Formulaire à télécharger Recherche scientifique - Louvre

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Formulaire à télécharger Recherche scientifique - Louvre
Antiquités orientales
Antiquités égyptiennes
Antiquités grecques, étrusques et romaines
Arts de l’Islam
Sculptures
Objets d’art
Peintures
Arts graphiques
musée Delacroix
histoire du louvre
Service du Récolement des dépôts antiques
et des arts de l’Islam
Délégation à la conservation préventive
et à la coordination des régies
Service Études et recherche de la Direction
de la politique des publics
et de l’éducation artistique
Outils de la recherche
Travaux
de recherche
Travaux de recherche
Antiquités orientales
L
es axes de recherche du département des Antiquités orientales correspondent
aux domaines couverts par les collections sur une période de temps qui va de
la préhistoire jusqu’au début de l’Islam, et sur un territoire qui s’étend, selon
les périodes historiques, de l’Afrique du Nord jusqu’à l’Asie centrale et de l’Anatolie
au Yémen.
Les coopérations internationales constituent un axe majeur de l’activité du
département. Elles concernent actuellement presque tous les pays du Proche et du
Moyen-Orient, jusqu’en Asie centrale, et comportent à la fois un volet scientifique
et l’un des programmes concernant la formation et la conception muséographique.
L’année 2010 a été marquée par l’important développement de ces programmes,
particulièrement avec la Syrie et l’Arabie Saoudite. L’exposition « Routes d’Arabie.
Archéologie et histoire du royaume d’Arabie Saoudite » (hall Napoléon, 16 juillet –
27 septembre 2010) restera la première grande manifestation consacrée au passé du
royaume d’Arabie Saoudite ; le catalogue a été conçu comme un ouvrage historique
de référence.
L’histoire des collections, éclairant l’étude des œuvres, est l’un des principaux axes
de nos recherches et de nos publications.
B. André-Salvini
 The areas of research in the Department of Near Eastern Antiquities match the domains
covered by the collections, whose historical and traditional geographic framework comprises a
period that spans from prehistory to the beginnings of Islam, involving a large geographical area
that extends—depending on the historical periods—from North Africa to Central Asia, and from
Anatolia to Yemen.
International cooperation plays a major role in the Department’s activities. The partnerships
currently involve all the countries in the Near and Middle East and Central Asia, and comprise a
research programme, and one of the programmes relating to training and museology. The year 2010
witnessed a major development in these partnerships, particularly with Syria and Saudi Arabia. The
exhibition “Routes d’Arabie. Archéologie et histoire du Royaume d’Arabie Saoudite” (Roads of Arabia.
Archaeology and History of the Kingdom of Saudi Arabia), held in the Hall Napoléon from 16 July to
27 September 2010, was the first major event devoted to the history of the Kingdom of Saudi Arabia;
the catalogue was devised to provide a reference work for researchers and historians.
The history of the collections, which sheds light on the study of the works, is one of the principal
areas for research and publication.
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Antiquités orientales
Les ivoires d’Arslan Tash
Projet suivi par Élisabeth Fontan et Giorgio Affanni
ont tous été acquis d’Élie Borowski, marchand à Bâle, qui luiUn ensemble exceptionnel d’ivoires a été découvert en 1928
même les aurait achetés en 1955 à un antiquaire parisien. Dixsur le site d’Arslan Tash, par une mission du musée du Louvre
sept de ces ivoires ont été acquis par le Metropolitan Museum
dirigée par François Thureau-Dangin, conservateur en chef du
de New York en 1957, un en 1966 par le musée de Hambourg,
département des Antiquités orientales.
quarante et un éléments entiers ainsi qu’une centaine de fragArslan Tash, nom qui signifie « la pierre au lion », est situé à
ments par le Badisches Landesmuseum de Karlsruhe entre 1970
l’extrême nord de la Syrie, à quelques kilomètres de la frontière
et 1972, enfin vingt et un ont été déposés en 1992 au Bible
turque et à l’est de l’Euphrate. Deux campagnes de fouilles ont
Lands Museum de Jérusalem.
été menées au cours de l’année 1928 : la première s’est déL’origine de ces œuvres est obscure. Sans doute y eut-il des
roulée au printemps avec la participation du père dominicain
fouilles clandestines entre les deux campagnes de fouilles ou
Augustin Barrois, de l’École biblique et archéologique française
juste après la fermeture du chantier et/ou des vols dans un
de Jérusalem, et de Georges Dossin, épigraphiste à l’université
local de stockage. L’examen des œuvres a permis de constater
de Liège, la seconde à l’automne avec le concours de Maurice
que certains fragments provenant du commerce complétaient
Dunand.
des plaquettes issues de la fouille, ce qui prouve que la majeure
Les fouilles ont notamment mis au jour un palais néopartie des ivoires de la collection Borowski proviennent bien
assyrien du Ier millénaire avant J.-C. et un autre bâtiment, plus
d’Arslan Tash. Les recherches sont en cours pour retracer l’hisancien, appelé le « bâtiment aux ivoires », sans doute un autre
toire mouvementée de cette collection.
palais. Arslan Tash / Hadatu était, comme le site voisin de Tell
En 2006 a été lancé le projet d’une nouvelle publication de
Ahmar / Til Barsip, une capitale provinciale de l’Empire assyl’ensemble des ivoires d’Arslan Tash, fruit d’une collaboration
rien aux ixe-viiie siècles. C’est dans les quinze derniers jours de
entre le musée du Louvre, l’université de Bologne et la Direcjuin 1928, après le départ de Thureau-Dangin et Dossin, qu’eut
tion générale des antiquités et des musées de Syrie (DGAMS).
lieu la découverte par le père Barrois du lot le plus important
L’équipe chargée de l’étude et de la publication est comdes fameux ivoires. Les ivoires, qualifiés traditionnellement de
posée de : Élisabeth Fontan, conservateur en chef au déparphéniciens, constituaient un décor de mobilier, associés à des
tement des Antiquités orientales ; Giorgio Affanni, docteur
éléments de verre coloré. Les fouilleurs ont retrouvé les traces
(université de Turin) ; Annie Caubet, conservateur général
de un ou peut-être deux lits ou bien d’un lit et d’un trône.
honoraire (musée du Louvre) ; Serena Maria Cecchini, proLa publication parut dès 1931 : Arslan Tash, par F. Thureaufesseur émérite (université de Bologne) ; François Poplin,
Dangin, A. Barrois, G. Dossin et M. Dunand. Cent quatorze
ivoires y sont publiés. Ils ont
été partagés entre le Louvre
et le musée national d’Alep,
selon la réglementation en
vigueur à l’époque du mandat. Quarante-six d’entre eux
sont aujourd’hui conservés
au département des Antiquités orientales, soixante
et onze sont exposés à Alep.
Cependant,
un
certain
nombre d’ivoires qui figurent
dans la publication ne sont
pas inventoriés au Louvre et
ne sont ni exposés ni répertoriés à Alep. En revanche,
certaines œuvres présentées dans les vitrines d’Alep
n’apparaissent pas dans la
publication. De plus, six plaquettes de très belle qualité
sont conservées à l’École biblique et archéologique française de Jérusalem.
Par ailleurs, un nombre
important d’ivoires attribués
d’un point de vue stylistique
à Arslan Tash se trouvent dans
des musées où ils sont arrivés
via le commerce de l’art. Ils
La Naissance d’Horus, département des Antiquités orientales (AO 11465)
19
Travaux de recherche
professeur au Muséum d’histoire naturelle ; Fabrizio Venturi
(université de Bologne) ; Maria Giulia Amadasi, professeur à
l’université de Rome.
Le sommaire provisoire est le suivant :
Introduction historique (S. M. Cecchini)
Origine de la matière animale et modes de fabrication
(A. Caubet et F. Poplin)
Histoire des fouilles et de la collection d’ivoires (É. Fontan)
Étude iconographique et stylistique (G. Affanni)
Catalogue
Essai de reconstruction du mobilier (É. Fontan et G. Affanni)
Appendice : Les inscriptions (M. G. Amadasi)
Parallèlement, l’université de Bologne sous la direction de
Serena Maria Cecchini a effectué, en collaboration avec la
DGAMS, une nouvelle mission d’étude sur le terrain pour
préciser la stratigraphie et la chronologie. En effet, au cours
des fouilles anciennes, aucune céramique, aucun tesson n’a
été recueilli. Le problème réside dans l’absence de protection
du site, qui est entièrement recouvert par le village moderne.
En 2007 a eu lieu une mission de relevé topographique,
suivie en 2008 d’une mission de prospection géomagnétique.
La fouille s’est déroulée en septembre 2009.
L’étude des œuvres a débuté en 2006 et s’est terminée en
décembre 2010. Chaque pièce a fait l’objet d’un examen sous
loupe binoculaire, de photographies et de dessins (les deux
faces et les tranches), d’un examen et de photos sous lumière
UV. Le récolement d’environ deux cents œuvres a permis
d’établir le catalogue, qui est en voie d’achèvement.
Cette étude s’est accompagnée de campagnes de restauration
confiées à Juliette Levy, Agnès Cascio et Marie-Emmanuelle
Meyohas notamment, au Louvre, où le travail est terminé, et à
Alep (en cours), dans le cadre de la coopération entre le musée
du Louvre et la DGAMS.
Parallèlement, un programme d’analyses en laboratoire a été
entrepris en collaboration avec le Centre de recherche et de
restauration des musées de France (C2RMF) sous la direction
d’Ina Reiche et de Katarina Müller, dont une première tranche
a été effectuée en 2010.
Ce projet s’inscrit dans le cadre plus large des nouvelles
recherches sur les ivoires du Ier millénaire menées par Georgina
Herrmann pour Nimroud et par Claudia Suter pour Samarie.
É. Fontan
 An archaeological mission from the Musée du Louvre, led by François
Thureau-Dangin (head of the Département des Antiquités Orientales),
discovered an exceptional set of ivories at the Arslan Tash archaeological
site (Syria) in 1928. Most of the ivories, which were allotted to the Louvre
and the Aleppo National Museum in accordance with the regulations at
the time, were published in 1931.
The differences between the works that appeared in the publication and
those kept in the Louvre and Aleppo, and the fact that certain works
acquired by other museums were stylistically similar to the published works
from Arslan Tash, led to the project for a publication (“catalogue raisonné”)
of all the ivories from Arslan Tash.
The members of the team which conducted the study and compiled the
catalogue are: Elisabeth Fontan (Musée du Louvre), Giorgio Affanni (Turin
University), Annie Caubet (Musée du Louvre), Serena Maria Cecchini
(University of Bologna), Fabrizio Venturi, François Poplin (Muséum
d’Histoire Naturelle), and Maria Giulia Amadasi (University of Rome). The
study of the works included conservation programmes, and a series of
laboratory analysis was conducted in collaboration with the C2RMF (Centre
for Research and Restoration of the Museums of France).
At the same time, the Italian division has renewed fieldwork at the site to
verify the stratigraphic and chronological data (September 2007, 2008,
2009).
This study is part of a larger project of new research into the ivories of
the 1st millennium bc, conducted by Georgina Herrmann for Nimrud, and
Claudia Suter for Samaria.
Programme d’étude historique et matérielle de la collection
de tablettes cunéiformes du Louvre
Projet suivi par Béatrice André-Salvini, Anne Liégey, restauratrice de sculptures,
et Anne Bouquillon, ingénieur de recherches au C2RMF
20
Un nouveau programme d’études, de restauration et d’analyses concernant des séries bien identifiées dans la collection
des textes cunéiformes du Louvre apporte des éléments nouveaux dans le cadre de recherches sur leur contexte historique
d’origine. Les analyses effectuées dans le but d’approfondir la
connaissance matérielle des tablettes sont menées parallèlement à la mise au point et au développement de méthodes
de traitement de conservation-restauration non destructives.
L’origine de cette étude repose sur la volonté et la nécessité
de conserver après restauration l’aspect et les caractéristiques
originales du support écrit, ce qui sauvegarde la possibilité de
mener ultérieurement des investigations sur la nature et la
composition originelles des matériaux.
Un programme original de restauration des textes cunéiformes en terre crue et cuite a donc été mis en place. L’objectif
premier était de restaurer les tablettes en terre crue sans les
cuire, en appliquant un traitement respectant leur matière. La
méthode de consolidation adoptée pour ce matériau fragile
préserve son aspect et sa composition et permet d’effectuer son
dessalement. Le projet se développe actuellement en liaison
avec un programme d’analyses mené en coopération avec le
Centre de recherche et de restauration des musées de France
(C2RMF). Née des besoins de la restauration, cette étude a
débouché sur des axes de recherche plus étendus. La détermination de la provenance des argiles doit permettre de proposer
certaines hypothèses ou conclusions d’ordre historique.
Une première sélection de tablettes a été effectuée dans
les collections du département des Antiquités orientales et
il a été procédé à un échantillonnage. Le choix a porté sur
des pièces très altérées et lacunaires de la correspondance du
roi Hammurabi de Babylone avec l’intendant Šamaš-hasir,
son représentant chargé de l’administration des domaines de
Larsa, une grande ville de la Mésopotamie méridionale, capitale d’un royaume conquis par le roi de Babylone en ± 1763
avant J.-C. (les dates suivent la chronologie traditionnelle dite
« moyenne » ; elles sont relatives). Ces textes royaux sont donc
Antiquités orientales
guerre, et transportées alors dans un château de la Loire où
elles ont été entreposées pendant plusieurs années dans un
lieu très humide, a été une longue opération, maintenant
achevée ; voir le chapitre « Restaurations ») ;
– la collection des tablettes paléo-babyloniennes des archives
de Larsa (écrites à Larsa).
Les perspectives sont naturellement de continuer cette
recherche combinant analyse et restauration sur des séries de
textes venant de sites, de périodes ou de règnes identifiables
et datés. (Les séries principales proviennent des anciennes
fouilles françaises effectuées à la fin du xixe siècle et pendant
la première moitié du xxe siècle, sur les sites de Tello et Larsa
[Irak], Suse [Iran], Ras Shamra / Ougarit [Syrie].)
B. André-Salvini
 A new programme of studies, conservation and analyses of a series of
clearA new programme of examination, analysis, and conservation of a
series of clearly identified lots in the Louvre’s collection of cuneiform
tablets, is providing new information about their original historical context.
The first aim of the programme was to restore the clay tablets without
baking them, by a treatment of consolidation followed by desalinisation,
with no effect on the mineralogical or chemical characteristics of the clay,
while also respecting the appearance of the object.
Launched as part of a general restoration programme, this procedure led
to more detailed research, including the identification of each tablet’s
provenance, enabling the researchers to determine their history. The
analytical process, applied to a limited number of objects, will be extended
to include a larger sample of clay tablets corresponding to well-known
series, namely, the letters of Hammurabi (and Awil-Ninurta) addressed to
Samas-hasir (sent to Larsa), and the collection of Paleo-Babylonian tablets
from the Larsa archives (written in Larsa).
Lettre de Hammurabi à Šamaš-hasir concernant l’entretien des terres du palais
à Larsa, département des Antiquités orientales (AO 8317 [TCL VII, 18])
bien situés géographiquement et chronologiquement et nous
savons qu’ils furent écrits pendant une période de temps limitée, d’environ dix années.
Le protocole d’analyse adopté permet tout d’abord de caractériser les principaux constituants de la matière des tablettes.
Ces analyses sont effectuées au C2RMF pour la roche totale
et au laboratoire Géosystèmes de l’université Lille 1 pour les
argiles. Le laboratoire ERM de l’université de Poitiers étudie la
composition chimique des sels solubles.
Ce projet, présenté lors la 55e Rencontre assyriologique internationale, à Paris en 2009, a fait l’objet d’une première publication (A. Liégey, A. Bouquillon, P. Recourt, V. Bout, B. AndréSalvini, « Les tablettes cunéiformes en terre crue du musée du
Louvre. Évaluation d’un protocole de traitement », Conservation, restauration des biens culturels, 28, 2010, p. 29-36).
Le procédé d’analyse, mis au point sur un nombre restreint
d’objets, va désormais s’étendre à un échantillonnage plus
important de tablettes en terre crue correspondant à des ensembles bien connus. Les lots prioritaires sont :
– les lettres de Hammurabi (et Awil Ninurta) adressées à
Šamaš-hasir (envoyées à Larsa), soit environ soixante tablettes,
entrées au Louvre en 1922 (acquises de Géjou à Bagdad), publiées par François Thureau-Dangin (Lettres de Hammurapi à
Šamaš-hâsir, Paris, 1924 [Textes cunéiformes du Louvre VII])
(la restauration de ces tablettes, sorties du Louvre pendant la
Les Durighello, consuls,
collectionneurs et marchands
à Sidon
Projet suivi par Élisabeth Fontan, avec la contribution
de Néguine Mathieux (département des Antiquités
grecques, étrusques et romaines), d’Élisabeth David
(département des Antiquités égyptiennes)
et du département des Arts de l’Islam
Dans la seconde moitié du xixe siècle et au début du xxe, plusieurs membres d’une famille originaire de Venise et installée
au Levant, les Durighello, participèrent à l’enrichissement du
département des Antiquités orientales. Alphonse, vice-consul
de France à Saïda, a collaboré à la mission de Phénicie dirigée
par Ernest Renan. Deux de ses fils ont poursuivi son action,
Edmond, le fouilleur, et Jacques-Ange, le marchand. La contribution des Durighello va bien au-delà des informations données par les registres d’acquisition. En effet, de nombreuses
œuvres découvertes par eux sont passées par l’intermédiaire de
divers collectionneurs, diplomates, marchands ou banquiers,
avant d’arriver au Louvre, comme par exemple le sarcophage
d’Eshmounazor. Ils sont à l’origine de l’entrée au département
des Antiquités orientales de près de quatre cents objets, aussi
bien des œuvres exceptionnelles que des pièces de série. Leur
contribution concerne également le département des Antiquités grecques, étrusques et romaines et, pour une moindre part,
ceux des Antiquités égyptiennes et des Arts de l’Islam.
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Travaux de recherche
L’étude met en outre en lumière les conditions dans lesquelles
se sont déroulés les débuts de la recherche archéologique au
Levant et la constitution des collections des musées occidentaux.
É. Fontan
 In the second half of the nineteenth century and the beginning of the
twentieth, the Durighello family—originally from Venice, but who settled
in the Levant—contributed extensively to the Department of Oriental
Antiquities by providing almost four hundred new objects for the collection;
some works are unique pieces, while others belong to sets.
The programme, which also involves other departments in the Museum,
provides direct insight into the conditions in which the first archaeological
research was conducted in the Levant, and into how the collections in
Western museums were built up.
Programme de l’Orient méditerranéen
dans l’Empire romain
Projet suivi par Nicolas Bel
Dans le cadre de la préparation de la nouvelle présentation
consacrée aux provinces orientales de l’Empire romain dans
les collections du Louvre (ouverture prévue en 2012), plusieurs
groupes d’objets ont été plus particulièrement étudiés en 2010 :
– Bekaa libanaise : après l’étude des mains votives en bronze
(P.-L. Gatier et N. Bel, « Mains votives de la Phénicie romaine »,
Monuments Piot, t. 87, 2008, p. 69-104), recherche sur les cultes
héliopolitains, en particulier sur les liens entre connaissances
astronomiques, développement de l’astrologie et iconographie
portée par les objets ;
– Cilicie et Cappadoce : recherche sur les liens existant entre le
culte du Jupiter Dolichenus et le corpus des figurines de bronze de
Cilicie, où la combinaison aigle-taureau apparaît fréquemment ;
– côte levantine : étude des sarcophages en pierre de la côte
levantine (Sidon, Byblos) : importation, ateliers locaux, copies ;
début du catalogage des cippes funéraires de Sidon (environ
cent dix numéros) : typologie, épigraphie, onomastique.
N. Bel
 In preparation for the new exhibition devoted to the eastern provinces
of the Roman Empire (opening scheduled for 2012), several sets of the
Louvre’s objects from the Bekaa Valley (Lebanon), Cilicia, Cappadocia, and
the Levantine coast were subjected to detailed studies in 2010,
includingincluding bronze figurines related to the cult of Jupiter Dolichenus,
stone sarcophagi, and Sidonian stelae.
La statuaire en bronze sud-arabique
Projet suivi par Françoise Demange, Benoît Mille,
archéométallurgiste (C2RMF), et Iwona Gajda,
épigraphiste, chargée de recherches au CNRS UMR 8167
22
Cette recherche s’inscrit dans le cadre de la convention de coopération signée en 2006 avec la Direction des antiquités du
Yémen (GOAM). La statuaire en bronze est l’une des productions les plus originales et les moins bien connues de l’art du
Yémen antique (Ier millénaire avant J.-C. – viie siècle après J.-C.).
Mené depuis 2007 en collaboration avec Benoît Mille et
Iwona Gajda, ce travail s’articule autour de l’étude appro-
fondie de trois sculptures en bronze, dont deux portent une
dédicace : une exceptionnelle statue d’homme, une applique
représentant un lion passant, une statuette en ronde bosse
représentant un lion debout. Cette étude a mis en évidence
l’originalité des ateliers de bronziers locaux, qui transcrivent
dans leur propre langage stylistique les influences venues du
monde oriental.
L’utilisation de techniques de fonte très particulières a été
révélée par l’étude menée au C2RMF. Le noyau de terre conservé au cœur de la pièce fait partie intégrante de sa structure et
les soudures des différents éléments rapportés (tête, membres,
etc.) utilisent ce noyau comme renfort. Deux expositions-dossiers ont présenté les premiers résultats (2008 et 2009) et une
étude plus poussée de la statue d’homme vient d’être publiée
(Monuments Piot, t. 89, 2010).
Les recherches de datation au radiocarbone (charbons se
trouvant dans les noyaux des pièces) se poursuivent (laboratoire de l’université de Tucson, états-Unis). Les résultats comparés des trois pistes de recherche explorées (épigraphie, style des
œuvres, techniques de fabrication et datation) permettent de
proposer des dates pour les pièces étudiées, mais peuvent aussi
désormais servir de référence pour la lecture d’autres bronzes.
En effet, le corpus, une centaine d’œuvres actuellement, ne
cesse de croître, malheureusement la plupart du temps grâce à
des découvertes fortuites ; il est donc toujours très difficile de
dater ces œuvres privées de tout contexte archéologique.
Ces recherches ont aussi permis de restaurer les trois œuvres
étudiées et de contribuer à la formation de restaurateurs yéménites. Une exposition, centrée sur la production particulièrement riche de sculptures en bronze dans la région du Jawf au
début du Ier millénaire avant J.-C., est programmée pour 2013,
mais la conjoncture politique actuellement très difficile dans le
pays nous contraint pour le moment à suspendre sa préparation.
F. Demange
 This research, in collaboration with the C2RMF (Centre for Research
and Restoration of the Museums of France) and CNRS epigraphy expert
Iwona Gajda, focuses on the study and restoration of three bronze
sculptures from ancient Yemen, two of which bear a dedication. The study,
which revealed unusual bronze casting technique enables to propose
dating of the three sculptures. It will serve as a reference for the
interpretation of other bronzes from southern Arabia. The project also
provided training experience for four Yemenite restorers.
Programme d’étude de la sculpture
de Mari
Projet suivi par Sophie Cluzan
La sculpture retrouvée sur le site de Mari, en Syrie, est exceptionnelle à divers égards et témoigne de ce que la ville était un
centre d’art important. Le corpus des statues retrouvées dans
les couches du milieu du IIIe millénaire avant J.-C. présente des
caractéristiques qui nous éclairent sur ce qu’était la culture de
cette cité.
Notre collaboration à la mission archéologique française de
Mari et l’importance historique de ce site dans les collections
du département des Antiquités orientales nous ont conduits
à engager un programme d’étude de ces œuvres. À cet effet,
parallèlement aux observations effectuées sur les quatre-vingt-
Antiquités orientales
dix exemplaires conservés au Louvre, plusieurs campagnes
d’étude ont été menées en Syrie, notamment au musée national de Damas, où une trentaine de pièces ont déjà été examinées en détail. L’ensemble de ces études doit conduire à la
publication d’une synthèse générale sur ce corpus.
Les principaux axes de recherche retenus pour ce programme
sont les suivants : répartition topographique et approche chronologique ; existence d’ateliers et d’un art du portrait ; observations
techniques et histoire de chacune des sculptures avant destruction ; modalités des massacres ; caractéristiques et signification
du corpus dans l’ensemble syro-mésopotamien de l’époque – en
approchant les œuvres de Tello, d’Ur, de la Diyala, d’Ebla, etc.
Parallèlement, ce programme entre dans la formation d’un certain nombre d’étudiants de l’École du Louvre. De plus, une base
de données a été constituée, qui, à terme, regroupera l’ensemble
du corpus de Mari conservé au Louvre et en Syrie.
S. Cluzan
 Our collaboration on the French archaeological project in Mari (Syria)
and the site’s historical importance in the collections of the Department of
Oriental Antiquities has prompted a specific study programme on Mari
sculpture, which will also provide training experience for students at the
École du Louvre. Work has begun on a database containing the entire
corpus of Mari artefacts kept in the Louvre and in Aleppo.
Autres programmes de recherche
du département des Antiquités
orientales
Recherches sur les musées de Syrie
Parmi les grands programmes de l’année 2010, un projet
d’études sur les musées de Syrie a occupé une place importante
au département des Antiquités orientales, mobilisant particulièrement deux conservateurs (Sophie Cluzan, Nicolas Bel) et
une documentaliste (Monique Buresi). Il s’inscrit dans le cadre
de la convention de coopération signée en 2006 entre le musée du Louvre et la DGAMS et du programme de coopération
bilatéral passé entre le gouvernement français et la Syrie. Ce
projet a donné lieu, depuis 2009 et notamment en 2010, à des
recherches concernant l’état actuel des musées (structure et
muséographie) et leurs perspectives d’avenir (rédaction d’un
rapport concernant les recherches sur les musées syriens par
Sophie Cluzan, avec une importante participation de Nicolas
Bel et l’assistance de Monique Buresi). Sur le plan scientifique,
les recherches ont principalement porté sur l’histoire et l’archéologie syriennes, dans une perspective culturelle, éducative et de développement. Le programme muséographique du
musée national de Damas sera au centre des réflexions menées
à partir de 2011 dans un cadre institutionnel élargi.
 One of the main programmes undertaken in 2010 was the survey and
assessment of the museums in Syria (current status, and development
programme). This survey was particularly important for the Department of
Oriental Antiquities, and involved two curators (Sophie Cluzan and Nicolas
Bel) and a specialist for documentation (Monique Buresi). It was conducted
within the framework of the cooperation agreement signed in 2006
between the Musée du Louvre and the Directorate General of the
Antiquities and Museums of Syria (DGAMS), and the bilateral cooperation
programme between the French government and Syria.
Parmi les programmes qui n’ont pas donné lieu à des études
significatives en 2010, certains méritent d’être mentionnés car
ils s’inscrivent dans les projets menés de façon régulière par le
personnel scientifique ou les chercheurs associés. La liste n’est
pas exhaustive, certains projets à long terme seront décrits en
temps utile.
Domaine de l’écriture
Parcours épigraphique du département des Antiquités orientales.
Le volume I des textes cunéiformes sera achevé en 2011
(B. André-Salvini).
Étude des textes provenant de Suse, en akkadien et en élamite.
Projets de publication sur les textes proto-élamites (J. Dahl,
université d’Oxford), sur les textes en élamite-linéaire
(B. André-Salvini, M. Salvini, ICEVO [Istituto di Studi sulle
Civiltà dell’Egeo e del Vicino Oriente], Rome), sur les textes
juridiques et économiques de Suse (F. Malbran et al.) et sur les
textes scientifiques de Suse (Ch. Proust).
Mésopotamie
Publication des actes du colloque « Babylone » (Louvre, 2008),
dans Documenta Asiana, Rome (dir. B. André-Salvini, à paraître
en 2011).
Catalogue raisonné de la collection de glyptique entrée par acquisition (F. Demange, à paraître en 2012-2013).
Les Sceaux royaux du IIIe millénaire de la Babylonian Collection
de Yale (S. Cluzan), en liaison avec les collections du Louvre.
Exposition-dossier sur le tableau de Félix Thomas représentant
la porte no 3 de Khorsabad pendant les fouilles de Victor Place,
salle d’actualité du département (É. Fontan, printemps 2011).
Une monographie (Louvre, coll. « Solo ») sur les reliefs assyriens
de Khorsabad s’inscrit dans la continuité de cette présentation.
Étude de la polychromie sur les pierres (sculpture de Khorsabad, sculpture phénicienne) (É. Fontan).
Iran et Asie centrale
Catalogue raisonné des antiquités du monde transélamite au musée
du Louvre (A. Benoit, à paraître en 2012-2013).
Levant
Syrie. Une partie des projets s’inscrivent dans le cadre de la
convention passée avec la DGAMS. Outre les projets décrits
plus haut (Mari, Arslan Tash), qui doivent déboucher sur des
publications, signalons :
– une exposition-dossier sur la statue d’Ebih-il de Mari, salle
d’actualité du département (S. Cluzan, été 2011), suivie d’une
monographie (Louvre, coll. « Solo ») ;
– les fouilles de François Thureau-Dangin sur le site d’époque
assyrienne de Tell Ahmar / Til Barsip, G. Bunnens avec la participation d’É. Fontan pour les collections du Louvre ;
– un programme de publications, en liaison avec la Mission
archéologique franco-syrienne à Ras Shamra / Ougarit (DGAMS
et Lyon, Maison de l’Orient et de la Méditerranée, laboratoire
Archéorient) ;
– des textes lexicographiques sur Ougarit / Ras Shamra
(B. André-Salvini) ; sceaux de Ras Shamra (S. Cluzan).
Le Levant dans l’Empire romain. Dans le cadre du programme
d’ouverture des nouvelles salles en 2012 (N. Bel), co-directeur
de l’ouvrage général sur L’Orient méditerranéen dans l’Empire
romain et un projet d’une monographie (Louvre, coll. « Solo »)
sur Jupiter héliopolitain.
Israël. Projet d’exposition-dossier sur deux statuettes de bronze
provenant de fouilles récentes israéliennes sur le site de Hazor
(salle d’actualité du département des Antiquités Orientales,
É. Fontan, fin 2011-2012).
23
Travaux de recherche
Bahrein
Participation à la publication du matériel archéologique des
fouilles de Qala’at el-Bahrein (N. Chevalier), sous la direction
de P. Lombard (Lyon, Maison de l’Orient et de la Méditerranée,
laboratoire Archéorient).
Histoire des collections
L’histoire des collections constitue l’un des principaux
axes des recherches et des publications. Plusieurs projets de
publications sont en cours. Outre le projet sur les Durighello (voir ci-dessus), deux monographies sont prévues dans
les prochaines années : François Thureau-Dangin (1872-1944)
(B. André-Salvini) et Histoire des fouilles de Tello, à partir des
collections (B. André-Salvini). D’autres monographies suivront,
portant également sur les grands sites dont les fouilles ont
formé les collections du Louvre, et notamment sur Mari, Ras
Shamra (S. Cluzan), Tell Ahmar (G. Bunnens, É. Fontan).
B. André-Salvini
 Some of the Department’s projects are part of the studies conducted
by the scientific staff and researchers involved in the Department’s various
study programmes, such as inscriptions, the history of the collections,
Mesopotamia, Iran, the Levant, and Bahrain; some of the research is linked
to the opening of new exhibition rooms in 2012, and to agreements made
with the General Directorate of the Antiquities and Museums of Syria.
Programme Achemenet
Projet suivi par Yannick Lintz, Pierre Briant
et Salima Larabi
Le musée du Louvre a été l’un des premiers partenaires du
programme international Achemenet, lancé par la chaire
d’histoire et civilisation du monde achéménide et de l’empire
d’Alexandre au Collège de France en 2000. L’enjeu de ce programme est de rassembler et de diffuser sur le web des ressources variées (textes anciens, objets de musées, dessins, photographies, récits de voyageurs, contributions scientifiques,
etc.) relevant d’un espace-temps historique, le Moyen-Orient
de l’Indus à la Méditerranée, sous la domination des Perses
achéménides, de 550 à 330 avant J.-C. Aujourd’hui, ces ressources sont mises en ligne sur deux sites : www.achemenet.
com, qui réunit les corpus de textes anciens et d’importantes
contributions scientifiques, et le Mavi (Musée achéménide
virtuel et interactif) à l’adresse www.museum-achemenet.college-de-france.fr, qui regroupe déjà plus de huit mille œuvres
conservées dans une quinzaine d’institutions à travers le
monde. La collaboration du Louvre à ce programme se traduit
par sa présence dans le comité de pilotage et par celle de plus
de quatre cents pièces achéménides de ses collections dans le
Mavi. Ce partenariat est amené à se renforcer en 2011.
Y. Lintz
 The aim of this programme is to bring together the assorted online
resources relating to the Middle East (from the Indus Valley to the
Mediterranean) under the rule of the Persian Achaemenids (550 to 330 bc).
These resources are available online via two sites: www.achemenet.com,
which brings together the corpuses of ancient texts and major scientific
contributions; and MAVI (the Virtual Interactive Achaemenid Museum)
www.museum-achemenet.college-de-france.fr, which provides photos of
more than 8,000 works held in fifteen museums around the world.
24
Antiquités égyptiennes
Antiquités égyptiennes
C
onstituée d’environ soixante-cinq mille œuvres, produites dans la vallée du
Nil pendant plus de quatre millénaires, la collection d’antiquités égyptiennes
du musée est une des plus riches du monde. La majorité d’entre elles sont
arrivées en France par voie de partages de fouilles, accordés par l’Égypte de 1852 à
1952.
Les collections y ont ainsi gagné des enrichissements de très grande qualité, avec
des certitudes précieuses sur le contexte archéologique de ces œuvres.
Les axes majeurs de nos travaux de recherche s’articulent autour de plusieurs
thèmes, dont l’histoire des collections – depuis leur découverte jusqu’à leur
inscription sur nos inventaires ; les analyses et études, en collaboration avec le
C2RMF (Centre de recherche et de restauration des musées de France), de nos
objets – ou de leurs contenus – en vue de préciser leurs lieu et mode de fabrication
ainsi que leur datation. Ces travaux se poursuivent en parallèle à la rédaction des
catalogues des séries conservées, qui s’accompagnent toujours d’une traduction des
inscriptions. Le projet muséographique OMER (« L’Orient méditerranéen à l’époque
romaine »), dont les salles doivent ouvrir à l’automne 2012, a mobilisé de nombreux
membres du département, qui participent à son programme scientifique et culturel.
Environ six cents œuvres égyptiennes, produites pendant la conquête romaine, y
seront exposées.
Trois chantiers de fouilles en Égypte et un au Soudan illustrent la détermination
du département à s’inscrire dans une politique archéologique active.
G. Andreu-Lanoë
 Comprising around 65,000 artefacts produced in the Nile Valley over a period of more than
four thousand years, the Louvre’s collection of Egyptian antiquities is one of the richest in the
world. Most of the works arrived in France as part of an agreement with Egypt to jointly carry out
archaeological digs between 1852 and 1952, and to share the finds accordingly.
This long period of collaboration enriched the Museum’s collections with works of the highest
quality, and provided precise details about the specific archaeological context of each of the
artefacts retrieved.
The current research drive involves several areas of activity, including the full documentation of the
history of the collections, from the initial discovery of the artefacts, to their admission to the Museum
and registration in our inventories; along with a detailed analysis of each object (and its contents) in
collaboration with the C2RMF (Centre for Research and Restoration of the Museums of France), in
order to specify the methods, dates and place of manufacture for each of the objects registered. In
parallel, a systematic catalogue is being compiled of the sets of works housed in the Museum,
including a translation whatever inscriptions the objects may contain. This comprehensive and
ambitious museographic project has involved a broad swathe of staff from the various departments
of the Louvre, and has been given the title of “OMER”, standing for “LOrient méditerranéen à
l’époque romaine” (The Mediterranean East during the Roman Period), which will be the subject of
and exhibition due to open in autumn 2012, when around six hundred Egyptian works, produced
during the era of Roman dominion of the Mediterranean, will be presented to the public.
The three archaeological digs in Egypt and Sudan in which the Louvre is at present actively
involved in research are evidence of the Museum’s current archaeological policy.
25
Travaux de recherche
Le musée égyptien de Champollion illustré
Projet suivi par Sylvie Guichard
Champollion rédigea le premier guide de la collection égyptienne à l’occasion de l’ouverture du musée Charles X, le
15 décembre 1827. Le 15 mai 1826, il avait été nommé par
une ordonnance royale conservateur de la seconde division
des monuments égyptiens et orientaux.
Cet ouvrage est un petit livret de cent soixante-six pages à
la simple couverture de papier, format in-12o, paru sous le titre
Notice descriptive des monumens égyptiens du Musée Charles X.
Dans la préface, Champollion expose brièvement ses conceptions muséographiques, alors mises en pratique dans les quatre
salles (actuellement salles 27 à 30) qu’il avait été chargé d’aménager au premier étage de l’aile sud de la cour Carrée, répartissant les objets entre une salle des dieux, une salle civile et
deux salles funéraires. Ce guide sommaire devait permettre au
visiteur se promenant dans le nouveau musée Charles X d’y
trouver la description du monument qu’il avait sous les yeux,
avec des explications précieuses car ces objets étaient totalement inconnus du public parisien de l’époque. Il devait l’aider
à aborder la civilisation égyptienne, à identifier les rois et les
dieux, à établir la chronologie des pharaons, à comprendre
les principes de l’écriture hiéroglyphique que Champollion
venait de découvrir, en un mot à lever le voile sur trois mille
ans d’histoire. Les pages de ce livret présentent quelque cinq
mille objets, presque un à un et salle par salle, mais de façon
sommaire, sans numéro d’inventaire ni origine de collection,
et surtout sans dessin ni illustration permettant de les identi-
26
Le Musée Charles X en 1863, gravure de A. Régis d’apr. Joanne, Paris illustré, 1863
fier. Par ailleurs, certains mots employés par Champollion, en
particulier les noms des dieux et des rois, ne sont plus en usage
aujourd’hui et s’avèrent difficiles à interpréter.
Ce livret fut le seul guide du musée Charles X jusqu’en 1855.
À la mort prématurée du savant, en 1832, le département égyptien perdit son autonomie et il fallut attendre la nomination
d’Emmanuel de Rougé pour qu’en 1855 le livret soit remplacé
par la première édition de la Notice sommaire des monuments
égyptiens exposés dans les galeries du Musée du Louvre.
L’objectif de la réédition de ce premier catalogue du département des Antiquités égyptiennes du musée du Louvre était
d’identifier les objets cités par Champollion, de retrouver les
collections d’où ils provenaient, d’indiquer leurs numéros
d’inventaire et surtout de les illustrer par des photographies,
en suivant l’ordre exact des chapitres du livret. Cette réédition
permet de se faire une idée du département tel qu’il était lors
de son ouverture et de mesurer la richesse de la collection dès
sa formation par Champollion.
Pour l’identification des objets cités dans ce livret, nous avons
exploité les manuscrits de Champollion conservés dans différents services d’archives. Les archives des musées nationaux
conservent une partie des feuillets rédigés par le savant, ses
« brouillons », reliés en un volume unique sous le titre Champollion inventaire manuscrit. D’autres feuillets complétant ceux
du Louvre ont été retrouvés dans la masse des quatre-vingt-huit
volumes qui composent les « Papiers Champollion » au départe-
Antiquités égyptiennes
ment des Manuscrits de la Bibliothèque nationale. Quand elle est
précisée, l’origine des objets indique le plus souvent la collection
du marchand d’art Edme Durand et celle du consul d’Angleterre
en Égypte Henry Salt ; l’étude des inventaires particuliers a fourni
des informations très précieuses. Les Lettres d’Italie et les Lettres
d’Égypte adressées par Champollion à son frère ont livré une
mine de renseignements sur ses conceptions muséographiques.
Outre le dépouillement des archives et des catalogues de collections, la présence d’étiquettes collées par Champollion sur de
nombreux objets a facilité leur identification. Le recoupement
de tous ces éléments, à quoi s’ajoute une longue familiarité avec
l’ensemble de la collection, nous a finalement permis d’identifier à peu près huit cents œuvres ; sachant que nous avons renoncé d’emblée à identifier certaines catégories d’objets dont les
descriptions par Champollion étaient trop imprécises, en particulier un lot de scarabées au nombre de trois cent quatre-vingts
représentant des divinités ou des emblèmes de divinités. L’analyse pointue des descriptions de Champollion nous a parfois réservé de belles découvertes d’objets « dormant » dans les réserves
et non identifiés jusqu’alors, comme un fragment de textile aux
cartouches du roi Ramsès III et deux vases canopes au nom d’un
prêtre du roi Thoutmosis IV.
Cette réédition sera précédée d’une introduction développée
comportant : le décret de nomination de Champollion comme
conservateur, son difficile parcours pour obtenir ce poste, ses
conceptions muséographiques telles qu’il les expose dans ses
lettres, l’histoire de l’aménagement du musée Charles X par les
architectes Percier et Fontaine, les décors des plafonds des quatre
salles, l’origine des fonds de la collection (collection Brindeau,
collection Durand, collection Salt, collection Drovetti). À la fin
de l’ouvrage figureront une bibliographie et un lexique qui établira une correspondance entre le vocabulaire de Champollion
et la terminologie utilisée par les égyptologues d’aujourd’hui.
Ce premier catalogue du département des Antiquités égyptiennes du musée du Louvre est connu des égyptologues. Il
était toutefois nécessaire de le rendre plus accessible à la communauté scientifique en lui adjoignant l’identification des
monuments cités accompagnés de photographies. Il aura entre
autres pour effet de dévoiler le génie muséographique de JeanFrançois Champollion.
S. Guichard
Notice descriptive des monumens égyptiens du Musée Charles X
 When the Musée Charles X opened on 15 December 1827, Jean-François
Champollion produced a concise 166-page book entitled Notice descriptive
des monumens égyptiens du Musée Charles X (Description of the Egyptian
Monuments in the Musée Charles X). Eight months earlier, Champollion had
been appointed conservateur de la seconde division des monumens égyptiens et
orientaux (curator of the Egyptian and Oriental section of the Louvre).
Champollion’s book aimed to help visitors understand the civilisation of
ancient Egypt, identify the kings and gods, establish a chronology of the
pharaohs, and understand the principles of hieroglyphic writing that he
had recently discovered. There followed a brief room-by-room description
of some five thousand objects exhibited in the Museum, without inventory
numbers or information about the origins of the items, and without any
drawings or illustrations to enable visitors to match the descriptions with
the objects themselves.
The task of re-editing that first catalogue of the Department of Egyptian
Antiquities, which for years served as a handbook for Egyptologists, involved
consulting many manuscripts and Champollion’s letters so as to identify the
objects itemised in the book, establish which collections they belonged to,
and match their inventory numbers, and it moreover required providing photographic illustrations. The re-edition of this catalogue will give readers an
idea of what the Department was like when it first opened, and will enable
them to appreciate the wealth of the collection compiled by Champollion.
Recherches sur les fouilles françaises menées sur l’île d’Éléphantine
(Assouan), 1906-1911
Projet suivi par Élisabeth Delange
Ce sont les objets de la collection dont le conservateur a la
responsabilité qui servent de point de départ à toute réflexion
scientifique. Les circonstances ensuite peuvent entraîner des
recherches approfondies sur des séries spécifiques.
Ces trois facteurs conjugués – connaissance de la collection,
opportunité et durée dans le temps – ont coïncidé pour susciter l’étude des fouilles françaises d’Éléphantine. Deux ouvrages
en cours de publication témoignent de son achèvement : l’un
avec l’Institut allemand du Caire, sur le Chnoubeum – le
cimetière des Béliers sacrés –, l’autre, à la demande de M. Jean
Leclant, par l’Académie des inscriptions et belles-lettres, qui
présente le récit des fouilles, le catalogue des objets qui en proviennent et plusieurs contributions savantes.
Le Kôm d’Éléphantine que Clermont-Ganneau et Clédat ont
commencé à dégager, en 1906, correspond à une cité qui n’a
cessé d’être remaniée pendant toutes les époques historiques,
de la préhistoire jusqu’à la période arabe, et où habitations et
lieux de culte plusieurs fois détruits ou agrandis voisinaient
avec un cimetière datant de l’Ancien et du Moyen Empire.
Au début du xxe siècle, les campagnes de fouilles étaient
traditionnellement suivies de partages d’objets entre l’Égypte
et le pays fouilleur. Les caisses ainsi parvenues au Louvre, sans
27
Travaux de recherche
28
tir de laquelle il était désormais envisageable de dresser
un catalogue d’objets et d’en
comprendre le contexte.
En 2005, Horst Jaritz, directeur émérite de l’Institut suisse
en Égypte, prit la décision de
publier le Chnoubeum, où
il avait lui-même mené des
fouilles. Il s’avérait dès lors
indispensable de joindre nos
efforts pour élargir notre compréhension du cimetière des
Béliers (époque ptolémaïque
et romaine) grâce à l’étude des
documents laissés par nos prédécesseurs. La confrontation
permanente entre l’archéologie de terrain et ce que dévoilent les archives a permis
de retrouver la stratigraphie
archéologique, enrichissant
considérablement le propos.
Ces différentes tâches s’étirèrent dans le temps. Pour
mieux saisir l’ensemble des
Fouilles françaises de la nécropole d’Éléphantine, photo prise par J. Gautier en 1909. Archives Clermont-Ganneau au CIS
travaux – sujet du second
(Corpus Inscriptionum Semiticarum), Académie des inscriptions et belles-lettres
ouvrage –, il était nécessaire
de revenir à l’archéologie de
terrain. Les interventions des archéologues allemands et suisses
être ouvertes intégralement ni le contenu inventorié, furent
pendant les dernières décennies trouvent un écho dans l’ardéménagées plusieurs fois au sein du musée, puis laissées pour
chéologie de « papiers », qui en retour reprend sa cohérence à
compte. Un appel public lancé dans les années 1920 offrit aux
la lumière des fouilles actuelles. Ce va-et-vient fructueux a perinstitutions qui le désiraient la possibilité d’y prélever les obmis de donner vie aux manuscrits des carnets de fouilles, qui à
jets de leur choix, entraînant une dispersion de ces pièces, à
l’évidence n’étaient destinés à être lus que par les archéologues
Toulouse, Dijon, Nantes, Boulogne-sur-Mer, Strasbourg et au
eux-mêmes. C’est pourquoi les bribes de notes consignées dans
musée de l’Homme à Paris.
leurs archives ont pu à la suite d’une connaissance plus globale
Dès la première consultation des archives des fouilles, un
prendre chair autour du squelette livré par ces brèves notations
raccord de deux fragments a pu être effectué sur une statue
personnelles. La compréhension approfondie des fouilles ande la déesse Anoukis, point de départ d’une longue quête
ciennes dépendait de ce mouvement de balancier, nécessitant
dans l’identification des objets d’Éléphantine. En revenant
échanges et partage des connaissances.
sans cesse vers ces grimoires d’archéologues, par une lecture
Parallèlement il devenait indispensable de procéder à des
assidue et répétitive, au fil du temps, grâce à la mémorisation
interventions de restauration pour des séries inédites. Ainsi, les
des formes, à la confrontation avec leur description hâtive
éventuels morceaux d’un puzzle devaient être assemblés, une
ou encore par un croquis à main levée, les objets sont sorsérie exceptionnelle de figurines de gazelles liées à la déesse
tis de l’ombre. La typologie des pièces d’Éléphantine a proAnoukis, vénérée sur l’île, a retrouvé toute sa matérialité. Cergressivement permis de les différencier des séries provenant
taines reliques exceptionnelles issues d’une cachette du temple
d’autres lieux de fouilles. Par ailleurs, l’examen direct des
de Satet, et qui ont été plusieurs fois restaurées dans l’Antipièces mises en dépôt a non seulement servi le récolement,
quité, nécessitaient de même une intervention moderne.
mais surtout donné lieu à des raccords inattendus, dont les
Ce que livreront bientôt les ouvrages, destinés aux égyptoplus spectaculaires concernent la statuaire (citons Khnoumlogues et aux spécialistes, mériterait d’être connu du public à
hotep AF 9916, l’effigie du dieu Khnoum AF 10037, ou encore
l’occasion d’une exposition qui, selon notre souhait, mettrait
la figure de Minmès E 12795).
en scène objets et documents d’archives, les uns et les autres
Plusieurs événements successifs ont stimulé cette recherche.
livrant le point de rencontre du travail croisé des archéoloAinsi l’exposition « Cent ans de fouilles françaises » (Paris, pagues et du conservateur de musée. Certains chefs-d’œuvre
lais de Tokyo, 1981) fut-elle l’occasion de découvrir les archives
sont connus de tous, comme les blocs issus du temple de
de Clermont-Ganneau conservées au cabinet du Corpus des
Satet, joyaux de l’art thoutmoside (exposés dans la salle 12
études sémitiques à l’Académie. Opportunité suivie par le don
du département) ; d’autres sont uniques, d’autres encore, plus
exceptionnel des archives de Jean Clédat, en 1986, qui compremodestes, illustrent la vie des habitants d’Éléphantine, ville
nait documents et carnets de fouilles. Parmi tous ces papiers, les
frontière aux marges de la première cataracte du Nil.
carnets d’Éléphantine devenaient une source majeure, complémentaire des données d’archives de Clermont-Ganneau, à parÉ. Delange
Antiquités égyptiennes
Égypte pharaonique
et romaine, Soudan
Recherches sur Deir el-Médina
au Nouvel Empire
Projet suivi par Guillemette Andreu-Lanoë et Geneviève
Pierrat-Bonnefois
Effigie du dieu Khnoum, département des Antiquités égyptiennes (AF 10037)
 The kom of Elephantine, which Clermont-Ganneau and Clédat
excavated between 1906 and 1911, corresponds with a city that continued
to develop from prehistory up until the Arab period. At the beginning of
the twentieth century, objects discovered during archaeological expeditions
were traditionally shared between Egypt and the country carrying out the
excavations. The chests of artefacts arrived in the Musée du Louvre without
being fully opened, and no inventory was made of the objects. In the
1920s, certain objects were entrusted to various museums in Toulouse,
Dijon, Nantes, Boulogne-sur-Mer, Strasbourg, and the Musée de l’Homme
in Paris.
