Supply Chain Magazine 90 - Dosier Mobilité et Traçabilité
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Supply Chain Magazine 90 - Dosier Mobilité et Traçabilité
Smartphones et tablettes changent la donne Les smartphones et tablettes arrivent, apportant de nouvelles possibilités et bousculant nos habitudes. Sous l’impulsion du matériel grand public, le matériel professionnel évolue à son tour, entraînant dans son sillage de nouvelles applications et modifiant les usages. Ces nouveaux outils vont-ils supplanter ou compléter l’offre existante ? 62 N°90 ■ SUPPLY CHAIN MAGAZINE - DÉCEMBRE 2014 ©ZEBRA TECHNOLOGIES ©H UB ONE DOSSIER Mobilité et Traçabilité C ela a commencé par les téléphones, qui sont devenus « intelligents » en se dotant de capacités de mémoire et de processeurs de plus en plus puissants. Apple, Research In Motion (BlackBerry) et bientôt Microsoft et Google se sont engouffrés dans la brèche et empressés d’exploiter les possibilités offertes par ces nouveaux « devices », ou appareils en français. Et si Microsoft est rapidement devenu la référence des systèmes d’exploitation des PDA (terminaux de lecture professionnels) avec Windows CE, puis Windows Embeded, la tendance s’est aujourd’hui renversée à la faveur d’Android. Racheté par Google en 2005, soit deux ans seulement après sa création, ce système d’exploitation (OS), est basé sur un noyau Linux, donc open source. Cela explique pourquoi les développeurs d’applications et de logiciels, notamment professionnels, ont jeté leur dévolu sur cette solution synonyme de liberté de mouvement. « Windows CE n’évolue plus et n’est plus supporté, voilà pourquoi les gens se Le matériel grand public au travail ? Le matériel dit « grand public », généralement de marque Apple ou Samsung, commence en effet à trouver sa place dans les milieux professionnels plutôt de type non industriels, comme le retail, notamment chez Darty qui a équipé ses vendeurs de « phablettes » à écrans de 5,5 pouces, soit la taille intermédiaire entre le téléphone et la tablette. Mais au-delà des boutiques chauffées et moquettées, l’usage de tels outils semble plus modéré. « Les smartphones et tablettes permettent d’afficher davantage d’informations, apportant la mobilité aux fonctions support, telles que les gestionnaires de stocks ou les superviseurs de flux, et managériales », estime Fabien Gaide, Consultant chez Kurt Salmon. « Le smartphone et la tablette arrivent sur certaines fonctions et situations, où l’on a une image à projeter et quand on souhaite maximiser les chances d’adoption. L’adoption, c’est la clef », confirme Patrice Bélie, DG d’Hub One. Si le matériel grand public n’est pas apte à remplacer le durci dans les entrepôts, il est aujourd’hui à la source d’une véritable mutation des gammes des constructeurs. « L’intuitivité et l’ergonomie des nouvelles applications procurent une plus grande facilité de prise en main, précise Michel Lachkar, Associé chez Kurt Salmon, les outils professionnels et grand public se rapprochent aussi bien dans le mode de fonctionnement que dans le form factor avec pour effet le décloi- ©P.MONCEAUX tournent massivement vers Android », avance David Oger, DG d’Atrium. Mi-2014, Android était le deuxième OS le plus vendu en France sur smartphone grand public avec 40 % de part de marché, selon le Journal du Net, se rapprochant à grande vitesse d’iOS (Apple). Au niveau mondial, selon PC World, Android se taille la part du lion avec 84% de part de marché contre 12 % pour iOS, Microsoft et BlackBerry ne récupérant que les miettes, avec à peine 3 % de ventes combinées. Cette guerre des systèmes d’exploitation a entraîné un véritable bon en avant de leurs performances, de plus en plus d’entreprises considérant désormais les smartphones comme un outil potentiel de travail. Patrice Bélie, Directeur Général d’Hub One DÉCEMBRE 2014 - SUPPLY CHAIN MAGAZINE ■ N°90 63 DOSSIER Mobilité et Traçabilité Vers la fin du PDA ? Les constructeurs ont en effet bien compris