Danser le hip-hop - Profession Spectacle

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Danser le hip-hop - Profession Spectacle
Danser le hip-hop : une activité aux risques physiques réels
Le hip-hop est une pratique de danse très pourvoyeuse de blessures. La
connaissance des risques spécifiques est un élément-clé pour la mise en place
d’actions préventives, efficaces dès l’apprentissage. Violette Bruyneel,
kinésithérapeute travaillant avec des nombreux artistes, revient pour Profession
Spectacle sur ces risques et les moyens de les prévenir.
Hip-hop : des risques bien présents pour les danseurs
Récemment, une compagnie de danse hip-hop prend contact avec nous pour mettre en place
un temps d’échange et d’information sur les risques liés à leur pratique. Cette demande fait
suite à l’apparition des mêmes blessures pour plusieurs danseurs : leur tendon d’Achille est
atteint dans le cadre d’une création. Le travail avait été modifié : augmentation des
répétitions, travail de sauts intense et nouvelle salle avec un sol dur. Ces différents facteurs
de risques peuvent être minorés par un échauffement spécifique et une réorganisation du
travail permettant de limiter les contraintes sur le tendon.
Le danseur hip-hop est très souvent autodidacte, au sein d’une communauté ayant un suivi
médical faible et un taux de blessures élevé. Cette pratique artistique intègre généralement
des éléments gymniques et acrobatiques associés à des mouvements d’une amplitude
extrême, répétés et rythmés de manière saccadée avec la musique. Pour produire
l’esthétique désirée, le travail musculaire est fondé sur une alternance de contractions et
relaxations des muscles, avec un positionnement des articulations précis incluant
l’ensemble du corps. Le hip-hop est une pratique exigeante pour le corps, tant par les
mouvements qu’en raison de l’environnement dans lequel il est pratiqué.
Les pathologies des danseurs hip-hop
Les danseurs de hip-hop sont tous confrontés un jour ou l’autre à la pathologie.
Comparativement aux autres types de danse, les atteintes ne sont pas centrées
prioritairement sur une seule partie du corps. Ainsi, les zones touchées sont-elles la cheville
(19 %), le genou (11 %), la hanche (11 %), la main et les doigts (22 %), ainsi que la région
cervicale (8 %).
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Danser le hip-hop : une activité aux risques physiques réels
28 % des blessures sont observées au niveau
des muscles et des tendons, suivis des articulations (24 %) et des atteintes des os (12 %).
Les pathologies d’origine neurologique représentent 3 % des atteintes. La typologie de
danse hip-hop semble avoir peu d’impact sur ces fréquences, excepté la break dance qui
augmente le risque d’atteintes aux cervicales et aux membres supérieurs.
Les facteurs de risques
L’absence d’échauffement (60 % des cas !) et la fatigue (58 % des cas) sont les facteurs
intrinsèques les plus fréquents du risque de blessure, dans un cadre où l’exigence des
mouvements et la répétitivité du geste sont importants. Pour les facteurs de risques
extrinsèques, le type de sol (trop mou, trop dur ou glissant) est impliqué dans plus de 80 %
des cas, puis les chaussures (21 %) et les vêtements (10 %).
Prévention
La prévention passe par un échauffement systématique des danseurs : il comprend une
activation globale des muscles du corps et du système cardio-respiratoire, associée à des
étirements dynamiques préparant aux mouvements amples. Lors d’une séance de hip-hop,
les danseurs alternent souvent des moments d’inactivité et des moments de grande
intensité. Dès lors, il est nécessaire de conserver une activité minimale pour ne pas perdre
le bénéfice de l’échauffement, d’autant plus lorsque la danse est pratiquée dehors ou dans
un lieu froid.
L’organisation des répétitions doit par ailleurs respecter des temps de récupération, afin de
ne pas risquer le surentraînement et la fatigue chronique à l’origine de blessures. Enfin, une
attention particulière doit être portée aux sols, aux vêtements et aux chaussures, pour
limiter les facteurs de risques ; l’utilisation de certains équipements protecteurs peut
également être justifiée.
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Danser le hip-hop : une activité aux risques physiques réels
La professionnalisation et la reconnaissance artistique des danseurs hip-hop impliquent une
longévité de pratique et, souvent, un statut d’intermittent du spectacle. Ces caractéristiques
augmentent la nécessité de pratiques préventives pour limiter les blessures. Alors que
l’apprentissage autodidacte limite l’accès aux bonnes pratiques, nous observons
progressivement une structuration et un encadrement de la danse hip-hop, qui permettra de
mettre en place rapidement un suivi de la santé et des actions préventives, dès
l’apprentissage.
Violette BRUYNEEL
Violette Bruyneel, docteur en sciences du mouvement humain, kinésithérapeute spécialiste
de la prévention des troubles musculo-squelettiques des artistes (association Artcinetic).
Les informations et conseils proposés s’inscrivent dans une logique de prévention. Ils ne
peuvent en aucun cas se substituer à la consultation d’un médecin ou d’un professionnel de
santé pour l’établissement d’un diagnostic précis et la prescription d’un traitement adapté.
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