Following the exhibition entitled “Cent Ans de fouilles françaises” (One
Hundred Years of French Excavations) at the Palais de Tokyo, 1981, the
exceptional donation of Jean Clédat’s archives in 1986, and the decision of
Horst Jaritz (Director Emeritus of the Swiss Institute in Egypt) to publish
Chnoubeum in 2005, where he has conducted archaeological digs, a
thorough study of the Elephantine excavations is currently under way, and
the results will soon be made available in two publications: one on the
Chnoubeum, the cemetery of Holy Rams, published in collaboration with
the German Archaeological Institute in Cairo; the other an account of the
Elephantine excavations, a catalogue of the objects discovered, and several
contributions from specialists, published by the Académie des Inscriptions
et Belles-Lettres of France.
La participation de Guillemette Andreu-Lanoë au colloque
organisé par le Conseil suprême des antiquités égyptiennes
(CSA) et le CNRS (UMR 171, Mafto) a été l’occasion d’enrichir le dossier des « mystères de Deir el-Médina » ; les vestiges
in situ, les œuvres conservées au département et les textes ne
donnent pas toujours de réponses concordantes. Ce fut ainsi
l’occasion de mettre en relief les chiffres apparemment contradictoires entre le nombre des maisons et des tombes datant du
règne de Ramsès II et celui, très important, mentionné dans les
textes documentaires des règnes postérieurs (XXe dynastie en
particulier). Ce travail a bénéficié d’échanges répétés avec nos
collègues du Museo Egizio de Turin.
Parallèlement, le programme piloté par Geneviève Pierrat-Bonnefois sur les analyses de contenu des vases du cimetière est de Deir el-Médina (XVIIIe dynastie) se poursuit. Ce
programme est effectué en liaison avec le Laboratoire de biogéochimie moléculaire, UMR 7177 CNRS – université de Strasbourg, et le Laboratoire de paléogénétique végétale de Lyon.
Les échanges entre le département et ces institutions ont porté
sur la nature des produits naturels concernés afin d’intégrer
une synthèse des données égyptologiques.
G. Andreu-Lanoë
 In 2010, research on Deir el Medina included the creation of an
inventory of the houses and tombs dating from Ramses II’s reign, and the
residues of the contents of vases from the East Cemetery were analysed (the
programme was carried out by the Laboratoire de Biogéochimie Moléculaire
in Strasbourg, and the Laboratoire PaléogénétiqueVégétale in Lyon.
Récolement des collections lithiques
du département
Projet suivi par Raphaël Angevin
Le récolement des collections lithiques du département des
Antiquités égyptiennes du musée du Louvre a eu lieu du 17 mai
au 18 juin 2010, dans le cadre d’un stage hors spécialité effectué au titre de la formation initiale des élèves conservateurs de
l’Institut national du patrimoine. Ce dernier nous a offert l’opportunité de procéder à un nouvel examen de ces pièces, sur la
base d’une étude technologique approfondie. La description des
quelque six cent vingt-huit artefacts en silex identifiés a conduit
à une révision de leur typologie – souvent incertaine – et de leur
attribution chronologique. Pour un certain nombre de pièces
d’exception (couteaux « rippleflake » de la période de Nagada,
grands couteaux bifaciaux thinites ou dynastiques), il a par
ailleurs été possible de reconsidérer – à travers le prisme défor-
29
Travaux de recherche
mant des productions de prestige – la question de la pérennité
des industries lithiques entre le IVe et le IIe millénaire avant J.-C.,
en mettant en lumière les apports d’une démarche multiscalaire
et diachronique à l’approche anthropologique des techniques.
En fondant notre analyse sur une évaluation critique de la documentation ancienne, nous avons pu reconstituer une partie
au moins des assemblages d’origine, pour des ensembles provenant de fouilles anciennes et souvent mal documentées (nécropoles protodynastiques d’Abou Rawach et d’Oumm-el-Ga’ab
près d’Abydos, etc.). In fine, ce récolement a permis de proposer
une réflexion approfondie sur la conservation pérenne, la mise
en valeur et la présentation au public des collections lithiques
patrimoniales au sein des institutions muséales.
R. Angevin
 The comprehensive authentication of the Department’s collections of
stone artefacts has enabled the curators to re-examine some 658 objects
fashioned from flint, which has led to a review of their classification and
chronological attribution. This shed new light on the continuity of lithic
industries between the fourth and second millennium bc, and some of the
original assemblages were reconstituted.
Recherches sur les collections
(œuvres sculptées, papyrus)
Projet suivi par Christophe Barbotin
La préparation du second tome du Catalogue des statues du
Nouvel Empire a été l’occasion d’étudier une trentaine de statues représentant des particuliers, pour la plupart dignitaires
des règnes des XVIIIe, XIXe et XXe dynasties. L’étude de chaque
œuvre est systématiquement accompagnée d’une description,
d’une analyse, d’un dessin à main levée puis d’un calque des
décors et des inscriptions, toutes ces étapes permettant d’avoir
une connaissance approfondie de la statue et de la démarche
technique et artistique qui a présidé à son exécution. Signalons au passage la découverte d’une peinture antique en faux
granite rose sur le groupe calcaire A 61, un phénomène rarement attesté à cette époque.
Le travail régulier dans les réserves, et tout particulièrement
dans le « salon des refusés », où sont conservés des éclats, des
fragments et autres objets cassés difficilement identifiables, a
permis de s’intéresser à un énigmatique fragment de pierre.
Une enquête rigoureuse l’a fait parler : il s’agit d’un exceptionnel bassin du roi Hakoris (ive siècle avant J.-C.), portant
la transcription hiéroglyphique d’une scène de couronnement
(publié dans la Revue d’égyptologie, 61 [2010]).
Enfin, dans le très riche fonds de papyrus du département,
un papyrus inédit (E 25357), à la fois court et difficile à interpréter, mentionne une sombre affaire de détournement d’esclave sur fond de meurtre et de fuite nocturne, en l’an 47 de
Thoutmosis III… Son étude a pu être entreprise en 2010.
C. Barbotin
30
 In the framework of the publication of the catalogue of statues from
the New Kingdom of Egypt, work in 2010 focused on a systematic study of
the around thirty statues of individuals, most of whom were dignitaries.
A detailed study of a fragment of stone kept in the reserve collection
enabled researchers to identify a basin from King Hakoris, dating from 4 bc.
A new papyrus (E 25357), which mentions the abuse of a slave in the
47th year of Thutmose III’s reign, is currently being studied.
Recherches sur l’Ancien Empire
Projet suivi par Michel Baud
Les travaux consacrés au IIIe millénaire avant J.-C. ont été poursuivis, particulièrement dans le domaine de l’architecture civile
et royale. L’étude des mastabas d’Abou Rawach d’une part (IVe dynastie, chantier Ifao [Institut français d’archéologie orientale]),
et de ceux du secteur qui environne la concession du Louvre à
Saqqara d’autre part (Ve-VIe dynasties), a permis d’analyser leur
structure interne et leurs modes de construction. On a remarqué
l’existence de murs d’enveloppe successifs (ou « accrétions »),
qui rappellent les techniques employées aux pyramides ; ce type
de structure caractérise particulièrement les tombeaux les plus
anciens, massifs et imposants, dans lesquels la chapelle interne
est de petite taille. Sur le chantier même de Saqqara, l’examen
détaillé du soubassement de la chaussée du roi Ounas (limite sud
de la concession du Louvre) a montré qu’il se composait de nombreux blocs de remploi, provenant clairement d’un temple royal.
Ils ont été cartographiés et sont en cours d’étude, ainsi que les
marques à l’encre noire que portent certains d’entre eux.
M. Baud
 The Museum’s current research into the Empire of Ancient Egypt
focuses on civil and royal architecture, and involves an analysis of the
internal structures and construction methods employed for the mastabahs
of Abu Rawash (4th Dynasty) and Saqqara (5th and 6th Dynasties) This has
revealed the presence of successive encasing walls, reminiscent of the
techniques used to build the pyramids, particularly in the case of the oldest
tombs with small internal chapels.
The foundation of the causeway of King Unas in Saqqara, comprised of
reused blocks from a royal temple, is currently being studied, thanks to the
Louvre’s archaeological work on the site.
Étude de la vaisselle de pierre
du Nouvel Empire en vue d’un
catalogue raisonné
Projet suivi par Hélène Bouillon
Cette étude s’inscrit dans le cadre d’une thèse de doctorat
(Paris IV, codirection Dominique Valbelle et Geneviève PierratBonnefois au département) consacrée au développement de la
vaisselle de luxe en Égypte au Nouvel Empire et à ses liens avec
le commerce international en Méditerranée orientale au Bronze
récent. Les études ponctuelles menées sur les sites archéologiques ou les collections de musées n’ont pas à ce jour déterminé l’origine d’une vaisselle de luxe retrouvée dans l’ensemble
du bassin méditerranéen oriental. La question de son apparition dans le répertoire des formes égyptiennes est d’ailleurs rarement posée. Cette ambiguïté est source d’un paradoxe : alors
que nombre de ces formes proviennent de modèles étrangers,
ces mêmes vases retrouvés hors d’Égypte (au Proche-Orient et
dans le monde égéen) sont toujours qualifiés d’« égyptiens »,
voire d’« égyptisants ». Il s’agira donc de définir clairement par
quel type d’échanges (commerciaux, diplomatiques, culturels)
ces vases ont circulé et d’aborder la problématique des échanges
internationaux en Méditerranée au Bronze récent.
H. Bouillon
Antiquités égyptiennes
 A study of stone crockery from the New Kingdom, which is held in the
Department of Egyptian Antiquities, is being conducted within the
framework of a doctoral thesis (directed by Dominique Valbelle and
supervised by Geneviève Pierrat-Bonnefois in the Department) on the
development of luxury crockery in the New Kingdom of Egypt, and its links
with international trade in the eastern Mediterranean in the Late Bronze
Age. This study will subsequently lead to the compilation of a comprehensive
catalogue.
Recherches sur la collection
de serviteurs funéraires (ouchebtis)
Projet suivi par Jean-Luc Bovot
Le catalogue raisonné Les Serviteurs funéraires du Moyen et du
Nouvel Empire au Louvre, en cours de préparation, concernera
environ deux mille exemplaires, soit la moitié de la collection
de ces figurines que les Égyptiens nommaient chaouabtis au
Nouvel Empire (XVIIIe-XXe dynastie, 1550-1069 avant J.-C.),
ouchebtis ensuite. Les résultats des recherches menées sur
cette collection sont partiellement diffusés dans des articles
scientifiques. En 2010, dans la revue Égypte Afrique & Orient,
un article faisait le point des connaissances sur les serviteurs
funéraires des divines adoratrices, prêtresses du clergé d’Amon,
dont l’existence et la succession durant la Troisième Période
intermédiaire (XXIe-XXVe dynastie, 1069-664 avant J.-C.)
ne sont souvent attestées que par l’existence même de ces
statuettes. Une autre étude a été consacrée aux serviteurs
d’artistes et artisans. En effet, la présence systématique du
nom et du (des) titre(s) du défunt sur la statuette constitue
une source unique pour la connaissance sociologique, tant sur
le plan onomastique que pour l’existence de nombreux titres
rarement attestés. La dispersion et le nombre des serviteurs
(plusieurs dizaines de milliers) dans les collections mondiales,
publiques et privées, demandent une mise à jour constante
de la bibliographie et, indirectement, un suivi permanent du
marché de l’art.
J.-L. Bovot
 Some information about the study of the collection of figurines of
funerary servants from the Middle and New Kingdoms of Egypt—which is
being conducted with a view to the publication of a comprehensive
catalogue—was presented in articles published in 2010. The articles dealt
with the funerary figurines of divine female worshippers and priestesses of
Amon, during the Third Intermediate Period, and figurines of artists and
craftsmen.
Étude de la collection d’armes
Projet suivi par Nathalie Couton-Perche
L’étude de la collection d’armes a porté en 2010 sur les objets
suivants :
– les flèches de Sedeinga présentées dans l’exposition « Méroé. Un empire sur le Nil » : une étude typologique a été publiée dans le catalogue et il a été procédé à une identification
du bois des pointes de flèche (bois de Grewia sp., bien attesté
dans la zone soudano-sahélienne) ;
– la dague d’Ahmôsis : son décor présentant une analogie
troublante avec la dague de la reine Ahhotep du musée du
Caire, des doutes ont été émis sur son authenticité, tout ou
partie ; une analyse générale du métal et de son décor et un
examen approfondi ont permis d’établir un relevé de la dorure,
présente sur les deux faces ; une étude de la ciselure du décor
est en cours ;
– quatre des cinq moyeux de char dont la présence dans
notre collection présente un caractère exceptionnel et dont un
seul est publié : une analyse du bois est en cours.
N. Couton-Perche
 In the framework of the exhibition entitled “Méroé. Un empire sur le
Nil” (Meroë, an Empire on the Nile) in 2010, the study of the weapons
collection focused on the arrows from Sedeinga. Research is currently
being conducted on the dagger of Ahmose, and on chariot hubs.
Archives scientifiques :
fonds photographiques Thédenat
et Maspero, archives Mariette
Projet suivi par Élisabeth David
Entreprise en 2010, l’analyse préliminaire d’archives éparses
donne déjà des résultats notables. Le recoupement des fonds
photographiques de l’abbé Henri Thédenat (sept cent trentetrois négatifs), touriste en Égypte au début du xxe siècle, avec
ceux de Gaston Maspero (mille deux cent quatre-vingt-huit
tirages), donnés au département des Antiquités égyptiennes à
soixante-quinze années de distance, met à la disposition de
la recherche près de mille cinq cents vues d’Égypte et du Soudan, prises de 1901 à 1914 par un ami du directeur du Service
des Antiquités de l’Égypte. Une base de données documente
les négatifs Thédenat, et son illustration (numérisation des
originaux) a commencé. Inédites en quasi-totalité, ces photographies ont permis en 2010 d’affiner les recherches sur
l’exploration des vestiges égyptiens, notamment celles d’Élisabeth Delange (Éléphantine) et celles de collègues extérieurs
au Louvre (Karnak).
La collaboration avec Alain Prévet, responsable des archives
des musées nationaux, a par ailleurs permis d’identifier dans
ces archives l’unique liste complète connue à ce jour, et réputée perdue, des monuments issus des fouilles de Mariette
au Sérapéum de Memphis : l’origine de mille six cent quatrevingt-quatorze monuments, accordés en partage à la France
par le gouvernement égyptien, se trouve ainsi assurée.
É. David
 The Department has a significant reserve of works by Abbot Henri
Thédenat and Gaston Maspero, comprising around 1,500 photographs of
Egypt and Sudan taken between 1901 and 1914. The digitisation of the
negatives has enriched the database of the Thédenat collection. In 2010,
these photographs enabled the Department to refine the coverage of
explorations of Egyptian remains, particularly the work of Élisabeth Delange
(Elephantine), and that of colleagues external to the Louvre (Karnak).
Furthermore, the complete list of 1,694 registered artefacts from the
archaeological excavations conducted by Auguste Mariette in the
Serapeum (temple) at Memphis—rights to excavate the monuments were
given to France by the Egyptian government under an agreement to share
finds—was identified in the Musées Nationaux archives.
31
Travaux de recherche
Étude pluridisciplinaire sur la
technologie des bronzes antiques
Étude du papyrus médical E 32847
Projet suivi par Marc Étienne
Projet suivi par Marc Étienne
La technologie des bronzes antiques a fait l’objet d’une étude
pluridisciplinaire très fructueuse, grâce à l’intervention de
Benoît Mille (CNRS) pour les procédés de fabrication et de
Marc Aucouturier (C2RMF) pour les analyses sur les patines
et les dorures. Une synthèse de cette recherche sur les statues
de bronze de la première moitié du Ier millénaire avant J.-C. a
été présentée à l’occasion d’une exposition au Metropolitan
Museum de New York. Les études et analyses effectuées lors de
l’intervention de restauration des statues de Bachasou et du
dignitaire anonyme (E 7692 et 7693) ont fourni des résultats
inattendus. Elles conduisent à remettre en question des données jusqu’alors tenues pour sûres, comme la technologie de
fabrication des statues égyptiennes de cette époque, et notamment les techniques de fonte et de soudure, et à reconsidérer l’hypothèse de l’utilisation de statues antérieures comme
source iconographique et matérielle de certaines de ces œuvres.
M. Étienne
Le papyrus médical E 32847, acquis en 2006, a connu une large
publicité parmi le monde scientifique touchant tant à l’égyptologie qu’à l’histoire de la médecine. Cependant, l’impatience
légitime liée à la publication de son contenu doit être modérée
par l’état de conservation particulièrement délicat et singulier
du support, exigeant un traitement dont il faut inventer le
protocole. Ce traitement est un préalable à toute manipulation des fragments nécessaire à l’établissement du texte et à la
compréhension du document, dans la mesure où les limites de
l’utilisation de l’imagerie numérique ont été atteintes. L’élaboration du protocole et le suivi de cette restauration ont fait
l’objet d’une présentation à la commission de restauration du
Louvre (séance du 15 octobre 2010) tandis que l’étude épigraphique s’est poursuivie, en collaboration avec François-René
Herbin (CNRS). La validation prochaine de ce protocole permettra de replacer les morceaux épars afin de faire progresser
la connaissance de ce document exceptionnel.
M. Étienne
 A very fruitful multidisciplinary study was conducted on the techniques
used for ancient bronzes, thanks to the collaboration of Benoît Mille (CNRS)
and Marc Aucouturier (C2RMF), who participated in the analysis of the
statues of the Libyan chief Bachasou and of an anonymous dignitary
(E 7692 and 7693).
 Owing to its particularly fragile state of conservation, the medical
papyrus E 32847 (acquired in 2006) is in need of attentive restoration,
which is currently being assessed by the Louvre’s restoration commission
(meeting of 15 October 2010); meanwhile the epigraphic study of the
document continues, in collaboration with F.R. Herbin (CNRS).
Recherche sur l’histoire des
collections du département : textes
démotiques ou bilingues (écritures
démotique égyptienne et grecque)
Bronzes et petite statuaire divine des
époques tardives
Projet suivi par Marc Étienne et Marie-Claude Sagay
L’histoire des collections du département, en particulier sur la
période 1870-1914, s’est considérablement affinée, grâce aux
recherches sur les acquisitions effectuées de 1873 à 1908 par
Eugène Revillout, spécialiste du démotique et conservateur
adjoint au département. Ces recherches ont été menées en
association avec Marie-Claude Sagay, spécialiste de l’écriture
démotique.
Ce travail a donné lieu à la vérification de la lecture des
textes démotiques ou bilingues inscrits sur plus de cent cinquante papyrus, mille étiquettes de momies et mille cinq cents
ostraca, ainsi qu’à la mise à jour de leurs fichiers respectifs. Des
données précieuses pour cette période de la fin du Ier millénaire
avant notre ère ont été ajoutées au « répertoire des titres » établi par Élisabeth David.
M. Étienne
 In 2010, Marie-Claude Sagay, a specialist in Demotic script, helped
study and verify the 150 papyri, 1,000 mummy labels, and 1,500 Demotic
and bilingual ostraca acquired between 1873 and 1908 by Eugène
Revillout, a specialist in Demotic script and assistant curator of the
Department.
32
Projet suivi par Florence Gombert-Meurice
Les auteurs de catalogues de bronzes sont toujours confrontés
aux mêmes limites : provenance inconnue, datation hypothétique, pratique de dévotion mal cernée, iconographie décrite
de manière générale faute d’inscription permettant de préciser
la forme divine. La matière est surabondante, mais souvent dénuée de contexte archéologique précis. L’un des phénomènes
les plus marquants de la piété égyptienne aux époques tardives
est donc l’un des moins connus.
Un premier axe de recherche a été, lors de l’exposition « Gift
for the Gods » (New York, The Metropolitan Museum of Art,
2007-2008), de préciser l’identité possible des dédicants des
bronzes de Ay’n Manâwir (oasis de Kharga). Cette piste est
essentielle pour l’étude des bronzes égyptiens aujourd’hui. Au
Louvre, les collections de bronzes égyptiens sont remarquables
tant par leur importance numérique que par la qualité des
pièces qui les composent. L’étude des statuettes découvertes
dans le Sérapéum – plus de trois cents pièces – est une première étape de la recherche menée sur les bronzes du musée,
parallèlement à celle des statuettes mises au jour sur le site de
Ay’n Manâwir. L’étude des statuettes de ritualistes constituera
un autre pan de la recherche. Une étude précise des bronzes
inscrits et des statuettes divines en pierre pourra éclairer en
partie la question des dédicaces. Parallèlement, un catalogue
sommaire permettra de définir une approche générale avec un
nouveau type de classement des bronzes et d’aborder les délicates questions des donations, des dépôts de confréries, des
Antiquités égyptiennes
pratiques de pèlerinage et autres pratiques votives associées
aux bronzes.
F. Gombert-Meurice
 With the aim of compiling a detailed catalogue of the Department’s
collection of bronzes, the study will ensure more precise information
regarding the dates and provenance of certain works, and the votive
practices pertaining to these periods. The entire collection will be reevaluated in the light of recent discoveries. An initial study of the over three
hundred bronzes from the Serapeum (temple) is being conducted in parallel
with an analysis of the bronzes recently unearthed at the site of Ayn Manawir
(south of the Kharga Oasis), during excavation work currently being carried
out by the Cairo-based IFAO (French Institute for Oriental Archaeology).
Étude et publication d’ostraca
inscrits en hiératique
Projet suivi par Pierre Grandet
Ces ostraca inscrits en hiératique, acquis par le département
en octobre 1994 et avril 2007, appartiennent à l’ancienne collection de l’égyptologue Alexandre Varille. Ces objets se répartissent en ostraca documentaires (soixante-dix-huit), littéraires
(quatre-vingt-un), figurés (sept) et poids à inscriptions hiératiques (trois). Il s’y ajoute deux ostraca coptes et huit objets ou
fragments d’objets qui ne sont pas des ostraca.
Le travail comporte pour chaque objet la réalisation d’un
fac-similé et d’une transcription hiéroglyphique, ainsi qu’une
traduction commentée. Quelques ostraca particulièrement
intéressants ont été étudiés en 2010, notamment, parmi les
ostraca littéraires : E 33037 (Enseignement d’Amenemhat Ier, 1,
3-8), E 32890 (Hymne à la crue du Nil, 14, 5 – 14, 8), E 32922
(Lettre satirique du papyrus Anastasi I, 2, 6 – 3, 1). Le numéro
E 32919 porte un texte littéraire inconnu titré Enseignement
délivré au Menset. Parmi les ostraca non littéraires, citons
E 27675, écrit au verso d’un fragment de relief, et qui porte
une liste intéressante de produits minéraux. Parmi les ostraca
figurés, notons E 33021, qui figure Nékhemmout visitant sa
maîtresse, laquelle l’attend chez elle.
P. Grandet
 A systematic study (to be published shortly) is currently being carried
out on the ostraca (potsherds) in the Varille collection, acquired in 1994
and 2007. An exact copy is being made of each ostracon, together with a
transcription of its hieroglyphs, along with a translation and commentary.
The types of ostracon comprise documentary (78), literary (81), and
figurative (7) examples, along with weights bearing hieratic inscriptions
(3). Also included are 2 Coptic ostraca, and 8 objects or fragments that are
not classified as ostraca.
Étude des restes humains
Projet suivi par Hélène Guichard
Du fait de la présence de momies humaines dans ses collections, le département se trouve au premier rang des responsables dans le dossier de l’étude des restes humains, lequel met
en jeu des questions de conservation mais aussi de déontologie,
l’attitude des conservateurs et du public ayant considérable-
ment évolué ces dernières années sur ce sujet délicat. Le département s’est largement impliqué dans le dossier scientifique de
l’étude et de la conservation-restauration des restes humains,
questions paradoxalement taboues et « dans l’air du temps » :
participation – à la demande du SRDAI (service du Récolement
des dépôts antiques et des arts de l’Islam) – à la mise en place
d’un comité de pilotage interdisciplinaire pour l’étude des
momies d’Antinoé déposées par l’État, direction du master 2
de M. Nicolas de Larquier consacré à la paléopathologie appliquée aux momies égyptiennes, redécouverte et opération de
conservation de la momie de Neshor conservée au département
(confiée à Laure Cadot, restauratrice d’objets ethnographiques
et de restes humains), conception, enfin, d’un séminaire de
master 1 que l’École du Louvre souhaitait créer pour l’année
2010-2011 autour des restes humains et animaux patrimonialisés, autant de projets qui permettent au département des
Antiquités égyptiennes de figurer en bonne position parmi les
acteurs d’un domaine à la fois riche d’enseignements et placé, à
l’heure actuelle, sous les feux de l’actualité scientifique.
H. Guichard
 The Department plays a key role in issues relating to the ethics and the
conservation of human remains , and together with the SRDAI (the
department responsible for locating and authenticating antiquities, and for
Islamic arts) has set up a special committee for the study of the mummies
from Antinopolis currently in the custody of the French State; the management
of Nicolas de Larquier’s second year of studies at Masters II level devoted to
the palaeopathology of Egyptian mummies; the rediscovery and conservation
of the mummy of Nes-Hor; and the development of a new Masters I level
seminar at the École du Louvre centred on human remains and animals that
have been preserved and have become part of the cultural heritage.
Études sur les papyrus du département
Projet suivi par François-René Herbin
En 2010, le déchiffrement, la traduction et l’interprétation des
papyrus funéraires conservés au département se sont poursuivis, plus particulièrement sur les documents suivants :
– le papyrus médical E 32847, en collaboration avec Marc
Étienne ;
– les bandelettes de momie d’Ounnefer fils de Hekenet
(AF 11957), plus de cent trente fragments comportant des
extraits du Livre des Morts et des textes originaux de nature
rituelle ;
– le papyrus E 5353, d’époque romaine, qui ressemble à un
banal Livre des Morts, mais comporte une section liturgique et
magique relative à l’anéantissement d’Apophis ; la découverte
d’un parallèle dans un manuscrit du Metropolitan Museum de
New York permettrait de saisir la structure particulière du texte ;
– le papyrus N 3173, qui est une nouvelle version du Livre de
repousser le mauvais ; ses nombreux fragments (environ quatrevingts), aujourd’hui dispersés dans des boîtes ou collés sur des
cartons, ont été scannés et leurs photographies repositionnées
puis réunies pour permettre une remise en place des fragments
originaux, laquelle doit être programmée par le département ;
– le papyrus N 3283, qui a l’apparence d’un exemplaire du
Livre des Morts d’époque romaine ; un examen approfondi a
montré d’importantes divergences textuelles qui vont bien audelà de simples variantes ;
33
Travaux de recherche
– la section I du Livre du Fayoum d’après le papyrus
AF 13423 ; ce manuscrit d’époque romaine, conservé au
Louvre, contient la première page et surtout, bien qu’incomplet, le début de ce texte, qu’aucune des autres versions existantes n’a conservé.
F.-R. Herbin
 In 2010, studies involving the deciphering, translation, and interpretation of funerary papyri held in the Department focused on the medical
Papyrus E 32847; the wrapping of the mummy of Ounnefer (AF 11957),
son of Hekenet; the Papyri E 5353, N 3173, and N 3283; and section I of
the Book of Faiyum on Papyrus AF 13423.
Recherches sur les peintures
des tombes thébaines
Projet suivi par Sophie Labbé-Toutée
Les tombeaux de notables et d’artisans situés sur la rive occidentale de Thèbes / Louxor sont au nombre de cinq cents environ et offrent le panorama le plus exhaustif et le plus spectaculaire de l’art des peintres du Nouvel Empire. Malheureusement,
depuis le début du xixe siècle, ces tombes ont été, très souvent,
endommagées ou pillées. C’est pourquoi l’étude des relevés de
ces scènes effectués au xixe siècle est nécessaire pour rétablir
le programme décoratif de ces monuments. Dans cette perspective, le département a procédé en 2010, à l’occasion de
la préparation de l’exposition « Visions d’Égypte. Émile Prisse
d’Avennes » à la Bibliothèque nationale de France, en collaboration avec Élisabeth Delange, à l’identification de scènes
peintes des tombes thébaines dans l’œuvre inédite de Prisse
d’Avennes (1807-1879). Ces dessins et estampages, conservés à la Bibliothèque nationale, n’ont été que peu étudiés et
sont rarement légendés. L’identification de leur provenance
archéologique, tout comme celle des tombes thébaines reproduites par Hippolyte Boussac (1847-1942) sur des aquarelles
conservées au département des Antiquités égyptiennes, a
été menée à bien ; ce travail s’inscrit dans un programme de
recherche des archives graphiques et photographiques mené
par le département.
S. Labbé-Toutée
 This study has enabled researchers to identify the Theban tombs
pictured in the works of Prisse d’Avennes in the Bibliothèque Nationale de
France recently re-examined in preparation for the exhibition “Visions
d’Égypte. Émile Prisse d’Avennes” (in collaboration with Élisabeth
Delange), and also the Theban tombs featured in the watercolours by
Hippolyte Boussac, held in the Department of Egyptian Antiquities.
Catalogue des statues privées
de l’Égypte tardive
Projet suivi par Olivier Perdu
34
L’année 2010 a été consacrée à l’achèvement du premier volume du catalogue des statues privées de l’Égypte tardive (cent
quarante-quatre en tout) réunies au musée depuis sa création.
L’importance de ces statues tient à leur très grande diversité,
leur seul point commun étant leur destination, qui est d’être
placées dans des temples, où elles devaient permettre à leur
propriétaire de bénéficier des conditions nécessaires à sa destinée posthume. Diversité des époques, puisqu’elles se répartissent sur toutes les étapes de l’histoire pharaonique entre
la fin du Nouvel Empire et la domination romaine ; diversité
des origines, dans la mesure où elles proviennent de toutes
les régions d’Égypte, y compris du Delta et de ses principales
localités ; diversité des formes, des matières et des dimensions
également ; diversité des inscriptions enfin. Ainsi, la collection
des statues tardives du Louvre peut prétendre refléter plus d’un
millénaire d’évolution artistique.
L’aide de Sylvie Guichard, au département, a été essentielle
pour la recherche documentaire sur l’histoire récente des
pièces et de leur mode d’entrée dans les collections.
O. Perdu
 The year 2010 saw the completion of the first volume of the catalogue
of Late Egyptian private statues dating from the end of the New Kingdom
to the period of Roman rule, representing more than a thousand years of
artistic evolution.
Groupe d’étude sur le lapis dans
le trésor de Tôd
Projet suivi par Geneviève Pierrat-Bonnefois
Ce groupe d’études pluridisciplinaires, constitué à l’initiative
de Geneviève Pierrat-Bonnefois, ancien directeur de la mission
archéologique du Louvre à Tôd, et dirigé par Philippe Quenet,
a pour but de réexaminer à des fins de publication exhaustive le lapis dans le trésor de Tôd. Sa démarche est fondée sur
la volonté de prendre en compte l’ensemble des fragments et
d’actualiser le savoir les concernant, plusieurs décennies après
la première publication.
Ces milliers de fragments de perles, incrustations, amulettes
et sceaux-cylindres constituent le plus important rassemblement antique de lapis avec celui des tombes royales d’Ur. Les
fragments identifiables sont des témoignages de l’artisanat du
lapis dans les civilisations allant de la Mésopotamie jusqu’à
l’Anatolie entre 2600 et 1850 avant J.-C., ce qui justifie la coopération de plusieurs spécialistes. Ce rassemblement exceptionnel pose également la question du lapis en Égypte et des
relations entre ce pays et les pays producteurs aux différentes
époques. L’étude de la partie du trésor conservée au musée du
Louvre est très avancée et a fait l’objet de deux communications par les membres du groupe.
En dépit de conditions difficiles, le groupe a mené des missions d’étude sur la part du trésor en lapis conservée au musée
du Caire. Une mission complémentaire était programmée
pour 2011. Outre la publication nouvelle du trésor de lapis,
le groupe envisage une base de données en ligne sur les objets en lapis du trésor de Tôd, ainsi qu’une table ronde sur les
échanges égypto-mésopotamiens du IIIe au début du IIe millénaire (teneur, routes, modalités).
Les partenaires sont : l’université de Strasbourg – CNRS
UMR 7044, Philippe Quenet et Sylvie Donnat ; l’université Rennes 2 – CNRS UMR 5133, Michèle Casanova ; l’université Lille 3 – CNRS UMR 8164, Denis Lacambre ; le CNRS
UMR 5133, Virginie Danrey.
G. Pierrat-Bonnefois
Antiquités égyptiennes
 This study group comprises members from the University of Strasbourg
/ CNRS - UMR 7044, the University of Rennes 2 / CNRS - UMR 7041, CNRS
- UMR 5133, and the University of Lille / CNRS - UMR 8164 (UMR: Joint
Research Unit) and focuses on studying the lapis lazuli objects from the Tod
treasure, with a view to re-examining the trade networks through which all
these objects were acquired. A paper or electronic publication may be
issued in 2011.
Programme sur les faïences
de Méditerranée orientale
Projet suivi par Geneviève Pierrat-Bonnefois
Il s’agit d’un projet de recherche transversal, commun au
département des Antiquités égyptiennes et au département
des Antiquités grecques, étrusques et romaines. Pour le
département des Antiquités égyptiennes, le propos est de mener
à partir d’une sélection d’objets de même provenance et de
même datation des recherches sur les groupes de productions
en analysant les aspects de ces faïences, avec en corollaire
l’idée d’avancer sur le problème des faïences « gréco-saïtes »,
nombreuses dans nos collections. La confrontation des
analyses, effectuées au C2RMF, et des études permet de
réattribuer la production de ces faïences à des ateliers de l’île
de Rhodes, alors qu’on les attribuait auparavant à l’Égypte.
Les applications du projet sont nombreuses : publications
d’articles dans diverses revues d’archéométrie et d’archéologie
égyptienne et grecque, communications dans des conférences
internationales, et enfin diffusion d’une base de données
ouverte aux échanges.
G. Pierrat-Bonnefois
 The research project on the production of faience continues in
collaboration with the C2RMF, aimed at ascertaining the origins and
chronology of the Department’s faience wares.
Catalogue des stèles
du Moyen Empire
Projet suivi par Lilian Postel
Le catalogue raisonné des quelque cent vingt-cinq stèles du
Moyen Empire que conserve le musée du Louvre a été entrepris en 2007. La collection, en grande partie inédite ou publiée
de manière inadéquate à la fin du xixe siècle, compte un large
échantillon de stèles privées, dédiées par de hauts dignitaires
de l’État ou par des personnages de condition beaucoup plus
modeste et réparties sur l’ensemble du Moyen Empire, même
si la documentation de la fin de la période (fin XIIe dynastie – XVIIe dynastie) représente environ les trois quarts de
l’ensemble. Les notices individuelles, outre la traduction commentée des textes, mettent l’accent sur les délicates questions
de datation et de provenance afin d’obtenir un corpus de référence raisonnablement fiable. Dans la même perspective, des
indices développés ainsi que des annexes paléographiques et
typologiques viendront compléter le catalogue proprement dit
et viseront à fournir aux chercheurs un outil de travail aussi
performant que possible. Les stèles étudiées en 2010 appar-
tiennent essentiellement à la fin du Moyen Empire, époque
pour laquelle on dispose de critères chronologiques encore peu
sûrs. La compréhension de ces monuments passe également
par une étude des réseaux structurant l’entourage royal comme
les sociétés provinciales de la première moitié du IIe millénaire
avant notre ère : elle suppose des enquêtes parfois de longue
haleine et une confrontation systématique avec l’abondante
documentation épigraphique de cette période, aujourd’hui largement dispersée à travers le monde.
L. Postel
 The compilation of a comprehensive catalogue of the Louvre’s 125
stelae from the Middle Kingdom began in 2007. Studied in 2010, the
stelae were shown to date mainly from the end of the Middle Kingdom. An
understanding of these relics involves studying the networks of which the
royal entourage was composed, such as the provincial societies of the first
half of the 2nd millennium bc. To do this requires extensive research and
the systematic collation of the abundant epigraphic documentation from
this period, which is widely dispersed around the world.
Projet de construction d’une
chronologie absolue pour la
XVIIIe dynastie
Projet suivi par Anita Quilès
Dans le cadre d’un projet de construction d’une chronologie
absolue pour la XVIIIe dynastie, des datations au radiocarbone
ont été effectuées au laboratoire de mesure du carbone 14 du
Commissariat à l’énergie atomique (CEA) de Saclay. Deux
séries d’objets de courte durée de vie, archéologiquement
attribués aux règnes de Thoutmosis III (vanneries de Deir elMédina) et de Toutankhamon-Horemheb (bouquets de fleurs
de la tombe de Sennefer), ont été mesurées. Par modélisation
bayésienne, en combinant ces analyses à la durée connue ou
supposée des règnes et à la succession des rois, une chronologie absolue de cette dynastie a été proposée : elle s’étend de
1570 à 1310 cal BC.
D’autre part, la collection de poupées votives provenant
de mines de galène du Gebel Zeit a été datée afin de situer
avec précision la période d’utilisation du sanctuaire dont elles
proviennent. Ces mesures établissent une période d’activité
comprise entre 1750 et 1265 cal BC, c’est-à-dire entre le début
de la Deuxième Période intermédiaire et le milieu du Nouvel
Empire.
A. Quilès
 As part of the project to establish a definitive chronology for the 18th
Dynasty, radiocarbon dating was carried out on two sets of objects
attributed to the reigns of Thutmose III (wickerwork from Dayr al-Madiˉnah)
and Tutankhamen/Horemheb (bouquets of flowers from the tomb of
Sennefer), resulting in the definitive chronology for the dynasty of 1570 to
1310 BCE.
35
Travaux de recherche
Étude des masques de momies
provenant de la forteresse
de Mirgissa
Projet suivi par Patricia Rigault
Le site de la forteresse de Mirgissa, en Nubie soudanaise, a
été fouillé par une mission française dirigée par Jean Vercoutter au cours de sept campagnes (1962-1969), lors de la campagne de sauvetage des monuments de Nubie. Cinquante-trois
masques de momies, en plâtre, furent attribués à la France à
l’issue de ces fouilles ; ils sont conservés au Louvre, où ils font
l’objet d’un catalogue scientifique. Cette collection unique
couvre une période qui s’étend de la fin du Moyen Empire
à la XVIIe dynastie. Son étude permet de mettre en évidence
l’évolution des croyances funéraires dont témoignent ces
masques et leur importance dans le développement des cercueils, notamment ceux de type « rishi » de la XVIIe dynastie.
Les analyses de polychromie en cours apportent elles aussi des
informations importantes, notamment sur l’emploi privilégié
de certains matériaux, dont l’orpiment.
P. Rigault
 The 53 mummy masks found during excavation work at Mirgissa
(Nubia) date from the end of the Middle Kingdom to the 17th dynasty.
Their study is providing information about the evolution of funerary beliefs
and the importance of masks in the development of coffins.
Section copte
Étude du matériel provenant
de l’église nord du monastère de
Baouit : identification, raccords,
analyses, restauration
Projet suivi par Dominique Bénazeth
À la suite du partage des fouilles de Baouit, en 1902, le musée
du Louvre a reçu des sculptures architecturales et des boiseries
provenant de cet ancien monastère copte. La fouille reprise
sur l’une des églises (campagnes Louvre-Ifao 2003-2007) et la
découverte d’archives sur les fouilles anciennes (en 2004) ont
donné lieu à un projet de publication.
La recherche a considérablement enrichi notre connaissance
des pièces données au Louvre en 1902 (une autre partie se trouve
au Musée copte du Caire). L’identification de leur provenance,
des associations et des raccords retrouvés, a largement complété
la documentation des œuvres. Des analyses ont été effectuées
(essence des bois peints, identification de pigments, datations
au radiocarbone). Deux études poussées ont été menées sur des
boiseries exceptionnelles (un vantail de porte et un ensemble de
vingt-trois pièces constituant une cloison sculptée).
D. Bénazeth
 Following the Louvre’s resumption of excavation work at the Baouit site in
Recherches sur l’Antiquité
soudanaise
Projet suivi par Michel Baud, Élisabeth David
et Aminata Sackho-Autissier
En relation avec le chantier de Mouweis au Soudan, Michel
Baud a poursuivi les recherches sur les structures méroïtiques
en contexte urbain, domestique, artisanal et officiel. Élisabeth
David est chargée de la documentation des objets découverts
et en administre la base de données, qui comporte deux mille
cent trente-quatre entrées à ce jour. L’un et l’autre ont étudié
divers aspects de la culture matérielle méroïtique, en particulier la typologie des figurines animales et la symbolique des
figurines humaines d’argile, qui pour certaines présentent des
motifs décoratifs. Les scellements d’argile ont été analysés, et
une attention particulière a été portée à leurs supports d’application, comme les vanneries, ou aux éléments de fermeture,
ficelles et cordelettes, nouées ou non. Une typologie du matériel lithique, très abondant et varié, a été dressée.
La collection des antiquités soudanaises conservées au département rassemble environ trois cents pièces et est, pour l’essentiel, composée de poteries et de petits artefacts, en cours d’étude
par Aminata Sackho-Autissier.
M. Baud
 Research on urban domestic, craft-related, and official Meroitic
buildings, and on various aspects of the Meroitic material culture, is being
conducted in parallel with excavation work at Muweis. The department’s
collection of Sudanese antiquities (300 objects) is currently being studied.
36
2003—the Museum has a collection of sculpted architectural elements and carved
wooden panels found in previous excavation work (1902)—there has been a significant increase in the knowledge about these objects: their provenance, associations, and linking elements have been identified. Analyses of the painted wooden
panels and pigments were conducted, and radiocarbon dating was carried out.
Étude du mobilier funéraire de la
tombe de la « Prophétesse » d’Antinoé
Projet suivi par Florence Calament
Cette recherche est le fruit d’une collaboration, notamment
avec le musée de Grenoble (Hélène Vincent, conservateur
en chef), l’université Rennes 2 (Christophe Vendries, professeur d’histoire romaine), l’Institut archéologique allemand de
Berlin (Pr Ricardo Eichmann, directeur de l’Orient Abteilung) et
le C2RMF. L’année 2010 a vu la finalisation de ce projet autour
du corps habillé de la dite « Prophétesse » et de son mobilier funéraire, comprenant une dizaine de pièces dont un remarquable
instrument de musique (luth), en vue de la publication d’une
monographie (sous presse). Intégralement conservé au musée
de Grenoble, c’est à ce jour le seul ensemble funéraire complet
exhumé des nécropoles d’Antinoé en Moyenne-Égypte à avoir
fait l’objet d’une étude exhaustive ; il a ainsi bénéficié de la mise
en œuvre de moyens scientifiques (radiocarbone, radiographie,
identification de l’essence des bois, analyse de pigments et dépôts). L’une des révélations de cette étude est qu’elle a permis
de revoir entièrement la datation de la tombe et de rendre la
défunte à la période byzantine (vie – début viie siècle).
F. Calament
Antiquités égyptiennes
 Research focused on the completion of the study of this funeral
furniture—in collaboration with the University of Rennes II, the German
Archaeological Institute of Berlin, and the C2RMF (the Centre for Research
and Restoration of the Museums of France)—comprising a dozen pieces,
and the mummified corpse (held in the Museum of Grenoble), with a view
to the publication of a monograph.
Étude de la collection papyrologique
copte
Projet suivi par Florence Calament et Catherine Louis
Cette étude a été menée selon trois axes : étude de textes en
dialecte fayoumique (collaboration avec Anne Boud’hors,
directeur de recherche au CNRS, IRHT [Institut de recherche
et d’histoire des textes], Paris), suivi des travaux de Catherine
Louis sur les parchemins et papiers littéraires, poursuite du
dossier de la correspondance de Pesynthios, évêque de Coptos
(569-632), soit une soixantaine de papyrus au Louvre. Véritablement démarré en 2007, ce programme de réédition (collaboration avec le Pr Jacques van der Vliet, université de Leyde)
est maintenant arrivé à mi-parcours ; il a été présenté devant le
XXVIe Congrès international de papyrologie à l’université de
Genève (16-21 août 2010).
Chargée de recherche au CNRS (Strasbourg) et collaborateur
associé, Catherine Louis étudie le fonds copte du Louvre, qui
comprend environ deux cent cinquante feuillets et fragments
de textes littéraires sur parchemin et papier, provenant en majorité de la bibliothèque antique du monastère Blanc (HauteÉgypte). La totalité des fragments bibliques, plus aisément
identifiables, a fait l’objet d’un examen systématique visant
à recueillir tous les éléments concrets (dimensions, réglure,
aspect, etc.) nécessaires à leur description ; ils entreront dans
le premier volume du catalogue, en cours d’écriture et de mise
en page. Parallèlement, des fragments destinés à figurer dans le
second volume (apocryphes, hagiographie, homélitique) ont
été récemment identifiés ; deux d’entre eux ont ainsi pu être
reconnus comme étant jointifs et provenant d’une homélie
attribuée à Bacchios de Maïouma, tandis qu’un feuillet entier a
été rendu à son auteur, Proclus de Constantinople. Ces efforts
d’identification se poursuivent régulièrement, dans le but de
construire l’architecture du second volume du catalogue.
F. Calament
 This study focused on three areas: a study of texts written in the
Faiyumic dialect—in collaboration with Anne Boud’hors, director of research
at the CNRS, IRHT-Paris (Institute of Research and History of Texts)—followed
by work conducted by Catherine Louis on literary parchments and papers,
and the continuation of the study of the correspondence of Pesynthios,
bishop of Coptos (569–632), comprising around sixty papyri in the Louvre.
