Rapport sommaire
Transcription
Rapport sommaire
Forum régional de Politique humanitaire 2013 pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre 2013 - OCHA |1 Forum régional de Politique humanitaire 2013 pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre, 2-3 octobre 2013 Rapport sommaire Table des matières HISTORIQUE ................................................................................... Error! Bookmark not defined. RESUME .......................................................................................................................................... 2 SESSION 1: APPROCHES A LA VULNERABILITE ET A LA GESTION DES RISQUES DANS LA REGION AFRIQUE DE L'OUEST ET DU CENTRE ....... Error! Bookmark not defined. SESSION 2: PROGRAMMATION HUMANITAIRE POUR LA REDUCTION DES RISQUES ET LE RENFORCEMENT DE LA CAPACITE DE RESISTANCE .............. Error! Bookmark not defined. SESSION 3: APPROCHES NOVATRICES DE L'INFORMATION ET DE LA COMMUNICATION – L'EXEMPLE CONCRET DU MALI ............................................................................................... 9 SESSION 4: DETERMINER LA REPONSE EFFICACE A APPORTER AU NIVEAU NATIONAL11 SESSION 5: VERS UN SYSTEME D'INTERVENTION PLUS OUVERT ET PLUS INCLUSIF S'INSPIRER DE L'EXPERIENCE DE LA SOCIETE CIVILE ET DU SECTEUR PRIVE ............... 16 MESURES SUBSEQUENTES....................................................................................................... 19 HISTORIQUE La Division de l’Elaboration des Politiques et du Soutien Stratégique du Bureau des Nations Unies pour la Coordination des Affaires Humanitaires et le Bureau Régional pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre ont organisé, les 2 et 3 octobre 2013 à Dakar, un Forum stratégique régional pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre, le dernier en date d’une série de Forums stratégiques mondiaux et régionaux, pour : • renforcer les relations avec les partenaires, y compris les ONG nationales ? Les acteurs humanitaires régionaux, les universitaires/groupes de réflexion et les acteurs du secteur privé; • identifier les problèmes et préoccupations majeurs de ces participants, s’agissant des améliorations à apporter en matière de préparation aux catastrophes, de prévention et de réponse humanitaire dans la région ; • identifier également les principales tendances et préoccupations d’ordre stratégique ayant une incidence sur l’action humanitaire dans la région et les mesures complémentaires que pourrait prendre OCHA pour assurer une plus grande cohérence entre la coordination et l’analyse stratégique aux niveaux national, régional et international ; • s’entendre sur la réforme du volet international du système mondial d’intervention humanitaire en prévision du premier Sommet humanitaire mondial de 2016. L’atelier de deux jours a réuni plus de 50 participants de 12 pays de la région représentant des organisations humanitaires nationales et régionales, des établissements d’enseignement nationaux, des groupes de la société civile, le secteur privé et des organisations internationales. Bureau de la Coordination des Affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA) Coordination Saves Lives | www.unocha.org Forum régional de Politique humanitaire 2013 pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre 2013 - OCHA |2 RÉSUMÉ Au cours du large débat qui s’est déroulé à cette occasion, les participants ont soulevé un certain nombre de points, notamment les suivants : Un appui plus consistant et un renforcement des capacités en faveur des ONG nationales et des organisations de la société civile S’il est vrai que les ONG nationales ont permis de mieux cerner le contexte et de bénéficier d’un meilleur accès, elles n’en sont pas moins exclues trop souvent des mécanismes de coordination en place. Le manque de financement direct des donateurs demeure un problème majeur pour les acteurs nationaux. Les participants ont recommandé des investissements plus substantiels dans les initiatives de renforcement des capacités prises avec les acteurs nationaux, des partenariats plus formels et la recherche de mécanismes de financement alternatifs par le biais du microcrédit ou du secteur privé, par exemple. La nécessité de veiller à ce que les ONG nationales soient mieux appréciées, voire reconnues, pour leur permettre d’accéder aux financements internationaux a été également soulignée. Amélioration de la concertation et du dialogue avec les nouveaux partenaires La nécessité de mieux coopérer avec l’éventail de nouveaux acteurs, notamment les organisations confessionnelles et de la société civile, a été unanimement reconnue, ce qui exige la promotion des normes de base et des principes humanitaires, mais également l’établissement de modalités de collaboration, ne serait-ce qu’en dehors des structures de coordination existantes. Quant bien même le rôle du secteur privé resterait confiné dans la région, il a été unanimement admis que l’apport de compétences spécialisées et de nouvelles sources de financement se révélait de plus en plus important. Renforcement des investissements dans les systèmes d’alerte précoce/intervention rapide et d’information, notamment dans les moyens de sensibilisation à l’échelon local Bien que le Forum ait reconnu le perfectionnement continu des systèmes nationaux et régionaux de modélisation et de prévision des catastrophes naturelles, voire des conflits, le fait que l’opinion n’en soit pas informée à l’échelon local a suscité une vive préoccupation. Il faudrait, à cet effet, recourir encore plus aux langues nationales, veiller à ce que l’information soit plus accessible et investir dans l’éducation et la formation des responsables, journalistes et autres agents locaux chargés de sensibiliser l’opinion. Il est très important aussi d’aider les populations à mieux cerner et gérer les risques personnels, par la promotion de nouvelles approches en matière d’assurance, entre autres mesures. Il serait également très utile de développer les applications innovantes des nouvelles technologies de l’information et de la communication, telles que la cartographie par satellite, le recours aux téléphones cellulaires et SMS pour améliorer les évaluations de besoins, les données de base et autres aspects des interventions à mener. La nécessité de veiller à ce que tout nouveau projet soit viable et repose sur l’infrastructure et les capacités locales en place a été soulignée par ailleurs. Mesures subséquentes Le Forum s’est achevé sur un engagement des participants à continuer à réunir les universitaires, les ONG, les sociétés du secteur privé et autres acteurs de la région pour accélérer la réalisation d’un programme commun visant à donner plus d’efficacité aux interventions humanitaires, en commençant par la création d’un réseau régional d’ONG nationales. Il a été instamment recommandé de porter ces questions à l’ordre du jour d’autres forums et d’organiser éventuellement un Forum dans un pays de l’Afrique centrale. OCHA s’est engagé à poursuivre les concertations et à étudier les options qui s’offrent en matière de création de mécanismes qui soient plus à même de faciliter les échanges techniques nécessaires ou l’élaboration de politiques spécifiques. Bureau de la Coordination des Affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA) Coordination Saves Lives | www.unocha.org Forum régional de Politique humanitaire 2013 pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre 2013 - OCHA |3 SESSION 1: APPROCHES A LA VULNÉRABILITÉ ET A LA GESTION DES RISQUES DANS LA RÉGION AFRIQUE DE L’OUEST ET DU CENTRE SOMMAIRE ET QUESTIONS CLÉS Cette première session consistait à examiner les aléas climatiques et du développement, les risques de conflit et les tendances qui influent sur les besoins humanitaires dans la région. Il s’agissait aussi d’étudier les différentes approches en matière de modélisation du risque et de la vulnérabilité et de voir comment elles pourraient servir à mieux prévoir et apprécier les diverses situations qui se produisent dans la région. Les questions clés sont les suivantes: 1. Les systèmes actuels de suivi et d’alerte précoce sont-ils assez solides pour supporter les initiatives visant une meilleure préparation ? 