orch. Birmingham - Philharmonie de Paris
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orch. Birmingham - Philharmonie de Paris
André Larquié président Brigitte Marger directeur général sommaire Sir Simon Rattle, direction Birmingham Contemporary Music Group vendredi 26 novembre à 20h page 4 Anu Komsi, soprano Sakari Oramo, violon samedi 27 novembre à 16h30 page 18 Sir Simon Rattle, direction City of Birmingham Symphony Orchestra samedi 27 novembre à 20h page 29 Sakari Oramo, direction City of Birmingham Symphony Orchestra dimanche 28 novembre à 15h page 33 biographies page 38 L’Orchestre de Birmingham (City of Birmingham Symphony Orchestra, CBSO) doit sa brillante réputation au dynamisme que Sir Simon Rattle a su lui insuffler depuis 1980, et au projet culturel que Sakari Oramo perpétue dans cette ville de l’Angleterre industrielle. En effet, depuis 1980, Sir Simon Rattle a mis en place une ambitieuse politique musicale qui a bénéficié de l’engouement immédiat du public. Cette réussite s’est encore accrue avec la construction d’une nouvelle salle de concert appréciée pour son excellente acoustique. Durant la saison 1997-98, les 90 musiciens de l’Orchestre se sont produits à l’occasion de 140 concerts dans 39 villes, 10 pays et 4 continents devant plus de 300.000 personnes… Mais les efforts de cet orchestre ne s’arrêtent pas là. Les projets éducatifs ont pris une ampleur exceptionnelle et concernent aujourd’hui plus de 17.000 jeunes appartenant à la région ouest des Midlands. L’Orchestre s’est enfin impliqué dans la fondation de différents ensembles : le Birmingham Contemporary Music Group, quatre chœurs qui réunissent 365 personnes de tous âges (City of Birmingham Symphony Chorus, City of Birmingham Symphony Youth Chorus, City of Birmingham Young Voices…), un ballet, une compagnie de théâtre… Une réussite qui, depuis, a fait des émules dans toute l’Europe et que son nouveau chef, le Finlandais Sakari Oramo, compte encore développer. avec le soutien du British Council vendredi 26 novembre - 20h salle des concerts Igor Stravinsky « Dumbarton Oaks » Concerto, en mi bémol majeur durée : 15 minutes Thomas Adès Concerto Conciso, op 18 Study for a coda Ciaconnetta Brawl durée : 8 minutes György Kurtág ...quasi una fantasia..., op 27 n° 1 durée : 9 minutes entracte Kenneth Hesketh The Circling Canopy of Night (création française) Primum Mobile The Regions of the Air Mercurius durée : 20 minutes Igor Stravinsky Renard, « histoire burlesque chantée et jouée, faite pour la scène » (d’après des contes populaires russes) Marche du soldat Petit concert Trois danses (tango, valse, ragtime) Danse du diable Grand choral Marche triomphale du diable durée : 20 minutes Sir Simon Rattle, direction Rolf Hind, piano Nigel Robson, Neil Jenkins, ténors Stephen Roberts, David Thomas, basses Oliver Hindle, chorégraphe Birmingham Royal Ballet : Toby Norman-Wright, Renard Christopher Larsen, le Coq Ander Zabala, le Chat James Grundy, la Chèvre Isabel McMeekan, Rachel Ester, Mikaëla Polley, Carol-Anne Millar, les Poules Birmingham Contemporary Music Group carte blanche à l’Orchestre de Birmingham Igor Stravinsky « Dumbarton Oaks » Concerto, en mi bémol majeur composition : 1937-38 ; commande des époux Bliss pour leurs trente ans de mariage ; création : le 8 mai 1938 à Dumbarton Oaks (dir. Nadia Boulanger) ; effectif : 1 flûte, 1 clarinette, 1 basson, 2 cors, 3 violons, 3 altos, 2 violoncelles, 2 contrebasses. Peut-être sommes-nous plus à l’aise, depuis quelques temps, avec la notion de plaisir. Bannies les mortifications qu’exigeait, disait-on, un art musical prospectif, il semble redevenu légitime, désormais, de s’abandonner parfois à quelques musiques piquantes. Les œuvres du présent concert iront du sourire entendu à l’énormité homérique. On savait de longue date que Stravinsky ne s’était pas gêné, tout au long de sa carrière, pour distribuer les pieds de nez. A la sévère Amérique, notamment, qui l’accueille en 1939, peu après que, de la côte Pacifique, lui a été commandé un divertissement savant, pour quinze exécutants. Sans doute espérait-on quelque joli objet sonore, pittoresque et richement coloré. Fausse route : c’est un « septième Brandebourgeois » qu’expédie le musicien ; et, au départ, la leçon se voulait austère : un an de travail. Heureusement le moujik revendique toujours quelques droits chez Stravinsky et un succulent basson, d’alertes figures de flûte, de rieuses fanfares de cors – quelques touches de clarinette, aussi, dans les deux parties – si hétérogènes – de l’allegretto central –viennent parer d’arcs-en-ciel le sévère piétinement de l’ensemble de cordes. Con moto, le finale dissipe avec une énergique résolution la mélancolie vers laquelle glissait soudain le mouvement lent… Le Concerto en mi bémol fut créé le 8 mai 1938 (sous la direction de Nadia Boulanger) dans la riche propriété de Dumbarton Oaks, dans l’état de Washington… La première œuvre de Stravinsky « américain » sera un Tango. 6 | cité de la musique carte blanche à l’Orchestre de Birmingham composition : 1997 ; commande du Birmingham Thomas Adès Concerto Conciso, op 18 Contemporary Music Group, du London Sinfonietta et de l’Ensemble Modern (avec le soutien du Arts Council of England et du BCMG’s Sound Investment Scheme : K. Asthana, L. Bacon, P. Fell, A. & D. Fisk, O. Golijov, J. & S. Goodband, N. Goulty, J. & C. Harding, J. Hawkins, D. Jones, M. Squires, G. Stanley, C. Walsh, A. Thompson, B. veer, A. Woodfield, P. Wright ; création le 28 octobre 1997 au Adrian Boult Hall de Birmingham par le BCMG (dir. Thomas Adès). Un disque récent (Living Toys, 1998) a récemment attiré l’attention sur le talent de Thomas Adès, compositeur britannique né en 1971, élève d’A. Goehr. Sir Simon Rattle se fit tout de suite le champion de sa musique d’orchestre. L’œuvre requiert un piano et dix exécutants (clarinette, saxophone, trompette, trombone, tuba, percussions et cordes). Study for a coda offre une introduction d’un jazz bourgeonnant ; Ciaconetta, plus ample, élabore six reprises d’un motif en accords ; très bref, le Brawl final (anglicisation de notre bransle renaissant) oriente une piquante espièglerie vers une réapparition du motif initial. György Kurtág ...quasi una fantasia... composition : 1988 ; création : 16 octobre 1988 à Berlin par Zoltan Kocsis et l’Ensemble Modern (dir. Peter Eötvös) ; effectif : piano solo, 1 flûte, 1 hautbois, 1 clarinette, 1 clarinette basse, 1 basson, 1 cor, 1 trompette, 1 trombone, 1 tuba, percussion, 1 piano, 1 harpe, cymbalum, 5 harmonicas, cordes ; édition : Editio Musica Budapest. Sérialiste au style très personnel, il tire volontiers son inspiration de tout un réseau d’allusions littéraires reflétant la riche culture d’Europe centrale. Des hommages plus ou moins directs au grand répertoire nourrissent d’autres aspects de son œuvre, telles les dix minutes de ce …quasi una fantasia…, pour piano et petit ensemble, spirituelle élaboration à partir des souvenirs que laisse la (13e) Sonate op 27 n° 1 de Beethoven (1800) – dont le musicien hongrois fait mine de rejoindre le numéro de catalogue. Marcel Marnat notes de programme | 7 carte blanche à l’Orchestre de Birmingham composition : 1998 ; commande associée des éditions Kenneth Hesketh The Circling Canopy of Night Faber Music et des Birmingham Contemporary Music Group for the Faber Music Millenium series (avec le soutien de Sound Investors et du programme BCMG’s Sound Investment : Stephen Johnson & Deborah Richardson, Colin Matthews, Adam Watson & Jeremy Lindon, Philippa Wright ; création : le 21 novembre 1999 au CBSO Centre de Birmingham par le CBSO. Le Dôme circulaire de la nuit est une œuvre dont les mouvements enchaînés durent, au total, environ vingt minutes. L’idée en a été suggérée par la vision ptoléméenne que les temps médiévaux eurent de l’univers, avant Copernic […] Le monde s’étageait alors verticalement, avec la terre au sol et l’Empyrée – demeure de Dieu – au sommet. Tandis que notre univers est infini, froid, obscur et en expansion, le leur était stable, ordonné, logique et baigné de lumière. [Ma] musique se répartit en trois sections : Primum Mobile, The Regions of the Air et Mercurius. La première influe sur le matériel thématique des deux autres, le mouvement acquis dans Primum Mobile se communiquant aux diverses zones de The Regions of the Air : Stellatum (étoiles fixes) I, II et III, séparées les unes des autres par Infortuna major (Saturne) et Fortuna minor (Venus) […] L’œuvre évoquera l’évolution des sphères jusqu’à Mercurius qui finira par repartir en arrière pour s’achever sur un Ascendit in caelum. Etant donné que, selon la doctrine médiévale, ce « ciel » est empli de lumière et résonne du chant des corps célestes, j’ai eu le souci de conformer le déroulement général de l’œuvre aux sections principales de l’Eucharistie. Nous avons ainsi : Primum Mobile = Introït ; Stellatum I, II et III = Kyrie, Christe, Kyrie ; Infortuna major, Fortuna minor, Mercurius = Gloria ; Acendit in Caelum = Graduel et Alleluya. Kenneth Hesketh 8 | cité de la musique carte blanche à l’Orchestre de Birmingham Igor Stravinsky Renard composition : 1916 ; commande de la princesse Edouard de Polignac ; création de la version française : 18 mai 1922 ; livret d’Igor Stravinsky d’après C. F. Ramuz ; résultat d’une collaboration entre le BCMG et le BRB, cette nouvelle production (chantée en russe), a été créée le 20 novembre 1994 au Adrian Boult Hall de Birmingham par le CBSO (dir. Sir Simon Rattle) ; effectif : 2 ténors, 2 basses, 1 flûte, 1 hautbois, 1 clarinette, 1 basson, 2 cors, 1 trompette, percussion, cordes ; éditions : Chester. Loin de ces spéculations sidérales, c’est un Stravinsky résolument terrestre que nous retrouvons avec Renard. Le Russe avait toujours eu des relations imprévues avec le chant. Lorsque la première guerre mondiale le confina en Suisse, c’est un bouquet de pièces d’esprit populaire qui s’empare de son esprit, le tout couronné par une évocation burlesque du Renard médiéval. En septembre 1915, près de Lausanne, Ansermet lui fait rencontrer CharlesFerdinand Ramuz. L’intérêt chaleureux manifesté par l’écrivain fit de Stravinsky un Vaudois, renonçant au grand orchestre pour adopter l’orphéon local. Rien de démagogique, pourtant : Renard va « casser la baraque ». Irrégularité de la métrique, polymodalité, timbres imprévus (cymbalum) osent un cubisme sonore des plus inventifs : flons-flons du cirque, musique de brasserie, rengaines, etc. Cela débute par une joyeuse parade, ensuite de quoi, l’incroyable mêlée des sons et des mots culbute une « action chantée » où, hors logique, diverses voix incarnent un même personnage (les chanteurs sont dans la fosse d’orchestre, les gestes sont figurés par des mimes). Il n’y aura ni air, ni « chœur », ni solo instrumental, seulement une perpétuelle éruption sonore, où verbe et instruments rivaliseront d’incongruité. « Je suis sur mon bâton, je garde la maison, je chant’ma chanson… » Sous un magistère aussi désolant, la basse-cour reste en ordre de bataille. Aussi Renard s’y introduit-il déguisé en bonne sœur, d’abord, puis, chassé une première fois (Ma bonn’vieille mèr’Renard, c’que t’as dans l’bec t’as pas coûté trop cher), en épicier, promettant du pain, notes de programme | 9 carte blanche à l’Orchestre de Birmingham des petits pois, du grain… J’gard’mon bien, garde ton bien. Renard promet alors le ciel et le Coq se laisse choir. Nuage de plumes : Ah mon Dieu, mon Dieu, mon Dieu, Y va m’mettre tout nu, comm’un ptit Jésus, c’en est fait d’moi cette fois… Sauvetage – bruyant – par le chat et le bouc, grand couteau pour percer Renard et, tandis qu’une comptine endiablée (Zoum zoum, patazoum, c’est tant mieux pour les poules) marque ce triomphe des honnêtes gens sur les envahisseurs (nous sommes en 1916), Si l’histoire vous a plu, payez-moi ce qui m’est dû !… Aussi hilarant qu’irrévérencieux, ce formidable trafalgar ne put être joué en public (Ansermet) que bien après la guerre, en 1922… M. M. 10 | cité de la musique carte blanche à l’Orchestre de Birmingham Renard Marche aux sons de laquelle les acteurs entrent en scène. ténor I Où ça, où ça, où ça, Où ça, où ça ? basse II Le Coq s’agite sur son perchoir ténor I Où ça, où ça, où ça, Où ça, où ça ? Et le p’tit cou-couteau, on l’a, La p’tit’ co-corde aussi on l’a Et ici on vous l’crè-crèv’ra Et ici on vous l’pen-pendra. ténor I basse I Où est-il ? Amenez-le-moi ! Je suis sur mon bâton, Je garde la maison. Je chant’ ma chanson. ténor I Et on lui cass’ra les os, Arrive Renard en costume de religieuse ténor II ténor II On lui plant’ra l’couteau. Salut, mon cher fils à la toqu’roug’ ! Descendez, cher fils, du lieu de votre séjour, Et confessez-vous. J’viens du fond des déserts, N’ai ni bu, ni mangé... basse II Et on vous lui cass’ra les os, On vous lui plant’ra l’couteau. ténor I Où ça, où ça, où ça, Où ça, où ça ? Le Coq, impatienté : ténor I basse I Zut ! mèr’ Renard ! Où est-il ? Amenez-le-moi ! Renard continuant : basse II Et puis plus vit’ que ça ! Voilà... voilà ! basse I Où ça, où ça, où ça, où ça, Où ça, où ça ? ténor II Ai souffert beaucoup d’miser’s ; J’suis ici, Fils très cher, Afin d’vous confesser. Le Coq avec arrogance : basse II Où ça ? ténor I ténors I et II basses I et II ma bonn’viell’mèr’ Renard, Ces mom’ries-là, j’n’y crois pas ; Repass’voir une aut’fois. ...le p’tit couteau, on l’a, Et la corde aussi, on l’a, Et ici on l’crev’ra, Et ici on l’pendra. ténor II O mon fils très cher, Vous êt’s assis très haut dans les airs, notes de programme | 11 carte blanche à l’Orchestre de Birmingham Mais ça n’empêch’pas que tu err’s, Prends gard’mon fils. Vous avez, vous autr’s beaucoup trop de femm’s ; Tel en a bien un’dizain’, Et tel en a dans la vingtaime au moins, Ca peut monter avec le temps Jusqu'à quarant’ ! Partout où vous vous rencontrez, Vous vous battez, rapport à vos femmes, Comm’si c’étaient vos maîtress’s ; Viens mon fils, jusqu'à moi et confess’toi. basses I et II Ne voudrais-tu pas t’en défaire ? On est des bons chrétiens, On te paiera bien. ténor I Allons ! donn’-nous ça, Ou bien on t’ fout bas ! Renard lâche le Coq et s’enfuit. Le Coq, le Chat et le Bouc dansent. basse I ténors I et II Mèr’ Renard, un jour, chez nous, Mettait tout sens dessus-dessous, Afin d’ n’ pas mourir En état d’péché. basses I et II Et, la garce, ell’ s’en vantait. Le Coq se prépare à sauter « salto mortale ». Il saute. Renard saisit le Coq et tourne autour de la scène en le tenant sous le bras. Le Coq se débattant désespérément. basse I C’est qu’elle avait, mais c’est qu’elle avait Mais c’est qu’elle avait, Pour vous casser les reins, Un bon outil tout prêt. ténor I Ah, mon Dieu ! mon Dieu ! mon Dieu ! Il me tir’ par la queue... Il me tir’ par la queue, Il déchir’ mes habits, Il me lâch’ra plus Qu’à trent’-six lieues d’ici. (Trois et trois qui font six, et trois fois dix et six trent’-six !) Frèr’ bouc, frèr’ chat, c’ gros glouton me mang’ra, Frèr’ bouc, frèr chat, bons amis, écoutez-moi, Frèr’ bouc, frèr chat ! ténor II Voilà m’sieur l’ coq qui sort d’ chez lui. basses I et II Sort d’ chez lui. ténor II Ces dam’s poul’s sont avec lui. basses I et II Avec lui. ténor II Ses chèr’s p’tit’s poul’s tach’tées. ténors I et II V’nez vit’, tirez-moi d’ là ! basse I Tout à coup...tout à coup... Apparaissent Le Chat et le Bouc. basse II basse I Eh ! eh ! ma bonn’ viell’ mèr’ Renard. C’ que tu as dans l’ bec Ne t’a pas coûté cher, 12 | cité de la musique Tout à coup (il n’y comptait pas), Tout à coup (il n’y pensait pas)... carte blanche à l’Orchestre de Birmingham basses I et II basses I et II ...mèr’ Renard est là. Ell’ vous l’ salue tout bas : Ces dam’s sont trop loin, Ell’s n’entend’t rien. basse I Le Coq remonte sur son perchoir et s’installe commodement. « Gare à toi, beau garçon, on t’y prend donc ! On va t’ donner un’ bonn’ p’tit’ leçon ! » ténor II « Ne me mang’ pas, mèr’ Renard. basse I « Mèr’ Renard, pitié pour moi ! N’auras-tu pas assez ténor I Je suis sur mon bâton, Je garde la maison, J’ chante ma chanson. Arrive Renard. Il laisse tomber son costume de religieuse. ténor II basses I et II Avec mes dam’s, mes chèr’s p’tit’s femm’s ? » Cocorico, seigneur coq, Crêt’d’Or, Têt’-bien-coiffée, Clair-Regard, Barb’ frisée, bel habillé tout en Velours, beau seigneur coq, ouvr’ moi. ténor I « Non ! c’est ta carcass’ qu’il me faut. J’aurai ta peau, j’aurai tes os ! » ténor I ténors I et II basses I et II ténor II Non, je n’ t’ouvrirai pas. J’ te donn’rai des p’tits pois. Oh-oh-oh-oh-oh. ténor I basses I et II Voilà qu’ mèr’ Re... Les coqs n’aiment pas les p’tits pois, Les coqs aiment seul’ment le grain, Renard parle, ils n’entend’nt rien. basse I ...nard prend l’coq par les côt’s. basses I et II Ell’ saut’... basse I ...d’un bond l’ mur, elle’ saut’ l’aug’, L’ tir’ par la peau du dos, L’emport’ derrièr’ le bouleau. basse I Petit coq, petit coq, J’ai un’ grand’maison Tout’ plein’ de grain, Tu en auras tant Que tu voudras... Piqu’ ! Piqu’ ! basse I et ténor I J’ai pas faim. basse II Co-co-co-co-co-coq, Pauv’ coq ! Le Chat et Le Bouc se retirent. ténor II Cocorico, seigneur coq, Crêt’ d’Or, Têt’ bien-coiffée, Clair-Regard, Barb’ frisée. Beau seigneur coq, ouvr’-moi ; notes de programme | 13 carte blanche à l’Orchestre de Birmingham J’ t’apport’ un morceau d’ pain. ...plus bas... Jésus, J’suis perdu, j’suis fichu, Au s’cours j’en peux plus, ah ! mon Dieu, Qui l’aurait cru, qui l’aurait cru ? Frèr’ bouc, frèr’ chat, Pourquoi n’êt’s vous pas là ? Frèr’ bouc, frèr’ chat, Bons amis, écoutez-moi, Frèr’ bouc, frèr’ chat, Pourquoi n’êt’s vous pas là ? Frèr’ bouc, frèr’ chat, Bons amis, écoutez-moi, Frèr’ bouc, frèr’ chat ! basse I ténors I et II ...et d’encor’ plus bas jusqu’ sur... C’en est fait d’moi cett’ fois ! basses I et II Renard emporte le Coq sur le côté de la scène et commence à le déplumer. Le Coq se lamente. ténor I M’ennuie pas avec ton pain ! Pas si bêt’, pas si bêt’! Je gard’ mon bien, gard’ ton bien. basse I Coq de mon cœur, beau petit coq, Descends d’où tu es perché vers... basses I et II ...la terre. basse I Et je t’emport’rai tout vivant dans... basses I et II ...le ciel. Le Coq se prépare à sauter « salto mortale ». ténor I crie Ne fais pas gras Renard ! Le Coq saute. Renard s’empare de lui. ténor II Pou d’autres c’est gras ; Pour nous, c’est maigre ! Renard tourne autour de la scène en tenant le Coq sous le bras. Le Coq se débattant désespérément. ténor I Ah ! mon Dieu ! mon Dieu ! mon Dieu ! Il m’a pris par les ch’veux, il m’a pris par les ch’veux, Il me ti’r par la queue, Il va m’ mettr’ tout nu comm’ un petit 14 | cité de la musique ténor I Ah, aïe, aïe, aïe ! Mèr’ Renard, très charitabl’, très vénérable, Viens chez papa, et tu verras, là-bas chez papa, Tu verras, comme on te soign’ra, tu verras, Comm’ c’est servi. C’ n’est pas comme ici, Y a du beurr’ sur la table ! Seineur, prends sous ta gard’ Séraphine, ma cousin’, Ma bonn’ marrain’ Cath’rine, Tous les Saints, André mon parrain, Adelin’ qui fait l’pain, Et Jean qui travaille au moulin, Félicie, Félicie, Sidonie,... donie,... do... Le Coq défaille. Apparaissent le Chat et le Bouc. Ils chantent, en s’accompagnant sur la guzla, une aimable chanson à Renard. basse I Tiouc, tiouc. carte blanche à l’Orchestre de Birmingham On chante