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TOYER
Roman policier / Gardner MCKAY / éd. Le Cherche midi
Lu par Aline CARDON
Toyer ne tue pas ses victimes mais il joue avec elles avant de les
laisser en état de mort cérébrale. Maud est neurologue et tente
de les soigner. Un jour, de rage et de frustration, elle accepte la
proposition d'une journaliste et commence à correspondre
avec lui par médias interposés.
L'histoire est originale, tout comme le style d'écriture : phrases brèves,
chapitres courts qui donnent du dynamisme au roman. L'intrigue est
bien menée et la tension va crescendo jusqu'au milieu du roman. A
ce stade, le lecteur voit soudain apparaître de nouveaux personnages
secondaires et il n'est pas difficile de deviner lequel est Toyer. Dans la
seconde moitié de l'histoire, l'auteur se perd dans une étude
psychologique de ses personnages qui est laborieuse et semble écrite
pour "rallonger la sauce". Avis mitigé pour ce roman, 50% intéressant,
50% ennuyeux.
LE JOURNAL D’UN JOURNAL
Bande dessinée / Mathieu SAPIN / éd. Delcourt
Lu par Céline LEROUX
Edito
Notre temps fort « Armentières en bulles » approche et comme chaque année, le comité
de lecture s’est passionné pour la bande dessinée…et pour cette édition la sélection fut
« multi-genre » : de la bande dessinée « campagnarde » (le Viandier de Polpette) à la BD
journalistique (Journal d’un journal) en passant par le témoignage historique (Julia Von
Kleist), vous trouverez plaisir à (re) découvrir la richesse du 9ème art.
Quant au secteur MAV, le film « We want sex equality » a fait sensation et le dernier album
de Laurent Voulzy démontre, s’il le fallait encore, le talent de cet artiste.
Bonne lecture,
L’équipe de la médiathèque
Après avoir passé plusieurs mois en ‘infiltré’ dans le journal
Libération, à observer les différents services, Mathieu Sapin nous
retranscrit ses impressions et découvertes au travers de cette
BD assez complète et agréable à lire.
Dès le départ, le sujet m’intéressait beaucoup et je n’ai pas été déçue
par le traitement de la BD même s’il reste assez anecdotique. L’idée
de passer plusieurs mois en reportage à l’intérieur du journal est
assez intéressante et l’on découvre beaucoup de choses sur le
fonctionnement des services, les partages de responsabilités, les
différents postes existants… Malgré tout, l’essentiel du contenu a plus
trait à l’anecdote, la petite phrase ou le détail soi-disant comique…
Ce qui rend la BD parfois décevante ou laisse le lecteur sur sa faim.
Le dessin ne m’a pas non plus enthousiasmé… Les personnages sont dessinés ou caricaturés
grossièrement et les cases souvent surchargées.J’ai cependant passé un bon moment à lire cette BD
bien que je regrette le côté un peu futile ou superficiel qui ressort parfois de la lecture.
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1
LE DROIT CHEMIN
Bande dessinée / LUPANO, TANCO, LORIEN / éd. Delcourt
Lu par Aline CARDON
SHAKESPEARE, C’EST MOI
Roman / Brunhilde JOUANNIC / éd. Max Milo
Lu par Céline LEROUX
L'histoire se déroule dans une institution formant des jeunes
hommes au métier d'agriculteur. Dusquenne y est élève et
amoureux de la fille du Comte vivant non loin de là. Un jour, un
nouvel élève nommé Valard va lui donner l'occasion de
l'approcher enfin...
Biographie romancée du supposé auteur des pièces de
Shakespeare, Edward de Vere, 17e comte d'Oxford, poète reconnu
qui vécut de 1550 à 1604. Colérique, meurtrier, aimant autant les
prostituées que les jeunes éphèbes, son histoire semble aussi
tumultueuse que son oeuvre.
Le scénario et le graphisme sont très plaisants. Et l'histoire de ce tome
1, en apparence banale, se termine sur un mystère. De quoi donner
envie de lire la suite de cette sympathique bande dessinée.
Un roman passionnant qui m’a captivée dès le début. L’intrigue sur
l’identité de Shakespeare et la lutte pour la préserver ne m’a pourtant
pas séduite et m’a semblé vraiment secondaire face au récit fascinant
de la vie de ce personnage si fantasque et extrême dans ses choix et
modes de vie. Très bien écrit, le roman dépeint une société coincée entre
les règles de la cour, de la bienséance et des enjeux de pouvoir d’un côté
; et de l’autre, une vie de décadence, de tentations, de prises de risques
et de jouissance extrême. Un savant mélange dans lequel se débat le personnage principal qui fait
preuve d’une grande modernité. Tour à tour insupportable, détestable, et attachant ou encore
pathétique, Edward de Vere est un personnage de fiction à lui seul qui construit sa vie comme dans
une pièce de théâtre.
JULIA VON KLEIST
Bande dessinée / DJIAN et MARIVAIN / éd. Proust
Lu par Nadine COUAILLIER
Cette trilogie en bande dessinées permet d’observer la montée
du nazisme à travers le prisme d’un couple allemand ; elle, fille
d’un riche industriel, et lui, noble désargenté et ancien héros de
guerre.