2. Comment s’y prendre pour mieux cerner les nouveaux enjeux humanitaires et anticiper en la matière ? COMPOSITION DU PANEL Allocutions d’ouverture Robert PIPER Coordonnateur Humanitaire Régional pour le Sahel Léon Guy RAZAFINDRAKOTO Chef du Département Veille et Prévision météorologique, Centre africain pour les applications de la météorologie au développement durable (ACMAD) Okey UZOECHINA Responsable du Programme, Forewarn Initiative, Humanitarian Futures Programme (HPG), King’s College London Dr Tahirou Diaw Directeur du Laboratoire d’Enseignement et de Recherche en Géomatique, Université Cheikh Anta Diop Dr Ousman NDIAYE Agence nationale de l’Aviation civile et de la Météorologie (ANACIM) Modérateur : Sophie Baranes Coordonnatrice régionale prévention des crises et relèvement, Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) SYNTHÈSE DE LA DISCUSSION Le Forum a été ouvert par Robert Piper, Coordonnateur Humanitaire Régional pour le Sahel. M. Piper a souligné la multiplication des dossiers humanitaires due à un éventail de facteurs mondiaux, comme en témoigne le Sahel où l’insécurité grandissante et les conditions climatiques se sont traduites par un contingent d’environ 700 000 réfugiés, 11,3 millions de personnes en proie à l’insécurité alimentaire et 5 millions d’enfants de moins de cinq ans souffrant de malnutrition aigüe Bureau de la Coordination des Affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA) Coordination Saves Lives | www.unocha.org Forum régional de Politique humanitaire 2013 pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre 2013 - OCHA |4 durant une année réputée bonne en matière de récolte. Il s’avère par conséquent nécessaire de recentrer le système humanitaire international pour briser le cycle de facteurs de vulnérabilité et de crise. L’action humanitaire, l’investissement dans la bonne gouvernance, la mise en place de filets de sécurité nationaux et de systèmes de préparation, d’alerte précoce et d’intervention, l’examen des questions transfrontalières dans le cadre du projet de paix et de sécurité constituent ensemble une stratégie de lutte contre les fléaux communs qui sévissent dans la région. Il faut, toutefois, pour obtenir des résultats, adopter une nouvelle approche – qui soit plus axée sur la préparation et la réduction des risques, et renforce la capacité de résistance des populations aux chocs extérieurs récurrents. Cette nouvelle approche met les gouvernements devant leurs responsabilités concernant la vulnérabilité et le bien-être des populations nationales. Il s’avère également nécessaire d’innover encore plus, notamment pour les cas où les acteurs humanitaires et du développement sont en présence. Durant la première session, les panélistes ont présenté un éventail d’outils et approches d’évaluation des risques de conflit, des aléas climatiques, des risques du marché, des incertitudes en matière de sécurité alimentaire, des risques sévissant en milieu urbain et d’autres facteurs émergeant de la région. Le Pr. Tahirou Diaw, de l’Université Cheikh Anta Diop, a fait d’abord une « Analyse de carence des stratégies d’adaptation durables » et évoqué ensuite les défis de taille que pose une surveillance rigoureuse des facteurs de vulnérabilité, soulignant que le concept de vulnérabilité et le manque d’indicateurs communément admis constituaient un handicap et que l’on ne pouvait pas établir de méthodologie d’évaluation de la vulnérabilité à partir des données scientifiques actuellement disponibles. Cela signifiait, dit-il, que ladite évaluation se faisait au cas par cas et qu’il était difficile de généraliser d’un contexte à l’autre. Le Pr. Diaw a souligné aussi les divers obstacles qui empêchaient les gouvernements et les communautés de maîtriser la question de la vulnérabilité, à savoir notamment le manque de capacités des structures locales, le nombre limité d’experts, le fait de ne pas prendre suffisamment en compte les risques climatiques et la multiplicité des plans de développement. Il a insisté sur la nécessité de se pencher sur les appréhensions sous-jacentes que suscite une catastrophe. Après une inondation, par exemple, il y a lieu de se poser notamment les questions suivantes, au lieu de se concentrer uniquement sur l’impact immédiat : « Que faire pour que l’eau suive son cours naturel ? », « Comment améliorer les systèmes d’assainissement ? » et « Comment peut-on construire des logements sociaux durables ? » Il a souligné en outre la nécessité de renforcer les capacités locales en formant et impliquant les communautés vulnérables, et d’établir aussi un plan de communication national sur les impacts et la réponse à apporter aux catastrophes. Il a relevé enfin qu’il était essentiel de communiquer les informations nécessaires au moment voulu et de manière à ce qu’elles puissent bien les saisir et s’en servir. Léon Guy RAZAFINDRAKOTO, du Centre Africain pour les Applications de la Météorologie au Développement Durable (ACMAD) a expliqué l’approche de l’ACMAD en matière de production de données climatiques à trois niveaux – mondial, régional et local. Ces données, telles les prévisions saisonnières, servent à mieux planifier en prévision des situations d’urgence et des interventions à mener. M. Razafindrakoto a souligné les difficultés à recueillir les appréciations des usagers pour savoir précisément comment sont exploitées les données du Centre. Face à cette absence de réactions, l’ACMAD œuvre à la création d’un réseau de partage de connaissances. M. Ousmane NDIAYE, de l’Agence Nationale de l’Aviation Civile et de la Météorologie (ANACIM), a expliqué comment cette agence exploitait des données fournies dans la lutte contre les catastrophes naturelles. Le Sénégal dispose d’un réseau de stations d’observation permettant d’assurer la surveillance et les prévisions saisonnières nécessaires. Les données recueillies s’avèrent essentielles pour les cultivateurs en début d’hivernage parce qu’elles leur permettent de savoir quand Bureau de la Coordination des Affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA) Coordination Saves Lives | www.unocha.org Forum régional de Politique humanitaire 2013 pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre 2013 - OCHA |5 il faut commencer les semailles. M. Ndiaye a relevé la corrélation entre l’accès aux bonnes données climatiques et la relance de leur production agricole. Ces données permettent également de renforcer les pratiques traditionnelles tout en les enrichissant pour que les cultivateurs aient les moyens et la formation nécessaires pour tirer parti des bonnes prévisions. L’ANACIM s’évertue à former les opérateurs radio en zone rurale pour qu’ils puissent mieux relayer l’information climatique et les alertes par SMS sur les risques liés aux précipitations, à la foudre et aux autres conditions climatiques importantes pour les agriculteurs. S’agissant du type d’information, M. Ndiaye a souligné la nécessité de fournir des données ciblées et de plus en plus précises à une plus petite échelle géographique, même si aucune entité n’est actuellement prête à en supporter le coût. Le dernier panéliste, Okey UZOECHINA, a présenté l’Initiative Forewarn – projet novateur visant à réduire encore plus les risques de catastrophe en renforçant le dispositif perfectionné d’alerte précoce de la CEDEAO, s’agissant, par exemple, d’identifier et d’analyser les facteurs de conflit et