Catalogue des pierres sculptées
conservées par la section copte
Projet suivi par Cédric Meurice
L’établissement du catalogue des quatre cents pierres sculptées
de la section copte du département a débuté par l’étude des
pièces provenant du site monastique de Baouit, à la lumière
de la reprise des fouilles du site depuis 2003. La confrontation
entre la collection du Louvre et les découvertes archéologiques
récentes d’éléments sculptés provenant du groupe central des
églises apporte beaucoup à notre connaissance de la sculpture
copte des ve-viie siècles et les deux volets de l’étude paraissent
indissociables. Notre travail consiste à replacer les différents
styles rencontrés à Baouit dans l’histoire de l’art copte. Ensuite,
à la lumière des sculptures dégagées dans la plus grande église
du monastère depuis 2008, église qui est aussi la plus tardive,
nous tentons d’établir que certaines sculptures ont été réutilisées. Les pierres de la collection du Louvre sont donc étudiées
pour elles-mêmes, mais également comme éléments de décors
d’église réutilisés pendant près de deux siècles.
C. Meurice
 The collection comprises four hundred carved stone objects, most of
which originate from shared archaeological finds at Baouit at the beginning
of the 20th century. The resumption of work at the site in 2003 is enriching
our knowledge about Coptic sculpture in general, and particularly the
carvings from this prime site.
Étude du matériel en bois
de Fostat-Istabl ‘Antar
Projet suivi par Marie-Hélène Rutschowscaya
Les années 2007 à 2009 ont été employées à la recherche des objets stockés dans le magasin de l’Institut français d’archéologie
orientale (Ifao) et dans celui du Conseil suprême des antiquités
égyptiennes (CSA). Le travail a été consacré à leur conditionnement, leur description et leur enregistrement avec photographies dans la base de données : mille cent objets ont été répertoriés. En 2010, avec l’aide de la restauratrice Sandrine Linxe, tout
le matériel a pu être examiné et trié en vue d’effectuer des restaurations, des dessins techniques, des analyses en laboratoire et
des photographies. L’analyse des traces d’outils permettra d’étudier les méthodes de fabrication ; des tests de restauration ont
servi à déterminer les méthodes les plus appropriées.
La typologie concerne la vie quotidienne : toilette, tissage, écriture, ustensiles de cuisine, jouets, socques, éléments
tournés et décors de meubles, serrures, baguettes et débris de
tournage. De nombreux objets sont fragmentaires, donc difficiles à identifier ; c’est pourquoi l’examen des cassures, des
perforations et des vestiges de clous ou de tenons a été fait
pour pouvoir comparer ces fragments à des objets complets
conservés dans des musées ou sortis de fouilles (Tebtynis, Antinoé, Baouit). En 2009, un colloque, « Wooden Material from
Fustat », a réuni à l’Ifao tous les chercheurs travaillant sur les
fouilles du site ; les actes en seront publiés en 2011-2012.
M.-H. Rutschowscaya
 In 2010, all the material in the store-rooms of the IFAO and the CSA
(Supreme Council of Antiquities)—totalling 1,100 objects—was examined
and stored with the help of the restorer Sandrine Linxe, with a view to
carrying out restoration work, producing technical drawings and
photographs, and conducting laboratory analyses. They are everyday
objects: items of toiletry, weaving, writing, and cooking utensils, toys,
clogs, furniture decorations, locks, sticks, and wood-turning debris. Many
objects are difficult to identify as they are broken.
37
Travaux de recherche
Antiquités grecques, étrusques
et romaines
A
fin de répondre aux principales attentes des chercheurs, spécialistes de
l’Antiquité ou des temps modernes, l’équipe scientifique du département
des Antiquités grecques, étrusques et romaines du musée du Louvre a
privilégié trois axes de recherche : l’étude matérielle des œuvres en vue de leur
publication, l’histoire de la réception de l’Antiquité classique et l’étude des contextes
archéologiques des objets parvenus au Louvre. Plusieurs recherches portent donc
sur les techniques antiques (bronze, verre, etc.) et sur l’histoire des collections et
des fouilles anciennes : collections Richelieu, royales, Borghèse, Albani, Campana ;
études des contextes archéologiques de certains sites de Méditerranée orientale
(Tanagra, Éléonte de Thrace, Macédoine, Rhodes, Antioche, Myrina, Smyrne…) ou
occidentale (Gabies, Cerveteri, territoire antique de la Tunisie…). Ces recherches
sont menées à l’occasion d’expositions, d’analyses scientifiques liées à la gestion des
collections, mais aussi en fonction du plan de publication des catalogues raisonnés
et sommaires, qui vise à combler les lacunes les plus importantes. Pour l’année 2010,
nous évoquons ci-dessous deux projets emblématiques de ces études : d’une part,
la publication du troisième tome consacré aux verres antiques du Louvre, qui est
l’occasion de dresser le bilan des recherches menées dans ce domaine depuis dix ans ;
d’autre part, l’étude de la collection Campana et la préparation du réaménagement
des salles romaines, lesquelles sont à l’origine des recherches qui débutent sur les
plaques architecturales de terre cuite dites « plaques Campana ».
J.-L. Martinez
 To meet the principal needs of the researchers, specialists in Antiquities, and specialists in the
Modern Era, the research team in the Musée du Louvre’s Department of Greek, Etruscan, and Roman
Antiquities has pursued research in three core areas: crafting techniques, the history of the reappraisal
of Classical Antiquity, and the study of the archaeological contexts of the objects that have entered
the Louvre collections over time. A fair amount of research has been conducted on early craft
techniques (bronze, glass, etc.) and on the history of the collections, and past excavation work: the
Richelieu, royal, Borghese, Albani, and Campana collections; and studies have been conducted on
the archaeological contexts of certain sites in the eastern Mediterranean (Tanagra, Eleonte in Thrace,
Macedonia, Rhodes, Antioch, Myrina, Smyrna, etc.) and the western Mediterranean (Gabii, Cerveteri,
the ancient territory of Tunisia, etc.). This research is carried out on objects prior to exhibitions, or as
part of scientific analyses related to the preservation and handling of the objects themselves, and the
resulting data are published in the relative catalogues as part of the ongoing inventory of the Louvre’s
entire patrimony. Two noteworthy examples of the research carried out in 2010 are the publication
of the third volume devoted to Louvre’s collection of antique glassware, which provided an
opportunity to review all the research conducted in this field over the last ten years; and the systematic
examination of the Campana collection prior to the reorganisation of the Roman rooms, which led
to a new study of the ornamental terracotta tablets known as the “Campana plaques”.
38
Antiquités grecques, étrusques et romaines
Bilan de dix ans de recherche sur les collections de verres antiques
du musée du Louvre
Projet suivi par Véronique Arveiller-Dulong et Marie-Dominique Nenna
À l’occasion de la parution en janvier 2011 du troisième et dernier volume consacré aux verres antiques du musée du Louvre,
il nous a paru pertinent de présenter un rapide bilan de cette
recherche conduite depuis dix ans. Au-delà d’un simple catalogue, cette publication achève de mettre à la disposition du
public spécialisé et du grand public une synthèse sur l’artisanat
verrier antique depuis le viiie siècle avant J.-C. jusqu’au viie siècle
après J.-C., synthèse – et c’est là son originalité – fondée sur les
collections des trois départements antiques du musée du Louvre.
En trois volumes parus entre 2000 et 2010, les deux mille trois
cent soixante-six objets ou ensembles d’éléments conservés au
Louvre ont été publiés par grande catégorie technique ou par
emploi. Le premier volume, paru en 2000, est consacré à deux
cent soixante-dix-sept contenants et vaisselles en verre façonné sur noyau et moulé d’époque grecque et romaine allant du
vie siècle avant J.-C. au ier siècle après J.-C. Paru en 2005, le deuxième volume réunit mille trois cent quarante-neuf pièces en
verre soufflé datées entre le ier et le viie siècle après J.-C.
Enfin, le troisième et dernier volume, publié début 2011, est
dévolu aux objets de parure, aux instruments et aux éléments
d’incrustation produits entre le viiie siècle avant J.-C. et le
viie siècle après J.-C. (sept cent neuf numéros). Pour ces objets
que l’on qualifiait il y a encore peu de « verroterie », les anciens
verriers ont su mettre au point des techniques raffinées, parfois
peu ou pas répandues dans la manufacture des vases, comme
par exemple les perles dorées.
L’un des intérêts de la collection des trois départements des
Antiquités est, une fois de plus, qu’elle fournit des informations sur la provenance de la plupart des objets. Pour ce troisième volume, on soulignera les beaux ensembles que constituent les objets issus des fouilles d’Edfou et de Sedeinga, de
Camiros à Rhodes, de Myrina en Éolide, d’Éléonte de Thrace, de
Carthage, d’Utique et de Gouraya, et de la région de Kertch dans le
Bosphore cimmérien. Ces lots offrent des points d’ancrage
pour étudier un mobilier qui a souvent été négligé dans les
recherches sur le monde gréco-romain. On trouvera peu d’objets d’Europe centrale et occidentale, conservés depuis 1862 au
musée d’Archéologie nationale à Saint-Germain-en-Laye. Les
pièces dont nous disposons illustrent les différentes phases du
développement de l’artisanat verrier antique. Après les étonnants objets pharaoniques, mésopotamiens ou levantins du
IIe millénaire avant J.-C., l’artisanat du verre connaît des âges
obscurs jusqu’aux viiie-viie siècles. Sa renaissance se manifeste
d’abord par les perles, perles sphériques translucides illustrées
Plaque mosaïquée, ier siècle avant J.-C. – ier siècle après J.-C., département des
Antiquités égyptiennes (N 1636)
Fuseau, Proche-Orient (?),
Collier de perles dorées, Kertch (Crimée),
i
étrusques et romaines (MND 1265, Bj 667)
-ii siècle après J.-C., département des Antiquités grecques,
er
e
ier siècle
avant J.-C. –
siècle après J.-C., département des Antiquités
er
i
grecques, étrusques et romaines (MNE 137)
39
Travaux de recherche
40
doute nettement plus répandu que ne
le révèlent les publications de fouilles.
Mise en valeur par le travail d’Ekaterina
M. Alexieva, la richesse des tombes du
littoral septentrional de la mer Noire,
datées de la basse époque hellénistique
et du Haut Empire, montre l’inventivité des artisans verriers, qui multiplient
formes et motifs pour satisfaire les goûts
d’une large clientèle. Dans le domaine
des éléments de parure, le Haut Empire
n’apporte guère de changements, à
l’inverse de ce qui se passe dans le domaine des contenants et de la vaisselle
de verre, profondément modifié par l’invention du soufflage à la volée au milieu du ier siècle avant J.-C. Néanmoins,
comme par jeu et expérimentation, se
développe alors toute une série de petits
instruments appartenant au monde de
la toilette féminine, du textile et du jeu,
imitant des modèles en os ou en métal ;
la technique du verre doublé de plomb
permet de fabriquer les premiers miroirs
en verre et l’invention du verre à vitre
modifie les conditions de vie. À partir du
iiie siècle, le goût pour un verre apparaissant noir, sans doute pour imiter le jais,
qui se répand surtout dans les éléments
de parure et peu dans la vaisselle, gagne
l’ensemble de l’Empire, où l’on observe
de nombreux bracelets, pendentifs et
perles à décor tacheté ou appliqué mulEnsemble de perles oculées et de pendentifs façonnés sur noyau, Tharros (Sardaigne), viie-iiie siècle avant J.-C.,
ticolore. Des verres de couleurs variées
département des Antiquités orientales (AO 5825)
continuent néanmoins d’être abondamment employés dans les simples perles monochromes et dans
par les découvertes de la nécropole de Camiros et perles trianles pendentifs estampés.
gulaires à décor d’yeux. À partir du vie siècle se répand l’emploi
L’ambition de cette recherche, qui a donné lieu en dix ans à
de verres opacifiés de couleur bleu foncé, bleu turquoise, vert
peine à la rédaction de trois catalogues, était de faire découvrir
clair, blanc et jaune, qui vont servir à manufacturer aussi bien
un mobilier longtemps négligé ou méconnu, de faciliter son apdes contenants que des perles à décor oculé et des pendentifs
proche en mettant en valeur la diversité des techniques qui ont
en forme de masque. Les centres de production se répartissent
présidé au façonnement des vases et des petits objets, enfin de
entre le monde levantin et le monde égéen, avec au moins l’île
le replacer plus largement dans la culture matérielle de l’époque
de Rhodes ; l’Égypte est quant à elle spécialisée dans les éléments
antique. Nous espérons ainsi offrir aux chercheurs comme au
d’incrustation en verre opaque de meilleure qualité, destinés à
public qui fréquente nos salles une utile synthèse sur cet artisaorner le mobilier religieux, funéraire ou domestique. Cet art de
nat antique du verre, qui est devenu au fil des années un outil
l’incrustation va trouver son apogée dans la seconde moitié du
de datation aussi précieux et précis que celui de la céramique.
ive siècle avant J.-C. avec l’emploi du verre mosaïqué et de motifs
végétaux ou figurés miniaturisés tirés des répertoires décoratifs
V. Arveiller-Dulong
égyptien et grec.
On peut supposer, même si les découvertes archéologiques
Bibliographie
sont rares, que c’est à partir de cette époque que se déveNenna (M.-D.), Exploration archéologique de Délos, 32 : Les verres, Paris,
loppent des centres de production régionaux de perles et de
Athènes, EFA, De Boccard, 1999.
pendentifs, comme c’est le cas sans doute des ateliers de CarArveiller-Dulong (V.) et Nenna (M.-D.), Verres antiques du musée du Louvre,
thage et d’autres cités du monde punique. Le dépotoir de
vol. 1 : Les Contenants à parfum en verre moulé sur noyau et la vaisselle
l’atelier de Rhodes, mis au jour dans les années 1960, offre
moulée (viiie siècle av. J.-C. – ie siècle apr. J.-C.), Paris, RMN, 2000.
une bonne image du répertoire des perles et des pendentifs,
Arveiller-Dulong (V.) et Nenna (M.-D.), Verres antiques du musée du
mais aussi des petits instruments en verre, en usage à la fin du
Louvre, vol. 2 : Vaisselle et contenants du ie siècle au début du viie siècle
iiie siècle et au début du iie siècle avant J.-C. Un siècle plus tard,
apr. J.-C., Paris, Musée du Louvre éditions, Somogy, 2005.
les exemples de Délos, avec ses ateliers répartis en plusieurs
Arveiller-Dulong (V.), « Le mobilier en verre de la nécropole de Maule
endroits dans la ville, et de Jérusalem indiquent que ce petit
(Yvelines) », Bulletin archéologique du Vexin français et du Val-d’Oise,
artisanat travaillant à partir de verre brut importé était sans
38, 2006, p. 143-163.
Antiquités grecques, étrusques et romaines
Spaer (M.), Ancient Glass in the Israel Museum : Beads and Other Small
Objects, Jerusalem, The Israel Museum, 2001.
Stern (E.M.) et Schlick-Nolte (B.), Frühes Glas der alten Welt, 1600 B.C.A.D. 50, Ernesto Wolf Collection, Stuttgart, Hatje Verlag, 1994.
 The ancient craft of glass-making from the eighth century
bc to the
seventh century ad is represented by some 2,366 objects or ensembles of
elements held in the Museum’s three Departments of Antiquities. The
study of this material was conducted over the last ten years and published
in 3 volumes: the first volume in 2000 dealt with the 277 containers and
dishes made by core-formed technique (a prefabricated core of clay is
covered by glass and decoration is made by winding) or by moulding from
the Greek and Roman periods (the sixth century bc to the first century ad);
the second volume in 2005 presented 1,349 pieces of blown glass dating
from the first and seventh century ad; and, finally, the third volume in
January 2011 contained 709 items of finery, implements, and inlays
elements produced between the eighth century bc and the seventh century
ad. The aim of this research was to provide a complete study of small
objects of ancient glass that have long been disregarded or remained
unknown; facilitate understanding by highlighting the various techniques
used to make the vases and small objects; and finally, to put them in the
wider context of the material culture in the Antique period.
Recherches sur les terres cuites architecturales dans le monde grec
et romain : les plaques architecturales dites Campana
Bilan d’étape à l’issue des cinq études menées sur les plaques Campana
à l’atelier de Flore au C2RMF en 2010
Projet suivi par Violaine Jeammet, Néguine Mathieux et Daniel Roger
Restauration : Frédérique Berson, Christine Devos, Marie-Emmanuelle Meyohas, Christine Pariselle et Marie Petit
Analyses au C2RMF : Anne Bouquillon
Au terme du conditionnement et du prérécolement effectués
en 2009-2010 (chantier suivi par Néguine Mathieux et Aurélie
Piriou, sous la direction de Violaine Jeammet), l’étude matérielle
de la collection des plaques architecturales de terre cuite du
Louvre dites « plaques Campana » a franchi en 2010 une étape
décisive. Le musée du Louvre conserve vingt-huit de ces plaques
de grandes dimensions, deux cent quatre-vingts plaques plus
petites et des milliers de fragments (environ sept mille) désormais classés et conditionnés dans neuf cent soixante-quatorze
bacs. Une série de plaques architecturales a été choisie par
Néguine Mathieux et Daniel Roger dans la perspective d’une présentation dans les salles romaines. Huit catégories ont ainsi été
sélectionnées sur des critères de dimensions (plaques de grandes
dimensions et corniches), d’iconographie, de typologie, voire
d’ateliers (signature « VALES »). Ce corpus restreint a fait l’objet
d’analyses et de restaurations afin de mieux comprendre les pratiques des restaurateurs actifs à Rome au milieu du xixe siècle,
dans le cadre de recherches plus complètes portant sur l’ensemble de la collection du marquis Giovanni Pietro Campana
(1807-1880), en grande partie parvenue au Louvre en 1863.
Ces séries ont d’abord fait l’objet d’une campagne d’analyses
physico-chimiques et, pour certaines d’entre elles, d’une analyse en thermoluminescence, puis une sélection de ces œuvres
a été étudiée par des restauratrices.
L’objectif était de repérer un éventuel « modus operandi »
propre aux restaurateurs Campana, et de sélectionner les
plaques susceptibles d’être présentées dans les futures salles
romaines. Leur fragilité, en particulier pour les plus grandes,
supposait en effet une restauration préalable et imposait
une réflexion initiale sur leur mode de fixation. Les analyses
conjointes physico-chimiques et en thermoluminescence ont
confirmé la concordance des pâtes et leur ancienneté et permis
de repérer certaines des interventions du xixe siècle quand il
s’agissait de fragments ou de morceaux isolés.
La véritable interrogation porte sur les grandes plaques, les
plus intéressantes a priori par leur aspect et leur iconographie.
Les analyses du Centre de recherche et de restauration des
musées de France (C2RMF), quand elles ont pu être faites (par
exemple Apollon citharède, Cp 4162), ont confirmé leur hétérogénéité, pressentie lors de l’étude préalable (voir le rapport de
Christine Pariselle et les analyses du C2RMF), caractéristique
technique typique des restaurateurs du marquis Campana, qui
procédaient par ajouts modernes et anciens dans une optique
volontairement illusionniste.
Les sondages et nettoyages partiels ont ainsi révélé des indices
techniques intéressants : il apparaît que ces grandes plaques,
recouvertes d’un épais badigeon sur la face et souvent d’une
polychromie tout aussi moderne, sont prises dans un mortier
d’amalgame sur le revers. Il s’agit en réalité d’une savante recom-
Plaque Campana : Apollon citharède, département des Antiquités grecques,
étrusques et romaines (Cp 4162)
41
Travaux de recherche
42
complètes et moins restaurées ? Il faudrait
enfin comparer le corpus du Louvre à
ceux des autres grandes collections européennes, en particulier à Rome.
Contrairement aux petites plaques et
aux corniches, qui posent des problèmes
de restauration et de muséographie traditionnels, la présentation de ces grandes
plaques dans les salles romaines s’avère
donc complexe. Il semble que leur intérêt réside dans le fait qu’elles sont un
témoignage de l’histoire des collections.
On peut alors s’interroger sur la pertinence d’un « piccolo museo Campana »
qui regrouperait les plus beaux pastiches
de cette collection. Cela aurait au moins
le mérite, outre l’intérêt pour l’histoire
de la restauration, de poser la question
de l’histoire du goût d’un collectionneur
romain de la première moitié du xixe siècle
passionné par l’argile à un moment où
se mettaient en place en France les préGiampietro Campana, Antiche Opere in Plastica, 2e éd., Rome, 1851, planche aquarellée : Salle des terres
mices de ce qui allait devenir le musée
cuites du musée Campana au mont-de-piété, Naples, Bibliothèque universitaire de Naples
de Céramique (ouvert en 1824) voulu par
Alexandre Brongniart, révélant ainsi peutêtre un goût nouveau pour ce matériau plus modeste mais prêt
position de fragments de taille et d’épaisseur diverses, prouvant
à détrôner les matériaux nobles (bronze et marbre) qui avaient
leur appartenance initiale à des plaques différentes. La corniche
jusqu’à présent retenu toute l’attention des savants.
supérieure s’avère être le plus souvent un ajout moderne. Certains de ces fragments semblent avoir été surmoulés au xixe siècle
V. Jeammet
pour servir à l’assemblage final tandis que des morceaux de terre
Bibliographie
cuite, voire de tuiles (antiques ou modernes), viennent colmater
Van Rohden (H.) et Winnefeld (H.), Architektonische römische Tonreliefs
les trous. D’autres tessons dans lesquels se trouvent agglomérés
der Kaiserzeit, Berlin, 1911.
des grains d’ocre (pour imiter des terres antiques) apparaissent
Nadalini (G.), « Le musée Campana : origine et formation des collecmodernes. Ces faits corroborent ainsi ce que l’on connaît déjà
tions. L’organisation du musée et le problème de la restauration »,
des pratiques des restaurateurs Campana, passés experts en pasdans L’Anticomanie. La collection d’antiquités aux xviiie et xixe siècles,
tiches dans les divers domaines et matériaux qui formaient la
textes rassemblés par Laurens (A.-F.) et Pomian (K.) (colloque intercollection, mais dont l’art culminait dans la terre cuite, laquelle
national, Lattes, 9-12 juin 1988), Paris, EHESS, 1992, p. 111-121.
avait toutes les faveurs du marquis.
Nadalini (G.), « De Rome au Louvre, les avatars du musée Campana entre
Les petites plaques (corniches et plaques horizontales de
1857 et 1862 », Histoire de l’art, 21-22, 1993, p. 47-58.
moindre importance) présentent un état plus homogène, sans
Nadalini (G.), « La collection Campana au musée Napoléon III et sa
être toutefois dépourvues d’interventions portant tant sur la
première dispersion dans les musées français (1862-1863) », Journal
structure (mêmes ajouts d’éléments modernes en terre cuite)
des savants, 1998, p. 183-225.
que sur la surface.
Sarti (S.), Giovanni Pietro Campana (1808-1880). The Man and His CollecAu terme de cette étude préliminaire, la restauration des
tion, Oxford, 2001 (BAR International Series).
plaques de grandes dimensions de la collection Campana
Walter (C.), « Historique des dépôts, Collection du Marquis Campana »,
s’avère hasardeuse. À moins de s’assurer par une étude radiolodans Bronzes, marbres et autres antiques. Dépôts du musée du Louvre
gique (infrarouges, rayons X traditionnels avec prélèvements
en 1875, sous la dir. de Orgogozo (C.) et Lintz (Y.), Paris, Musée du
systématiques pour de futures thermoluminescences) de l’étenLouvre éditions, 2007, p. 61.
due limitée des remontages anciens, les colmatages effectués
au xixe siècle laissent peu de visibilité pour une étude fiable. Il
 In the wake of the major verification projects conducted by the Departsemble que, dans l’état actuel de nos connaissances, la grande
ment of Greek, Etruscan, and Roman Antiquities, the Roman ornamental
terracotta tablets, known as the “Campana plaques”, were—for the first
majorité soit fortement restaurée, ce qui pose le problème de
time since the nineteenth century—duly packaged, and photographed
leur authenticité et par ailleurs de leur état de conservation :
before verification and computerisation (28 large tablets, 270 small tablets,
le mortier qui permet l’agrégation des différents morceaux est
and around 7,000 fragments packed in 978 containers). A selection was
très grossier et les collages à la gomme laque, surtout en raison
chosen for analysis by the C2RMF (Centre for Research and Restoration of
du poids des plaques, se révèlent de plus en plus inefficaces et
the Museums of France) (physio-chemical studies, luminescence dating,
même dangereux.
and a forthcoming study of the colours) and for study before restoration.
Deux pistes de réflexion s’offrent à nous pour l’étude compléThe aim is also to enrich our knowledge of the restorers who worked on the
mentaire de ces grandes plaques. Il faudrait d’abord vérifier l’état
Marquis Campana’s collections in the nineteenth century. A choice of the
des restaurations des plaques analogues de la collection d’Edme
best conserved tablets with the most significant iconography will be made
for the future Roman exhibition rooms.
Antoine Durand (1768-1835) qui sont antérieures : sont-elles plus
Antiquités grecques, étrusques et romaines
Axe de recherche 1
Étude matérielle des œuvres
et publication des collections
Recherches sur les ateliers et les
pratiques artisanales de la couleur
dans le monde grec
Programme suivi par Violaine Jeammet,
en partenariat avec le C2RMF (Brigitte Bourgeois
et Sandrine Pagès-Camagna)
Depuis plus de quinze ans, l’étude des traitements de surface
des figurines en terre cuite, notamment la polychromie et la
dorure, est menée conjointement avec le Centre de recherche
et de restauration des musées de France (C2RMF). L’analyse
des pigments et l’étude stratigraphique des couches colorées
et des feuilles d’or présentes sur les figurines permettent de
mieux connaître les matériaux comme de mieux comprendre
les gestes des artisans, et ainsi de mettre en valeur la corrélation
entre document archéologique (parfois œuvre d’art) et magistral savoir-faire technique. Cette étude a donné lieu à plusieurs
publications et communications, dont celle associant en 2009
Brigitte Bourgeois, Violaine Jeammet et Sandrine Pagès-Camagna sur la dorure (« Color Siderum. La dorure sur les terres cuites
hellénistiques », dans Les Arts de la couleur en Grèce ancienne… et
ailleurs. Actes du colloque international (École française d’Athènes,
23-25 avril 2009), sous la dir. de Jockey (Ph.), à paraître dans
le Supplément du Bulletin de correspondance hellénique), tandis
qu’en 2010 une nouvelle édition anglaise et espagnole de Tanagras (Valence, 2010, voir infra, « Expositions ») a fait connaître
les dernières découvertes et livré les plus récentes synthèses
sur ces questions. Une journée d’étude en 2011 élargira cette
thématique à celle des vases (lécythes à fond blanc) et devrait
aussi, à terme, prendre en compte les bois.
 The Department and the C2RMF (Centre for Research and Restoration of
the Museums of France) are working in close collaboration on a long-term study
focusing on a stratigraphic study of the coloured layers and an analysis of the
pigments used on Greek terracotta figurines. The study aims to identify the
practices in antique workshops. The findings of this study were presented at an
international seminar, whose proceedings are due to be published, and in 2010
the new edition of the catalogue Tanagras was published in English and Spanish;
this publication provides a general overview and highlights the latest discoveries.
Recherches sur les techniques des
bronzes grecs et romains : la base
Héphaïstos
Programme suivi par Sophie Descamps en partenariat
avec le C2RMF (Benoît Mille)
Anciennement publiée par André de Ridder, la collection des
bronzes antiques du Louvre a bénéficié d’un long travail de
récolement, de restauration et d’étude lié à l’aménagement
de la salle des bronzes et des réserves. Un catalogue raisonné
des bronzes grecs est en projet. En partenariat avec le Centre
de recherche et de restauration des musées de France (C2RMF),
le département est à l’origine de la création d’un outil de recherche, la base Héphaïstos, qui vise à recenser la bibliographie consacrée aux techniques de mise en œuvre et aux restaurations documentées des bronzes antiques. En 2010 est parue
une mise au point sur la question des patines : Descamps (S.),
« Couleurs originelles des bronzes grecs et romains. Analyses
de laboratoire et patines intentionnelles antiques », dans La
Chimie et l’Art. Le génie au service de l’homme. Actes du colloque
(Paris, Maison de la chimie, 28 janvier 2009), sous la dir. de DinhAudouin (M.-Th.), Les Ulis, EDP Sciences, 2010 (« L’Actualité
chimique »), p. 115-127. Au mois de mars de la même année,
Sophie Descamps a présenté une synthèse intitulée « Cuivre
noir, κύανος et bronze de Corinthe » à l’occasion d’un séminaire de l’université d’Aix-en-Provence.
 In partnership with the C2RMF (Centre for Research and Restoration
of the Museums of France), the Department has created a database
(Héphaïstos) of all publications devoted to the production techniques and
documented restorations of antique bronzes. In 2010 a study on intentional
patinas was published, and Sophie Descamps presented research on
antique bronze techniques during a seminar on “Corinthian bronzes” at
the Université d’Aix-en-Provence.
Recherches sur la sculpture grecque :
publications sur la collection
du Louvre
Programme suivi par Jean-Luc Martinez
et Ludovic Laugier
La sculpture grecque en pierre du musée du Louvre est bien
publiée grâce aux travaux récents de Marianne Hamiaux. La
définition géographique et chronologique de cet art a cependant été revue et élargie à l’époque impériale. Deux publications doivent paraître prochainement et ont fait l’objet de
recherches conduites en 2010.
Le catalogue raisonné, qui formera le troisième tome des
sculptures grecques du musée du Louvre et que Ludovic Laugier
consacrera aux Sculptures grecques des provinces hellénophones de
l’Empire romain, doit paraître en 2012, à l’occasion de l’ouverture
des nouvelles salles présentant l’Orient méditerranéen à l’époque
romaine. Ludovic Laugier a publié en 2010 plusieurs résultats de
ses recherches sur ce corpus (sur les sculptures de Smyrne dans
Anatolia Antica, XVIII, 2010, p. 321-328, et sur les sculptures de
Phrygie dans le catalogue de l’exposition « Civilisations oubliées
de l’Anatolie antique », Bordeaux, 19 février – 16 mai 2010, p. 6163, nos 25-29).
Une monographie consacrée à la Vénus de Milo par Jean-Luc
Martinez doit par ailleurs faire le point sur notre connaissance de
ce chef-d’œuvre, largement renouvelée par la restauration et les
analyses conduites en 2009-2010 (voir infra « Restaurations »).
 The Department is preparing two publications on Greek sculpture, for
which research was carried out in 2010: Sculptures grecques des provinces
hellénophones de l’empire romain (Greek Sculptures from the Greek-Speaking
Provinces of the Roman Empire) by Ludovic Laugier (to be published in
43
Travaux de recherche
2012), and a monograph devoted to the Venus de Milo by Jean-Luc Martinez,
following restoration work and analyses conducted in 2009–10 (see
“Restoration Work” below). Moreover, in 2010 Ludovic Laugier presented
results from recent research on Greek sculptures of the Imperial period: the
sculptures of Smyrna (now İzmir) in the journal Anatolia Antica (Vol. XVIII,
2010, pp. 321–28), and Phrygian sculptures at an exhibition in Bordeaux.
Recherches sur la céramique
grecque : publications sur la
collection du Louvre
Programme suivi par Anne Coulié, Martine Denoyelle,
Alexandra Kardianou, Sophie Marmois, Sophie Padel
et Marie-Christine Villanueva Puig
La céramique grecque du Louvre est anciennement publiée,
mais de nombreuses séries et des milliers de fragments restent
quasiment inédits. Elle est traditionnellement publiée par
l’Académie des inscriptions et belles-lettres dans une série spécifique (le Corpus vasorum antiquorum). Les recherches en cours
sur les questions de style et d’identification des ateliers comme
sur les analyses techniques (couleur, cuisson des argiles)
expliquent le recours à d’autres formes de publication. En
2010 est paru le vingt-huitième volume du CVA consacré à la
collection du Louvre par Marie-Christine Villanueva Puig, fruit
d’un long travail de recherche conduit sur quatre-vingt-six
lécythes attiques à figures noires du Louvre d’époque archaïque
(CVA Louvre 28 France 42 : Les Lécythes attiques à figures noires,
t. I), réservant la production du ve siècle à un second volume.
D’autres publications sont en préparation : pour le CVA, Les
Lécythes à fond blanc du Louvre par Alexandra Kardianou, Fragments de coupes attiques à figures rouges du Louvre par Sophie
Marmois, Les Amphores attiques à panse à figures noires attiques
du Louvre par Sophie Padel, et, pour les éditions du Louvre, le
catalogue raisonné consacré aux vases de Paestum préparé par
Martine Denoyelle.
Le Louvre possède une exceptionnelle collection d’inscriptions latines (plus de mille deux cents numéros), presque
entièrement conservée en réserve, une très intéressante collection d’inscriptions grecques (plus de quatre cents numéros) et
une modeste (une centaine de numéros tout de même !) mais
remarquable collection d’inscriptions étrusques et italiques.
Connues des spécialistes mais dispersées dans des publications anciennes et souvent pas ou mal illustrées voire complètement inédites (pour les inscriptions étrusques notamment),
ces inscriptions font l’objet de projets de publication. La publication des inscriptions grecques a été confiée à Michèle Brunet
(université Lumière Lyon 2), qui y consacre son séminaire de
recherche et s’est rapprochée du réseau Digital Classicist pour
une publication en ligne. En 2010-2011, elle a notamment repris l’étude des inscriptions des blocs des murs formant le passage conduisant à l’agora de Thasos (Grèce du Nord) conservés
au Louvre et sur place. Pour la publication des inscriptions
étrusques et italiques, confiée à Dominique Briquel, une première étape de recensement, entreprise en collaboration avec
les conservateurs, a permis de découvrir en 2010 plusieurs
inscriptions inédites et d’établir un corpus d’une centaine
d’inscriptions (un chiffre important pour une langue comme
l’étrusque), portées sur une grande variété de supports. Daniel
Roger coordonne le travail de documentation et d’informatisation en cours de la très riche collection d’épigraphie latine :
en 2010, reprenant l’ordre du catalogue analytique dactylographié de Serge Ducroux présenté en 1975, ont été informatisées
les séries consacrées aux divinités, aux empereurs, aux ordres
sénatorial et équestre.
 The Department has embarked on an ambitious programme of
printed and online publications of its collections of Greek, Etruscan, and
Latin epigraphy. Michèle Brunet is working on the publication of Greek
inscriptions and, in 2010, she resumed the study of the inscriptions on the
walls of the Passage of Theoria at Thasos. Dominique Briquel is working on
the publication of Etruscan and Italic inscriptions; an inventory drawn up in
2010 revealed a considerable number of inscriptions (around a hundred).
Daniel Roger is coordinating the documentary work on the very rich
collection of Latin inscriptions, which is currently being placed online.
 The catalogue of the Louvre’s collection of Greek ceramics is traditionally
published by the Académie des Inscriptions et Belles Lettres in a specific set of
works (the Corpus Vasorum Antiquorum). The 28th volume of the CVA (by MarieChristine Villanueva Puig) was published in 2010. The work is devoted to the
Louvre’s collections and focuses on the Louvre’s 86 Attic black-figure lekythoi
from the Archaic period. Work on other publications, for which research was
carried out in 2010, is currently underway. These include les lécythes à fond blanc
du Louvre (“The Louvre’s White-Ground Lekythoi”) by Alexandra Kardianou, and
the catalogue raisonné devoted to the vases of Paestum, by Martine Denoyelle.
Recherches sur les collections
épigraphiques : catalogues
en préparation
44
Programme suivi par Jean-Luc Martinez, Marianne
Hamiaux et Michèle Brunet (inscriptions grecques) ;
Françoise Gaultier, Laurent Haumesser et Dominique
Briquel (inscriptions étrusques et italiques) ; Daniel Roger,
Agnès Scherer et Marianne Hamiaux (inscriptions latines)
Axe de recherche 2
Histoire de la réception
de l’Antiquité classique
Recherches sur les collections
d’antiques des xviie et xviiie siècles
en France et en Italie
Programme suivi par Jean-Luc Martinez
et Marie-Lou Fabréga-Dubert
Développée à partir de 2004 à l’occasion de l’inauguration de
la salle du Manège et de la publication de deux ouvrages (Les
Antiques du Louvre. Une histoire du goût d’Henri IV à Napoléon Ier,
Paris, Fayard, 2004, ouvrage collectif sous la direction de
Antiquités grecques, étrusques et romaines
J.-L. Martinez, et La Collection Borghèse au musée Napoléon, Paris,
Musée du Louvre éditions, 2009, par M.-L. Fabréga-Dubert),
cette recherche vise à faire le point sur l’histoire des collections
princières d’antiques parvenues au Louvre. Elle s’accompagne
d’une politique de rerestauration des statues antiques débarrassées aux xixe et xxe siècles de leurs ajouts modernes. En 2010,
le projet a porté sur la préparation de deux expositions qui
doivent s’ouvrir en 2011 : « Richelieu à Richelieu » aux musées
d’Orléans, Tours et Richelieu (mars-juin 2011, commissariat
scientifique Jean-Luc Martinez), et « Les Borghèse et l’Antique »
à Rome (décembre 2011 – avril 2012, commissariat scientifique
Marie-Lou Fabréga-Dubert et Jean-Luc Martinez). Reprenant
les archives disponibles (plans, dessins, récits de voyageurs,
inventaires…), ces deux recherches en cours permettront de
proposer une reconstitution du décor du château de Richelieu
vers 1676, date du guide de Benjamin Vignier, et de la villa
décorée pour Marc Antonio IV Borghèse telle qu’elle se présentait au moment de l’achat pour le Louvre en 1807.
 Developed in 2004, the year in which the Salle du Manège was
inaugurated, this research aims to examine the history of the Louvre’s
princely collections of antiques. In 2010, the project focused on the
preparation of two exhibitions which are scheduled to open in 2011:
Richelieu à Richelieu (Richelieu at Richelieu) in the museums of Orléans, Tours,
and Richelieu, and Les Borghèse et l’Antique (The Borghese and the Antique)
in Rome. Using available archive material (plans, drawings, travellers’
accounts, inventories, etc.), the two research programmes will recreate the
decorations in the Château de Richelieu (ca. 1676) and the Villa decorated
for Marcantonio IV Borghese.
Recherches sur les collections de
moulages d’après l’antique
Programme suivi par Jean-Luc Martinez
et Élisabeth Lebreton
Développée à partir de 2002 à l’occasion de l’affectation au
département de la collection de moulages d’antiques conservée aux Petites Écuries du Roi à Versailles et portée par une
politique de restauration ambitieuse et l’animation d’un
réseau des gypsothèques françaises, cette recherche a pour
but d’approfondir notre connaissance matérielle et historique des collections de moulages d’antiques. Faisant suite au
colloque de Cergy-Pontoise de 2001, organisé avec le Groupe
de recherche sur le plâtre dans l’art (GRPA) et consacré
à l’analyse des techniques de mise en œuvre et à l’analyse
chimique des plâtres, ce programme a également pour objectifs de permettre de déterminer la datation et d’identifier
des critères d’attribution des plâtres anciens jetés aux xviie,
xviiie et xixe siècles, et de contribuer à faire mieux connaître
ce domaine du patrimoine français. Un catalogue raisonné
de la collection de la gypsothèque du Louvre à Versailles est
en projet. En 2010, à la demande de Rosa Plana, chargée des
collections de Montpellier, Jean-Luc Martinez a participé au
suivi des restaurations et à l’établissement d’un projet scientifique pour la présentation de ces collections. Élisabeth Lebreton a par ailleurs publié un état des lieux des collections
françaises (« Les plus belles gypsothèques françaises », Dossier
de l’art, 180, décembre 2010).
 Developed in 2002, the year in which the collection of antique casts
from the Petites Écuries du Roi at Versailles was transferred to the
Department, this research aims to improve our material and historical
knowledge of the antique cast collections. In 2010, Rosa Plana (who
manages the collection) invited Jean-Luc Martinez to help set up a scientific
project for the presentation of the Montpellier collection. Elisabeth
Lebreton presented an overview of the French collections titled “Les plus
belles gypsothèques françaises” (The Finest French Gypsotheques; Dossier
de l’Art, no. 180, December 2010).
Recherches sur les collections
d’antiques du marquis Campana
Programme suivi par Catherine Metzger et Françoise
Gaultier (orfèvrerie) ; Violaine Jeammet, Daniel Roger et
Néguine Mathieux (plaques Campana) ; Paolo Nadalini
(Institut national du patrimoine) ; Laurent Haumesser et
Françoise Gaultier (collection étrusque) ; Hubert Giroux
et Marianne Hamiaux (reconstitution des numéros Cp) ;
Ludovic Laugier (marbres)
Le département a engagé un vaste programme de recherche sur
la collection Campana, acquise par l’empereur Napoléon III en
1861 et entrée partiellement au Louvre en 1863. Entrepris par
Françoise Gaultier et Catherine Metzger à l’occasion de l’exposition de 2005 au Louvre consacrée aux bijoux Campana,
le premier volet aboutira à la publication de l’orfèvrerie. En
2010, Françoise Gaultier a présenté à Rimini une synthèse sur
ce sujet (« I gioielli delle collezioni Campana e des Vergers del
Museo del Louvre: origini, acquisizioni, fortuna »). D’autres
recherches témoignent du développement de ces études (voir
infra le dossier sur les plaques Campana). En octobre 2010,
Paolo Nadalini a rappelé l’historique de l’acquisition à Beaulieu-sur-Mer. En décembre, Françoise Gaultier a évoqué à
Orvieto le contexte de sa dispersion (« La fortuna degli Etruschi
nella costruzione dell’Italia Unita: la dispersione della collezione Campana negli anni dell’Unificazione politica dell’Italia »).
À l’occasion de deux expositions monographiques consacrées
à des peintres du Second Empire, Jean-Luc Martinez et Laurent Haumesser ont rappelé le rôle de la collection Campana
dans la réception de l’Antiquité durant la seconde moitié du
xixe siècle, le premier en novembre à Montpellier à l’occasion
d’une conférence organisée par le Centre de recherches interdisciplinaires en sciences humaines et sociales de l’université
Paul Valéry – Montpellier III (« Cabanel [1823-1889] et
l’antique »), le second en décembre lors d’un colloque organisé
par le musée d’Orsay (« Regarder Gérôme », communication
sur les « Visions de l’Italie antique sous le Second Empire »).
 The Department has embarked on a vast programme of research on
the Campana Collection, which was acquired in 1861. Begun by Françoise
Gaultier and Catherine Metzger in 2005, the year in which the Louvre
presented an exhibition of the jewellery, the first step in the project will be
the publication of the works in gold. In April 2010, Françoise Gaultier
presented an overview of the works in Rimini. Other research attests to the
development of these studies (see the article on the Campana tablets
below). Paolo Nadalini spoke about the history of the acquisition in a
seminar at Beaulieu-sur-Mer in October 2010. Françoise Gaultier gave a
talk on the collection’s dispersal in a seminar held in Orvieto, Italy, in
December.
45
Travaux de recherche
Axe de recherche 3
Étude des contextes archéologiques
Méditerranée occidentale (Italie-Tunisie)
Recherches sur les productions
de la cité étrusque de Cerveteri :
« De Cerveteri au Louvre : la
peinture étrusque et son contexte »
Programme suivi par Françoise Gaultier et Laurent
Haumesser en partenariat avec le Consiglio Nazionale
delle Ricerche (CNR) (Paola Santoro et Vincenzo Bellelli)
et Francesco Roncalli, professeur honoraire à l’université
Federico II de Naples.
Site majeur d’Étrurie, d’où provient une grande partie de la
collection étrusque du Louvre, dont ses principaux chefsd’œuvre (sarcophage des Époux, plaques Campana), la cité de
Cerveteri fait l’objet d’un programme ambitieux de recherche
en partenariat avec plusieurs institutions italiennes. Dans le
cadre d’une collaboration avec le CNR, ce projet a pour objet
de faire le point sur l’histoire des fouilles au xixe siècle et sur les
productions artisanales de la cité. Un volet de la recherche, en
collaboration avec Francesco Roncalli, professeur honoraire à
l’université Federico II de Naples, porte sur les plaques peintes
(analyse des techniques, étude des restaurations et mise en
contexte). En septembre 2010, Laurent Haumesser a présenté à
l’auditorium du Louvre une « Œuvre en scène » consacrée aux
« Plaques peintes de Cerveteri », faisant le point des recherches
sur ces peintures et leur contexte archéologique.
 This project, which is being conducted in partnership with the CNR
(Italian National Research Council) and the Federico II University of Naples,
aims to study the works from the town of Cerveteri (Italy), which make up
a large proportion of the Louvre’s Etruscan collections. In September 2010,
as part of the Louvre’s “Art on Stage” (Œuvre en scène) programme,
Laurent Haumesser gave a lecture on “The painted tablets of Cerveteri” in
the Louvre’s auditorium. The lecture focused on the research conducted on
the paintings and their archaeological context.
Recherches sur les œuvres provenant
de l’Étrurie intérieure conservées
dans les collections du Louvre
Programme suivi par Françoise Gaultier, Laurent Haumesser
et Katerina Chatziefremidou, en partenariat avec le Museo
dell’Accademia Etrusca e della Città di Cortona (MAEC)
46
Les recherches menées sur la partie de la collection étrusque
provenant de l’importante région d’Étrurie située le long des
cours de l’Arno et du Tibre visaient à préciser et compléter nos
connaissances sur le contexte archéologique des œuvres et sur
leur histoire entre leur découverte et leur entrée au Louvre.
Grâce au dépouillement d’archives, de publications anciennes
et de catalogues de ventes, il a été possible en particulier d’établir la provenance de plusieurs pièces ou séries de pièces de
la collection, et de reconstituer avec davantage de précision
les modes de formation des grandes collections du xixe siècle
(Durand, Campana, Pourtalès). Les restaurations menées sur
les objets (notamment sur le bucchero) ont également permis
de mieux comprendre les pratiques des restaurateurs italiens
de l’époque. Les premiers résultats de ces recherches sont présentés dans le catalogue de l’exposition « Gli Etruschi dall’Arno
al Tevere. Le collezioni del Louvre a Cortona », organisée à
Cortone au printemps 2011, en collaboration avec le MAEC
(commissaires Françoise Gaultier, Laurent Haumesser, Paolo
Bruschetti et Paolo Giulierini). D’autres redécouvertes importantes feront l’objet de publications spécifiques.
 The research conducted on works in the Etruscan collection that
originated from sites established along the Arno and Tiber Rivers, aimed to
identify the archaeological context of the works and their history after their
discovery. Restoration work and archive studies have enabled researchers to
identify the origin of several pieces in the collection, and to gain a better
understanding of nineteenth-century Italian restoration practices and the
ways in which the great collections were compiled at that time. The first
results of the research are presented in the catalogue for the exhibition Gli
Etruschi dall’Arno al Tevere. Le collezioni del Louvre a Cortona (The Louvre’s
Collection in Cortona. The Etruscans from the Arno to the Tiber), which
was held in Cortona in spring 2011.
Recherches sur la peinture romaine
du Louvre : reconstitution de la villa
de Fannius Synistor de Boscoreale
Programme suivi par Daniel Roger et Delphine Burlot
(Institut national d’histoire de l’art), en partenariat avec
le Metropolitan Museum de New York et les musées de
Mariemont et de Bruxelles
De taille modeste (une centaine d’œuvres), mais de provenance
prestigieuse, la collection de peintures romaines du Louvre a
fait l’objet d’un catalogue ancien, publié en noir et blanc en
1974. Depuis, la collection a presque complètement quitté les
salles du musée pour la mise en œuvre d’une politique de restauration fondamentale accompagnée d’analyses. La recherche
actuelle s’interroge sur la question des faux, des repeints et des
restaurations du xviiie siècle et vise à restituer des ensembles décoratifs dispersés entre plusieurs musées. Le catalogue raisonné
de la collection après restauration est en préparation. En 2010,
Daniel Roger a pu exposer certains résultats de cette recherche
à l’occasion du cours organique « Archéologie et histoire de
l’art du monde romain » qu’il a consacré à l’École du Louvre à
« Boscoreale et la peinture campanienne » (octobre-décembre
2010), mais aussi lors d’une communication sur les panneaux
du Louvre présentée au colloque « Les fresques romaines de
Boscoreale : perspectives actuelles » organisé du 21 au 23 avril
2010 par le Musée royal de Mariemont et les Musées royaux
d’art et d’histoire de Bruxelles.