On ressent vraiment la montée de la violence dans la société au fur
et à mesure des trois tomes et le scénario permet d’aborder
beaucoup d’événements qui ont eu lieu. L’endoctrinement de la
population et l’aide des industriels à l’installation d’Hitler au pouvoir
sont très bien exposés. On y montre aussi comment les Allemands
deviennent « prisonniers » en quelque sorte dans un pays où certains
révèlent le pire en eux grâce aux pouvoirs nazis et d’autres
s’organisent pour résister. Cette oppression est tangible jusque dans
les arrière-plans ! Un dossier réalisé par la directrice des affaires culturelles du Mémorial de Caen
clôture de façon très intéressante chaque tome. Le seul bémol pour moi : le manque de finesse des
traits de visage des personnages qui, parfois, m’a fait perdre le fil. Un détail technique qui cependant
n’enlève rien à l’intérêt historique de cette BD.
2
LE CLUB DU SUICIDE
Bande dessinée / BALOUP et VACCARO / éd. Soleil
Lu par Virginie CAUBERGHS
En quête d’aventures extravagantes et d’intrigues, le prince
Florizel et son bras droit découvrent dans les quartiers de
Londres un club de jeux dont la mise d’une partie de cartes est la
mort d’un des joueurs.
Dès le début de ma lecture, je me suis perdue dans les personnages qui
se ressemblent tous mais aussi dans l’intrigue qui est divisée en trois
parties avec des lieux différents, mais des protagonistes récurrents. Je
n’ai pas saisi tout de suite qu’il y avait trois histoires en une tant les
transitions étaient floues. Le graphisme à l’aquarelle est joli dans son
ensemble mais du fait de ces tons continus de sépia, on distingue mal
les personnages dans leurs détails. J’ai donc terminé cette lecture avec
beaucoup d’incompréhension et une envie de finir vite.
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COMME VACHE QUI PISSE ET
AUTRES EXPRESSIONS ANIMALES
Documentaire / François LASSERRE, Roland GARRIGUE /
éd. Delachaux et Niestlé
Lu par Nadine COUAILLIER
« Tomber dans la gueule du loup », « avoir des fourmis dans les
jambes», « être fait comme un rat »… .Autant d’expressions souvent
amusantes que j’ai souvent entendues (et pratiquées) depuis mon
enfance. Et bien justement, ce petit livre « enfantin » (les illustrations
le sont) plein de fraîcheur, a su m’amuser en me faisant (re)découvrir
l’origine (réelle ou probable de près d’une centaine d’expressions
françaises. Educatif et joyeux !
GLACÉ
Roman policier / Bernard MINIER / éd. XO
Lu par Virginie CAUBERGHS
Dans le décor enneigé des Pyrénées, le commandant SERVAZ
enquête sur le crime pas ordinaire d’un cheval découvert sans tête,
près du lieu d’une unité psychiatrique remplie de criminels sous
haute surveillance.
Dès les premières pages, j’étais plongée dans l’atmosphère glacée comme
l’indique le titre, au point d’en avoir des frissons et de remonter ma
couette. L’enquête menée par le commandant Servaz, personnage écorché
et attachant, nous emmène dans une intrigue très prenante, pleine de
rebondissements et de fausses pistes. Parallèlement à son enquête, on
évolue aussi dans le milieu des criminels psychopathes au travers des yeux
d’une psychologue fraîchement arrivée dans l’institut. L’univers
psychiatrique y est très bien décrit tout en restant à la portée du lecteur avec un vocabulaire adapté.
L’écriture est soignée, fluide, le suspens toujours ménagé, les personnages bien introduits et à leur
place et quand on pense avoir découvert le criminel, on se rend compte au dernier moment qu’on
s’est complètement trompé. C’est un thriller comme je les aime et c’est un premier roman alors
vivement le second !
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LES ENFANTS DE JESSICA : T.1 LE DISCOURS
Bande dessinée / BRUNSCHWIG / HIRN / éd. Futuropolis
Lu par Vincent SOUVERAIN
Nous sommes en 2007, Jessica Ruppert, maire de New York, et
secrétaire aux affaires sociales du nouveau gouvernement,
s'apprête à prononcer dans l'hémicycle du Congrès à Washington,
un discours (titre de ce tome) historique ! Toutes les télévisions
et radios sont en place, les citoyens à l'écoute, et ses ennemis à
l'affût.
Cette BD, assez courte, est cependant très rythmée et laisse entrevoir
une intrigue politico-sociale complexe, car en effet plusieurs tomes vont
suivre. Plusieurs personnages ayant un rôle important à jouer
interviennent, d’où une narration à plusieurs niveaux. C’est davantage
l’ambiance que le récit qui m’a frappé dans cette lecture, même si
l’intrigue est prometteuse. Une ambiance tendue et malsaine où la
violence atteint parfois des paroxysmes, mais aussi des espérances. Cette ambiance est très bien
rendue par le dessinateur. Les personnages sont émaciés et leurs émotions sont perceptibles. Les
couleurs dominantes sont des nuances d’ocres et de bleus, rendant à la fois un effet agressif et doux.
