cadavres dans le placard de Charly

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cadavres dans le placard de Charly
Les cadavres dans le placard de Charly
(5) : le vrai Charnier était du SAC
Le volet drogue est tellement important chez Charly, que je
l'ai divisé en trois parties distinctes, cet épisode et les deux
suivants. Car notre gouailleur se retrouve aussi cité dans
l'affaire de la French Connection, ce trafic d'héroïne qui va
occuper pendant deux décennies le devant de la scène,
obligeat en 1971 les USA et la France à se rapprocher pour
endiguer le fléau. Un fléau dans lequel les services secrets
des deux pays se retrouvent très bien comme on va le
voir.....
Pasqua, on l'a vu a de drôles d'amis parmi ses copains de chez la firme à
la boisson anisée. L'un d'entre eux, notamment, qui s'appelle Jean
Venturi, le représentant de Ricard au Québec, mort en 2011 à Marseille, à
89 ans. Venturi, c'est aussi, il faut le dire, une belle famille... de truands,
avec son frère Nick, notamment : dans les années cinquante, issus du
quartier du Panier, à Marseille, elle a débuté sa carrière dans
la contrebande de cigarettes, entre Tanger et la France. Un trafic qui sera
l'occasion d'une guerre mémorable entre bandes rivales pour la
possession d'un cargo hollandais portant le nom prédestiné
de Combinatie : à bord il y a 2 700 caisses de cigarettes de contrebande.
Le cargo piloté par le trafiquant Placido Pedemonte, a été l'objet d'un acte
de piraterie (?) le 4 octobre 1952 effectué par un autre navire, l'Esme,
commandée par Eliott Forrest, affrêté par l'équipe rivale des Renucci,
parmi laquelle figurent Nick Venturi et Marcel Francisci.. : les caisses de
cigarettes ont été emmenées pour y être cachées... en Corse. Un autre
larron, Antoine Paolini décide à son tour de s'emparer d'une partie de ces
caisses de cigarettes pour les revendre : c'est le début d'une guerre des
gangs qui va durer... 20 ans et faire au bas mot une trentaine
de victimes. Entre gangs, on se massacre allègrement, via des rumeurs et
des suspicions.
Dominique, dit "Nick" Venturi (à gauche) n'est pas lié à la droite en
politique : c'est, rappelons-le, celui qui avait aidé Gaston Defferre à
s'emparer du journal Le Petit Provençal en août 1944, armes à la
main, pour en faire Le Provençal. Gaston était l'autre personnalité du
coin, avec Charly. Rivaux en politique, ils avaient les mêmes amis dans la
pègre."Carte de la SFIO (nom de l'ancien parti socialiste) en poche, Nick
Venturi devient l'un des porte-flingues de Gaston. Le 22 août 1944,
Marseille à peine libérée, il débarque avec ses amis, pistolet-mitrailleurs
en main, au siège du journal Le Petit Provençal. Les locaux sont envahis,
le journal rebaptisé Le Provençal, « organe des patriotes socialistes et
républicains ». Gaston Defferre tient son quotidien, première étape avant
de conquérir la mairie de Marseille en 1953 pour un règne de trois
décennies, entouré de sa garde rapprochée. Parallèlement à ses activités
« politiques », Nick Venturi, décoré d'une Croix de guerre pour ses faits
de résistance, fréquente le beau linge du milieu. A ses risques et périls.
En juillet 1946, avec trois de ses amis, il échappe de peu à une rafale de
tirs vengeurs au bar le Hollandais, dans le quartier de Pigalle, à Paris.
L'attaque est attribuée à Ange Salicetti, dit « le Séminariste », un truand
corse, un brin vindicatif, assez peu porté sur l'absolution des péchés. La
vendetta qui suit est sanglante, laissant près de 40 cadavres sur le tapis,
jusqu'au décès non accidentel de Salicetti, le 3 décembre 1950. Le nom
de Nick Venturi apparaît ensuite, de manière régulière, aux côtés de ceux
de grandes figures comme les Guérini, Jo Renucci ou Marcel Francisci,
dans des dossiers de contrebande de cigarettes, organisée entre Tanger
et les côtes françaises." Joli CV, non ?