 Daniel Roger has prepared a new catalogue raisonné of the Louvre’s
collection of ancient Roman paintings, to replace the previous black-and-white
Antiquités grecques, étrusques et romaines
edition published in 1974. Current research is focusing on the subject of
forgeries, retouched works, and eighteenth-century restorations. In 2010
Daniel Roger presented some results of this research at a seminar held from 21
to 23 April 2010, organised by the Musée Royal de Mariemont (Belgium) and
the Musées Royaux d’Art et d’Histoire de Bruxelles. The presentation focused
on Fresques romaines de Boscoreale: perspectives actuelles: “Les panneaux du
Louvre” (Roman frescoes at Boscoreale—current perspectives: “The Louvre
panels”).
Recherches sur l’histoire de
l’archéologie française en Tunisie :
les collections lapidaires romaines
du Bardo et du Louvre
Programme suivi par Jean-Luc Martinez, Danièle
Braunstein et Agnès Scherer, en partenariat avec le
Musée national du Bardo (Taher Ghalia) et le Centre
interrégional de conservation et de restauration du
Patrimoine (CICRP) de Marseille (Vincent Mercurio)
Fruit d’une convention signée en novembre 2009 entre l’Institut national du patrimoine de Tunis et le musée du Louvre
pour accompagner la rénovation en cours du musée du Bardo,
ce programme de recherche vise à établir le catalogue des collections de sculptures romaines provenant des sites antiques
de l’ancienne Tunisie et conservées dans les deux institutions. En 2010, au cours de trois missions à Tunis, l’équipe du
Louvre, avec le renfort d’un membre du CICRP de Marseille, a
pu dresser un bilan sanitaire de la collection et faire des préconisations en matière de conservation préventive et de restauration. Un programme particulier a eu pour objet les collections
du Bardo provenant des fouilles de la Carthage romaine. Dans
le même temps, une base de données créée au Louvre a recensé
par dépouillement de la bibliographie existante les contextes
de découverte et permis un premier récolement de la collection du Bardo.
 In November 2009 the Institut National du Patrimoine de Tunis
(National Heritage Institute, Tunis) and the Musée du Louvre signed an
agreement to provide support for the Bardo Museum renovation project.
The accord entailed inventorying the two institutions’ collections of Roman
sculptures retrieved from the ancient sites of Tunisia. In 2010 the Louvre
team’s three missions in Tunis entailed assessing the overall condition of the
collections, evaluating preventive conservation measures, and creating a
database that details the contexts of the finds, prior to locating and
authenticating each item accordingly.
Méditerranée orientale (Grèce-Turquie)
Recherches sur les vases géométriques
attiques du style du Dipylon
Programme suivi par Anne Coulié
Dicté par les impératifs de la conservation préventive, un programme de restauration de six vases du Louvre (A 517, A 516,
A 519, A 552, A 522, A 527) impose de reprendre l’étude d’une
riche collection, composée d’environ deux mille fragments,
la plupart inédits. Un millier d’entre eux, dessalés en 2010,
ont permis de reconstituer des ensembles appartenant à une
quinzaine d’individus. Ainsi, le cratère A 522, œuvre du disciple le plus talentueux du Maître du Dipylon, a retrouvé
son pied jointif. Ce vase, dont un fragment est conservé à
Athènes, résume le triple objectif que nous assignons à l’étude
dans le long terme : la redécouverte d’une collection exceptionnelle sur le plan patrimonial, la nécessité d’une nouvelle
publication scientifique et la constitution, grâce au recours à
l’image 3 D, d’un musée virtuel, seul capable de rassembler
et comparer des vases disséminés dans toute l’Europe et particulièrement entre Athènes et Paris. Un article paru en 2010
présente une partie des résultats de cette recherche (Anne
Coulié, « Deux vases monumentaux du Maître du Dipylon au
musée du Louvre», Revue des musées de France. Revue du Louvre,
1, 2010, p. 22-30).
 Studies showed that six Louvre vases (nos. A 517, A 516, A 519, A 552,
A 522, and A 527) were in urgent need of preventive restoration, which
involved methodically sorting through a collection of around two thousand
fragments, most of which had never previously been shown. The
programme’s objectives are threefold: to publish a comprehensive dossier;
to reappraise this extraordinary heritage of pottery; and to create a bank of
3D images for the world’s first virtual museum of the countless vases
disseminated in museums throughout Europe.
Recherches sur les vases orientalisants
du style de la « chèvre sauvage »
Programme suivi par Anne Coulié, en partenariat avec le
C2RMF
Cette enquête s’inscrit dans une actualité scientifique, renouvelée par les acquis récents de l’archéologie et de l’archéométrie. Étayée par des analyses effectuées au Centre de recherche
et de restauration des musées de France (C2RMF), l’approche
typologique et stylistique vise à distinguer les ateliers et les
artisans qui contribuèrent aux viie et vie siècles avant J.-C. à
la création et à la diffusion d’un style figuré spécifique à la
Grèce de l’Est, connu sous le nom de style de la « chèvre sauvage ». La création d’un site de recherche commun hébergé au
C2RMF est un bon moyen de mettre en valeur la collection des
vases du Louvre, en offrant une couverture photographique
complète en trois dimensions et en favorisant une recherche
vivante et critique. Ce travail pourra être valorisé dans le cadre
d’un colloque consacré à l’étude des archives des fouilles de
Rhodes et à la question des ateliers, ainsi que d’une exposition programmée en 2014 au musée du Louvre et en 2015 à
Athènes.
 The purpose of this study is to identify and highlight the workshops
and craftsmen of the seventh and sixth centuries bc who contributed to
creating and diffusing the figurative style in Eastern Greece called “Wild
Goat”. The creation of a collaborative research site based at the C2RMF
(Centre for Research and Restoration of the Museums of France) is an
effective means of enhancing the Louvre’s collection, as it will contain 3D
visual documentation accompanied by critical essays. This work will be
showcased through a symposium and an exhibition, to be staged in
Rhodes between 2013 and 2015.
47
Travaux de recherche
Recherches sur la céramique
orientalisante thasienne
Programme suivi par Anne Coulié
En vue de la publication dans la collection des « Études thasiennes » de l’École française d’Athènes des vases orientalisants
de « style mélien », des campagnes de dessalement, d’étude et
d’analyse du matériel ont été programmées en 2010 et 2011 à
Thasos. Ces dernières ont fait l’objet d’une convention entre le
Louvre, le Centre de recherche et de restauration des musées de
France (C2RMF) et l’École française d’Athènes. Elles ont permis
de distinguer les séries pariennes, importées de la métropole,
et les productions locales majoritaires, dont les plus anciennes
remontent plus tôt qu’on ne le pensait, au second quart du
viie siècle, soit aux premiers temps de la colonie.
 Desalination campaigns, studies, and material analyses were scheduled
for 2010 and 2011 in Thasos, ahead of a special issue of the École Française
d’Athènes’ publication Études thasiennes dedicated to the orientalising
vases in the “Melian style”. The analyses enabled researchers to distinguish
the Parian series, imported from the metropolis, from the more extensive
local productions, the most ancient of which date back to the second
quarter of the seventh century bc, that is, to the beginning of the colony.
Recherches sur les ateliers
céramiques à Athènes
au ive siècle avant J.-C.
Programme suivi par Violaine Jeammet
Après une communication présentant les premières hypothèses de travail lors du colloque international organisé à
Rhodes en 2009 sur l’art de la coroplathie (actes à paraître), ce
programme prévoit d’étudier conjointement deux domaines
d’activité artisanale traditionnellement distincts qui forment
deux importants ensembles dans les collections du Louvre :
les vases dits « plastiques » (vases et figurines à la fois) d’une
part, et les premières « tanagras » d’autre part, figurines d’un
nouveau genre né au ive siècle à Athènes, issues sans doute des
mêmes ateliers actifs sur l’agora d’Athènes.
L’étude a donné lieu à une première synthèse présentée lors
de deux séminaires (en 2009 à l’Université libre de Bruxelles
et en 2010 dans le cadre de l’un des cinq cours sur l’art de
la terre cuite lors du cours-bloc de l’université de Fribourg).
Elle débouchera en 2011 sur un semestre de cours à l’École du
Louvre, et à terme sur une publication plus exhaustive de la
collection du Louvre.
 The project’s purpose is to bring together in the same study two fields
of craftsmanship that were traditionally distinct, and which form two major
ensembles in the Louvre collections: the “plastic”—or figurine—vases
(which are both vases and figurines), and the first “Tanagra” statuettes, a
new type of figurine that was introduced in the fourth century bc in Athens,
and probably produced in the same workshops in the Athenian Agora.
48
Recherches sur l’histoire
de l’archéologie française
en Grèce du Nord
Programme suivi par Sophie Descamps
et Alexandra Kardianou
Cette recherche porte sur l’histoire de l’archéologie française
en Grèce du Nord, et notamment sur les fouilles effectuées par
Léon Heuzey en Macédoine à partir de 1855, dont les résultats furent présentés à Paris au palais de l’Industrie en 1862,
et sur l’histoire des fouilles de l’armée d’Orient durant la Première Guerre mondiale. L’exposition « Macédoine antique. Au
royaume d’Alexandre le Grand » (octobre 2011 – janvier 2012),
organisée dans le hall Napoléon du musée du Louvre, s’inscrit
dans ce programme. En mars 2010, Sophie Descamps a présenté une partie des résultats de cette recherche à l’université
de Nanterre (« Le Service archéologique de l’armée d’Orient
et la Macédoine antique. Fouilles durant la Première Guerre
mondiale dans la région de Thessalonique », dans le cadre du
séminaire dirigé par Anne-Marie Guimier-Sorbets et Katerina
Chryssanthaki-Nagle). Alexandra Kardianou met à profit le dépouillement des rapports des fouilles des années 1915 à 1923
conservés dans les archives du département pour recenser le
matériel d’Éléonte de Thrace parvenu au Louvre dans ces circonstances.
 This research focuses on the history of French archaeology in Northern
Greece, particularly on the excavations carried out by Léon Heuzey in
Macedonia and those of the Armée d’Orient (French unit fighting in the
Balkans) during World War I. During a seminar at the Université de Nanterre
in March 2010, Sophie Descamps presented an overview of the work that
facilitated the study of the archaeological context of objects from the
region of Thessalonica. Based on a detailed study of the excavation reports
from 1915–23 stored in the Department’s archives, Alexandra Kardianou
compiled an inventory of all the material in the Louvre that came from
Elaeus, Thrace.
Recherches sur les productions
des cités de Smyrne et de Myrina
(Turquie)
Programme suivi par Jean-Luc Martinez, Isabelle
Hasselin, Ludovic Laugier et Néguine Mathieux,
en partenariat avec le Musée archéologique d’Istanbul
À la suite de l’exposition organisée dans le cadre de l’année de
la Turquie en France (« D’Izmir à Smyrne. Découverte d’une cité
antique », 11 octobre 2009 – 6 avril 2010, commissaires : Ludovic
Laugier, Isabelle Hasselin et Jean-Luc Martinez), le département a poursuivi ses travaux sur le contexte archéologique
des objets du Louvre provenant d’Asie Mineure. Jean-Luc
Martinez a présenté en février 2010 à la Société française
d’archéologie classique une synthèse intitulée « Le département des Antiquités grecques, étrusques et romaines du musée du Louvre et l’archéologie en Turquie » (à paraître dans la
Revue archéologique). Portant son intérêt sur la région d’Izmir, le
département a également été à l’origine du colloque « Rivages
Antiquités grecques, étrusques et romaines
et ports de la Turquie antique » (20-21 mai 2010, Institut français d’Izmir) organisé avec l’École pratique des hautes études
(Stéphane Verger) et le centre culturel français d’Izmir (JeanLuc Maeso). Ce programme comporte également des études
archéométriques des collections lapidaires et de terres cuites
des cités de Myrina et de Smyrne (voir I. Hasselin et L. Laugier, « Smyrne et ses productions artistiques », Anatolia antiqua, XVIII, 2010). Ces travaux ont été présentés en octobre
2010 par Ludovic Laugier et Isabelle Hasselin à l’université
de Bordeaux dans le cadre d’une journée d’étude consacrée
aux « Programmes de recherches en histoire et en archéologie en Turquie ». Dans le cadre d’un partenariat avec le Musée
archéologique d’Istanbul, Isabelle Hasselin prépare la publication des terres cuites smyrniotes d’Istanbul, dont elle a présenté les résultats en mai 2010 lors du symposium archéologique
annuel et en octobre à l’invitation du Musée archéologique
d’Istanbul. Poursuivant les recherches sur les fouilles menées à
Myrina en 1881-1882 (voir H. Duchêne, N. Mathieux, La Lettre
et l’argile. Autour d’une semaine de fouilles à Myrina, Dijon, Éditions universitaires de Dijon, 2007), Néguine Mathieux a fait
paraître en 2010 une synthèse sur les tanagréennes trouvées
dans le tombeau A de Myrina (dans Tanagras. Figurines for Life
and Eternity. The Musée du Louvre’s Collection of Greek Figurines,
catalogue de l’exposition, Valence [Espagne], Fondation Bancaja, 30 mars – 7 juillet 2010, Valence, 2010, p. 194-203) et
une nouvelle étude sur les figurines d’acteurs ensevelies avec
le défunt du dit tombeau C de Myrina (dans The Art of Ancient Greek Theater, catalogue de l’exposition, Los Angeles, The
J. Paul Getty Museum, 26 août 2010 – 3 janvier 2011, Los Angeles, 2010, p. 144-148).
 Following the Louvre exhibition “D’Izmir à Smyrne. Découverte d’une
cité antique” (From Izmir to Smyrna: The Discovery of an Ancient City),
from 11 October 2009 to 6 April 2010, and the research carried out into
the history of the Myrina excavations, the Department began a study
project on the archaeological context of the Louvre’s objects from Asia
Minor. In February 2010, J.-L. Martinez presented an overview of “the
Department and archaeology in Turkey” to the Société Française
d’Archéologie Classique. The Department focused on the region of Izmir,
and organised a symposium on “the shores and ports of ancient Turkey”
(20 to 21 May 2010, Institut Français d’Izmir), arranged in conjunction
with the École Pratique des Hautes Études (S. Verger) and the Institut
Français d’Izmir (J.-L. Maeso). The programme also includes archaeometric
studies of the lapidary and ceramic collections from the cities of Myrina and
Smyrna; in October 2010, the results of these studies were presented by L.
Laugier and I. Hasselin at the Université de Bordeaux in the framework of a
study day that focused on “history and archaeology research programmes
in Turkey”. In the framework of a partnership with the Istanbul Archaeology
Museum, I. Hasselin is preparing the publication devoted to Istanbul’s
Smyrnan terracottas: she presented the results during the annual
archaeological symposium in May 2010 and at the Istanbul Archaeology
Museum in October. N. Mathieux continued research into the 1881–82
Myrina excavations, and in 2010 published an overview of the Tanagra
figurines found in Tomb A at Myrina, and a new study of the figurines of
actors buried with the dead in the so-called Tomb C.
Recherches sur les mosaïques
romaines de la cité d’Antioche
sur l’Oronte (Turquie)
Programme suivi par Cécile Giroire
Dans la continuité du travail entrepris depuis 2006, et en raison de l’avancement du projet muséographique de l’Orient
méditerranéen dans l’Empire romain (Omer), la recherche sur
les mosaïques romaines porte sur l’ensemble des œuvres provenant d’Antioche.
Deux axes de recherche ont été privilégiés : l’étude matérielle
de cinq des huit mosaïques d’Antioche du Louvre, à l’occasion
de leur restauration fondamentale effectuée par l’atelier de restauration de mosaïques de Saint-Romain-en-Gal (mosaïque du
Phénix, Ma 3442 ; Personnification, Ma 3460 ; Perroquets enrubannés, Ma 3459 ; Oiseaux autour d’un vase, Ma 3461) et par
celui du musée départemental Arles antique (Amazonomachie,
Ma 3457 et Ma 3463).
Afin de compléter la documentation sur ces œuvres et de
préciser la connaissance de leur contexte archéologique, cette
étude matérielle a été accompagnée d’une première mission de
recherche sur les archives des fouilles d’Antioche (1934-1936)
conservées à l’université de Princeton, visant à réunir tous les
documents d’archives liés aux mosaïques du Louvre.
Ces travaux ont été présentés à l’occasion d’une journée
d’étude sur Antioche organisée à la fondation Dumbarton
Oaks de Washington (15 avril 2010).
 Following the progress made in the museographic project relating to
the Mediterranean East in the Roman Empire, the Roman mosaics project
focused on the Antioch mosaics. Two research methods were adopted: this
involved the material study of five of the Louvre’s eight Antioch mosaics
during their complete restoration; and, to complete the documentation on
these works and clearly identify their archaeological context, this material
study was complemented by an initial research analysis of the Antioch
excavation archives (1934–36) held at Princeton University, New Jersey.
The findings from these studies were presented during an Antioch study
day at the Dumbarton Oaks Foundation, Washington, D.C.
49
Travaux de recherche
Arts de l’Islam
L
a céramique prédomine au sein des collections du département des Arts
de l’Islam (DAI) : outre le grand nombre de pièces de forme et de carreaux
de revêtement qui seront à nouveau offerts aux yeux du public dans les
nouvelles salles du département, dès l’automne 2012, de très nombreux tessons,
fantastique matériel d’étude pour le chercheur, sont conservés dans les réserves.
Loin de sommeiller, ce matériel est l’objet de programmes de recherche thématiques
consacrés tantôt à une technique, tantôt à une aire géographique sur une période
donnée.
L’association des méthodes relevant de l’histoire de l’art, de l’archéologie, de l’étude
des textes et des analyses de laboratoire se révèle déterminante pour identifier les
techniques utilisées par les artisans du monde islamique et tenter d’en retracer les
évolutions. Grâce à ses compétences multiples, l’équipe du DAI est particulièrement
qualifiée pour coordonner ces projets et mettre en perspective les résultats obtenus.
S. Makariou
 A significant quota of the objects in the collections of the Department of Islamic Art (DIA) is
taken up by ceramics: in addition to the many vessels and tiles that will go back on display in the
department’s new exhibition galleries (autumn 2012), the Louvre’s storerooms contain a large
number of potsherds—one of the researcher’s most informative materials. All this stored material is
being systematically studied in distinct research programmes, each one devoted to a particular
technique or geographical area and given period.
By combining various disciplines—art history, archaeology, textual interpretation, and laboratory
analysis—considerable progress has been made in identifying and charting the evolution of crafts
techniques employed throughout the Islamic world. Owing to its multidisciplinary nature, the DIA
team is particularly well equipped to coordinating these projects and putting the results into
perspective.
50
Arts de l’Islam
Les « routes du lustre »
Projet suivi par Delphine Miroudot et Claire Déléry
Depuis fin 2005, le DAI collabore avec le
C2RMF (Centre de recherche et de restauration des musées de France) sur un
projet consacré à la technique du lustre
métallique, qui tient une place exceptionnelle dans l’histoire de la céramique.
Cette technique novatrice consiste à
peindre un décor sur un support glaçuré au moyen d’oxydes de cuivre et
d’argent ; celui-ci a la propriété optique
de présenter sous un certain angle des
reflets métalliques d’une forte intensité
lumineuse.
Outre l’étude du procédé technique et
de son évolution, les recherches visent
à caractériser des centres de production
Fragment de céramique glaçurée à décor de lustre métallique vu en lumière diffuse et à la réflexion spécuafin de tenter d’appréhender la transmislaire (lorsque l’angle d’observation est équivalent à l’angle d’incidence de la lumière), Iran, Suse, ixe siècle,
sion technologique de la Mésopotamie
département des Arts de l’Islam (MAOS 636)
du ixe siècle à l’Espagne et à l’Iran du
xviie siècle. Le matériel analysé provient
tats confirment la virtuosité technique des artisans du monde
des collections du DAI, du musée national du Moyen Âge, mais
islamique. Ainsi a-t-on pu constater, pour les productions du
aussi du musée national de Céramique de Sèvres. Pour répondre
à la problématique de la diffusion technologique, les pièces anaixe siècle, la coexistence sur une même pièce de glaçures de comlysées doivent afficher une provenance sûre : c’est pourquoi une
position différente (alcalines et alcalino-plombifères).
partie du corpus du DAI et du musée national de Céramique
D. Miroudot
choisi est issue des fouilles françaises de Suse. Pour poursuivre
 A programme of research devoted to lustre technique on pottery is being
ces investigations, le British Museum et le musée d’Art islacoordinated with the Department of Islamic Art (DIA). The programme’s aim
mique de Berlin ont rejoint le projet en 2009, avec un ensemble
is to gain a better understanding of the techniques involved and their
de tessons provenant de Samarra (Irak), Fustat (Égypte), Siraf
transmission from Mesopotamia in the ninth century to medieval Spain and
(port médiéval du sud de l’Iran).
Iran in the seventeenth century. Analyses are being conducted at the C2RMF
Les premiers résultats ont été diffusés dans différents articles,
(Centre for Research and Restoration of the Museums of France). The pieces
dont ceux du catalogue de l’exposition « Reflets d’or », qui s’est
under study originate from the collection in the Louvre, the Musée National du
tenue au musée national du Moyen Âge en 2008. L’analyse des
Moyen Age (National Museum of the Middle Ages), the Musée National de la
données permettant de reconstituer les « routes du lustre » est en
Céramique de Sèvres (Sèvres National Ceramics Museum), the British
cours sous la direction d’Anne Bouquillon au C2RMF ; les résulMuseum, and the Museum of Islamic Art in Berlin.
DORAI : Décors dORés dans les Arts de l’Islam
Projet suivi par Delphine Miroudot et Claire Déléry
Ce projet concerne l’étude des techniques de dorure sur céramique glaçurée et sur verre de l’Islam médiéval. Il s’agit de
mettre en lumière des savoir-faire et des transferts de technologie concernant l’Iran, l’Asie centrale, l’Anatolie et la Syrie du
xiie au xve siècle.
Ce programme de recherche, financé depuis 2006 par l’Agence
nationale pour la recherche (ANR), associe le CRP2A (Centre de
recherche en physique appliquée à l’archéologie), le C2RMF, le
DAI, ainsi que le Centre d’étude et de mise en forme des matériaux (Cemef) de l’École nationale supérieure des mines de Paris.
Le programme s’est dans un premier temps appuyé sur les
recherches menées dans le cadre d’une thèse. Il concernait
l’histoire des techniques de décors à la feuille d’or sur des
céramiques glaçurées d’Iran et d’Asie centrale médiévales. Le
corpus étudié a été confié pour étude au CRP2A par le musée
Amir-Timur du site de Shahr-e Sabz (Ouzbékistan) : il s’agit de
carreaux de revêtement architectural datant de la fin du xive
au début du xve siècle. À titre comparatif, le DAI a fourni un
ensemble de tessons de céramique iranienne (fin xiie – début
xiiie siècle) à décor doré.
Cette étude a permis de mettre en évidence la chaîne opératoire nécessaire à l’élaboration de l’or dans les décors architecturaux de la fin du xive siècle et du début du xve. On a ainsi pu
observer, contre toute attente, que l’or, appliqué sous forme de
feuille, subissait une cuisson à haute température.
Le programme s’est ensuite tourné vers l’étude d’une série de
douze tessons de verre à décor émaillé et doré, provenant de
Syrie et attribuables aux xiiie et xive siècles. Ils ont été étudiés au
C2RMF dans le cadre d’un stage de l’École nationale supérieure
des mines et dans le cadre d’un master (Bordeaux 3) au CRP2A.
51
Travaux de recherche
Fragment de bord de plat à décor peint et doré sur glaçure colorée, Iran, dernier quart
xiiie
– début
xive siècle,
département des Arts de l’Islam (MAO 449/36
[extérieur et intérieur])
La dorure est ici obtenue à partir d’une feuille d’or qui, une fois
broyée sous forme de paillettes, est utilisée comme « peinture »,
puis subit une cuisson.
L’usage de la feuille d’or montre que céramistes et batteurs
d’or travaillaient en étroite collaboration.
Outre la publication d’articles, les derniers résultats d’analyse ont été discutés au cours d’une journée d’étude en avril
2010 et donneront lieu à une publication.
D. Miroudot
 The DIA (Department of Islamic Art) is participating in a special
research project on gilding techniques for medieval Islamic glazed ceramics
and glassware. The project aims to chart the transmission of craft skills and
techniques through Iran, Central Asia, Anatolia, and Syria during the
twelfth and fifteenth centuries. Financed by the French National Research
Agency, this research programme is being conducted by the CRP2A
(French Centre for Research in Physics Applied to Archaeology – Bordeaux
III), the C2RMF (Centre for Research and Restoration of the Museums of
France), the DIA, and the École Nationale Supérieure des Mines (French
engineering school) in Paris. Part of the corpus studied was given to the
CRP2A by the Amir Timur Museum in Shahr-i Sabz (Uzbekistan), and the
rest was supplied by the Louvre.
La céramique d’« al-Andalus »
Projet suivi par Claire Déléry
52
Deux programmes de recherche sont consacrés aux productions d’al-Andalus (la péninsule Ibérique – Espagne et Portugal – sous domination islamique).
Le premier a été initié en 2008-2009 à partir de l’étude d’une
jarre conservée au DAI (inv. MAO 429) ; il bénéficie du mécénat
Fondation Furusiyya. L’étude se concentre sur l’ensemble des
jarres connues identiques à celle du Louvre et a été élargie aux
autres jarres moulées d’al-Andalus. Il s’agit d’éclaircir l’histoire
de ces pièces et de tenter de préciser leurs lieu et date de production. On s’appuie sur des recherches en archives et sur des analyses effectuées au C2RMF sous la direction d’Anne Bouquillon.
Le second s’inscrit dans le cadre des programmes de recherche
de la Commission européenne. Intitulé REMAI (Réseau européen des musées d’art islamique), il a pour but une mise en
commun des informations relatives aux objets conservés dans
les grandes collections européennes. L’un des thèmes concrets
choisis par les trois membres actuels du réseau – le Patronato
de l’Alhambra de Grenade, le Victoria and Albert Museum de
Londres, et le DAI – est l’étude de céramiques de l’époque nasride. On associe les études d’archives, les études typologiques
et les analyses de laboratoire, qui seront conduites au C2RMF
sous la direction d’Anne Bouquillon. Ce projet débuté en 2010
se poursuivra jusqu’en 2012. Une publication, un site Internet
et un colloque sont prévus pour diffuser ou communiquer ces
résultats.
C. Déléry
 Two ongoing research programmes focus on the ceramic productions in
Arabic Spain. Initiated in 2008/09, the first programme started with the study
of a jar held in the DIA (inv. MAO 429), and is sponsored by the Furusiyya
Foundation. The second, entitled REMAI (European Network of Islamic Art
Museums), is a European Commission research programme, and includes a
study of glazed ceramics from the Nasrid era. Both programmes involve the
C2RMF (Centre for Research and Restoration of the Museums of France).
Arts de l’Islam
L’étude du matériel céramique
des fouilles de Nishapour
Études sur les collections
du département
Projet suivi par Rocco Rante et Annabelle Collinet
Le DAI consacre aussi une part de son activité à l’archéologie,
ce qui implique l’étude du matériel céramique. Dans le cadre
des fouilles effectuées à Nishapour (Iran) en 2005-2007, il a
sollicité l’expertise du C2RMF pour l’étude des pâtes et des glaçures afin de préciser les techniques de fabrication des pièces
(composition des glaçures, nature des supports, conditions de
cuisson) et de compléter l’étude macroscopique des grands
groupes de céramiques. L’étude minéralogique et pétrographique des pâtes joue ici un rôle clé pour mener une réflexion
sur la production locale et sur les dynamiques d’importation.
La datation par thermoluminescence des céramiques est quant
à elle intervenue, conjointement à l’archéomagnétisme, pour
attribuer une date aux différents niveaux d’occupation de la
zone fouillée. La publication de cette étude, éditée sous la direction de Rocco Rante et d’Annabelle Collinet, est en cours,
en collaboration avec une équipe de sept personnes du C2RMF.
L’équipe du DAI fouille également à Paykend (Ouzbékistan). Les résultats de la première campagne de fouille, menée
en 2010, sont en cours d’exploitation. Dans le domaine de la
céramique, l’activité est actuellement centrée sur l’étude stratigraphique du matériel ainsi que sur les différentes productions
de céramique de la ville.
A. Collinet
En liaison avec la réouverture du département sont programmées de nouvelles publications :
– un ouvrage général : Les Arts de l’Islam au Louvre, sous
la direction de S. Makariou, avec A. Collinet, C. Déléry,
G. Fellinger, C. Juvin, A. Leclerc, C. Maury, D. Miroudot, R. Rante
et A. C. Mathews ;
– quatre monographies : Le Baptistère de Saint-Louis, par
S. Makariou ; La Pyxide d’al-Mughira, par S. Makariou ; Les Relevés des mosaïques de Damas, par L. Simonis ; Le Porche mamlouk,
par A. Mathews ;
– une publication liée aux fouilles archéologiques : Monographie sur la céramique de Nishapour, par R. Rante et
A. Collinet.
 The following new publications will be issued to coincide with the
reopening of the Department:
- General: Les Arts de l’Islam au Louvre (Islamic Art in the Louvre), curated
by S. Makariou, with contributions from A. Collinet, C. Déléry, G. Fellinger,
C. Juvin, A. Leclerc, C. Maury, D. Miroudot, R. Rante, and A. Mathews.
- Four monographs: Le Baptistère de Saint-Louis (The ‘Baptistère’ of SaintLouis), by S. Makariou; La Pyxide d’al-Mughira (The Pyxis of al-Mughira), by
S. Makariou; Les Relevés des mosaïques de Damas (Copies of the Mosaics of
Damascus), by L. Simonis; and Le Porche mamlouk (The Mamluk Portico),
by A. Mathews
- Specific to the excavations: Monographie sur la céramique de Nishapour
(A Monograph on the Ceramics of Nishapur), by R. Rante and A. Collinet.
 The DIA’s archaeological activities in Nishapur (Iran) and Paykend
(Uzbekistan) involve a considerable amount of work on ceramic wares, and
require the technical expertise of the C2RMF (Centre for Research and
Restoration of the Museums of France) for identifying the techniques date,
and place of fabrication of the material discovered on site.
53
Travaux de recherche
Sculptures
P
lusieurs axes de recherche déterminent les travaux du service :
en premier lieu la constitution de corpus scientifiques consacrés à des foyers
régionaux ou à des sculpteurs ainsi que leur étude ;
ensuite la compréhension de la technique des sculpteurs, des matériaux utilisés et
de leur mise en forme ;
enfin l’histoire des collections de sculptures.
Après avoir étudié des régions françaises (Champagne au xvie siècle, Maine
au xviie siècle) ou étrangères (retables brabançons) et participé à des expositions
monographiques de sculpteurs, principalement du xviiie et du xixe siècle (Sarazin, Puget,
Clodion, Pajou, Boizot, Triqueti, Pradier, Barye), les membres du département ont
présenté en 2010 de nouvelles expositions monographiques (Houdon, Messerschmidt).
Ils se consacrent actuellement à la sculpture florentine du Quattrocento (exposition
prévue au Louvre en 2012), au corpus des sculptures souabes des musées de France,
à une étude transversale sur Edme Bouchardon et collaborent aux expositions sur
Bartolini et sur Rude.
L’étude des matériaux s’inscrit dans le cadre d’une collaboration étroite avec
le Centre de recherche et de restauration des musées de France (C2RMF) et porte
principalement sur la terre cuite italienne, les traces d’outils sur le marbre et le
bronze français.
Le catalogue et l’identification des photographies du fonds de l’antiquaire
Demotte, surtout composé de sculptures médiévales, ainsi que le catalogue des
sculptures du musée des Monuments français, désormais entrepris avec l’Institut
national d’histoire de l’art (INHA), ouvrent de nouvelles perspectives sur l’histoire
des collections de sculpture.
G. Bresc-Bautier
 The Department’s programme of ongoing research is directed towards:
- creating expert advisory teams focused on regional Schools or specific sculptors;
- understanding techniques and materials used;
- confirming the background of each piece in the Louvre’s various sculpture collections.
After conducting a study of certain French regions (Champagne in the sixteenth century, and
Maine in the seventeenth), and regions abroad (Brabantine retables), and participating in
monographic exhibitions of sculptors, mainly from the eighteenth and nineteenth centuries
(Sarazin, Puget, Clodion, Pajou, Boizot, Triqueti, Pradier, and Barye), the Department prepared and
staged two new monographic exhibitions in 2010 (Houdon, and Messerschmidt). Currently the
Department is investigating fifteenth-century Florentine sculpture (exhibition scheduled at the
Louvre for 2012), and the corpus of Swabian sculptures in various museums across France, and is
collaborating on forthcoming exhibitions devoted to Bartolini and Rude; also scheduled is a
comparative study of Edmé Bouchardon’s sculptures and drawings.
The study of the materials is being conducted in close collaboration with the C2RMF (Centre for
Research and Restoration of the Museums of France) and mainly focuses on Italian terracotta, and
tool-marks on marble work, and French bronzework.
The cataloguing and identification of works in the photographs of the Demotte collection
(composed largely of medieval sculptures), and of the sculptures in the Musée des Monuments
Français (to be compiled in tandem with the INHA, French National Institute of Art History), has
opened new avenues for the study of the Louvre’s extensive sculpture collections.
54
Sculptures
Sculptures souabes gothiques tardives (vers 1450 – 1530)
des musées de France : programme de recherche et projet de catalogue
Projet suivi par Sophie Guillot de Suduiraut
La richesse et la diversité des collections des musées français
permettent de rendre compte de l’importance de la sculpture
médiévale allemande, art majeur à la fin du Moyen Âge sur les
terres de l’Empire germanique.
Le programme de recherche consacré aux sculptures souabes
et la publication du catalogue de ces œuvres constituent la première étape d’un projet général, destiné à mettre en valeur les
sculptures médiévales allemandes des musées de France. Parmi
les centaines de sculptures allemandes que conservent environ
quarante musées, beaucoup demeurent en effet méconnues ou
insuffisamment étudiées.
Le programme s’inscrit dans le cadre du réseau « Sculptures
médiévales des musées de France ». Créé en 2003, ce réseau
réunit les conservateurs des musées de France responsables
de collections de sculptures médiévales. Son but principal est
de faciliter les échanges scientifiques entre les musées, et de
promouvoir la recherche et la publication de catalogues de
collections.
Le choix du domaine de recherche se fonde sur la place prépondérante que tient la Souabe dans la sculpture allemande
de la fin du Moyen Âge. La Sainte Marie Madeleine de Gregor
Erhart, dite autrefois « La Belle Allemande » (musée du Louvre),
est la figure emblématique de cet art souabe tout en douceur
paisible, en grâce et en délicatesse.
La Souabe, dans le sud de l’Allemagne, connaît au xve et au
début du xvie siècle une très abondante production sculptée,
à Ulm et à Augsbourg, les principaux centres artistiques, mais
aussi dans de petites cités très actives comme Biberach, Kaufbeuren ou Memmingen. Les églises et les musées allemands
conservent de nombreux témoins de cette production.
En France également, la sculpture souabe est largement présente dans les collections des musées. Riches en œuvres de
qualité, les musées français comptent environ quatre-vingts
sculptures souabes pour la période allant de 1450 à 1530, dont
quatorze au musée du Louvre.
Ce sont des sculptures religieuses en bois de tilleul polychromé (ou autrefois polychromées et aujourd’hui décapées), pour
la plupart venant de retables d’autel démembrés ; les figures
occupaient la caisse du retable, tandis que les reliefs étaient
appliqués sur les volets. Quelques statues de fonction cultuelle
ou dévotionnelle, utilisées lors de cérémonies et de processions, comme le Christ de l’Ascension et le Christ des Rameaux
du musée du Louvre, sont des exemples plus rares.
Les principaux sculpteurs souabes sont représentés dans les
musées français, tels Hans Multscher, Gregor Erhart, Niklaus
Weckmann, Daniel Mauch ou Jörg Lederer, mais bien évidemment la plupart des œuvres restent anonymes.
Le recensement des sculptures souabes s’appuie sur l’enquête
menée lors de l’exposition de 1991-1992 au musée du Louvre
(Sophie Guillot de Suduiraut, « Sculptures allemandes de la
fin du Moyen Âge dans les collections publiques françaises »)
et a été poursuivi à partir de 2006, avec l’aide du réseau des
sculptures médiévales des musées de France. Des missions ont
été conduites dans plusieurs musées, assorties de nouvelles découvertes comme le Martyre de saint Thomas (Beauvais, musée
départemental) et, en 2010, un Saint Nicolas (Chaumont, musée).
Gregor Erhart, Sainte Marie Madeleine, vers 1515-1520, tilleul, polychromie
originale, département des Sculptures (R.F. 1338)
Une base de données a été créée en 2007 avec l’aide de Christine Vivet-Péclet, chargée d’études documentaires au département des Sculptures, et de deux stagiaires bénévoles. En 2010,
onze sculptures des musées de Cluny et du Petit Palais à Paris
ont fait l’objet d’un master 2 à l’École du Louvre par Chloé Ariot.
L’analyse technique des œuvres, indispensable à leur
connaissance approfondie, a lieu dans le cadre d’un programme du C2RMF destiné à identifier le bois, étudier la structure des sculptures et analyser les polychromies. Les élèves
restaurateurs de l’Institut national du patrimoine et de l’école
supérieure des Beaux-Arts de Tours sont associés aux travaux
et chargés de restaurer trois œuvres, le Martyre de saint Thomas
(Beauvais, musée départemental), Sainte Barbe (Albi, musée
55
Travaux de recherche
Toulouse-Lautrec) et le Christ des Rameaux (Strasbourg, musée
de l’Œuvre-Notre-Dame).
L’analyse stylistique reste la base des travaux de recherche.
De nombreuses sculptures sont quasiment inédites, mal datées,
sans origine ni attribution précises. Les investigations se poursuivent en relation avec des collègues allemands ou français
avec lesquels se nouent de fructueux échanges scientifiques,
en particulier les conservateurs de Colmar et de Strasbourg
Pantxika Béguerie-De Paepe et Cécile Dupeux. Les recherches
ont beaucoup avancé en 2010.
La publication du catalogue raisonné est prévue pour 2014,
en relation avec une journée d’étude qui reste à préciser.
S. Guillot de Suduiraut
Le Christ des Rameaux, pays germaniques, Souabe, bois (tilleul et épicéa),
restes de polychromie originale, département des Sculptures (R.F. 2008.01)
 The wealth and diversity of German specimens in the various museum
collections in France attests to the signal importance of sculpture as an art
form in the German Empire at the end of the Middle Ages.
The programme of research on Swabian sculptures and the publication
of the catalogue of these works are the first stages in a general project
designed to highlight German medieval sculptures held in French
museums. The programme is being implemented in the framework of the
“Sculptures médiévales des musées de France” network, which was created
in 2003 to facilitate the exchange of technical data between museum
curators, and promote research and the publication of catalogues of
collections of sculpture from the Middle Ages.
Swabia was chosen because of the important role the area played in the
development of German sculpture at the end of the Middle Ages. Currently
there are around eighty Swabian sculptures held in different museum
across France.
The in-depth study of these works includes laboratory analysis at the
C2RMF (Centre for Research and Restoration of the Museums of France),
along with studies of each piece’s history, iconography, and style. A
comprehensive catalogue is scheduled for 2014, in conjunction with a
dedicated Study Day, yet to be arranged..
Études des terres cuites et des méthodes de taille des sculptures italiennes
de la Renaissance
Projet suivi par Marc Bormand
56
Depuis près de quinze ans, le département des Sculptures du
Louvre et le C2RMF mènent une vaste campagne d’études
et d’analyses sur les terres cuites émaillées des Della Robbia
et des Buglioni, ainsi que sur les terres cuites polychromées
italiennes de la Renaissance. Cette enquête explore notamment les très riches collections du Louvre et de nombreuses
collections publiques françaises (Paris, musée des Arts décoratifs, musée Jacquemart-André ; Sèvres, musée national de
Céramique ; Amiens, musée de Picardie ; Écouen, musée national de la Renaissance ; Nîmes, musée des Beaux-Arts ; Rouen,
musée des Antiquités de Seine-Maritime et musée des BeauxArts ; Saint-Omer, musée de l’Hôtel-Sandelin…) ou étrangères
(Florence, musée national du Bargello). Elle doit s’étendre prochainement à d’autres œuvres conservées à Lyon, au musée
des Beaux-Arts, et à Strasbourg, au musée des Beaux-Arts.
Les objectifs de ces recherches sont multiples :
– faire la part des œuvres authentiques et de celles plus tardives dans des ensembles parfois mal ordonnés ;
– caractériser les techniques et les savoir-faire, leur évolution
dans le temps, à travers l’étude fine des divers constituants de
l’œuvre : pâtes, glaçures, polychromies et dorures ;
– identifier les centres de création, regrouper l’ensemble des
œuvres attribuables à chaque artiste (par exemple, le Maître de
David et de Saint Jean) et suivre les étapes de la carrière d’artistes hors Toscane (Émilie, Lombardie, etc.) et hors Italie, particulièrement en France pour les Della Robbia ; ces recherches
devraient par ailleurs s’étendre à des œuvres provenant de
Lombardie ou d’émilie.
Le plus souvent possible, les protocoles d’étude ont fait appel aux regards croisés des conservateurs, des restaurateurs et
des physiciens et chimistes des matériaux à la fois en France
et en Italie, ce qui a permis dans un premier temps d’établir
une collaboration étroite entre spécialistes français et italiens.
Les méthodes d’analyses, micro- ou totalement non destructives, ont mobilisé, selon la nature des matériaux étudiés, plusieurs techniques : en premier lieu les analyses par faisceaux
d’ions (PIXE et PIGE) mises en œuvre sur les accélérateurs de
particules du C2RMF et de l’INFN (Istituto Nazionale di Fisica
Nucleare) de Florence, la microscopie électronique à balayage
(MEB), l’ICP-AES-ICP-MS en collaboration avec le Centre de
recherche pétrographique et géochimique de Nancy, et également les techniques de datation, thermoluminescence (TL)
Sculptures
et luminescence stimulée optiquement
(OSL) du C2RMF, radiographie et tomographie.
Les résultats, portant sur près de cent
œuvres, éclairent le haut niveau de technicité atteint par les artistes florentins de
la Renaissance, le parfait accord entre les
buts recherchés, les moyens et les matériaux mis en œuvre, notamment chez
les Della Robbia.
Le rapprochement des résultats donnés par la TL, l’OSL et l’analyse des matériaux a permis également de réévaluer
un certain nombre de pièces auparavant
dépréciées (par exemple TH38, œuvres
du Petit Palais) et parfois d’affiner les
datations de certaines autres, avant et
après 1520.
Parallèlement, un important travail de
restauration sur les collections, portant
sur plusieurs dizaines d’œuvres depuis
une vingtaine d’années et appuyé par
l’expérience accumulée précédemment,
a permis d’améliorer la connaissance
des techniques de fabrication, pour les
œuvres tant émaillées que polychromes.
Récemment, ce travail a conforté la place
majeure de la Madone Piot de Donatello
du Louvre par rapport à ses différentes
répliques ; il a aussi aidé à reconnaître
les éléments du « puzzle » composite en
Donatello, La Vierge adorant l’Enfant, dite Madone Piot, terre cuite, dorure, incrustations, département des
cent quatre-vingts pièces du retable de
Sculptures (R.F. 3967)
l’Ascension d’Andrea della Robbia, préalable indispensable à la mise en chantier
du Louvre et au C2RMF les 26 et 27 octobre 2011, rapprochant
de sa restauration.
les recherches menées par des historiens de l’art, celles des resCes études ont bénéficié de collaborations scientifiques avec
taurateurs et celles des chimistes et physiciens.
de nombreux musées italiens, en premier lieu le musée national du Bargello à Florence. Mais également avec l’Opificio
M. Bormand
delle Pietre Dure à Florence (centre national de restauration et
 Over the last 15 years, the Department of Sculpture and the C2RMF
d’analyses), le Victoria and Albert Museum à Londres, le Bode
(Centre for Research and Restoration of the Museums of France) have
Museum à Berlin, la National Gallery of Art de Washington
undertaken an extensive programme of study and analysis of Della Robbia
et des laboratoires et des universités françaises et étrangères.
and Buglioni glazed terracotta works, and Italian Renaissance polychrome
Dans ce cadre, une collaboration est en cours avec le Victoria
pottery. The programme covers the Louvre’s own ample collection and the
and Albert Museum sur deux masques funéraires appartenant
many public collections in France and abroad, and has involved researchers
à l’une et l’autre des collections.
from numerous museums, laboratories, and national and international
Les retombées sont multiples :
universities. Among the fruits of the programme is a comprehensive
– base unique de plusieurs milliers de données mise à dispodatabase accessible to researchers, along with many new published articles,
sition des chercheurs ;
various exhibitions of Della Robbia glazed terracotta, and dedicated Study
Days and symposiums.
– nombreuses publications dans des revues à rayonnement
international ; participation à des colloques ;
– exposition « Les Della Robbia » (Nice, musée national
Message biblique Marc Chagall, et Sèvres, musée national de
Céramique, 2001-2002) ou collaborations à des expositions
(« I Della Robbia. Il dialogo tra le Arti nel Rinascimento »,
Arezzo, Museo Statale, 2009 ; « Gian Francesco Rustici », Florence, musée national du Bargello, 2010) ;
– journées d’étude sur les matériaux (terres cuites émaillées)
des Della Robbia, Paris, C2RMF, en collaboration avec le musée
du Louvre et l’INFN de Gênes, 2009 (actes sous presse). Des
journées d’étude plus spécialement consacrées aux terre cuites
polychromées de la Renaissance sont programmées au musée
57
Travaux de recherche
Recherches autour du Maître
de Naumbourg
Projet suivi par Pierre-Yves Le Pogam
La participation du musée du Louvre à l’exposition qui doit se
tenir à Naumbourg en juin 2011 sur le Maître de Naumbourg
a non seulement conduit à approfondir la thématique traditionnelle des liens entre la sculpture gothique française et allemande dans la première moitié du xiiie siècle (des liens symbolisés par la confrontation sur l’affiche de deux chefs-d’œuvre,
le roi Childebert du Louvre et la reine Uta de Naumbourg),
mais également permis de revenir sur de nombreuses problématiques concernant la sculpture française à cette époque.
Ainsi, la question toujours ouverte de l’influence éventuelle de
la cathédrale de Reims sur divers grands chantiers allemands
(Bamberg, Mayence, Naumbourg, etc.) a fait reconsidérer la
chronologie du monument français, notamment pour ses parties orientales, qui sont les plus susceptibles d’avoir précédé les
cathédrales germaniques en cause. De même, les programmes
figurés de la Sainte-Chapelle parisienne et du chœur occidental de Naumbourg présentent des parallèles frappants ; mais
notre recherche tend à montrer qu’il s’agit plutôt là d’une
coïncidence ; le cycle français présente en effet une intention
qui n’a jamais été bien comprise. Enfin, si les jubés français
du xiiie siècle ont été victimes de destructions bien plus radicales que celles qui ont affecté leurs homologues allemands,
leur précocité et l’importance de leur décor sculpté obligent
à s’interroger sur leur éventuel rôle de modèle et amènent en
tout cas à en esquisser un tableau global qui fait encore défaut.
P.-Y. Le Pogam
 The Musée du Louvre’s participation in the “Le maître de Naumbourg”
exhibition scheduled on june 2011 in Naumburg, involved a more detailed
exploration the links between French and German Gothic sculpture,
epitomised by the comparison of two masterpieces: the statue of King
Childebert I in the Louvre, and the statue of Queen Uta in Naumburg,
which has facilitated a re-appraisal of many questions regarding French
sculpture during this period (work relating to Reims Cathedral and the
Sainte-Chapelle in Paris, and the importance of carved rood screens).
Recherches sur les sculptures
florentines du Quattrocento
Projet suivi par Marc Bormand
58
Alors que les sculptures florentines du Quattrocento constituent
l’un des ensembles les plus importants de la collection italienne
du département des Sculptures, leur mise en perspective sous
une forme plus large dans le cadre d’une exposition d’envergure
n’avait jusqu’à présent jamais été envisagée à Paris.
