Colloque « Olympe de Gouges : une femme du XXIe siècle

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Colloque « Olympe de Gouges : une femme du XXIe siècle
Colloque
« Olympe de Gouges : une femme
du XXIe siècle »
Discours de
Pierre Sané
Sous-Directeur général pour les Sciences
sociales et humaines
UNESCO, Paris
14 novembre 2008
SHS/ADG
6 novembre 2008
Excellences,
Distingués participants,
Chers collègues,
Mesdames, Messieurs,
Ouvrir ce colloque consacré à une figure qui transcende les siècles et les
interprétations, celle d’Olympe de Gouges, revêt à mes yeux une signification
particulière et profonde. Cette rencontre ambitionne en effet de rendre justice et
de donner crédit à une figure qui a aussi payé le prix de son engagement par sa
mort – décapitée – et par l’oubli et les malentendus dans lesquels la postérité l’a
souvent enfermée.
Je n’ai moi-même découvert Olympe de Gouges qu’en 1995 au moment de la
campagne menée par Amnesty International, dont j’étais alors le Secrétaire
général, sur les droits des femmes à l’occasion de la Conférence mondiale sur les
femmes de Pékin. Un traducteur était venu me voir en me demandant comment
traduire en français notre ouvrage de campagne « Women’s rights are human
rights », soit « Les droits de la femme sont des droits de l’homme ». Or, non
seulement cette assertion implique que les femmes auraient besoin de passer par
une référence comprise comme unique et valant pour tous – l’homme – pour
pouvoir jouir de leurs droits mais en plus elles seraient vues comme une catégorie
venant s’ajouter à l’expression « droits de l’homme ». La fin des années 1990 a
ainsi constitué pour Amnesty International une période d’intense campagne en
faveur d’un changement terminologique profond et significatif, de « droits de
l’homme » en « droits humains ».
On ne saurait en effet bâtir l’universalité à partir d’une de ses composantes et
d’un prétendu noyau dur : ainsi, la Déclaration d’indépendance des Etats-Unis
d’Amérique en 1776 ne mentionnait pas les Noirs, considérés comme 3/5 d’un
blanc ; ainsi la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 ne faisait
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nulle référence aux femmes, « non douées de raison ». L’universalité doit être
érigée à partir de l’ensemble des pluralités. Il ne s’agit pas de la construire en
agrégeant au fur et à mesure, autour d’un point de référence unique – l’homme
blanc – d’autres composantes, comme les femmes, les opprimés, les peuples
colonisés, les enfants, etc. L’emploi de l’expression « droits de l’homme » était
motivé : il visait à refléter la volonté d’exclure les femmes de droits politiques et
sociaux auxquels elles n’auraient pu prétendre, considérant leur faible rationalité.
D’où la détermination d’Olympe de promouvoir sa Déclaration sur les droits de la
femme et de la citoyenne.
Aujourd’hui, de nombreux pays utilisent la terminologie de droits humains et non
celle de droits de l’homme. Je me permets à cet égard d’évoquer un travail que
j’ai mené à l’époque avec Agnès Callamard et qui a donné lieu à l’article Qu’y a-til dans un mot ?, paru dans le Monde diplomatique de mars 1998.
Mon intérêt pour Olympe a été encore plus piqué à vif quand j’ai découvert
qu’Olympe de Gouges et moi étions nés le même jour à exactement 200 ans de
différence. 7 mai 1748, 7 mai 1948. Je ne connaîtrai toutefois pas le même sort
qu’elle… Autre époque, autres mœurs.
En 1998, l’Assemblée générale des Nations Unies a adopté une Déclaration sur
les défenseurs des droits de l’homme. Olympe de Gouges pour moi a servi de
référence parfaite pour cette Déclaration. Ce texte emblématique étant aussi une
manière éclatante de fêter le 150e anniversaire de la naissance d’Olympe.
Dès mon arrivée à l’UNESCO je me suis donc promis de réaliser un ouvrage sur
Olympe de Gouges. Ce symposium constituera donc un bon point de départ.