le désir des utilisateurs, notamment des plus jeunes, Stefano Friscia, de disposer de terminaux interactifs et tactiles mais aussi celui des entreprises de satisfaire leurs Directeur Général employés, tout en leur fournissant un matériel de Norcod résistant. Et ils se sont mis à y répondre. « Les nouvelles gammes des constructeurs sont orientées autour de la possibilité de communiquer », assure Stefano Friscia, DG de Norcod. Aussi assiste-t-on à une évolution rapide de leurs gammes de produits, les traditionnels PDA étant mis à la page. Il y a bientôt deux ans déjà, Honeywell présentait le Dolphin Black, l’un des tout premiers « smartphones durcis » du marché. Dans le même temps, Motorola Solutions faisait évoluer le MC 40 vers le TC 55, plus fin et plus smartphone, « le premier durci à embarquer Android », souligne Goneri Le Coustumer, T&L Senior Account Manager chez Zebra Technologies. Suite Jean-Daniel logique de cette évolution, le TC 70, véritable Chennevière, Product Manager smartphone durci, vient de sortir. Mais attention, WMS G.O.L.D. il est désormais estampillé Symbol, Zebra n’étant de Symphony plus autorisé à utiliser le nom pour bien longEYC France temps. Ainsi, toutes les marques se mettent à proposer ce genre d’outils, avec des options de choix de clavier et d’OS. C’est le cas du Casio IT-G500 qui dispose de série d’un clavier à touche et d’un tactile, et de Symbol : « Il y a deux ans, nous avons fait choix d’avoir un double OS sur un certain nombre de produits, notamment dans le Point of Sale avec le MC 67, disponible sous Android et 64 N°90 ■ SUPPLY CHAIN MAGAZINE - DÉCEMBRE 2014 ©ARBOR TECHNOLOGIES ©ZEBRA TECHNOLOGIES ©HONEYWELL ©EYC ©NORCOD sonnement du back et du front office. A chaque fonction correspond un type de terminal, l’enjeu pour les constructeurs est d’avoir une gamme complète. » Au dire des constructeurs, le matériel grand public ne pourrait servir que de matériel d’appoint, le milieu professionnel, et en particulier celui de la logistique, étant trop exigeant. Mais cela ne les empêche pas d’étudier la question pour autant … Windows », rappelle Goneri Le Coustumer. Car certaines entreprises ont encore d’importantes flottes équipées en Windows et changer d’OS coûte cher. Cela requiert en effet de réécrire toutes les applications. « Beaucoup de choses sont à réécrire en ce moment, c’est positif pour nous intégrateurs ! », atteste Pascal Llorca, DG de WIIO, intégrateur situé à Aix-en-Provence. Quant aux tablettes, Panasonic et Arbor Technologies, parmi les premiers acteurs sur ce créneau, en proposent déjà depuis de nombreuses années. Nouveaux outils, nouveaux usages Dans l’entrepôt, les nouvelles solutions technologiques se bousculent : smartphones durcis, systèmes « wearable », tablettes, vocal, vocal vest, réalité augmentée… chacun y va de sa recette pour améliorer la performance logistique (voir encadré p.68). Très pratiques avec de grands écrans, les tablettes ont le vent en poupe et élargissent le champ des possibles. La société ITinsell a d’ailleurs conçu Overship, un logiciel pouvant, à partir d’une tablette, éditer une étiquette, mesurer le temps total de la préparation de commandes ainsi que leur état d’avancement ou encore émettre des bordereaux de livraison. Les éditeurs de WMS n’ont pas non plus tardé à saisir l’intérêt de ces outils et proposent, soit en émulation, soit en client embarqué, leur logiciel en version « mobile ». C’est le cas notamment de GRN Logistic (voir encadré Groupe Sterenn p.69) dont le module de préparation de commande a été conçu dès l’origine pour exploiter les capacités d’affichage des tablettes et améliorer la qualité du travail des préparateurs. D’autres fonctions peuvent également bénéficier de ces nouveaux outils : « En entrepôt, avec le module « Labor Management » du WMS, nous avons créé un outil de gestion offrant aux managers la mobilité, révèle Henri Seroux, Managing Director Continental Europe chez Manhattan Associates. Avec cet outil, les