Les recherches en cours, en collaboration étroite avec le
musée national du Bargello à Florence, institution de référence sur le sujet, ont pour objectif d’analyser les thématiques
majeures qui déterminent la place de la sculpture florentine
dans l’éclosion et les premiers développements de la première
Renaissance.
Plusieurs thématiques sont actuellement au centre de ces
recherches : la place des artistes précurseurs de la Renaissance,
la mise en valeur d’une vision de l’Antiquité romaine à la fois
civile et chrétienne, le rôle de certains sujets comme les spiritelli, les modalités de développement de la perspective, le rôle
de nouveaux matériaux comme la terre cuite polychromée et
la terre cuite émaillée dans la diffusion de la beauté, la relation
avec les autres arts.
L’ensemble de cette recherche doit déboucher sur la présentation d’une exposition à Florence et à Paris en 2013.
M. Bormand
 Conducted in collaboration with the Museo Nazionale del Bargello in
Florence, this study aims to analyse the major themes that determine the
role of Florentine sculpture in the blossoming of the arts and the initial
developments of the early Renaissance, such as the role of artists who were
precursors of the Renaissance; the various phases in the development of
perspective; the role of new media and techniques such as polychrome and
glazed terracotta; and sculpture’s relationship with the other arts. This
research programme will culminate in an exhibition in Florence and Paris in
2013.
Autour des techniques des bronzes
français
Projet suivi par Geneviève Bresc-Bautier
À la suite de l’exposition consacrée aux bronzes français
au Louvre, à New York et à Los Angeles (2008-2009), un programme d’analyse de ces sculptures (alliage, noyau, patine,
observation interne, radiographie) a été poursuivi avec le
C2RMF (David Bourgarit, Thierry Borel), le J. Paul Getty
Museum (Jane Bassett) et l’université de Harvard (Francesca
Bewer), et avec la collaboration d’Antoine Amarger et Jean-Marie Welter. Il s’agit de définir les techniques de mise en œuvre,
leurs variations et les éventuelles influences ou spécificités en
fonction des époques, des lieux ou des ateliers. Ce programme
devrait aboutir à une journée d’étude en 2012 (Louvre, C2RMF). L’accent a été plus particulièrement mis sur les œuvres
de la Renaissance (Pilon, Prieur) et sur certains sculpteurs-fondeurs du xviie siècle (Bordoni, Keller). Les bronzes des départements des Sculptures et des Objets d’art ont, pour la plupart,
été étudiés. La recherche se poursuit grâce à la comparaison
avec des analyses effectuées aux États-Unis, en Angleterre et
dans divers musées de France.
G. Bresc-Bautier
 Following the exhibition of French bronzes at the Louvre, New York,
and Los Angeles (2008/09), a detailed analysis of these sculptures (alloys,
cores, patinas, endoscopic examination, and radiography) was carried out
with the C2RMF (Centre for Research and Restoration of the Museums of
France; David Bourgarit and Thierry Borel), the J. Paul Getty Museum (Jane
Bassett), and Harvard University (Francesca Bewer), in collaboration with
Antoine Amarger and Jean-Marie Welter. The programme aims to identify
the techniques used to make the bronzes, variations in these techniques,
and the possible influences and characteristics depending on the period,
place of fabrication, and the workshop.
Sculptures
Recherches sur Jean Antoine
Houdon et ses contemporains
ment de travail scientifique. L’INHA prévoit l’organisation d’un
conseil scientifique, de journées d’étude et d’un colloque.
G. Bresc-Bautier
Projet suivi par Guilhem Scherf
Dans le cadre d’une exposition organisée par le Liebieghaus de
Francfort et le musée Fabre de Montpellier (« Houdon. La sculpture sensible »), dont le commissariat et la rédaction du catalogue étaient assurés par Maraike Bückling et Guilhem Scherf,
ce dernier a effectué des recherches sur les matériaux utilisés
par Houdon et ses contemporains Lemoyne, Pigalle, Caffieri
et Pajou. Ont été analysées les différences stylistiques et les
modes opératoires de ces sculpteurs lorsqu’ils sont confrontés
à des matériaux différents (terre cuite, plâtre, marbre, bronze).
Les récentes investigations menées par le J. Paul Getty Museum
à Los Angeles sur les bronzes de Houdon, et par le Museum
of Art de Philadelphie sur les bustes de Franklin par le même
artiste, ont abouti à des conclusions spectaculaires, publiées ou
en cours de publication. Elles mettent en évidence le processus
d’élaboration d’une sculpture dans un matériau donné. Ces
études, pour le moment consacrées à Houdon, devraient être
élargies à d’autres sculpteurs actifs durant la seconde moitié du
xviiie siècle – l’exposition de Francfort a montré les enjeux de
telles recherches –, selon une approche aussi bien scientifique
que sensible, en collaboration avec le C2RMF et d’autres institutions à l’étranger.
G. Scherf
 In the framework of an exhibition organised by the Liebieghaus
Museum in Frankfurt and the Musée Fabre in Montpellier (entitled “Houdon,
La sculpture sensible”)—Maraike Bückling and Guilhem Scherf curated the
exhibition and compiled the catalogue, research were conducted on the
materials used by Houdon and his contemporaries Lemoyne, Pigalle, Caffieri,
and Pajou. Scherf analysed the stylistic differences and techniques of these
sculptors who used a variety of materials (terracotta, plaster, marble, and
bronze).
Catalogue des œuvres du musée des
Monuments français d’Alexandre
Lenoir (1795-1816)
Projet suivi par Geneviève Bresc-Bautier
L’Institut national d’histoire de l’art (INHA) et le département
des Sculptures mènent un programme scientifique consacré à
Alexandre Lenoir et au musée des Monuments français, institution révolutionnaire de premier plan, à l’origine de l’idée de
patrimoine. Le programme est dirigé par Béatrice de ChancelBardelot, pensionnaire à l’INHA, en collaboration avec le département des Sculptures (Geneviève Bresc, Angèle Dequier,
Pierre-Yves Le Pogam). Le département des Sculptures a, depuis
plusieurs années, commencé une base de données recensant
l’ensemble des œuvres. Leur origine, leur présentation au musée
des Monuments français – où elles sont souvent remontées dans
des monuments composites –, leur dispersion et leur localisation actuelle sont ainsi collectées. S’y ajoutent la bibliographie
et la référence aux catalogues édités par Lenoir. Dans l’avenir, la
numérisation de ces catalogues et de nombreuses reproductions
(tableaux, dessins, gravures) permettra de disposer d’un instru-
 The INHA (French National Institute of Art History) and the Department
of Sculpture are carrying out a scientific programme devoted to Alexandre
Lenoir and the Musée des Monuments Français. The programme is directed
by Béatrice de Chancel-Bardelot, a pensionnaire at the INHA, in collaboration
with the Department of Sculpture (Geneviève Bresc, Angèle Dequier, and
Pierre-Yves Le Pogam). The Department has set up a database of all the
works, which contains information about their origin, their presentation in
the Musée des Monuments Français, their dispersal and current location,
together with a bibliography and reference to the catalogues published by
Lenoir.
Le fonds photographique des
antiquaires Georges-Joseph
et Lucien Demotte
Projet suivi par Christine Vivet-Péclet
et Pierre-Yves Le Pogam
Le fonds des plaques de verre des antiquaires Georges-Joseph et
Lucien Demotte est entré au département des Sculptures dans
les années 1980. Il est constitué d’environ deux mille cinq cents
plaques de verre qui reproduisent les œuvres mises en vente
dans leurs deux galeries de Paris et de New York dans le premier quart du xxe siècle. Les œuvres vendues par ces antiquaires
sont essentiellement des sculptures et en majorité des œuvres
médiévales. Dès son arrivée, le fonds a été réinventorié et les
plaques ne concernant pas le domaine de la sculpture ont été
redistribuées aux départements concernés. Puis il a été procédé
aux tirages sur papier des plaques (deux mille photos). L’opération s’est ensuite arrêtée.
En 2009, il a été décidé de reprendre le traitement de ce fonds,
mais cette fois en créant une base de données qui permette d’indexer, d’identifier et de localiser les œuvres. Mille photos ont ainsi
pu être traitées. Dans le même temps, le Metropolitan Museum de
New York s’est livré à une opération de reconnaissance rapide des
œuvres, car il possède également un jeu de tirages photographiques
de ce fonds. L’opération actuellement menée au département des
Sculptures consiste à la fois à identifier précisément les œuvres et
à les mettre en relation avec la base de New York. En 2010, il a
été procédé à l’identification et à la localisation du reste du fonds,
soit un total de deux mille cinq cents plaques de verre. L’objectif à
terme est de créer une base de données en ligne qui pourrait être
enrichie par l’apport de différents musées et institutions possédant
des œuvres issues de ces antiquaires qui ont beaucoup vendu à travers le monde et en particulier aux États-Unis.
Ch. Vivet-Péclet
 In the 1980s the Department of Sculpture’s iconographic collection
was augmented with around 2,500 glass-plate negatives documenting
works (mainly medieval sculptures) sold by the art dealers Georges-Joseph
and Lucien Demotte at the beginning of the twentieth century. In 2009–10
the Department created a database, which lists, identifies, and locates the
works; in parallel, the Metropolitan Museum of Art in New York compiled
a similar archive of its own photographic images of this collection, for the
purpose of providing an online database that can be further updated with
information from other museums and institutions that acquired works from
these two art dealers in Paris and New York.
59
Travaux de recherche
Objets d’art
L
es projets de recherche engagés au département des Objets d’art suivent
plusieurs axes.
Dans le domaine de l’art médiéval, le rôle fédérateur du département au
sein d’un réseau international apparaît clairement avec la poursuite du catalogue de
l’œuvre de Limoges, dont le second corpus d’émaux méridionaux vient de paraître.
Un autre aspect de ce rayonnement international consiste en une collaboration
étroite avec le Courtauld Institute of Art en vue de la mise en ligne d’une base de
données recensant tous les ivoires gothiques connus.
L’exposition d’une ampleur exceptionnelle consacrée à la « Sainte Russie » a ouvert
un champ de recherche sans précédent, partagé avec de nombreuses institutions des
régions anciennes de ce grand pays.
Le département s’affirme aussi dans des domaines moins explorés, en liaison
étroite avec d’autres musées européens, grâce à la publication de deux nouveaux
catalogues raisonnés : celui des ivoires de la Renaissance et des temps modernes
révèle un fonds ancien méconnu, dû principalement à la curiosité des amateurs du
xixe siècle, tandis que celui de l’orfèvrerie du xixe siècle met l’accent sur une collection récente, fruit d’une politique d’acquisition volontariste orientée vers les plus
belles créations de l’argenterie parisienne.
Parallèlement, des campagnes d’analyses scientifiques sont menées en collaboration avec le C2RMF (Centre de recherche et de restauration des musées de France)
et des partenaires étrangers, afin de contribuer à une meilleure connaissance des
techniques utilisées et des pratiques d’atelier, telles que celles des verres à la façon
de Venise ou des céramiques à la manière de Palissy.
Un programme de recherche concernant le mobilier Boulle, mis en place
également avec le C2RMF et divers spécialistes extérieurs, s’inscrit dans le cadre du
vaste chantier des collections lancé en vue de la rénovation complète des salles du
mobilier du xviiie siècle. Ce chantier ambitieux offre plus globalement l’occasion de
réfléchir à une nouvelle muséographie, dans une volonté de transversalité partagée
avec plusieurs départements du musée – intégrant des peintures, sculptures, arts
graphiques et antiquités romaines – afin de faire mieux comprendre cet art de vivre
du siècle des Lumières.
M. Bascou
60
Objets d’art
 The activities of the Department of Decorative Arts cover several distinct areas of research.
In the field of medieval goldsmithing, for instance, the Department plays a federative role in the
coordination of an international network aimed at creating a comprehensive catalogue of the
Champlevé Limoges enamels, the second corpus of which has recently been published (July 2011).
In parallel the Department is working in close collaboration with the Courtauld Institute in London
to create an online database listing all the known Gothic ivories.
Meanwhile the major exhibition “Sainte Russie” (Holy Russia) opened up unprecedented
opportunities for shared research with many institutions in this great country’s former regions. The Department is also establishing itself in less explored areas, in close collaboration with other
European museums, through the publication of two new catalogues raisonnés: the catalogue of
Renaissance and Modern ivories reveals a little-known collection that was built up by nineteenthcentury connoisseurs; whereas the catalogue of nineteenth-century silverwork focuses on a recent
collection built up through an active acquisitions policy oriented toward the most beautiful pieces
produced by Parisian silversmith.
At the same time, the Department has conducted scientific analysis in collaboration with the
C2RMF (Centre for Research and Restoration of the Museums of France) and partners abroad, in
order to help improve knowledge of the techniques used and the practices of the workshops, such
as those relating to glass vessels produced “in the Venetian manner” and ceramics made “in the
manner of Palissy”.
A programme of research on Boulle furniture has also been initiated with the C2RMF and external
specialists, as part of a vast project to study the Louvre’s collections, with a view to the complete
renovation of the Museum’s eighteenth-century furniture rooms. More generally, this ambitious
project provides further input for the ongoing elaboration of a new concept of museographical
installation, by which there will be direct cross-referencing between certain Departments (e.g.,
paintings, sculptures, drawings, prints, and Roman antiquities), in order to better acquaint visitors
with the art of living in the Age of Enlightenment.
61
Travaux de recherche
Second volume du Corpus des émaux méridionaux : L’Apogée
Projet suivi par Élisabeth Antoine
Le Corpus des émaux méridionaux (CEM) a été entrepris sous la
direction de Marie-Madeleine Gauthier († 1998), qui consacra
son existence de chercheur à l’étude de ces émaux du Moyen
Âge. Le premier volume est paru en 1987 aux éditions du
CNRS. Il était consacré aux débuts de la production limousine à l’époque romane, et comprenait quelque trois cents notices longuement développées. À la mort de Marie-Madeleine
Gauthier, l’importance du projet et la somme des informations
déjà rassemblées incitèrent à créer une équipe pour la publication du second volume. Celle-ci s’est constituée sous l’égide
du département des Objets d’art, sous la direction de Danielle
Gaborit-Chopin puis d’Élisabeth Antoine.
Le second volume du CEM vient d’être publié par le Comité
des travaux historiques et scientifiques (CTHS) et les éditions
du Louvre. Il regroupe les émaux limousins exécutés entre 1190
et 1215. Ce tome comprend environ huit cent soixante notices
d’œuvres dispersées dans le monde entier, dans des collections
publiques ou privées, ou passées dans le commerce. Marie-Madeleine Gauthier l’avait intitulé L’Apogée, car il rassemble quelquesunes des créations les plus prestigieuses et les plus remarquables
de l’œuvre de Limoges, avant que l’aspect « sériel » ne domine.
Ce vaste chantier nous a amenés à constituer une équipe
internationale associant le musée du Louvre, le musée de
Cluny, le musée de Limoges (auquel Marie-Madeleine Gauthier
a légué toute sa documentation), de grands musées étrangers –
Ciboire de Maître Alpais (vue d’ensemble), département des Objets d’art
62
(MRR 98)
le Metropolitan Museum of Art de New York, l’Ermitage à SaintPétersbourg, l’Art Institute de Chicago, le Nationalmuseet de
Stockholm –, ainsi que les universités d’Oslo et de León.
Le nombre élevé des notices et des illustrations a imposé un
parti éditorial différent de celui du premier volume. L’ouvrage,
paru en juillet 2011, se compose en effet de deux éléments :
– un livre synthétique regroupant les textes introductifs aux
chapitres, et pour chaque chapitre une sélection de notices des
objets les plus représentatifs ;
– un DVD comprenant le catalogue proprement dit, c’est-àdire toutes les notices et toutes les illustrations.
Les œuvres ont été regroupées par chapitres typologiques –
châsses, crosses, reliures, etc. –, puis, si nécessaire, par iconographie à l’intérieur du chapitre, et enfin par ordre alphabétique des lieux de conservation.
La période étudiée correspond à d’importantes mutations
techniques telles que l’utilisation de têtes d’applique classicisantes fondues en série et l’abandon des fonds vermiculés
animés de fins rinceaux gravés et de figures émaillées au profit
des figures réservées dorées se détachant sur des fonds émaillés
où domine le célèbre bleu lapis de Limoges. Stylistiquement,
les premiers signes du style gothique se manifestent par des
drapés fluides et plus naturalistes.
Outre le ciboire d’Alpais, chef-d’œuvre de l’émaillerie
limousine, ce volume présente des séries d’œuvres caractéristiques du tournant entre roman et gothique, telles les châsses
de l’Adoration des Mages ou de Thomas Becket. Les réserves
eucharistiques adoptent des formes multiples, dont les plus
spectaculaires sont les colombes qui étaient suspendues audessus de l’autel, symbolisant la descente de l’Esprit saint. Les
chandeliers forment un groupe de transition vers les objets
profanes, assez peu nombreux pour cette période. Ceux de
la célèbre église d’Urnes (Norvège), conservés dans ses murs
depuis le xiiie siècle, montrent la très large diffusion de l’œuvre
de Limoges dans l’Occident tout entier.
Ce projet très ambitieux débouche donc sur une publication
longtemps attendue, qui sera un instrument de travail indispensable pour tous les médiévistes.
Les recherches menées ont permis de nouer des liens entre
différentes institutions au niveau international, qui se sont
déjà manifestés par les actions suivantes :
– une journée d’étude organisée en novembre 2008 par le
British Museum : « The Heritage of Maître Alpais », dont les
actes ont été publiés en décembre 2010 (communication
d’Élisabeth Antoine : « L’iconographie du ciboire d’Alpais.
Nouveaux points de vue et vieilles questions », p. 21-27) ;
– la journée d’étude organisée par l’INHA en mai 2009 sur l’actualité de la recherche dans le domaine des émaux méridionaux,
à laquelle six des auteurs du CEM 2 ont fait une communication
(actes parus aux Presses universitaires de Rennes en 2011) ;
– la participation d’Élisabeth Antoine au colloque organisé
en février 2010 au Victoria and Albert Museum à l’occasion de
la réouverture des salles médiévales et Renaissance (communication sur « Theme and Variations in the Oeuvre de Limoges
around 1200: The Question of Models ») ;
– l’accueil de chercheurs étrangers, telle Ekaterina Nekrassova, conservateur à l’Ermitage ;
Objets d’art
– la tenue d’une journée d’étude à
l’automne 2011, à l’occasion du lancement de la publication du tome 2, journée à laquelle les auteurs et les autres
spécialistes seront invités à communiquer.
Notre ambition est, avec cette parution, de relancer à partir du Louvre les
rencontres annuelles autour des émaux,
organisées jusqu’en 1997 par le British
Museum. Elles pourraient se tenir,
par roulement, en plusieurs lieux : le
Louvre, Limoges, et d’autres institutions
en fonction de l’actualité.
É. Antoine
 The study of medieval Champlevé Limoges
enamels, conducted by Marie-Madeleine Gauthier
(† 1998), led to the publication of an initial
volume of the Corpus des Emaux Méridionaux
(Corpus of Southern Enamels; 1987, Éditions du
CNRS): devoted to early enamel production in
Limoges in the Romanesque period. This volume
comprised around 300 entries.
The next phase of the study is focusing on
Châsse de saint Thomas Becket (vue d’ensemble), département des Objets d’art (OA 11333)
860 Limoges enamels produced between 1190
and 1215, dispersed in public and private
collections worldwide and on the art market. An
the National Museum of Fine Arts in Stockholm, and the universities of Oslo
international team was formed to carry out this work under the aegis of the
(Norway) and León (Spain).
Department of Decorative Arts, in collaboration with the Musée de Cluny,
This very ambitious project culminated in a publication in 2011, which
the Musée de Limoges, the Metropolitan Museum of Art, New York, the
will serve as an indispensable working tool for all medievalists.
State Hermitage Museum in Saint Petersburg, the Art Institute of Chicago,
Le mobilier Boulle
Projet suivi par Frédéric Dassas
Les travaux de recherche sur le mobilier Boulle concernent
d’une part la rédaction de la première partie du catalogue
raisonné des collections de mobilier, d’autre part les restaurations, en cours ou à venir. Ce double objectif explique les
orientations retenues : recherches documentaires sur l’histoire
de la collection du Louvre et les collections de mobilier Boulle
au xviiie siècle, recherches sur les œuvres elles-mêmes dans
le but de préciser les critères de datation et d’attribution, recherches sur les matériaux en vue de la définition de nouveaux
protocoles de restauration.
Recherche historique
L’une des particularités de la collection de mobilier Boulle
conservée au département des Objets d’art est la relative ancienneté de son entrée dans les collections nationales. Sur les
quarante-sept numéros que compte actuellement le projet de
catalogue, trente sont issus de saisies révolutionnaires. Un certain nombre de ces pièces ont été identifiées dans les collections du xviiie siècle. Le mobilier Boulle est en effet le seul à
être suffisamment référencé dans les documents de l’époque
pour pouvoir faire l’objet d’une recherche historique approfondie. De nombreuses contributions récentes, fruit du travail
de conservateurs ou d’experts, ont apporté des éléments significatifs enrichissant notre connaissance de l’histoire de ce type
de meubles au xviiie siècle. L’objectif de la recherche en cours
est d’arriver à un niveau de synthèse permettant d’inscrire
pleinement la collection du Louvre dans l’environnement de
son temps et d’établir de façon définitive le degré de certitude
– ou d’incertitude – auquel peuvent prétendre les identifications généralement retenues.
À ce jour, les recherches se sont portées dans trois directions : les catalogues de vente du xviiie siècle, les recherches sur
les collectionneurs et celles sur les saisies d’émigrés.
Les catalogues de vente du xviiie siècle
Le dépouillement complet des mentions de mobilier attribué à
Boulle dans les ventes du xviiie siècle a été entrepris en 2008 et
devrait être achevé au plus tard en 2012. Sur cent quatre-vingtquatorze ventes repérées comprenant des pièces de mobilier,
un tiers environ a été dépouillé, qui inclut la presque totalité
des ventes majeures.
Étude des commanditaires et des collectionneurs
La connaissance des collections de la seconde moitié du
xviiie siècle ne peut être approchée de façon satisfaisante que
par le croisement des informations issues des catalogues de
vente et de celles issues des dépouillements d’archives. Dans
un premier temps, le travail s’est limité à la collation et au
63
Travaux de recherche
consultation des cartons mise en route. Ce travail devrait être
achevé en 2011.
Le fruit de ces recherches a fait l’objet d’un cours dispensé
depuis l’automne 2008 à l’École du Louvre. Le cours a pris fin
au printemps 2011. Un état de la question aura été proposé à
cette occasion sur les points suivants :
– définition du corpus d’André Charles Boulle, étude des
critères d’attribution ;
– les ateliers contemporains d’André Charles Boulle ;
– les commanditaires contemporains d’André Charles
Boulle ;
– les liens entre le mobilier Boulle et l’évolution du décor
intérieur ;
– le mobilier « néo-Boulle » du xviiie siècle ; analyse typologique et stylistique, problèmes d’attribution ;
– les collectionneurs de mobilier Boulle dans la seconde moitié du xviiie siècle ;
– les saisies révolutionnaires et l’entrée des meubles attribués
à Boulle dans les collections nationales.
Attribué à André Charles Boulle, Cabinet, département des Objets d’art
(OA 5453)
dépouillement des documents de base que sont les scellés et
inventaires après décès, ponctuellement enrichis par les procès-verbaux des greffiers des Bâtiments du Roi lorsqu’ils étaient
aisément accessibles.
La recherche a porté sur les commanditaires et collectionneurs suivants : le Grand Dauphin, Claude Le Bas de Montargis, Pierre Gruyn, Pierre Thomé, Pierre Crozat, le président de
Machault, le duc de Bourbon, Jean de
Jullienne, Ange Laurent Lalive de Jully,
Augustin Blondel de Gagny, le marquis
de Marigny, Maximilien Radix de SainteFoy, le comte de Vaudreuil, Grimod de
La Reynière, le duc de Praslin.
Le nombre de références utiles de
mobilier Boulle dépasse à ce jour les six
cents items et constitue le corpus de
base à partir duquel la suite du travail
pourra se dérouler.
64
Les archives révolutionnaires
Les archives révolutionnaires permettent
de retracer l’histoire de l’entrée des collections de mobilier Boulle dans les collections nationales au fur et à mesure de
leur saisie au titre de biens des émigrés.
Le dépouillement le plus complet possible des cartons de la série F17 relatifs
à la Commission des monuments et la
Commission temporaire des arts a été
entrepris en 2009. Les inventaires ont
été systématiquement dépouillés et la
Recherche scientifique et technique
Ces travaux de recherche sont menés en collaboration avec le
C2RMF et avec la participation d’intervenants extérieurs (université Paris I Sorbonne, Institut national du patrimoine [INP],
laboratoire Valectra, Laboratoire d’expertise du bois et de datation par dendrochronologie).
Les études visent essentiellement à la caractérisation des matériaux et des techniques de mise en œuvre, afin d’enrichir le
corpus de données susceptible d’aider à la datation et à l’attribution :
– étude des bois et des assemblages : examens de dendrochronologie, relevés des traces d’outils, schémas de construction ;
– étude des métaux (bronzes, laitons et étains) : détermination de la composition des alliages (ce programme bénéficie
d’un mécénat de compétence de la Fondation EDF – laboratoire Valectra) ;
– étude des marqueteries : relevés comparatifs.
Attribuée à André Charles Boulle, Bibliothèque, département des Objets d’art (OA 5459)
Objets d’art
Collaboration au Gothic Ivories
Project (2008-2011)
Projet suivi par Marie-Cécile Bardoz
Attribuée à André Charles Boulle, Commode, département des Objets d’art
(OA 5477)
Protocoles de restauration
La définition de protocoles de restauration doit tenter de répondre à plusieurs questions : la consolidation des collages et
les protections de surface nécessaires pour prévenir les soulèvements récurrents dans les marqueteries et la corrosion des
laitons et étains, enfin le degré de nettoyage des bronzes dorés.
Collage des marqueteries
La fragilité principale des meubles ornés de marqueterie de
métal consiste dans le défaut d’adhérence de cette dernière. La
recherche porte à la fois sur la détermination de la nature des
colles anciennes et sur le choix de la colle la mieux adaptée
aux contraintes de conservation actuelles.
Corrosion des laitons et étains
L’objectif de la recherche est de mettre au point une technique
permettant d’éviter toute intervention abrasive susceptible
d’endommager la gravure des parties métalliques des marqueteries. Les essais effectués au cours de l’année 2011 devront
permettre de choisir une technique plus neutre.
Protection de surface
La recherche porte à la fois sur la détermination des protections de surface anciennes et sur le choix d’une protection
adaptée à la conservation de la collection. Le choix entre les
différentes formules qui ont fait l’objet de tests et d’essais de
vieillissement, de la simple cire aux vernis à la gomme-laque,
sera fait au cours de l’année 2011, à partir des résultats obtenus
et au regard des exigences du département tant du point de
vue esthétique que de la conservation des œuvres.
Nettoyage des bronzes
Un protocole de nettoyage des bronzes à la vapeur a été expérimenté. Il est en cours de validation.
F. Dassas
 The research on Boulle furniture involves the compilation of the first part
of a comprehensive catalogue of the Louvre furniture collections and a
specific campaign of restoration. This twofold objective explains the approach
that was taken: documentary research on the history of the Louvre collection
and the eighteenth-century collections of Boulle furniture, research on this
luxury furniture with the aim of clarifying dating and attribution criteria, and
research on the materials with the aim of defining new restoration protocols.
Ce projet, lancé en 2008 par le Courtauld Institute of Art,
consiste à référencer les ivoires gothiques conservés dans les
collections publiques et privées du monde entier dans une base
de données documentaire consultable gratuitement sur Internet
(une image par œuvre et un cartel descriptif succinct comprenant une datation, un historique, un état et une bibliographie).
La collaboration des grandes institutions muséales européennes a été sollicitée. Ainsi, le musée du Louvre et le musée
de Cluny pour la France, le British Museum et le Victoria and
Albert Museum pour le Royaume-Uni, ont donné accès à leurs
ressources documentaires (dossiers d’œuvres, photographies).
Les deux cent dix-huit notices concernant les ivoires gothiques
du musée du Louvre ont été relues, corrigées et validées en
2010 par le département des Objets d’art.
Une première mise en ligne, partielle, a été effectuée en
décembre 2010 : elle concerne les collections d’une trentaine
d’institutions, sur la centaine de celles qui collaborent au projet. Les notices du Louvre seront versées dans la base courant
2011. Le Courtauld Institute assure l’enrichissement et la mise
à jour périodique de la base ; celle-ci est consultable à l’adresse
suivante : http://www.gothicivories.courtauld.ac.uk/
M.-C. Bardoz
 This project, launched in 2008 by the Courtauld Institute of Art
(London), will list Gothic ivories held in public and private collections around
the world in a widely accessible database on http://www.gothicivories.
courtauld.ac.uk/. An initial database of some of the ivories was made
available online in December 2010, containing works from the collections of
around thirty of the one hundred institutions collaborating on the project.
The Louvre’s entries will be placed in the online database in 2011.
Les verres émaillés vénitiens
de la Renaissance
Projet suivi par Françoise Barbe
Le projet, lancé en 2009 par Isabelle Biron (C2RMF), Marco
Verita (Laboratorio di Analisi dei Materiali Antichi, Venise)
et Rosa Barovier, se concentre sur la production des verres
émaillés vénitiens, alors que, jusqu’à présent, seul le matériau
« verre » a été étudié. La prise en compte des émaux colorés
qui le décorent permet de mettre en place un axe de recherche
précis et pertinent, centré sur le large répertoire des verres
émaillés traditionnellement attribués aux ateliers de Venise de
la fin du xve et du xvie siècle. Cette étude devrait permettre non
seulement de distinguer les verres vénitiens de ceux produits
dans d’autres centres « à la façon de Venise », mais encore d’apporter des précisions d’ordre chronologique quant à l’usage
de certains matériaux. Par ailleurs, l’authenticité des grandes
coupes bleues, à riches décors dorés et émaillés, a parfois été
remise en cause. Les premières analyses montrent que l’une de
ces magnifiques pièces, conservée au Louvre, est authentique,
relançant ainsi le débat sur la validité des critères scientifiques
et stylistiques discriminants.
F. Barbe
65
Travaux de recherche
 This project, which was initiated in 2009 by researchers from the
C2RMF and the Laboratorio di Analisi dei Materiali Antichi (Laboratory for
the Analysis of Ancient Materials) in Venice, is focusing on Venetian
enamelled glass vessels. The study will enable researchers to distinguish
between glass vessels of Venetian origin and those produced “in the
Venetian manner” in other centres. It will also enable them to establish a
precise chronology of the use of certain materials, and deal with questions
of authenticity. The first analyses have reopened discussions on the validity
of distinguishing scientific and stylistic criteria.
Les céramiques de Bernard Palissy
et ses continuateurs
Projet suivi par Françoise Barbe
Depuis les fouilles effectuées aux Tuileries dans les années
1980, le C2RMF est étroitement associé à l’étude des fragments
de céramique de l’atelier de Bernard Palissy. La richesse de
ces matériaux archéologiques et la grande variété des pièces
de musée traditionnellement attribuées à Bernard Palissy ou
à ses « continuateurs », qui suscitent de nombreuses interrogations quant à leur lieu et leur période de fabrication, justifient pleinement la poursuite des analyses physico-chimiques
par le C2RMF en étroite relation avec les études stylistiques
et historiques conduites notamment au musée du Louvre, au
musée national de la Renaissance d’Écouen et à la Cité de la
céramique de Sèvres.
Les axes de recherche actuels sont les suivants :
– la production propre de Bernard Palissy et de son atelier ;
– les pièces à décor de « rustiques » dans la suite de Palissy
(fin du xvie et début du xviie siècle), et leur distinction d’avec les
copies et les faux du xixe siècle ;
– les objets traditionnellement attribués aux ateliers de poterie de Fontainebleau, dits d’Avon ;
– les pièces ornées de décors exécutés par moulage, peut-être
produites en Normandie (Pré-d’Auge, Lisieux, Manerbe).
F. Barbe
 Since the archaeological investigations in the Tuileries in the 1980s,
the C2RMF has been closely involved in the study of ceramic fragments
from the Bernard Palissy workshop. The archaeological material and the
pieces held in museums, which are traditionally attributed to Palissy or his
“continuators”, raise many questions about their place and period of
fabrication.
The physical-chemical analyses conducted at the C2RMF are continuing
in conjunction with stylistic and historical studies in the Musée du Louvre,
the Musée d’Écouen, and the Cité de la Céramique de Sèvres.
Projet de catalogue raisonné du
mobilier de la fin du Moyen Âge,
de la Renaissance et de la première
moitié du xviie siècle
Projet suivi par Agnès Bos
66
La collection de meubles du musée du Louvre est riche d’environ cent cinquante pièces, qui illustrent de façon relativement
exhaustive la création des menuisiers et les débuts de l’ébéniste-
rie aux époques concernées : dressoirs, coffres, armoires, chaires
et tables, mais aussi quelques éléments de mobilier liturgique. Si
l’origine géographique de ces meubles est essentiellement française, il s’y ajoute toutefois un petit nombre de pièces italiennes.
Bien que certains meubles, comme l’armoire attribuée à
Hugues Sambin, soient depuis longtemps connus et publiés,
beaucoup d’entre eux n’ont jamais fait l’objet d’une étude approfondie. Des campagnes de constats d’état détaillés sont en
cours avec une restauratrice afin de faire un bilan sanitaire de
la collection et d’obtenir des informations sur la structure des
meubles. Ces constats devront être complétés par des analyses
scientifiques (dendrochronologies, radiographies…) afin de préciser, pour certaines pièces, leur datation, mais aussi d’approcher de façon plus fine les conditions et les aspects matériels de
la mise en œuvre du bois. Un partenariat avec le C2RMF est en
cours d’élaboration pour la réalisation de ces analyses.
A. Bos
 The Louvre’s collection of furniture dating from the end of the Middle
Ages, the Renaissance and the first half of the seventeenth century
comprises around 150 items, which are largely of French manufacture, and
exemplify the work of joiners and the beginnings of cabinetry. The studies
will be based on detailed reports of each piece’s state of conservation and,
in some cases, will entail both dendro-chronological and radiographic
analyses, performed in collaboration with the C2RMF.
L’ordre du Saint-Esprit : étude des
éléments textiles (xvie-xixe siècle)
Projet suivi par Agnès Bos
De l’ordre du Saint-Esprit fondé en 1578 par Henri III, le musée
du Louvre conserve, outre le trésor proprement dit, de nombreux éléments textiles : ornements de la chapelle pour les
cérémonies de l’ordre, manteaux des grands officiers datant
d’avant la Révolution, manteaux et éléments d’habits confectionnés à la Restauration. Un manteau prérévolutionnaire a
été restauré par la restauratrice Antoinette Villa à l’occasion de
son prêt à l’exposition « Fastes de cour et cérémonies royales.
Le costume de cour en Europe 1650-1800 », au château de
Versailles en 2009. Cette opération fut l’occasion d’observations détaillées sur la technique de broderie, complétées par
des analyses des fils métalliques effectuées par Dominique de
Reyer (Laboratoire de recherche des Monuments historiques
[LRMH]). Cette première étape doit être prolongée par la restauration et l’étude des autres manteaux prérévolutionnaires
conservés au musée du Louvre, mais aussi par le rapprochement avec un manteau daté avec certitude des années 16751676, remis au roi de Pologne Jean III Sobieski, conservé au
château de Wawel à Cracovie. Cette étude doit aboutir à terme
à une publication.
A. Bos
 The Louvre has some exceptional textiles from the prestigious Order
of the Holy Spirit, founded by King Henry III of France in 1578. These
include chapel ornaments for the Order’s ceremonies, the mantles of the
Grands Officiers prior to the Revolution, and mantles and clothing items
produced under the Bourbon Restoration. The conservation requirements
of one of the mantles have led to detailed studies of the embroidery
technique, complemented by analyses of the metallic threads.
Objets d’art
Études des ivoires de la Renaissance
et des temps modernes
Catalogue raisonné des collections
d’orfèvrerie du xixe siècle
Projet suivi par Philippe Malgouyres
Projet suivi par Anne Dion-Tenenbaum
Ivoires de la Renaissance et des Temps modernes. La collection du
musée du Louvre marque l’achèvement de l’étude menée ces dix
dernières années sur une collection restée pratiquement inédite. Ces recherches ont bénéficié de contacts réguliers avec
les collègues responsables de collections similaires, à Londres,
Berlin, Dresde, Munich et Vienne.
Ce catalogue raisonné recense trois cents œuvres de la fin
du xve siècle jusqu’au milieu du xixe siècle et comprend également des œuvres qui ont depuis été transférées vers d’autres
collections ou inscrites pour ordre sur nos inventaires. Nous en
avons souhaité l’organisation thématique puis chronologique.
Cette attitude maximaliste a été dictée par le désir de reconstituer aussi l’histoire de cet ensemble, fruit de la libéralité des
collectionneurs plus que d’une politique d’achats. L’ouvrage
fournit ainsi une référence en français dans ce domaine dominé par les études anglo-saxonnes.
Ce volume vient clore la publication des ivoires du département des Objets d’art, dont le premier volume, consacré aux
ivoires médiévaux, est paru en 2003.
P. Malgouyres
Il importait de remettre à jour le dernier catalogue de l’orfèvrerie moderne du département des Objets d’art du musée du
Louvre, qui datait de 1958, alors que la politique d’acquisition menée ces trente dernières années, grâce à l’impulsion de
Daniel Alcouffe, s’était attachée à enrichir la collection de
pièces de la première moitié du xixe siècle. La collection du
musée du Louvre est aujourd’hui l’une des plus complètes,
reflétant tous les courants qui se succèdent du néoclassicisme
à l’éclectisme.
Le catalogue raisonné, classé par ordre alphabétique d’orfèvres, comprend environ cent vingt numéros, comptant des
ensembles parfois importants, tels que des nécessaires ou des
services. Certains orfèvres, comme Biennais, Lebrun, FromentMeurice, ou encore Christofle grâce aux versements du ministère des Finances, sont particulièrement bien représentés.
Le catalogue est assorti d’un répertoire de notices biographiques des orfèvres cités, fondées sur des recherches d’archives
et livrant des renseignements inédits. Il devrait ainsi constituer
un ouvrage de référence sur l’orfèvrerie du xixe siècle.
A. Dion-Tenenbaum
 The comprehensive catalogue of the Louvre’s Renaissance and Modern
Ivories is the culmination of a ten-year study on a hitherto practically
unknown corpus of artefacts. The catalogue contains three hundred works,
dating from the end of the fifteenth century to the middle of the nineteenth
century, and entries are organised by theme, then chronologically. It also
details the history of this collection, which was built up more through the
generosity of collectors than through acquisitions. It serves as a Frenchlanguage reference work in a field which is otherwise dominated by studies
in English. This volume completes the publication in 2003 of the collection
of medieval ivories in the Department of Decorative Arts.
 The collection of nineteenth-century silverware in the Department of
Decorative Arts has been considerably enriched over the last thirty years.
Hence the need to publish a comprehensive catalogue of this collection
that serves as a reference work, and includes the silver table service from
the Napoleon III apartments. The catalogue comprises around 120 items,
and comprises a list of biographical entries.
67
Travaux de recherche
Peintures
L
e rayonnement international du département des Peintures pour ce qui
concerne les travaux de recherche entrepris à l’initiative de ses personnels
scientifiques a été revivifié depuis quelques années grâce à la mise en place
de réseaux de recherche et de journées d’étude, instruments de rencontres et de
dialogues entre des spécialistes de plusieurs pays.
Ainsi le recensement des peintures françaises et néerlandaises du xvie siècle a-t-il
par exemple favorisé la mise en place d’un réseau de recherche sur cette époque,
tandis que se mettaient en place les journées d’étude consacrées à Rembrandt,
Watteau, Léonard ou Raphaël qui ont permis la création de réseaux de chercheurs
dédiés à ces artistes.
Autre conséquence de cette politique, la mise en ligne des bases de données
concernant les écoles américaine (base La Fayette) et anglaise (base D’Outre-Manche)
a été suivie en 2010 du lancement de la base Gracia, recensant l’art espagnol.
Parallèlement à ces nouveaux axes de travail, le département des Peintures
poursuit sa politique de publication de catalogues sommaires de ses collections ;
après l’école italienne, puis les écoles flamande et hollandaise, le solde des écoles
étrangères (allemande, anglaise, espagnole, danoise, suisse, etc.) est à présent prêt
pour publication.
Par ailleurs, la préparation des expositions prévues pour les prochaines années a
entraîné des recherches importantes, souvent menées en partenariat avec le Centre
de recherche et de restauration des musées de France (C2RMF), portant sur Léonard
de Vinci, Raphaël, Giotto, Delacroix ou Rubens.
Enfin, il convient de rappeler que les différentes activités d’un département
patrimonial – acquisitions, restaurations, préparations d’accrochages, diverses
publications – engendrent tout un lot de recherches consacrées aussi bien aux
collections du musée du Louvre qu’à celles de musées en régions.
V. Pomarède
68
 The Department of Paintings’ international reach in terms of the projects initiated by its
research staff has been strengthened over the last few years through the introduction of networks
and reference forums titled “Study Days”, devised to enable specialists from various countries to
meet and discuss topical issues.
One example of this activity is the completion of a new inventory of sixteenth-century French
and Dutch paintings, which has contributed to the creation of a research network focusing on this
period, and a series of Study Days on Rembrandt, Watteau, Leonardo, and Raphael, with relative
research networks specific to these artists.
The launch of the online databases of the American (La Fayette Database) and English Schools (the
Outre-Manche database), led to the creation of the GRACIA database of Spanish art, effective since 2010.
In parallel with these new areas of activity, the Department of Paintings is pursuing its policy of
publishing catalogues sommaires of its collections. Following the catalogues of the Italian, Flemish,
and Dutch Schools, catalogues of all the remaining foreign Schools (German, English, Spanish,
Danish, Swiss, etc.) are now ready for publication.
The preparation of exhibitions scheduled for the coming years has led to other major research
programmes, often conducted in partnership with the C2RMF (Centre for Research and Restoration of
the Museums of France) and focusing on Leonardo da Vinci, Raphael, Giotto, Delacroix, and Rubens.
Lastly, it is important to note that a cultural heritage department’s various activities—acquisitions,
restoration work, exhibition preparation work, and various publications—generate daily research
on the Louvre’s collections and those in regional museums.
Peintures
Journées d’étude autour de la collection de peintures de Raphaël et de son atelier
Projet suivi par Vincent Delieuvin
En vue de l’exposition consacrée aux dernières années de
Raphaël, organisée en 2012 en collaboration avec le musée du
Prado et avec le commissariat scientifique de Paul Joannides et
Tom Henry, une nouvelle étude des tableaux du maître a été
lancée fin 2008.
Le Louvre possède un ensemble remarquable de seize œuvres
peintes par Raphaël et son cercle, d’une grande diversité thématique (portraits d’apparat et portraits intimes, grands tableaux d’autel et petites peintures de dévotion privée), posant
souvent de difficiles problèmes d’attribution entre le maître et
les membres de son atelier. À côté de chefs-d’œuvre entièrement autographes comme le Portrait de Baldassare Castiglione,
en très bel état de conservation, les quatre tableaux envoyés
à la cour de François Ier en 1518 présentent en effet des différences d’exécution, liées à la participation plus ou moins
importante de l’atelier. Afin d’enrichir les comparaisons, les
œuvres de la période mantouane de Giulio Romano ont aussi
été prises en compte.
Pour tenter d’aider ce travail de connoisseurship, il a été décidé de réexaminer au laboratoire du C2RMF toutes ces peintures, afin de renouveler les informations obtenues lors de la
précédente campagne d’étude menée à l’occasion de la grande
rétrospective de 1983. Le nombre et la qualité des examens se
sont en effet considérablement accrus, notamment la réflectographie infrarouge, très performante depuis la récente acquisition de la caméra Osiris. Un travail similaire a été entrepris par
le musée du Prado sur sa riche collection, ce qui a permis de
multiplier les comparaisons entre les œuvres.
L’ensemble des résultats obtenus a été présenté à un groupe
de trente spécialistes lors de deux journées d’étude, les 18 et
19 octobre 2010. La première journée s’est d’abord consacrée à l’analyse croisée de trois retables tardifs de Raphaël et
de son atelier conservés au Louvre et au Prado : la Madonna
della Quercia, La Perla et la Grande Sainte Famille de François Ier.
Étonnamment, cet examen a révélé des procédés diversifiés
de mise en œuvre de la composition, laissant soupçonner une
utilisation différente des dessins préparatoires. La journée s’est
ensuite concentrée sur le problème de l’état de conservation
des peintures transposées de bois sur toile. Plusieurs tableaux
de Raphaël ont en effet été transposés dès la seconde moitié du
xviiie siècle, et plusieurs autres, prélevés en Europe (la Madone
de Foligno du Vatican ou le Spasimo di Sicilia du Prado), ont
connu en France le même traitement jugé alors salutaire. Le recoupement des études scientifiques sur tous ces tableaux transposés, aujourd’hui conservés dans des institutions différentes,
s’avère essentiel pour comprendre l’évolution des techniques
de transposition en France depuis le milieu du xviiie siècle,
et pour appréhender au mieux les restaurations futures. À
ce titre, le cas du Grand Saint Michel a été abordé : quelques
tests d’allègement de vernis ont été présentés, et l’état correct
de l’œuvre a pu être constaté, excepté la partie inférieure de
l’ancienne planche gauche. Le projet de restauration, soutenu
par tous les experts, pourrait commencer après l’exposition. La
seconde journée s’est déroulée dans les salles du musée avec les
tableaux décrochés et décadrés. Chacun a été étudié par observation directe et avec l’aide des dernières images scientifiques
projetées sur écran.
Journées d’étude Raphaël (séance du 19 octobre 2010), Saint Michel terrassant
le démon (INV. 610)
La richesse des informations fournies par l’imagerie scientifique nécessite désormais une analyse plus fine. Les réflectographies infrarouges ont livré par exemple d’intéressants
rapprochements avec certains des dessins préparatoires, dont
l’attribution est aussi débattue que celle des peintures. Pour
mieux comprendre la diversité des procédés d’exécution rendue évidente à travers toutes ces études, il s’avère indispensable
de les comparer aux résultats obtenus sur d’autres œuvres,
notamment celles conservées au musée de Capodimonte, où
l’intervention de l’atelier est manifeste. Ces deux journées ont
suscité un grand enthousiasme et plusieurs collègues, dont
ceux de Naples, ont proposé de procéder à des examens sur
leurs œuvres et d’en présenter les résultats lors de la journée
d’étude publique organisée au Louvre le 25 juin 2011.
V. Delieuvin
 A new study of the remarkable set of sixteen works painted by Raphael
and his circle was launched at the end of 2008, ahead of an exhibition
devoted to the master’s later years, scheduled for 2012. Since the last study
was conducted for the grand retrospective in 1983, the investigations have
become more sophisticated, particularly the infrared reflectography with
the recent acquisition of an Osiris camera. The Museo Nacional del Prado
(Madrid) has conducted similar studies, enabling more comparisons to be
made between the works.
All the results were presented to a group of specialists during the Study
Days of 18 and 19 October 2010. The first day was devoted to the analysis
of three late retable paintings by Raphael and his atelier, held in the Louvre
and the Prado: the Madonna della Quercia, La Perla, and The Holy Family of
Francis I. The analysis revealed that a variety of processes was used to
produce the composition, indicating that the preparatory drawings may
have been used for a different purpose. The second part of the day focused
on the problem of the state of conservation of paintings that have been
transferred from wood to canvas. The project to restore St Michael Slaying
the Devil—after a presentation of the work’s condition and varnish removal
tests—was approved by all the experts and will begin after the exhibition.
The second day was spent in the Museum’s exhibition rooms looking at
paintings that had been taken down and their frames removed. Each
painting was studied through direct observation, and with the use of the
latest scientific images projected on a screen.
Following these Study Days, several colleagues including those from
Naples, offered to conduct investigations on their own works and present
the results on the public Study Day organised at the Louvre on 25 June 2011.