doux la joli’ Chanson que voilà. Tiouc, tiouc. basse II La premièr’, c’est Mam’sell’ Torchon. basses I et II basses I et II Ils ne chant’nt pas tant doux qu’ça ! La deuxièm’, c’est Mam’sell’ Cornichon. basse I Tiouc, tiouc. basse I basses I et II basse II Pour l’amour de vous, On la chant’ tout bas, On la chante tout doux. Et la quatrièm’, Mam’sell’ Fait-le-Poing. basse I Tiouc, tiouc, On la chante tout doux, Pour l’amour de vous, Tiouc, tiouc. la troisièm’, Mam’sell’ Tend-la-Main. basse I Tiouc, tiouc, On chante doux, Un’ jolie chanson pour vous. Tiouc, tiouc. basses I et II On la chantera jusqu’au bout. basse II Où est-ell’ ? est-ell’ chez ell’ ? basse I Tiouc, tiouc. basse I Où est-ell’ ? est-ell’ chez ell’ ? basses I et II Où est-ell’ ? madam’ Renard Est-ell’ chez ell’ ? Tiouc, tiouc. Pour l’amour de vous, On la chant’ tout bas, On la chante tout doux. Où est-ell’, que fait-elle, Où est-ell’, que fait-elle, Où est-elle et que fait-elle, Où est-ell’, Madam’ Renard ? Peut-on la voir ? basse II Renard montre le bout de son nez. basse II Où est-ell’ ? est-ell’ chez ell’ ? basse I Est-ce qu’on pourrait lui parler ? ténor I basses I et II Pourrait-on parler à Ses d’moisell’s ? Qu’est-c’ que c’est qu’ cett’ chanson ? Qui est là et que m’ veut-on ? basses I et II basse I Tiouc, tiouc. On vous chante tout doux, Pour l’amour de vous... Tiouc, tiouc. On est les bell’s, les tout’s bell’s, On est les bell’s qui t’appell’nt, Et c’ qu’on a sous son manteau. C’est un grand couteau. Les Bêtes sortent le grand couteau. notes de programme | 15 carte blanche à l’Orchestre de Birmingham Renard épouvanté. ténor I Ah ! vous, mes chers yeux, Mes yeux qui êt’s deux, Qu’avez-vous fait, Qu’avez-vous fait, mes yeux ? son, et l’étranglent. Les deux ténors et les deux basses hurlent de toutes leurs forcent. Renard expire. Le Coq, le Chat, le Bouc se mettent à danser. basse I Mèr’ Renard, mèr’ Renard, Pourquoi nous quitter déjà ? basses I et II On a Guigné, guigné,guigné, Pour qu’ les méchant’s bêt’s vien’nt pas t’ manger. ténor II C’est que j’ai mon p’ tit commerc’... ténor I ténor I ...qui n’peut pas se passer de moi. Ah ! vous mes pieds, Si légers à courir, Qu’avez-vous, mes pieds, Chers pieds, pour m’ servir ? basse I Jean-Louis tap’ sur sa femm’. ténor I basses I et II On a couru tant qu’on a pu. Et les méchant’s bêt’s ne t’ont pas eue. ténor I Et toi, et toi, queue frisée ? Ell’ tap’ sur son mar’ las, Ils crient, Les chiens aboient. ténor II basses I et II Leurs enfants sont au bois. ténor II et basse II À la haie m’ suis accrochée. ténor I et basse II Ils ont dit à Renard : basse I Hélas ! m’suis pris’ dans la haie. ténor II et basse I « Eh... ténors I et II basses I et II basse I Et les bêt’s t’ont attrapée... ...Renard, viendras-tu pas ? basses I et II ténors I et II basses I et II ...t’ont déchirée. T’auras... Renard pris de fureur, agite la queue. Il crie en s’adressant à celle-ci : ténor I Ah, canaille, que les bêtes te mettent en morceaux ! Les bêtes attrapent la queue de Renard, tirent Renard hors de la mai16 | cité de la musique basse I ...du chocolat »... Renard a dit : « Ca va. » Sur la plac’ du village, Les loups battaient les pois ; Renard se dérang’ pas. Renard est sur le poêl’ : « Gar’, Renard, les voilà ! » carte blanche à l’Orchestre de Birmingham Il a sauté par terr’, Il s’est cassé le bras. Sur sa bête est Jean Badoux, Sur l’homm’ sa têt’, Dans sa tête rien du tout. ténors I et II Zoum ! zoum ! zoum ! Patazoum, patazoum ! C’est tant mieux pour les poul’s. ténors I et II basse I Et voilà qu’il pleut, On a fair un bon feu... basse I Et c’est ainsi qu’on dit... basse ...en l’honneur d’ nos messieurs. ténors I et II Zoum ! zoum ! zoum ! Patazoum ! ténors I et II basses I et II basse I Nos messieurs sont arrivés, Leurs chiens ont fait coucher. ... que l’histoire finit. basses I et II ténor I et basse II Zoum ! zoum ! zoum ! Patazoum ! patazoum ! patazoum ! patazoum ! ténor II Leurs chiens sont fâchés, Renard a empoché. ténors I et II basses I et II Et si l’histoir’ vous a plu, A présent on va aller... ténor I ténor I Payez-moi c’ quim’est dû ! ...ous qu’y aura d’quoi manger. ténor II Marche au son de laquelle les acteurs quittent la scène. ...et ous qu’y aura d’quoi boir’. ténor I On ira ous qu’y aura... ténors I et II ...des beaux beignets à l’huil’ d’noix, ténors I et II basse I ...et puis plein un... ténors I et II basses I et II ...tonneau d’ bon vin nouveau. basse I Seigneur, pardonnez-nous ! notes de programme | 17 samedi 27 novembre - 16h30 amphithéâtre du musée György Kurtág Kafka Fragmente, op 24 Partie I : Die Guten, Wie ein Weg im Herbst, Verstecke Ruhelos, Berceuse I, Nimmermehr, « Wenn er mich immer frägt », Es zupfte mich jemand am Kleid, Die Weissnäherinnen, Szenen am Bahnhof, Sonntag den 19. Juli 1910 (Berceuse II), Meine Ohrmuschel..., Einmal brach ich mir das Bein, Umpanzert, Zwei Spazierstöcke (Authentisch-Plagal), Keine Rückkehr Stolz (1910/15. November, zehn Uhr), Träumend hing die Blume, Nichts dergleichen Partie II : Der wahre Weg Partie III : Haben ? Sein ?, Der Coïtus als Bestrafung, Meine Gefängnisszelle – meine Festung, Elendes Leben (Double), Der begrenzte Kreis, Ziel Weg Zögern, So fest, Penetrant jüdisch, Verstecke (Double), Staunend sahen wir das grosse Pferd, Szene in der Elektrischen/1910 Partie IV : Zu spät (22. Oktober 1913), Eine lange Geschichte, In memoriam Robert Klein, Aus einem alten Notizbuch, Leoparden, In memoriam, Wiederum wiederum, Es blendete Anu Komsi, soprano Sakari Oramo, violon concert sans entracte, durée : 1 heure partenaire de la cité de la musique 18 | cité de la musique carte blanche à l’Orchestre de Birmingham György Kurtág Kafka Fragmente, op 24 composition : 1985 ; textes de Franz Kafka (Journal et Correspondance) ; création : le 25 avril 1987 à Witten dans le cadre des Wittener Tage für neue Kammermusik par Adrienne Csengery (soprano) et Andras Keller (violon) ; effectif : 1 soprano, 1 violon ; dédicace : à Marianne Stein ; éditeur : Edition Musica Budapest. Le 14 janvier 1981, la première audition des Messages de feu Demoiselle Troussova propulsa Kurtág parmi les créateurs les plus en vue sur la scène internationale. Le compositeur hongrois n’en était pourtant pas à son coup d’essai, mais il fallait ce concert parisien pour révéler l’originalité d’un talent jusqu’alors peu reconnu hors des frontières magyares. Kurtág avait trouvé en Adrienne Csengery son interprète d’élection, et les Messages inaugurèrent la série ininterrompue de chefs-d’œuvre vocaux qui domina sa production dans les années quatre-vingt. La rencontre de Kurtág avec le verbe n’était pas entièrement nouvelle ; les années soixante-dix avaient vu naître quelques recueils de mélodies, tels Bornemisza Péter mondásai (les Dits de Péter Bornemisza, 1963-1968, révisé en 1976) ou les Quatre Mélodies sur des poèmes de János Pilinszky (1973-1975), ainsi que plusieurs pièces instrumentales qui trouvaient déjà leur point de départ dans une source littéraire. Mais Kurtág inscrivait désormais cette recherche dans des ensembles plus vastes, sans renoncer toutefois aux formes aphoristiques qu’il prisait également dans sa musique instrumentale. Chacun des cycles vocaux consiste en minuscules instants juxtaposés, éclats d’une âme fragmentée perceptible en filigrane. Par deux fois, il choisit d’ailleurs le titre de Fragmente : après ceux empruntés au poète hongrois Attila József (op. 20, 1982), il combine des bribes d’écrits de Kafka (correspondance et journal) en un vaste kaléïdoscope – près d’une heure, soit, comparé au reste de sa production, une quasi-éternité. Les Kafka Fragmente l’ont occupé deux ans, de 1985 à 1987. Des phrases presque anodines y côtoient de petites paraboles, une grâce naïve y frôle la tragédie d’un esprit las, prisonnier de ses démons. notes de programme | 19 carte blanche à l’Orchestre de Birmingham Peu d’œuvres de Kurtág combinent avec une telle maestria l’inventivité et la rigueur, la concision et le lyrisme. L’œuvre parle à deux voix, et l’on peut imaginer que le violon se fait l’écho du compositeur, dans un perpétuel échange avec une chanteuse qui représenterait l’écrivain pragois. L’instrument et le chant se marient, se heurtent, s’éclairent l’un l’autre dans un fascinant jeu de miroir, un miroir ne reflétant cependant que des image brisées et éparses : Kurtág n’est pas homme à livrer quelque clef que ce soit, et l’émotion naît de rencontres fugitives, d’instants insaisissables où l’on effleure sans pouvoir la saisir une ineffable beauté. Comme toujours, la partition fourmille d’indications de jeu, chaque effet sonore est pesé, décrit de manière à ne laisser aucune marge d’erreur. Il en ressort pourtant une étonnante liberté : Kurtág s’immisce au cœur des mots avec le regard émerveillé d’un enfant, et chaque syllabe lui inspire une avalanche de couleurs et de sensations, qui n’échappent cependant jamais à la cohérence générale du fragment. L’invention sonore est extrême, particulièrement pour le violon, qui regorge de timbres inouïs : glissandos effectués en desserrant les chevilles (III/4), trémolos sul ponticello - col legno (III/10), oscillations en quart de tons et en doubles cordes (II), glissandos en faisant ricocher le bois de l’archet (IV/2) ou « vibrato Keller » (III/12), clin d’œil au créateur de l’œuvre, András Keller – un vibrato « très ample, très lent et ultra-sentimental ». Mais la voix n’est pas en reste, qui doit exécuter une pantomime impatiente (I/4) ou produire un « Sprechgesang à la manière d’un chat » (I/10). Comme à l’habitude, Kurtág dissémine les allusions et distribue les hommages. La danse hassidique (I/13), la csárdás et la valse (III/12) ne sont évidemment plus que de lointains souvenirs, comme cet hommage à Schumann suspendu dans des limbes extatiques (I/18), dont le charme est brutalement rompu par les accords discordants du violon et les cris obsessionnels de la voix : « Non, non, rien de tel. » Le compositeur note en hongrois, sous un titre, à un ami 20 | cité de la musique carte blanche à l’Orchestre de Birmingham pianiste : « promesse à Zoli Kocsis : le concerto pour piano existera. » (I/17). Pierre Boulez se voit attribuer un « hommage-message » (II), morceau le plus long du cycle et sorte de parabole sur la nécessaire insécurité de l’artiste, auquel font écho plusieurs autres fragments : la liberté naît du doute, et la forteresse (entendez le confort rassurant d’une logique, d’un style, de préjugés) est une prison ; cette idée, exprimée dans le n° 3 de la troisième partie, est d’ailleurs inscrite en sous-titre à l’œuvre entière. C’est certainement à ce sujet que Kurtág se livre le plus. Pour ce qui est de son intimité, il n’en dévoile qu’un infime morceau, et encore sous la forme d’un pied-de-nez : en tête du dernier morceau, longue page où voix et violon rivalisent d’ondulations troublantes (la voix y produit ses uniques vocalises), il inscrit en hongrois, en paraphrasant l’ultime vers de Kafka : « … un couple de serpents rampant dans la poussière : Márta et moi. » Claire Delamarche notes de programme | 21 carte blanche à l’Orchestre de Birmingham partie I partie I Die Guten gehn im gleichen Schritt... Die Guten gehen im gleichen Schritt. Ohne von ihnen zu wissen, tanzen die anderen um sie die Tänze der Zeit. Les bons vont du même pas Les bons vont du même pas. Sans rien savoir d’eux, les autres dansent autour d’eux les danses du temps. Wie ein Weg im Herbst Wie ein Weg im Herbst : Kaum ist er reingekehert, bedeckt er sich wieder mit den trockenen Blättern. Comme un chemin en automne Comme un chemin en automne : à peine l’a-t-on balayé, qu’il se recouvre de feuilles mortes. Verstecke Verstecke sind unzählige, Rettung nur eine, aber Möglichkeiten der Rettung wieder so viele wie verstecke. Cachettes Les cachettes sont innombrables. De salut, il n’y en a qu’un, mais les possibilités de salut sont aussi nombreuses que les cachettes. Ruhelos Sans répit Berceuse I Schlage deinen Mantel, hoher Traum, um das Kind. Berceuse Dépose ton manteau, haut rêve, autour de l’enfant. Nimmermehr (Excommunicatio) Nimmermehr, nimmermehr kehrst du wieder die Städte, nimmermehr tönt die grosse Glocke über dir. Plus jamais (Excommunicatio) Plus jamais, plus jamais tu ne reviendras dans la ville, plus jamais la grosse cloche ne sonnera au-dessus de toi. « Wenn er mich immer frägt » « Wenn er mich immer frägt. » Das ä, losgelöst vom Satz, flog dahin wie ein Ball auf der Wiese. « A chaque fois qu’il me demande » « A chaque fois qu’il me manque ». Le « ä », séparé de la phrase, s’en allait comme une balle sur un pré. 22 | cité de la musique carte blanche à l’Orchestre de Birmingham Es zupfte mich jemand am Kleid Es zupfte mich jemand am Kleid, aber ich Schüttelte ihn ab. Quelqu’un m’a pris par le vêtement Quelqu’un m’a pris par le vêtement, mais je l’en ai décroché. Die Weissnäherinnen Die Weissnäherinnen in den Regen-güssen. Les lingères Les lingères sous l’averse Szene am Bahnhof Die Zuschauer erstarren, wenn der Zug vorbeifährt. Scène dans la gare Les spectateurs se figent quand le train passe devant eux. Sonntag, den 19. Juli 1910 (Berceuse II) Geschlafen, aufgewacht, geschlafen, aufgewacht, elendes Leben. Dimanche 19 juillet 1910 (Berceuse II) (Hommage à Jenny) Endormi, réveillé, endormi, réveillé, misérable existence. Meine Ohrmuschel... Meine Ohrmuschel fühlte sich frisch, rauh, saftig an wie ein Blatt. Mon pavillon de l’oreille... Mon pavillon de l’oreille était frais au toucher, rugueux, froid, savoureux comme une page. Einmal brach ich mir das Bein (Chassidischer Tanz) Einmal brach ich mir das Bein, es war das schönste Erleblis meines Lebens. Un jour, je me suis cassé la jambe (danse hassidique) Un jour, je me suis cassé la jambe, ce fut la plus belle expérience de ma vie. Umpanzert Einen Augenblick lang fühlte ich mich Umpanzert. Cuirassé Un instant, je me sentis cuirassé. Zwei Spazierstöcke (Authentisch-Plagal) Auf Balzacs Spazierstockgriff : Ich breche alle Hindernisse. Auf meinem : Mich brechen alle Hindernnisse. Gemeinsam ist das « alle ». Deux cannes (authente - plagal) Sur la canne de Balzac : je brise tous les obstacles. Sur la mienne : tous les obstacles me brisent. Le point commun, c’est le « tous ». Keine Rückkehr Von einem gewissen Punkt an gibt es keine Rückkehr mehr. Dieser Punkt ist zu erreichen. Pas de retour A partir d’un certain point, il n’est plus de retour. C’est ce point qu’il faut atteindre. notes de programme | 23 carte blanche à l’Orchestre de Birmingham Stolz (1910/15. November, zehn Uhr) Ich würde mich nicht müde werden lassen. Ich werde in meine Novelle hineinspringen und wenn es mir das Gesicht zerschneiden sollte. Fier (1910, 15 novembre, dix heures) Je ne me laisserai pas lasser. Je vais sauter dans ma nouvelle, même si cela doit me déchirer le visage. Träumend hing die Blume (Hommage à Schumann) Träumend hing die Blume am hohen Stengel. Abenddämmerung umzog sie. La fleur pendait, rêveuse (Hommage à Schumann) La Fleur, rêveuse, pendait sur sa tige. Le crépuscule l’entourait. Nichts dergleichen Nichts dergleichen, nichts dergleichen. Rien de tel Rien de tel, rien de tel partie II partie II Der wahre Weg (Hommage-message à Pierre Boulez) Der wahre Weg geht über ein Seil, das nicht in der höhe gespannt ist, sondern knapp über den Boden. Es scheint mehr bestimmt, stolpern zu machen, als begangen zu werden. Le vrai chemin (Hommage à Pierre Boulez) Le vrai chemin passe sur une corde qui n’est pas tendue en hauteur, mais juste au-dessus du sol. Elle semble plus destinée à faire trébucher qu’à être foulée. partie III partie III Haben ? Sein ? Es gibt kein Haben, nur ein Sein, nur ein nach letztem Atem, nach Ersticken verlangendes Sein. Avoir ? Etre ? Il n’existe pas d’Avoir, juste un Etre, qui aspire au dernier souffle, à l’étouffement. Der Coïtus als Bestrafung (Canticulum Mariae Magdalenae) Der Coïtus als Bestrafung des Glückes des Beisammenseins. Le coït comme punition (Canticulum Mariae Magdalenae) Le coït comme punition du bonheur d’être ensemble. 24 | cité de la musique carte blanche à l’Orchestre de Birmingham Meine Gefängnisszelle – meine Festung Schmutzig bin ich, Milena... Schmutzig bin ich, Milena, endlos schmutzig, darum mache ich ein solches Geschrei mit der Reinheit. Niemand singt so rein als die, welche in der tiefsten Hölle sind ; was für den Gesang der Engel halten, ist ihr Gesang. Elendes Leben (Double) Geschlafen, aufgewacht, geschlafen, aufgewacht, elendes Leben. Der begrenzte Kreis Der begrenzte Kreis ist rein. Ziel, Weg, Zögern Es gibt ein ziel, aber keinen Weg ; was wir Weg nennen, ist Zögern. So fest So fest wie die Hand den Stein hält. Sie hält ihn aber fest, nur um ihn desto weiter zu verwerfen. Aber auch in jene Weite führt der Weg. Penetrant jüdisch Im Kampf zwischen dir und der Welt sekundiere der Welt. Verstecke (Double) Verstecke sind unzählige, Rettung nur eine, aber Möglichkeiten der Rettung wieder so viele wie Verstecke. Ma cellule de détention – ma forterresse Je suis sale, Milena... Je suis sale, Milena, infiniment sale, c’est pour cela que je fais grand bruit autour de la pureté. personne ne chante d’une manière aussi pure que ceux qui se trouvent dans le plus profond des enfers ; ce que nous prenons pour le chant des anges, c’est leur chant à eux. Misérables existence (Double) Endormi, réveillé, endormi, réveillé, misérable existence. Le cercle fermé Le cercle fermé est pur. But, chemin, hésitation Il existe un but, mais pas de chemin ; ce que nous appelons chemin, c’est l’hésitation. Aussi fermement Aussi fermement que la main tient la pierre. Or, elle ne la tient fermement que pour la lancer d’autant plus loin. Mais le chemin mène aussi dans ce lointain. D’un judaïsme pénétrant Dans le combat entre toi et le monde, seconde le monde. Cachettes (Double)` Les cachettes sont innombrables. De salut, il n’y en a qu’un, mais les possibilités de salut sont aussi nombreuses que les cachettes. notes de programme | 25 carte blanche à l’Orchestre de Birmingham Staunend sahen wir das grosse Pferd Staunend sahen wir das grosse Pferd. Es durchbrach das Dach unserer Stube. Der bewölkte Himmel zog sich schwach entlang des gewaltigen Umrisses, und rauschend flog die Mähne im Wind. Etonnés, nous vîmes le grand cheval Etonnés, nous vîmes le grand cheval. Il perça le toit de notre chambre. Le ciel nuageux s’étirait faiblement le long du tracé vigoureux, et sa crinière volait au vent en bruissant. Szene in der Elektrischen/1910 : « Ich bat im Traum die Tänzerin der Eduardowa, sie möchte doch den Csárdás noch einmal tanzen. » Die Tänzerin Eduardowa, eine Liebhaberin der Musik, fährt wie überall so auch in der Elektrischen in Begleitung zweier Violonisten, die sie häufig spielen lät. Denn es besteht kein Verbot, warumin der Elektrischen nicht gespielt werden dürfte, wenn das Spiel gut, den Mitfahrenden angenehm ist und nichts kostet, das heisst, wenn nachher nicht eingesammelt wird. Es ist allerdings im Anfang ein wenig überraschend, und ein Weilchen lang findet jeder, es sei unpassend. Aber bei voller fahrt, starkem Luftzug und stiller Gasse klingt es hübsch. Scène dans le tramway (1910 : « En rêve, je demandai à la danseuse Edouardowa si elle pouvait encore danser encore une fois la Csárdás !) » La danseuse Edouardowa, amateur de musique, voyage en tramway comme partout ailleurs en compagnie de deux violonistes qu’elle fait fréquemment jouer. Car il n’existe aucune interdiction de jouer dans le tramway pourvu que l’interprétation soit bonne, qu’elle soit agréable aux voyageurs et qu’elle ne coûte rien, c’est à dire qu’on ne fasse pas de collecte, après. C’est, il est vrai, un peu surprenant au début, et, pendant un bref instant, chacun trouve que ce n’est pas convenable. Mais lorsque le tramway roule, dans un grand courant d’air et dans une ruelle tranquille, cela sonne joliment. partie IV partie IV Zu spät (22. Oktober 1913) Zu spät. Die Süssigkeit der Trauer und der Liebe. Von ihr angelächelt werden Im Boot. Das war das Allerschönste. Immer nur das Verlangen, zu sterben und das Sich-Hoch-Halten, das allein ist Liebe. Trop tard (22 octobre 1913) Trop tard. La douceur de la tristesse et de l’amour. La voir me sourire dans le bateau. C’était le plus beau de tout. Toujours, seulement, la volonté de mourir et le se-maintenir-encore qui, seul, constitue l’amour. 