managers peuvent tout contrôler à distance. Ils Mobilité dans le Retail… Un mouvement similaire s’opère dans le domaine du magasin. « 80 % de notre activité provient du retail », témoigne Stefano Friscia. S’appuyant sur ces nouveaux outils de mobilité, le vendeur devient aussi démonstrateur, préparateur de commandes ou encore gestionnaire de stock. Gérer en direct le réapprovisionnement en magasin est d’ailleurs ce qui a poussé Syslife à créer une version tablette et accessible en mode SaaS de son logiciel Adexio. Elle offre ainsi aux responsables la liberté de définir leur besoin directement en rayons plutôt que derrière leur PC, tout en contrôlant visuellement le niveau des stocks sur étagère. « Le rôle du magasin s’élargit avec le cross-canal ©GROUPE STERENN savent quels opérateurs sont au travail à un instant T, ce qu’ils font, quelles sont leurs compétences, etc. Cela permet un management plus rapproché, plus précis et plus efficace. C’est un outil multi-site, connecté. Il peut comparer les performances d’un site par rapport aux autres, permet de travailler en anticipation du besoin du lendemain, notamment pendant les temps de transport (dans l’avion, le train). C’est un outil de pilotage des ressources », explique-t-il. et se complexifie, estime Henri Seroux, Avec le click & collect, des commandes venues du web sont routées vers lui. Le magasin doit préparer des commandes, en expédier certaines, contrôler et mettre à jour le stock… tout cela est rendu possible grâce aux nouveaux outils. D’autre part, ces devices tendent à rééquilibrer les forces entre clients et vendeurs. » En effet, avec de tels outils connectés en 4G et capables notamment de scanner des codes-barres 1D et 2D le plus souvent, le vendeur est aujourd’hui capable de consulter son stock, celui des autres boutiques de l’enseigne, de passer une commande et même de l’encaisser DÉCEMBRE 2014 - SUPPLY CHAIN MAGAZINE ■ N°90 65 directement sur sa tablette. « L’encaissement mobile arrive, confirme Patrice Bélie. Nous le déployons en magasin, notamment pour une marque de luxe et dans des environnements plus exigeants, par exemple dans les trains. Cela permet d’augmenter la surface de vente en supprimant les caisses et surtout de sécuriser la vente, en évitant la déperdition entre le moment où l’on clôture la vente et le passage en caisse », soulignet-il. Symphony EYC a également conçu la solution G.O.L.D. Store Mobility pour être capable d’effectuer toutes ces tâches, et ce de façon intuitive. « Les applications G.O.L.D. Mobility sont utilisables sur tous types de mobiles (PDA, smartphones, tablettes) et tous types d’OS. Intuitives et ergonomiques, elles nécessitent un minimum de formation, et permettent ainsi au personnel de gagner rapidement en productivité, en autonomie et en polyvalence. Utilisant la mémoire du mobile, elles offrent la possibilité d’interrompre une action pour en effectuer d’autres, et de reprendre ensuite l’action précédente au point où on l’avait laissée », relate Jean-Daniel Chennevière, Product Manager WMS G.O.L.D. de Symphony EYC France. 66 ©H UB ONE ©DDS LOGISTICS … et dans le transport Au-delà de l’informatique embarquée et connectée aux ordinateurs des camions, le monde du transport pourrait également tirer profit des solutions de mobilités désormais à portée de main. Un détail qui n’a pas échappé à l’éditeur parisien DDS Logistics. « La sous-traitance en cascade est un problème dans le transport. Le dernier maillon est souvent un petit transporteur qui a peu de moyens et n’a pas forcément de PDA. Par contre, la plupart des chauffeurs ont un smartphone, surtout en Asie où le taux d’équipement est très supérieur à ce que nous connaissons chez nous. Il y a deux ans, nous avons commencé à ressentir une demande de la part des chargeurs qui souhaitaient obtenir une remontée d’informations en direct et pouvoir communiquer avec les chauffeurs. Nous N°90 ■ SUPPLY CHAIN MAGAZINE - DÉCEMBRE 2014 avons donc développé DDS Mobile Tracking à