69
Travaux de recherche
La base de données La Fayette
Projet suivi par Guillaume Faroult
70
l’École nationale supérieure des beaux-arts à Paris. L’institution
La base de données « La Fayette. L’art des États-Unis dans les
conserve en effet un nombre appréciable de projets de la main
collections publiques françaises (1620-1940) » est un catalogue
des artistes américains étudiant à l’École des beaux-arts dans la seen ligne des œuvres d’art des États-Unis (peintures, sculptures,
conde moitié du xixe siècle. Une enquête spécifique a en outre été
objets d’art, œuvres graphiques) conservées dans les collections
publiques françaises qui a été entrepris à l’initiative d’Olivier
menée sur les colonies d’artistes américains à la fin du xixe siècle
Meslay, alors conservateur au département des Peintures, et
en Bretagne, en Normandie et auprès de maîtres charismatiques
dont la première mise en ligne remonte au 13 juin 2006. Cette
tel le sculpteur Auguste Rodin. Enfin, un grand effort a été fait
vaste entreprise a été soutenue par la Terra Foundation for Amepour obtenir les droits de reproduction auprès de certaines instirican Art et The Henry Luce Foundation. Depuis cette date, la
tutions et particulièrement auprès du musée d’Orsay, qui a bien
base a été régulièrement actualisée et une dernière campagne
voulu nous permettre d’illustrer sur notre base son fonds excepde collecte d’informations, de photographies et d’études des
tionnel de façon bien plus importante qu’auparavant.
œuvres sur le terrain a été entreprise de janvier à mai 2010 par
Au terme de cette aventure qui a été menée sur plus de cinq
Marie-Alice Loiseau sous la direction de Guillaume Faroult.
années, le catalogue La Fayette permet désormais de mesurer
Pour la première fois était proposée à un vaste public d’inl’importance et, dans certains domaines ou pour certaines
ternautes (aussi bien les spécialistes du domaine qu’un public
périodes chronologiques comme la fin du xixe siècle, la riplus large) la vision la plus complète possible du vaste fonds
chesse d’un pan jusqu’à présent très méconnu des collections
d’œuvres conservées dans les collections publiques françaises
publiques françaises.
et exécutées aux États-Unis ou par des artistes originaires
G. Faroult
des États-Unis depuis la fondation de la colonie au début du
xviie siècle et jusqu’à la veille de la Seconde Guerre mondiale.
 The database entitled La Fayette. L’art des Etats-Unis dans les collections
publiques françaises (1620–1940) (Art from the United States in French
Pour chaque œuvre est proposée une fiche individuelle préciPublic Collections (1620–1940)) is an online catalogue of American works
sant ses titre, technique, dimensions, numéro d’inventaire, hisof art (paintings, sculptures, objets d’art, prints and drawings) held in
torique, mode d’acquisition, bibliographie et, chaque fois que
French public collections. It was set up on the initiative of Olivier Meslay,
les droits de reproduction le permettent ou que l’image existe,
who was at the time a curator in the Department of Paintings, and first
le lieu où elle est reproduite ; le lieu de conservation est préappeared online on 13 June 2006. This massive undertaking was supported
cisé, avec un lien externe vers le site Internet de l’institution.
by the Terra Foundation for American Art and The Henry Luce Foundation.
Le catalogue présente désormais plus de mille sept cents œuvres
Since that date, the database has been regularly updated and the last
diverses, dont mille deux cents sont illustrées. Cet outil permet
initiative to collect information and photographs, and conduct in-the-field
de prendre la mesure de ce pan méconnu du patrimoine public
studies of works was carried out in January to May 2010 by Marie-Alice
Loiseau, under the direction of Guillaume Faroult.
français tout en offrant la possibilité d’étudier et de découvrir
For the first time, the site offered a large number of Internet users
l’art américain, qui est souvent peu pris en compte en dehors
(specialists and the wider public) the chance to view the largest possible
des États-Unis, surtout pour ce qui concerne les périodes les plus
number of works held in the vast French public collections. They were
anciennes, antérieures à 1850. La base La Fayette permet ainsi
produced in the United States or by artists originating from the United
d’identifier les fonds d’œuvres d’art américaines du musée du
Sates from the foundation of the artist’s colony in the seventeenth century
Quai Branly (avec un ensemble important de peintures indiennes
to just before World War II.
du peintre George Catlin commandées par le roi Louis-Philippe
dès 1846) ou du musée du Louvre (avec quatre peintures de
Gilbert Stuart, Benjamin West et Thomas
Cole, de la fin du xviiie siècle ou de la première
moitié du xixe siècle) à Paris mais aussi du
musée de la Coopération franco-américaine à
Blérancourt ou du musée du Nouveau-Monde
à La Rochelle. Mais c’est surtout au musée
d’Orsay (avec plus de deux cents œuvres)
que la collection est particulièrement riche
et significative, car, dès la seconde moitié du
xixe siècle, les artistes américains affluèrent à
Paris pour faire leur apprentissage ou exposer,
incitant l’administration française à procéder
à un nombre appréciable d’achats, voire de
commandes à certains créateurs de premier
plan tels Whistler, Homer ou Sargent, pour
ne citer que quelques peintres.
Lors de la dernière campagne d’actualisation
de la base de données, un effort particulier a
été consacré à l’étude de l’important fonds
d’œuvres (graphiques notamment) conservé à
Page d’accueil de la base de données La Fayette
Peintures
Nouvelle édition du Catalogue
des peintures françaises du musée
du Louvre
Projet suivi par Élisabeth Foucart-Walter
La plupart des conservateurs chargés de la peinture française
travaillent sous la direction d’Élisabeth Foucart-Walter à la
mise à jour de ce catalogue, dont la dernière édition remonte à
1986. Si les œuvres des artistes nés après 1820, qui sont exposées depuis décembre 1986 au musée d’Orsay, ne doivent plus
y être prises en compte, en revanche y figureront toutes les acquisitions (achats, dons, retours de dépôt…) effectuées depuis
cette date, ce qui porte le nombre des tableaux catalogués à
près de trois mille cinq cents. Comme dans les autres volumes
de la nouvelle édition du catalogue sommaire des peintures
du musée du Louvre (2007 pour les peintures italiennes, 2009
pour les peintures flamandes et hollandaises, 2011 pour les
peintures espagnoles, anglaises, allemandes, autrichiennes,
scandinaves et diverses), l’origine des œuvres et la bibliographie ont été enrichies par rapport aux catalogues plus anciens.
Autre innovation, les notices sont réparties en sections chronologiques correspondant aux grandes périodes de l’histoire
de la peinture, et non plus classées par ordre alphabétique.
É. Foucart-Walter
 A majority of the curators of the Louvre’s French painting division are
working under the direction of Elisabeth Foucart-Walter on updating this
catalogue, last published in 1986. All the acquisitions made since that date
will appear in the new edition. The range and quality of the works (around
3,500) and the bibliography have been augmented relative to previous
catalogues. The entries will be arranged in chronological sections corresponding to the main periods in the history of painting, and will no longer
be in alphabetical order.
Coordination éditoriale du Catalogue
des peintures espagnoles, anglaises,
allemandes, autrichiennes, scandinaves
et diverses
Projet suivi par Élisabeth Foucart-Walter
Ce nouveau catalogue (le précédent remonte à 1981), qui fait
suite au volume de l’école italienne (paru en 2007) et à celui
des écoles flamande et hollandaise (paru en 2009), est conçu
de la même manière que ces deux derniers, soit, pour chaque
peinture, une notice illustrée pourvue d’un historique approfondi et d’une sélection des principales références bibliographiques. Le nombre de tableaux catalogués s’élève à cinq cent
trente-cinq numéros. Les notices qui avaient été préparées en
vue d’une publication prévue initialement en 2003 ont toutes
été mises à jour et complétées ; les historiques, notamment,
ont été singulièrement améliorés, grâce aux nouveaux instruments de recherche que constituent les bases informatisées
Getty (régulièrement enrichie) et Lugt (catalogues de vente antérieurs à 1900 en ligne). Un jeu d’index (par noms d’artistes,
titres des œuvres, provenances : commanditaires, collectionneurs, marchands et donateurs) assure à l’ouvrage sa fonction
attendue d’instrument de recherche, notamment pour ce qui
concerne l’histoire des collections et du goût.
Le Catalogue des peintures espagnoles, anglaises, allemandes, autrichiennes, scandinaves et diverses, par Olivier Meslay et Élisabeth
Foucart-Walter, Musée du Louvre éditions et Gallimard, paraîtra
en 2011.
É. Foucart-Walter
 The new catalogue (535 paintings) is arranged in the same way as the
two preceding volumes (a volume of the Italian School, 2007; and a
volume of the Flemish and Dutch Schools, 2009): the format includes an
illustrated entry for each painting, together with a detailed historical
account and a selected bibliography. The Getty and the Lugt computer
databases, which are new research tools, aided in the completion of the
historical background of each work. A series of indexes (particularly the
listing of provenances: patrons, collectors, dealers, and donors) ensure that
the new catalogue fulfils its required function as a research tool, particularly
where the history of the collections and style are concerned.
Base Gracia
Projet suivi par Guillaume Kientz
Dans la continuité des précédentes bases en ligne La Fayette
et D’Outre-Manche, la base Gracia se propose de recenser et
étudier l’art hispanique conservé dans les collections et monuments publics français. Le projet inclura ainsi le Portugal et
l’Amérique latine et, bien que lancé à l’initiative du département des Peintures, il souhaite élargir son champ d’investigation aux sculptures, arts décoratifs et arts textiles. Très dispersé
entre les musées et les églises du territoire, l’art hispanique est
cependant bien représenté en France, mais peu connu. La collecte et l’étude des données seront ainsi l’occasion de rendre
plus visible cette richesse patrimoniale, de l’accompagner par
la publication de découvertes et l’organisation de cours et/ou
de conférences, voire de proposer un cycle d’expositions diffusant les résultats du travail effectué. Le projet sera mené en partenariat scientifique avec l’Institut national d’histoire de l’art
(INHA) et en collaboration avec nos collègues des principaux
musées et instituts de recherche hispaniques. Nous signalons
enfin la création d’une Association française des historiens de
l’art ibérique et latino-américain, qui accompagnera tout naturellement cette initiative.
G. Kientz
 As a continuation of the preceding online databases, La Fayette and
Outre-Manche, the Gracia database aims to study and compile a list of
Hispanic art held in French institutions and collections. The project will
therefore include Portugal and Latin American countries, and will extend its
field of investigation to sculptures, the decorative arts, and textiles. The
project will be conducted in partnership with the INHA (French National
Institute of Art History), and in collaboration with our colleagues from the
principal Hispanic museums and research institutes.
71
Travaux de recherche
Répertoire des peintures italiennes
conservées dans les collections
publiques de France (Retif, étude
coordonnée par l’INHA)
Projet suivi au musée du Louvre par Vincent Delieuvin,
Jean Habert, Stéphane Loire et Dominique Thiébaut
L’Institut national d’histoire de l’art (INHA) a entrepris depuis
2001 de répertorier les tableaux italiens conservés en France
dans les musées et les institutions publiques. Douze mille
œuvres exécutées entre le xiiie siècle et 1914 sont actuellement
recensées, qu’il s’agit de localiser, identifier et documenter.
Ce projet est mené en collaboration avec la direction générale des Patrimoines du ministère de la Culture et les conservateurs des musées, de l’Inventaire, des Antiquités et Objets
d’art. Des séances de travail réunissent régulièrement, sous
l’autorité scientifique de Michel Laclotte, des spécialistes de
peinture italienne, universitaires, conservateurs ou chercheurs
français et étrangers, afin de proposer de nouvelles identifications. Les quatre conservateurs responsables de la peinture italienne au département des Peintures, Vincent Delieuvin, Jean
Habert, Stéphane Loire et Dominique Thiébaut, participent
au Retif (Répertoire des tableaux italiens dans les collections
publiques françaises), soit en assistant aux séances de travail,
soit en transmettant des avis sur les tableaux relevant de leur
compétence. Retif fait partie des vingt-deux bases de données
intégrées à l’ensemble des ressources documentaires de l’INHA
sous le vocable d’Agorha. Adresse Internet : www.inha.fr
J. Habert
 Since 2001, the INHA (French National Institute for Art History) has
been compiling an inventory of the Italian paintings held in French
museums and public institutions. Twelve thousand works produced
between the thirteenth century and 1914 are currently listed; they are
gradually located, identified, and documented. This project is being
conducted in collaboration with the Department of Cultural Heritage in the
French Ministry of Culture and a large team of curators. The four curators
of Italian painting from the Department of Paintings—Vincent Delieuvin,
Jean Habert, Stéphane Loire, and Dominique Thiébaut—are participating
in the RETIF (Inventory of Italian Paintings in French Public Collections).
Internet address: www.inha.fr.
Préparation de l’exposition « Autour
de Giotto » (titre provisoire)
Projet suivi par Dominique Thiébaut
72
Cette manifestation, qui se tiendra au musée du Louvre (salle
de la Chapelle) au printemps 2013, a pour point de départ trois
chefs-d’œuvre du Trecento conservés au Louvre, Saint François
recevant les stigmates, une monumentale croix peinte qui sera
restaurée pour l’occasion, et la Crucifixion acquise par le musée
en 1999, tous représentatifs des différentes phases de l’activité
de Giotto (vers 1267 – 1337) et de ses assistants comme de la
variété de sa production. Elle se propose bien sûr de mettre en
évidence l’apport intellectuel et plastique du grand maître florentin, principal artisan du renouveau de la peinture occiden-
tale depuis l’Antiquité, le rayonnement de son art, mais aussi
d’aborder des questions telles que la finalité de certains de ses
tableaux, l’organisation de son atelier et la pertinence, dans
le contexte de la peinture du Trecento, du concept moderne
de création autographe… Un relief particulier sera donné au
séjour napolitain du grand maître florentin car les liens étroits
entretenus par les souverains angevins avec leurs cousins français peuvent expliquer la diffusion précoce des nouveautés
giottesques sur notre sol et l’arrivée très ancienne de peintures
et manuscrits en provenance de Naples.
D. Thiébaut
 Three masterpieces from the Trecento in the Louvre, which are
representative of the various phases in the career of Giotto (ca. 1267–1337)
and show the diversity of the work that he and his assistants produced, are
the starting point of this exhibition dedicated to the Florentine master, his
bottega, and the influence of his art. Particular emphasis will be placed on
Giotto’s sojourn in Naples and the very early arrival of Neapolitan works in
France, which was partly due to the links between the Angevin monarchs
and their French cousins.
Préparation d’une exposition-dossier
autour des deux triptyques du couvent
Santa Maria degli Angeli de Rimini
Projet suivi par Dominique Thiébaut
Cette exposition prévue au palais Fesch – musée des Beaux-Arts
d’Ajaccio à l’automne 2012 se propose d’attirer l’attention sur
l’un des plus beaux « primitifs » parvenus à Ajaccio avec les tableaux du cardinal Fesch, un triptyque peint durant le second
quart du xive siècle à Rimini, et de le confronter à deux panneaux, L’Adoration des Mages et La Vision de la bienheureuse Claire
de Rimini, respectivement conservés à Miami et à Londres, qui
proviennent d’un retable de structure voisine et présentent avec
lui une parenté iconographique et stylistique frappante. Il y a
tout lieu d’identifier ces deux ensembles avec les tableaux que
l’érudit Garampi décrit en 1755 au couvent de Santa Maria degli
Angeli de Rimini, à l’endroit du monastère fondé par l’obscure
pénitente. On se penchera sur la légende de Claire et le culte
dont elle fit précocement l’objet, ainsi que sur la date et l’attribution respectives des deux « triptyques ». D’autres tableaux et
fresques permettront d’évoquer la scène artistique riminaise, et
en particulier l’activité de Francesco da Rimini et de son atelier, en qui une partie de la critique actuelle est tentée de voir
l’auteur des retables de Santa Maria degli Angeli.
D. Thiébaut
 The exhibition will focus on the beautiful triptych of Ajaccio (Corsica)
painted in the later fourteenth century in Rimini, which will be shown
alongside The Adoration of the Magi (Lowe Art Museum, Miami) and The
Vision of the Blessed Clare of Rimini (National Gallery, London), all three of
which can be identified with two altarpieces witnessed in 1755 by Cardinal
Giuseppe Garampi at the convent of Santa Maria degli Angeli in Rimini.
Other paintings and frescoes will give visitors an idea of the artistic milieu
in Rimini, and particularly the work of Francesco da Rimini, to whom these
panels have been recently attributed.
Peintures
Projet de recherche sur la technique
des peintres actifs en Provence au
cours des années 1430-1520
Projet suivi par Dominique Thiébaut
Une étude d’ensemble sur la technique des peintres actifs en
Provence occidentale durant le xve siècle et le début du xvie siècle
s’avérerait particulièrement intéressante pour mieux cerner les
pratiques en vigueur dans un foyer dont l’éclat a attiré des artistes
des Pays-Bas, du nord de la France, d’Italie et d’Espagne... Citons
parmi ceux-ci les noms de Barthélemy d’Eyck, Enguerrand Quarton, Nicolas Froment, Josse Lieferinxe. Les investigations scientifiques pratiquées jusqu’à présent ont livré des informations
passionnantes, par exemple sous l’angle du dessin sous-jacent.
Par chance, on dispose d’un corpus de tableaux bien défini, aisément maîtrisable (une centaine d’œuvres) et majoritairement
conservé sur le sol français, et, fait exceptionnel, les archives
provençales conservent un nombre élevé de textes, surtout des
actes notariés, riches de nombreuses mentions sur la technique
des menuisiers et des peintres. Cette enquête se propose donc
d’affiner le recensement de cette production, de poursuivre la
collecte documentaire et bien entendu d’entreprendre, cette
fois de façon systématique, avec le concours du C2RMF et du
Centre interrégional de conservation et de restauration du patrimoine basé à Marseille, l’analyse matérielle de tous ces tableaux.
D. Thiébaut
 Many artists from Holland, Northern France, Italy, and Spain were
attracted to western Provence during the late fifteenth and early sixteenth
centuries: a comprehensive study of the techniques they employed would be
particularly useful for gaining a better understanding of the practices of this
school of painting. It would take into account the scientific analyses conducted
on their paintings, and the many technical data found in the archives.
Recensement de la peinture française
et néerlandaise du xvie siècle
Projet suivi par Cécile Scailliérez
La connaissance de la peinture française du xvie siècle est
encore très largement faussée par la prééminence historiographique de l’art de cour incarné par le style italianisé de
Fontainebleau et par le portrait officiel porté à son sommet par
Clouet. Non seulement cet art a plus qu’on ne l’a cru essaimé
dans toute la France au gré des possessions seigneuriales, mais
une autre peinture française, parfois très marquée par la présence d’artistes des Pays-Bas, s’est développée dans bien des
foyers régionaux, que des expositions ont depuis vingt ans
commencé à mettre en lumière (en Bourgogne, en Provence).
Entrepris en 2006 sans autres moyens que l’enthousiasme et
la collaboration généreuse des conservateurs et documentalistes
chargés de ce patrimoine, le recensement de cette peinture française méconnue, souvent en piètre état et perdue dans les églises
et les réserves des musées, vient de trouver auprès de la société
japonaise Kinoshita le soutien indispensable à sa mise en œuvre
systématique et à la constitution d’une base de données.
C. Scailliérez
 Information on sixteenth-century French paintings—which are often
in poor condition and distributed (but not documented) around the
country in churches and museum storerooms—still largely suffers from the
historical bias for the kind of court art epitomised by the Italian manner of
the Palace of Fontainebleau, and the style of official portraiture perfected
by Clouet. Begun in 2006, the project to compile an inventory of the works
has now received crucial backing from the Japanese company Kinoshita,
enabling a more systematic approach to the project and the creation of a
comprehensive database.
Préparation des journées d’étude
autour de Jean Cousin
Projet suivi par Cécile Scailliérez
Un seul ouvrage a été consacré à Jean Cousin, qui fut l’une
des figures les plus éminentes de la Renaissance française :
celui de Firmin-Didot, publié en 1873, il y a plus de cent trente
ans. Les travaux de Roy dans le premier tiers du xxe siècle, qui
ont exhumé de nouvelles archives et révélé qu’il y avait deux
Cousin, le père (vers 1500 – 1560) et son fils (vers 1522 – vers
1594), puis les chapitres qu’Henri Zerner a consacrés à Jean
Cousin Père dans son Art de la Renaissance en France (1996),
ont depuis élargi notre intelligence de cet artiste dont l’œuvre
touche, à partir du dessin, tous les domaines : peinture – décor
éphémère, vitrail, tapisserie, broderie et enluminure compris –,
sculpture, orfèvrerie, armure, livre et gravure. Les journées
d’étude Jean Cousin organisées par le département des Peintures les 15 et 16 novembre 2011 sont conçues comme un état
de la question, que l’on espère préliminaire à une exposition :
une première journée autour des collections du Louvre dans
les quatre domaines de la peinture de chevalet, du dessin, de la
tapisserie et de la sculpture, suivie d’une journée publique articulée en plusieurs tables rondes faisant intervenir et débattre
les chercheurs qui dans tous ces domaines ont récemment
apporté des documents ou des œuvres inédites.
C. Scailliérez
 The last book devoted entirely to Jean Cousin was published in 1873.
Since then, extensive research has revealed the existence of two painters of
this name—father and son—now respectively named Jean Cousin the Elder
and Jean Cousin the Younger. The special Study Days devoted to Jean
Cousin organised by the Department of Paintings for 15 and 16 November
2011 are designed to examine the current state of inquiry. The first day will
focus on works held in the Louvre (easel-paintings, drawings, tapestries,
and sculptures), and will be followed by an open day consisting of several
roundtable discussions between researchers.
Préparation de l’exposition
« La Sainte Anne de Léonard de Vinci »
Projet suivi par Vincent Delieuvin
La préparation et le suivi de la restauration – en cours – de la
Vierge à l’Enfant avec sainte Anne de Léonard de Vinci est l’occasion de reconsidérer sa genèse complexe. Déjà, la redécouverte
en 2005 d’une mention manuscrite d’octobre 1503 dans un
73
Travaux de recherche
incunable de la bibliothèque de Heidelberg avait ouvert une
nouvelle hypothèse, selon laquelle l’exécution picturale aurait
débuté dès cette date. Les analyses scientifiques effectuées au
laboratoire du C2RMF en 2008 ont enfin permis de révéler les
contours du carton utilisé par Léonard, dont la composition,
sensiblement différente de celle du tableau, nous est donnée
par plusieurs copies anciennes. Ces informations permettent
de proposer une chronologie plus fine des nombreux dessins
préparatoires que l’on peut relier à plusieurs copies peintes,
probablement dans l’atelier du maître, qui s’avèrent en fait des
versions d’un état intermédiaire de la composition. L’évolution formelle et iconographique de cet ambitieux chef-d’œuvre
peut ainsi être retracée.
L’exposition « La Sainte Anne de Léonard de Vinci » se tiendra au musée du Louvre, hall Napoléon, au printemps 2012.
V. Delieuvin
 The scientific analyses conducted in 2008 at the C2RMF (Centre for
Research and Restoration of the Museums of France) on the Museum’s
version of the Virgin and Child with St Anne by Leonardo da Vinci have
revealed the outlines of the cartoon Leonardo used whose composition is
noticeably different from that of the final painting, but arises in several
early copies. This discovery has facilitated a more precise chronology of the
many preparatory drawings related to the various painted copies, which
were probably produced in the master’s workshop, and are intermediate
versions of the definitive composition.
« Nature et idéal. Le paysage à Rome,
1600-1650. Carrache, Poussin,
le Lorrain »
Projet suivi par Stéphane Loire
Cette exposition, également présentée à Madrid, au Museo
Nacional del Prado, avait pour ambition d’illustrer les développements les plus significatifs de l’histoire de la peinture de
paysage à Rome dans la première moitié du xviie siècle, à travers quelque quatre-vingts peintures et une vingtaine de dessins. Auparavant, le paysage n’existait pas en tant que genre
autonome dans la peinture européenne et c’est dans la Ville
éternelle que cette nouvelle catégorie picturale va s’épanouir.
D’Annibal Carrache à Adam Elsheimer, de Paul Bril à Pierre
Paul Rubens, de Claude Lorrain à Nicolas Poussin en passant
par Gaspard Dughet, quelques-uns des plus grands peintres du
xviie siècle ont contribué à l’émergence du paysage peint. Exposées selon un parcours chronologique, leurs œuvres présentées
ont mis en évidence les grandes articulations de l’histoire du
paysage peint à Rome pendant la première moitié du siècle.
S. Loire
 This exhibition of around eighty paintings and twenty drawings—
which will travel to the Prado in Madrid—illustrates the key stages of
the development of landscape painting in Rome in the first half of the
seventeenth century, following the chronology and main orientations as
they evolved.
74
« L’Antique selon François Perrier.
Les Segmenta nobilium signorum
et leurs modèles »
Projet suivi par Sylvain Laveissière
Ouvrage au succès durable jusqu’au début du xixe siècle, les
Segmenta nobilium signorum publiés par le peintre et graveur
François Perrier (Pontarlier, vers 1594 – Paris, 1649) à Rome
en 1638 ont longtemps constitué le répertoire le plus complet
des sculptures antiques alors conservées dans la Ville éternelle.
Cette étude analyse l’ouvrage de Perrier en tant que projet
artistique et pédagogique : choix des œuvres les plus importantes des grandes collections romaines ; rôle dans la diffusion
des modèles antiques auprès des artistes et des amateurs, dix
ans avant la fondation de l’Académie royale ; utilité pour l’administration des Bâtiments du Roi, qui s’y référera pour choisir
les œuvres à faire copier par les pensionnaires de l’Académie
de France à Rome. Elle l’envisage aussi sous l’angle éditorial :
les six états du célèbre titre-frontispice en retracent le parcours
d’un éditeur à l’autre ; les contrefaçons attestent son utilité.
Elle propose enfin pour la première fois la reproduction intégrale des cent planches mises en regard des sculptures antiques
(dont deux seulement n’ont pu être localisées), dans leur état
actuel, photographiées sous le même angle.
S. Laveissière
Bibliographie
Laveissière (S.), « L’Antique selon François Perrier. Les Segmenta nobilium
signorum et leurs modèles », dans Poussin et la construction de l’antique,
actes du colloque (Académie de France à Rome, 2009), sous la dir. de
Bayard (M.), Paris, Somogy, 2011, p. 49-287.
 The Segmenta nobilium signorum, published in Rome in 1638 by the
painter and etcher François Perier (born circa 1594, Pontarlier, died 1649,
Paris), has long served as the most complete record of the antique
sculptures conserved in Rome at that time. This new study analyses Perrier’s
work, and also provides—for the first time—a complete reproduction of
the 100 original plates, compared alongside photographs of the relative
antique sculptures (only two of which could not be located). To be
published in the proceedings of the seminar “Poussin et l’Antique” (Poussin
and the Antique), Académie de France in Rome, in 2011.
« Rubens et l’Europe »
Projet suivi par Blaise Ducos
Il s’agit d’éclairer l’époque de Rubens à partir de ses œuvres, de
donner à comprendre le contexte européen (politique, social,
religieux, économique). Rubens comme organisateur de fêtes
splendides, de cérémonies baroques sera au cœur du propos.
Le fil conducteur de l’exposition relie les correspondants de
l’artiste et les cours qu’il fréquenta ou pour lesquelles il eut à
travailler. Au système des Habsbourg et de leurs vassaux qui dominent l’Europe durant le premier xviie siècle s’ajoute la « république des lettres ». Madrid, Vienne, Bruxelles et Anvers, mais
aussi Prague, Mantoue, Londres et Paris s’affirment comme
les repères de cette histoire rubénienne en Europe – avec une
place toute particulière qu’il faut octroyer à Rome.
Peintures
Rubens met au point une machine entrepreneuriale avant
la lettre, de portée européenne. Aucune forme d’art ne lui est
étrangère et toutes peuvent se réclamer d’un premier moment
rubénien. Ce qui justifie de mêler, au corpus de Rubens, des
œuvres d’autres artistes, sculpteurs, ciseleurs, orfèvres, ornemanistes… Européenne, l’exposition vise ainsi à illustrer l’infinie variété des formes artistiques qui composèrent l’univers de
Rubens.
B. Ducos
 The exhibition traces the many correspondents and courts which the
artist either visited or received commissions from. In professional terms,
Rubens developed a Europe-wide entrepreneurial approach that was well
ahead of its time. Because he excelled in every field of artistic production,
his stylistic influence can be seen on all of them—hence the decision to
include works by other artists, sculptors, chasers, goldsmiths, and ornamentalists, in the Rubens corpus.
« Rembrandt et la figure du Christ »
Projet suivi par Blaise Ducos
Partant de la mention énigmatique d’un Christ peint « d’après
nature » parmi les possessions de Rembrandt recensées lors
de sa banqueroute de 1656, l’exposition réunissait les œuvres
semblant éclairer ce mystère. Il s’agit d’un groupe de têtes
montrant un même jeune homme – un modèle ayant posé
dans l’atelier de Rembrandt. Parmi ces têtes, certaines sont
bien connues et conservées dans des musées (Berlin, Detroit,
Philadelphie, Cambridge, Amsterdam) ; d’autres, encore en
mains privées, sont réapparues récemment au cours des quatre
ans de préparation du projet. L’exposition donnait l’occasion
de comparer les œuvres, de les mettre en regard des Pèlerins
d’Emmaüs du Louvre, autour duquel elles gravitent. Cette réunion inédite avait pour objectif, non seulement d’offrir l’occasion d’approcher le fonctionnement de l’atelier de Rembrandt,
mais aussi de donner un aperçu de la capacité d’innovation du
maître d’Amsterdam. Prendre un modèle vivant, sans doute
issu de la communauté juive d’Amsterdam, pour qu’il prête
ses traits au Christ est une démarche saisissante – un raccourci
historique. Autour de ce noyau, l’exposition mettait en scène
les différents moments où, au long de la carrière de l’artiste, ses
recherches sur la figure du Christ se sont cristallisées.
B. Ducos
 Taking its cue from the enigmatic mention of a Christ painted “from
life” in the inventory of Rembrandt’s possessions compiled when he went
bankrupt in 1656, the exhibition brings together a series of portraits (on loan
from museums in Berlin, Detroit, Philadelphia, Cambridge, Amsterdam, and
others from private collections) of the same young man—a model who
posed for Rembrandt in his atelier. The exhibition provides a unique
opportunity to compare these works, and view them in the context of the
Louvre’s The Pilgrims at Emmaus.
La coupole du pavillon du palais
Bourbon, projet de recherche pour
sa reconstitution dans les salles des
Objets d’art du xviiie siècle
Projet suivi par Marie-Catherine Sahut
Le Louvre conserve depuis la dernière guerre une coupole
d’Antoine François Callet (1741-1823) peinte sur toile vers
1775 pour le pavillon du palais Bourbon à Paris (inventaire
MNR 572). C’est l’un des rares vestiges conservés des « folies »
à coupoles qui fleurirent dans le dernier quart du xviiie siècle.
Construit par l’architecte Bellisard sur ordre de Louis Joseph de
Bourbon, prince de Condé, le pavillon était célèbre pour son
décor intérieur. Peinte en trompe l’œil, la coupole du salon
imitait une galerie circulaire sur laquelle étaient disposées les
figures mythologiques de Vénus et de sa suite. Démarouflée
en 1846 lors de la destruction du bâtiment, la toile est actuellement conservée en morceaux. Après restauration, elle prendra place, en 2013, au centre du parcours des Objets d’art du
xviiie siècle, au premier étage du pavillon Marengo. Le chantier
donne l’occasion de revenir, à la suite de Jacques Wilhelm, sur
l’histoire de ce décor, fort bien documentée grâce aux archives
des Bourbon-Condé au château de Chantilly.
M.-C. Sahut
 Since World War II, the Louvre has held a painting of a cupola (canvas,
ca. 1775) commissioned from Antoine-François Callet (1741–1823) for the
reception room in the apartments in the Palais Bourbon in Paris (inv. MNR
572). After restoration, the work will be put on display at the centre of the
eighteenth-century section of the Department of Decorative Arts in 2013,
on the first floor of the Marengo Pavilion. The project will provide an
opportunity—following the work of Jacques Wilhelm—to review the history
of this well-documented decorative work, thanks to the Bourbon-Condé
archives in the Château de Chantilly.
Préparation du catalogue raisonné
des peintures italiennes du
xviiie siècle du musée du Louvre
Projet suivi par Stéphane Loire
Sur le modèle des deux volumes déjà publiés en 1996 et 2006
pour les deux cent quatre-vingt-trois tableaux italiens du
xviie siècle des collections du musée du Louvre, ce catalogue
étudiera quelque cent quatre-vingt-cinq tableaux de peintres
italiens nés à partir de 1655. Comme les ouvrages précédents,
il comportera une introduction sur l’histoire de la collection,
ainsi que celles de ses présentations successives et de son étude,
et fournira pour chacune des œuvres une notice donnant un
état des connaissances aussi complet que possible. Regroupant
des informations classées selon les rubriques « État de conservation », « Historique », « Bibliographie », « Expositions », « Œuvres
en rapport (dessins, gravures, autres versions, copies) », ces notices comporteront un commentaire développé faisant la synthèse de toutes ces données, et seront éventuellement complétées par des illustrations de comparaison. L’outil essentiel pour
la préparation de cet ouvrage est bien sûr la documentation du
75
Travaux de recherche
département des Peintures, où des dossiers individuels existent
depuis longtemps pour chacune des œuvres. Mais ces dossiers
doivent faire l’objet de nombreux compléments à partir de vérifications bibliographiques, de nouveaux dépouillements, de recherche de précisions sur les œuvres en rapport et sur l’histoire
des restaurations, ou encore à l’aide de comptes rendus d’études
scientifiques au C2RMF. Le travail de rédaction de cet ouvrage
s’accompagne donc en permanence d’un effort de mise à jour
de la documentation sur chacun des tableaux.
S. Loire
 The catalogue comprises some 185 paintings by artists born after 1655,
each of which will be accompanied by a detailed entry providing all the
available information on the painting; the catalogue will be similar to the two
volumes (published in 1996 and 2006) comprising the 283 seventeenthcentury Italian paintings in the Louvre collections. The compilation of this
catalogue is, of course, being accompanied by extensive work to update the
documentation on each painting.
Journées d’étude autour
des peintures de Goya
Projet suivi par Guillaume Kientz
Récemment augmentées par le généreux don de Pierre Bergé
du Portrait de Luis María de Cistué y Martínez (R.F. 2009-5), les
collections du Louvre comptent désormais sept portraits de
Francisco de Goya y Lucientes. Les journées d’étude du département des Peintures ayant pour objet de faire bénéficier un
ensemble significatif d’œuvres d’une campagne d’examens
scientifiques et de séances de travail avec les principaux spécialistes des artistes considérés, leur édition 2012 se consacrera
à l’étude des portraits de Goya conservés au Louvre. Les récentes et discutées remises en cause du corpus du peintre – qui
ne concernent pas les portraits du Louvre – ont contribué à
la mise en place d’une vision plus critique et plus exigeante
de son œuvre. Ce contexte offre ainsi un terreau favorable à
l’amélioration de notre connaissance de la technique et du
style propres à Goya grâce à l’analyse approfondie de sept de
ses tableaux aux origines, dates et historiques différents. Outre
une journée consacrée à la restitution des conclusions des
journées d’étude, une exposition-dossier est envisagée.
G. Kientz
 In 2012, a series of special Study Days will be devoted to discussing
the Louvre’s seven portraits by Francisco de Goya. The programme closes
with a final day of summarising and conclusions; the publication of an
exhibition-dossier is currently being considered.
Préparation des journées
d’étude consacrées à l’œuvre de
Jean Auguste Dominique Ingres
Projet suivi par Vincent Pomarède
76
Envisagées en 2012 en partenariat avec le musée Ingres de
Montauban, ces journées d’étude constitueraient les secondes
organisées en région, après celles consacrées à Nicolas Poussin
en 2009. Organisées avec le C2RMF, elles permettraient d’effectuer une comparaison technique et stylistique poussée des
œuvres (tableaux et dessins) conservées au musée du Louvre et
au musée Ingres.
Après une étude systématique des tableaux de la collection
montalbanaise, accompagnée de la constitution de dossiers
laboratoires complets et actualisés (photographies en lumière
directe, dans l’infrarouge et l’ultraviolet, radiographie, réflectographie, etc.), les œuvres du musée Ingres seraient présentées aux spécialistes du peintre, afin de mieux comprendre leur
attribution, leur état de conservation et leur histoire. Entièrement filmées, ces journées d’étude à Montauban seraient complétées par une journée à Paris, afin d’étudier les œuvres de la
collection du Louvre susceptibles d’être rapprochées de celles
du musée Ingres.
V. Pomarède
 Scheduled for 2012 in partnership with the Musée Ingres in
Montauban, this will be the second series of Study Days to be organised in
the provinces (the first in 2009 were devoted to Nicolas Poussin). Arranged
in collaboration with the C2RMF (Centre for Research and Restoration of
the Museums of France), these Study Days on Ingres will offer attendees a
chance to conduct a detailed technical and stylistic comparison of the
paintings and drawings by the artist held in the Louvre and the Musée
Ingres.
Préparation de l’exposition
« Eugène Delacroix »
Projet suivi par Sébastien Allard
Première rétrospective de grande ampleur consacrée à Eugène
Delacroix en Espagne, l’exposition présentera, avec environ
cent cinquante peintures, dessins et lithographies, l’ensemble
de son œuvre, de ses débuts dans les années 1820 jusqu’à sa
mort en 1863. Partant de l’ultime notation dans le journal de
l’artiste, quelques jours avant sa mort – « Le premier mérite
d’un tableau est d’être une fête pour l’œil. Ce n’est pas à dire
qu’il n’y faut pas de la raison » –, elle s’attachera particulièrement à montrer comment s’est articulé, chez Delacroix, le
rapport du sujet et de l’exécution, autrement dit de l’idée et de
la matière, avec l’inspiration. Mû par une aspiration à l’idéal,
qu’il héritait de la grande tradition, Delacroix a en même temps
revendiqué le pouvoir expressif de la peinture en elle-même.
Seront ainsi développées les questions du modèle antique et
vivant, de la répétition, avec entre autres plusieurs versions
de Médée furieuse (Lille, Paris) et de La Chasse aux lions (Orsay,
Stockholm, Boston), du sujet moderne avec La Grèce à Missolonghi (Bordeaux), et sera réévalué le rôle de son voyage au
Maroc, brillamment évoqué dans l’exposition par la présence
des deux versions des Femmes d’Alger (Louvre et Montpellier),
ainsi que des trois plus importants autres tableaux inspirés par
le voyage : La Noce juive (Louvre), Le Kaïd (Nantes), Les Convulsionnaires de Tanger (Minneapolis).
L’exposition, qui se tiendra à Madrid (CaixaForum) à l’automne 2011 puis à Barcelone (CaixaForum) au printemps
2012, sera accompagnée par un catalogue scientifique en espagnol, catalan et français.
S. Allard
Peintures
 The first retrospective of the work of Delacroix held in Spain covering
the entire arc of the artist’s career will be staged first in Madrid (Fundacio
La Caixa, autumn 2011), and then in Barcelona (Fundacio la Caixa, spring
2012). The exhibition will highlight the latest research into the artist’s life
and interpretations of his work, and will reference recent publications,
including Delacroix’s Journal, edited by Michele Hannoosh (2009). The
exhibition catalogue will be published in Spanish, Catalan, and French.
Préparation de l’exposition
« Méditerranées » (titre provisoire)
Projet suivi par Vincent Pomarède
Coordonnée par Jean-Luc Martinez, cette exposition, prévue
au Japon en 2013 et associant tous les départements du musée
du Louvre, cherche à illustrer la présence de l’art dans les différentes civilisations qui se sont développées autour de la Méditerranée depuis l’Antiquité jusqu’au xixe siècle. Le département
des Peintures, représenté par Vincent Pomarède, est plus spécialement chargé de la conception de la cinquième et dernière
partie de l’exposition, intitulée « 1798-1848. La Méditerranée
de l’expédition d’Égypte aux colonies ».
Construite autour de chapitres traitant surtout du thème
des voyages d’artistes et de la découverte par les créateurs de
territoires traditionnels, comme l’Italie, ou de nouvelles
contrées plus exotiques telles que l’Algérie ou le Maroc, cette
dernière section abordera également la relation des peintres
avec l’Espagne et la Provence.
Cette exposition constituera par ailleurs une excellente
occasion de faire découvrir ou redécouvrir des fonds d’artistes
conservés par le département, comme les études d’après nature
peintes et dessinées durant son voyage en Italie par le professeur de Camille Corot, Achille Etna Michallon, ou bien les
œuvres exécutées par Antoine Alphonse Montfort durant son
séjour au Moyen-Orient.
Prolongement de ce « Grand Tour » sur les rives de la Méditerranée, une présentation de plusieurs tableaux orientalisants de
Decamps ou de Chassériau, ainsi que celle d’une série d’études
pour un panorama de Constantinople, concluront l’exposition.
V. Pomarède
Élaboration d’un programme
de recherche, mené à partir des
collections françaises du musée
du Louvre, sur les fournisseurs
de supports de tableaux et les
marchands de couleurs à Paris
au xixe siècle
Projet suivi par Vincent Pomarède, Sylvain Laveissière
et Pascal Labreuche
Mené en collaboration avec Sylvain Laveissière, conservateur
général au département, et Pascal Labreuche, historien de
l’art ayant soutenu une thèse de doctorat sur cette question,
ce programme de recherche, encore non financé, ambitionne
de recenser toutes les marques de fournisseurs de supports et
de marchands de couleurs portées sur les revers ou les cadres de
tableaux du xixe siècle appartenant à la collection du département, puis de croiser ces informations, artiste par artiste, avec
les informations déjà connues par la littérature sur les marchands auprès desquels les peintres se fournissaient.
À la fois recherche concernant une problématique économique et sociale et recherche portant sur des questions plus
techniques et de pratique professionnelle, ce programme devra
être mené en relation étroite avec le C2RMF et être complété
par des comparaisons systématiques avec les collections de
musées nationaux conservant des tableaux complémentaires
de ceux du Louvre pour cette époque – plus particulièrement
le château de Versailles et le musée d’Orsay.
V. Pomarède
 Still awaiting financial backing, this research programme is conducted
in collaboration with Sylvain Laveissière, general curator of the department,
and art historian Pascal Labreuche, who has submitted a doctoral thesis on
this subject. The programme involves compiling a list of all the suppliers
of supports, stretchers, and paint mentioned on the backs of paintings or
on their frames, and then matching this information with the available
literature on the suppliers each artist is known to have used.
 Coordinated with Jean-Luc Martinez, this exhibition (scheduled for
2013 in Japan)—which is based on works from all the departments in the
Louvre—will attempt to investigate the presence of art in the various
civilisations that developed around the Mediterranean world from Antiquity
to the nineteenth century. The Department of Paintings and Vincent
Pomarède are particularly involved in organising and presenting the fifth
and last part of the exhibition, entitled “1798–1848: La Méditerranée de
l’expédition d’Egypte aux colonies” (The Mediterranean: from the Egyptian
Expedition to the Colonies (1798–1848)).
77
Travaux de recherche
Arts graphiques
L
a collection d’œuvres d’art graphique du Louvre est une des plus importantes
au monde ; pour l’école française, elle est sans conteste la collection la plus
complète qui soit. L’équipe de recherche suit la répartition de la collection par
école et par siècle.
Trois principaux axes de recherche ont été poursuivis en 2010 :
– les études et les recherches sur les œuvres dans le cadre des expositions
programmées en 2011-2012 (« Enluminures » ; « Claude Gellée, le Lorrain » ; « Le
Papier à l’œuvre » ; « Pietro da Cortona et Ciro Ferri » ; « Les Plafonds peints et sculptés
à Paris au xviie siècle » ; « Giorgio Vasari » ; « Luca Penni » ; « Giulio Romano ») ;
– le récolement décennal de la collection (environ cent quatre-vingt mille œuvres),
en collaboration avec l’équipe scientifique du musée d’Orsay, et l’établissement de
l’inventaire complet de la collection Edmond de Rothschild ;
– la mise à jour continue de la base de données du département, et la préparation
de sa migration sur le site www.louvre.fr ; la mise en ligne de la base Marques de
collections de dessins et d’estampes en partenariat avec la Fondation Custodia ; les
publications achevées ou en cours sous format papier (Inventaire Baccio Bandinelli ;
Inventaire des enluminures ; Inventaire des dessins bolonais des xviie et xviiie siècles ;
plusieurs volumes dans la série « Cabinet des dessins » et différents catalogues
d’exposition).
C. van Tuyll van Serooskerken
 The Louvre houses one of the most extensive collections of drawings in the world; the
Museum’s collection of works from the French School is unquestionably the largest anywhere. The
curatorial staff organises its work on the collection according to schools and periods.
Research was conducted in three core areas in 2010:
Research in preparation for exhibitions scheduled in 2011–2012 (Illuminations; Claude Gellée,
called Lorrain; “Le Papier à l’œuvre”; Pietro da Cortona and Ciro Ferri; seventeenth-century painted
and sculpted ceilings in Paris; Giorgio Vasari; Luca Penni; Giulio Romano);
the decennial verification of the collection (around 180,000 works), in collaboration with the
curatorial team of the Musée d’Orsay, and the establishment of a comprehensive inventory of the
Edmond de Rothschild Collection;
the continued updating of the Department’s database and the preparation of its transfer to: www.
louvre.fr; the online publication of the database “Marques de collections de dessins et d’estampes”
in partnership with the Fondation Custodia; and publications in paper form: catalogues raisonnés of
the drawings and other works of Baccio Bandinelli in the Louvre (published); of illuminations (in
preparation); of Bolognese drawings from the seventeenth and eighteenth centuries (in preparation);
several volumes in the Cabinet des Dessins series, as well as various exhibition catalogues.
78
Arts graphiques
« Les Marques de collections de dessins & d’estampes »
Projet suivi par Laurence Lhinares et Dominique Cordellier
Le département des Arts graphiques du musée du Louvre s’est
associé à la Fondation Custodia depuis 1999 pour proposer
une édition révisée et augmentée en ligne du répertoire de
Frits Lugt (1884-1970) Les Marques de collections de dessins &
d’estampes, publié en 1921 et suivi d’un supplément en 1956.
Cet ouvrage, communément appelé le « Lugt », l’un des manuels les plus utilisés par les spécialistes de dessins et d’estampes,
répertorie des marques, estampées ou écrites, de collections particulières et publiques, de marchands, de monteurs, d’imprimeurs
et des cachets de vente d’artistes. Ces marques permettent de
retracer l’historique d’un grand nombre de dessins et d’estampes.
Une base de données d’accès bilingue (français-anglais) a
été spécialement conçue pour accueillir le contenu des deux
volumes historiques (soit cinq mille deux cent seize marques),
auquel ont été ajoutées de très nombreuses marques, aussi
bien des nouvelles, créées par des amateurs et par des collections publiques, que des plus anciennes ayant échappé aux
premières recherches et méritant d’être signalées. Enfin, un
grand nombre de notices originales ont pu être complétées
et beaucoup de marques anonymes ont été identifiées. Sur les
mille nouvelles notices proposées en mars 2010, cinq cents ont
été rédigées au sein du musée du Louvre. Toutes les marques
sont reproduites à l’identique, le plus souvent avec une image
numérique du cachet et accompagnées d’un commentaire
historique explicatif généralement détaillé. Cet outil permet
de rechercher efficacement une marque à partir de multiples
critères, que l’on peut combiner. La recherche peut se faire,
notamment, à partir du numéro, du nom et du lieu de la collection, ou à partir de la description visuelle de la marque. Ce
travail d’enrichissement est toujours en cours.
Le musée du Louvre a participé avec la Fondation Custodia à
mettre gracieusement à la disposition des amateurs un outil de
recherche sans pareil sur les collectionneurs et les collections
de dessins et d’estampes, répondant ainsi au vœu déjà ancien,
exprimé par les amateurs, les marchands d’art et les conserva-
teurs de musée, de voir l’ouvrage classique de Frits Lugt mis à
jour.