26 | cité de la musique carte blanche à l’Orchestre de Birmingham Eine lange Geschichte Ich sehe einem Mädchen in den Augen, und es war eine sehr lange Liebesgeschichte mit Donner und Küssen und Blitz. Ich lebe rasch. Une longue histoire Je regarde une jeune fille dans les yeux, et ce fut une très longue histoire d’amour, avec tonnerre, baisers et éclairs. Je vis rapidement. In memoriam Robert Klein Noch spielen die Jagdhunde im Hof, aber das Wild entgeht ihnen nicht, so sehr es jetzt schon durch die Wälder jagt. In memoriam Robert Klein Les chiens jouent encore dans la cour, mais le vent ne leur échappe pas, tant il chasse déjà à travers les forêts. Aus einem alten Notizbuch Jetzt am Abend, nachdem ich von sechs Uhr früh an gelernt habe, bemerke ich, wie meine linke Hand die rechte schon ein Weilchen lang aus Mitleid bei den Fingern umfasst hielt. Extrait d’un vieux livre de notes A présent, le soir, après que j’ai étudié depuis six heures du matin, je vois ma main gauche tenir un petit instant, par pitié, la main droite par les doigts. Leoparden Leoparden brechen in den Tempel ein und saufen die Opferkrüge leer ; das wiederholt sich immer wieder ; schliesslich kann man es vorausberechnen, und es wird ein Teil der Zeremonie. Les léopards Les léopards font irruption dans le temple et vident la coupe du sacrifice ; cela devient une partie d’une cérémonie. In memoriam Johannis Pilinszky Ich kann... nicht eigentlich erzählen, ja fast nicht einmal reden ; wenn ich erzähle, habe ich meistens ein Gefühl, wie es kleine Kinder haben können, die die ersten Gehversuche machen. In memoriam Johannis Pilinszky Je ne peux... réellement raconter, et même presque pas parler ; quand je raconte, j’ai la plupart du temps un sentiment analogue à celui que pourraient connaître de petits enfants qui font leurs premiers pas notes de programme | 27 carte blanche à l’Orchestre de Birmingham Wiederum, wiederum Wiederum, wiederum, weit verbannt, weit verbannt. Berge, Wüste, weites Land gilt es zu durchwandern. De nouveau, de nouveau De nouveau, de nouveau, banni au loin. Montagnes, déserts, il faut à travers un grand espace. Es blendete uns die Mondnacht Es blendete uns die Mondnacht. Vögel schrien von Baum zu Baum. In den Feldern sauste es. Wir krochen durch den Staub, Ein Schangenpaar. La pleine lune nous aveuglait La pleine lune nous aveuglait. Des oiseaux criaient d’arbre en arbre. Un bourdonnement parcourait les champs. Nous rampâmes dans la poussière : un couple de serpents. traduction Olivier Mannoni avec l’aimable autorisation des éditions Editio Musica Budapest 28 | cité de la musique samedi 27 novembre - 20h salle des concerts Gabriel Fauré Dolly (orchestration Henri Rabaud) Berceuse, Mi-a-ou, Jardin de Dolly, Kitty-valse, Tendresse, Pas espagnol durée : 17 minutes Claude Debussy La Boîte à joujoux (orchestration André Caplet) La magasin de jouets Le champ de bataille La bergerie à vendre Après fortune faite durée 32 minutes entracte Igor Stravinsky Petrouchka (version de 1947) Fête populaire de la Semaine Grasse Chez Petrouchka Chez le Maure Fête populaire et Mort de Petrouchka durée : 35 minutes Sir Simon Rattle, direction City of Birmingham Symphony Orchestra partenaires de la cité de la musique concert diffusé le jeudi 9 décembre à 20h sur France Musiques carte blanche à l’Orchestre de Birmingham Gabriel Fauré Dolly 30 | cité de la musique Ciel, l’orchestration ! Ce qui, pour le profane semble aller de soi, imagine-t-on quelles bifurcations cela peut suggérer, spécialement aux plus grands ? Quelques-uns s’y dérobèrent résolument, qu’il s’agisse de Chopin ou – la chose est moins remarquée – de Gabriel Fauré ! Pour lui, tout avait commencé après 1870 : orgue à Saint-Sulpice, Salon de Pauline Viardot (Saint-Saëns, Gounod, Flaubert, Tourgueniev), bientôt la Madeleine et une vie quasi agitée entre Saint-Saëns et Wagner… pour ne rien dire de Liszt. Par la suite, les honneurs (dont il rêve) lui seront mégotés durement : en 1892, le Conservatoire l’ignore, puis c’est l’Institut qui lui préfère, par deux fois, des « pontes » à la mode. Le Figaro, enfin, prête plutôt sa plume à Alfred Bruneau… Fauré devra passer la cinquantaine pour qu’au Conservatoire il remplace Massenet à la chaire de compositioncontrepoint-et-fugue (1896). Est-ce pour désacraliser cette casquette (convoitée de longue date) ou pour amuser les salons qu’il hante que Fauré réunit, cette année là, les pièces diverses qui constituent Dolly, « suite enfantine » pour piano à quatre mains ? Selon Jean-Michel Nectoux, Berceuse date de 1863, Miaou de 94 (Dubois vient de le battre à l’Institut !), Le Jardin et Kitty Valse naissent les années suivantes, marquant l’anniversaire des enfants de son égérie : Mme Emma Bardac (future Mme Debussy). Tendresse et Pas espagnol datent donc de 1896 puisque le recueil est alors publié. Sous les tournures « adorables », on imagine sans peine le kaléïdoscope d’intentions diverses, les allusions (Miaou est une contraction de Msieu Raoul : Raoul Bardac, condisciple de Ravel dans la classe de Fauré ; Kitty était le nom d’un petit chien), les messages secrets, avant la tapageuse « distanciation » finale : hommage au Chabrier d’España… Fallait-il unifier mieux l’ensemble en le confiant à l’orchestre ? C’est un tout jeune Prix de Rome, Henri Rabaud, qui en fut chargé, peu avant d’être sacré grand chef d’orchestre et compositeursymphoniste grâce au succès remporté par sa Procession nocturne. carte blanche à l’Orchestre de Birmingham Claude Debussy La Boîte à joujoux Œuvre de maturité, elle aussi, que La Boîte à joujoux de Claude Debussy (1913, juste après la création de Jeux). Sur un canevas du dessinateur André Hellé, le spectacle devait être joué par des enfants et des marionnettes : un Soldat de plomb est amoureux d’une Poupée qui, pourtant, n’a d’yeux que pour Polichinelle. Bataille. Le Soldat, blessé, est soigné par la Poupée, abandonnée maintenant par son amant volage. Noces avec le Soldat, prospérité : on achête une bergerie… Vingt ans plus tard, aidés par une nombreuse marmaille, le Soldat et la Poupée vendent des jouets. Parmi eux, un Soldat tombe amoureux d’une Poupée qui n’a d’yeux que pour un Polichinelle, etc, etc. Ce conte doux-amer convenait parfaitement à l’humeur sombre d’un Debussy malade qui, s’adressant en principe à des enfants, va mettre au point un tissage captivant de chansons enfantines et de bribes musicales connues de tous (Les agents sont de braves gens ; Il était une bergère ; Ah c’te gueule, c’te binette ; Marche nuptiale de Mendelssohn, Faust de Gounod, etc) voire d’auto-citations, notamment de son Children’s corner (1907). Ce travail minutieux, mis au point au piano, sera terminé en octobre 1913. Problématique, l’orchestration ne fut entreprise qu’à partir du printemps 1914. Est-ce l’âge, la guerre ou, plus sûrement encore, l’impossibilité de se leurrer ? Un crêpe semble endeuiller encore davantage la rédaction première. Il est probable que Debussy y ait travaillé jusqu’à la fin de 1917, soit la veille de sa mort. Fidèle disciple, André Caplet y mit la dernière main, et signa le tout. Le ballet fut créé au Vaudeville en décembre 1919 sous la direction d’Inghelbrecht. Quatre-vingts ans ont passé et ce qui frappe aujourd’hui, dans ce vaste « divertissement », c’est la complexité de l’harmonie, une palette orchestrale aux tons rompus (à laquelle Caplet a su conserver sa cohérence et son extrême originalité), ainsi que le caractère glauque et quasi oppressant d’une musique crépusculaire de bout en bout. Qui oserait, de nos jours, proposer aux enfants une « soirée » aussi dépourvue de bonheur ? notes de programme | 31 carte blanche à l’Orchestre de Birmingham Igor Stravinsky Petrouchka L’étonnant est que La Boîte à joujoux ait été conçue deux ans après l’éclatement de Petrouchka, le 13 juin 1911, au Châtelet. C’est presque par hasard que Stravinsky avait transformé un concerto pour piano – quelque peu descriptif – en un vaste ballet fantasticosocial. Le contraste de décors presque naturalistes et d’une musique effervescente égara le chorégraphe qui ne s’y intéressa qu’aux personnages principaux. Du coup, l’« orchestre à la russe » accédait à une signification en soi, moins soumis à des images précises qu’à un poudroiement de suggestions dominées avec maestria. Petrouchka débouchait de la sorte sur une manière d’orchestre absolu, d’orchestre-pour-l’orchestre. Stravinsky laissa son œuvre galvaniser le monde trentecinq ans durant mais, les USA n’ayant pas signé la Convention de Berne, cet énorme « marché » ne payait aucun droit