L`enfant qui crie - Au pied de l`échelle

Transcription

L`enfant qui crie - Au pied de l`échelle
L’enfant qui crie à l’intérieur
Définition du comportement :
L’enfant qui crie est motivé par le plaisir ou encore parce qu’il souhaite attirer votre attention ou celle
d’autres personnes. Il a découvert que les adultes réagissent très vite aux cris et que leur réaction est
d’autant plus forte que les cris sont stridents. Cette réaction ne fait d’ailleurs que renforcer le
comportement de l’enfant et crée une sorte de cercle vicieux où le cri provoque une réaction qui cause à
son tour d’autres cris et ainsi de suite.
Ce comportement n’est pas une agression physique en soi, n’est pas dangereux et ne mérite pas d’isoler
l’enfant, mais est, dans un contexte de groupe, dérangeant pour les oreilles ! Les éducatrices se
sentent donc obligées d’intervenir. En y donnant de l’attention, le comportement ne changera pas et
sera renforcé. Il est donc important d’ajuster votre intervention en fonction de vos observations pour
ainsi trouver les moyens qui aideront l’enfant à modifier son comportement.
Principes de base à respecter pour faire changer le comportement :
Étant donné que parler au lieu de crier est une habileté sociale à développer, votre intervention a une
grande importance. À ce moment, vous agissez comme une guide auprès des enfants, car un de vos
rôles est de leur montrer les façons acceptables de communiquer avec les autres.
Tout d’abord, il est très important d’observer l’enfant pour ainsi comprendre pourquoi il crie dans le
local, au casier ou dans le corridor. Votre observation vous permettra d’identifier le besoin (les
raisons) caché derrière ce comportement.
Ensuite, une fois que vous aurez compris (décodé) pourquoi il crie, vous pourrez l’amener à trouver une
solution acceptable soit en lui posant des questions ouvertes (des questions qui demandent à l’enfant
de réfléchir et d’expliquer ses idées), soit en lui proposant une solution acceptable, en lien avec le
besoin identifié lors de vos observations.
En terminant, pour faciliter l’intégration des solutions positives, il est très important d’encourager
l’enfant à mettre en pratique la solution trouvée, comme parler au lieu de crier ou rediriger ses cris dans
un contexte acceptable, c’est-à-dire crier dehors.
Les raisons qui motivent ce geste :
L’enfant qui crie manifeste un besoin que l’on doit comprendre pour ainsi ajuster notre
intervention. Il peux donc le faire car il veut attirer votre attention, parce qu’il souhaite explorer/
découvrir sa voix, exprimer une émotion/un sentiment, car il vient de se faire réprimander, il ne veut
pas suivre la consigne, il veut faire rire ses amis, il veut vous faire réagir, il prend plaisir à le faire, il y a
beaucoup de bruits dans la pièce, il a un problème d’audition, etc.
 2009 Jocelyne Soutière et Isabelle Lavigne pour le CPE Au pied de l’échelle 14/02/2012
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Les actions à poser pour faire votre intervention :
Se diriger vers l’enfant pour établir un contact …
Décoder (comprendre) en mettant des mots sur ce que l’enfant manifeste comme
intention/message avec son cri :
Tu cries parce que Richard a pris ta place.
Pratiquer votre écoute active en mettant des mots sur ce que ressent l’enfant :
Je comprends que tu n’aimes pas ce qu’il vient de faire.
Amener l’enfant à trouver une solution acceptable :
Que dois-tu faire au lieu de crier ?
Attendre la réponse de l’enfant ou encore l’aider à trouver une solution.
Exemple : Tu dis que ta solution serait de lui parler doucement, sans crier ?
Souligner la solution, en lui disant combien vous trouvez qu’il a une bonne idée!
Super ! Tu as une bonne idée !
Encourager l’enfant à la mettre en pratique avec son ami, devant vous …
J’aimerais avoir ma place SVP !
 2009 Jocelyne Soutière et Isabelle Lavigne pour le CPE Au pied de l’échelle 14/02/2012
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Autres interventions possibles selon les raisons qui poussent l’enfant à crier :
Évaluer votre choix en fonction des raisons qui poussent l’enfant à crier.
Il crie parce qu’il est fâché =
o Approchez-vous doucement en mettant des mots sur ce que vit, ressent l’enfant. Tu
cries parce que tu es fâché. En réconfortant l’enfant, en le prenant et en répétant ce que
vous comprenez de ses émotions, il aura tendance à se calmer et à vouloir retourner dans
l’action par la suite.
o S’il est très fâché et n’entend pas vos mots, proposez-lui d’aller dans un coin calme,
en mettant des mots sur son émotion, pour l’inviter à se calmer. C’est plus facile par la suite
de refaire le contact et de trouver des solutions avec l’enfant. Je vois que tu es fâché et tu
as le droit. J’aimerais que tu ailles dans le coin calme pour calmer ton cœur… Reprendre le
contact une fois que les cris sont terminés et voir les solutions possibles à mettre en
pratique, comme dans les actions précédentes.
