Informations économiques d`Afrique de l`ouest anglophone

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Informations économiques d`Afrique de l`ouest anglophone
Direction Générale du Trésor – Publication des Services économiques
Informations économiques d’Afrique de
l’ouest anglophone
Semaine 16, du 18 au 24 avril 2016
- Nigéria : l’Angola, premier producteur de pétrole en Afrique devant le Nigéria ; dégradation de la situation du
secteur bancaire ;
- Ghana : l’inflation atteint 19,2% en mars 2016 ; émission prochaine d’une obligation sur 3 ans par le gouvernement.
Nigéria
L’Angola, premier producteur de pétrole en Afrique devant le Nigéria.
D’après le dernier rapport de l’OPEP, le Nigéria a produit 1,677 M de bpj en mars 2016, contre 1,744 M en février, tandis
que sur la même période la production de l’Angola est passée de 1,607 M à 1,722 M. C’est la seconde fois en quatre
mois que l’Angola dépasse le Nigéria en termes de production de pétrole, la première fois ayant été en novembre
dernier quand la production a atteint 1,722 M de bpj contre 1,607. La production de pétrole au Nigéria s’est réduite
notamment en raison de la multiplication des actes de sabotage des pipelines. En février, le pipeline fournissant le
terminal pétrolier de Forcados, par lequel devaient transiter 249 000 bpj, a été saboté. Le travail de réparation de
l’installation, gérée par Shell, ne devrait pas être terminé avant le mois de juin.
Selon certaines analyses, la croissance pourrait être négative au premier semestre 2016 en raison de la baisse de la
production pétrolière consécutive à la multiplication des attaques sur les pipelines dans la région du Delta. La fermeture
du pipeline Forcados pourrait entrainer une contraction du secteur pétrolier de plus de 10% et réduire le taux de
croissance d’environ 1,5 point de pourcentage.
Selon le FMI, le Nigéria aurait besoin d’une aide rapide en raison de la dégradation de la situation
économique.
L’institution financière internationale s’est déclarée prête à soutenir le pays si les autorités en faisaient la demande. La
directrice générale du Fonds, Christine Lagarde, considère que la situation du pays est alarmante, en raison notamment
de la dépendance du budget de l’Etat aux recettes pétrolières. Même si selon elle, un régime de change plus flexible
n’est pas la panacée, les mesures de contrôle de change ont un impact néfaste sur le secteur privé. S’en est suivie une
passe d’arme avec la ministre nigériane des Finances, qui a déclaré que le Nigéria n’était pas « malade », et que si tel
était le cas, elle préférerait un « remède local » à la « médecine » du FMI.
Le gouvernement nigérian cherche à augmenter les recettes publiques en s’inspirant du modèle
mis en place par l’Etat de Lagos.
L’économie nigériane est l’une des moins taxée au monde : le rapport entre recettes publiques et PIB atteignait
seulement 1,6% en 2012 contre 14,9% au Ghana et 25% en Afrique du Sud. Le modèle que souhaiterait suivre le
gouvernement est celui de Lagos qui a réussi à améliorer radicalement la collecte de l’impôt, seul Etat à être quasiautonome financièrement. En effet, les recettes publiques sont passées de 600 M NGN par mois en 1999 à 23 milliards
en 2014 (environ 116 M USD), grâce à une stratégie originale combinant le recours à des acteurs non-étatiques pour
collecter l’impôt, notamment des associations de marché afin de réussir à taxer le secteur informel, et des campagnes
de communication visant à inciter les citoyens à payer l’impôt.
Pour rappel, le Président Buhari a nommé à la tête de l’Autorité fédérale du revenu intérieur (Federal Inland Revenue
Service – FIRS) l’ancien directeur de l’administration fiscale de Lagos en 2015, en espérant qu’il puisse reproduire à
l’échelle du Nigéria ce qu’il avait accompli au sein de la capitale économique du pays. Cependant, le levier majeur de la
hausse de la base fiscale à Lagos a été l’impôt sur le revenu, tandis que la taxation au niveau fédéral passe
essentiellement par des taxes complexes sur la valeur ajoutée et des impôts sur le revenu des sociétés étrangères.
L’objectif de la FIRS, qui a collecté 3,7 billions NGN (environ 18,5 Mds USD) au niveau fédéral cette année est
d’augmenter ses recettes de 32%, avec 70% des revenus provenant de la TVA.