d’instabilité, ainsi que de raz-de-marée et de risque naturel. L’Initiative Forewarn a pour but de promouvoir une approche stratégique et œuvre en collaboration avec 11 Départements de la CEDEAO et plus particulièrement avec le Département Humanitaire. Elle a adopté une approche verticale de promotion du partage d’informations et de l’acquisition de connaissances aux niveaux régional et national. Trois grands projets ont été mis en œuvre dans le cadre de l’Initiative Forewarn : l’Outil d’auto-évaluation organisationnelle (OSAT), qui a révélé que les données en matière d’alerte précoce sur les risques de conflit étaient utiles, mais que l’analyse subséquente n’était pas suffisamment prise en compte dans les activités courantes et que les capacités de prévision, d’anticipation et de préparation laissaient à désirer, notamment en ce qui concerne les catastrophes et les risques de crise humanitaire. L’OSAT est en cours d’application comme outil de promotion d’un processus d’examen et l’Initiative Forewarn a étendu la liste des indicateurs d’alerte précoce au-delà des conflits en établissant notamment des indicateurs portant sur les catastrophes et les crises humanitaires; les deux autres projets mis en œuvre dans le cadre de l’Initiative consistent en un exercice régional de cartographie sur les risques de catastrophe transnationale et un répertoire sur la réduction des risques qui est actuellement mis en œuvre dans sept États membres de la CEDEAO. En somme, il s’avère nécessaire, pour améliorer les systèmes d’alerte précoce, d’exploiter les ressources des institutions en place ; de renforcer les partenariats et le partage d’informations aux niveaux national et local et de recourir à la communication mutuelle pour toucher les zones vulnérables et renforcer la participation communautaire au processus d’alerte précoce. La discussion a été axée ensuite sur les moyens d’assurer la mise en œuvre effective des outils d’information et d’alerte précoce à l’échelon local et au profit des populations, ce qui a amené un participant à dire que « le transfert d’information est plus important que le transfert de ressources. » Certains se sont déclarés préoccupés par le fait que les populations locales ne savent pas comment accéder à l’information voulue et d’autres ont souligné le manque de communication entre les différents groupes, étant donné que beaucoup de profanes ne comprennent pas le langage technique. Il en va de même tant pour les cultivateurs que d’autres utilisateurs finals, mais également pour les milieux politiques et les décideurs. L’information doit être en temps réel, succincte, exacte et accessible, selon les participants. Elle doit être également traduite dans les langues locales et non donnée simplement en français ou anglais. Le rôle des médias a été évoqué aussi, beaucoup de journalistes ne maîtrisant pas l’information en matière d’alerte précoce et se trouvant dès lors dans l’impossibilité de la relayer précisément. Les participants ont souligné la nécessité d’aller au-delà des données climatiques et d’étudier d’autres sources, comme l’information relative aux plantes fourragères au profit des pasteurs, qui permettrait de mieux parer aux chocs que constituent les pertes brutales des moyens de subsistance. Certains ont insisté sur l’intégration du savoir traditionnel et local dans ces approches techniques, mais d’autres ont rétorqué qu’il fallait faire la distinction entre le savoir traditionnel pouvant être incorporé dans la théorie scientifique et les approches plus « mystiques » qui sont incompatibles. Bureau de la Coordination des Affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA) Coordination Saves Lives | www.unocha.org Forum régional de Politique humanitaire 2013 pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre 2013 - OCHA |6 Certains se sont plaints du manque de ressources nécessaires, tant pour recueillir que pour diffuser des données cruciales et ont lancé un appel à une meilleure sensibilisation au niveau des décideurs et donateurs; à signaler aussi à cet égard qu’en dehors des capitales, on est confronté au problème du manque de capacités pour faire fonctionner des systèmes d’alerte précoce. Les participants ont souligné, par ailleurs, la nécessité de prévoir des mesures d’incitation pour encourager un personnel compétent à servir dans les zones rurales pour aider les administrations locales à s’auto-évaluer. Il a été largement reconnu qu’il fallait autonomiser les collectivités et décentraliser la diffusion d’informations. Les participants ont également discuté des incidences de l’information en tant que droit et des moyens de responsabiliser les différentes institutions devant la population à propos de la diffusion des données d’alerte précoce, soulignant en particulier que les besoins des femmes, des groupes et secteurs informels n’étaient pas toujours pris en compte dans le processus de planification. Certains ont insisté sur l’importance d’intégrer les outils de gestion des risques dans la planification urbaine et l’exploitation des terres, le gouvernement étant tenu de veiller à préserver les populations des zones dangereuses. Plusieurs participants ont évoqué la nécessité d’uniformiser les systèmes nationaux et régionaux d’alerte précoce pour éviter les messages contradictoires et il a été dûment reconnu qu’il était essentiel d’uniformiser les données régionales reçues des bureaux de pays et de créer de meilleurs réseaux de partage d’informations pour une analyse approfondie. On notera parmi les points importants soulevés la nécessité de disposer, tant soit peu, de moyens de donner suite aux alertes précoces. Au Burkina Faso, des unités mobiles sont disponibles pour assurer l’irrigation d’appoint nécessaire et parer ainsi aux mauvaises récoltes que peut occasionner une mauvaise prévision des pluies. A noter, toutefois, que ces moyens ne sont pas toujours disponibles. La nécessité de promouvoir une culture de résistance par le biais des activités de sensibilisation qui doivent accompagner les tendances émergentes a été également évoquée. Un participant a rétorqué cependant en citant l’exemple du Tchad où aucun mécanisme n’est disponible pour parer aux risques liés au climat et aux catastrophes naturelles et où les inondations annuelles contraignent les autorités compétentes à utiliser les fonds d’urgence et à redistribuer par conséquent des ressources destinées à d’autres usages. Certains participants ont souligné la nécessité d’étendre les systèmes d’alerte précoce aux conflits, citant le cas du Mali. Un des intervenants a posé ensuite la question de savoir comment on pourrait mettre à profit les défaillances des systèmes d’alerte précoce pour mobiliser des appuis politiques et un autre participant a proposé plutôt l’élaboration de plans d’intervention en prévision des conflits. Il a été reconnu que l’information touchant aux crises était intrinsèquement politique et que les gouvernements manifestaient souvent une certaine réticence à reconnaître l’ampleur des catastrophes, d’où la nécessité d’encourager des données ouvertes et de promouvoir la mise en place de structures intergouvernementales. Il s’avère essentiel, en somme, d’étudier les possibilités de faire une analyse multisectorielle et multirisques qui soit plus étroitement liée à l’élaboration des politiques. Bureau de la Coordination des Affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA) Coordination Saves Lives | www.unocha.org Forum régional de Politique humanitaire 2013 pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre 2013 - OCHA |7 SESSION 2 : PROGRAMMATION HUMANITAIRE POUR LA RÉDUCTION DES RISQUES ET LA RÉSILIENCE SOMMAIRE ET QUESTIONS CLÉS La session étudiera comment les informations sont utilisées pour réduire les risques et améliorer l’efficacité des réponses humanitaires. Elle débattra également de la manière dont une approche de gestion des risques peut être appliquée pour une meilleure préparation aux catastrophes et aux conflits. Les questions clés sont les suivantes : 1. Quelles sont les options en termes d’élaboration de programmes pour réduire les risques de catastrophe et renforcer la résilience ? 