Je me réjouis donc de la collaboration multilatérale qui s’est fait jour pour mener à
bien cette entreprise : le concours de l’UNESCO – par son Secteur des Sciences
sociales et humaines que je dirige – a rencontré l’enthousiasme et la
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détermination du Monde diplomatique et d’autres partenaires, la Commission
française pour l’UNESCO, le Conseil régional d’Ile-de-France, TV5 Monde et la
ville de Montreuil. Je les félicite tous pour leur engagement sans failles depuis
plusieurs mois.
Alors, pourquoi Olympe de Gouges ? Pourquoi aujourd’hui et maintenant, dans
cette enceinte de l’UNESCO ? Les raisons d’évoquer de Gouges sont multiples et
de natures diverses : en premier lieu, une raison motivée par le nécessaire
repositionnement dans le canal de l’histoire de la vérité et du vrai à son sujet ; une
raison éthique, ensuite, car les convictions comme les principes d’Olympe doivent
être pour nous une source d’inspiration et d’action face aux défis contemporains ;
une raison intellectuelle car elle est un personnage que je qualifierais de total,
pleinement dévolue à des causes nobles et prête à payer le prix fort pour ses
principes et pour rester cohérente avec ses convictions intimes. Ce qui lui coutera
la vie.
Une impérative réhabilitation
Faire justice à Olympe de Gouges, voilà quel pourrait être le credo de ce colloque
de deux jours. Face à une histoire qui pendant trop longtemps l’a laissée à l’écart,
voire à l’abandon, face à des délateurs qui s’en sont pris à elle avec force mépris,
face à des interprètes peu soucieux de véracité et d’honnêteté, il est grand temps
d’œuvrer à la redécouverte ou plutôt à la découverte de cette femme. Retrouver la
croyance d’Olympe de Gouges dans la défense des droits humains, c’est pour
nous opérer un lien constant et indispensable avec la Déclaration universelle des
droits de l’homme, dont nous célébrons cette année le 60e anniversaire, et surtout
la Déclaration des Nations Unies sur les Défenseurs des droits de l’homme,
adoptée par l’Assemblée générale il y a dix ans maintenant.
Que nous dit cette Déclaration ? Ecoutons son Article 18.2 : « Les individus,
groupes, institutions et organisations non gouvernementales ont également un
rôle important à jouer et une responsabilité à assumer pour ce qui est de
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contribuer, selon qu’il convient, à la promotion du droit de chacun à un ordre
social et international grâce auquel les droits et libertés énoncés dans la
Déclaration universelle des droits de l’Homme et les autres instruments relatifs
aux droits de l’Homme peuvent être réalisés dans leur intégralité ».
Quant à Olympe de Gouges, oubliée volontairement, reniée dans ses qualités
d’écrivain, de femme politique, elle s’est montrée sa vie durant une militante
active, dans ses déclarations, dans ses écrits, dans ses affiches. Active et
authentique dans tous ses combats, qu’il s’agisse du racisme, de l’esclavage, de
la peine de mort, de la lutte en faveur des droits sociaux et économiques, ou
encore de la protection et du maintien de la démocratie et du respect de l’état de
droit. Une véritable défenseure aux yeux de la Déclaration sur les défenseurs des
droits de l’homme.
Olympe préfigure donc bien des combats qui seront menés des siècles plus tard.
La politique, elle l'a apprise comme le reste, par elle-même, dans les livres et les
discussions. En se faisant par le geste et par l’acte. En agissant, elle vivait et sa
vie était son action même.
Figure anachronique, figure de notre époque, figure d’éternité
Olympe de Gouges a été l’une des premières femmes à se jeter corps et âme,
cœur et esprit, dans l'arène publique, mettant ses théories en pratique : elle
revendique les mêmes droits que les hommes, elle partage les mêmes risques.
Elle s’adresse directement à l'opinion, via ses œuvres. Elle dénonce les abus de
l'Ancien Régime comme ceux du nouveau et lutte sans relâche pour la liberté, la
justice, les faibles, les opprimés, les filles mères, les enfants naturels, les
prostituées, les chômeurs – elle suggère d’ailleurs la création d'ateliers nationaux
pour les employer.