Il crie pour le plaisir = soulignez que vous comprenez qu’il souhaite crier encore, mais
que ce jeu n’est pas possible dans le local. À quoi veut-il jouer à la place ? Le guider à choisir
autre chose.
Il crie car il a oublié la consigne … = rappelez-lui vos attentes … Dans la garderie, tu dois
parler pour qu’on te comprenne. Quand tu veux quelque chose, comment dois-tu le dire ? … et
faire pratiquer l’enfant.
Il crie pour faire des demandes = valider ce qu’il comprend de votre consigne = qui est de
parler au lieu de crier. Que dois-tu faire pour obtenir ce que tu veux ? Le demander en parlant ?
Bravo. Je sais que tu es capable. … et le faire pratiquer !
Il crie par besoin d’attention ou pour faire réagir = Il est possible que l’enfant veuille crier
encore, car il ne veut pas vous écouter ou parce qu’il veut vous faire réagir.
Vous pouvez lui dire quelque chose comme : Même si tu cries, ça ne me dérange pas. Je vais m’occuper
de toi quand tu seras prêts à me parler doucement. … et vous éloigner de l’enfant pour éviter de donner
de l’attention aux cris. Par contre, aussitôt qu’il arrête, profitez-en pour refaire le contact Je vois que tu
es prêt à me parler.
 2009 Jocelyne Soutière et Isabelle Lavigne pour le CPE Au pied de l’échelle 14/02/2012
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Interventions de base à privilégier en tout temps :
Susciter les solutions des enfants … et les féliciter aussitôt qu’ils les mettent en pratique. Je
suis contente que tu aies demandé à ton ami de te redonner la chaise …
Faire de la prévention en verbalisant vos attentes, en posant des questions ouvertes pour
que l’enfant s’approprie l’action à faire :
Question ouverte : Qu’est-ce que tu dois faire maintenant?
Réponse de l’enfant : Sortir mon matelas …
Encourager sa réponse …
Autre question ouverte : À quoi peux– tu jouer en attendant la sieste?
Réponse de l’enfant : À un jeu de dodo.
Encourager sa réponse …
Offrir deux choix à l’enfant, deux choix que vous aimeriez que l’enfant fasse comme action.
Exemple : Tu choisis un jeu de dodo ou tu vas sur ton matelas.
o Et s’il ne choisit pas ???
Alors, vous n’avez pas le choix de choisir pour lui !
En l’amenant doucement vers son matelas, lui dire quelque chose du genre Comme tu ne
choisis pas, je vais devoir choisir pour toi. Je vais te demander de te reposer sur ton matelas,
le temps de calmer ta voix.
S’il accepte de collaborer = le laisser faire et souligner que vous aimez qu’il parle doucement
et qu’il trouve des solutions acceptables. L’encourager à prendre son jeu de dodo et se réconcilier
avec l’enfant.
S’il n’accepte pas de collaborer et qu’il est très fâché de votre décision, pratiquer votre écoute
active …
Je sais que tu es fâché parce que tu n’as pas eu ton jeu de dodo. Aussitôt que tu seras prêt à
rester calme sur ton matelas et à parler doucement, tu pourras te prendre un jeu de dodo.
Attendre que l’enfant se calme … Je vois que tu es calme, es-tu prêt à choisir un jeu ?
Prendre le temps de faire un bref retour avant de le laisser prendre son jeu.
Éducatrice = Est-ce que tu sais pourquoi je t’ai demandé de te calmer et de parler doucement ?
Enfant = Je sautais sur les matelas des amis.
Éducatrice = Oui, c’est vrai. Que dois-tu faire quand tu veux un jeu de dodo?
Enfant = En prendre un et aller sur mon matelas.
Éducatrice = Oui, tu as raison !!! Je vois que ça va mieux maintenant … L’inviter à se choisir un
jeu ! et prendre le temps de vous réconcilier en prenant l’enfant ou en lui faisant un
câlin, en encourageant le fait qu’il vous parle …
 2009 Jocelyne Soutière et Isabelle Lavigne pour le CPE Au pied de l’échelle 14/02/2012
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Les avantages à pratiquer votre écoute active et la recherche de solutions
positives avec l’enfant :
En décodant ce que vous comprenez du geste et des émotions de l’enfant, vous montrez à ce dernier que
vous le comprenez, que nous n’êtes pas fâché et qu’il existe une solution positive et acceptable pour
modifier son comportement.
Les comportements et attitudes à éviter :
Pour vous assurer de la réussite de vos interventions, gardez une attitude respectueuse et positive,
ce qui fera que l’enfant aura le goût de collaborer. Par contre, en l’humiliant, en le moralisant
(comme dire qu’il n’est pas gentil de crier), en le punissant d’une quelconque façon (comme lui enlever sa
doudou pendant la sieste), vous lui montrez qu’il a le droit de manquer de respect envers les autres …
Bonnes interventions 
 2009 Jocelyne Soutière et Isabelle Lavigne pour le CPE Au pied de l’échelle 14/02/2012
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