cet effet. L’application est disponible sur iOS et Android, explique Jérôme Bour, Président de DDS Logistics. Et les managers n’ont pas été oubliés : Le module DDS Dashboard concerne la partie décisionnelle. Un acheteur de transport peut s’y connecter via un portail web et analyser la performance de ses transporteurs où qu’ils soient, tant qu’ils disposent d’une tablette. » A en croire Stefano Friscia, si la plupart des transporteurs réclament encore des PDA, certains se laissent séduire par les nouvelles technologies. « Nous sommes en train d’équiper de notre tablette des flottes de transporteurs en coopération avec TomTom Telematics. Il s’agit de combiner les fonctions de navigation, d’envoi de preuve de livraison, d’acceptation des commandes etc. » dépeint Emmanuel Moulin, Responsable Comptes Clé de Casio France. Autres cas d’usage « Nous équipons également des commerciaux, des services de maintenance à travers notre partenariat avec Hub One, des hôpitaux pour le suivi des patients et la commande de nourriture… Les champs d’application sont vastes », ajoute Emmanuel Moulin. La maintenance en milieu aéroportuaire est un domaine qu’Hub One, en tant que société du groupe Aéroports de Paris, connaît bien. « La tablette et la 4G, que nous pensons déployer notamment dans le domaine aéroportuaire, changent la donne. Cela ouvre de nouveaux cas d’usage avec de la vidéo en temps réel et des temps de latence très réduits. C’est très utile sur les fonctions de maintenance par exemple et procure des gains de temps énormes. La 4G professionnelle (« PMR ») permet aussi de consulter un réseau de plusieurs appareils en même temps, voire plusieurs vidéos en même temps. La 4G est une vraie révolution. Les outils n’ont pas fini d’évoluer et nous n’avons encore rien vu en termes de mobilité. La capacité de transmission de flux de ©GS1 ©P.MONCEAUX DOSSIER Mobilité et Traçabilité ©ZEBRA TECHNOLOGIES ; données en temps réel devient impressionnante », observe Patrice Bélie. Enfin, les douaniers recourent eux aussi aux tablettes pour contrôler les flux imports/exports et vérifier l’authenticité des produits. Mis en place 2011 en version statique (PC) avec le soutien de GS1, l’IPM (Interface public monde) est une énorme base de données au service de l’ODM, Organisation Mondiale des Douanes. Elle est disponible en version mobile depuis 2014. « IPM est une application compatible iOS et Android et réservée aux autorités douanières, indique Nicolas Pauvre, Chef de projet chez GS1 France. L’objectif d’IPM est de renforcer la coopération internationale entre douaniers et les marques victimes de contrefaçon. L’outil est gratuit mais les autorités doivent équiper leurs agents d’un smartphone ou d’une tablette pour l’utiliser, ce qui n’est pas toujours le cas, même en France. Aujourd’hui encore, les contrôles douaniers doivent être améliorés. L’application donne accès à des données descriptives sur les marchandises pendant leur inspection. L’agent scanne les codes-barres et accède à des données fiables, à des fiches produit qu’il compare alors avec la marchandise qu’il a entre les mains. » Tesa Scribos, société allemande spécialisée dans les solu- tions anti-contrefaçon, a d’ailleurs développé une application tous publics qui, une fois l’étiquette scannée (sorte de passeport unique de chaque produit, conçue en interne également), renvoie sur un site mobile lié à la base IMP et permet d’authentifier chaque produit. Aussi bien les consommateurs que les distributeurs peuvent bénéficier de cette innovation et s’assurer de l’origine des produits dès leur réception. Les applications ne manquent pas et il y a fort à parier que ces nouveaux terminaux inspirés du grand public vont continuer à se frayer un chemin dans le milieu professionnel. ■ PIERRE MONCEAUX DÉCEMBRE 2014 - SUPPLY CHAIN MAGAZINE ■ N°90 67 DOSSIER Mobilité et Traçabilité En entrepôt : quelle solution pour optimiser ses opérations ? ©HONEYWELL S Chris Heslop, ©H UB ONE Regional Manager EMEA