Les jeux d’ombres et de lumières sont nombreux renforçant ainsi l’intrigue qui se dessine. Ce qui
ressort de ce 1er tome est donc une multitude de contrastes : contrastes dans le récit à l’image
d’un pays socialement divisé et d’une femme politique portée aux nues par ses partisans et détestée
par ses opposants. Contrastes parfaitement illustrés graphiquement. Mon sentiment, lui, n’est pas
vraiment contrasté, c’est une intrigue qui sans donner de réponses, donne envie de lire les autres
tomes.
3
LES LONGUES TRAVERSÉES
Bande dessinée / Bernard GIRAUDEAU et Christian CAILLEAUX /
éd. Aire libre
Lu par Vincent MINNE
VOYAGE AUX ÎLES DE LA DÉSOLATION
Bande dessinée / Emmanuel LEPAGE / éd. Futuropolis
Lu par Vincent SOUVERAIN
Emmanuel Lepage rapporte sous forme de dessins son
voyage effectué en Terres Australes et Antarctiques
Françaises (les TAAF) à bord du Marion Dufresne en 2010
: îles de Crozet, d’Amsterdam et surtout de Kerguelen,
jadis surnommées les îles de la désolation…
…Et pour cause, ce qui frappe en 1er tant par le dessin que
par le récit c’est la rudesse, l’hostilité et le mystère de ces îles
ainsi que le sentiment d’infini qui entoure l’équipage. Elles ne
sont peuplées que de scientifiques de tout domaine (éthologues,
manchologues…) qui se relaient après des mois de missions.
Les personnages sont en effet souvent inquiets et à l’image de
leurs traits tirés, on a l’impression qu’un drame peut survenir à
tout moment. Le dessinateur croque les paysages, les animaux,
mais surtout les hommes et les femmes. On sent dans ses
dessins une réelle admiration pour leur travail. Le tout donne un
ensemble de planches souvent impressionnantes, singulières et variées : illustrations, esquisses,
portraits, croquis, peintures, aquarelles ; en couleurs, en noir et blanc ou en sépia pour les parties
historiques. Un travail harmonieux et un récit très complet et intense qui emmène le lecteur au bout
du monde et le coupe un instant de ses préoccupations.
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C’est l’histoire de 2 marins :Théo, ancien marin devenu écrivain
et Diego, matelot à quai d’origine angolaise. Les 2 hommes se
rencontrent à Lisbonne et partagent leurs rêves. Ils évoquent
les femmes, l’amour, la mer, les voyages …
Un récit poétique. Le dernier de l’acteur Bernard Giraudeau, mort en
2010, avant la parution de la BD. Ayant démarré sa carrière dans la
marine, la mer est un thème qui lui est cher. Les dessins, souvent de
grands formats, sont d’une grande beauté ; toujours très simples mais
efficaces. Du texte et des dessins ressort la force de cette amitié
entre nos 2 marins. Avec les thèmes évoqués, l’utilisation fréquente
de couleurs froides et de scènes d’obscurité se dégage une tristesse
et une mélancolie.
LA TOUR D’ARSENIC
Roman/ Anne B. RADGE/ éd. Balland
Lu par Lucie BOIVIN
Le livre s’ouvre sur la mort de Malie, ancienne comédienne,
chanteuse de cabaret à la gloire éphémère, détestée par sa fille
Ruby, son fils Ib et adorée tout au moins aimée par sa petite fille
Therese…
Au fil des chapitres, on remonte le temps à travers la peinture des
personnages de ce livre. On traverse également la Norvège, le
Danemark et leur histoire. Pourquoi Malie est-elle détestée d’un côté et
adorée de l’autre ? Toute sorte de thèmes sont abordés dans cette saga
familiale qui dévoile peu à peu l’histoire de cette femme hors du
commun. L’auteur y joue avec le lecteur dans sa façon de le déconcerter
(par exemple avec les chapitres qui ne se suivent pas
chronologiquement, le langage parfois poétique, parfois cru…). On y
trouve de l’humour, de la tragédie, du dialogue et de la narration. Ce
roman est donc agréable à lire mais après avoir lu la « Trilogie de Neshov » et « Zona Frigida », il
est un peu attendu et moins cohérent…
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UN PÈRE IDÉAL
Roman policier / Paul CLEAVE/ éd. Sonatine
Lu par Vincent MINNE
Edward Hunter est un comptable sans histoires qui vit à Christchurch
en Nouvelle-Zélande. Pourtant, son passé est lourd ! Son père, 20 ans
plus tôt, a massacré de nombreuses prostituées et purge sa peine en
prison. Edward traine ce passé comme un boulet et ne veut plus en
entendre parler ! Quelques jours avant Noël, sa femme est
sauvagement assassinée. Devant l’inertie de la Police, il décide de faire
justice lui-même et prend conseil auprès d’un spécialiste : son père !
Une folle semaine commence…
Un thriller sombre, haletant, original. Les rebondissements sont nombreux ;
l’humour aussi est présent. Le héros est attachant ; il faut dire que la vie ne
lui a pas fait de cadeaux ! Un roman qu’il est difficile de lâcher. On reste scotché pendant les 406
pages. L’instinct de tueur est-il vraiment héréditaire ?