On retrouvera le même Venturi bien plus tard avec un compte en banque
ouvert à HSBC Genève, ou plutôt celui de son petit-fils Jean-Christophe
Rapetto, qui s'alimentait étrangement à plusieurs reprises : "JeanChristophe Rapetto, gérant de la SARL Le Café parisien et de la société
JCR Holding, possédait un compte à la banque HSBC à Genève, ouvert en
2003. Le 21 août 2007, il reçoit 100 000 dollars, venant du compte
Baraka, ouvert à la Rothschild Bank de Monaco ; et le 5 décembre 2007,
377 388 dollars, toujours du même compte et du même établissement
financier. Si Jean-Christophe Rapetto ne se demande pas l'origine des
fonds, HSBC Private Bank à Genève ne se montre guère plus curieuse.
Pourtant, le patron, Alexandre Zeller, déclarait dans la presse suisse à la
même époque : "Je n'ai aucune crainte de cas de blanchiment dans notre
banque. S'il y avait le moindre souci, nous l'aurions dénoncé." Des
banques (suisses) qui ne savent pas qui leur verse de l'argent, avouez
que ça devient croquignolet à ce stade.
D'où vient donc cet argent ? Officiellement, des... pommes de terre,
raconte sans sourire Venturi : "quand il ouvre un compte à la Deutsche
Bank à Monaco en juillet 1998, "Nick" Venturi se présente comme
"producteur de patates", résident à Casablanca (Maroc). Il y verse un
million de dollars. Puis il ouvre en 2005 un nouveau compte baptisé
Baraka. Deux ans plus tard, les économies déposées sur ce compte
Baraka partent à la banque HSBC à Genève sur le compte détenu par
Jean-Christophe Rapetto, son petit-fils, qui récupère au total 477 000
dollars. Jean-Christophe Rapetto est le fils de Jeannette Venturi, la fille de
"Nick" Venturi, divorcée de Jean-Jacques Rapetto". En réalité, Nick
Venturi est surtout connu du bureau des "narcotics" américains, qui au
début des années soixante, l'ont ciblé comme responsable du réseau
d'importation de l'héroïne aux USA, via ce qu'on a appelé la « French
Connection ». En 1964, un apport du Congrès américain sur « le crime
organisé et le trafic illicite de drogues » le citait en bonne place. Or, à ce
moment là installé au Canada, son frère Jean Venturi travaillait pour
Ricard et était toujours un proche de Charles Pasqua.... dont la belle
famille est canadienne (sa femme Jeanne Joly, est
une Québécoise rencontrée à Grasse).
Le port de Marseille est déjà la plaque tournante de la drogue, et cela
attise des convoitises. Vient s'y mêler la CIA, qui surveille de près
l'évolution de la France et craint la tentation communiste dans le pays. La
création du syndicat FO est la preuve tangible de cette grande peur de
contagion communiste : "la CIA se tourna donc vers un certain Pierre
Ferri- Pisani, ancien déporté et ancien de la Section française de
l’internationale ouvrière (SFIO) mais exclu de ce parti politique suite à
diverses manœuvres de Gaston Defferre qui redoutait son ascension.
Encouragé par la CIA, Ferri-Pisani utilisa deux méthodes d’action pour
reprendre le contrôle du port de Marseille. Il avait d’une part promu
l’adhésion à Force ouvrière (FO), syndicat créé en 1947 par Léon Jouhaux
suite à une scission d’avec la CGT. Jouhaux refusait la mainmise du PCF
ou de la SFIO sur le syndicalisme. D’autre part, Ferri-Pisani utilisa les
parrains en accord avec la CIA, notamment l’ancien résistant
« socialiste » Antoine Guérini, afin d’intimider les dockers cégétistes voire
« convaincre » certains d’adhérer à FO, syndicat favorable à la reprise du
travail dans les ports français et plus généralement au plan Marshall
dénoncé par Staline."