de Vocollect Solutions elon un livre blanc récemment publié par Motorola Solutions, les opérations de picking et de réassort constitueraient jusqu’à 70 % des coûts opérationnels des entrepôts. Dans ces conditions, il paraît logique que les Directeurs logistiques recherchent activement la manière d’augmenter l’efficacité de leurs opérations, aussi bien en termes de rapidité que de qualité. Le PDA traditionnel ne régnant plus en maître incontesté sur le monde de la logistique, différents choix technologiques s’offrent désormais aux décideurs, à commencer par le vocal. « Le passage au vocal est essentiel en terme de productivité en entrepôt. Il fait gagner 15 % de productivité : nous l’avons démontré. Je pense qu’à l’avenir, nous verrons moins de PDA et davantage de vocal », songe Patrice Bélie, DG de l’intégrateur Hub One qui a développé son propre système VoiXtreme 360 et déploie également la solution de Vocollect. Tout comme ce dernier, l’éditeur Symphony EYC propose la Vocal Vest, un outil conçu par ID Services qui libère non seulement les mains de l’utilisateur mais s’affranchit aussi du casque, les haut-parleurs et le micro étant incorporés à la veste. Celle-ci est par ailleurs indépendante de l’appareil choisi et accueille volontiers un smartphone. Pour Stefano Friscia, DG chez Norcod, si le vocal apporte des gains de productivité indéniables, il ne constitue pas pour autant une solution idéale au point de supplanter toutes les autres : « Les nouvelles générations de terminaux 68 N°90 ■ SUPPLY CHAIN MAGAZINE - DÉCEMBRE 2014 sont nativement ouvertes au vocal, il suffit d’installer l’application, c’est simple et efficace. Par contre, cela ne convient pas encore à toutes les fonctions et peut paraître socialement moins valorisant qu’une tablette. L’opérateur devient un peu un robot et c’est parfois perçu comme étant abrutissant », témoigne-t-il. « En fait, en paramétrant correctement l’outil, l’opérateur l’utilise somme toute assez peu », rétorque Chris Heslop, Regional Manager EMEA de Vocollect Solutions. « Cela requiert en amont un audit précis de la situation de l’utilisateur. D’autre part, le vocal a considérablement évolué depuis ses débuts et ne cesse de s’améliorer. Les dernières versions que nous proposons sont équipées de filtres anti bruit (soundsense) pour éviter les validations intempestives, et d’une voix vraiment humaine », poursuit-il. « Le vocal est d’autant mieux accepté qu’il est bien préparé, renchérit Pascal Llorca, DG de l’intégrateur WIIO, il faut former les utilisateurs sur l’intérêt de la solution pour qu’elle ne soit pas vue comme un instrument de flicage. On peut éventuellement réfléchir à un système d’intéressement sur la productivité. Comme ça peut être répétitif et fatigant, nous ajoutons un écran et une bague de scan, limitant ainsi les interactions vocales ». Les alternatives Les écrans, justement, surtout les tablettes, se veulent une vraie alternative au vocal. Capables d’afficher un grand nombre d’informations détaillées comme par exemple la couleur de l’article à prélever, elles contribuent davantage à réduire le taux d’erreur qu’à maximiser la productivité. « Nous équipons des entrepôts avec notre WMS Morpheus installé sur tablettes durcies JLT Computers, nuance toutefois Laurent Gourdon, PDG de l’éditeur GRN Logistic. L’opérateur n’est plus guidé vers l’emplacement, il voit sur l’écran le dessin de la zone et le WMS indique visuellement où se trouve l’article. Un opérateur peut aussi travailler simultanément avec trois transstockeurs ou tours de stockage et traiter jusqu’à 2.000 lignes de commandes par jour », affirme-t-il. Pour Fabien Gaide, Consultant chez Kurt Salmon, la solution d’avenir pourrait être toute autre. « Il est vrai que les tablettes permettent d’afficher plus d’information, mais tout le monde n’en a pas besoin. Cela dépend des fonctions. A mon sens, la prochaine grande révolution en entrepôt sera la réalité augmentée ». ■ PM Gérald Jehanin, Direction Logistique