Un article universitaire récemment chroniqué par le Washington Post analyse la manière dont l’Etat de Lagos a réussi à
augmenter ses recettes publiques. L’un des principaux résultats de cette publication est que l’encouragement des
attitudes pro-impôt, ce qui pourrait être appelé la « conformité volontaire », est plus efficace et moins couteux que
d’investir dans une bureaucratie forte et le strict respect des règles. L’étude montre également que les ménages vont
plus facilement payer des taxes lorsque les recettes collectées sont investies dans des services publics (eau, routes,
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hôpitaux) auxquels ils peuvent accéder concrètement. L’augmentation de la base fiscale passe également par la
fourniture de ses services directement par l’Etat, et non plus par des acteurs informels.
Dégradation de la situation du secteur bancaire nigérian.
Sur les 15 banques cotées au Nigerian Stock Exchange (NSE), 10 ont publié leur rapport annuel pour 2015 au 31 mars
2016, date fixée par la Banque centrale du Nigéria (CBN) pour le dépôt de leur bilan financier. Cinq des banques qui ont
publiés leurs résultats ont connu une forte réduction de leurs bénéfices, ce qui constitue une rupture nette par rapport
à la hausse constante des bénéfices enregistrée après la crise bancaire de 2010. En effet, Ecobank, Union Bank, First
City Monument Bank, Wema Bank et Fidelity Bank ont subi une chute combinée de 80% de leurs bénéfices.
Cependant, les cinq autres banques qui ont publiés leurs bilans annuels, ont surperformé le marché, avec des
augmentations à la fois des bénéfices avant impôts et des bénéfices après impôts et ce malgré des provisions pour
créances douteuses importantes. Il s’agit des banques Guaranty Trust Bank, United Bank for Africa, Access Bank, Sterling
Bank et Zenith Bank. Les 5 banques listées au NSE qui n’ont pas encore rendus publics leurs rapports financiers sont :
First Bank of Nigeria, Skye Bank, Diamond Bank, Stanbic ITBC et Unity Bank. Skye Bank et First Bank of Nigeria ont déjà
publié des avertissements sur leurs résultats, déclarant que de fortes charges de dépréciation liées à des créances
douteuses, allaient conduire à une forte baisse de leurs bénéfices.
Un rapport de la CBN a récemment révélé une augmentation générale des prêts non performants parmi les 22 banques
de dépôts nigérianes. Les prêts non performants ont cru de 78,8% en 2015, révélant une détérioration importante de
la qualité de leurs portefeuilles de prêts, tandis que le volume de nouveaux crédits a diminué de 30%. Selon le rapport,
18 des 22 banques de dépôts ont connu une hausse de leurs créances douteuses. De plus, le nombre de banques
dépassant la limite réglementaire d’un ratio de 5% de prêts non-performants par rapport au total des prêts est passée
de 3 en 2014 à 8 en 2015, avec 3 banques dépassant les 10%. La moyenne du secteur a atteint 4,88%, ce qui est 0,22
point inférieur à la limite réglementaire de 5%.
Au cours des deux années précédant la baisse du prix du pétrole à la mi-2014, les banques nigérianes ont prêté environ
10 Mds USD aux compagnies pétrolières et gazières locales dans le cadre des cessions de certaines majors à l’instar de
Dutch Shell, Eni et Total. L’upstream pétrolier et gazier compte pour environ 28% des prêts du secteur bancaire. Pour
au moins deux banques, les crédits accordés au secteur pétrolier constituent plus de 30% de leur portefeuille de prêt,
notamment First Bank of Nigeria pour laquelle les emprunts de l’industrie pétrolière comptent pour 47% du total. En
plus du secteur pétrolier, les entreprises qui ont emprunté en dollars pour acquérir les centrales électriques lors de la
privatisation du secteur, connaissent également des difficultés à rembourser.
La Commission nigériane des communications espère tirer 224 M USD à minima de la vente de
spectre de fréquence 2,6 GHz.
L’objectif du régulateur nigérian des télécoms est de répondre à la demande des opérateurs de plus de fréquence et de
favoriser le déploiement de la 4G dans le pays. Les entreprises intéressées ont un an pour soumettre leurs offres. La
licence couvre l’ensemble du Nigéria pour une période de 8 ans. D’après Ventures Africa, le secteur télécom a contribué
à 8,7% du PIB nigérian en 2015. Enfin, les télécommunications auraient attiré environ 6 Mds USD d’IDE entre 2011 et
2013. L’objectif du gouvernement est d’atteindre un taux de pénétration de l'internet haut débit mobile supérieur à
30% d’ici à 2018.