Pour "sécuriser" le tout la CIA, comme aux Etats-Unis, songe à faire appel
à la pègre : « Ce tandem est prêt à tout pour renforcer ses rangs. Adepte
des liaisons dangereuses, Brown [de la CIA] et Ferri-Pisani auraient
participé à une réunion à Bordeaux en 1952 pour ‘‘sécuriser’’ le port, avec
des amis du milieu Corse – Antoine Guérini, Jo Renucci, Jean Colonna et
le chimiste de la drogue Jo Césari. Dans sa lutte anticommuniste, Brown
est même favorable à l’utilisation de néonazis ou de personnages troubles
mouillés dans la collaboration ». Ainsi, sous l’influence directe de la CIA,
certains parrains prirent de l’importance dans le contrôle des activités
portuaires : « Quand le milieu eut ajouté la prise de contrôle des quais à
l’influence politique qu’il avait acquise avec l’aide de la CIA en 1947, le
conditions se trouvèrent réunies pour que Marseille devienne le
laboratoire d’héroïne de l’Amérique ».
Car offrir les quais de Marseille à l'influence de la mafia, c'est
obligatoirement y favoriser le trafic de drogue : que n'auront-ils pas fait
pour éviter la gangrène communiste !!! "Ainsi aux Etats-Unis, en mai
1971 alors que la campagne antidrogue prenait de l’ampleur, un nouveau
rapport de Morgan F. Murphy et Robert H. Steele, deux membres de la
Chambre des représentants américaine, faisait le constat de l’implication
des Corses dans le trafic. Le rapport, qui n’eut quasiment aucun écho
dans la presse française, présentait les choses ainsi : « Au cours des dix
dernières années, chaque affaire de stupéfiants à Marseille a impliqué une
ou plusieurs des quatre familles corses : les frères Venturi (Jean et
Dominique), Marcel Francisi, Antoine Guérini et Joseph Orsini. Il y a aussi
d’autres groupes qui apparaissent de temps en temps mais ces quatre
familles sont au cœur de la production illégale d’héroïne à Marseille » Bien
que ce rapport exagérait sans doute l’influence de ces quatre clans sur la
totalité du trafic, les Américains qui avaient poussé certains de ces
réseaux via la CIA, voyaient en quelque sort l’arme se retourner contre
eux. C’est ce que synthétise l’historien Alfred W. McCoy : « Le rôle de la
CIA dans le trafic d'héroïne était simplement une conséquence négligée
mais inévitable de sa tactique dans la Guerre froide »... Tout cela sous les
yeux d'un SAC consentant : il est aussi anti-communiste, sinon pire
encore...
C'est l'ouvrage d'ouvrage d’Alain Jaubert paru en 1976, "Dossier D…
comme Drogue", qui nous donne donc une des clés les plus sulfureuses
de l'énigme Pasqua : c'est une française qui nous la donne, elle
s'appelle Jacqueline Pilé-Hémard, et c'est l'héritière de la famille Hémard,
devenue la propriétaire de Pernod & Ricard, les deux firmes ayant
fusionné en 1975, Ricard étant aujourd'hui dirigé par un des petit-fils
de Paul Ricard. Fort étrangement, Jacqueline Pilé-Hémard demande en
1995 aux Etats-Unis le titre de réfugiée politique. Elle est l'épouse d'Ali
Bourequat (ici à droite), qui après avoir été confident du roi du Maroc
(Hassan II) est tombé en disgrâce, lui et ses deux frères, pour être
enfermés 18 ans dans le terrible bagne-mouroir de Tazmamart. Ce qu'elle
écrit alors défie l'entendement : Je crains d’être persécutée si je suis
renvoyée en France. Je crains d’être persécutée là-bas par des
fonctionnaires du gouvernement français. Je le dis pour les raisons
suivantes. Je fus mariée et vivais avec mon mari, M. Eric Hémard. Mon
nom de jeune fille est Jacqueline Pilé. Mon mari était étroitement lié avec
des membres influents du gouvernement français. Il était lui-même très
puissant en France, politiquement et financièrement. Les dernières
années, j’ai pris conscience que la famille de mon mari était impliquée
dans le trafic de drogue. La famille Hémard a contribué à mettre en place
des installations de transformation de la cocaïne au Maroc. Le ministre de
l’Intérieur, M. Pasqua, et le roi du Maroc, aussi bien que la famille de mon
mari, étaient impliqués dans la mise en place de laboratoires".
