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Un film séduisant, nostalgique, esthétiquement réussi.
Synopsis
Dans une salle de bal redéfile l’histoire de la France, des années 20 aux années 80, au gré des musiques qui ont rythmé
ces décennies. Le Front Populaire, la Seconde Guerre mondiale, la Libération et Mai 68 sont ainsi évoqués sur fond de
jazz, de rock’n’roll et de musique disco.
FICHE TECHNIQUE
RÉALISATEUR
ETTORE SCOLA
SCÉNARIO
RUGGERO MACCARI
JEAN-CLAUDE PENCHENAT
FURIO SCARPELLI
ETTORE SCOLA
PHOTOGRAPHIE
RICARDO ARONOVICH
MUSIQUE
VLADIMIR COSMA
MONTAGE
RAIMONDO CROCIANI
PRODUCTION
CINEPRODUCTION S.A.
FILMS A2
MASS FILM
O.N.C.I.C.
FICHE ARTISTIQUE
LA TROUPE
DU THÉÂTRE
DU CAMPAGNOL
LE BAL
Propos d’Ettore Scola
«Ce sont des gens qui vivent une petite vie, faite de petites hypocrisies et de petites misères. Des gens
qui ont un peu vu passer l’histoire, quelquefois ont fait semblant de ne pas la voir, et la plupart du
temps ne l’ont pas vue du tout. »
« Les gens qui se retrouvent dans une salle de bal ne se connaissent pas, ils n’ont pas de raison de
communiquer par la parole. A travers leurs regards, leur manière de s’asseoir, d’inviter à danser, de
danser, d’accompagner les dames, ils cherchent plutôt un langage différent de la parole, une façon de
communiquer et de vivre autre que l’échange de mots. »
1983 - 1h52
France - Italie - Algérie
« Rien à voir avec le genre « Ah, qu’ils étaient beaux les bals d’autrefois ! ». Cette histoire de salle de
bal est une histoire d’effleurements et attouchements maladroits, révélateurs de personnalités sexuellement pauvres et, en tout cas, peu préparées à tous les types de rencontres. »
Césars 1984
Meilleur film français
Meillleure musique
Meilleur réalisateur
« Je commence en 36 car là sont mes premiers souvenirs. Je serais plus âgé, c’eût été 1914. Je ne fais
pas un film historique; je n’en ai jamais fait. C’est un film sur le temps qui passe, la mémoire et l’amitié, mes thèmes. Ce qui m’importe, c’est de comprendre l’homme. Et pour cela, je me sers de l’histoire,
du souvenir. L’ambiguïté m’intéresse. Je me moque du réalisme. J’aime le faux historique s’il me
permet de mieux comprendre les semailles qui annoncent le futur. L’homme ne change pas, comme
la salle de bal. Je veux lui donner les moyens de se retrouver. De Sica dans Sciuscia montrait Naples
en 1944 : le Noir américain libérateur y violait les femmes. Mais le gamin napolitain lui fauchait
son uniforme, ses chaussures, tout. Ni bon d’un côté ni méchant de l’autre… Par l’ironie, De Sica
faisait exploser dès la fin de la guerre l’imagerie officielle. »
COPIES NEUVES
SORTIE
LE 13 JUILLET 2011
PRESSE
eva simonet
Tel. : 01 44 29 25 98
[email protected]
« Ne dites pas muet, qui suppose qu’on ne peut parler. Mais sans paroles. Parce qu’on a usé les mots.
Ils ne sont pas sûrs pour la communication. Il nous faut retrouver un langage perdu. Mieux qu’à
travers des mots, tant de choses s’expriment par les yeux, le nez, la bouche surtout : elle peut s’ouvrir,
respirer, soupirer. Mais je déteste le mime, que vous semblez aimer, en France. Le bal, c’est la solitude des gens qui n’ont pas besoin de paroles. Ils cherchent à communiquer autrement. Ils n’aiment pas
les mots, qu’ils ont utilisés toute la journée, cette journée ordinaire comme leur vie dont ils ne sont pas
contents. »
L’histoire du film
1983 — la grande salle vide d’un dancing
vétuste, datant des années 30. Un très vieux
serveur, qui semble avoir vieilli avec elle, met
en marche l’électrophone et, l’un après l’autre,
allume les spots. Apparaît alors une jeune fille
rousse, perchée sur de hauts talons, qui descend vite, en équilibre instable, les marches
conduisant à la piste de danse. Elle marche
droit sur l’objectif, nous regarde comme si
nous étions un miroir et, en gros plan, face à
nous, arrange ses cheveux. Elle va s’asseoir à
une table en bordure de la piste.