MON POTE
Comédie dramatique / Réal. Marc ESPOSITO, 2010
Vu par Catherine NUTCHEY
Ce film est en partie autobiographique. Marc Esposito, Victor
(Edouard Baer) patron d’une revue automobile, lors d’une
conférence en prison, rencontre Bruno (Benoît Magimel) ancien
braqueur et passionné de voiture. Celui-ci lui glisse un papier dans la
poche. De là, le sort des deux hommes va être lié. Si Victor embauche
Bruno, il bénéficie d’une semi conditionnelle. Une sorte de coup de
foudre s’opère, les 2 hommes vont devenir potes à la vie à la mort.
La scène où Bruno conduit une formule 1 sur un circuit nous montre
un B. Magimel émouvant et sincère, enfin il réalise son rêve de gosse
grâce à Victor. Le film se bâtit en 2 temps, la réinsertion de Bruno et
la sortie de route de nos deux compères. Servi par un Calogéro qui
signe sa première bande originale, loin de ses mélodies, avec une musique puissante et parfois
anxiogène qui colle à la peau du film.
Marc Esposito reste fidèle à son thème favori, l’amitié au masculin et réunit deux sensibilités
différentes. Un Benoît Magimel brut de décoffrage à la grande sensibilité et Edouard Baer malgré
sa légèreté, révèle un personnage plus sombre qu’il n’y paraît. Le scénario est bien ficelé et ce film
se laisse voir agréablement, sans ennui…
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SISTEMA SUBVERSIVA
Musique du monde / DA CRUZ / Six Degrees Records, 2011
Ecouté par Catherine NUTCHEY
Da Cruz est né de la rencontre entre la chanteuse de Bossa
nova Mariana Da Cruz et le beatmaker Ana H du groupe
électro suisse «Swamp Terrorists ». Un quartet s’est ensuite
constitué avec Pit Lee et Olivier Hussmann, respectivement
batteur et guitariste. Ils ont voulu créer quelque chose de
nouveau avec l’influence brésilienne de la chanteuse et l’électro
jazz funk pour les Suisses.
Avec ce 3e album, Da Cruz pourrait bien prendre une nouvelle
dimension. On navigue entre titre pour dancefloor tel que « Boom Boom Boom » et d’autres plus
lounge. Tout en explosant les frontières musicales, ils explorent la musique éthiopienne avec «
Ethiopia » ou encore afro beat avec « Tudo bem aqui ». Ils réactualisent avec jouissance « Warm
leatherette » déjà repris par Grace Jones. Da Cruz, c’est une dose de caféine bien tassée. Mettre le
volume à fond et ouvrir vos fenêtres, cela permettra à vos voisins d’oublier la crise !
GECECONDU
Musique du monde / BABA ZULA, Doublemoon / Essay Recordings, 2011
Ecouté par Daphné GOURVITCH
Gececondu (qui veut dire 'quartier de squats' en turc) a été produit
à Istanbul en 2010 par Baba Zula. Ce groupe symbolise le
renouveau culturel de la Turquie. Il a été révélé dans le film «
Crossing the Bridge » de Fatih Akin en 2005. Il allie des sons
psychédéliques avec des instruments traditionnels tels que le saz
(luth à manche long ou court d’origine turc), l’oud (luth oriental), le
darkuka (grand tambour), cymbales, gongs et flûtes typiques. Le
tout est passé à la moulinette electro dans une fusion enivrante et
délibérément orientalisée avec des voix indiennes pour certains
morceaux comme Butterflies birds, où l’on croit entendre le rythme des tablas. On peut citer des
musiciens tels que Murat Ertel pour les cordes, Cosar Kamçi pour les percussions, Elena Hristova
pour les chants. Des musiciens étrangers ont également participé à l’élaboration de ce disque
comme Titi Robin, Cem Yildiz, Todx A et un collectif electro allemand, Alcalica. A écouter tout
particulièrement les pistes 2- (Butterflies birds), 3- (Worried leaf, avec une chanteuse dont les
vibrations font penser à Fairez), 4- (Hopce intro, un très beau solo de cordes) et le sixième titre, en
français, Le furet dans la forêt en feu.Voici donc un très intéressant mélange des genres musicaux !
A découvrir !
5
FLÉTRISSURES
Roman policier / Nelle NEUHAUS / Actes Sud
Lu par Bérengère SÈDE
Francfort de nos jours. Un vieil homme de 92 ans est
sauvagement assassiné chez lui, le chiffre 16145 tracé avec
son sang sur le mur. David Goldberg était une riche
personnalité juive de la ville, rescapée de l’holocauste.
L’autopsie révèle sur le corps la trace d’un tatouage
impossible : celui de son groupe sanguin, prouvant qu’il a
appartenu aux SS dans sa jeunesse…
Polar à la mise en scène très recherchée. Toutes les pistes nous
sont exposées avec intelligence et l’intrigue est finement
construite. L’étude des personnages, tant policiers que suspects est
très poussée. Les personnages secondaires ont aussi beaucoup de
consistance. La tension monte crescendo et il faut attendre les 30
dernières pages pour que tout se mette en place. J’ai trouvé que
ce roman reprenait les codes des polars nordiques avec des
digressions sur la vie des personnages et souvent l’auteur prend le
temps de les décrire, de nous faire connaître leur vie privée, leurs
moteurs, leur parcours.Toutefois, le rythme très rapide de l’action nous rappelle les polars américains
avec un tas de rebondissements. Le sujet aussi est intéressant car traité par une auteur allemande,
en devoir de mémoire et de justice même après 70 ans. L’écriture est limpide, la lecture aisée,
beaucoup de profondeur dans l’intrigue, roman très documenté pour un thème courageux et réaliste
de l’histoire allemande. Bref, un très bon polar avec une équipe d’enquêteurs attachants.