Selon elle cela aurait commencé en 1962, et aurait duré jusque les
années 80. Or, étrange coïncidence Charles Pasqua a effectivement
travaillé chez Ricard pour développer la filière marocaine, et Jean Venturi
a travaillé avec lui. "Lors du démantèlement de la « French
Connection » (1971), qui faisait parvenir de l’héroïne aux États-Unis via le
Canada, les noms de Jean-Charles Marchiani et de Charles Pasqua sont
cités par la presse anglo-saxonne. Pendant près de neuf ans, Jean Venturi
était l’importateur et le distributeur en Amérique du Nord du pastis
Ricard, statut qui lui servait de couverture pour assurer plus facilement
l’importation d’héroïne provenant de Marseille. Son supérieur hiérarchique
était alors Charles Pasqua". Selon Bourequat, " Pernod-Ricard servait de
couverture aux services spéciaux français, pour le trafic de drogue
comme pour le reste".
La demande de naturalisation de Jacqueline Pilé et de Ali Bourequat
acceptée rapidement par les USA nous donne un autre élément important
de l'affaire, comme le note ici un posteur : "depuis l'indépendance des
USA, ce pays a accordé 5 droits d'asiles pour cause de persécution
politique à des Français... Bourrequat (journaliste franco-marocain encagé
avec sa famille par Hassan II durant une longue période) et Aymard (exépouse du Directeur de Pernod, associé de Ricard... dans le fondation de
labos au Maroc... pour "faire du Pastis", qu'on se rassure... ce fut elle qui
dénonça les magouilles et les comptes off-shore de la société et de son
époux) en furent les N° 4 et 5 !... Deux d'un coup !... Pour les
soustraire aux doubles équipes de tueurs de la Pasqua and C° ; le SAC
d'une part... les flics de l'autre puisque l'impayable Charly était parvenu à
ridiculiser Vidoc en se hissant au poste de Ministre de l'Intérieur (Vidoc le
bandit-policier n'ayant pas passé le cap de préfet de police !) Une vidéo
conférence du couple fut retransmise dans l'hémicycle ou les braves
députés (peu étaient présents... pour quoi faire ?) se reconnurent
"choqués"... sans autre forme de soutien à la démocratie pourtant
sérieusement mise à mal."
On serait bien tenté de les croire en effet, tant la proximité des
trafiquants et de Charly est grande. Toujours dans "D comme Drogue", on
peut aussi lire en effet ceci : « Jean Venturi assure l’acheminement de la
drogue vers le Canada et le rapatriement des capitaux vers la Suisse ou la
France. Il est au même moment représentant au Canada du Pastis Ricard.
Le directeur commercial chargé des exportations chez Ricard est Charles
Pasqua, un des fondateurs du SAC., grand recruteur de truands et de
barbouzes. Au moment où Pasqua a Venturi sous ses ordres, il ne peut
absolument pas ignorer les activités de son représentant, puisqu’elles ont
fait l’objet d’une fiche du FBI publiée aux Etats-Unis, qu’il y a à Marseille
un copieux dossier de police consacré aux frères Venturi et que le nom de
Venturi ne peut à l’époque, en aucune façon, être ignoré du moindre
directeur commercial de la région marseillaise ». L'argent arrivé sur le
compte miraculeux du petit-fils béni est bien le produit de la drogue et
non de la vente d'hypothétiques patates marocaines... et ça, Pasqua
devait donc obligatoirement le savoir !