2. Quels changements structurels sont nécessaires pour réorienter les systèmes humanitaires nationaux et internationaux dans le cadre d’une approche privilégiant la gestion des risques afin de favoriser une meilleure préparation ? COMPOSITION DU PANEL Capitaine Cheikh TINE Chef de la Division des Études et Opérations, Direction de la Protection civile (DPC), Ministère de l’Intérieur Norbert ALLALE Coordinateur régional de Gestion des risques de catastrophe, du Bureau régional du Sahel, IFRC Koko WARNER Chef de la Section Migration environnementale, Vulnérabilité sociale et Adaptation, UNU Modérateur : Isabelle KANE Spécialiste en Gestion des risques et catastrophes, Banque mondiale SYNTHÈSE DE LA DISCUSSION Au cours de la deuxième session, les participants ont fait des présentations sur les différentes approches de la programmation qui intègrent la réduction des risques et des outils de renforcement de la résilience dans la programmation humanitaire. Le Capitaine Cheik TINE, de la Direction de la Protection civile, a décrit la structure de réaction face aux situations de catastrophe du gouvernement sénégalais. Cette structure comprend un plan stratégique national et un programme de gestion des risques. Malgré la forte coordination entre les différents acteurs nationaux et internationaux, il était nécessaire de mettre à jour les règlements. En outre, il y avait un manque de données fiables sur les zones à risque et sur les effets des catastrophes. Le Capitaine Tine avait deux principales recommandations : premièrement, il fallait une cartographie des risques sur une responsabilité à l'échelle nationale pour les différents secteurs économiques et des vulnérabilités des différentes communautés ; deuxièmement, il fallait une plateforme nationale pour la réduction des risques composée de représentants du gouvernement, du secteur privé, de la société civile, des donateurs et des partenaires au développement, susceptible Bureau de la Coordination des Affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA) Coordination Saves Lives | www.unocha.org Forum régional de Politique humanitaire 2013 pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre 2013 - OCHA |8 d’aider à la formulation de politiques et de contribuer à la mise en œuvre des procédures de réduction des risques et catastrophes appropriées. Norbert ALALLE, de la Fédération internationale de la Croix-Rouge (FICR), a examiné les outils utilisés par la FICR pour prendre en charge la RRC et la résilience, y compris les outils de cartographie des risques. Allale a souligné que les enjeux de la réalisation d’un programme de réduction des risques efficace sont l’anticipation des activités de RRC dans la planification et la programmation des coûts ; la garantie de la rentabilité ; la gestion des données aux niveaux national et communautaire; et la justification de l’absence de prise de décision pertinente par les gouvernements et les acteurs politiques ; en plus du défi de l’absence de prise de décisions politiques pertinentes et de l'insuffisance des fonds disponibles avant une catastrophe pour assurer la prévention et la préparation. Allale a souligné que la perception du risque devait être considérée individuellement, notant que si les individus ne se sentent pas menacés, il était peu probable qu’ils se préparent ou changent leur comportement. En conséquence, ils ont utilisé une gamme de techniques participatives de la cartographie des risques, qui ont offert aux membres de la communauté une perspective plus globale de leurs communautés et facilité la communication sur les questions importantes de la communauté concernant l’amélioration de la programmation. Une fois la carte des risques achevée, elle a été divisée en domaines prioritaires et les organisations partenaires ont été identifiées pour travailler sur les questions majeures dans chaque domaine. L’essentiel était d’aider à renforcer les capacités des communautés et des mécanismes opérationnels locaux. Elle a également été utilisée comme base de plaidoyer pour encourager les gouvernements à s’acquitter de leurs obligations. Pour conclure, Allale a souligné que la clé pour surmonter les défis était de s’assurer que la gestion des risques est intégrée dans la programmation dès le début ; et d’améliorer la rentabilité en assurant la cohérence dans la collecte et l’évaluation des données. Par exemple, tout récemment au Mali, un problème de méthodologie a conduit à un retard de huit mois dans la validation des données. Koko WARNER de l’Université des Nations Unies a abordé la question des nouveaux outils de renforcement de la résilience des moyens de subsistance dans le contexte des catastrophes naturelles. Elle a souligné la nécessité d’éviter le recours à l’action humanitaire et de changer les structures d’incitation afin que les populations soient encouragées à mieux gérer les risques. L’assurance était un modèle utile parce qu’elle disposait de méthodologies claires pour évaluer les pertes et dommages potentiels, avait encouragé le renforcement de la résilience et créé un mécanisme bien défini pour fournir un financement à temps après une catastrophe. En Éthiopie, le PAM et une compagnie d’assurance privée ont travaillé ensemble pour fournir des crédits du programme « travail contre nourriture » qui pourraient être utilisés pour payer les primes d’assurance. Le travail lui-même consiste en des activités de renforcement de la résilience, comme la prévention de l’érosion des sols, et l’assurance leur a permis de prendre des décisions plus prudentes sur le moment des semences. Il y avait également une gamme de nouveaux programmes d’assurance nationaux et régionaux, tels que « Africa Risk Capacity », qui a fourni des fonds au niveau national sur la base des conditions météorologiques. Au cours des débats, il y a eu une série de commentaires sur la question de savoir comment amener les communautés à mieux comprendre et gérer leur propre risque. Les participants ont souligné la nécessité d’harmoniser les activités des différentes parties prenantes, et de veiller à ce que les plans soient effectivement opérationnels. Cela nécessiterait le développement des capacités de la communauté, mais aussi une meilleure institutionnalisation de ces approches au sein des organisations humanitaires. Alors que les outils existants, comme la vulnérabilité et l’évaluation des capacités, ont été utiles, ils ne sont pas toujours utilisés de façon systématique, ce qui a conduit une programmation humanitaire qui n’était pas adaptée aux besoins réels des communautés et des gouvernements. Bureau de la Coordination des Affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA) Coordination Saves Lives | www.unocha.org Forum régional de Politique humanitaire 2013 pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre 2013 - OCHA |9 Il a été noté que l’Union africaine (UA) tente actuellement de mettre en place une compagnie d’assurance risque en cas de catastrophe et est actuellement dans la phase de détermination de la prime. L’UA cherche également à développer les cadres juridiques nécessaires à un tel régime d’assurance et à identifier un pays qui accueillerait cette compagnie d’assurance. Il a été souligné que l’assurance n’était pas une solution miracle, mais elle doit plutôt être incluse dans le contexte plus large de la gestion globale des risques. Pour éviter les abus ou la fraude, des mesures appropriées de protection des consommateurs doivent être prises et les autorités