6
OCEANS
Film documentaire / Réal. Jacques PERRIN et Jacques CLUZAUD, 2011
Vu par DAPHNE GOURVITCH
Avec Océan, Jacques Perrin et Jacques Cluzaud, les deux
compères du Peuple migrateur nous immergent cette fois dans
une incroyable odyssée d’une heure quarante où les seuls
interprètes sont les animaux marins. Pas de commentaires ni de
narration. L’idée étant d’évoluer avec les espèces aquatiques et
non pas seulement de les filmer dans leur élément naturel, de
donner réellement au public le sentiment de faire parti de cet
univers maritime. Pour cela des techniques sophistiquées ont été
mises en place et quatre années de travail ont été nécessaires à
la réalisation du film ainsi que la participation de quatre cent
techniciens et cameramen. Rien n’aurait non plus été possible
sans l’ingéniosité des hommes qui ont inventés des caméras
comme « la torpille » dite Jonas pour simuler un corps de
poisson.On évolue donc dans des eaux incroyablement
tempétueuses, comme le font dauphins, baleines blanches,
calamars géants et autres spécimens extraordinaires. On plonge avec les cormorans, les otaries, on
contemple les remous des vagues à l’affût sur des rochers en compagnie des iguanes. Magnifique
ballet aquatique et tellement vivant, en contraste absolu avec la fin où on atterrit dans un musée
d’espèces disparues ! Cela nous renvoie bien entendu à la destruction perpétrée par l’homme avec
la pêche industrielle et la pollution. Même si ce sentiment nous ébranle, on ne peut pas oublier que
cette vie tumultueuse est là et bien là ! Les majestueux panoramas des îles Galápagos en passant
par des archipels perdus au milieu des océans, jusqu’aux rivages de l’Arctique, la danse incessante
des espèces marines nous livre toute la beauté du monde ! A voir aussi le making off du film et
l’interview de Jacques Perrin aussi intéressants et instructifs que son documentaire grandiose.
Ce film a pu aussi être réalisé grâce à des sponsors aussi divers que surprenants tels que la
Fondation Total, la Fondation Liliane Bettencourt, EDF,Véolia, L’Institut Océanographique de Monaco,
le Crédit Agricole…
15
TRILOGIE : CHOPIN, DEBUSSY , RAVEL
Musique classique / Samson François, EMI Classics / 2011
Ecouté par Gaspard RAVAT
LE MOINE
Thriller / Réal. Dominik MOLL / 2011
Vu par Gaspard RAVAT
Dans l’Espagne catholique du XVIIe siècle, Frère Ambrosio
(interprété par Vincent Cassel) a développé dès son plus
jeune âge des talents pour la prédication. Il est presque
considéré comme un « héros mystique » par la population
aux alentours. Déposé devant l’entrée d’une église lorsqu’il
était encore en bas-âge, ce sont des moines qui l’ont élevé.
Depuis sa plus tendre enfance, il a voué sa vie au service de
Dieu.
Dans le monastère, sa dévotion religieuse est tellement «
puissante », qu’il devient presque un saint. Mais un jour,
l’arrivée d’un homme masqué vient bouleverser son
existence. Il va bientôt se convertir au « mal » en cédant à la
tentation de la chair, en commettant un meurtre et en étant
l’origine d’un deuxième. C’est l’esprit malin, présent dès la
première scène, qui l’a conduit à commettre ces exactions.
Tout au long du film, on perçoit de plus en plus la fragilité du
personnage. Ce moine n’a jamais connu les caresses d’une
mère, ni l’amour d’une femme. Il ne s’est jamais tourné vers lui-même, il ne sait pas qui il est.
Ambrosio succombe petit à petit.
En regardant ce film, vous découvrirez quels liens le relient directement à ses victimes… « Satan a
le pouvoir que l’on veut bien lui donner », cette phrase énoncée par ce moine au début du film
constitue le fil rouge de l’histoire. Ce long métrage, adapté du roman éponyme écrit par Matthew G.
Lewis (en 1796), est troublant. Précisons aussi que les symboles liés à la religion et à la mythologie
abondent dans ce récit fictif.
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Les performances de Samson François resteront à jamais
gravées dans toutes les mémoires des amateurs de musique
classique.Très tôt, cet homme aux « doigts d’or » fut reconnu
par ses pairs comme un pianiste brillantissime. En Russie, on
l’admirait ; sachant que ce pays témoigne d’une exigence
absolue quant à la qualité des prestations des musiciens.
C’est un grand artiste qui sut servir avec grâce les plus
grands compositeurs de l’ère romantique (et bien d’autres).
