Rival Sons - Arena - Little Bob... - La Playlist de
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Rival Sons - Arena - Little Bob... - La Playlist de
SAMEDI 25 AVRIL 2015 LE JOURNAL DU JURA RIFFS HIFI 21 RIVAL SONS Un groupe pas comme les autres Dans l’attente de l’alignement des planètes PASCAL VUILLE Le quatrième LP des Californiens a été désigné «Album de l’année 2014» par le vénérable Classic Rock Magazine. Voir sur scène ces fils spirituels de Led Zep, des Doors et des Black Crowes est une expérience inoubliable. Parler avec leur guitariste à la moustache impériale, un moment d’authenticité. Etes-vous un jeune groupe qui joue un vieux style de musique? Scott Holiday: Oui, vous pouvez nous décrire ainsi. Le rock’n’roll est un genre ancien, mais nous y mettons notre fraîcheur. De nos jours, le mot «rock’n’roll» est galvaudé. Tous les groupes le seraient: les Foo Fighters, Metallica et même Shakira. Mais leur musique ne contient qu’une infime partie de ce qu’est le véritable rock’n’roll, qui est un subtil mélange de blues, de gospel, de soul, de country western et de rébellion. Notre style est volontairement rétro et pétri d’influences diverses. Vous avez tout: la voix, les riffs, le son, le groove, l’énergie, les textes, l’attitude, le look et le côté mystique. Que vous manque-t-il pour gravir les plus hautes marches? Nous devons continuer de faire ce que nous faisons, c’est-àdire sortir des albums enregistrés avec cœur et panache. Quant aux affaires liées au business, nous essayons de ne pas trop nous en préoccuper. De petites brèches se créent ici et là, et nous sommes les premiers satisfaits de pouvoir vivre de notre Plus blues bastard que jamais, le Havrais Quelle saga! 70 balais et surtout 40 ans de carrière pour le lutin hurleur du Havre, célébré par Kaurismäki dans son film «Le Havre» et admiré par les plus grands chanteurs anglais. Au début, il y avait Little Bob Story, le groupe. Puis Little Bob tout court. Et, depuis deux albums, Little Bob Blues Bastards. Comme si, en vieillissant, l’immigré italien avait eu envie de revenir aux sources du blues. Le vrai, le pur. Celui du delta. Sa deuxième galette avec les Blues Bastards s’appelle «Howlin’» (distribution Disques Office). Oui, comme ce cri du loup qu’abhorrent les Valaisans. Une affaire de puristes: ici, le blues est minimaliste, rauque. Black, en fait. Mais la voix donne toujours le frisson. Elle a impressionné bien des rivaux anglais et même américains, quand la Story faisait la nique à Dr Feelgood, aux Stranglers et même à Mötörhead. A l’époque, Little Bob tournait avec un certain Steve Hunter, le regretté guitar hero qui a fait le bonheur d’Alice Cooper et de Lou Reed. Le monde du rock est petit, mais Little Bob est grand! JIM PETERIK & MARC SCHERER L’esprit de Survivor sur cinq octaves Survivor, ça vous dit quelque chose? «Eye of the tiger», peut-être? Et éventuellement «Burning heart»? Bon sang, mais c’est bien sûr, comme aurait dit le commissaire Bourrel dans «Les cinq dernières minutes»: les légendaires hymnes de «Rocky 3» et «Rocky 4». Si on vous dit tout ça, c’est parce que le guitariste-claviers et membre fondateur de Survivor Jim Peterik est devenu littéralement amok en entendant chanter un certain Marc Scherer. Damned! un type capable de franchir allégrement cinq octaves. D’emblée, nos deux Ricains se sont entendus comme larrons en foire pour concocter à leurs noms l’album «Risk everything» (distribution Musikvertrieb). Risque payant, visiblement, tant ce CD sera perçu comme une pure merveille par tous ceux qui aiment Survivor, Boston et Europe, ces rois incontestés du rock léché, mélodieux et jouissif. Et quelle voix magistrale! Dans un même registre, Musikvertrieb