Elle a été l'une des toutes premières, dès 1785, à réclamer l'abolition de
l'esclavage. Avec le même courage, elle a proposé, en décembre 1792, d'assurer
la défense de Louis XVI, dont elle réprouvait pourtant la trahison, pour le principe,
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parce qu'elle combat la peine de mort. Ce faisant elle exerçait son droit de
Défenseur avant la lettre. Je citerais l’article I de la Déclaration : « Chacun a le
droit, individuellement ou en association avec d’autres, de promouvoir la
protection et la réalisation des droits de l’Homme et des libertés fondamentales
aux niveaux national et international ».
Olympe peut être vue comme une féministe au sens le plus moderne du terme.
Elle se sent l'égale des hommes, par le courage, l'intelligence, mais elle n'est pas
une suffragette. Sa foi en l'égalité des sexes est viscérale, mais ce n'est qu'un
combat parmi beaucoup d'autres, et la Déclaration des droits de la femme et de la
citoyenne qui la rendra célèbre est un libelle écrit dans l'enthousiasme, alors que
le roi vient de prêter serment à la Constitution. Ce texte virulent – « O, femmes !
femmes, quand cesserez-vous d'être aveugles ? » – passera d'ailleurs inaperçu
de ses contemporains. Pourtant, il ne se contente pas de réclamer le droit de
vote. Il propose un programme de mise à égalité assez étendu: droit au divorce et
à l'héritage, remplacement du mariage par une forme de contrat social,
reconnaissance des enfants hors mariage, accès à toutes les fonctions, y compris
électives, responsabilité civile, etc.
Toutefois, et j’aimerais fortement insister sur ce point central : s’il nous faut
reconnaître la dimension résolument pionnière du combat d’Olympe de Gouges
en faveur des femmes et son féminisme avant-gardiste, il convient de ne pas la
limiter à la question du droit des femmes.
Son combat épouse en effet profondément celui des Défenseurs contemporains
des droits humains.
Ainsi par exemple, hostile à la peine de mort, Olympe s’est voulue porteuse de
réconciliation. Défenseur acharné de la démocratie et des droits humains,
critiquant haut et fort la corruption, les détournements de fonds publics, les projets
de dictature populaire, la violence dans toutes ses manifestations, et les
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discriminations de tous ordres, elle s’est engagée pleinement dans nombre de
combats en assumant ses prises de position. Elle déclare ainsi – phrase fameuse
– en 1792 :
« Le sang même des coupables, versé avec cruauté et
profusion, souille éternellement les Révolutions. » (La Fierté
de l’Innocence, 1792).
Manière de dire que l’idéal révolutionnaire, quand il est dévoyé, peut aussi porter
en lui les germes de sa négation et de sa remise en cause. Le combat intellectuel,
militant, démocratique est à mener en toutes circonstances, en faisant fi des
querelles de clocher et des rivalités partisanes par trop paralysantes. Le peuple,
tout le peuple, rien que le peuple. Voilà pour Olympe le centre de toutes les
attentions. Ce peuple bafoué, souffrant et humilié, elle veut s’en faire le porteétendard et le défenseur vigoureux.
Ses articles, romans et surtout pièces de théâtre témoignent d'un profond
humanisme et sont tous empreints des idées nouvelles qui forment le terreau de
la Révolution. En 1785, l'une de ses pièces, Zamore et Mirza ou l'heureux
naufrage, est inscrite au répertoire de la Comédie Française mais les comédiens
refusent de la jouer sous un prétexte dilatoire. En réalité la pièce, très audacieuse
pour l'époque, critique le Code Noir alors en vigueur dans les colonies françaises
et donne la parole à des esclaves noirs. Olympe de Gouges fait pour cela l'objet
d'une lettre de cachet, révoquée toutefois grâce à l'intervention de ses
protecteurs. La pièce, rebaptisée L'Esclavage des Noirs, ne sera montée et
republiée qu'en 1788, accompagnée d'un essai-manifeste pour l'abolition de
l'esclavage intitulé Réflexions sur les hommes nègres.