Ce cd, que je vous recommande vivement, regroupe des
enregistrements studios des interprétations de trois
compositeurs : Chopin, Debussy, Ravel. Sublime ! Il y a dans le jeu de Samson François une lumière,
du lyrisme, de la poésie, une clarté et un bagou incroyable. Il eut notamment comme professeurs
Alfred Cortot et Marguerite. Ce pianiste génial est décédé en 1970, à l’âge de 46 ans. Pour cette
présente édition, la maison de disque EMI a entièrement remasterisé les pistes, pour notre plus
grand bonheur.
SO MUCH TROUBLE
Rock, variété internationale / IZIA, Universal music France, 2011
Ecouté par Christine HANNEDOUCHE
En octobre 2009, je présentais le premier album d’Izia Higelin,
consacré par 2 victoires de la musique en mars 2010 (album
pop rock et révélation sur scène). Je reviens donc à la charge
avec ce deuxième opus.
Le premier titre annonce la couleur de l’album, une tornade de riffs
de guitares agressives sur lesquels Izia pose sa voix avec justesse
et puissance. Vous l’avez compris, la tonalité est résolument rock.
L’ensemble basse/guitare/batterie laisse toutefois quelques places
aux cordes. Aussi nous accorde t-elle des titres davantage pop, plus
doux, et mélodieux. Les arrangements sont soignés. A l’image du
Python qu’elle porte, je suis définitivement domptée… (Izia est de passage dans la région le 7 février
2012 à l’Aéronef, Lille, pour 28 euros).
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FROM LULU TO GAINSBOURG
Chanson française / Lulu GAINSBOURG, 2011
Ecouté par par Laurent DEWUITE
Ce n’était pas gagné mais le pari est à mon sens réussi. N’étant
pourtant pas fan des reprises et des albums hommage, je
m’attendais au pire. Le fait que Lulu Gainsbourg ne sussure plus
qu’il ne chante évite la catastrophe. En fait cela sied même plutôt
bien aux univers jazzy et salsa dont sont ici teintés les reprises du
grand Serge. La liste des « contributions » est impressionnante
(l’inévitable Matthieu Chedid, Johnny Depp,Vanessa Paradis, Rufus
Wainwright…). Mentions spéciales pour « Initials BB » où Iggy Pop
fait furieusement penser à Arno, « Manon » par Marianne Faithfull,
où sa voix inimitable fait merveille sur cette reprise jazzy, « Ne dis
rien » par Lulu et Mélanie Thierry, et « La Noyée » toujours par
Lulu mais en solo…
OMAR M’A TUER
Biographie / Réal. Roschdy ZEM ,2012
Vu par David PALASZEWSKI
Tout le monde connaît Ghilaine Marchal. Gisant dans sa cave, peu
avant son dernier souffle, elle marque de son propre sang sur le
mur de la cave cette phrase tristement devenue célèbre : « Omar
m’a tuer ». Omar Raddad (Sami Bouajila), son jardinier réputé
sérieux et discret, est rapidement accusé du meurtre et jugé
coupable. Il ne sortira de prison que 7 ans plus tard sans
qu’aucune preuve ne l’ait accablé totalement.
Le réalisateur adopte le point de vue d’un écrivain, Pierre-Emmanuel
Vaugrenard (Denis Podalydés) qui est convaincu de l’innocence de
Omar Raddad. Ce dernier tentera de mettre en exergue les zones
d’ombre de l’enquête.Le casting parfait, amplifie la force bouleversante
du sujet. Sami Bouajila, prouve une fois de plus son talent et s’efface
totalement pour interpréter avec brio, le personnage du présumé assassin. Quant à Denis Podalydés,
il est égal à lui-même, son interprétation étant toujours juste et millimétrée. Cette histoire, parce que
toujours vive dans nos esprits, était d’autant plus complexe à traiter. Roschdy Zem réalise un film
efficace. Sa force ? Une œuvre concise et documentée, engagée de par son sujet mais objective de
par son traitement. Nous, spectateurs, sommes avides de découvrir la suite du parcours de cet acteur
multi-récompensé qui confirme avec ce second film, son talent de témoin de notre temps.
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PATER
Cinéma d’auteur / Réal. Alain Cavalier, 2011
Vu par Laurent DEWUITE
C’est l’histoire d’un film en train de se faire. Vincent Lindon et Alain
Cavalier, buvant du bordeaux dans un bar d’hôtel, se demandent quel
film ils peuvent faire ensemble. Les deux amis s’improvisent hommes
politiques : Cavalier sera président, Lindon premier ministre. Par un
jeu de rôle habile et jubilatoire mêlant intime et politique, réel et
fiction, ils pénètrent à l’intérieur du pouvoir et découvrent qu’ils sont
autres que ce qu’ils croyaient être
Ce film est un OVNI cinématographique. On assiste progressivement au
glissement du réel à la fiction, mais aussi au parallèle qui est fait entre la
séduction de l’acteur et la séduction de l’homme politique. Annoncés
comme novateurs et d’exception par la critique lors de sa projection en tant que sélection officielle
au festival de Cannes, les cadrages et la réalisation n’ont pour ma part, pas retenu mon attention
outre mesure. Tout juste peut on souligner la subtilité du propos et de la mise en image avec
notamment les premières scènes où les plans sont axés sur les mains des acteurs attirant l’attention
du spectateur sur les dialogues.