Le lancement du site Internet www.marquesdecollections.fr,
par la Fondation Custodia en partenariat avec le département
des Arts graphiques du musée du Louvre, a eu lieu pendant la
Semaine du dessin, le 24 mars 2010.
D. Cordellier
 Since 1999, the Department of Graphic Arts and the Fondation
Custodia have been collaborating on a revised and enlarged online version
of Frits Lugt’s repertory Les marques de collections de dessins & d’estampes,
published in 1921 and followed by a supplement in 1956.
A bilingual database (French–English) contains the content of the two
historical volumes, to which have been added many collectors’ marks since
identified. All the marks are exact reproductions, very often with a
numerical image of the stamp, accompanied by a general historical
explanation. The site’s development is ongoing.
The launch of the Internet site www.marquesdecollections.fr, by the
Fondation Custodia, in partnership with the Louvre’s Department of
Graphic Arts, took place during the Semaine du dessin, on 24 March 2010.
Page intérieure du site www.marquesdecollections.fr
Catalogue raisonné des enluminures
Projet suivi par Dominique Cordellier, Laura Angelucci et Roberta Serra
Le département des Arts graphiques du Louvre vient d’établir, sous la direction scientifique d’éminents spécialistes
– M. François Avril et Mme Nicole Reynaud –, le catalogue
raisonné des enluminures occidentales conservées dans
le fonds du musée. Ce volume a pour objet le recensement
exhaustif et la description précise des enluminures et des
manuscrits conservés au cabinet des Dessins, dans la collection Edmond de Rothschild et au sein du département des
Peintures. Il réunit cent soixante-quinze enluminures du xie
au xviie siècle et fournit un outil de référence et de recherche
au service non seulement des historiens de l’art du Moyen
Âge, des philologues, des bibliothécaires, des musicologues
et des historiens, mais aussi d’un très large public profondément sensible à l’ancienneté, au charme et à la préciosité des
manuscrits à peinture du Moyen Âge et de la Renaissance.
Sa rédaction, coordonnée par Dominique Cordellier, Laura
Angelucci et Roberta Serra, fait appel aux contributions de plus
de trente spécialistes, conservateurs, bibliothécaires ou universitaires européens et américains. Sa parution s’est accompagnée de la présentation durant trois mois de soixante-dix
chefs-d’œuvre de l’enluminure dans les salles d’exposition du
département des Arts graphiques (6 juillet – 3 octobre 2011).
D. Cordellier
 The 175 Western European illuminations from the eleventh century
to the seventeenth century, held in the Louvre, have been studied and
a comprehensive catalogue edited. The compilation of the catalogue,
coordinated by Dominique Cordellier, Laura Angelucci, and Roberta Serra,
involves contributions from more than thirty specialists, curators, librarians,
and scholars from American and European universities. The publication
accompanied an exhibition at the Louvre until 3 October 2011.
79
Travaux de recherche
Baccio Bandinelli, Tête de jeune homme vue de trois quarts, département des
Arts graphiques (INV. 1501, recto)
Jean Fouquet, Page enluminée : Le Passage du Rubicon par César, département
des Arts graphiques (R.F. 29493, recto)
Inventaire des dessins, sculptures et peintures de Baccio Bandinelli
Projet suivi par Françoise Viatte, Marc Bormand et Vincent Delieuvin
80
Les recherches sur les dessins du sculpteur florentin Baccio
Bandinelli (1493-1560) conservés au Louvre ont abouti à un
nouveau volume, de la main de Françoise Viatte, de l’inventaire général des dessins italiens, volume publié en 2011.
Environ deux cents dessins sont étudiés, incluant les dessins
originaux de Baccio Bandinelli ainsi que les feuilles de son
école, les copies et les pièces rejetées dont l’attribution à l’artiste ne peut être maintenue. Toutes les propositions d’attribution, anciennes ou récentes, ont été prises en compte par
l’auteur, qu’elles aient été retenues ou refusées. Sur les cent
quatre-vingt-quinze dessins classés sous le nom de Bandinelli,
soixante-dix-neuf sont acceptés comme originaux. L’ouvrage
ne catalogue pas uniquement les dessins classés sous le nom
de Bandinelli dans l’inventaire du département des Arts graphiques ; il recense également les sculptures de l’artiste conservées au département des Sculptures, dont les notices ont été
rédigées par Marc Bormand, ainsi qu’une peinture, importante
mais d’attribution difficile, que plusieurs historiens ont donnée au sculpteur florentin et qui est ici traitée par Vincent
Delieuvin. Le volume propose ainsi l’inventaire de toutes les
œuvres associées à Bandinelli dans les collections du Louvre.
F. Viatte
 Research on the drawings of the Florentine sculptor Baccio Bandinelliin
the Louvre’s collection has led to the publication (in 2011) of a new volume
of the general catalogue of Italian drawings. The work contains not only
the drawings listed under Bandinelli’s name, it also comments on the
artist’s sculptures held in the Department of Sculpture (entries: M.
Bormand), and on an interesting painting whose attribution remains
uncertain (entry: V. Delieuvin).
Luca Penni
Projet suivi par Dominique Cordellier
Selon un schéma historique trop simple, l’école de Fontainebleau aurait été l’affaire de grands maîtres florentins (Rosso)
et émiliens (Primatice, Nicolò dell’Abate). Ce schéma ne laisse
pas assez de place au quatrième des grands fondateurs de cette
« école », venu lui aussi de la Péninsule : Luca Penni, dit le
Romain (après 1504 ? – 1556 ou 1557). Frère de l’un des élèves
favoris de Raphaël, Gianfrancesco Penni, beau-frère et ancien
collaborateur de Perino del Vaga, il joua en France un rôle exceptionnel de promoteur du classicisme romain.
Arts graphiques
L’étude qui lui est consacrée débouchera sur une exposition
de ses dessins et de ses peintures, mis en regard de gravures
et d’objets d’art tirés de ses inventions ; cette exposition permettra de réévaluer l’importance de ce courant « classique » au
sein de la manière italienne qui se développe en France sous
François Ier et Henri II.
D. Cordellier
 From a very simplified historical perspective, the School of
Fontainebleau was founded by Rosso, Primaticcio, and Nicolò dell’Abate.
This view doesn’t take into account Luca Penni, (after 1504?–1556 or
1557). Luca Penni was the brother of one of Raphael’s favourite students,
Gianfrancesco Penni (Perino del Vaga’s brother-in-law and former
collaborator), and he played a key role in promoting Roman classicism in
France. This study will lead to an exhibition of his drawings and paintings,
which will enable us to re-evaluate the importance of the “classical” current
within the Italian manner developed in France in the sixteenth century.
Édition et traduction des Vies des
plus excellents peintres, sculpteurs et
architectes de Giorgio Vasari
Projet suivi par Louis Frank
Les recherches nécessaires à l’annotation historique et critique
de la Vie de Léonard de Vinci, peintre et sculpteur florentin, dans
les éditions de 1550 et 1568, ont été poursuivies en 2010. Les
points sur lesquels ont principalement porté ces études sont
les rapports de Léonard avec la sculpture et l’architecture,
ainsi que la question de l’historique de ses manuscrits et de
ses dessins. A également été établi le corpus des cinquante-six
passages des Vies, hors celle qui lui est consacrée, où figure le
nom de Léonard. D’autre part, un certain nombre d’extraits
de la Vie de Baccio Bandinelli, sculpteur florentin, dans l’édition
de 1568, ont été choisis et traduits en vue de leur publication
dans le neuvième volume de l’Inventaire général des dessins italiens du Louvre rédigé par Françoise Viatte (Musée du Louvre
éditions et Officina Libraria, 2011).
Nous préparons, en collaboration avec Stefania TullioCataldo, l’exposition « Giorgio Vasari dessinateur » (Louvre,
automne 2011) ainsi que le catalogue de cette exposition.
L. Frank
 Research on Leonardo da Vinci preliminary to the historical annotation
and critique of “The Life of Leonardo da Vinci: Florentine Painter and
Sculptor” in the 1550 and 1568 editions of Vasari’s work, continued in
2010. An exhibition on “Giorgio Vasari the Draughtsman” will open in
autumn 2011.
Études des dessins bolonais
du Louvre
Projet suivi par Catherine Loisel
Après la publication en 2004 du Catalogue des dessins de Ludovico, Agostino, Annibale Carracci, Catherine Loisel mène actuellement des recherches en vue de la sortie du second volume du
catalogue des dessins bolonais du Louvre. Cette publication de
travaux entrepris il y a vingt ans sur la collection du Louvre
mettra en évidence l’importance des collections bolonaises
en France depuis le xviie siècle. Compte tenu du nombre de
dessins existants, les copies d’après les peintures et les dessins
ont été éliminées et seuls seront présentés, pour chacun des
artistes d’Émilie entre 1580 et 1720, les dessins autographes
ou attribuables avec vraisemblance. La sortie de l’ouvrage est
prévue pour 2012.
C. Loisel
 Following the publication of the catalogue of drawings by Ludovico,
Agostino, and Annibale Carracci (2004), Catherine Loisel is currently
carrying out research in preparation for the publication of the second
volume of the catalogue of Bolognese drawings in the Louvre. This
publication of twenty years of research on the Louvre collection will
highlight the importance of Bolognese collections in France since the
seventeenth century. Given the number of drawings, copies based on
paintings and drawings have been eliminated, and only authentic drawings
and drawings that can reasonably be attributed to Emilian artists (1580–
1720) will be presented. The work is scheduled for publication in 2012.
Les plafonds peints et sculptés
à Paris au xviie siècle
Projet suivi par Bénédicte Gady
Les dessins et les esquisses pour les plafonds peints et sculptés à Paris au xviie siècle font l’objet d’un projet d’exposition
pour 2013, à partir du fonds du Louvre et des principaux fonds
parisiens. Les premières recherches sur ce thème ont débouché
sur une découverte importante relative à des décors disparus
du palais du cardinal Mazarin (actuelle Bibliothèque nationale de France) : la mise au jour, d’une part, de grands relevés
aquarellés effectués par Jules Frappaz en 1853, conservés à la
Médiathèque du patrimoine, et, d’autre part, de nouvelles
pièces d’archives, permet non seulement de mieux comprendre la distribution de l’appartement d’hiver du cardinal,
mais aussi de « visualiser » les décors qu’avaient exécutés en
1649-1651 Giovanni Francesco Grimaldi et Rémy Vuibert. Ces
résultats ont été présentés lors d’un colloque international à
Bologne (« Crocevia e capitale della migrazione artistica: forestieri a Bologna e bolognesi nel mondo, secolo XVII », 30 novembre – 2 décembre 2010) et sont en cours de publication.
B. Gady
 Research prior to an exhibition on the painted and sculpted ceilings in
Paris in the seventeenth century has led to an important discovery relating
to the decorations in the Palais Mazarin (now the Bibliothèque Nationale
de France): the discovery of nineteenth-century watercolour copies, held in
the Médiathèque du Patrimoine, and new archive material provide a better
understanding of the organisation of the cardinal’s winter apartment, and
enable us to visualise the decorations by Giovanni Francesco Grimaldi
and Remy Vuibert, which have now disappeared. These results were
presented during an international seminar in Bologna (30 November to
2 December 2010).
81
Travaux de recherche
« L’Ascension de Charles Le Brun.
Liens sociaux et production artistique »
Préparation de l’exposition
sur Claude le Lorrain
Projet suivi par Bénédicte Gady
Projet suivi par Carel van Tuyll van Serooskerken
Pour éclairer l’ascension spectaculaire de Charles Le Brun,
avant sa nomination comme premier peintre de Louis XIV,
sans se contenter de réunir un savoir dispersé, le parti pris a
été d’étudier ensemble et de confronter les liens sociaux de
l’artiste (familiaux, amicaux, professionnels, intellectuels,
voire criminels) et la production artistique (regroupant les
questions de commandes, de style, de collaborations, de
rayonnement d’une œuvre ou d’un homme). Abandonnant la
grande fresque historique comme l’étude systématique et successive des œuvres, l’objectif était de saisir la singularité d’une
figure en examinant ses relations avec son entourage. Ainsi,
pour la période qui s’étend du début de la carrière de Le Brun
jusqu’à son retour d’Italie, en 1646, à l’âge de vingt-sept ans,
cette étude croisée des relations et des œuvres fait ressortir une
correspondance, sinon systématique, du moins très étroite,
entre réseaux, commandes et style des œuvres, qui oblige à
reconsidérer la structure du catalogue des premières années du
peintre.
Après cette date, le prestige des premiers grands décors et l’accès à des commanditaires placés au sommet de l’État font que
l’association entre un réseau social (dont l’unité s’est dissoute)
et une commande semble insuffisante pour rendre compte
d’une réalité devenue plus complexe. Ressort, en revanche, la
permanence de la protection du chancelier Séguier, qui assure
au peintre, outre certains succès, une étonnante capacité de repli stratégique, tant dans la jeune et instable Académie royale
de peinture et de sculpture que sur les principaux chantiers du
règne. Au cours de cette période, l’étude des liens sociaux se
révèle également très efficace pour comprendre l’organisation
des équipes qu’emploie Le Brun pour plusieurs décors menés
concomitamment, organisation qui invite à remettre en cause
la perception actuelle de la notion d’atelier. L’examen minutieux des travaux effectués pour le surintendant des Finances
Nicolas Fouquet à Vaux-le-Vicomte, que renseigne un nombre
exceptionnel de documents, permet de reconsidérer, à partir
de l’analyse de ces liens sociaux, la répartition des tâches sur
le chantier et de revoir, sans préjugés et sur de nouvelles bases,
les attributions des œuvres.
Cette étude est publiée sous le titre L’Ascension de Charles
Le Brun. Liens sociaux et production artistique, aux éditions de la
Maison des sciences de l’homme (2010).
B. Gady
En avril 2011, le musée du Louvre inaugurait l’exposition
« Claude le Lorrain. Le dessinateur face à la nature », qui réunissait environ quatre-vingts dessins, une douzaine de peintures
et plusieurs eaux-fortes de la main de Claude Gellée, dit le
Lorrain (1600 ou 1604-1605 – 1682). Les dessins provenaient
des fonds du musée du Louvre et de celui du musée Teyler à
Haarlem, deux fonds qui se complètent remarquablement bien
et qui permettent d’étudier les différentes catégories du dessin
tel que le Lorrain l’a pratiqué, et son évolution artistique au
cours de sa longue carrière. L’exposition examinait le rôle du
dessin de Claude dans la préparation de ses peintures et de
ses estampes, avec une attention particulière pour les études
d’après nature. En introduction, l’exposition proposait une
confrontation de dessins du Lorrain avec des feuilles de ses
maîtres et contemporains, comme Paul Bril, Agostino Tassi,
Goffredo Wals, Bartholomeus Breenbergh et Nicolas Poussin.
Cette confrontation inédite a permis de mesurer la dette incontestable du Lorrain envers ces artistes italiens et nordiques,
ainsi que sa remarquable originalité.
C. van Tuyll van Serooskerken
 Benefiting from the discovery of new paintings, drawings, engravings,
many unpublished archive documents, and a critical review of the sources,
this study (published by Éditions de la Maison des Sciences de l’Homme)
reviews the rise of the painter by exploring two aspects of his life—his
works and social network. Of humble origins—his family was involved in
the publication of engravings—he benefited from the patronage of the
chancellor Pierre Séguier, enabling him to execute prestigious commissions
(for Richelieu and then the king). As arbiter of the decorative projects in
Paris and castle of Vaux-le-Vicomte, he solicited many collaborators, with
whom he maintained judicial, artistic, and social links.
82
 In April 2011, the Louvre inaugurated the exhibition “Claude le
Lorrain. Le dessinateur face à la nature”, which presented around 80
drawings, a dozen paintings, and several etchings. The drawings originate
from the collections in the Louvre and the Teylers Museum in Haarlem
(Netherlands). The exhibition examined the role Lorrain’s drawing played
in the preparation of his paintings and engravings, with a particular focus
on studies from nature. The exhibition also enabled visitors to assess the
influence of contemporary Italian and Northern artists on Lorrain’s work,
and its remarkable originality.
Étude du fonds du Louvre de Pietro
da Cortona et Ciro Ferri
Projet suivi par Bénédicte Gady
Pietro da Cortona est l’un des trois principaux protagonistes
de la Rome baroque. Les Français, qui, au xviie siècle, avaient
considéré l’artiste comme l’égal de Poussin et l’avaient sollicité
pour l’architecture du palais du Louvre, étaient restés en retrait
dans sa redécouverte, due principalement aux chercheurs italiens, américains et allemands. Dans la lignée de leurs travaux,
l’étude du fonds du Louvre de Pietro da Cortona et de Ciro
Ferri, son élève le plus fidèle, a été reprise, permettant de mieux
comprendre les modes de collaboration entre les deux artistes
et les styles graphiques de chacun d’eux, souvent volontairement proches. Les nouvelles propositions d’attribution, l’identification de la destination de certains dessins et la découverte,
à l’occasion de la restauration, de deux versos dessinés sont
présentées dans le catalogue qui accompagnait l’exposition
« Pietro da Cortona et Ciro Ferri. L’invention baroque » (salles
Mollien, 10 mars – 6 juin 2011).
B. Gady
Arts graphiques
 In preparation for the exhibition “Pietro da Cortona et Ciro Ferri.
L’invention baroque” (Salles Mollien, 10 March to 6 June 2011), the study
of the two artists’ works was taken up again, enabling the re-attribution of
certain works, the identification of the purpose of others, and the discovery
of two drawings on the backs of works revealed during the restoration
process.
Recherche sur Jean-Baptiste Marie
Pierre et l’art français au xviiie siècle
Projet suivi par Bénédicte Gady
L’exposition des dessins, gravures et planches de cuivre du
premier peintre du roi Jean-Baptiste Marie Pierre (1714-1789)
dans la salle d’actualité (salle 33, 1er septembre – 22 novembre
2010) a été l’occasion de rendre hommage aux travaux de
Nicolas Lesur et d’Olivier Aaron, publiés aux éditions Arthena
en 2009 : elle a ainsi permis de présenter la recherche la plus
récente menée hors du musée sur l’art français du xviiie siècle et
ses incidences sur la connaissance des œuvres du département
des Arts graphiques, avec son lot de découvertes, de rejets d’attributions et de réattributions. La préparation de l’accrochage
a conduit à prolonger certaines de ces enquêtes : a pu ainsi
être précisé le motif d’un dessin récemment attribué à l’artiste
(INV. 34755), qu’il faut désormais comprendre comme une
Allégorie aux armes du sculpteur René Frémin, surmontées d’une
couronne ducale ; de même, deux cuivres gravés par Pierre luimême sur la vie de saint François d’Assise ont pu être replacés au début de sa carrière d’aquafortiste grâce à la découverte
d’un « repentir » sur l’une des planches (Chalcographie, 1186C
et 1187C).
B. Gady
 An exhibition on Jean-Baptiste Marie Pierre in the Salle d’Actualité
(room 33, 11 September to 22 November 2010) marked the publication of
a monograph on the artist by N. Lesur and O. Aaron, and provided an
opportunity to re-assess the Louvre’s holding of the artist’s work.
La collection de dessins italiens
de Pierre Crozat
Projet suivi par Bernadette Py
Il s’agit ici de l’édition critique des notes de l’expert Pierre Jean
Mariette portées sur son exemplaire du catalogue de la vente
des dessins de Pierre Crozat qu’il avait dirigée en 1741 (conservé au Victoria and Albert Museum à Londres). Ces notes inédites, entièrement retranscrites, livrent des informations capitales sur les acheteurs des lots et surtout sur leur contenu,
Mariette donnant souvent la description des dessins et le nom
de leur auteur.
Ces descriptions (parfois très développées) et ces attributions
ont permis de rechercher la trace des dessins dans des ventes
successives et souvent de retrouver leur localisation actuelle.
Elles permettent en outre de connaître l’appréciation que
Mariette portait sur les œuvres contenues dans les lots, grâce
à ses annotations qui allaient de « Ex. » (excellents) à « m »
(mauvais), et de constater que, parmi les dessins italiens – plus
de douze mille feuilles –, étaient aussi rangées des feuilles d’artistes français ou nordiques.
Un grand nombre de ces œuvres sont conservées au département des Arts graphiques.
B. Py
 Preparation of a critical edition of the notes by the expert Pierre-Jean
Mariette relating to the sale catalogue that he had written in 1741 (held in
the Victoria and Albert Museum in London). These previously unpublished
notes, which have been re-transcribed in their entirety, provide important
information on the purchasers of lots and sometimes their content, and
facilitate the identification of the provenance of many of these sheets,
which are now dispersed.
Préparation de l’exposition
« Le Papier à l’œuvre »
Projet suivi par Natalie Coural (C2RMF), Hélène
Grollemund et Dominique Cordellier
Le papier comme matériau support du dessin était au cœur
de l’exposition « Le Papier à l’œuvre » (aile Sully, du 9 juin au
5 septembre 2011) et de son catalogue. Il s’agissait de montrer
comment, du xve au xxie siècle, les artistes ont utilisé le papier
pour leurs créations graphiques et quelles techniques ont alors
été mises en œuvre : les papiers préparés et la pointe de métal
au xve siècle, le support entièrement recouvert de laque industrielle au xixe siècle ; les assemblages induits par les dimensions
de la feuille elle-même, les ajouts pour transformer un dessin
ou introduire un repentir ; le procédé du transfert, avec l’utilisation d’un papier résistant aux manipulations, aux perforations et aux incisions ; les papiers spécialement créés pour les
artistes. À cette occasion, des analyses ont été effectuées par
le C2RMF (Centre de recherche et de restauration des musées
de France), notamment sur des fibres de papier Montval, un
papier mis au point par Gaspard Maillol et repris par Canson.
H. Grollemund
 Research on the fabrication of paper and paper’s journey from China
to the West, the material’s technical characteristics, and the various types
of paper chosen by artists and their use, are being carried out in preparation
for the exhibition “Le Papier à l’œuvre” (Musée du Louvre, 2011). The
exhibition will present examples of the use of paper in works from the
fifteenth to the twenty-first century.
83
Travaux de recherche
Musée Delacroix
A
u-delà de la mise en valeur des lieux et de l’enrichissement de ses collections,
un musée monographique comme le musée Delacroix se doit de contribuer
à une meilleure connaissance de l’artiste. C’est pourquoi il s’est fixé pour
objectif d’accompagner chacune de ses expositions d’un catalogue scientifique
diffusable plus largement en librairie et faisant appel aux meilleurs spécialistes
tant français qu’étrangers, conservateurs comme universitaires : en 2009-2010,
Une passion pour Delacroix. La collection Karen B. Cohen, et pour 2011, Fantin-Latour,
Manet, Baudelaire : L’Hommage à Delacroix.
En cours de préparation pour une ouverture le 7 décembre 2011, l’exposition
sur L’Hommage à Delacroix de Fantin-Latour retracera l’aventure de la grande toile
de 1864 (Paris, musée d’Orsay), sa conception, les variantes, le choix des modèles
élus et des exclus, et, au-delà, la question complexe des rapports de ces artistes avec
l’héritage du maître. Cette toile-manifeste rassemblait audacieusement, aux côtés
de critiques comme Baudelaire et Champfleury, une nouvelle génération d’artistes
novateurs (Manet, Whistler, Legros, Bracquemond…) qui n’étaient pourtant pas
des disciples fidèles de Delacroix. Depuis la rétrospective Fantin-Latour présentée
au Grand Palais il y a trente ans, ce dossier méritait d’être rouvert à la lumière des
documents réapparus depuis et d’être traité pour la première fois spécifiquement.
Par ailleurs, le Bulletin de la Société des Amis du musée Eugène Delacroix réunit chaque
année un riche ensemble d’études issues d’horizons variés. Parallèlement à ces
publications régulières, le musée s’est associé à l’université Paris IV-Sorbonne pour
mener à bien la vaste entreprise de l’édition en ligne de la correspondance de Delacroix,
objectif ambitieux mais capital pour l’avancée de la recherche sur l’artiste et son temps.
Ch. Leribault
 In addition to enhancing the historic building of the painter’s former home and atelier and
augmenting its collections, one of the main goals of a dedicated museum like the Musée Delacroix
is to increase public knowledge of the artist and his work. Each exhibition is therefore accompanied
by an authoritative catalogue (available in bookshops) comprising articles contributed by
international specialists, curators, and scholars: in 2009–2010, Une passion pour Delacroix. La
collection Karen B. Cohen; in 2011, Fantin-Latour, Manet, Baudelaire: L’Hommage à Delacroix.
The exhibition on L’Hommage à Delacroix by Fantin-Latour, which is being prepared and is
scheduled to open on 7 December 2011, will retrace the creation of this major painting (1864,
held in the Musée d’Orsay) and will focus on the painting’s conception, related works, the sitters
he chose to represent (and those he excluded), and the complex question of the links between
these artists and the master’s legacy. This seminal painting boldly portrays a new generation of
innovative artists such as Manet, Whistler, Legros, and Bracquemond—who were not particularly
devout followers of Delacroix—together with critics like Baudelaire and Champfleury. A decision
was made to re-examine and—for the first time—focus exclusively on this painting in the light of
new documentation that has emerged since the Fantin-Latour retrospective, which was held at the
Grand Palais thirty years ago. In addition, the yearly Bulletin de la Société des Amis du Musée
Eugène Delacroix provides a wealth of research by a broad range of specialists. To complement
these regular publications, the Museum is collaborating with the University of Paris IV-Sorbonne on
a sweeping project to publish Delacroix’s correspondence online: this vital—if highly ambitious—
undertaking will facilitate research on the artist and his epoch.
84
Musée Delacroix
L’édition électronique de la correspondance d’Eugène Delacroix
Projet associant le Centre André Chastel UMR 8150, laboratoire associé à l’université Paris IV-Sorbonne,
et le musée national Eugène Delacroix
La correspondance du peintre Eugène Delacroix, qui comporte
à l’heure actuelle plus d’un millier de lettres courant sur toute
sa carrière, est une source capitale pour la connaissance tant
de l’artiste que de son temps, du fait de ses multiples intérêts.
L’actuelle édition de la correspondance par André Joubin, qui
date de 1931-1938, n’est plus satisfaisante, en raison d’abord
de la réapparition de nombreux originaux inconnus alors (certains publiés depuis par Lee Johnson et Michele Hannoosh),
du progrès des études sur Delacroix et son époque, qui rendent
l’annotation, par ailleurs relativement rapide, en partie obsolète, et enfin de nouvelles exigences quant à la transcription
des manuscrits anciens.
Le projet est piloté par deux institutions : le Centre André
Chastel UMR 8150, laboratoire associé à l’université Paris IVSorbonne, et le musée national Eugène Delacroix, rattaché au
musée du Louvre. L’édition électronique de la correspondance
d’Eugène Delacroix vise à rendre immédiatement disponible,
au fur et à mesure de son avancement, le travail nécessairement collectif mené à partir et autour des lettres de l’artiste.
La première étape a consisté à établir un fichier le plus complet possible des lettres conservées ou connues. Beaucoup sont
heureusement conservées à Paris (bibliothèque de l’Institut
national d’histoire de l’art, Fondation Custodia, Bibliothèque
centrale des musées nationaux, musée Delacroix, département
des Arts graphiques du musée du Louvre). Le travail actuel de
transcription concerne ces fonds, mais des missions seront
nécessaires pour examiner sur place les autres originaux, très
dispersés, conservés en Europe et aux États-Unis. Une importante subvention de l’Agence nationale pour la recherche obtenue en 2007 pour les trois années 2008-2010 a permis de
financer des vacations d’étudiants pour les transcriptions, des
commandes de photographies et microfilms, des missions à
l’étranger, une partie du matériel informatique nécessaire et,
enfin, la conception du logiciel complexe, développé par la
société Opixido – après appel d’offres –, pour ce projet pilote.
Le choix d’une édition en ligne facilite de façon évidente la
mise en ordre progressive de ce vaste corpus évolutif, avec ses
découvertes d’inédits à intégrer dans le fil chronologique, et sa
consultation via les indexations automatiques. Il est aussi l’occasion d’une présentation plus complexe de l’ensemble. Le principe
retenu est, en effet, de proposer, d’une part, la photographie des
manuscrits et, d’autre part, leur transcription sous deux formes,
l’une pour les chercheurs, avec le respect de l’orthographe, de
la ponctuation et de la présentation originale, l’autre destinée à
un plus vaste public, avec une orthographe modernisée et une
ponctuation améliorée. Ce sont ces trois documents qui sont
dans un premier temps, ainsi que le fichier de base, accessibles
sur le web. Parallèlement, le comité de direction réuni autour de
Barthélémy Jobert, Arlette Sérullaz et Christophe Leribault coordonne l’annotation, elle aussi collective, de ces lettres, confiée
aux volontaires spécialistes de tel ou tel domaine. Un forum destiné à recevoir toute information susceptible d’enrichir l’annotation sera également ouvert, la transcription annotée d’une lettre
étant ainsi susceptible d’évoluer (chaque modification devant
toutefois être validée par le comité). Grâce aux efforts de Thierry
Laugée, à présent maître de conférences à Paris IV, de Catherine
Page d’accueil de la base www.correspondance-delacroix.fr
Limousin, secrétaire général du Centre Chastel, et des vacataires
qu’ils ont encadrés durant la période écoulée, ainsi qu’au travail
accompli par les deux chargées d’études documentaires du musée
Delacroix, Catherine Adam-Sigas et Marie-Christine Mégevand,
ce projet a atteint un degré d’avancement fort satisfaisant pour
un programme aussi ambitieux.
La base www.correspondance-delacroix.fr a été mise en ligne à
l’hiver 2010 et est accessible à partir des sites du musée Eugène
Delacroix et de la Sorbonne Paris IV. Les lots couverts étant
d’abord assez restreints, il n’a été fait aucune communication spécifique, cet effort de diffusion étant reporté au-delà de la phase de
« rodage ». En pratique, le site a très vite été référencé sur Google
et apparaît en premier à l’interrogation « Delacroix correspondance ». Par ailleurs, son ergonomie s’est avérée concluante et a
d’ailleurs reçu le label Accessiweb (accessibilité aux malvoyants).
Aux deux cent quarante lettres déjà entrées seront prochainement ajoutées une centaine de nouvelles lettres annotées ; un fort
contingent de lettres déjà transcrites mais en attente d’annotations prendra ensuite le relais. Cet enrichissement progressif de
la base autorisera bientôt à mieux faire connaître cette entreprise
auprès d’un plus large public. Ainsi le musée pourra-t-il répondre
davantage encore à sa double mission, qui est d’une part de préserver l’atelier de Delacroix et d’enrichir ses collections, d’autre
part de contribuer de manière dynamique à une meilleure
connaissance de l’artiste et de son œuvre.
Ch. Leribault et B. Jobert
 The five volumes of Delacroix’s correspondence published between
1931 and 1938 by André Joubin were deemed no longer satisfactory in
light of the fact that in the meantime other original letters have been
discovered since its publication, and considerable progress was made in
studies of Delacroix and his epoch; furthermore, new requirements now
apply with regard to the transcription of old manuscripts.
To address the problem, the Centre André Chastel / UMR 8150 (Paris
IV-Sorbonne University) and the Musée National Eugène Delacroix, have
compiled a database of some 240 letters, available online since the winter
of 2010 at: www.correspondance-delacroix.fr.
85
Travaux de recherche
Histoire du Louvre
L
’idée consistant à structurer une recherche sur le thème de l’histoire du
Louvre est née dans les années 1940 du sentiment que des aspects importants
du musée, en particulier son implantation dans un palais riche d’histoire
au cœur de la capitale, ne relevaient de la compétence d’aucun département en
propre. Aujourd’hui encore, les grands axes de la recherche sur l’histoire du Louvre
viennent en complément des champs explorés par les départements et développent
les problématiques suivantes :
– étude de la vie palatiale : conservation et étude des objets médiévaux et modernes
trouvés sur le site du Louvre et des Tuileries lors des fouilles des années 1980-1990
essentiellement ;
– étude architecturale du Louvre et conservation des œuvres issues de l’activité de
l’architecte en chef du palais, en particulier une collection de moulages du xixe siècle
préparatoires au décor sculpté du palais ;
– recherches sur des moments fondateurs de l’institution du musée.
Ces travaux sont menés au sein de la section Histoire du Louvre, créée par le
département des Peintures mais aujourd’hui rattachée au département des
Sculptures, et par l’agence de l’architecte en chef, qui mène d’importantes études
historiques préalables à toutes les opérations de restauration et de modernisation
entreprises dans le musée. Michel Goutal est l’architecte en chef du palais et
Guillaume Fonkenell est chargé de l’histoire du Louvre.
G. Fonkenell
 The idea of formulating a study programme specifically on the history of the Louvre itself
emerged in the 1940s, when it became clear that there was actually no division exclusively devoted
to the remarkable building containing all these collections, a palace in the heart of the capital with
such a rich history of its own. The research programmes that were consequently set up to study
the Museum’s history are devised to complement each Department’s own field of research, and
focus on the following subjects:
the study of life in and around palace down through the ages; conservation and studies of
medieval and modern objects found on the Louvre and Tuileries sites during archaeological
excavation work largely conducted between 1980 and 1990;
studies of the building’s architecture, and the conservation of works connected with the activities
of the Louvre’s Chief Architect, particularly a collection of nineteenth-century preparatory
mouldings for the Louvre’s sculptural decorations;
and research on the founding moments in the Museum’s establishment.
This project is run by the History of the Louvre division—which was set up by the Department of
Paintings, and is now attached to the Department of Sculptures—and the Chief Architect’s office,
which carries out the necessary major historical studies prior to any restoration and modernisation
work effected on the Museum. Michel Goutal is currently the Chief Architect, and Guillaume
Fonkenell is in charge of the History of the Louvre division.
86
Histoire du Louvre
La charpente du Salon carré
Projet suivi par Michel Goutal et Guillaume Fonkenell
Les travaux de restauration de la couverture du Salon carré
entrepris en avril 2010 ont été l’occasion d’observer dans le
détail sa charpente métallique. La confrontation avec les documents anciens a montré que la charpente originelle, conçue en
1789 par les architectes Axel Guillaumot et Augustin Renard,
était encore en place aujourd’hui. Cette découverte fait du
Louvre le dépositaire de l’une des plus anciennes structures
métalliques de grande portée conservée in situ en France et
probablement dans le monde.
Le système adopté par Renard et Guillaumot cherchait à
associer la légèreté (pour ouvrir largement le sommet de la
charpente afin d’assurer un éclairage zénithal) et la sécurité
contre l’incendie : le bois avait été entièrement proscrit et les
ardoises étaient directement « collées » et clouées sur un enduit en plâtre. La charpente a été consolidée en 1849 par Félix
Duban et ses pentes modifiées au xxe siècle. Son apparence primitive sera restituée à l’occasion des travaux et une présentation détaillée en sera faite lors de l’International Congress of
History of Construction qui se tiendra à Paris en juin 2012.
G. Fonkenell
 During the restoration work on the roof above the Salon Carré, the
existing roof structure was revealed to be the original one designed by the
architects Axel Guillaumot and Augustin Renard in 1789. This means that
the Louvre has one of the oldest metallic large-span frameworks conserved
in situ in France. The system adopted by Renard and Guillaumot combined
lightness of weight (to facilitate the creation of a wide opening at the top
of the structure to provide overhead natural lighting) with fire safety.
Vue générale du chantier de restauration de la couverture du Salon carré,
Attribué à Jean Augustin Renard, Coupe sur la charpente du Salon carré, 1789,
12 mai 2011
Archives nationales (O1 1670, pièce 249)
87
Travaux de recherche
Service du Récolement des dépôts antiques
et des arts de l’Islam
L
e service du Récolement des dépôts antiques et des arts de l’Islam (SRDAI) s’est
mis en place en 2004, sous l’autorité directe du président-directeur du Louvre,
faisant suite à la mission du même nom créée en 1997. La vocation de ce
service est liée aux objectifs de la Commission de récolement des dépôts d’œuvres
d’art de l’État et consiste à réaliser un récolement de tous les « dépôts » du Louvre
dans les autres institutions en France et à l’étranger. Ce travail, contrairement à un
récolement régulier, ne consiste pas simplement à pointer la présence ou l’absence
des œuvres en fonction d’un inventaire existant. En effet, l’histoire de la politique
muséale française dès la fin du xviiie siècle s’est caractérisée par une volonté de l’État
de répartir le patrimoine national sur l’ensemble du territoire et le Louvre a été
l’un des vecteurs essentiels de cette « distribution ». Ainsi, le travail de récolement
des dépôts consiste d’abord à mener des enquêtes historiques sur les collections
acquises par le Louvre dès le début du xixe siècle et envoyées, souvent rapidement
après leurs acquisitions, dans divers musées, universités et autres institutions. Le
récolement in situ permet ensuite de découvrir ou de redécouvrir scientifiquement
ces collections en quelque sorte oubliées. C’est pourquoi les activités de recherche
du service se développent autour de deux axes essentiels : l’histoire des collections
et de leurs envois, et l’étude archéologique de ces collections souvent inédites.
Y. Lintz
 After its mission was established in 1997, the Division responsible for locating and verifying the
Museum’s holdings of antiquities and Islamic art was created in 2004 under the management of
the Department of Near Eastern Antiquities. This Division is closely linked to the operations of the
“Commission de récolement des dépôts d’œuvres d’art de l’État”, whose mission involves locating
and authenticating all works in the Louvre itself, and Louvre property deposited with other
institutions in France and abroad. This mission is not a routine matter of simply verifying whether
or not works are present by checking them against an existing inventory. In fact, the history of
French museum policy since the end of the eighteenth century has always been characterised by a
deliberate State policy of fostering greater awareness of the national heritage throughout France,
and the Louvre has always been one of the main vectors for this promulgation. Hence, the location
and authentication of the deposits primarily involves conducting historical investigations into the
collections acquired by the Louvre at the turn of the nineteenth century, which were then
transferred—often quite soon after their acquisition—to other museums, universities, and
institutions. This procedure has resulted in the technical analysis or rediscovery of collections that
had been almost forgotten. This is why the Division’s research activities focus on two core initiatives:
the history of the collections and their transfers, and the thorough reassessment of (often)
previously unseen collections.
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Service du Récolement des dépôts antiques et des arts de l’Islam
Étude historique, scientifique et archéologique des envois d’Antinoé (Égypte)
Projet suivi par Yannick Lintz et Magali Coudert
Enjeux du programme
Le récolement des dépôts qui a débuté en 1996 a eu le mérite
de mettre en lumière des collections nationales mal connues,
parce que souvent acquises au xixe siècle ou au début du
xxe siècle puis immédiatement distribuées dans diverses institutions muséales ou universitaires. Le SRDAI se donne donc
pour objectifs d’étudier et de publier les collections les plus
significatives de cette histoire.
En 2010, nous avons entrepris l’étude historique, scientifique et archéologique des collections égyptiennes d’Antinoé
fouillées par l’archéologue Albert Gayet entre 1895 et 1910.
Émile Guimet, qui fut très tôt, en tant que collectionneur privé, l’un des mécènes de l’archéologue, dirigea aussi au début du
xxe siècle, au nom de l’État français et en tant que directeur du
musée Guimet de Paris, la distribution de ce patrimoine à travers la France et quelques pays européens. Aujourd’hui, alors
que nous allons terminer en 2011 le récolement de ces envois
dans les diverses institutions, nous avons identifié d’ores et
déjà plus de quatre mille cinq cents objets aujourd’hui conservés dans soixante et une villes en France et sept à l’étranger.
L’étude porte sur les trois mille cinq cents items vus lors des
différentes campagnes de récolement. Ce programme, qui
a débuté en 2006 pour sa partie archivistique et historique,
s’est élargi en 2010 à une partie scientifique. Le travail se développe à partir de deux axes thématiques : les momies (un
corpus de trente-huit individus) et les tissus (quantitativement
la partie la plus importante de cette collection et par ailleurs
un domaine archéologique déjà exploré pour cette époque
de l’Égypte). Ces deux programmes de recherche s’articulent
autour de trois questions. La première vise à clarifier une chronologie pour l’instant vague (romano-byzantine, romaine ou
byzantine selon les cas). La deuxième concerne l’étude anthropologique et génétique, pour comprendre notamment s’il y
a eu des mélanges d’individus d’origine africaine et procheorientale (ce qui renvoie à la question de la cité d’Antinoé et
de son positionnement économique et culturel durant l’Antiquité tardive en Égypte et dans le monde méditerranéen et
oriental). La troisième question porte sur la compréhension
des pratiques funéraires entre l’évolution des traditions égyptiennes d’époque pharaonique et les apports des cultures
gréco-romaine et chrétienne.
Méthode
L’année 2010 nous a permis de préciser notre méthode de
travail selon plusieurs principes. Nous ne voulons pas nous
contenter d’additionner des résultats bruts après une « batterie » d’analyses. L’équipe pluridisciplinaire réunie pour ce
projet a donc décidé en juin d’entreprendre un travail en
deux temps : d’abord une phase d’étude macroscopique, avec
constitution d’un corpus d’imagerie (scanner ou radios) intégrant aussi l’analyse au carbone 14, les études isotopiques et
tribologiques. Une seconde phase consistera à approfondir des
recherches de type physico-chimique en fonction des résultats
de la première phase. En amont, des protocoles précis de travail ont été mis au point (imagerie scanner, examens pathologique et dentaire, transport des momies dans les centres
hospitaliers universitaires [CHU], prises d’empreintes pour la
tribologie, prise d’échantillons de cheveux pour le carbone 14
et les analyses isotopiques). Une expérimentation de protocole
est en cours pour l’analyse ADN, afin de clarifier la réalité de
conservation d’ADN en fonction des prélèvements et pour éviter des résultats « trompeurs ».
Composition de l’équipe pluridisciplinaire
– Yannick Lintz, conservateur en chef, responsable du SRDAI,
et Magali Coudert, collaboratrice scientifique de conservation,
culture copte et époque romano-byzantine, SRDAI, toutes
deux responsables du programme ;
– Marie-Hélène Rutschowscaya, conservateur général, responsable de la section copte au département des Antiquités
égyptiennes, musée du Louvre ;
– Dominique Bénazet, conservateur en chef, section copte
au département des Antiquités égyptiennes, musée du Louvre ;
– Hervé Bocherens, professeur, Institut für Geowissenschaften – Biogeologie Universität, Tübingen ;
– Thierry Borel, radiologue, C2RMF, palais du Louvre, Paris ;
– Laure Cadot, conservateur-restaurateur d’objets ethnographiques – matériaux organiques, polychromies mates, restes
humains ;
– Dr Laurent Dussarps, chirurgien-dentiste, Gradignan ;
– Eva-Maria Geigl, directrice de recherche CNRS, équipe
Épigénome et Paléogénome (recherche sur l’ADN), Institut
Jacques Monod, CNRS, université Paris VII Diderot ;
– Fabienne Médard, archéologue, spécialiste de l’étude technique des textiles anciens ;
– Dr Samuel Mérigeaud, praticien hospitalier du CHU Lapeyronie, Montpellier ;
– Witold Nowik, ingénieur de recherche, responsable du
pôle analytique, Laboratoire de recherche des monuments historiques, Champs-sur-Marne ;
– Pascale Richardin, responsable du groupe Datation – Datation par le carbone 14, département recherche, C2RMF, palais
du Louvre, Paris ;
– Margareta Tengberg, archéobotaniste, UMR 7209, Muséum
d’histoire naturelle, Paris ;
Observation scientifique d’une momie d’Antinoé au musée de l’Homme en 2010
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Travaux de recherche
– Dr Pierre-Léon Thillaud, paléopathologiste, chargé de
conférences, École pratique des hautes études, Paris ;
– Romain Thomas, doctorant en botanique, Muséum d’histoire naturelle, Paris.
Calendrier
Début du programme : 2010.
Fin des analyses : fin 2011.
Sortie d’un ouvrage : fin 2012.
Projet suivi par Yannick Lintz et Caroline Tsagouris
Y. Lintz
 Since 1996, the comprehensive programme of locating and
authenticating works deposited in museums has involved a complex
inquiry into the background of national collections acquired in the
nineteenth and early twentieth century, and immediately distributed to
various museums and university institutions. One of the first steps in this
mammoth undertaking was to examine the archival and historical records
of the Egyptian collections from Antinopolis, excavated by the archaeologist
Albert Gayet between 1895 and 1910, a task that began in 2006. This
study involved inventorying more than 4,500 objects on deposit in 61
towns and cities in France, and 7 abroad. The technical assessment that
followed in 2010 involved the chronological, anthropological, and genetic
analysis of the mummies and mummy cloths, and an inquiry into funerary
practices. This project is being conducted by a multidisciplinary team of
specialists in social sciences and the exact sciences. The results of the
research are scheduled for publication in 2012.
Recherche sur l’histoire des dépôts
du Louvre et de l’État en France
et dans le monde
Projet suivi par Yannick Lintz, Marie-Josée Castor,
Caroline Tsagouris et Christine Walter
Le récolement des dépôts du Louvre et de l’État engendre de
fait une recherche historique sur les contextes d’envois de ces
collections par le Louvre ou l’État dans les différentes villes en
France et à l’étranger. Le SRDAI mène un travail important de
recherche historique selon une méthodologie définie à partir
d’une connaissance détaillée des fonds d’archives à Paris, en
région et à l’étranger. Cette recherche est menée selon des dossiers par ville et par institution muséale à l’intérieur de chaque
ville. Il est ainsi possible de reconstituer de manière relativement précise les différents contextes historiques qui ont présidé à ces envois : la politique de l’État à l’époque concernée par
le dépôt, les acteurs engagés dans ce projet du côté du Louvre,
notamment dans le choix des œuvres envoyées, et les enjeux
du musée dépositaire bénéficiaire de ces dépôts. Un rapport est
rédigé à l’issue du récolement où ces différents éléments sont
analysés. Les villes étudiées en 2010 sont Belfort, Boulognesur-Mer, Châlons-en-Champagne, Lyon (en cours), Nantes (en
cours), Reims et Troyes.
Y. Lintz
 The comprehensive programme of locating and authenticating works
90
Recherche sur l’histoire
des collections nationales
et leur circulation entre le Louvre
et les autres musées nationaux
deposited by the Louvre and the State has brought to light a wealth of
archives that have aided the verification of the procedures and conditions
by which these collections were originally sent by the Louvre and the State
to various towns and cities in France and abroad. The towns and cities
studied in 2010 were Belfort, Boulogne-sur-Mer, Chalons-en-Champagne,
Lyon (ongoing), Nantes (ongoing), Reims, and Troyes.
Le récolement des dépôts entre les musées nationaux nous
amène à établir un état des lieux exhaustif des dépôts du
Louvre vers les autres musées nationaux depuis l’origine de
l’institution. Cette étude, dont l’objectif administratif vise à
acter par des reversements ou des renouvellements de dépôts
un certain état actuel de la répartition des collections nationales, nous oblige à rechercher les conditions d’entrée des
œuvres dans les collections nationales, en clarifiant des situations historiques, notamment des modalités d’affectation des
anciennes collections royales et impériales. Nous cherchons
aussi à reconstituer de manière précise les modalités de mouvements de ces collections au cours du temps, en fonction des
différents projets muséaux de l’État. On sait ainsi très bien
que la décision de créer en 1945 un grand musée national des
Arts asiatiques au musée Guimet entraîne le départ de ce type
de collections du Louvre vers Guimet. On en sait moins sur
les œuvres antiques arrivées de Guimet au Louvre à la même
époque. Cette recherche s’effectue d’abord à partir de l’examen
critique des inventaires, du rassemblement des sources d’informations disponibles dans les services de documentation des
conservations, mais surtout par un travail de dépouillement
analytique des dossiers relatifs aux mutations de collections,
mené dans les centres d’archives. L’année 2010 s’est concentrée sur l’identification de toutes les situations historiques de
mouvements de collections du Louvre vers les autres musées
nationaux et inversement.