Arrive ensuite une dame en tailleur et lunettes
noires, tout aussi pressée, qui fait le même
crochet pour passer devant le miroir-caméra, s’essuie une dent du bout du doigt, puis va s’asseoir à une autre table…
Le Bal est la transposition cinématographique du spectacle donné par le théâtre du Campagnol, de février 81 à mai 82, à
Antony d’abord, puis à Nanterre, enfin en tournée en France et à l’étranger. Ceux qui l’ont vu gardent de cette création
collective, sur une idée de Jean-Claude Penchenat (qui, avant de créer Le Campagnol, fut longtemps le bras droit d’Ariane
Mnouchkine au Théâtre du Soleil) un souvenir ébloui.
Sans une parole, à travers les chansons, les musiques et les danses en vogue à telle ou telle époque, sont évoqués la Libération,
la guerre d’Algérie, Mai 68… La grande Histoire lue à travers la petite : celle des gens crevant de timidité et de solitude, qui
tentent, dans ce dancing minable, de rencontrer l’amour, l’amitié, au moins d’avoir, durant quelques minutes, un contact
physique avec un autre être.
Grâce à Ettore Scola, tout un public qui ne va pas au théâtre va donc découvrir ce Théâtre du Campagnol, composé de comédiens inconnus et prodigieux. Mais il va aussi retrouver le meilleur d’Ettore Scola. Car si Scola a eu le coup de foudre pour Le
Bal, c’est, dit-il, qu’il y rencontrait ses propres thèmes : « Le temps qui passe avec ses ruines, ses infarctus et ses espoirs évanouis…
la solitude… enfin l’Histoire — non pas l’Histoire officielle mais l’histoire individuelle qui nourrit l’Histoire officielle ».
On comprend que le réalisateur d’Une journée particulière (le fascisme vécu par deux de ses victimes : un homosexuel et une
femme) et de La Nuit de Varennes (vue par Rétif de la Bretonne, Tom Paine et quelques anonymes) ait été séduit par cette
succession d’images stylisées décrivant une tranche d’Histoire. Avec Jean-Claude Penchenat, il a d’ailleurs quelque peu transformé la spectacle, supprimant, par exemple, « le bal du comité d’entreprise » pour le remplacer par « Le Front Populaire » et
« l’Occupation ».
Il s’est aussi avisé que l’électricien de la troupe ressemblait à Jean Gabin. Et voilà Pépé le Moko descendu sur la piste de danse.
Scola a également inventé un Fred Astaire et une Ginger Rogers du pauvre, et un couple d’aristos venus s’encanailler, qui
évoque, dit-il, le couple Darrieux-Victor Francen.
Son apport ne se limite pas à cet hommage au cinéma populaire d’avant-guerre. Le Bal n’est pas du théâtre filmé. Ce qui le
rend d’ailleurs un peu plus noir. Au théâtre, notre regard ne cessait de fouiller un immense plan d’ensemble, sollicité de tous
côtés, isolant tantôt ceci, tantôt cela, mais ne pouvant s’attarder sur rien. Du coup, la solitude de chaque personnage était
comme noyée dans la masse. Nous étions plus sensibles à la communion que tous tentaient d’établir entre eux qu’à l’isolement
réel de chacun.
Ici, la caméra de Scola travaille à notre place, nous imposant telle image, puis telle autre. Les gros plans sont cruels; les ridicules grossis à la loupe. On sourit sans cesse mais une tristesse se dégage. Celle-là même qui appartient en propre au réalisateur
de La Terrasse.
Alors que les comédiens du Campagnol campent avec une précision éblouissante, une bonne humeur roborative et une grande tendresse des personnages dérisoires et drôles, Scola, non seulement par le choix de ses plans, mais par ses cadrages et ses
éclairages, nous serre le cœur. La photo de « 1936 », avec ses couleurs effacées une à une par le laboratoire jusqu’à ne plus
garder que quelques taches rouge pâle, dégage un charme nostalgique : et traduit bien une époque où éclatent tous les espoirs,
mais qui, trois ans plus tard — nous le savons aujourd’hui — devait basculer dans la guerre.