de réglementation impliquées dans leur mise en œuvre. Bureau de la Coordination des Affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA) Coordination Saves Lives | www.unocha.org Forum régional de Politique humanitaire 2013 pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre 2013 - OCHA | 10 SESSION 3 : APPROCHES NOVATRICES À L’INFORMATION ET À LA COMMUNICATION – ÉTUDE DE CAS SUR LE MALI SOMMAIRE ET QUESTIONS CLÉS L’information s’entend de plus en plus comme un besoin fondamental, sinon un droit, pendant une situation de crise humanitaire. En veillant à ce que les individus touchés par une crise disposent rapidement d’informations précises, on peut sauver des vies et, sans informations précises sur les besoins, il n’est pas possible de faire une programmation humanitaire. Même dans les zones bénéficiant d’un faible accès aux nouvelles technologies des communications, de nouvelles méthodes d’utilisation des anciennes technologies, comme la radio, aident à réduire la fracture numérique. En utilisant le Mali comme étude de cas, la session étudiera de nouvelles approches à la communication et au respect de l’obligation de rendre compte ainsi que les implications de la programmation humanitaire. Les questions clés sont les suivantes: 1. Comment l’innovation peut-elle nous aider à transformer la manière dont nous communiquons dans le domaine de la programmation humanitaire ? 2. Quelles sont les implications de la perception de l’information comme un besoin ou un droit fondamental lors de la conception d’une réponse humanitaire ? COMPOSITION DU PANEL Ian NOBLE Directeur régional, Département Afrique Subsaharienne, Internews Guido PIZZINI Chargé de la Gestion de l’Information, OCHA, Mali Nicolas CHAVENT Directeur de projet a.i, OpenStreet Map Modérateur : Christian CLARK Chargé des Affaires humanitaires, Services de Communications, OCHA SYNTHÈSE DE LA DISCUSSION Au cours des débats, les participants ont posé la question de savoir comment mieux écouter les communautés locales, et des questions sur l’utilisation de la langue locale, des médias et des nouvelles technologies, et le concept de l’information comme un droit. Ian NOBLE d’Internews a souligné que malgré l’accord selon lequel la communication était une aide, ce n’est pas toujours appliqué sur le terrain. Il a présenté le Projet Mali d’Internews qui avait créé un service d’information humanitaire qui assurait la liaison entre les médias, notamment la radio locale, et les organisations humanitaires. Le Mali compte entre 250 et 300 stations de radio, avec beaucoup de personnes utilisant des téléphones mobiles comme des récepteurs radio. Internews a travaillé Bureau de la Coordination des Affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA) Coordination Saves Lives | www.unocha.org Forum régional de Politique humanitaire 2013 pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre 2013 - OCHA | 11 avec l’un des plus importants réseaux de radio et a réalisé une émission quotidienne de 20 minutes en français, en bambara et dans plusieurs autres langues locales ; cette émission a fourni des informations utiles pour les personnes déplacées, les réfugiés et les populations hôtes. Ces émissions ont également aidé les populations à comprendre les principes et l’action humanitaires, et permis de mieux former des journalistes qui pourraient faire rapport sur ces questions. Ces programmes avaient un lien sur un site Web, même si l’accès à l’Internet était limité dans la majeure partie du nord du Mali, Internews travaille avec Souktel, l’opérateur de télécommunications local, pour utiliser les SMS pour recueillir les observations des populations concernant les programmes humanitaires. Guido PIZZINI a présenté l’utilisation des activités de SIG par OCHA-Mali pour appuyer la prise de décision au Mali. Il a expliqué que l’équipe de pays Mali a mis en place un groupe de travail SIG inter-cluster pour aider à améliorer la collecte et l’analyse des données. Initialement, l’accent avait été mis sur la cartographie de la fonctionnalité et de l’état des services sociaux de base dans le nord du Mali, afin de mieux comprendre si elles pouvaient absorber les rapatriés. En utilisant toutes les données publiques et des partenariats avec Humanitarian Open Street Map et d’autres initiatives, ils ont réussi à cartographier le nombre d’écoles, de centres de santé, de points d’eau et de centres de nutrition et à identifier les villes prioritaires confrontées à d’importantes lacunes. Cela a ensuite été utilisé pour l’élaboration du plan stratégique et des indicateurs significatifs. En termes de viabilité à long terme, ils ont travaillé en étroite collaboration avec l’Institut géographique du Mali en vue de renforcer leurs capacités et, à terme, remettre les données une fois la crise passée. Nicolas CHAVENT a expliqué la structure de Humanitarian Open Street Map, qui utilise une équipe de volontaire éloignés et sur le terrain pour améliorer la cartographie locale. Open Street Map utilise un large éventail d’imagerie satellitaire et des ensembles de données ouvertes, complétés par des activités de cartographie sur le terrain. Dans des contextes comme le Mali, l’accent était mis sur la formation et le développement des capacités locales, y compris la traduction des documents de formation en langues régionales. Les cartes détaillées ont ensuite été utilisés pour appuyer la planification humanitaire, notamment la cartographie des services sociaux de base. Au cours des débats, les participants ont soulevé des questions comment prendre en charge les intérêts politiques ou autres qui tentent de manipuler l'information, et la nécessité d’avoir des voix et médias indépendants. Un participant a souligné la nécessité d’inclure les évaluations de la communication dans la programmation afin de mieux comprendre comment les individus communiquent généralement. D’autres participants ont souligné la nécessité de disposer de systèmes de feed-back, et de veiller à ce que ce feedback soit régulièrement retourné aux clusters ou aux autres entités de coordination et décideurs. Les participants ont également souligné la nécessité de travailler aussi bien avec les médias grand public qu’avec les médias sociaux pour aider à répondre aux rumeurs, et de veiller à ce que les plateformes de crowdsourcing (externalisation ouverte) soient équipées de filtres appropriés. Bureau de la Coordination des Affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA) Coordination Saves Lives | www.unocha.org Forum régional de Politique humanitaire 2013 pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre 2013 - OCHA | 12 SESSION 4 : COMPRENDRE CE QUE L’ON ENTEND PAR UNE RÉPONSE EFFICACE AU NIVEAU NATIONAL SOMMAIRE ET QUESTIONS CLÉS Les ONG locales et les Organisations de la société civile (OSC) intervenant dans la région jouent un rôle de plus en plus primordial dans les initiatives en faveur des populations dans le besoin. Les Organisations régionales, comme la CEDEAO, sont de plus en plus réceptives à l’action humanitaire et la soutiennent de plus en plus. Si le système international peut offrir des ressources et des connaissances spécialisées, il a souvent des difficultés à comprendre le contexte local ou la manière de s’y prendre avec les acteurs locaux. Ces problèmes sont encore plus importants dans les situations de crise ou de conflit complexes. Cette session a mis l’accent sur les expériences et les défis des ONG et des organisations de la société civile nationales en termes de collaboration avec les acteurs internationaux et régionaux et s’est focalisée sur la manière dont le système international peut travailler avec les intervenants humanitaires nationaux et régionaux et les soutenir afin de garantir l’efficacité de l’action humanitaire. La séance a débuté par des allocutions d’ouverture sur ce à quoi pourrait ressembler le système humanitaire à l’avenir. Les questions clés sont les suivantes : 1. Qui sont les acteurs essentiels impliqués dès les premières phases de la réponse rapide nationale et quel est le degré d’efficacité de leur coordination ? 