reassigned to the national museums by the Office des Biens Privés (Office for Private Property); the collection of paintings on paper and miniature paintings deposited by the Department of Paintings, and the collection of autographs in the Cabinet des Dessins. It also lists the exhibitions in which the Department’s works have been put on show, and contains the descriptions and/or images of the works provided in the case of each of these exhibitions. Begun in 1989, the database has been online since 2003. In 2008, the Department began using a new version of the data storage application that enabled considerably more data to be compiled. The current version of the database is updated on a daily basis. In 2010, the research team corrected and added further data to 11,751 descriptions and/or images of works; recorded and updated information relating to 9,000 movements of individual works; recorded detailed information relating to 119 exhibitions, and added 2,300 images for the registered items. In 2010, research and preliminary work was carried out in order to establish identification criteria for the creation of the first part of the “Collection Evehard Jabach” section in the computerised inventory. In 2010, the staff of the research department worked alongside the Computer Department to prepare a new online version, which is scheduled to be available in 2012. The principal people responsible for creating, rewriting, and perfecting the successive versions of this computerised database are B. Donon and M. Gardon, Christel Winling (the Chalcographie and the Edmond de Rothschild Collection), and H. Grollemund (movements of works and exhibitions). Répertoire des professions/ fonctions et noms des personnages mentionnés sur les monuments pharaoniques du département des Antiquités égyptiennes À la fin de 2010, ce répertoire comptait mille six cent vingt et une fiches, correspondant chacune à une profession/fonction. Il a vocation à être consultable sur la future base de données Museum Plus. À la différence des travaux prosopographiques déjà disponibles ou actuellement en cours dans d’autres organismes de recherche (musées et universités, en France et à l’étranger), il ne se limite pas à une période historique, à une aire géographique, à une catégorie socio-professionnelle ou à un type de monument. Il prend en compte l’ensemble de la collection égyptienne du Louvre, dans laquelle se côtoient blanchisseurs, scribes, jardiniers, généraux, confiseurs et grands prêtres d’Amon, servantes asiatiques, nourrices, joueuses de sistre et épouses royales. Il permet donc d’avoir une idée précise des personnages, femmes et hommes, qui ont fait partie pendant trois millénaires de la société pharaonique, telle qu’elle est représentée dans toute sa variété par la collection du Louvre. É. David At the end of 2010, this inventory contained 1,621 records, each of which corresponds to a profession/function. It needs to be made accessible on the future MuseumPlus database. Unlike the prosopographical studies that are currently available or ongoing in other research institutes 99 Travaux de recherche (museums and universities in France and abroad), the inventory is not limited to a particular historical period, geographical area, socioprofessional category, or a type of monument. It takes into account the Louvre’s entire Egyptian collection where a whole range of people are mentioned: launderers, scribes, gardeners, generals, confectioners, high priests of Amon, Asian servants, nannies, female sistra players, and royal wives. It gives us a precise idea of the men and women who lived during the three millennia of pharaonic society, as it is represented in all its variety by the Louvre collection. departments (DAGER, DAE, and DAO), and the Department of Islamic Arts (DIA) of the Musée du Louvre. The three-part PICO database provides various types of information: administrative, historical, technical, and bibliographical information, and at least one photograph per object. This database, which is updated twice a year as works are located and authenticated, is available for consultation (on request) on the Museum premises. Contact: [email protected] Élaboration d’un thésaurus pour la normalisation des descriptions de la céramique du département des Arts de l’Islam Base de gestion des cadres anciens du département des Peintures La gestion des collections et l’ensemble des recherches scientifiques ont rendu nécessaire la normalisation de la description du matériel céramique. Ce travail a été mené par l’équipe du département des Arts de l’Islam (DAI) en 2010. Cette normalisation servira au reversement de la base Simurgh, base de données des collections du DAI, dans la future base Museum Plus, base de données de l’ensemble des collections du musée du Louvre. The management of the department’s collections and the ongoing scientific research work involved standardising the descriptions of the various types of ceramic artefact, which was carried out by the DIA team in 2010. This standardisation will facilitate importing the contents of the Simurgh database (the DIA collections database) into the MuseumPlus master database, which will comprise all the collections in the Musée du Louvre in a single system. Base de données du récolement des dépôts antiques et des arts de l’Islam (Pico) La base de données du SRDAI compte à ce jour environ dixhuit mille cinq cents notices sur les œuvres récolées depuis 1998 dans près de deux cent quarante institutions en France et à l’étranger. Elles concernent les envois de l’État et les dépôts des trois départements antiques (DAGER, DAE, DAO) ainsi que du département des Arts de l’Islam du musée du Louvre. Composée de trois volets, la base de données Pico fournit des informations de type administratif, historique, scientifique, bibliographique, ainsi qu’une couverture photographique d’au moins une image par objet. Cette base, actualisée deux fois par an en fonction