Son avant-gardisme se manifeste de façon particulièrement tangible quand il est
question de la dénonciation de l’esclavage dans les colonies. Et nous sommes
dans les années 1790… De Gouges est radicalement opposée à toute forme
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d’inégalité que d’aucuns justifieraient par la Nature. Je citerais deux extraits de
ses Réflexions sur les hommes nègres, texte éminemment symbolique daté de
1788 :
« Un commerce d’hommes !… grand Dieu ! et la Nature ne
frémit pas ! S’ils sont des animaux, ne le sommes-nous pas
comme eux ? et en quoi les Blancs diffèrent-ils de cette
espèce ?
[…]
Je n’ai qu’un conseil à donner aux Comédiens Français, et
c’est la seule grâce que je leur demanderai de ma vie : c’est
d’adopter la couleur et le costume nègre. Jamais occasion ne
fut plus favorable, et j’espère que la représentation de ce
drame produira l’effet qu’on en doit attendre en faveur de ces
victimes de l’ambition.
Le costume ajoute de moitié à l’intérêt de cette pièce. Elle
émouvra la plume et le cœur de nos meilleurs écrivains. Mon
but sera rempli, mon ambition satisfaite, et la Comédie
s’élèvera au lieu de s’avilir, par la couleur. »
En 1788, Olympe de Gouges publie plusieurs articles dont une Lettre au peuple
dans le Journal Général de France où elle appelle à des réformes politiques,
économiques et sociales radicales. L'année suivante, alors que la Révolution
gronde, elle multiplie les libelles politiques. Elle ne s'engage pas en faveur d'une
révolution sanglante, défendant le principe d'une monarchie constitutionnelle,
mais prône de nombreuses réformes très en avance sur son temps : la liberté
d'expression, l'égalité des sexes, l'instauration du divorce, l'abolition de
l'esclavage et de la peine de mort, la création d'un impôt sur les revenus des plus
riches, la distribution des terres en friche à des paysans ou à des coopératives, la
mise en place d'un tribunal populaire pour tous, la création de maternités et de
foyers solidaires pour les plus démunis, etc. Elle écrit ainsi en 1788, dans ses
Remarques patriotiques, sous la rubrique Projet d'impôt étranger au peuple, et
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propre à détruire excès du luxe et augmenter les finances du trésor, réservé à
acquitter la dette nationale : « Le luxe: c'est un genre de mal qui ne se doit guérir
que de lui-même, par exemple, les goûts exquis qui s'en vont écrasant,
renversant tout ce qu'ils rencontrent sous leur passage: un bon impôt sur ce luxe
effréné: ah, combien l'humanité applaudirait celui-ci! »
Beaucoup de ses propositions novatrices devront attendre le XXe siècle pour voir
le jour. Lors des réunions des Etats Généraux, la tribune de l'Assemblée n'étant
pas ouverte aux femmes, et faute d'autorisation pour éditer son propre journal,
L'Impatient, elle fait imprimer et diffuser des milliers de tracts et d'affiches
exposant ses thèses. Vivement opposée au régime de la Terreur, elle signe aussi
une affiche contre Robespierre et Marat qu'elle accuse d'être responsables des
effusions de sang.
Encore une fois elle sert de référence idéale à l’article 9.3 de la Déclaration
sur les Défenseurs : « À cette même fin, chacun a le droit, individuellement ou en
association avec d’autres, notamment :
a) De se plaindre de la politique et de l’action de fonctionnaires et d’organes
de l’État qui auraient commis des violations des droits de l’Homme et des libertés
fondamentales, au moyen de pétitions ou autres moyens appropriés, auprès des
autorités judiciaires, administratives ou législatives nationales compétentes ou de
toute autre autorité compétente instituée conformément au système juridique de
l’État, qui doit rendre sa décision sans retard excessif ;
b) D’assister aux audiences, procédures et procès publics afin de se faire
une opinion sur leur conformité avec la législation nationale et les obligations et
engagements internationaux applicables ;
c) D’offrir et prêter une assistance juridique professionnelle qualifiée ou tout
autre conseil et appui pertinents pour la défense des droits de l’Homme et des
libertés fondamentales. »
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Elle fait montre d’un courage, d’une dignité et d’un sens de l’honneur
remarquables malgré les attaques « Je sais de bonne part qu’on a juré ma perte.