propose également de découvrir la paire Kiske-Somerville, sur «City of heroes». Soit l’alliance entre deux chanteurs, l’Allemand et ex-Helloween Michael Kiske et l’Américaine Amanda Somerville. Entre rock mélodique et metal néanmoins heavy, une belle réussite, itou. De gauche à droite: Mike Miley, Dave Beste, Jay Buchanan et Scott Holiday. Les Rival Sons. musique et nourrir nos enfants. Il faut également de la chance pour qu’un jour le groupe assiste à l’alignement des planètes. Nous ne savons pas exactement où nous allons, nous fonctionnons à l’instinct. Il s’agit de faire ce qui est honnête, de saisir l’inspiration, de rester dans une certaine vulnérabilité, puis de présenter le tout au public en communiant avec lui, sans être motivé par des questions financières. Comment est née la magnifique «Where I’ve been»? Cette chanson parle d’un homme (un ancien soldat) et d’une femme (une prostituée) qui se sentent tous les deux, pour des raisons différentes, indignes d’être aimés. J’ai composé la trame mélodique sous la forme d’une valse, puis je l’ai fait écouter à Jay (ndlr: Buchanan, le chanteur) en lui disant: «Ecoute, j’ai cette chanson dans mon cœur, elle est importante pour moi.» Il m’a répondu: «C’est incroyable, j’ai justement écrit les paroles d’une chanson d’amour pour une valse en sol ouvert.» Ce qui fait la force de ce morceau, c’est que même le thème de la mélodie, sans les mots, évoque à lui seul le manque d’amour. GILLES SIMON Vous tournez beaucoup. Comment gérez-vous la vie sur la route? Etant donné que nous sommes presque constamment ensemble, nous voulons être avant tout une famille. S’aimer et se respecter les uns les autres importe avant tout. Nous avons aussi en commun le fait d’être végétariens. Chacun de nous a ses propres croyances, sa spiritualité et ses habitudes, mais tout se fait dans une totale liberté. Rival Sons, «Great western walkyrie» (Earache Records). En concert le 30 avril à Lucerne (Schüür). ARENA 20 ans d’existence en 2015 et un huitième album studio pour ces Anglais Un nouvel album juste pour le gag? Sacrée belle longévité pour un projet, celui du groupe Arena, qui avait en son temps été lancé commeungag,entreMickPointer (batteur, ex-Marillion) et Clive Nolan (claviériste de Pendragon, Shadowland et Caamora). Pas moins dehuitalbumsstudio,dontcelui-ci, «Theunquietsky»,maiségalement trois compilations, quatre live et troisDVD,disponiblesonlinechez Built by France (www.builtby- LITTLE BOB france.com/artistes/arena), comptantceluitournéàKatowice,enPologne, au début du mois et non encoresorti. Symphonique, puissant Pourcettenouvellepublication,le noyau Pointer-Nolan est entouré duguitaristeJohnMitchell(ItBites, Kino, Frost, The Urbane, Lonely Robot), du bassiste Kylan Amos et d’un nouveau chanteur, Paul Man- John Mitchell, Kylan Amos, Clive Nolan, Paul Manzi et Mick Pointer. LDD zi. Les textes de «The unquiet sky» sont inspirés de la nouvelle «Casting the runes», écrite par Montague Rhodes James en 1911, et de son adaptation cinématographique, «Rendez-vous avec la peur» («Night of the demon», 1957). Et c’est bien dans une atmosphère de suffocation et de nausée, toute horrifique ou presque, que le gang anglais fait germer ses schémas musicaux. L’intro symphonique, les premières mesures voulues puissantes, les solis de guitare et autres riffs de clavier ne laissent pas de doute sur le genre affectionné du groupe. Des arrangements, des sonorités, ce typedevoixaussi,quirenvoientàla paire gagnante des seventies Black Sabbath et Deep Purple, avec quelques développements instrumentauxenplus. Le chant de Paul Manzi, irréprochable techniquement, évoque un timbre à la Gillan. Les mélodies qu’il a choisies ont