SUBMARINO
Drame / Réal. Thomas VINTERBERG, 2011
Vu par Christine HANNEDOUCHE
Deux frères mènent dans la même ville des existences parallèles
séparées à jamais par les blessures de l’enfance. Pourront-ils un jour
se retrouver et changer le cours de leur destin ?
Septième réalisation de Thomas Vinterberg (Festen pour les connaisseurs),
le film est tiré d’un roman éponyme d’un jeune écrivain danois. Le titre fait
référence à la pratique de la noyade. Le film, très sombre, parle de ceux qui
ne remontent jamais à la surface. Le manque d’amour reçu, drogue, inceste,
meurtre, automutilation, la violence triste transpire à chaque plan. La
première partie, sans compter la scène d’ouverture juste énorme, dresse le
portrait de Nick, à la recherche de son frère, lequel sera le sujet d’une
seconde partie pour conclure dans l’ironie la plus absolue.Tout l’enjeu du film se situe dans l’humain,
dans la justesse des personnages et de leurs liens. La mise en scène est solidement conduite sur des
flash-back subtilement amenés. Agnès Obel apporte sa sensibilité dans ce monde de brute écrasant
de réalisme et appuyé par la lumière pâle du grand Nord et sa froideur. Ames sensibles s’abstenir.
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RUBBER
Comédie / Réal. et scénario Quentin Dupieux, 2011
Vu par Benjamin PEREZ
Gaspard Augé, du groupe Justice, et Mr Oizo en ont signé la Bande
Originale, ils sont tous les deux sur le label français Ed Banger
Records, usine à musique électronique mainstream (courant
dominant). Mr Oizo est le pseudonyme de Quentin Dupieux qui
n’est autre que le réalisateur de Steak avec Eric et Ramzy. Il signe
ici avec Rubber, l’histoire d’un pneu serial killer, difficile de résumer
le film ainsi, car Quentin Dupieux s’en sert pour faire la critique des
codes cinématographiques. Une interview ou analyse du film en
bonus malheureusement absente sur le support, empêche de
penser et voir le propos du réalisateur afin de faire de cette
production classée art et essai, une réflexion si il fût le cas des
codes cinématographiques.
RARE GROOVES REGGAE. VOL.05 BY NOVA
Musique d'influences afro-américaines / Nova Records / 2007
Ecouté par Benjamin PEREZ
19 morceaux qui offrent d’entrée avec Junior Delgado et
son morceau Tonight, la chaleur des Antilles de l’île de la
Jamaïque. De découverte en découverte, de perle en perle,
cette compilation de la Radio Nova offre une ouverture sur
la musique si influente dans le monde dont Bob Marley est
l’ambassadeur depuis le milieu des années 70. Cette
compilation sort d’une caricature vert, jaune, rouge du
reggae et offre avec simplicité un album qui donne envie de
découvrir la richesse musicale des styles nombreux nés sur
l’île, du Ska, au Dancehall, en passant par le Rock Steady,
ou le Dub et bien d’autres. Les morceaux sont
accompagnés d’une brève présentation dans la pochette et
on sent que l’on tient entre les mains le fruit de passionnés de la culture musicale reggae. Un album
de soleil et d’une énergie lente qu’il est nécessaire de connaître tant le reggae résonne comme un
moteur à bien-être.
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WENDY & LUCY
Comédie dramatique / Réal. Kelly REICHARDT / 2009
Vu par Isabelle DANET-BEAUSSART
Il s’agit du troisième film de L’américaine Kelly Reichardt.
C’est l’histoire d’une jeune américaine solitaire, Wendy,
qui part avec sa chienne Lucy vers un avenir meilleur à la
conquête de l’Alaska, avec 525 dollars en poche. Elle vit
dans sa voiture et à priori, elle est SDF.
On participe à l’euphorie du départ et à la grande complicité
entre Wendy et Lucy. Sa voiture est en panne, et elle « vole »
de l’alimentation pour sa chienne qui est en laisse à la porte
du magasin… quand elle revient après quelques heures, elle
a disparu. Commence le suspense, la recherche de Lucy ou
l’on voit Wendy se débattre et affronter la dureté de la vie et
sa résignation, pour rendre son chienne heureuse… Bien qu’il
ne dure seulement 77 mn, le film m’a paru très long et très
intimiste, au point qu’il doit être regardé par un public averti
dans le sens où il ne faut pas en perdre une miette et être en « forme » pour l’apprécier. Film trop
triste, mais trop triste…
LES MEILLEURS AMIS
Chanson française / ALDEBERT / 2011
Ecouté par Isabelle DANET-BEAUSSART
Aldebert nous évoque des petites tranches de vie tout au long
de cet album, dont l’amitié est le fil conducteur. Il raconte
l’amour, la communion entre des êtres qui n’ont pas de liens
de sang dans « les petites amourettes », et dans « sur ton
berceau », Aldebert nous dit que l’avenir appartient à ceux qui
rêvent tôt ; J’ajouterai : quand nous ne rêvons plus, c’est que
nous sommes morts. Il nous balade… et « Le temps qui reste
» évoque le céleste et réclame justement du temps qui reste,
sous entendu : pour nous poser. Il aime la vie et a envie de
nous amener à réfléchir sur l’enfance, l’amitié, l’amour et
l’homophobie (dans « mon homonyme »). En conclusion, sur
des airs de guitare, des mélodies bien rythmées, nous nous laissons bercer, mais soyons attentifs,
ouvrons grand nos oreilles : les mots résonnent et nous ne pouvons rester indifférents à ces propos.
