Dans la gueule du monstre

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Dans la gueule du monstre
Dans la gueule du monstre
de Colette Barbé et Jean-Luc Bénazet
Dans la sombre forêt de Brosseviande, vivait un monstre horrible.
Il était haut comme une maison, il avait des yeux comme des assiettes, des oreilles comme des
roues de camion et un nez comme trois sacs à patates.
Il était très méchant mais personne n'avait peur de lui car il avait une petite, petite, toute
petite bouche.
Si bien qu'il ne pouvait manger que des petites bêtes : des fourmis, des mouches et quelquefois
des libellules.
Le monstre était vexé d'avoir une si petite bouche et il rêvait d'avoir une grande gueule afin de
dévorer tous les animaux de la forêt.
Un jour, en lisant le journal, il apprit que le célèbre docteur Rafistoletou venait de s'installer
dans la ville voisine.
C'était un chirurgien qui réparait tout, les jambes cassées et les nez tordus, les yeux de travers,
les langues fourchues, les oreilles dures et les kikis mous.
Aussitôt, le monstre se précipite à l'hôpital et dit au docteur :
- Je veux que vous me fassiez une grande bouche !
Le docteur examine le monstre, dessus, dessous, lui tâte le ventre et lui dit :
- Si je vous fais une grande bouche, vous ne deviendrez pas méchant ? Vous ne mangerez
personne ?
- Oh ! Non, répond le monstre, d'une voix toute douce. Je serai très gentil. C'est juste... pour
faire joli que je veux une grande bouche.
- Hé bien, c'est d'accord, dit le docteur, je vais vous opérer.
L'opération réussit à merveille et le monstre rentra chez lui avec une bouche large comme un
coffre de voiture.
Les animaux de la forêt ne se méfiaient de rien, et dès que l'un d'eux passait près de lui,
le monstre le dévorait sans pitié.
Ce soir-là, il mangea dix lapins, trois lièvres, cinq écureuils, deux sangliers et un petit chevreuil.
En se couchant, il avait un peu mal au ventre mais il se dit : « Demain, j'irai à la ville et je
mangerai un enfant. Non, pas un enfant, deux... Et puis non, pas deux, une classe tout entière et
la maîtresse avec ! »
Pendant la nuit, il eut horriblement mal. Il se traîna aux cabinets, mais cela ne servit à rien et il
mourut en poussant des cris affreux.
Très fier d'avoir une grande, grande bouche, il avait tout simplement oublié que sous sa queue, il
avait toujours... un petit, petit, tout petit trou !
Quand ils le virent mort, les animaux de la forêt se mirent à chanter :
Oh ! Le méchant, il a mangé trop !
C'est entré par en haut.
C'est pas sorti par en bas.
Et c'est bien fait pour toi !
FIN

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