Je m’y attends et je ne crains rien » écrit-elle le 20 novembre 1792. Comment
rester de marbre devant tant de perspicacité et de clairvoyance, qui force l’estime
et l’admiration ? Elle dit encore, dans son Testament politique (1793) : « J’ai tout
prévu, je sais que ma mort est inévitable ».
Lors de son procès, elle tentera vainement d'expliquer que son combat humaniste
s'inscrit au cœur même de la Révolution mais elle sera condamnée à mort et
guillotinée au matin du 3 novembre 1793. Elle avait répondu à Fouquier-Tinville
qui l’interrogeait sur ses actes : « Mes intentions étaient pures puisque mes
ouvrages, ma conduite et le sacrifice de ma fortune pour la patrie sont la preuve
authentique que je n’ai jamais travaillé que pour éviter le fléau de la guerre
civile ».
Olympe de Gouges laisse derrière elle quelque soixante-dix ouvrages (romans,
pièces de théâtre, pamphlets, essais, manifestes, libelles,..). Sa bravoure, sa
témérité et son style – de vie comme d’écriture – lui vaudraient sans conteste
aujourd’hui le titre de Défenseur des droits de l’homme, au sens de promoteur et
de protecteur des droits humains et des libertés fondamentales universellement
reconnus.
Permettez-moi de souhaiter un franc succès à vos travaux et surtout une riche et
utile continuation des travaux sur Olympe de Gouges et de la lecture attentive de
son œuvre. Que juste mémoire soit rendue à cette figure exemplaire de modernité
et d’humanité.
De Gouges nous invite, par-delà les siècles et les luttes menées depuis 1789, à
une nécessaire permanence de l’esprit de résistance et de vigilance qui l’a tant
caractérisée et pour lequel elle est morte avec dignité. De Gouges est une porte
inédite non seulement pour mieux comprendre mais aussi pour relever les défis
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contemporains : pauvreté, inégalités sociales, viols des droits civiques et
politiques, marginalisation voire négation de la femme et de ses droits,
discriminations, etc. Ne prenons que le cas tragique et rémanent de la pauvreté.
Le gouffre de la pauvreté est loin de s'être refermé depuis des décennies, voire
des siècles. Dans l'économie mondialisée actuelle, l'abîme qui sépare ceux qui
possèdent de ceux qui n'ont rien n'est pas simplement le phénomène
géographique défini en termes de Nord et de Sud. Une faille croissante divise de
nombreuses sociétés de ce qu'on appelle « le Sud », tandis que le chômage est
revenu hanter un grand nombre de nations industrialisées.
De Gouges est une référence au sens où elle réussit à mêler, et à traduire dans la
pratique, des formes d’engagement très variées. Elle rassemble les valeurs
contenues dans la Déclaration universelle des droits de l’homme. Humaniste,
universaliste, patriote, solidaire, elle a usé jusqu’au bout de sa pensée critique,
avec honnêteté et principes, contre toute forme d’autoritarisme et d’inégalités. Sa
vie et son œuvre sont tout à la fois traversées et nourries par ses idéaux – ceux
de démocratie, d’état de droit, de solidarité, de non violence ou d’égalité – qui ne
sont rien moins que les racines profondes de nos sociétés.
Quelle marraine plus symbolique et puissante qu’Olympe de Gouges pour la
Déclaration de 1998 sur les Défenseurs des droits de l’homme ?
Découvrons donc ou redécouvrons cette figure d’éternité et d’humanité qui nous
livre un message, au-delà du temps, celui de l’impératif combat en faveur des
droits humains, quels que soient l’époque ou le contexte.
Merci de votre attention.
Pierre Sané
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