de l’avancée du récolement, est ouverte à la consultation, en interne au musée du Louvre, sur demande. Personne à contacter : [email protected] 100 The SRDAI (the department responsible for locating and authenticating of antiquities and for the Islamic arts) database currently contains around 18,500 descriptions and/or images of works that have been located and validated since 1998 in around 240 institutions in France and abroad. The data relates to State deposits and to deposits made by the three antiquities La base de gestion des cadres anciens du Louvre (logiciel Filemaker) a été revue et complétée en 2009-2010 afin d’être fondue dans la base Museum Plus. Cette base spécifique, qui couvrira à terme la totalité des neuf mille cadres du Louvre (dont trois mille non affectés), est indépendante de la base des tableaux, avec laquelle elle entretient toutefois un lien étroit. Elle comportera, entre autres, les photographies des cadres, un champ historique et un espace consacré au suivi des restaurations. The (FileMaker) database of the Louvre’s picture frames was revised and updated over the period 2009–10 and then added to the new, comprehensive MuseumPlus database, which will eventually cover all 9,000 of the Museum’s frames (3,000 of which are not actually being used), and is independent but runs parallel to the database for the pictures themselves. Each entry includes a photograph of the frame, data on its background, and a field for a restoration log. Fonds photographiques Gestion des photographies au département des Sculptures Une réflexion particulière a été menée sur la gestion, l’exploitation et la diffusion des différents fonds photographiques conservés dans les dossiers documentaires. Les photographies anciennes Le premier axe de réflexion a porté sur les fonds de photographies anciennes conservées dans les dossiers documentaires. Au cours de l’année 2010, il a ainsi été procédé à une estimation des fonds, à la préparation d’un chantier de restauration et de reconditionnement des photos les plus fragiles, à la commande d’équipements, à la demande de travaux pour l’obtention d’un local spécifique de conservation de ces fonds, à une recherche sur les procédés photographiques utilisés et sur les photographes et les éditeurs de photographies présents dans le fonds. Une investigation a été menée pour retrouver les institutions susceptibles de conserver d’autres photographies des œuvres du département. Enfin, une documentaliste spécialisée dans le domaine de la photographie a été recrutée. Outils de la recherche Les photographies numériques Le second axe de réflexion a porté, en collaboration avec le service Informatique, sur la gestion des fonds de photographies numériques documentaires. Un espace dédié à ces fonds a été créé sur le réseau interne du musée, et, dans l’attente d’un outil informatisé pour la gestion de ces fonds, une structure de classement des photos par dossier reprenant le même classement que celui des dossiers documentaires papier a été mise en place. Particular thought was given to the management, use, and diffusion of the various collections of photographs held in the documentary dossiers. The early photographs The first phase focused on the existing photographic records stored in the archives. In 2010, work began on assessing the collection, restoring the more fragile ones; new equipment was ordered; and a request made for a specific area to be assigned for housing all this photographic material; regarding each item, a record of techniques used was started, along with a list of the photographers and photographic editors. A search began for other institutions worldwide that are likely to have additional photographs of the works in the department. Lastly, a researcher specialising in photography was recruited. The digital photographs Working in tandem with the Louvre Computer Department, the second phase focused on reordering the backlog of documentary digital photographs, which is now hosted on the Museum’s internal network, and on devising a system for filing photos by dossier, similar to the system used for the paper dossiers, pending the creation of dedicated software for managing these collections. Restauration et numérisation du fonds de photographies anciennes du département des Objets d’art Depuis 2008, le département des Objets d’art a entrepris la restauration et le reconditionnement des photographies anciennes (antérieures à 1940) des œuvres conservées dans ses collections. Après traitement, ces photos sont numérisées grâce à la collaboration du service Images et ressources documentaires du musée du Louvre. Une base de données de description (notamment technique) des photographies numérisées a été mise en place par la documentaliste chargée du suivi de ce projet et sera reversée à l’avenir dans la base de données Museum Plus. Ce fonds contient près de trois mille photographies et son traitement devrait s’achever en 2013. En parallèle, il a été procédé au repérage des plaques de verre représentant des œuvres du département des Objets d’art au sein de l’important fonds de plaques qui y sont conservées (environ dix mille) ; ces plaques ont été numérisées. Since 2008, the Department of Decorative Arts has undertaken the conservation of early (pre-1940) photographs of artworks held in the Louvre. These photographic records have been restored and digitally scanned, with the help of the Louvre’s Images and Documentary Resources Division. The research librarian responsible for running this project has compiled a database with the (mainly technical) descriptions of the scanned photographs; this will later be transferred to the centralised MuseumPlus database. The collection comprises almost 3,000 photographs, and the project is expected to terminate in 2013. The glass-plate negatives of artworks in the Department of Decorative Arts located in its vast stock (approx. 10,000) of plates, have likewise all been digitally scanned. 101