Article poids sexualité et dystrophie musculaire

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Article poids sexualité et dystrophie musculaire
Poids, sexualité et maladie neuromusculaire
Par Mahault Albarracin
Lorsque l’on regarde les forums sur les maladies neuromusculaires, un des
soucis qui semble revenir chez la plupart des participants est la perte de
poids. Notamment, la difficulté à se débarrasser du poids excédentaire qui a
pu se mettre en place à cause du manque d’exercice et de l’anxiété ou
dépression.
L’une des raisons les plus communes de ne pas avoir de relations sexuelles
avec son partenaire est la préoccupation envers l’image corporelle. Lorsque
l’on se préoccupe plus des parties de notre corps qui nous gênent que de nos
sensations dans le moment, il est normal que la sexualité perde de son
mordant. De fait, les personnes souffrant d’obésité ont en moyenne une vie
sexuelle moins satisfaisante, non pas par incapacité d’en avoir, mais par
manque de désir et évitement de la sexualité. Les personnes les plus
touchées par la préoccupation pour le poids sont les femmes et celles-ci
souffrent le plus sexuellement lorsque leur indice de masse corporel est plus
élevé (Kolotkin, Binks, Crosby, Østbye, Gress, & Adams, 2006). Chez les
hommes, le surpoids est plutôt associé à une baisse d’androgènes (hormones
sexuelles) et par conséquent à une baisse de désir sexuel, ainsi que de
potentiels
troubles
de
l’excitation
(Pasquali,
Casimirria,
Melchiondaa, Morselli Labatea, Fabbria, Capellia, &
Cantobellia,
Bortoluzzia, 1991).
Certaines études témoignent aussi du fait que nous tirions d’une façon très
importante notre estime de soi de notre satisfaction et estime de notre corps.
Ainsi, lorsque l’estime du corps est faible ou affaiblie par une prise de poids
non désirée, l’estime de soi peut aussi prendre un certain recul. Le désir
sexuel et la prise de décision sécuritaire (comme le condom, les contraceptifs,
ou la négociation d’une relation) étant associé à l’estime de soi et à l’estime
du corps de façon positive, ceux-ci peuvent reculer de façon dramatique
lorsque la satisfaction corporelle diminue (Goldenberg, McCoy, Pyszczynski,
Greenberg, & Solomon, 2000; Mendelson, White, & Mendelson, 1996).
Il peut en effet être difficile de faire de l’exercice lorsque le contrôle de notre
corps et plus particulièrement de nos muscles, est un enjeu de tous les jours.
Les participants des forums proposent plusieurs solutions comme le Yoga,
plus particulièrement le Yoga Yin qui est un yoga très doux, calme et axé sur
les étirements au sol. D’autres préfèrent des sports plus actifs comme la
danse. Les programmes Weightwatchers sont souvent mentionnés et
finalement prendre des marches après le diner, si vous le pouvez, pour
assurer de ne pas vous coucher trop tôt après avoir mangé et stimuler la
digestion.
D’autres proposent des régimes plus stricts, basés sur des féculents,
protéines et fibres, ce qui faciliterait la digestion et ainsi régulerait les selles.
Dans les régimes, on retrouve aussi le fameux Slimfast, recommandé par la
plupart des personnes qui l’ont essayé. On retrouve aussi les pilules de
vinaigre de pommes et le thé vert. Boire beaucoup d’eau.
Tous ces conseils paraissent bons, mais qu’en pensent les professionnels de
la santé?
Kimberly Reniecke, chirurgienne orthopédique, recommande en effet
l’exercice physique, mais pas pour toutes les formes de maladies
neuromusculaires ou tous les stades et certainement pas sans en parler à son
médecin avant. Les exercices aérobiques semblent être ses préférés. Ils
présentent des bénéfices pour le cœur, les fonctions pulmonaires, ainsi que
l’endurance (à ne pas laisser de côté lors de la sexualité). Les meilleures
formes d’exercices aérobiques pour les
gens atteints de maladies
neuromusculaires sont ceux à moindres impacts, tels que le vélo, la marche
ou la natation. Pour aller chercher de la force physique, soit un des manques
les plus récurrents chez les personnes souffrant de maladie neuromusculaire,
Dr Reniecke propose un entrainement très progressif, en commençant très
doucement pour ne pas se blesser. Commençant donc par 10 répétitions de
levées de poids
(10 à 15 livres), pour monter progressivement jusqu’à 3
séries de 12 répétitions. L’exercice physique est aussi associé à des
améliorations des symptômes d’une maladie neuromusculaire dans le premier
mois, puis à un plateau (soit pas plus d’amélioration). L’intensité de
l’amélioration dépend du type de maladie, ainsi que de la rapidité avec
laquelle on commence l’exercice après le début des symptômes. La force
physique augmente moins que les habiletés fonctionnelles (Bushby, Finkel,
Birnkrant, Case, Clemens, Cripe, & Constantin, 2010; Vignos, & Watkins,
1966).