De fait, la French Connection était un circuit d'héroïne fabriquée au départ
de Marseille, la morphine-base venant de de Turquie, d'Indochine ou de
Syrie. Une drogue faite dans des labos discrets de l'arrière-pays, sous la
houlette de Joseph Cesari, le chimiste le plus connu de la French
Connection , une héroïne réputée pour sa qualité qui était vendue ensuite
aux Etats-Unis transportée par bateau dissimulée dans les carrsseries de
voitures. "Lucien Aimé-Blanc, commissaire de police originaire de
Marseille et qui officiait notamment à la Brigade des stupéfiants dans
cette ville de 1974 à 1976, est catégorique sur les origines de la présence
d’opium dans la ville : « L’opium, cela commence avec des marins Corses
et Marseillais partis en Indochine avec les Messageries Maritimes » note
dans son mémoire de 2009 "Le démantèlement de la French
Connection : la répression internationale des filières françaises de
l’héroïne "Michaël Bénichou.
La drogue venue de Syrie était tout simplement "pêchée" au départ par
de petits canots, indétectables (le procédé existe toujours avec les cargos
amenant la coke colombienne en Europe) : "La technique la plus
couramment utilisée était la suivante : l’équipage du cargo de transport
larguait la marchandise en mer, elle était attachée à des bouées. Une
équipe de porteurs était ensuite chargée de la récupérer avec des canots.
Les porteurs revenaient alors dans un port discrètement, ils pouvaient
sinon cacher la marchandise dans des criques et elle y était récupérée
plus tard. Enfin, la marchandise pouvait aussi passer directement par les
ports mais cette technique était bien plus risquée : on ne pouvait pas
larguer la marchandise si les douanes décidaient de fouiller les
cargaisons, notamment si elles avaient été préalablement informées par
un aviseur. Au total, plus de 1234 kilos de morphine base et plus de 1070
kilos d’opium introduites par les Turcs furent saisis en France entre
septembre 1966 et mars 197281. Ce bilan apparaissait bien maigre
comparé à l’essor du trafic, donc en général tout se passait comme prévu,
sans accrocs, exceptées les querelles entre truands qui se réglaient
d’homme à homme. Une fois la matière première arrivée à bon port, il ne
restait plus qu’à la livrer aux organisations qui faisaient travailler des
chimistes. "
Un trafic bien rodé : on a estimé à 40 tonnes par an l'intensité du trafic à
sa grande époque des années 70. C'est dans ce circuit que tombera
l'animateur vedette de la télé française, Jacques Angelvin,
présentateur de l'émission Télé-Paris. Dans sa Buick Invicta, les stups
avaient découvert 52 kg d'héroïne pure, Angevin ayant perçu pour le
transport seulement 10 000 dollars : il sera condamné à 6 années de
prison.
De la drogue fournie par le mafieux François Scaglia, aidé des frèrs Patsy
et Anthony Fuca, deux hommes proches de la famille Lucchese, qui avait
repris le lucratif trafic du gangster français Paul Carbone., qui avait
commencé en 1937 avec son associé Italo-Marseillais, François (dit Lydro)
Spirito. "Ils régnaient sur différentes activités illégales et avaient établi
des connexions avec les politiques locaux : « Sur a rive nord du Vieux
Port, à l’emplacement de la cité antique, les premières ruelles du quartier
du Panier alignent leurs bordels connus des marins du monde entier.
Deux hommes y font la loi : Paul Carbone et Lydro Spirito. Le politicien du
Panier et du port se nomme Simon Sabiani. Plus Sabiani prend de
l’importance à la mairie, plus Carbone et Spirito étendent leurs affaires :
du proxénétisme, ils passent au racket hôtelier, puis au racket de la
viande, de l’épicerie, du spectacle. Ils importent des machines à sous des
Etats-Unis, truquent les combats de boxe »34... Paul Carbone et François
Spirito furent donc les pionniers dans la mise en place d’un véritable
système d’activités économiques illégales". Les Fuca sont les neveux
d'Angelo Tuminaro, marié à Bella Stein, fille d'un fameux bootleeger qui
représente la mafia juive américaine.