sur quelqu’œuvre que ce soit éditée « à l’étranger ». Naturalisé américain en 1945, Stravinsky fut donc légitimement prompt à confier à Boosey & Hawkes de « nouvelles versions » de tout ce qu’il avait publié jusque-là. Ces révisions ne sont, la plupart du temps, que des retouches infimes ou des corrections d’erreurs. Seul Pétrouchka fut l’objet d’une réorchestration totale, pour ensemble plus réduit, travail achevé en octobre 1946 et publié l’année suivante. Eric Walter White, commentateur de Stravinsky, écrit : « En substance, la musique est la même mais l’instrumentation a été radicalement modifiée et simplifiée […] Alors que la version originale avait été écrite en fonction du ballet, la version 1947 paraît avoir été réalisée en vue des exécutions en concert. » Il est clair que le plateau moins ruineux requis par cette nouvelle mouture multiplia les exécutions. Nombre de critiques et de chefs (Ansermet) n’en parlèrent pas moins de « massacre »… Ne faut-il pas, au contraire, apprécier un subtil éloignement du pittoresque et constater, déjà, l’annonce d’une distanciation qui rapprochera, dix ans plus tard, le maître « néo-classique » de ses adversaires sériels M. M. 32 | cité de la musique dimanche 28 novembre - 15h salle des concerts Franz Liszt Les Préludes durée : 16 minutes Henri Dutilleux L’Arbre des songes, concerto pour violon et orchestre durée : 25 minutes entracte Jean Sibelius Le Barde, op 64 durée : 6 minutes Robert Schumann Symphonie n° 4 en ré mineur, op 120 (version de 1851) introduction/allegro, romance, scherzo, finale durée : 28 minutes Sakari Oramo, direction Olivier Charlier, violon City of Birmingham Symphony Orchestra partenaires de la cité de la musique répétition publique de ce programme le même jour à 10h30 carte blanche à l’Orchestre de Birmingham Franz Liszt Les Préludes Oscillant entre des formes « libres » et des structures sciemment menacées, ce programme établit nombre de passerelles entre des attitudes artificiellement opposées : Franz Liszt, assurément, aimait trop les avalanches de l’improvisation pour s’astreindre aux plans formels légués par le classicisme. Lorsqu’en 1848 il décide de vouer à l’orchestre toute une série de libres paraphrases sur des thèmes littéraires, il apaise les rigoristes en forgeant l’expression « poème symphonique ». Il est d’ailleurs prudent, et se met d’abord sous le patronage de poètes illustres : Victor Hugo puis Byron. On nous a montré qu’ensuite Les Préludes (troisième page de cette nébuleuse en expansion, création en 1854) dérivaient d’une œuvre chorale inspirée par un rimeur de la Canebière nommé Autran. A la parution de la rédaction définitive, ce seront pourtant des vers de Lamartine qui vinrent donner la clef… Tenons-nous en donc à cette ultime mise en perspective, l’ensemble se présentant comme des variations sur un thème solennel représentant « l’être ». Nous le suivrons sans mal dans ses luttes pour la vie, dans les célestes illusions de l’amour, enfin dans l’héroïsme final d’un combat sans certitudes contre la mort et le néant. Suite de « préludes », donc, qu’une existence qu’il nous faut perpétuellement recommencer. Liszt tenait d’autant plus à cette œuvre-programme qu’il s’agit du premier de ses poèmes symphoniques qu’il orchestra entièrement. M. M. Henri Dutilleux L’Arbre des songes 34 | cité de la musique Lorsqu’il commence Tout un monde lointain, Henri Dutilleux écrit : « Le propre du violoncelle est de chanter ». S’il ne l’écrit à nouveau en tête du Concerto pour violon, il applique cette maxime au-delà de tout ce qu’il avait déjà prouvé au sujet du premier concerto. En 1965, on se souvient qu’Henri Dutilleux s’était penché sur les problèmes que posaient les nouvelles techniques instrumentales par rapport au résultat sonore, inhérents aux moyens mis à la disposition carte blanche à l’Orchestre de Birmingham des chercheurs grâce aux immenses progrès accomplis dans le domaine de l’électro-acoustique qu’ils fabriquaient. Son infaillible instinct réussit à filtrer les éléments de ces expérimentations afin de les introduire dans son langage, guidés toujours par sa démarche rigoureuse. Il reconnaît que « tous les procédés électro-acoustiques ne pourront jamais supplanter l’orchestre, ou même, s’intégrer à lui » et il précise « qu’il reste beaucoup de chefs-d’œuvre à écrire pour des cordes, bois, cuivres et percussions ».Pour choisir sa nomenclature, il n’hésite pas à faire appel à l’effectif des grands orchestres symphoniques (avec les bois et les cuivres par trois) dans lequel il introduit une variété de percussions peu usitées-crotales, bongos, wood-chimes, xylophone, vibraphone, cymbalum, célesta - qui colorent la palette polyphonique avec leurs caractéristiques pittoresques.L’œuvre se structure sur un plan en sept sections enchaînées (encore la prédilection pour ce chiffre) ou, plus précisément, en quatre parties reliées par trois interludes de caractère et d’écriture différents : l’un, pointilliste, l’autre, monodique, le dernier, plutôt statique. « J’ai l’obsession de la rigueur et je cherche toujours à insérer ma pensée dans un cadre formel, précis, dépouillé, strict. ». On pourrait rapprocher cette construction de celle de Métaboles et du Quatuor dans lequel les mouvements étaient séparés par des « parenthèses ». En effet, un même procédé de composition se retrouve dans le Quatuor : les éléments thématiques sont comme aimantés par leur préfiguration tout en engendrant une nouvelle idée qui sera exprimée dans la section suivante. Pierrette Mari (extrait de Henri Dutilleux, Ed. Zurfluh, 1988). notes de programme | 35 carte blanche à l’Orchestre de Birmingham Jean Sibelius Le Barde, op 64 De 1892 (En Saga) à 1926 (Tapiola), Jean Sibelius a écrit douze partitions portant le sous-titre de « poème symphonique ». De ce vaste ensemble, très divers, Le Barde op 64, (1913-14) est sans doute l’élément le moins joué, compte tenu de sa brièveté aphoristique et de son étrangeté. L’œuvre naquit sitôt après l’angoissante 4e Symphonie et il semble que Sibelius (qui n’a laissé aucun « programme ») y fasse allusion à la légende d’un barde nordique qui, ayant joué toute sa vie pour le plaisir des nantis, se retira soudain pour mourir apaisé dans la solitude (on sait que, douze ans plus tard, Sibelius adoptera une conduite semblable, s’enfermant dans le silence pour quelques trente ans !). Irisés mais dramatiques, les bruissements de la première partie évoqueraient ainsi, tout abstraitement, les années fécondes. Réduite à vingt cinq mesures, la péroraison affirme au contraire un déchirement très matériel, avant le renoncement définitif et le néant… Reste que la concision du discours (s’y résument tous les effondrements de la Quatrième symphonie) a peu de chances de combler, jamais, l’appétit d’expansion lyrique des publics méridionaux ! Robert Schumann Symphonie n° 4, en ré mineur, op 120 La Quatrième symphonie rédigée et jouée dès 1841 sous le titre prudent de Fantaisie symphonique, allait être complètement réécrite et repensée en 1851, date à laquelle elle prend le nom de Quatrième symphonie (succèdant de peu à une Troisième, terminée l’année précédente). Tandis que la première mouture traduisait -avant Liszt- la difficulté d’établir, hors normes, un discours orchestral organique, la rédaction définitive résout enfin les problèmes d’unité avoués par les Symphonies antérieures. Un premier réflexe conduit Schumann à exiger que les quatre mouvements soient joués sans interruption. Il se passe, ensuite, de « second thème » dans le premier mouvement, réservant ce confort mélodique au finale. Cet appoint de matériau souligne alors une véritable libération jubilante. À cette clarification s’ajoutent divers procédés 36 | cité de la musique carte blanche à l’Orchestre de Birmingham plus courants : réutilisation, dans le finale, d’éléments antérieurs, usage du thème de l’introduction comme matériau de la « romance » (second mouvement) et du scherzo (troisième). L’instrumentation de cette symphonie fut plus travaillée que celle d’aucune autre œuvre schumanienne et la couleur obtenue sert, à son tour, à la cohésion de l’ensemble. Est-ce notre connaissance de la catastrophe imminente (1854) ? Il semble que, çà et là, se glissent quelques ombres, quelques spasmes douloureux : il suffira de songer que cette rédaction définitive est exactement contemporaine de celle des Préludes de Liszt pour y être sensible encore davantage… M. M. notes de programme | 37 carte blanche à l’Orchestre de Birmingham biographies 38 | cité de la musique Sir Simon Rattle qui deviendra le chef principal et le directeur artistique de l’Orchestre philharmonique de Berlin en 2002, a commencé une carrière fulgurante dès l’âge de 19 ans, après avoir remporté le Concours international de direction John Player. A l’âge de trente ans, il avait occupé des postes importants à la tête d’orchestres tels le Royal Philharmonic, le BBC Scottish Symphony, le Rotterdam Philharmonic et le Los Angeles Philharmonic. Mais c’est avec le City of Birmingham Symphony Orchestra (CBSO) qu’il a établi un partenariat plus approfondi. Il a aussi dirigé de nombreuses productions au Festival de Glyndebourne, notamment Porgy & Bess et des opéras de Ravel, Mozart, Janácek et Prokofiev. Il a fait ses débuts en Amérique du nord en 1979 avec le Los Angeles Philharmonic et a travaillé depuis cette date avec les principales phalanges des Etats-Unis. Il a fait ses débuts avec l’Orchestre philharmonique de Berlin en 1987, et avec le Royal Opera House en 1990 avec The Cunning Little Vixen de Janácek. En 1992, il est nommé principal chef invité de The Orchestra of the