Lorsque l’on parle de régimes, ceux-ci doivent être pris avec des pincettes. En
effet, la nutrition doit être prise en tenant compte de tous les éléments dont le
corps a besoin et de ceux qui peuvent aider à garder une musculature saine.
Le docteur Andrew Weil propose d’éviter les allergènes (produits laitiers,
gluten, maïs, soja, préservatifs, additifs et colorants). Ceci pouvant sembler
un peu drastique, il est recommandé de tout simplement aller faire tester ses
propres allergies chez un médecin. Il propose aussi d’éviter les stimulants
comme le café, l’alcool et le tabac, et de boire énormément d’eau (6 à 8
verres par jours). Les huiles de poisson et les poissons gras sont très
recommandés, ainsi que toutes les sources de calcium, magnésium et
vitamines D. Renforcer le système osseux est primordial lorsque le risque de
chute est important. Les Coenzymes Q (coQ10) sont recommandées en
supplément, pour assurer une meilleure oxygénation des tissus musculaires
(ce qui vous permettra de faire des efforts plus prononcés, et ainsi de faire de
l’exercice). Cependant, ces suppléments font souvent partie des traitements
expérimentaux.
Selon Michelle Lawson, nutritionniste de sport, les viandes grasses sont donc
bien à éviter, pour laisser place à de meilleures sources de protéines (viandes
maigres, haricots, poissons). Le thé vert est aussi une bonne suggestion
grâce à ses anti-oxydants, qui aident entre autres à réduire le stress (stress
étant une des causes de la perte de désir et des troubles de l’excitation).
Avec une alimentation balancée en éléments nutritifs tels que les protéines,
les vitamines, anti-oxydants, omégas, et plus faible en graisses et stimulants,
ainsi que des habitudes d’exercices adaptées à chaque situation, la perte de
poids ne devrait plus poser de problèmes majeurs, et peut être bénéfique
pour la santé physique et mentale de personnes atteintes d’une maladie
neuromusculaire.
Il reste à prendre en compte le fait que le poids ne fait pas la beauté, et que la
beauté n’est pas non plus l’élément le plus important en terme de sexualité.
Lorsqu’en présence d’un partenaire, nous prenons toute sa personne en
compte, les éléments qui excitent les uns ne sont pas les éléments qui
excitent les autres. Il peut être intéressant de faire une introspection quant à
l’importance que l’on accorde au poids et à notre apparence physique pour
prendre en compte notre potentiel sexuel et sensuel avant d’entamer des
démarches pour perdre du poids. Comme mentionné au début de l’article, le
poids n’a qu’une influence secondaire sur la sexualité. C’est l’estime de soi et
l’estime de son corps qui a une réelle influence sur notre désir et notre
excitation. Il est donc important de regarder à l’intérieur avant de regarder à
l’extérieur.
Références
Bushby, K., Finkel, R., Birnkrant, D. J., case, L. E., Clemens, P. R., Cripe, L., ... & Constantin, C. (2010). Diagnosis and management of Duchenne muscular dystrophy, part 2: implementation of multidisciplinary care. The Lancet Neurology, 9(2), 177-­‐189.
Goldenberg, Jamie L.; McCoy, Shannon K.; Pyszczynski, Tom; Greenberg, Jeff; Solomon, Sheldon, Jul 2000. The body as a source of self-­‐esteem: The effect of mortality salience on identification with one's body, interest in sex, and appearance monitoring. Journal of Personality and Social Psychology, Vol 79(1), , 118-­‐130. doi: 10.1037/0022-­‐
3514.79.1.118 Mendelson, B. K., White, D. R., & Mendelson, M. J. (1996). Self-­‐esteem and body esteem: Effects of gender, age, and weight. Journal of Applied Developmental Psychology, 17(3), 321-­‐346. Kolotkin, R. L., Binks, M., Crosby, R. D., Østbye, T., Gress, R. E., & Adams, T. D. (2006). Obesity and sexual quality of life. Obesity, 14(3), 472-­‐479. Renato Pasquali, Francesco Casimirri, Stefania Cantobelli, Nazazio Melchionda, Antonio Maria Morselli Labate, Raffaella Fabbri, Maurizio Capelli, Lucia Bortoluzzi, January 1991. Effect of obesity and body fat distribution on sex hormones and insulin in men, Metabolism, Volume 40, Issue 1, , Pages 101-­‐104, ISSN 0026-­‐0495, http://dx.doi.org/10.1016/0026-­‐0495(91)90199-­‐7. (http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/0026049591901997
) Vignos, P. J., & Watkins, M. P. (1966). The effect of exercise in muscular dystrophy. Jama, 197(11), 843-­‐848. http://www.livestrong.com/article/428324-­‐if-­‐you-­‐have-­‐muscular-­‐
dystrophy-­‐what-­‐is-­‐a-­‐good-­‐exercise-­‐routine/ http://www.livestrong.com/article/286494-­‐diet-­‐needs-­‐of-­‐muscular-­‐
dystrophy/ http://www.drweil.com/drw/u/ART03137/Muscular-­‐Dystrophy.html