Ghana
L’inflation atteint 19,2% en mars 2016.
L’inflation en glissement annuel a atteint 19,2% pour le mois de mars 2016, contre 18,5% en février. Cette nouvelle
hausse est la conséquence directe de la hausse des prix des transports publics annoncée en février dernier et des
récentes augmentations des tarifs publics concernant l’eau, l’électricité et l’essence. L’évolution des prix des produits
alimentaires demeure quant à elle modérée à 8,3%.
Emission prochaine d’une obligation sur 3 ans par le gouvernement.
Le gouvernement devrait émettre cette semaine une obligation sur trois ans, avec l’objectif de lever 500 M GHC (115
M EUR). Il s’agira de la troisième émission obligataire de l’année, les deux premières sur cinq ans ayant permis de
rassembler près d’1 Md GHC (231 M EUR) pour refinancer la dette, qui pour rappel se situait à 25,6 Mds USD en
décembre dernier. Le Ministère des Finances annoncera le montant précis de cette obligation dans les prochains jours.
Les ressources naturelles ont représenté 15% du revenu national en 2014.
Les revenus des ressources naturelles, pétrole et gaz, ont représenté 15% du total des revenus en 2014, ce qui place le
Ghana bien loin derrière le Nigéria (96%), le Tchad (66%) ou encore le Cameroun (31%), bien que le pays soit le 2 ème
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producteur d’or en Afrique (9ème mondial), derrière l’Afrique du Sud, et le 11ème producteur de pétrole du continent.
Cette part devrait diminuer en 2015, compte tenu de la chute des cours des matières premières. Ces recettes
proviennent principalement de 21 sociétés des secteurs pétrolier et aurifère (Tullow, AngloGold Ashanti, Newmont…),
représentant près de 1,2 Mds USD en taxes, royalties, dividendes, licences et concessions.
Visite officielle de Yu Zhengsheng, président de la Conférence consultative du peuple chinois.
Lors des trois jours passés dans le pays, Yu Zhengsheng a rencontré le président Mahama, ouvrant un nouveau chapitre
dans les relations sino-ghanéennes, afin de discuter de la coopération entre les deux pays. La Chine investit massivement
au Ghana, de la construction à l’énergie solaire, en passant par l’aviation. Le pays souhaite également développer
l’apprentissage du chinois et l’accès à la culture chinoise, à travers ses instituts et en proposant diverses bourses à
destination des étudiants ghanéens souhaitant se former en Chine, dont le nombre a atteint 4500 l’an passé et serait,
d’après l’Ambassade de Chine à Accra, le plus élevé d’Afrique.
Démarrage de la production d’un parc solaire financé par la Chine.
Construite par l’entreprise BXC, filiale de Beijing Fuxing Xiao Chen Electronic Technology Company, le parc se situe près
de Winneba dans la région centrale. Cet investissement de 30 M USD permet de rajouter 20 MW de capacité au réseau
électrique du pays, étant relié directement à ECG (Electricity Company of Ghana), et il devrait doubler pour atteindre
40 MW dans les prochaines années. Cet investissement a été rendu possible grâce à la loi sur les énergies renouvelables
de 2011, permettant au secteur privé d’accéder à ce marché. Le Ghana souhaite qu’à l’horizon 2020 son parc
énergétique soit constitué à 10% de sources renouvelables (à l’heure actuelle elles en représentent moins de 1%).
Libéria
Libéria : départ du ministre des Finances et changement à la tête de la banque centrale.
La Présidente Sirleaf vient de remplacer le ministre des Finances et de nommer un nouveau gouverneur à la tête de la
banque centrale. Boima Kamara, ancien vice-gouverneur de la Banque centrale en charge de la politique économique,
a été nommé ministre des Finances et du développement, en remplacement d’Amara Mohamed Konneh. Weeks Milton,
auparavant membre du conseil d'administration de la Banque centrale, est devenu son nouveau gouverneur. Il remplace
Charles Sirleaf, le fils du président, qui a été nommé gouverneur intérimaire en février après que Joseph Mills Jones ait
démissionné pour se préparer à l’élection présidentielle de l’année prochaine.
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