Une drogue marseillaise réputée : « d’autres que les Marseillais ont
essayé de fabriquer une héroïne pure comme la leur. Ils y sont arrivés en
produisant une héroïne pure à 70%, les Marseillais eux c’était 95, 97%.
Pourquoi ? Parce qu’ils avaient un secret. Ce secret c’était d’arriver au
point de fusion de la patte, 229°, d’arriver au point de fusion à un bon
rythme. Il fallait être patient, savoir attendre. Et l’un des chimistes les
plus connu de la French Connection, qui s’appelait François Scapula, a dit
un jour : ‘‘C’est comme la bouillabaisse, il faut avoir le truc’’ » Le fait était
que la réunion du pavot turque, sans doute le meilleur au monde et qui
plus est monopolisé par les Marseillais via le Liban, associé à l’habilité des
chimistes qui avaient derrière eux une longue tradition dans ce domaine
d’expertise, faisait de l’héroïne marseillaise la meilleure au monde, sans
aucun doute possible. Souvent pure à 95%, certains, comme Jo Césari,
arrivaient à produire une héroïne proche de la perfection : 99%. Jo Césari
signait d’ailleurs ses productions d’une pastille spéciale afin qu’elle puisse
être reconnue et vendue plus cher en guise de qualité ».
Un Luchese lié lui-même à deux gangsters montréalais, Pepe et Vincenzo
Cotroni, un des larrons du trafic portant même le nom d'Anthony Di
Pasqua (aucun rapport de famille, rassurez-vous) !!! Un homme d'affaires
français est aussi mouillé : Jean Jehan, surnommé " "Pépé la
Schnouf". Scaglia sera condamné à 22 ans, les fréres Fuca à 15 ans
chacun. Si les transferts se limitent à une centaine de kilos maximum,
le 29 février 1972, au large de Marseille est arrêté un chalutier, le Caprice
des temps, en avec 425 kg d'héroïne à bord, destiné à rejoindre Miami.
Les trafiquants étant Jean-Claude Kella, Laurent Fiocconi et
l'insaisissable Francis le Belge : la saisie record marquera la fin de la
French Connection. Dans une surprenante interview de William Friedkin,
le réalisateur du film sur la French Connection, avec Gene Hackmann, on
tombe une nouvelle fois des nues avec ce qu'il raconte "je crois que dans
la plupart de mes films, les fins sont ambiguës. C’est au spectateur de se
faire sa propre idée. Pourquoi ? Parce que la vie elle-même n’est pas
simple, il n’y a pas toujours de réponse ou de happy end, il y a toujours
une sensation d’inachevé. C’est ce que j’aime au cinéma, j’aime emporter
le film avec moi. Je n’ai pas envie qu’un idiot de réalisateur me dise quoi
penser. Vous savez quoi ? Dans la réalité, le trafiquant de French
Connection n’a jamais été attrapé. Il s’appelait Jean Jehan, et pas
Charnier comme dans le film (nota : il est joué par Fernando
Rey), puisque nous avions dû changer de nom. Il a réussi à échapper aux
policiers new-yorkais qui l’entouraient. Les inspecteurs ont ensuite appris
qu’il avait rejoint la France, plus précisément la Corse. Ils y ont envoyé
deux flics pour tenter d'obtenir son extradition. Ils sont restés des mois
sur place, se heurtant à l’administration. L’un de leurs homologues
français a sympathisé avec eux. Il leur a dit : « Vous n’arriverez jamais à
obtenir son extradition. Jehan a combattu aux côtés de Charles de Gaulle
durant la Résistance ». Et Jehan est mort paisiblement dans son sommeil.