Age of Enlightenment, et a fait ses débuts avec l’Orchestre philharmonique de Vienne un an plus tard. Sa discographie, régulièrement saluée par les récompenses des critiques, vient d’être complétée récemment par l’intégrale des Concertos pour piano de Beethoven avec Alfred Brendel. La série d’émissions télévisées Leaving Home a remporté également un BAFTA Award. En novembre 1998, son enregistrement du Concerto pour piano op 15 de Brahms a reçu le « Choc de l’année » du magazine Le Monde de la musique. Les dernières séries que Sir Simon Rattle a assurées comme directeur musical avec le CBSO l’ont amené à diriger l’intégrale des Symphonies de Beethoven et Les Boréades de Rameau au Festival de Salzbourg (respectivement en 1998 carte blanche à l’Orchestre de Birmingham et 1999). Outre sa nomination à la tête de l’Orchestre philharmonique de Berlin, ses futurs engagements le conduiront à diriger l’Orchestre philharmonique de Vienne, le Boston Symphony Orchestra et le Philadelphia Orchestra. Il dirigera également plusieurs productions d’opéra dans toute l’Europe. En septembre 1997, il a été récompensé par le BBC Music Magazine Oustanding Achievement Award et, en 1997, par la Royal Society of Arts Albert Medal pour sa contribution à la vie musicale et son action dans le milieu éducatif et social. Sakari Oramo est né en Finlande en 1965. Il a étudié à l’Académie Sibelius d’Helsinki entre 1974 et 1984, avant de suivre l’enseignement de Victor Liebermann pendant un an au conservatoire d’Utrecht. Il retourne ensuite à l’Académie Sibelius pour se perfectionner auprès de Jorma Panula. Parallèlement à cette formation, il parti- cipe pendant sept ans à l’activité de l’orchestre de chambre Avanti ! (19821989) et devient, en 1991, violon solo de l’Orchestre symphonique de la Radio finlandaise. Le premier pas dans sa carrière de chef d’orchestre date de 1993 et concerne la musique lyrique : il remplaçait au pied levé le chef de l’Orchestre symphonique de la Radio finlandaise et obtint un triomphe immédiat (tant du public que de la critique). Cette première réussite lui permet d’être nommé chef associé de cette formation. Il a ensuite dirigé le CBSO à partir de mai 1996, avant d’être nommé chef principal et conseiller artistique de l’Orchestre en septembre 1998, et directeur musical en août 1999. Il a notamment joué en soliste avec ces musiciens et a réalisé de nombreux arrangements. Sa carrière de chef s’est également développée avec d’autres orchestres : Orchestre royal de Stockholm, Orchestre de la Radio suédoise, Philharmonie d’Oslo… Ses prochains engage- ments l’amèneront à diriger l’Orchestre de Paris, le Gewandhaus de Leipzig, l’Orchestre philharmonique de Berlin… Rolf Hind Né en 1964, Rolf Hind a étudié le piano au Royal College of Music de Londres (classes de Kendall Taylor et John Constable) puis s’est perfectionné avec Johanna Harris-Heggie à Los Angeles. Reconnu internationalement comme l’un des plus grands interprètes du répertoire contemporain, il a eu le privilège de travailler avec des compositeurs comme György Ligeti, Iannis Xenakis, James MacMillan, Bent Sorensen, Simon Holt, Tan Dun, Poul Ruders et Unsuk Chin. En soliste ou en récital, il a parcouru l’Europe, l’Extrême Orient et l’Australie. Au cours des derniers mois, il s’est produit avec le BBC Scottish Symphony, le BBC Symphony, le London Philharmonic et le Danish Radio Symphony (création d’un concerto de Poul Ruders), le BBC National Orchestra of notes de programme | 39 carte blanche à l’Orchestre de Birmingham Wales (création d’un concerto de Unsuk Chin), l’Orchestre de la Süddeutsche Rundfunk, la Junge Deutsche Philharmonie et le West Australian Symphony. Aux BBC Proms, il a interprété ...Quasi una fantasia de Kurtàg avec le London Sinfonietta sous la direction de Markus Stenz et a joué Arc de Takemitsu au Royal Festival Hall. En septembre dernier, il a donné, à Copenhague et Varsovie, la première de La Notte de Bent Sorensen qu’il interprètera également au Royal Festival Hall en Avril 2000. (Michael Finnissy), Songs for Dov (Tippett), Voices et Kammermusik (Henze), Spring Symphony (Britten), Liturgien (Kagel), La Passion selon St Matthieu, Balthasar (Haendel), le Magnificat de Bach... Il s’est produit à Venise, Rome, Berlin, Cologne et à Paris avec l’Ensemble Intercontemporain. Cette saison, il interprètera Les Noces avec l’Ensemble Modern au Barbican de Londres et participera à la création de Tojirareta Fune de Maki Ishii (Allemagne, Hollande, Japon). Nigel Robson a étudié le chant auprès d’Alexander Young et Gustave Sacher. Actuellement, il se consacre essentiellement au répertoire contemporain, sans pour autant négliger les œuvres de Monteverdi, Haendel, Bach et Mozart. Il a participé à plusieurs créations dont Wolvendrop de Guo Wenjing et La mort d’Œdipe de Qu XiaoSong. Parmi ses derniers engagements : The Undivine Comedy Neil Jenkins Né dans le Sussex, Neil Jenkins a été formé comme choriste à l’abbaye de Westminster puis au King’s College de Cambridge, avant de compléter ses études au Royal College of Music et de remporter le NFMS Award en 1972. Son répertoire s’étend de Mozart à Britten en passant par Puccini, Moussorgski, Richard Strauss, Ravel, Berg... Il s’est déjà produit dans les plus grands opéras du 40 | cité de la musique Royaume-Uni (English National Opera, Scottish Opera, Welsh National Opera, English Music Theatre, Opera North, Kent Opera, New Sadler’s Well’s Opera, New Sussex Opera), et dans des festivals internationaux (Madrid, Israël, Glyndebourne, Edimbourg, Spoleto, Aldebourg, Wexford)... Il a par ailleurs été invité en Allemagne, Italie, France, Suisse, Norvège, Hollande, Finlande, Irlande, aux USA, en Australie et en Nouvelle Zélande. Cette saison, il sera présent au Festival d’Edimbourg pour Saül de Haendel, au Welsh National Opera pour les Dialogues des Carmélites et le Chevalier à la Rose. Stephen Roberts La renommée de Stephen Roberts est le fruit d’un large éventail des répertoires abordés : ce baryton interprète aussi bien les musiques sacrées de Bach, Mozart, Haendel, Elgar et Britten que les œuvres symphoniques de Beethoven ou Mahler. Formé à la tradition des chorales anglaises, il a col- carte blanche à l’Orchestre de Birmingham laboré notamment avec Richard Hickox et Sir David Willcocks. Son intérêt pour le répertoire baroque l’a amené a travailler avec des formations spécialisées dans l’interprétation de cette musique, comme par exemple le Collegium Musicum 90. En GrandeBretagne, Stephen Roberts s’est produit récemment avec le CBSO, le Royal Philharmonic, avec le Philharmonia (dirigé par Nikolaus Harnoncourt), le Royal Liverpool Philharmonic Orchestra et le Royal Scottish National Orchestra. Ses tournées à l’étranger l’ont entraîné en Espagne, en Pologne, à Vienne, Lisbonne, Madrid, Palerme, Hong-Kong, Tokyo, Rome et à Paris pour une représentation des Lieder eines fahrenden Gesellen. Parmi ses tout derniers engagements : La Passion selon St Matthieu de Bach, la Sea Symphony de Vaughan William, le Requiem de Fauré en Lituanie et le Requiem de Mozart à Budapest. David Thomas Si David Thomas s’est fait le spécialiste des périodes baroques et classiques, son répertoire intègre également les noms de Walton, Britten, Tippett, Schnittke, Stravinski et Schönberg. Ce baryton, qui a été dans sa jeunesse enfant de chœur à la Cathédrale Saint Paul de Londres et éléve du King’s College de Cambridge, se produit actuellement en Europe, au Japon et aux USA. Invité des plus grands festivals (Salzbourg, Stuttgart, BBC Proms, Edimbourg, Lucerne...), il collabore avec de prestigieuses formations (City of Birmingham Symphony Orchestra, London Philharmonic, Royal Philharmonic, Philharmonia, Royal Liverpool Philharmonic, Chamber Orchestra of Europe, London Classical Players, Northern Sinfonia, Scottish Chamber, Academy of Ancient Music...). Il travaille régulièrement avec des chefs d’orchestre comme Simon Rattle, John Eliot Gardiner, Christopher Hogwood, Nicolas McGegan ou encore avec la soprano Emma Kirkby et le luthiste Anthony Rooley. Parmi ses engagements marquants : l’enregistrement pour la télévision de la 9é Symphonie de Beethoven aux côtés des London Classical Players, Orlando de Haendel aux BBC Proms sous la baguette de Christopher Hogwood, La Création de Haydn avec le Chamber Orchestra of Europe dirigé par Frans Brüggen, Le Messie au Hollywood Bowl avec le Los Angeles Philharmonic, puis au Lincoln Center aux côtés de l’Academy of Ancient Music, le Winterreise de Schubert à la Cornell University, Judas Maccabeus, Susanna et Theodora de Haendel avec le Philharmonia Baroque et Nicolas McGegan. Il a par ailleurs campé le rôle de Sarastro dans La Flûte enchantée au Coven Garden, celui du Commandeur dans Don Giovanni et du Général Spork dans Cornet Christoph Rilke’s Song of Love and Death.... notes de programme | 41 carte blanche à l’Orchestre de Birmingham Olivier Charlier Premier prix à 14 ans au Conservatoire de Paris, Olivier Charlier se perfectionne avec Pierre Doukan pour le violon et Jean Hubeau pour la musique de chambre. Ses dons précoces intéressent autant Nadia Boulanger et Yehudi Menuhin que Henryk Szeryng. Ses succès sont immédiats dans les différents concours internationaux : Munich à 17 ans, Montréal à 18 ans, Sibelius à 19 ans, Jacques Thibaud et Georges Enesco de la SACEM à 20 ans, Indianapolis à 21 ans et le Young Concerts Artists International Audition de New York à 28 ans. Olivier Charlier peut aujourd’hui revendiquer son appartenance à l’école française de violon (celle de Jacques Thibaud, Ginette Neveu, Christian Ferras...). Propulsé sur toutes les grandes