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CENT MILLE JOURNÉES DE PRIÈRE
LYS & LOVE
Laurent VOULZY / Chanson francophone / Sony Music, 2012
Ecouté par David PALASZEWSKI
Lys & Love, titre au jeu de mot éculé, est le 8e
album solo de Laurent Voulzy, le thème de l’album
est donc l’amour (Peace &Love) et le Moyen Age
(la fleur de lys).
Autant vous le dire de suite, je ne suis pas un fan de
l’artiste, encore moins de ses chansons, je ne suis ni
fétichiste de lunettes blanches, encore moins de
chemise à jabots. Je ne suis pas non plus un passionné
d’histoire et encore moins de la période médiévale.
Décidé à ne pas me « cacher derrière », pour vaincre
le « pouvoir des fleurs », j’étais convaincu de ne pas
vous faire attendre « avril » pour vous éviter, chers
lecteurs, toute idée de posséder cet album dans votre « rockcollection », « Belle île en mer » étant
trop humide en hiver, je devais conduire ma « belle mère dans Lille » pour le sacro saint shopping
de Noël, j’ai donc inséré la galette celtique dans le bon vieux lecteur cd de mon autoradio et là, « le
bopper en larme », de sa magie noire, m’a ensorcelé de ses SI, ses LA et DO pour m’ouvrir à vif «
le cœur grenadine », pour tout vous avouer, en extase je suis tombé.Trip sonore, moderne et éthéré,
risqué (15 minutes pour la « 9ème croisade ») aventure avec faille spacio-temporelle illimitée (« en
regardant vers le Pays de France »), conte romantique en haut débit (« Jeanne »), nappes
synthétiques trip-hop et cœur médiéval. Techno beat (« le ciel et la terre ») et beat de cheval («
Glastonbury »). Lys & Love, album concept et dieu merci, sans concept fumeux s’écoute d’un bloc.
Laurent Voulzy, on le sent, s’est fait plaisir, pleinement conscient que l’industrie du disque est dans
une nouvelle ère et qu’aligner des tubes ne changera rien aux ventes. C’est sans doute pour cela
que c’est autant réussi, pas de contrainte, liberté totale ! Sacré Graal !
Monsieur Voulzy, vous avez fait naître en moi un « désir, désir » de vos « songs of you », et si c’est
sans Kim Wilde que je dois finir mes nuits, comme vous, « j’aime l’amour, nuit et jour ».
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Bande dessinée / LOO HUI et STERCKEMAN / éd. Futuropolis
Lu par Lucie BOIVIN
Louis est un jeune garçon solitaire d’origine eurasienne. Son père est
absent, sa mère, infirmière, travaille à l’hôpital et évite toujours de
parler du père. Elle pleure souvent et Louis ne sait pas pourquoi…
On suit Louis dans ses rêves et ses inventions de passé. Même s’il ne sait
rien de son histoire, ses rêveries en sont hantées. La couleur, noir et blanc,
et les dessins épurés adhèrent à l’histoire. L’atmosphère est assez
angoissante. Petit à petit, Louis reconstruit son histoire et l’écriture ainsi que
les dessins y plongent le lecteur. Seul bémol, ça n’est que le premier tome,
j’aurai voulu lire la suite de cette superbe BD dans la foulée…
WE WANT SEX EQUALITY
Comédie / Réal. Nigel Cole / 2011
Vu par Monique CAPLIER
Ce film nous raconte l’histoire d’une lutte syndicale, celle des
ouvrières sellières de l’usine Ford à Dagenham qui se sont battues
en 1968 pour obtenir contre vents et marées (entendez contre
syndicats et patronat unis pour l’occasion) la reconnaissance de
leurs compétences et surtout l’égalité des salaires. Cette grève va
paralyser les usines Ford en Grande-Bretagne et aboutir en 1970 à
l’Equal Pay Act qui contraint les employeurs à rémunérer également
hommes et femmes.
Le film est très tonique, c’est le genre de comédie « feel good » dont on a
besoin de temps en temps pour se requinquer. La bande son et les
costumes soignés lui donnent une tonalité très années soixante, Carnaby Street, Mary Quant et
Swinging London. Le film ne joue pas sur le réalisme pur et dur comme dans toutes les comédies
sociales anglaises. Le personnage de Sally n’a pas existé mais il insuffle au film beaucoup
d’optimisme et de détermination. On peut regretter le traitement des personnages féminins qui tient
beaucoup du stéréotype : la pin up, la grande gueule, la femme de cinquante ans usée par la vie, la
grosse dame truculente, l’épouse modèle qui se rebelle contre sa condition de dinde de service. La
satire sociale est cependant très réussie et les attaques contre les syndicats et le patronat macho y
sont plutôt proches de la réalité. L’ensemble donne une comédie dynamique, bien filmée avec
quelques scènes d’anthologie. Ne ratez pas à la fin les témoignages des anciennes ouvrières, je les
ai trouvées craquantes et courageuses, comme elles disent, elles sont des Ladies…
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