Et le film s’achève sur un plan déchirant de la salle vide, que quittent, solitaires, une femme, puis un homme. Image en
plongée, dans une lumière crépusculaire, qui évoque Fellini.
Claude-Marie Trémois - TÉLÉRAMA
Critiques d’époque
Si l’humour noir d’Affreux, sales et méchants et la tendresse douce-amère de Nous nous sommes tant aimés s’y manifestent, Le
Bal, film français tourné dans les studios de Cinecitta avec les acteurs du Campagnol, est aussi la suite logique de La Nuit de
Varennes, cette grande chronique incomprise. Mais ici, le réalisme historique fait place à la représentation stylisée et théâtrale
(le décor unique du dancing, scène d’une société qui entre et sort au gré des événements) de la vie des petites gens, reprenant
la danse sur des rythmes différents et significatifs de l’évolution des mœurs et des mentalités.
(...)Scola organise sa propre chorégraphie filmique, pour explorer un espace clos qui, en fait, semble non limité. Chaque
époque a son style plastique : celle du Front Populaire, blanche et noire avec de rares touches de couleur, est la plus marquée
d’une référence à la mémoire cinématographique ; on y voit un sosie de Gabin danser avec une bourgeoise emperlousée dont
le mari tente un suicide dérisoire avec les morceaux de son monocle. Et, pourtant, l’ensemble est d’une belle unité, par l’ajustement de l’esthétique à la durée historique.
On retrouve aussi l’originalité fondamentale de Scola, cette alliance à la fois souple et heurtée de la comédie et du drame, du
gag caricatural et du pamphlet social : le rire avec un goût de larmes. Dans la fête de la libération apparaît un unijambiste
rescapé de la guerre. Après les pleurs de retrouvaille, il danse, sur un pied. Ainsi tout passe par l’image : le fascisme, la collaboration, l’après-guerre, le marché noir, la tristesse d’un soldat du continent partant pour l’Algérie, les tabassages d’immigrés,
le conflit amoureux, les joies et les peines.
Grimés quand il le faut, interprétant plusieurs rôles, les acteurs et les actrices, visages nouveaux dans le cinéma français, se sont
pliés à cette conception de la « petite histoire » érigée en spectacle et en refus des mythes officiels. Lorsque, dans la splendide
scène finale, renversement de la scène d’ouverture, ces personnages, humains sans paroles, s’en vont, solitaires, on sait qu’ils
reviendront danser encore, souvent, apportant avec eux leurs espoirs vacillants.
Jacques Siclier – LE MONDE
Comme habité par la musique et le mouvement des danseurs-acteurs, Scola s’efface la plupart du temps devant sa manie du
décodage et filme sereinement, en virtuose parfois, ses clips-musette. Dès que pointe le risque d’une mise à plat du bal comme
lieu strictement fonctionnel, une rengaine intervient, obligeant le film à s’oublier, insufflant à la réalisation une cadence folle
et inespérée. Il y a visiblement eu coup de foudre du réalisateur pour son sujet. D’ailleurs (est-ce un hasard ?), Scola, qui
compte à son actif une cinquantaine de scénarios n’a pas écrit celui-ci puisque — on le sait — il l’a adapté d’une pièce de
théâtre. C’est donc en enfilant un costume sur mesures qu’il a fait l’un de ses meilleurs films.
(…)Et puis il y a l’essentiel ou presque : les acteurs, véritables génies du transformisme puisqu’ils jouent tous dans chaque
tableau et sous des rôles différents, à telle enseigne que certains sont méconnaissables d’un épisode à l’autre. Pour une fois,
l’expression « il faudrait tous les nommer » prend son sens puisqu’ils ont des rôles égaux et qu’ils sont tous parfaits.
Nommons-les donc : la troupe du Théâtre du Campagnol (étiquette générique et commune qui tombe bien puisqu’ils sont
plutôt nombreux : 23), avec une attention spéciale pour l’orchestre impassible.
Olivier Séguret – LIBÉRATION
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