scènes internationales, il se produit régulièrement avec les grands orchestres internationaux : Orchestre national de France, Orchestre de Paris, 42 | cité de la musique Orchestre de la Tonhalle de Zürich, Orchestre de la Résidence de La Haye, London Philharmonic, BBC Philharmonic, CBSO, Orchestre symphonique de Berlin, Orchestre de la Radio de Hambourg et de Saarbrück, Orchestre de Chambre de Würtenberg, Orchestre philharmonique de Monte-Carlo, Philharmonie de Prague, Philharmonie de Zagreb, Orchestre symphonique de Montréal, Yomiuri Nippon Symphony Orchestra, Sydney Symphonic Orchestra... Egalement très attaché à la musique de chambre, il forme avec Brigitte Engerer un duo qui s’impose par la cohérence de leur jeu. Depuis 1981, il est professeur au Conservatoire de Paris. Anu Komsi Après avoir été flûtiste et violoniste au sein du Ostrobothnian Chamber Orchestra, Anu Komsi entame en 1986 une carrière de soprano : elle participe à un concert de Jeunes Solistes organisé par le Finnish Radio Symphony Orchestra et suit des cours de chant à la Sibelius Academy d’Helsinki (classes de Liisa-Malmio et Marjut Hannula), puis auprès de Régine Crespin à Paris. En 1993, elle est propulsée sur les scènes internationales : elle fait ses débuts à l’Opéra de Frankfort dans Olympia, opéra inspiré des Contes d’Hoffmann puis parcourt l’Allemagne en campant tour à tour les rôles de Gilda, Blonde, Zerbinetta, Sophie (Werther de Massenet), Luisa (Bremer Freiheit de Holzky), Norina (Don Pasquale), Lulu... Son répertoire intègre des oratorios de la Renaissance et de la période baroque, ainsi que des chansons et lieder romantiques (Schubert, Debussy, Lutoslawski). Mais la musique contemporaine reste son répertoire de prédilection : en 1988, elle participe à la création de FLOOF sous la baguette d’Esa-Pekka Salonen. Cette première sera reprise à Los Angeles, au Alice Tully Hall de New-York, au Queen Elisabeth Hall et au Théâtre du Châtelet. carte blanche à l’Orchestre de Birmingham Par ailleurs, elle interprète la partie solo de la version scènique des Aventures et Nouvelles Aventures de Ligeti, toujours sous la direction de d’Esa-Pekka Salonen et en présence du compositeur. En 1994, elle fait ses débuts au Concertgebouw Hall d'Amsterdam avec le même répertoire. Oliver Hindle Oliver Hindle a fréquenté les Royal Ballet Lower et Upper Schools puis intégré le Birmigham Royal Ballet en 1987. Il y a interprété et chorégraphié de nombreux ballets avant de quitter cette formation en 1999 pour poursuivre une carrière de chorégraphe indépendant. Il a crée Summer, Bright Young Things, Credo, Libramenta, Dark Horizons et Sacred Symphony pour le Birmingham Royal Ballet, Joy pour la Dance School of Scotland, Renard et L’Histoire du soldat pour le Birmigham Contemporary Music Group. Birmingham Royal Ballet En résidence à l’Hippodrome de Birmingham depuis 1990, le Birmingham Royal Ballet accueille des danseurs venu du monde entier, tout en préservant ses spécificités anglaises. Ce brassage d’idées, de talents et d’influences, impulsé par le chorégraphe David Bintley, a fait du BRB l’une des troupes les plus dynamiques au monde. Il se produit quatre fois par an à l’Hippodrome, donne des représentations à Bradford, Bristol, Liverpool, Manchester, Londres, et entreprend de nombreuses tournées à l’étranger (Allemagne, Italie, Japon, Afrique du Sud). En l’an 2000, la compagnie se rendra à Hong-Kong, aux USA et dans plusieurs pays européens. Birmingham Contemporary Music Group Créé en 1987 par les membres du CBSO, le Birmingham Contemporary Music Group est une des forma- tions les plus originales du Royaume-Uni. Son équipe artistique est composée de Thomas Adès (directeur musical), Simon Rattle (conseiller artistique) et Simon Clugstone (directeur artistique). En 1993, la formation a remporté deux prestigieuses distinctions : le Royal Philharmonic Society Chamber Ensemble Award et le Prudential Award for Music. Son audience auprès d’un large public est le fruit, entre autres, de projets éducatifs ambitieux et de la popularité des Late Nights organisées au sein du Symphony Hall. Par ailleurs, le BCMG enregistre régulièrement pour la BBC (radio et télévision), et pour la Independent Television. Parmi ses concerts les plus remarqués : Momente de Stockhausen à Birmingham, Londres, et au Huddersfield Festival ; une nouvelle production de Renard, de L’Histoire du Soldat de Stravinsky et de Vesalii Icones de Maxwell Davies en collaboration avec le Birmingham Royal Ballet ; Vesalii Icones de Maxwell notes de programme | 43 carte blanche à l’Orchestre de Birmingham Davies (1997/98) ; une tournée dans toute l’Angleterre aux côtés de la Trestle Theatre Company, sa participation au festival Wien Modern (1994) et au Festival de Salzbourg (1998) sous la baguette de Sir Simon Rattle. En 1999, cet ensemble s’est produit également au Spitalfields Festival, au Festival d’Aldeburgh, aux BBC Proms et au Almeida Opera pour la représentation de l’opéra Powder Her Face de Thomas Adès. Le BCMG bénéficie du soutien du programme BCMG’s Sound Investment depuis 1991 qui lui permet d’engager la commande de nouvelles œuvres.. contrebasse Eugen Popescu Margaret Cookhorn Angela Swanson cor violoncelles Mark Phillips Ulrich Heinen Peter Currie Elaine Ackers trompette, cornet contrebasses Jonathan Holland John Tattersdill Julian Atkinson trompette Jonathan Quirk trombone Philip Harrison tuba James Anderson percussion James Strebing Jenny Marsden Peter Hill Huw Ceredig Simon Limbrick Ed Cervenka flûte, piccolo, flûte à bec Colin Lilley piano et celesta Malcom Wilson hautbois, cor anglais Karen O’Connor harpe Robert Johnston petite clarinette Colin Parr violons Robert Heard clarinette basse Richard Leaver Mark O’Brien Catherine Hamer saxophones altos Kyle Horch Christopher Yates 44 | cité de la musique City of Birmingham Symphony Orchestra L’Orchestre symphonique de la Ville de Birmingham (CBSO) fête actuellement son 80ème anniversaire. Il fit ses débuts le 10 novembre 1920 sous la baguette de Sir Edward Elgar. En deux décennies, conduit par Adrian Boult puis Leslie Heward, il s’affirme progressivement comme la meilleure formation des Midlands. A partir des années 60, sous la direction de Hugo Rignold et Louis Frémaux, sa renommée croissante le mène à travers le monde. Les tournées internationales se multiplient avec l’arrivée de Simon Rattle en 1980 qui lui insuffle un nouveau dynamisme. Les nombreux enregistrements du CBSO, effectués chez Hyperion, EMI ou Virgin Classics, ont reçu plu- carte blanche à l’Orchestre de Birmingham sieurs distinctions, notamment deux Gramophone Record of the Year (Symphonie no 2 de Mahler, Concertos pour piano de Scharwenka et Sauer), un Gramophone Award (Concertos pour Violon no1 et 2 de Szymanowski) et le Diapason d’Or du « meilleur disque de musique contemporaine de l’année » (œuvres d’Aaron Jay Kernis). Au cours des deux dernières saisons, l’Orchestre a effectué sa première tournée en Amérique latine, s’est rendu en Suisse, en Australie (1997), puis à Vienne, aux USA, au Japon et au Festival de Salzbourg (1998). En 1999, il a parcouru toute l’Europe, donnant des concerts à Vienne, Lisbonne, Madrid, Amsterdam, Cologne, Metz, Bruxelles, Karlsruhe, Munich, Nüremberg, Zurich, Stuttgart, Friedrichshafen...Durant l’été 99, après son apparition aux BBC Proms, l’Orchestre a poursuivi sa tournée en Finlande (Festival d’Helsinski), puis dans deux villes d’Estonie (Tallin et Tartu). Depuis 1998, le CBSO est dirigé par le Finlandais Sakari Oramo et dispose de sa propre salle de concert, le CBSO Centre. Cette structure, construite par les pouvoirs publics, accueille également différents ensembles collaborant avec l’Orchestre : le Birmingham Contemporary Music Group, quatre chœurs, un ballet et une compagnie de théâtre. bassons Andrew Barnell John Schroder contrebasson Margaret Cookhorn cors Claire Briggs Peter Currie Mark Phillips Peter Dyson Martin Wright trompettes Jonathan Holland flûtes Timothy Hawes Kevin Gowland Wesley Warren Colin Lilley Jonathan Quirk piccolo trombones Andrew Lane Philip Harrison Danny Longstaff hautbois Alwyn Green Richard Simpson Karen’OConnor tuba Alan Sinclair cor anglais Peter Walden timbales Peter Hill hautbois d’amour James Strebing Stella Dickinson percussions clarinettes Huw Ceredig Colin Parr Annie Oakley Martyn Davies Jennifer Marsden Kyle Horch harpe clarinettes basse Robert Johnston Mark O’Brien notes de programme | 45 carte blanche à l’Orchestre de Birmingham piano Catherine Scott Catherine Edwards Byron Parish célesta altos Roderick Elms Christopher Yates Peter Colc cymbalum Gwyn Williams Edward Cervenka Eugen Popescu Jennifer Whitelaw violons 1 Angela Swanson Peter Thomas Elizabeth Fryer Jacqueline Hartley Elizabeth Heather Robert Hoard Carol Millward Anne Parkin Julian Robinson Colin Twigg Ulf Aberg Philip Head Michael Jenkinson Robert Bilson David Gregory violoncelles Mark Robinson Ulrich Heinen Wendy Quirk Eduardo Vassallo Andrew Szirtes Richard Jenkinson Fiona D’Souza David Powell Elisabeth Golding Kate Setterfield Sheila Clarke Jacqueline Tyler Ruth Lawrence Elspeth Cox Richard Leaver Ian Ludford Catherine Ardagh-Walter violons 2 Vicki Parkin Briony Shaw Louise Shackelton contrebasses Paul Smith John Tattersdill Catherine Arlidge Julian Atkinson Michael Seal Charles Wall Graeme Littlewood Thomas Millar Dianne Youngman Mark Goodchild David Arlan Mark Doust Brian Horgan Sally Morgan John Sutton Julian Walters Heather Bradshaw Austin Rowlands 46 | cité de la musique technique régie générale Christophe Gualde Didier Belkacem régie plateau Eric Briault régie lumières Marc Gomez