La seule personne qui a fini en prison dans l’affaire de la French
Connection a été Jacques Angelvin, une star de la télé française. Jehan
avait mis de la drogue dans sa voiture pendant son voyage aux ÉtatsUnis, à son insu, selon lui.".... Jehan était donc lui aussi du SAC !!!! Mais
il n'était pas "mort dans son sommeil, comme l'avait cru William Friedkin.
Une chose confirmée par les narcotiques US : selon le
détective Sonny Grosso le pivot central du réseau d'héroïne était bien "le
corse Jean Jehan". "Jehan avait arrangé le passage de de 64 livres
d'héroïne "pure", d'une valeur à la revente de 220 millions mais il n'a
jamais été arrêté pour sa participation(engagement) dans la contrebande
d'héroïne internationale". Selon Grosso, toujours, toutes les demandes
américaines d'arrestation de Jehan sont restées vaines. "Pendant des
années ensuite, Jehan a été rapporté pour être vu arrangeant et
opérant(exploitant) des activités de médicament(drogue) à volonté
partout en Europe". Ses liens avec le SAC lui ont toujours suffit pour
obtenir l'immunité en France. Des liens, obligatoirement, avec... Charles
Pasqua, responsable du SAC ! Le 27 mai 1971, l'orage vient une première
fois des USA : deux députés américains, Robert Steele et Morgan
Murphy, lâchent le morceau :dans lans leur rapport sur les « Problèmes
mondiaux de l’héroïne » il citent des noms de truands marseillais
responsables selon eux du trafic d'héroïne : "Les frères Venturi ( Jean et
Dominique dit "Nick"), Marcel Francisi, Joseph Orsini et Antoine Guérini. »
De l'héroïne envoyé aux USA par divers moyens....
Les américains le savent, car ils ont suivi de près, juste au sortir de la
guerre, les exploits d'un de leurs mafieux, liés à la maison mère
italienne : "deux délégations de mafieux italiens et américains se
réunissent du 10 au 14 octobre 1957 au Grand Hôtel des Palmes à
Palerme. Cette réunion décidée par Lucky Luciano (ci-dessus) doit
permettre d’inonder le marché américain d’héroïne. Pour s’assurer le
contrôle de tout ce trafic, Lucciano s’associe avec deux marseillais, Jo
Renucci et Antoine Guérini que l’on retrouvent dans la « French Connection » en compagnie d’un autre contact de Luciano, Etienne
Léandri. C’est le ministre français, Martinaud Desplat qui a dépêché Jo
Renucci au Maroc avec quelques hommes de main afin de juguler, par
tous les moyens, les mouvements d’opposition qui veulent sortir le Maroc
de l’influence française. De son côté Etienne Léandri, qui deviendra un
ami très proche de Charles Pasqua, a été un collaborateur notoire
pendant la guerre et doté d’un uniforme de la Gestapo, il s’était enfui en
Italie pour échapper à sa condamnation à vingt ans de travaux forcés.
Léandri va représenter Luciano auprès de la C.I.A., dont il rencontre
plusieurs fois le patron, Allen Dulles. La « maison » apprécie
l’anticommunisme de Léandri et va même obtenir en 1955, l’annulation
de sa condamnation. C’est ainsi que l’on retrouvera Léandri auprès de
Jean Charles Marchiani, de Pasqua et de son fils, des réseaux et de la
vente d’armes jusqu’à sa mort en 1995"... Charly, ce bon résistant, a de
biens étranges amis... corses. Leandri étant aussi un des piliers des Trois
Canards, le café parisien devenu plaque tournante parisienne du grand
banditisme !!!
"
sources :
http://gangstersinc.ning.com/profiles/blogs/the-man-who-stole-thefrench
http://www.sciencespo-rennes.fr/mediastore/fckEditor/file/Benichou.pdf
http://www.algerie-francaise.org/barbouzes/foccart-pasqua.shtml