le sens du grandiose, un petit quelque chose d’héroïqueetdesurrané,surlepremier titre du moins: «The demon strikes». Pour le coup du titre suivant,lemagnifiqueslow«Howdid itcometothis?»,lechantestplusauthentiqueetsincère,avecunesentimentalitéquin’estpassansévoquer «Labrie», de Dream Theater. Suit «Oblivioustothenight»etsonintro à la Erik Satie, d’originales voix inversées et de beaux chœurs sur «Markings on a parchment», de la malice en intro de «The unquiet sky»,entreautrespassagesgoûtés. Solennité, grandes pompes, le buste qui repose et les cheveux au vent,onretrouveàcertainesmesures de la consanguinité avec les Floyd, Rainbow, Queensrïche, le tout imposant Arena comme une valeursûre,sicen’étaitdéjàlecas. Dans l’arène une fois de plus, le band sort semble-t-il vainqueur de ses défi personnels: rejouer avec modernitéunrockclassiqueetmélodique, plein de soli et, comme en BD, tirés selon une ligne claire, mais aussi aller au bout du fameux gag qui avait au départ lancé cette carrière. PIERRE-YVES THEURILLAT Arena/The Unquiet Sky/BBF IMPELLITTERI Le shredder sachant schredder... Depuis Billy Wilder, on sait que certains l’aiment chaud. Mais dans le rock, certains l’aiment shred. Allusion à ces guitaristes dont la vitesse et la technicité sont les deux seuls buts dans la vie. «De la pure branlette», grognent les purs rockers. Dans le genre, la caricature ultime s’appela longtemps Yngwie Malmsteen. Il s’appelle toujours, mais plus personne ne le sait. Tout le contraire de l’Américain Chris Impellitteri, dont le groupe éponyme vient de sortir l’album «Venom» (Musikvertrieb). Eh bien, le bougre a été élu deuxième schredder le plus rapide du monde et le prouve de belle manière sur ce CD. Qu’on nous permette de lui préférer Pete Townshend et Jeff Beck! Des génies purs, pas des branleurs. PIERRE-ALAIN BRENZIKOFER LA PLAYLIST DE... Yves-André Donzé [email protected] BRUSHY ONE STRING Une grosse corde à sa guitare Cet incroyable Jamaïcain n’est nul autre que le fils du chanteur Freddy McKay et de sa mère, choriste de Tina Turner. Il était donc né avec plus d’une corde à son arc. Un jour, il a découvert une guitare dans une dompe jamaïcaine. Elle n’avait plus qu’une corde. Cela ferait son affaire. Il s’est mis à jouer avec une telle dextérité, tapant sur la caisse de résonance, martelant les basses sur corde, chantant toutes les variations de la musique afro-cubaine, il est devenu une star en quelques mois. On peut télécharger, ça déménage. DAVID FERRINGTON Whistling Blues Avec ce Bristish pur crin, on se retrouve illico en Louisiane, en plein cœur de La Chaux-de-Fonds. Il va donc chercher le blues par la racine. Avec le Mississippi Delta Blues Band et ses potes néo-zélandais, il a commis «Whistling Blues», un CD à la mémoire de Murray Walters, dit «Mo». Et à l’amitié qui ne cesse de déferler comme les eaux du Mississipi: «S’écoulant comme rivière, cœur à cœur, l’âme à l’âme». On en redemande: «Turn about, men!» ANNE CHASSEUR L’orgue du diable Cette utopiste de génie est l’organiste qui est en train de monter un bistro dédié à la musique d’orgue à Cormoret. Au milieu du bistro trônera son tonitruant compagnon. Avec elle, le bonheur est dans Dupré, mais aussi Bach, Scarlatti Haydn. Son CD s’intitule «La musique du diable». Un sacré bon tuyau. LES SERGE Du vinyle au MP3 Ces Taignons étaient présents l’an dernier à la Médaille d’Or de la chanson Le groupe est composé des deux leaders frangins Queloz (Guillaume et Thomas), de Ludovic Schneider, Rudy Teuscher et de Simon Bertholet. Ils ont gravé un vinyle de quatre titres alliant le rock du début des années 70 et celui un brin contemporain et puissant. On peut télécharger sur MP3. Un CD est en préparation.