CHAUSSURES > La sécurité au bout des pieds
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> Équipement CHAUSSURES > La sécurité au bout des pieds © PLACIDE Moins exposés que les mains, les pieds peuvent être aussi mis à rude épreuve sur les chantiers. Pour éviter tout accident, la chaussure de sécurité s’avère utile. Un équipement qui se donne désormais des allures de chaussure de sport, légèreté et confort en prime. Illustration réalisée d’après le fabricant Lemaitre Sécurité. qui transperce la semelle, un marteau qui tombe et atteint directement l’orteil… Loin d’être anecdotiques, ces situations-là sont trop souvent d’actualité sur les chantiers. En 2003, les chutes de plainpied ont causé la mort de 19 personnes. Pour limiter ces risques et protéger le pied, la chaussure de sécurité joue pleinement son rôle. U N CLOU Assurer la sécurité Cet équipement de protection doit être choisi en fonction des risques identifiés et non de la profession : les risques du peintre en haut de la Tour Eiffel diffèrent, en effet, de ceux du décorateur d’un appartement. Seules les chaussures de « sécurité à usage professionnel », 26 janvier 2006 I N° 81 I Prévention btp répondant à la norme EN ISO 20345, sont adaptées aux métiers du bâtiment. Plusieurs éléments participent à la protection du pied. L’embout, capable de résister à un poids de 20 kg tombant d’un mètre, protège les orteils. Réalisé en matériaux composites, il est plus léger que l’acier, ne diffuse pas le froid et se fait plus discret pour donner une meilleure esthétique. La semelle antiperforation en matériau composite allège également la chaussure. La légèreté, élément de confort, est un critère de choix car une chaussure légère occasionne moins de fatigue. Grâce aux matériaux composites, la chaussure a perdu environ 500 g (soit le tiers de son poids) en quelques années. Repères LES QUESTIONS À SE POSER G Travail en intérieur ou extérieur (cuir hydrofugé ou non, autre matériau). G Agressions chimiques (béton, acide, huile…). G Isolation thermique (travail en extérieur, enrobé bitumineux…). G Les risques au quotidien (écrasement, perforation). G Utilisation d’échelles ? Si oui : talon décroché obligatoire. G Lacets réfléchissants pour travail de nuit. G Chaussure haute ou basse (protection de la cheville, choc latéral). G Pour éviter l’intrusion de particules : chaussure montante et languette à soufflet. Les semelles, de plus en plus complexes, s’approprient les matériaux et les technologies des pneus. Le caoutchouc donne, à la partie en contact avec le sol, la résistance à l’abrasion, à la chaleur par contact, aux agressions chimiques (acides, huiles…), et l’adhérence. Le polyuréthane pour la couche intermédiaire confère confort, légèreté, amorti et souplesse. Les crampons multidirectionnels, les sillons d’évacuation de l’eau assurent une meilleure adhérence sur sol mouillé ou boueux. Plus les arêtes sont vives et les angles droits, meilleure est l’adhérence. En revanche, les angles plus évasés favorisent l’autonettoyage par évacuation de la boue à la marche. Les absorbeurs de choc, insérés dans le talon, réduisent la propagation des vibrations le long des membres inférieurs. Tous les éléments de protection sont, au minimum, conformes aux exigences de la norme mais peuvent dépasser ces seuils, ce qui explique les niveaux de qualité et de prix. Confort et esthétisme Après avoir planché sur les critères de sécurité, les fabricants se penchent désormais sur l’esthétisme et le confort. La ventilation assure le confort du pied enfermé pendant le temps de travail, et ce, tous les jours de la semaine dans la même paire de chaussures. L’évaporation de la transpiration et le séchage de la chaussure dépendent de la respirabilité des matériaux, de la doublure intérieure à structure ouverte, et d’une première * de propreté, intégrale, amovible, antibactérienne et anti-odeurs. Ainsi les cuirs velours respirent mieux mais sont moins imperméables qu’un cuir lisse fermé en structure. Ils doivent alors subir un traitement hydrofuge. Extrêmement importante dans les chaussures montantes et fermées, la ventilation est favorisée par des doublures techniques en nid-d’abeilles NORMES ET MARQUAGES 컄 Chaussure de sécurité à usage professionnel La chaussure de sécurité, pour les métiers du bâtiment, doit être conforme à la norme européenne harmonisée EN ISO 20345, « chaussures de sécurité à usage professionnel », qui exige la présence d’un embout résistant à un choc de joules correspondant à une charge de 20 kg tombant d’un mètre ou une charge statique de 3 500 kg. A cette exigence de base (marquée SB) peuvent s’ajouter des caractéristiques optionnelles notées de S1 à S5 : G S1 = arrière fermé G Propriété antistatique (A) G Absorption d’énergie du talon (E) G S2 = S1 + résistance à la pénétration de l’eau (WRU) G S3 = S2 + résistance à la perforation (P) et semelle à crampon (sans symbole) G S4 et S5 sont les équivalents, respectivement, de S1 et S3 pour les chaussures en polymères naturels ou synthétiques. Les chaussures peuvent avoir d’autres performances spécifiques indiquées par des lettres : C (antistatique), CI (semelles isolant du froid), HI (semelle isolant du chaud), HRO (semelle résistant à la chaleur de contact), WR (résistance à la pénétration de l’eau de la jonction semelle/tige des chaussures en cuir), M (protection des métatarses contre les chocs), CR (résistance de la tige à la coupure), ORO (résistance de la semelle aux hydrocarbures). Les autres types de chaussures (de protection EN ISO 20346 ou de travail EN ISO 20347) ne conviennent pas pour le bâtiment, car l’embout des chaussures de protection ne résiste qu’à 100 J, et les chaussures de travail n’ont pas d’embout de protection. 컄 Le marquage sur l’étiquette Chaque chaussure de sécurité doit porter les indications suivantes : – pointure ; – désignation du fabricant et son pays ; – numéro d’identification du fabricant ; – date de fabrication ; – marquage CE ; – référence à la norme européenne ; – catégorie appropriée (SB, S1 à S5). qui assurent la circulation de l’air sur l’ensemble du pied, des perforations de l’embout. Le confort et la protection des chevilles et du coude-pied sont assurés par une tige et une languette matelassée. À quel prix ? Les différences de qualité ne sont généralement pas perceptibles sur la chaussure neuve, et il est utile de demander conseil. Le prix (de 20 ? à 70 ? ) est aussi une bonne indication de la qualité. Par exemple, la norme impose une résistance d’une heure à la pénétration de l’eau. Un cuir hydrofugé, qui résiste trois heures, sera vraisemblablement plus cher. De la qualité dépend aussi la durée de la chaus- sure qui peut aller de trois mois à deux ans. Si l’employeur doit fournir gratuitement des EPI à ses employés, ceuxci doivent leur apporter un minimum de soins pour en prolonger la durée de vie. Les chaussures doivent être aérées dans un endroit sec après le travail, nettoyées, débarrassées de la boue et le cuir graissé régulièrement. Enfin, il ne faut surtout pas oublier que le premier concerné, l’utilisateur, doit se sentir à l’aise dans ses chaussures. Des chaussures trop larges, trop étroites sont en effet rédhibitoires. Faire participer ses équipes au choix peut s’avérer une sage précaution… Q AMR Information POUR EN SAVOIR PLUS – Les équipements de protection individuelle, réf. A2P0195, OPPBTP – www.synamap.fr * Mince semelle de cuir située à l’intérieur de Prévention btp I N° 81 I janvier 2006 27