Y. Lintz
 The comprehensive programme of location and verification of
deposits held by the various national museums has produced an exhaustive
inventory of works despatched by the Louvre to these institutions since the
Museum first opened. It is also gradually providing a timeline for the
transfers of these collections, corresponding with the various museum
projects pursued by the State over the years. In 2010, the research team
successfully finished tabling the historical circumstances of each of the
transfers of the Louvre collections to other national museums, and vice
versa.
Recherche sur l’histoire
de la constitution des collections
du Louvre
Projet suivi par Yannick Lintz et Catherine Graindorge
Deux étapes sont à la base de cette recherche entreprise en
janvier 2010 : la loi de 2002 relative aux musées de France,
qui permet le transfert de propriété des dépôts effectués avant
1910, et le récolement de dix-huit mille quatre cent soixantetreize œuvres antiques déposées dans près de trois cents institutions en France et à l’étranger, dont six mille cinq cents ont
un mode d’acquisition inconnu ou méconnu.
Service du Récolement des dépôts antiques et des arts de l’Islam
La recherche de ces provenances donne lieu à une étude
des contextes d’envoi permettant de remonter aux choix des
œuvres et donc éventuellement à leurs contextes d’acquisition. En réunissant l’ensemble des arrêtés, des décrets et des
listes d’envois de l’État, un récapitulatif chronologique a ainsi
été établi, précisant l’année, le lieu de dépôt et le nombre d’objets. Les raisons qui ont présidé à la composition des dépôts
sont de deux sortes : soit les objets ont été rassemblés à des fins
pédagogiques, ce qui est le cas pour de nombreuses villes, qui
ont alors reçu des dépôts relativement stéréotypés, associés à
l’une des trois civilisations antiques ou aux arts de l’Islam, soit
ils ont été réunis en fonction de critères locaux parfois inattendus, ce qui est le cas pour un certain nombre de villes isolées
où il n’existait pas de tradition en la matière.
Des investigations sont ensuite menées sur les acteurs
concernés, qui font apparaître des engagements et des niveaux
de responsabilité différents et des modes de financement
spécifiques. Ces deux éléments conjugués créent un faisceau
d’indices corroboré par une recherche historiographique et
archivistique (dépouillement de fonds dans une quinzaine de
centres d’archives en France, où près de deux mille trois cents
documents d’archives ont été sélectionnés). L’année 2010 a été
essentiellement consacrée à l’étude des dépôts de 1901 (cinq
cent quatorze œuvres égyptiennes dans seize villes).
Y. Lintz
 This particular research project, which began in January 2010, was
prompted by two events: first, the law of 2002 relating to French museums,
which enables the transfer of ownership of deposits made before 1910;
and second, the Louvre’s comprehensive location and validation of 18,473
antique works deposited in around 300 institutions in France and abroad,
6,500 of which involved transactions that are not accounted for, or are
unrecognised. Systematic provenance research has provided a detailed
chart of the historical context in which the works were transferred, so as to
identify how works were chosen, and possibly the contexts in which they
were acquired. Research in 2010 was essentially devoted to the study of
deposits distributed in 1901 (514 Egyptian works to 16 towns and cities).
Constitution d’outils scientifiques
d’étude des collections dans le cadre
du récolement
Projet suivi par Yannick Lintz et Anne-Laure Goisnard
La démarche de récolement que nous poursuivons avec l’ensemble des départements du Louvre fait apparaître la nécessité
d’éclairer les mouvements de certaines collections ou de certaines œuvres au cours du temps. L’histoire du Louvre et de la
distribution de ses collections à l’intérieur de l’établissement en
fonction de l’apparition progressive des départements scientifiques et de la disparition de certains autres appelle un regard
transversal. Une première démarche dans ce sens a amené le
SRDAI à coordonner en 2010 un groupe de travail sur la numérisation des inventaires du Louvre et à réfléchir à un outil partagé entre tous les départements. Cette démarche ambitieuse
suppose deux axes de travail. L’un est une connaissance précise
de tous les registres (d’entrée ou d’inventaire) transversaux aux
collections du Louvre et par département (une première liste
en a été dressée). L’autre consiste à mettre en place dans les
inventaires déjà numérisés des principes d’indexation, seuls
capables de créer un véritable outil scientifique. La commission de Récolement des dépôts d’œuvres d’art et le service des
Archives des musées nationaux sont associés à cette réflexion.
Y. Lintz
 The intricacy of the Louvre’s history and the complex distribution of the
Museum’s collections within the establishment—which advanced gradually
with the creation of specialist departments and the disappearance of
others—entails taking a transversal view of the history of these collections, so
as to form a composite chart of the Museum’s evolution over time. An initial
step in this direction in 2010 prompted the SRDAI (the department
responsible for locating and verifying early deposits, and for Islamic arts) to
coordinate a working party to assess the complete digitisation of the Louvre
inventories, so as to create a working tool shared by all the departments.
91
Travaux de recherche
Délégation à la conservation préventive
et à la coordination des régies
D
epuis sa création en 2007, la Délégation à la conservation préventive et à la
coordination des régies (DCPCR) a développé trois axes au sein des missions
qui lui ont été confiées :
– le travail préalable à l’élaboration et la mise en œuvre d’une politique de
conservation préventive à l’échelle de l’établissement, pour l’ensemble des espaces
du musée, dans et hors les murs ; de même, la délégation intervient dans chacun des
grands projets de l’établissement ;
– la conception et la mise en œuvre de chantiers des collections, qui permettent
aux différents départements de mener des campagnes pour les objets non inclus
dans les grands projets, qu’ils se trouvent dans les salles ou en réserve, dans ou hors
les murs ;
– la gestion des lieux mutualisés, en particulier aire de livraison et réserves
extérieures, qui participe de la politique de conservation préventive du musée.
Les six membres de la délégation, pour l’essentiel des restaurateurs et régisseurs
formés dans les domaines spécifiques susmentionnés, travaillent en étroite
collaboration pour garantir la cohérence de la politique mise en œuvre.
A. de Wallens
 Since it was established in 2007, the “Délégation à la conservation préventive et à la
coordination des régies” (Division for preventive conservation and collection management
coordination) has developed three distinct approaches to carrying out its mandates:
– it lays the groundwork for the development and implementation of a preventive conservation
policy applicable to all of the Museum’s internal and external areas; the Division also participates
in each of the Louvre’s major conservation projects;
– it conceives and implements projects that enable the various departments to carry out specific
operations on objects not included in the major conservation programmes; this applies to objects
located in the exhibition halls, the storerooms, and inside or outside the Museum;
– it is responsible for managing the Museum’s shared areas, particularly the delivery area and the
external storerooms, which are part of the Museum’s preventive conservation policy.
The Division’s six members include restorers and administrators specifically trained in each of the
fields mentioned above, and work in close collaboration to ensure the coordinated implementation
of the Museum’s conservation policies.
92
Délégation à la conservation préventive et à la coordination des régies
Journée d’étude « Veille sanitaire
des collections patrimoniales »
Projet suivi par Anne de Wallens, Joëlle Le Roux,
Bertrand Le Dantec, Nicolas Pouget
La Délégation à la conservation préventive et à la coordination des régies fait partie d’un groupe de travail « insectes », rassemblement informel de différentes institutions patrimoniales
voisines (C2RMF, Laboratoire de recherche des monuments
historiques, musée du Louvre, musée du Quai Branly, Muséum
d’histoire naturelle, Centre des monuments nationaux, Bibliothèque nationale de France) qui se réunissent deux à trois fois
par an pour un échange d’expériences autour des infestations
biologiques, de la veille sanitaire et des traitements existants.
Ce groupe s’est réuni pour une journée d’étude au Louvre
en décembre 2010. Plusieurs thèmes ont été abordés : la reconnaissance des points d’entrée des insectes ; la mise en place
de plans de veille sanitaire concernant les insectes, la pertinence de l’installation de pièges lumineux ; les traitements
par anoxie dynamique effectués au Louvre, dans le cadre d’un
marché public. Des échanges fructueux ont ainsi pu être noués
entre collègues confrontés à ces mêmes questions.
J. Le Roux
 The “délégation à la conservation préventive et à la coordination des
régies” (Division for preventative conservation and collection management
coordination) is a team of experts that meets several times a year to
exchange information about biological infestations, the intrusion of insects
in particular. The special study day held at the Louvre in December 2010
focused on several issues, including the identification of the points of entry
for insects; the creation of insect-monitoring systems; the installation of
light-traps; and the implementation of dynamic anoxia treatment.
Commission de restauration
Projet suivi par Anne de Wallens
La Commission de restauration et de conservation préventive
s’est réunie trois fois au cours de l’année 2010. Composée de
dix membres institutionnels et de seize personnalités reconnues dans le domaine de la conservation-restauration (historiens de l’art, archéologues et restaurateurs), elle donne un
avis consultatif sur les restaurations proposées par les départements, ou en cours de réalisation.
Dix œuvres ont été présentées, parmi lesquelles la Vénus de
Milo (avant sa réinstallation dans la galerie de la Melpomène),
le Christ Courajod, les bas-reliefs de la fontaine des Innocents
de Jean Goujon, la Vénus du Pardo de Titien ou encore le papyrus médical acquis par le département des Antiquités égyptiennes en 2007.
Certaines d’entre elles ont fait l’objet d’une deuxième, voire
d’une troisième présentation, permettant ainsi aux membres
de la commission de suivre les différentes étapes de la restauration, et de confirmer ainsi les avis préalablement donnés.
A. de Wallens
field—met on three occasions in 2010. Among the ten works presented for
review were the Venus de Milo, the Courajod Christ, the Fountain of the Innocents bas-reliefs by Jean Goujon, the Pardo Venus by Titian, and the medical
papyrus E 32847.
Étude de l’environnement vibratoire
dans le cadre du chantier Marengo
Projet suivi par Anne de Wallens et Bertrand Le Dantec
Un facteur d’altération, souvent considéré à tort comme moins
dangereux que le climat ou la lumière, est de plus en plus présent dans l’environnement patrimonial. Il s’agit des vibrations
sismiques anthropiques (travaux) dont les basses fréquences
(de quelques hertz à quelques centaines de hertz) et le contenu
énergétique peuvent provoquer des dommages structuraux sur
les collections.
La DCPCR, ainsi que les départements concernés (départements des Peintures et des Antiquités orientales) et la Direction
architecture, muséographie et technique (DAMT) sont intervenus en amont du chantier Marengo, qui consiste à percer des
escaliers sur toute la hauteur de l’aile nord de la Cour carrée,
pour tenter de limiter les effets des vibrations inhérentes au
percement et à la démolition des plafonds et planchers.
Le laboratoire d’acoustique du Mans et la junior entreprise
qui en dépend ont été sollicités pour aider à la définition puis
au dimensionnement de systèmes antivibratoires adaptés. Les
ingénieurs ont aussi défini le protocole d’enregistrement et de
surveillance du chantier à partir d’un seuil théorique à ne pas
dépasser.
Ces systèmes de surveillance seront mis en place sur et autour des collections qui n’auront pas pu être déplacées du fait
de leur poids, de leur encombrement ou de leur mode de présentation.
B. Le Dantec
 Relative to the installation of stairs in the north wing of the Cour
Carrée, the DCPCR (Division for preventative conservation and collection
management coordination), la Direction Architecture, Muséographie et
Technique (Architecture, Museography, and Technical Department) and
the corresponding departments involved met to discuss and make
provisions for the effects of the stair construction on the collections. The
Laboratoire d’Acoustique (Laboratory of Acoustics) in Le Mans and the
associated student-run enterprise were brought in to assess the
implementation of suitable anti-vibration devices and monitoring systems,
which will be installed on and around those collections that cannot be
moved because of their weight, size, or the way in which they are exhibited.
 The “commission de restauration et de conservation preventive” (restoration and preventive conservation commission)—comprised of ten members of Louvre staff and sixteen consultants in the conservation-restoration
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Travaux de recherche
Service Études et recherche
de la Direction de la politique des publics
et de l’éducation artistique
L
a mise en œuvre d’une politique de recherche sur les publics du Louvre a
été inscrite au « contrat de performance » 2009-2011, l’objectif étant de faire
connaître et de diffuser les connaissances acquises sur les publics, les usages et
les politiques mises en œuvre à leur intention, grâce à l’existence d’un important
corpus d’études. La visée d’innovation et d’expérimentation qui sous-tend de
nombreuses activités culturelles du Louvre en France et à l’étranger justifiait aussi de
soutenir cette fonction de recherche, susceptible d’en expliciter et d’en accompagner
le développement et la stratégie.
Les thèmes retenus relèvent de l’analyse et de la prospective sur les usages et les
publics, des apprentissages et des bénéfices retirés de l’expérience muséale, enfin de la
finalité du musée comme espace de production de biens et de valeurs. Ces domaines
ont été inscrits au « contrat de performance » sous la forme de trois volets de recherche :
– recherche sur les formes de la médiation et les aides à la visite ;
– recherche sur les publics « réels » et « virtuels » ;
– recherche sur la valeur sociale, culturelle et économique du Louvre.
Les conditions de mise en œuvre de ce programme ont été établies de la façon suivante :
– les méthodologies employées relèvent des sciences humaines et sociales et
mobilisent des techniques tant qualitatives que quantitatives ;
– les recherches sont conduites dans le cadre de partenariats avec des organismes
d’enseignement et de recherche (CNRS ; université Paris I Sorbonne ; HEC-Paris) ;
– le programme procède d’un dispositif de recherche appliquée, à horizon de moyen
terme, avec une visée opérationnelle à destination des professionnels du Louvre ;
– il doit enfin contribuer à la diffusion des connaissances et faire l’objet de
publications au sein de revues spécialisées à comité de lecture.
A. Krebs-Poignant
94
 The implementation of a policy for conducting research on the Louvre’s audience was included
in the Performance Report for 2009–2011; the goal was to acquire and disseminate knowledge
about the audiences and about the practices and policies to be applied to it, drawing on the large
body of research now available. The innovative and experimental approach underlying many of
the Louvre’s cultural activities, both in France and internationally, has justified the emergence of
this research focus, through which its development and strategies can become more clearly
articulated and supported.
The topics selected include the analysis and future projection of the uses and audiences of the
museum; the educational and other benefits gained from the museum experience; and lastly, the
role of the museum as a territory for the production of goods and values. These areas were
represented in the Performance Report in the form of three research projects:
- Research on types of interactive communication and interpretation devices
- Research on «real» and «virtual» audiences
- Research on the social, cultural and economic value of the Louvre.
The procedure for the implementation of this research programme was defined as follows:
- The methodologies used come from the social sciences and humanities, and adopt both
qualitative and quantitative approaches.
- The research is conducted through partnerships with educational and research institutions
(CNRS, the University of Paris I-Sorbonne, and the HEC business school).
- The programme employs a medium-term applied research approach, with its intended
beneficiaries being the Louvre’s staff.
- Lastly, it will contribute to the dissemination of knowledge in the field, and result in articles
published in peer-reviewed journals.
Service études et recherche de la Direction de la politique des publics et de l’éducation artistique
Recherche sur les pratiques réelles et « virtuelles » du Louvre
Partenariat Louvre – HEC-Paris
Projet suivi par Florence Caro
Présentation de la recherche
À l’âge moderne, la naissance des techniques de reproduction
et le développement consécutif des industries culturelles ont
conduit à s’interroger sur les différences entre l’œuvre d’art et
sa reproduction. L’époque contemporaine, marquée par le développement d’Internet et la révolution induite dans les possibilités d’accès aux œuvres et aux connaissances, transforme ce qui
pourrait être compris comme une simple extension de la reproduction en nouvelles modalités de visite et d’expérience (bouger
autour de l’œuvre, la voir en 3D, etc.). Dans le cas des musées
d’art, le site Internet propose à ses visiteurs, au-delà des finalités
pratiques, un espace virtuel qui semble exister indépendamment
des collections originales tout en les reflétant quasiment en miroir (bases de données d’œuvres, visites virtuelles dans les salles,
etc.). Explorer la question de l’articulation du territoire « réel » du
musée avec son territoire « virtuel » via son site Internet devient
une question de première importance pour le développement
des musées. Cette recherche ayant pour terrain le Louvre s’inscrit
dans le contexte plus large de la refonte de son site Internet. Elle
vise à analyser et mieux comprendre les rapports de complémentarité et/ou de substitution éventuelle qui peuvent exister entre la
visite physique du musée et sa visite virtuelle.
Cadre conceptuel et questions de recherche
La recherche s’appuie sur une segmentation des publics obtenue par le croisement entre visiteurs du musée (in situ) et visiteurs du site Internet (en ligne). Elle conduit à définir, hormis
le non-public (exclu du champ de cette recherche), trois catégories de visiteurs :
– les visiteurs « complets », qui effectuent les deux types de
visites et pour lesquels il s’agira de comprendre la nature du
lien entre visites physiques et visites virtuelles ;
– les « exclusifs physiques » ;
– les « exclusifs virtuels ».
Visite physique
oui
Visite virtuelle
non
oui
« complets »
« exclusifs virtuels »
non
« exclusifs physiques »
(non-publics)
La recherche explore les relations entre réel et virtuel :
– exploration croisée des pratiques muséales, réelles et virtuelles ;
– appréhension des différentes dimensions de l’expérience
et de la création de valeur sous-tendue par ces pratiques ;
– compréhension des représentations qu’ont les individus
des œuvres et des collections dans les deux types de visites et
bénéfices respectifs.
Méthodologie
La recherche procède en deux volets.
Un premier volet, qualitatif, pour explorer les usages Internet des visiteurs de musées d’art, en relation avec leurs pratiques de sorties et de loisirs, et comprendre comment ces
usages affectent le rapport à l’œuvre, originale et reproduite :
– vingt-neuf entretiens semi-directifs, à domicile et sur place au
musée, auprès de Franciliens, de régionaux et de visiteurs étrangers ;
– une réunion de groupe avec huit Franciliens.
Un second volet, quantitatif, via un questionnaire, avec
deux modes de recueil :
– in situ, à la sortie des collections du musée du Louvre, auprès de cinq cent trente-sept répondants (moitié Français et
moitié étrangers), en trois langues ;
– en ligne, auprès de cinq mille quatre cent quatre-vingtquinze internautes du site www.louvre.fr, à leur déconnexion
du site, dans les mêmes langues.
Premiers résultats
Les premiers résultats ont été obtenus par l’approche qualitative. Ils s’ordonnent autour de plusieurs thèmes :
– positionnement du musée d’art dans les attitudes et pratiques culturelles des répondants ;
– variables déterminant les représentations et usages constatés ;
– existence de rôles influents chez certains visiteurs ;
– tendance dominante : non-substituabilité de la visite réelle
à la visite virtuelle.
La seconde partie de la recherche porte sur les résultats de la
phase d’enquête quantitative (actuellement en cours d’analyse), en particulier le développement d’une échelle multiitems sur les relations entre réel et virtuel et les déterminants
individuels des variations de cette échelle.
Ces résultats seront détaillés et mis en perspective avec les
apports de la littérature consacrée aux musées et aux nouvelles
technologies. En conclusion, les apports théoriques et les questions soulevées par cette recherche et ses résultats seront mis
en évidence. Des implications pratiques dans le domaine de la
politique numérique seront proposées, à destination des professionnels de musées.
F. Caro
 The inter-relation between the «physical» location of a museum and
its «virtual» counterpart, the latter being primarily its website, is becoming
a vitally important issue for museum development. This research project
seeks to analyse the connections between visiting the actual museum and
visiting its website: one may complement the other, or possibly replace it.
Three audience groups are investigated:
- “Full” visitors who make both types of visit, where the issue is to
understand the relationship between the physical and virtual visit
- «Purely physical» visitors
- “Purely virtual» visitors.
The research methodology is both qualitative (29 interviews and a group
meeting, focusing on visitor uses and perceptions) and quantitative (an “onsite” questionnaire administered to 537 visitors to the Louvre, in several
languages, and an “on-line” questionnaire filled out by 5,495 visitors to the
www.louvre.fr site, in the same languages as the on-site questionnaire).
The initial findings, resulting from the qualitative phase of the study,
make it possible among other things to understand the positioning of the
art museum in the respondents’ attitudes and practices with respect to
culture, as well as the variables that determine these.
The results of the quantitative phase, currently being analysed, will make
it possible to weight appropriately the trends observed in the qualitative
phase, and also to develop a multi-item scale showing the relationships
between the real and the virtual, as well as the individual determinants of
variation in this scale.
95
Travaux de recherche
Recherche sur les relations entre les musées et les municipalités en Europe
Partenariat Louvre – Centre d’économie de la Sorbonne – université Paris I Sorbonne
(groupement d’analyse politique financé par l’Union européenne)
Projet suivi par Anne Krebs-Poignant
Présentation de la recherche et méthodes employées
Le partenariat entre le Louvre et le Centre d’économie de la Sorbonne (université Paris I Sorbonne), qui a débuté en 2007 par
une étude appliquée sur l’impact économique du Louvre, s’est
poursuivi en 2010 avec la création d’un groupement d’analyse
politique financé par l’Union européenne, associant le musée
du Louvre, le Centre d’économie de la Sorbonne, le Manchester Museum (université de Manchester, Royaume-Uni), la ville
de Split (Croatie) et le réseau européen ENCATC (European
Network of Cultural Administration Training Centres).
Pour faire le point sur la question des relations entre les musées et les municipalités européens dans le cadre de différents
contextes nationaux ou subrégionaux, le travail du groupement s’est appuyé sur :
– quatre rencontres européennes (Paris, Manchester, Split,
Bruxelles) ;
– une dizaine d’auditions de professionnels des musées, des
collectivités ou d’experts de ces questions ;
– quatorze études de cas nationales ou régionales ;
– une double enquête en ligne conduite auprès de musées et
de municipalités en Europe.
Questions de recherche
La recherche visait à comprendre l’état de la relation entre les musées et leurs territoires, afin de contribuer notamment à la réflexion
sur le développement territorial du Louvre, à travers l’analyse de
la transformation des relations, des missions et des attentes mutuelles des musées et des municipalités en Europe. Les municipalités ont constitué de nombreuses collections ou en ont hérité et
sont devenues des partenaires très actifs des musées : la décentralisation confère des responsabilités croissantes aux collectivités territoriales ; la crise financière conduit les États à réduire leurs engagements et les musées à renforcer leurs partenariats notamment avec
les municipalités, parmi d’autres tuteurs publics ou privés ; enfin, la
recherche d’un développement culturel durable, associant progrès
culturels, sociaux et économiques, crée un espace de convergence
entre les activités de plus en plus variées des musées et les responsabilités que doivent assumer aujourd’hui les collectivités locales.
96
Résultats
L’analyse de l’état de ces relations souligne les synergies et les
différences relatives aux missions des musées et aux attentes
mutuelles des municipalités et des musées. Les deux partenaires s’accordent sur le fait qu’ils peuvent soutenir et stimuler
ensemble responsabilité patrimoniale et responsabilité sociale,
mais avec des différences d’approche :
– les musées restent très attachés à leurs fonctions traditionnelles (accueil des visiteurs et éducation des scolaires), mais ils
ignorent de moins en moins leurs contributions possibles au
développement social et économique ;
– les musées mettent en évidence les capacités d’ouverture et
la curiosité des élèves, alors que les municipalités insistent sur
la place à accorder à la lutte contre l’échec scolaire ;
– les musées s’accordent tous sur leur contribution à l’éducation et à l’insertion des jeunes de dix-huit à vingt-cinq ans,
alors que les municipalités insistent sur la nécessité de poursuivre le même objectif pour les adultes ;
– les musées envisagent leur rôle en soutien à l’expression des
valeurs culturelles de communautés présentes sur leur territoire,
alors que les municipalités leur demandent de bien veiller à ce
que toutes les communautés puissent accéder aux musées ;
– alors que les municipalités soulignent l’importance des musées pour la croissance économique liée au tourisme, les musées
préfèrent afficher leur capacité à être des lieux d’innovation
technologique ;
– les musées, clairement concernés par leurs responsabilités
vis-à-vis de leurs territoires, attendent que les municipalités les
aident à se faire connaître et à se financer ; ils ne veulent pas
servir de simples aimants au tourisme dit culturel et craignent
que les municipalités les ignorent ;
– les municipalités demandent aux musées d’assumer les
fonctions élargies aujourd’hui prêtées à la culture en contribuant, au même titre que tous les autres équipements structurants, au bien-être sanitaire, à la cohésion sociale et à l’expression de la diversité culturelle.
En tenant compte des spécificités propres aux vingt-sept
États membres, la synergie entre musées et municipalités pourrait permettre aux musées de renforcer leur rôle en tant que
leviers de créativité culturelle, sociale et économique, en prenant en compte, et sous réserve d’évaluation :
– un design institutionnel et juridique qui favorise autonomie et responsabilisation des musées ;
– un design économique et financier qui permette des
formes de mutualisation et des engagements de moyen terme ;
– un design de gestion des ressources humaines renforçant et
valorisant les qualifications de toutes les catégories de personnels et mettant en valeur volontariat et réseaux ;
– enfin, un design de l’évaluation associant les indicateurs traditionnels d’objectifs et de résultats à des indicateurs de valeur, et
notamment, en matière d’élévation du bien-être sanitaire et social
des populations, d’expression de la diversité culturelle et de contribution au développement économique et social des territoires.
Les résultats des travaux du groupement d’analyse politique ont
été présentés à Bruxelles, le 10 décembre 2010, dans le cadre d’une
conférence internationale, et ont fait l’objet d’un « livre blanc »,
disponible en français et en anglais, sur le site www.encatc.org
A. Krebs-Poignant
 The Louvre and the Centre d’économie of the University of Paris I Sorbonne
have coordinated and provided research supervision of a policy analysis group,
financed by the European Union, studying the state of the relationships
between European museums and the regions where they are located. This
research was aimed at gaining an understanding of the trends, the areas of
convergence or divergence with respect to museums’ sustainable development,
the mutual expectations and the challenges currently shared by museums and
municipalities in the domains of governance and development. The analysis of
the state of these relationships highlights both synergies and differences of
viewpoint with respect to the stated missions of the museums, and the mutual
expectations of both partners. This research opens the way for a discussion
of innovations through which museums can strengthen their role as drivers of
cultural, social and economic creativity within their respective regions.
Service études et recherche de la Direction de la politique des publics et de l’éducation artistique
Recherche sur les formes et
structures des médiations et des
aides à la visite (in situ et online)
Partenariat Louvre – laboratoire Culture et communication
(université d’Avignon et des Pays de Vaucluse)
Projet suivi par Anne Krebs-Poignant
Questions de recherche
L’axe de recherche sur « les médiations des savoirs et les aides à la
visite », inscrit au « contrat de performance » du musée du Louvre,
comprend plusieurs volets. Ce partenariat de recherche, lancé
en 2007 avec le laboratoire Culture et communication (Centre
Norbert Elias – UMR 8562 – université d’Avignon et des Pays de
Vaucluse), vise à consolider les connaissances sur les formes et
les structures de la médiation et explore la compréhension des
significations des messages culturels, de leurs usages et de leurs
modes de réception par les différentes catégories de publics. Le
programme vise notamment à étudier et évaluer les méthodes de
transmission et d’acquisition de la culture dans le contexte plus
général de la politique des publics du Louvre, à Paris, comme sur
les autres « territoires » où peuvent s’exposer, aujourd’hui ou à
moyen terme, les situations communicationnelles entre le Louvre
et ses publics (Louvre-Lens, Louvre-Abou Dabi, site Internet du
Louvre) :
– un premier volet (2007) portait sur les textes et les lectures dans les collections du musée du Louvre, analysant la
politique de production des écrits et inventoriant de façon
ethnographique les pratiques de lecture ou de non-lecture des
visiteurs ;
– en 2009, à la demande du service multimédia du Louvre,
un deuxième volet a porté sur l’analyse du site Internet du
Louvre en tant que média de communication, et définissait les
scénarios d’usage du nouveau site www.louvre.fr ;
– un troisième volet, ouvert en 2010 à la demande du département des Antiquités grecques, étrusques et romaines et du
service Éducation de la Direction de la politique des publics et
de l’éducation artistique, visait à consolider les connaissances
sur les dispositifs textuels proposés au public et sur leur réception, dans le contexte particulier des espaces muséographiques
des nouvelles salles d’art grec classique et hellénistique.
A. Krebs-Poignant
Analyse des flux et de la présence
des visiteurs à partir des captations
de données des dispositifs mobiles
des visiteurs
Partenariat Louvre – laboratoire LiftLab (Suisse) –
société BitCarrier (Espagne)
Projet suivi par Thomas Besançon
Le partenariat de recherche noué entre le Louvre, la société
mécène BitCarrier et l’agence de recherche LiftLab a permis de
tester un dispositif innovant de captage des flux de visiteurs
au sein des espaces muséographiques. Dix appareils, munis de
batteries ayant une autonomie de dix jours et capables de capter les signaux Bluetooth émis par les téléphones mobiles des
visiteurs, ont été disposés à des points clés d’un parcours allant
du hall d’accueil à la Grande Galerie et à la salle de la Vénus de
Milo. Chaque téléphone mobile détecté était identifié de façon
unique par un code numérique crypté respectant l’anonymat
du visiteur. Il a ainsi été possible, par analyse statistique, de
cerner les parcours individuels (un même téléphone étant capté à différents points du musée), les boucles (visiteurs repassant près d’un même capteur), les flux (proportion de visiteurs
s’engageant sur telle partie du parcours), ou encore la durée
des trajets ou des stationnements, et les effets de l’affluence sur
les stratégies de déplacement des visiteurs.
T. Besançon
 Through a research partnership between the Louvre, one of its
business patrons BitCarrier and the research company LiftLab, an innovative
system for collecting data on visitor behaviour was tested. Ten Bluetooth
sensors were installed at key points in the Denon wing of the Louvre.
Mobile phones, uniquely identifiable by an encrypted digital code that
preserved the anonymity of their owners, could in this way be made to
yield invaluable information about the pathways chosen by visitors and the
volume of visitor flow.
 Research on the «interactive communication of knowledge and visitor
aids» was initiated in 2007 with the Culture and Communication Laboratory
(Centre Norbert Elias - UMR 8562 - University of Avignon and the Pays de
Vaucluse). A series of studies investigated and consolidated knowledge of
the types and organisation of interactive communication, the understanding
of the meanings of cultural messages, and their uses and methods of
delivery to audiences.
Lecture : comparaison du nombre de billets vendus au Louvre (courbe noire) et du nombre de téléphones mobiles détectés (courbe orange) sur une période de quatre mois
97
Travaux de recherche
Outils de la recherche
Bases de données
Museum Plus
Le musée du Louvre est lancé depuis 2007 dans un projet de
refonte globale de la gestion informatique de ses collections.
Ce projet consiste à mettre en place un système transversal de
gestion des collections des sept départements du musée (hors
Arts graphiques), tant sur le plan administratif et scientifique
que sur celui de la localisation, de la documentation, de la
conservation, et de la gestion des risques. La future application
rassemblera toutes les informations concernant les œuvres et
les cadres et recensera l’activité liée aux œuvres et aux cadres.
Le projet de refonte comprend quatre phases : mise en place
du socle commun (2007-2009) ; mise en œuvre pour les départements des Antiquités égyptiennes et des Peintures (20092011) ; mise en œuvre pour les départements des Sculptures,
des Objets d’art et des Antiquités orientales ; mise en œuvre
pour le département des Arts de l’Islam, celui des Antiquités
grecques, étrusques et romaines et les autres services concernés, et enfin mise en place d’un Intranet de consultation.
 Since 2007, the Louvre has been busy undertaking a complete
overhaul of its collections, entering each item into a universal database so
as to create an interdepartmental management system that covers the
collections of each of the Museum’s seven departments (excluding the
department of Graphic Arts). This system will serve as a vital tool for both
administrative and scientific use by providing data on the exact location,
documentation, and conservation of each work, and facilitate risk
management of the Louvre’s holdings.
This mammoth overhaul involves four distinct phases: the establishment
of a common platform (2007–09); operational implementation for the
Departments of Egyptian Antiquities and Paintings (2009–11); operational
implementation for the Departments of Sculpture, Decorative Arts, and
Near Eastern Antiquities; and operational implementation for the
Departments of Islamic Arts, and Greek, Etruscan, and Roman Antiquities,
and the other departments concerned, along with the creation of an
intranet for in-house consultation.
Développement des données informatiques
sur les collections égyptiennes d’époque
pharaonique dans Museum Plus
98
Rappelons que le choix d’une base de données documentaire
informatique (on ne parlait pas encore de « documentation
dématérialisée ») portant sur l’ensemble de la collection du
département égyptien remonte à 1974.
En 2010, la documentation du département a activement
préparé le reversement sur Museum Plus des quarante et un
mille deux cent quarante fiches de l’ancienne base hébergée
sur Mistral, en révisant certains thésaurus (fusion dénomination/typologie, époques et datations). Un méticuleux travail
de nettoyage a anticipé le reversement ultérieur des bases liant
les œuvres aux expositions passées (action rétroactive sur dix
ans), de celles relatives aux photographies des œuvres ainsi
que de la base du récolement décennal.
Ces travaux documentaires d’importance, menés avec l’assistance du service Informatique du Louvre, sont les préalables
indispensables au succès de la nouvelle base de données des
collections, outil fondamental pour la recherche documentaire au département égyptien ainsi qu’outil de gestion des
mouvements d’œuvres.
Retardées pour des raisons techniques, la « mise en production » et la prise en main par les membres du département
auront lieu à partir du printemps 2011.
 It is important to note that the idea of creating a documentary
database (the term “dematerialised documentation” was not used at the
time) of the entire collection of the Department of Egyptian Antiquities,
goes back to 1974.
In 2010, the research division of the Department of Egyptian Antiquities
actively prepared the transfer of the 41,240 records on the old Mistral database to the centralised “MuseumPlus” system, by revising certain thesauri
(denominations/typologies, periods, and dates were merged). A systematic
streamlining operation was carried out before the subsequent transfer of the
databases, linking each of the works to past exhibitions (covering the last 10
years), the photographic databases of the works, and the database of the
ten-year update on the location and authentication of each item.
This extensive documentary work, conducted with the assistance of the
Louvre’s Computer Department, is an indispensable prerequisite for the
success of the new database of the collections—an essential documentary
research tool in the Department of Egyptian Antiquities, and a tool for
monitoring the possible relocation of any given work.
Delayed for technical reasons, the new system was finally made available
to the department’s staff began in spring 2011.
Les collections du département
des Peintures dans Museum Plus
En 2010, la régie et la documentation du département des Peintures ont œuvré activement à la migration des données (fiches
des œuvres, photos, etc.) dans Museum Plus. Cette étape a nécessité l’étude, la mise à jour et le nettoyage des données figurant dans les différentes bases de gestion existantes (des collections permanentes, des dépôts, des cadres, des catalogues, des
revues, des photos, etc.). Ce travail a été effectué sur plusieurs
mois, avec la collaboration du service Informatique. Retardée
pour des raisons techniques, la mise en production est prévue
à l’automne 2011 pour le département des Peintures.
À terme, cette base complète et transversale de gestion des
collections regroupera toutes les informations (historique,
Outils de la recherche
photo, etc.) et recensera les activités (prêts, restaurations, etc.)
liées aux onze mille deux cent cinquante-huit peintures et aux
neuf mille cadres du musée. Ainsi, Museum Plus deviendra un
outil indispensable aussi bien pour la documentation que pour
la régie des œuvres et des cadres du département.
 Throughout 2010 the research division and management of the
Department of Paintings has been busy transferring back data (descriptions
and/or images of works, photos, etc.) to the new, centralised Museum Plus
database. This first phase entailed sorting, updating and collating
information from the various existing databases (records of permanent
exhibitions, deposits, frames, catalogues, journals, photos, etc.). The task
was carried out over several months in tandem with the in-house Computer
Department. For the time being, the Department of Paintings database is
delayed for technical reasons, but will begin functioning in autumn 2011.
This comprehensive interdepartmental database for managing the
collections will eventually contain all known information (history, photos,
etc.) and activities (loans, restoration work, etc.) relating to 11,258
paintings and 9,000 picture frames (3,000 of which are not actually in use).
Inventaire des Arts graphiques
L’inventaire informatisé et illustré du département des Arts
graphiques décrit et reproduit les dessins, cartons, pastels,
miniatures inscrits sur les inventaires manuscrits du cabinet
des Dessins du musée du Louvre et du musée d’Orsay. Il comporte également toutes les planches gravées de la Chalcographie, tous les dessins et une partie des gravures de la collection
Edmond de Rothschild, le fonds des dessins récupérés en Allemagne et attribués aux musées nationaux par l’Office des biens
privés, le fonds des peintures sur papier et miniatures déposées
par le département des Peintures et le fonds des autographes
du cabinet des Dessins. Il recense aussi les expositions dans
lesquelles ont figuré les œuvres du département et propose les
fiches de ces expositions.
Mise en chantier en 1989, la base de données est accessible
sur Internet depuis 2003. Depuis 2008, une nouvelle version
de l’application, considérablement enrichie, est utilisée par le
département. Cette version est mise à jour quotidiennement.
En 2010, l’équipe de la documentation a procédé à la correction et à l’enrichissement de onze mille sept cent cinquante
et une fiches d’œuvres, à la création et à l’enrichissement de
neuf mille mouvements, à la création et à l’enrichissement de
cent dix-neuf expositions et à l’insertion de deux mille trois
cents images. En 2010, un travail de recherche et de préparation a été effectué afin d’attribuer des critères d’identification
destinés à former la première partie du champ « Collection
Everhard Jabach » de l’inventaire informatisé.
En 2010, le personnel scientifique de la documentation, en
collaboration avec le service Informatique, a entrepris la préparation de la mise en ligne de cette nouvelle version, dont la
mise en ligne est prévue pour 2012.
Les diverses versions et réécritures de cet inventaire informatisé ainsi que son enrichissement relèvent de la responsabilité de
Brigitte Donon et Michèle Gardon, de Christel Winling pour la
Chalcographie et la collection Edmond de Rothschild, et Hélène
Grollemund pour les mouvements des œuvres et les expositions.
 The computerised and illustrated inventory of the Department of
Graphic Arts contains descriptions and reproductions of drawings, cartoons,
pastel drawings, and miniature paintings recorded in the manuscript
inventory of the Cabinet des Dessins in the Musée du Louvre and the
Musée d’Orsay. It also contains all the engraved plates of the Chalcographie,
and all the drawings and some of the engravings in the Edmond de
Rothschild collection; the collection of drawings retrieved in Germany and
reassigned to the national museums by the Office des Biens Privés (Office
for Private Property); the collection of paintings on paper and miniature
paintings deposited by the Department of Paintings, and the collection of
autographs in the Cabinet des Dessins. It also lists the exhibitions in which
the Department’s works have been put on show, and contains the
descriptions and/or images of the works provided in the case of each of
these exhibitions.
Begun in 1989, the database has been online since 2003. In 2008, the
Department began using a new version of the data storage application that
enabled considerably more data to be compiled. The current version of the
database is updated on a daily basis. In 2010, the research team corrected
and added further data to 11,751 descriptions and/or images of works;
recorded and updated information relating to 9,000 movements of
individual works; recorded detailed information relating to 119 exhibitions,
and added 2,300 images for the registered items. In 2010, research and
preliminary work was carried out in order to establish identification criteria
for the creation of the first part of the “Collection Evehard Jabach” section
in the computerised inventory.
In 2010, the staff of the research department worked alongside the
Computer Department to prepare a new online version, which is scheduled
to be available in 2012.
The principal people responsible for creating, rewriting, and perfecting
the successive versions of this computerised database are B. Donon and M.
Gardon, Christel Winling (the Chalcographie and the Edmond de Rothschild
Collection), and H. Grollemund (movements of works and exhibitions).
Répertoire des professions/
fonctions et noms des personnages
mentionnés sur les monuments
pharaoniques du département
des Antiquités égyptiennes
À la fin de 2010, ce répertoire comptait mille six cent vingt et
une fiches, correspondant chacune à une profession/fonction.
Il a vocation à être consultable sur la future base de données
Museum Plus. À la différence des travaux prosopographiques
déjà disponibles ou actuellement en cours dans d’autres organismes de recherche (musées et universités, en France et à
l’étranger), il ne se limite pas à une période historique, à une
aire géographique, à une catégorie socio-professionnelle ou à un
type de monument. Il prend en compte l’ensemble de la collection égyptienne du Louvre, dans laquelle se côtoient blanchisseurs, scribes, jardiniers, généraux, confiseurs et grands prêtres
d’Amon, servantes asiatiques, nourrices, joueuses de sistre et
épouses royales. Il permet donc d’avoir une idée précise des personnages, femmes et hommes, qui ont fait partie pendant trois
millénaires de la société pharaonique, telle qu’elle est représentée dans toute sa variété par la collection du Louvre.
É. David
 At the end of 2010, this inventory contained 1,621 records, each of
which corresponds to a profession/function. It needs to be made accessible
on the future MuseumPlus database. Unlike the prosopographical studies
that are currently available or ongoing in other research institutes
99
Travaux de recherche
(museums and universities in France and abroad), the inventory is not
limited to a particular historical period, geographical area, socioprofessional category, or a type of monument. It takes into account the
Louvre’s entire Egyptian collection where a whole range of people are
mentioned: launderers, scribes, gardeners, generals, confectioners, high
priests of Amon, Asian servants, nannies, female sistra players, and royal
wives. It gives us a precise idea of the men and women who lived during
the three millennia of pharaonic society, as it is represented in all its variety
by the Louvre collection.
departments (DAGER, DAE, and DAO), and the Department of Islamic Arts
(DIA) of the Musée du Louvre.
The three-part PICO database provides various types of information:
administrative, historical, technical, and bibliographical information, and at
least one photograph per object.
This database, which is updated twice a year as works are located and
authenticated, is available for consultation (on request) on the Museum
premises.
Contact: [email protected]
Élaboration d’un thésaurus pour
la normalisation des descriptions
de la céramique du département
des Arts de l’Islam
Base de gestion des cadres anciens
du département des Peintures
La gestion des collections et l’ensemble des recherches scientifiques ont rendu nécessaire la normalisation de la description
du matériel céramique. Ce travail a été mené par l’équipe du
département des Arts de l’Islam (DAI) en 2010. Cette normalisation servira au reversement de la base Simurgh, base de données
des collections du DAI, dans la future base Museum Plus, base
de données de l’ensemble des collections du musée du Louvre.
 The management of the department’s collections and the ongoing
scientific research work involved standardising the descriptions of the
various types of ceramic artefact, which was carried out by the DIA team in
2010. This standardisation will facilitate importing the contents of the
Simurgh database (the DIA collections database) into the MuseumPlus
master database, which will comprise all the collections in the Musée du
Louvre in a single system.
Base de données du récolement des
dépôts antiques et des arts de l’Islam
(Pico)
La base de données du SRDAI compte à ce jour environ dixhuit mille cinq cents notices sur les œuvres récolées depuis
1998 dans près de deux cent quarante institutions en France et
à l’étranger. Elles concernent les envois de l’État et les dépôts
des trois départements antiques (DAGER, DAE, DAO) ainsi que
du département des Arts de l’Islam du musée du Louvre.
Composée de trois volets, la base de données Pico fournit des
informations de type administratif, historique, scientifique, bibliographique, ainsi qu’une couverture photographique d’au
moins une image par objet.
Cette base, actualisée deux fois par an en fonction de l’avancée du récolement, est ouverte à la consultation, en interne au
musée du Louvre, sur demande.
Personne à contacter : [email protected]
100
 The SRDAI (the department responsible for locating and authenticating
of antiquities and for the Islamic arts) database currently contains around
18,500 descriptions and/or images of works that have been located and
validated since 1998 in around 240 institutions in France and abroad. The
data relates to State deposits and to deposits made by the three antiquities
La base de gestion des cadres anciens du Louvre (logiciel
Filemaker) a été revue et complétée en 2009-2010 afin d’être
fondue dans la base Museum Plus. Cette base spécifique, qui
couvrira à terme la totalité des neuf mille cadres du Louvre
(dont trois mille non affectés), est indépendante de la base des
tableaux, avec laquelle elle entretient toutefois un lien étroit.
Elle comportera, entre autres, les photographies des cadres, un
champ historique et un espace consacré au suivi des restaurations.
 The (FileMaker) database of the Louvre’s picture frames was revised
and updated over the period 2009–10 and then added to the new,
comprehensive MuseumPlus database, which will eventually cover all
9,000 of the Museum’s frames (3,000 of which are not actually being
used), and is independent but runs parallel to the database for the pictures
themselves. Each entry includes a photograph of the frame, data on its
background, and a field for a restoration log.
Fonds photographiques
Gestion des photographies au
département des Sculptures
Une réflexion particulière a été menée sur la gestion, l’exploitation et la diffusion des différents fonds photographiques
conservés dans les dossiers documentaires.
Les photographies anciennes
Le premier axe de réflexion a porté sur les fonds de photographies anciennes conservées dans les dossiers documentaires.
Au cours de l’année 2010, il a ainsi été procédé à une estimation des fonds, à la préparation d’un chantier de restauration
et de reconditionnement des photos les plus fragiles, à la commande d’équipements, à la demande de travaux pour l’obtention d’un local spécifique de conservation de ces fonds, à une
recherche sur les procédés photographiques utilisés et sur les
photographes et les éditeurs de photographies présents dans le
fonds. Une investigation a été menée pour retrouver les institutions susceptibles de conserver d’autres photographies des
œuvres du département. Enfin, une documentaliste spécialisée
dans le domaine de la photographie a été recrutée.
Outils de la recherche
Les photographies numériques
Le second axe de réflexion a porté, en collaboration avec le
service Informatique, sur la gestion des fonds de photographies numériques documentaires. Un espace dédié à ces fonds
a été créé sur le réseau interne du musée, et, dans l’attente
d’un outil informatisé pour la gestion de ces fonds, une structure de classement des photos par dossier reprenant le même
classement que celui des dossiers documentaires papier a été
mise en place.
 Particular thought was given to the management, use, and diffusion
of the various collections of photographs held in the documentary dossiers.
The early photographs
The first phase focused on the existing photographic records stored in
the archives. In 2010, work began on assessing the collection, restoring the
more fragile ones; new equipment was ordered; and a request made for a
specific area to be assigned for housing all this photographic material;
regarding each item, a record of techniques used was started, along with a
list of the photographers and photographic editors. A search began for
other institutions worldwide that are likely to have additional photographs
of the works in the department. Lastly, a researcher specialising in
photography was recruited.
The digital photographs
Working in tandem with the Louvre Computer Department, the second
phase focused on reordering the backlog of documentary digital
photographs, which is now hosted on the Museum’s internal network, and
on devising a system for filing photos by dossier, similar to the system used
for the paper dossiers, pending the creation of dedicated software for
managing these collections.
Restauration et numérisation du
fonds de photographies anciennes
du département des Objets d’art
Depuis 2008, le département des Objets d’art a entrepris la
restauration et le reconditionnement des photographies anciennes (antérieures à 1940) des œuvres conservées dans ses
collections. Après traitement, ces photos sont numérisées grâce
à la collaboration du service Images et ressources documentaires du musée du Louvre. Une base de données de description (notamment technique) des photographies numérisées
a été mise en place par la documentaliste chargée du suivi
de ce projet et sera reversée à l’avenir dans la base de données
Museum Plus. Ce fonds contient près de trois mille photographies et son traitement devrait s’achever en 2013. En parallèle,
il a été procédé au repérage des plaques de verre représentant
des œuvres du département des Objets d’art au sein de l’important fonds de plaques qui y sont conservées (environ dix
mille) ; ces plaques ont été numérisées.
 Since 2008, the Department of Decorative Arts has undertaken the
conservation of early (pre-1940) photographs of artworks held in the
Louvre. These photographic records have been restored and digitally
scanned, with the help of the Louvre’s Images and Documentary Resources
Division. The research librarian responsible for running this project has
compiled a database with the (mainly technical) descriptions of the
scanned photographs; this will later be transferred to the centralised
MuseumPlus database. The collection comprises almost 3,000 photographs,
and the project is expected to terminate in 2013. The glass-plate negatives
of artworks in the Department of Decorative Arts located in its vast stock
(approx. 10,000) of plates, have likewise all been digitally scanned.
101

Documents pareils