2. Quels sont les principaux défis à relever pour une collaboration et une coordination efficaces entre acteurs humanitaires nationaux et internationaux ? COMPOSITION DU PANEL Nestor COMPAORE Coordinateur de Programme, CREDO-HCR – Sociologue, CREDO Burkina Faso Karamoko SANOGO Responsable du Secteur Eau, Hygiène, Assainissement et Décetralisation, Association Action Mopti Augusta AUGIER Administrateur de Programme, Alima Loubna BENHAYOUNE Responsable principal des Affaires humanitaires, OCHA Mauritanie Modérateur : Wendy FENTON Coordonnatrice Humanitarian Practice Network, HPG/ODI SYNTHÈSE DE LA DISCUSSION Au cours de la Session, les participants ont suivi des exposés des représentants des acteurs nationaux et internationaux portant sur les moyens de renforcer l’efficacité de l’intervention humanitaire au niveau national. Ils ont ensuite été répartis en groupes thématiques pour discuter des aspects les plus importants d’une réponse efficace et de la manière de les aborder. Bureau de la Coordination des Affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA) Coordination Saves Lives | www.unocha.org Forum régional de Politique humanitaire 2013 pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre 2013 - OCHA | 13 Nestor COMPAORÉ de CREDO Burkina Faso a donné un aperçu du travail de son organisation en matière d’assistance aux réfugiés, aux victimes des inondations et de l’insécurité alimentaire chronique, ainsi que des actions qu'elle mène dans les domaines de la réduction des risques de catastrophes et de la protection de l’environnement. Au nombre des défis que rencontre son organisation, il a cité les lenteurs constatées dans les interventions en cas de survenue d’une situation d’urgence et l’absence d’harmonisation et de coordination, ainsi que les insuffisances qui en découlent. Il a souligné que les relations entre les acteurs nationaux et internationaux sont souvent empreintes parfois d’un esprit de compétition plutôt que de coopération et que les réalités socioculturelles restent ignorées. Il a recommandé la mise en place de cadres de consultation permanents qui facilitent l’échange d’informations dès le début d’une crise. M. COMPAORÉ a relevé la nécessité de mettre davantage l’accent sur la coordination et la promotion de la complémentarité. À cet égard, il a indiqué que l’approche des clusters semble parfois problématique, vu que le ciblage sectoriel n’est pas toujours approprié. Pour conclure, il a évoqué, en ce qui concerne les refugiés, la nécessité de tenir davantage compte des populations hôtes pour éviter des tensions et de reconnaitre leur contribution au règlement de la situation des réfugiés. Karamoko SANOGO de l’Association Action Mopti a décrit l’expérience de son organisation en tant qu’ONG (créée en 1986) qui a eu à intervenir dans la récente crise malienne qui a provoqué le déplacement d’un grand nombre de personnes et ouvert la porte à de nombreux groupes humanitaires nouvellement arrivés à Mopti. Il a indiqué que malgré la mise en place d’un Comité régional de crise, de nombreuses ONG ne s’étaient pas enregistrées auprès du gouvernement, créant ainsi des difficultés supplémentaires en termes de coordination. Il a également déploré le fait que de nombreux groupes aient fourni de l'aide et soient repartis sans en assurer un suivi adéquat. De plus, en raison de la concentration des groupes humanitaires dans la ville de Mopti, les populations des zones rurales ne recevaient pas l’appui nécessaire. Augusta AUGIER d’Alima a fait une présentation sur un nouveau modèle de collaboration axé sur le renforcement des capacités des ONG nationales intervenant dans le secteur de la santé. Alima a créé une alliance des acteurs nationaux appartenant aux partenaires nationaux qui ont des responsabilités collectives dans les projets. Alima voit son rôle comme consistant principalement à aider à combler les lacunes existantes par l’encadrement et le développement institutionnel à travers le développement des organes directeurs chargés du contrôle de ces institutions. Alima a également créé un cadre de partage de compétences spécialisées, regroupant des experts en paludisme et d’autres spécialistes, basés à Dakar et disponibles à des fins de déploiement. Alima fait par ailleurs la promotion des échanges professionnels entre les pays pour présenter aux acteurs d’autres projets et renforcer leurs compétences en gestion. Le défi identifié par Augier est que les ONG nationales ont certes des coûts moins élevés, mais ils disposent de fonds limités puisque de nombreux bailleurs n’acceptent pas de les financer directement. Il est également nécessaire d’augmenter les salaires des ONG nationales pour réduire le nombre de personnes qui quittent au profit des ONG internationales et retenir les capacités une fois développées. Augier a reconnu que les ONG nationales peuvent des fois être moins neutres vis-à-vis du gouvernement, mais que d’habitude, il y a un moyen de parvenir à une vision commune par la discussion. Loubna BENHAYOUNE d’OCHA Mauritanie a évoqué les difficultés à assurer la coordination de l’aide humanitaire internationale dans un nouveau pays. Benhayoune a insisté sur la nécessité de transformer les lacunes en opportunités en mettant sur pied des mécanismes d’encadrement, des activités de sensibilisation et de soutien à l’intention des ONG et à la société civile concernant les principes humanitaires ainsi que les normes éthiques et techniques. Ce travail devrait trouver un écho dans le comité de coordination au niveau gouvernemental, avant d’être relayé auprès des parties prenantes locales par l’entremise des points focaux. Benhayoune a noté que ces efforts permettraient aux acteurs de parler le même langage et de formuler des recommandations en faveur d’une réponse humanitaire efficace. Benhayoune a également fait savoir que la communauté humanitaire a tenté de mettre à disposition des mécanismes et outils appropriés, comme le partage Bureau de la Coordination des Affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA) Coordination Saves Lives | www.unocha.org Forum régional de Politique humanitaire 2013 pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre 2013 - OCHA | 14 d’information, des mesures de renforcement des capacités, en mettant l’accent sur l’appropriation de ces structures. Selon lui, il importe également de mettre en place des mécanismes de responsabilisation concernant l’appui des structures locales au développement de systèmes innovants de suivi et d'évaluation. Les participants ont souligné la nécessité d’adapter les réponses internationales aux normes locales, et de s’assurer que le matériel humanitaire fourni est approprié à la culture locale. Certains participants ont souligné l’importance d’entamer un dialogue avec les personnes affectées pour déterminer les types d’aide dont elles ont besoin et qui sont souhaités par les communautés bénéficiaires. Un participant a souligné qu’il était essentiel que les clusters s’intègrent aux structures gouvernementales, et a cité en exemple le Mali où le gouverneur de région a facilité la mise en place d’un groupe chargé de coordonner les activités des ONG régionales. D’autres participants ont relevé que dans les pays qui ne disposent pas de structures humanitaires, il est indispensable de créer des points d’accès au gouvernement pour les différents acteurs. C'est notamment le cas en Afrique de l’Ouest, puisque l’action de la société civile s’était surtout concentrée sur le développement et ce n’est que récemment qu’elle a commencé à s’impliquer