du Groupe Sterenn « La tablette est beaucoup plus valorisante » ©GRN LOGISICS Le groupe Sterenn, situé à La Lezière, près de Rennes, est un grossiste en pièces détachées pour les engins agricoles, motoculteur de plaisance et l’industrie. Il compte 100.000 références stockées sur un entrepôt de 22.000 m², équipé de trois transstockeurs et 40 armoires rotatives, la préparation de commandes étant effectuée par des caristes équipés de tablettes JLT Computers Verso12’’ embarquées. « Nous avons acquis la solution Morpheus en 2008. Le WMS de GRN Logistic pilote l’ensemble des flux de réception, de préparation de commande et d’expédition. Jusqu’en avril dernier, les préparateurs utilisaient des pistolets RF de marque Symbol. L’écran était trop petit, le terminal ne servait qu’à flasher la clef de pause et confirmer la prise. Les utilisateurs travaillaient essentiellement sur papier, le process était lent et il y avait parfois des écarts entre les informations flashées et celles indiquées sur le papier. Depuis, nous utilisons les tablettes tactiles JLT, directement montées sur chariot et équipées de douchettes de scan. Nous étions relativement fiables, mais sommes tout de même passé de cinq erreurs pour 1.000 lignes auparavant à une seule. Nous avons gagné en confort de travail avec les tablettes 12’’. L’écran est très large, plus intéressant à lire, les informations sont plus faciles à retrouver, on voit l’ensemble des lignes de préparation, on a une vision 3D de l’emplacement picking, la photo produit… En plus de la qualité, nous avons gagné 20 % en productivité ». Pourquoi pas une solution vocale ? « J’ai songé au vocal mais j’ai lu un certain nombre de retours d’expérience négatifs à ce sujet. Je pense qu’il ne faut pas prendre l’opérateur pour une machine, ça le déresponsabilise. La présence d’une voix dans le casque pendant 8 h représente une fatigue à la fin de la journée et cela peut avoir un effet sur la fiabilité. Enfin, il y a le problème des clefs de pose. On doit les faire tourner car les opérateurs les annoncent avant d’arriver au lieu de picking, ce qui ne sert plus à rien. La tablette est beaucoup plus valorisante, c’est très novateur, ils en sont très contents. Les opérateurs se sont impliqués dans le projet. Ils ont été de conseil, ont demandé à modifier l’ergonomie, ce que GRN Logistic a fait sans difficulté. La mise en place a duré deux mois et les opérateurs ont été formés en 4 h. Par rapport à l’utilisation de PDA, il n’y a plus de déplacements entre différents écrans, c’est plus simple. Interagir avec une tablette est plus agréable que de parler à une machine toute la journée. Mes opérateurs qui ont travaillé sur du vocal ne souhaitent pas revenir en arrière. Par contre, je ne mettrais pas un iPad dans mon entrepôt ». ■ PROPOS RECUEILLIS PAR PIERRE MONCEAUX DÉCEMBRE 2014 - SUPPLY CHAIN MAGAZINE ■ N°90 69 DOSSIER Mobilité et Traçabilité To B or not to BYOD1 ? u 2e trimestre 2014, 53,4 % des Français étaient équipés d’un smartphone selon la Mobile Marketing Association. Un chiffre qui grimpe à 79,2 % pour les 15-24 ans, selon le site eco-conscient.com. Les smartphones étant désormais équipés de processeurs aussi puissants que les PDA (environ 4 Ghz pour les meilleurs), il n’est pas surprenant de les voir débarquer en milieu professionnel. Et ce n’est peut-être que le début : à l’été 2014, Apple et IBM ont signé un partenariat pour développer ensemble des applications spécifiques dédiées aux professionnels visant à « redéfinir la façon d’accomplir le travail ». Dès lors se pose la question d’embrasser ou non cette tendance, de trancher entre praticité et sécurité, chacun choisissant son camp et défendant ses intérêts. « BYOD et réseau social, notamment intra-entreprise, sont de nouvelles pratiques qui vont de pair avec la génération Y, estime Cédric CibotVoisin, Country Manager France de l’éditeur de solutions de gestion de services IT EasyVista. Les gens ont des portables qui ne sont pas sécurisés