dans l’action humanitaire et les mécanismes de gestion des catastrophes. Les participants ont eu une discussion franche sur les différentes approches concernant l’accès au financement pour les ONG locales, y compris les questions comme l’impact de la législation antiterroriste, et la possibilité d’avoir davantage de programmes de certification. Il a été observé que l’OFADEC était l’une des premières ONG nationales à être certifiées auprès du Réseau d’apprentissage pour la responsabilisation et l’efficacité en matière d’assistance humanitaire (ALNAP). D’autres participants ont indiqué que la certification devrait être fondée sur la capacité à évaluer les besoins et à apporter une réponse adaptée, mais pas créer un système fermé. Plusieurs intervenants ont affirmé que la concentration excessive des organisations dans l’industrie humanitaire n’encourage pas l’innovation et l’émergence de nouvelles idées. Il est important, en procédant à la certification ou au renforcement des capacités des ONG, de ne pas se contenter d’alourdir la bureaucratie ou d’émuler les structures des organismes internationaux. Sur la question de savoir comment intégrer les nouveaux acteurs, il a été reconnu que même s’il y a lieu de réviser et promouvoir les normes ; il a été dûment noté que, dans les faits, certains groupes étaient peu enclins à rejoindre les structures de coordination. Un exemple a été donné du Mali, où plusieurs organisations religieuses ont été invitées à rejoindre les comités régionaux de coordination mis sur pied par le gouvernement, mais au moins une organisation islamique a refusé d’y participer. GROUPES THÉMATIQUES SUR CE QU’EST UNE RÉPONSE EFFICACE Au cours de la séance, les participants ont été répartis en groupes thématiques et invités à se pencher sur la question « Que signifie pour vous une réponse efficace ? » et à énumérer les trois éléments les plus importants d’une réponse efficace, mais également à formuler des recommandations sur la façon de les aborder. Un grand consensus s’était dégagé autour des éléments d’efficacité qui ont été identifiés. Ce sont notamment : • La rapidité : Plusieurs groupes ont mentionné la « rapidité » ou « l’opportunité » comme étant la première condition d’une réponse humanitaire efficace. Le terme rapidité a été analysé et certains ont demandé si la « rapidité » était fonction de la durée de la réponse ou de la rapidité avec laquelle une assistance humanitaire était apportée. Un groupe a souligné que la « rapidité » désigne le temps entre le moment où un besoin se manifeste et celui où un service est fourni. De nombreuses personnes ont affirmé la nécessité d’utiliser la technologie Bureau de la Coordination des Affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA) Coordination Saves Lives | www.unocha.org Forum régional de Politique humanitaire 2013 pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre 2013 - OCHA • • • • • • | 15 et de nouvelles approches pour recueillir des informations en vue d’accélérer les évaluations des besoins. La coordination : Un autre élément mentionné par presque tous les groupes pour garantir une réponse humanitaire efficace débattu par le groupe a porté sur la coordination, surtout pour éviter le double emploi et des interventions chaotiques dans l’ensemble. Un exemple donné a été que souvent une petite action fait l’objet d’une réponse assez disproportionnée qui ne satisfait pas aux besoins ciblés. Par coordination, la plupart des participants entendaient : une réponse inclusive, éclairée, et proportionnée aux besoins ; il a également été relevé qu’un système de suivi & évaluation est indissociable d’une réponse éclairée ; ainsi que la participation des communautés affectées. Le leadership : Un autre aspect important a été : qui était responsable de la coordination ? Certains participants ont soutenu que le gouvernement national est responsable en dernier ressort ; d’autres ont noté qu'il existe déjà des systèmes traditionnels de coordination de l’action humanitaire. Ils ont toutefois tous reconnu que le leadership concernant la coordination devrait être amélioré. Un participant a proposé la création d’un fonds qui serait immédiatement mis à la disposition des gouvernements nationaux pour faire face aux situations d’urgence le temps d’attendre l’arrivée de l’aide internationale. Il a en outre été proposé qu’un comité de pilotage au niveau national se charge de la coordination. L’Adaptabilité et l’adéquation : La plupart des groupes ont mis en avant la nécessité pour toute réponse d’être appropriée au contexte et à la culture des communautés cibles et préconisé que les approches soient adaptées pour refléter le contexte local. Il s’agit notamment de s’assurer que le matériel de secours est pertinent pour les populations locales, que les normes culturelles sont respectées, et que les acteurs humanitaires travaillent avec les structures existantes. Il a été souligné la nécessité de s’appuyer sur l’expérience locale, plutôt que d’importer des modèles conçus ailleurs. Il faut ajouter à cela la nécessité d’avoir des données contextuelles exactes et de procéder à des suivis & évaluation rigoureux pour que les réponses puissent être ajustées selon les besoins au fil du temps. La résilience et l’impact à long terme : Des groupes ont souligné qu’une réponse humanitaire doit s’attaquer aux causes profondes des problèmes, renforcer la résilience des communautés à long terme et éviter de créer la dépendance vis-à-vis de l’aide. Pour ce faire, il faudrait une meilleure coopération entre les acteurs humanitaires et ceux du développement. D’autres ont mis en garde contre tout amalgame entre le travail de réduction des risques de catastrophes et l’action humanitaire, en faisant remarquer que dans de nombreux cas il est important de préserver la distinction afin de sauvegarder les principes humanitaires. Plusieurs groupes ont également indiqué que le renforcement des capacités et le transfert de compétences devraient constituer une grande priorité pour les acteurs internationaux. La préparation et l’anticipation : Certains groupes ont insisté sur la nécessité d’accroitre l’investissement dans les systèmes d’alerte rapide/d’action précoce. Ils ont souligné que sans une préparation et une alerte efficaces, une réponse opportune et appropriée est impossible. Les normes et principes : Quelques groupes ont mis l’accent sur la nécessité d’assurer des normes minimales et uniformes, indépendamment de qui intervient lors d’une crise. Il convient également de promouvoir les principes humanitaires, en particulier auprès des nouveaux acteurs qui s’engagent de plus en plus dans l’action humanitaire. Bureau de la Coordination des Affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA) Coordination Saves Lives | www.unocha.org Forum régional de Politique humanitaire 2013 pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre 2013 - OCHA • | 16 Le participatif et l’interactif : Alors que presque tous les groupes ont évoqué la nécessité d’écouter et de travailler plus avec les populations touchées, comme volet important de la coordination ou de l’adaptabilité, plusieurs groupes ont également vu le degré d’interactivité et de participation d’une réponse comme étant un élément décisif de l’efficacité elle-même. Les recommandations formulées par les groupes pour relever ces défis ont été, notamment : • • • • • • • • • La décentralisation du processus décisionnel dans une réponse au profit des acteurs locaux et sur le terrain ; Le recours accru à des méthodes participatives et des approches multisectorielles pour procéder à l’évaluation des besoins ; Un meilleur partage des connaissances sur les bonnes pratiques, en particulier parmi les organisations locales ; Une meilleure cartographie et certification des ONG et des nouveaux acteurs nationaux