mais on ne peut pas les empêcher de les utiliser au travail. Il faut donc le promouvoir en proposant des solutions. Il n’est en effet possible de contrôler l’accès aux données de l’entreprise que si l’on encourage les utilisateurs à le faire de façon responsable. Avec nos solutions, l’utilisateur peut enregistrer son portable ou sa tablette auprès du service IT, lequel peut alors maîtriser et sécuriser l’usage des matériels et l’accès aux données sensibles », préconise-t-il. Le smartphone, souvent fourni par les entreprises pour faire plaisir à leurs employés tout en exigeant une plus grande disponibilité en retour, apporte à la fois mobilité et flexibilité sur le plan professionnel. Pour certains, cet outil est un gage d’intégration rapide des sous-traitants et travailleurs saisonniers, leur téléphone devenant un outil de travail. « Particulièrement adapté aux activités ayant fréquemment recours au travail par intérim, le BYOD permet d’utiliser le smartphone de l’intérimaire quel qu’il ©HONEYWELL A Eric de Greef, ©GEOCONCEPT Business Manager EMEA Mobility chez Honeywell 70 N°90 ■ SUPPLY CHAIN MAGAZINE - DÉCEMBRE 2014 soit en y installant des applications professionnelles. C’est ce que permet de faire notre logiciel Symphony Warehouse Mobility », témoigne Jean-Daniel Chennevière, Product Manager WMS G.O.L.D. de Symphony EYC France. D’autres solutions comme DDS Mobile Tracking, sont aujourd’hui conçues nativement pour fonctionner sur smartphone, souvent indépendamment des OS (systèmes d’exploitation). Pour autant, le BYOD est loin de faire l’unanimité… Bring your own… disaster « Je préfère parler de bring your own disaster, s’amuse Eric de Greef, Business Manager EMEA Mobility chez Honeywell. Cela peut permettre dans certains cas de gérer les périodes de pointe, mais qu’en est-il du partage des données ? Ensuite, il faut regarder le total cost of ownership. Il y a un fort risque de casse dans le transport et la logistique, il faut donc prendre en compte le coup de la panne et de l’immobilisation du matériel. Même pour un matériel moins cher au départ, le R.O.I. n’est pas toujours évident par rapport au terminal durci », avise-t-il. « S’il s’agit de gérer les pics d’activité, le plus simple est encore de tourner en 2X8 ou 3X8, en changeant la batterie si besoin, ainsi que le bandeau du casque si vous utilisez du vocal, soutient Chris Heslop, Marketing Manager EMEA pour Vocollect. En effet, le module électronique contenant les micros filtreurs de bruit, au cœur de la performance du casque Bluetooth SRX2, est détachable de la partie hygiénique, ce qui permet une utilisation partagée entre les utilisateurs et les postes. Le bandeau ajustable est quant à lui propre à chacun, et représente un coût modeste », assure-t-il. Patrice Bélie, Directeur Général de l’intégrateur Hub One, accueille également l’utilisation du matériel personnel au travail avec une grande méfiance : « Le smartphone est parfois utilisé dans le transport où il peut avoir une fonction de géolocalisation et de gestion de missions. Il n’est pas forcément souhaitable de multiplier les outils du chauffeur livreur qui doit avant tout scanner les palettes. Dans le cas où il est imposé par une société qui veut diffuser sa solution propre comme un app store auprès de ses sous-traitants, le problème pour l’éditeur du TMS est la multiplication des OS car chaque téléphone et chaque version d’OS se comporte différemment avec chaque version de browser. Cela devient vite ingérable et pose un problème de communication et de visibilité. Quant à la gestion des pics saisonniers, le smartphone n’est pas forcément la solution. Je pense que c’est à nous, sociétés de service, de réfléchir à une offre saisonnière pour nos clients qui n’ont pas intérêt à avoir une flotte dépareillée avec PDA et smartphones mais au contraire une solution homogène qui monte en puissance quand on en a besoin », relève-t-il. A quand la location de matériel pay-per-use ? ■ PM 1 : BRING YOU OWN DEVICE