en vue d’une meilleure appréhension des capacités disponibles pour une réponse ; Une meilleure planification stratégique et opérationnelle ; Une formation spécialisée plus poussée des acteurs nationaux dans les domaines du suivi & évaluation et autres ; Investir davantage dans la préparation opérationnelle, comme le pré-positionnement de l’aide; Une meilleure diffusion des éléments d’orientation dans le domaine humanitaire – comme le droit international humanitaire, les lignes directrices et les codes de conduite au niveau local, d’une manière accessible et traduits dans les langues locales; et Songer à d’autres approches quant à notre façon de penser eu égard à la réponse humanitaire, par exemple, l’assurance, la gestion des risques, les transferts d’argent, etc. Bureau de la Coordination des Affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA) Coordination Saves Lives | www.unocha.org Forum régional de Politique humanitaire 2013 pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre 2013 - OCHA | 17 SESSION 5 : VERS UN SYSTÈME DE RÉPONSE PLUS OUVERT ET INCLUSIF : S’INSPIRER DES NOUVEAUX PARTENAIRES SOMMAIRE ET QUESTIONS CLÉS Il apparaît de plus en plus que les ONG et organismes humanitaires ne sont qu’un des nombreux groupes qui répondent aux crises humanitaires. Les sociétés du secteur privé, les banques, les groupes de jeunes et les communautés de la diaspora renforcent tous leurs capacités à répondre aux situations de crise. Pour garantir une réponse efficace, il convient de veiller à ce que les différents acteurs puissent travailler ensemble et se compléter en cas de crise. Les organisations humanitaires peuvent aussi tirer beaucoup d’enseignements des pratiques et des nouvelles méthodes de travail que ces organisations peuvent transmettre. La session se mettra à l’écoute des différents types de groupes qui contribuent à la prise en charge des besoins humanitaires dans la région et débattra de la manière de mettre en place des partenariats efficaces, de garantir l’interopérabilité et de promouvoir le partage des connaissances. Les questions clés sont les suivantes : Quel est le rôle de la société civile, du secteur privé et des autres nouveaux partenaires dans les réponses humanitaires ? 2. Comment le système international pourrait-il travailler avec plus d’efficacité et soutenir les nouveaux acteurs et les acteurs émergents qui apportent leur appui à la réponse humanitaire? 1. COMPOSITION DU PANEL Pape NDIAYE Directeur exécutif, Réseau Entreprendre Sénégal Dr Tony Chlostern Ephiran LAKOUETE Assistant Coordinateur Jeunesse Unie pour la Protection de l’Environnement et le Developpement Communautaire (JUPEDEC) Kardiata BA Chef du Service de la Microfinance et des Systèmes Financiers Décentralisés, Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) Modérateur : Allegra BAIOCCHI Chef du Bureau régional pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre (BRAOC), OCHA SYNTHÈSE DE LA DISCUSSION Au cours de la discussion, les participants ont abordé les rôles des différents acteurs, notamment les groupes de jeunes, les organisations de la société civile et les organismes bénévoles, et les institutions financières dans la réponse aux besoins humanitaires. Bureau de la Coordination des Affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA) Coordination Saves Lives | www.unocha.org Forum régional de Politique humanitaire 2013 pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre 2013 - OCHA | 18 Pape NDIAYE de Réseau Entreprendre Sénégal a expliqué que son organisation intervenait dans l’appui au développement social dans les zones rurales de toutes les régions du Sénégal à travers le suivi des organisations communautaires de base (OCB) et la promotion de l’entrepreneuriat social en aidant les groupes à développer leurs capacités institutionnelles et de gestion. Sur le terrain, il a constaté qu’un nombre croissant de groupements féminins, d’organisations confessionnelles et d’autres nouveaux acteurs interviennent dans l’humanitaire. Ce travail consistait généralement en la distribution de nourriture, de vêtements, d’argent en espèces, de services de santé et l’assistance des personnes déplacées touchées par les inondations. Ndiaye a déclaré que les membres du Réseau observent les forces et faiblesses de ces nouveaux groupes d’aide. En ce qui concerne leurs forces, on peut noter que les nouveaux arrivants connaissaient bien la région, et étant des groupes composés essentiellement de volontaires, ils étaient très motivés. Ils ont également fait montre de capacités remarquables en matière d’innovation et de flexibilité dans leur façon de travailler. Parmi leurs faiblesses on compte le manque de capacité et le peu de coordination, et la duplication des activités de plusieurs autres groupes. En général, ils ne disposent pas de compétences spécialisées et ne sont généralement pas supervisés par des experts. Ndiaye a recommandé le développement des capacités des nouveaux groupes de parties prenantes. Cela pourrait souvent se faire grâce à un soutien de base, par exemple, le Réseau travaille avec des groupes de femmes et de jeunes dans la banlieue de Dakar pour leur enseigner les principes de base de la finance et comment gérer leurs budgets. Ndiaye recommandé d’amener ces groupes dans la planification au niveau régional. Il est crucial de prendre en compte les systèmes de solidarité et de soutien qui existaient dans ces communautés. Il a souligné la nécessité de promouvoir une plus grande décentralisation du pouvoir vers les communautés et a souligné l’importance du transfert des ressources et de l’amélioration de l’échange d’informations. Kardiata BA de la BCEAO (Banque centrale des Etats de l'Afrique de l’Ouest) a présenté le travail effectué par la Banque dans le domaine de la micro-finance, en soulignant que la Banque n’avait pas de mandat humanitaire. Elle a souligné que le grand défi du développement était la nécessité d’une plus grande participation financière. Le système bancaire traditionnel ne comptait que sept pour cent de pénétration, qui sont passés à 18 pour cent pour la micro-finance. Elle a toutefois noté qu’il restait encore beaucoup à faire pour son amélioration. En aidant à promouvoir les nouvelles technologies et la transparence, la rationalisation et la réduction des tarifs, et la création de normes pour les institutions de micro-finance, la BCEAO espérait élargir l’accès au crédit et réduire la dépendance envers les dons. Cela comprend également l’assistance des populations dans l’accès à différents moyens de paiement tels que les services bancaires mobiles et différents systèmes de garantie qui conviendraient aux personnes très pauvres. La BCEAO joue un rôle dans la recherche, l’évaluation des risques et les tests de tension sur les organismes financiers ; elle développe également une base de données fiable sur le secteur financier. Dr Tony Chlostern Ephiran Lakouete de JUPEDEC, a expliqué que l’organisation a commencé comme une organisation de développement des jeunes axée sur la protection de l’environnement, mais depuis 2005, elle a développé des capacités humanitaires du fait des besoins humanitaires découlant des activités de l’Armée de résistance du Seigneur en RCA. Dr Lakouete décrit la situation comme critique en République centrafricaine depuis la rébellion de Séléka, avec l’effondrement de l’état de droit, la destruction de villages, les massacres et viols et collectifs, la destruction systématique des églises et d’autres atrocités. 1,5 millions de personnes étaient touchées et près de 600 000 personnes déplacées. Le manque d’accès et les évaluations des besoins signifient que les taux de mortalité et/ou de morbidité infantile sont inconnus et les acteurs internationaux sont présents dans seulement 20 pour cent du territoire. Malgré l’ampleur des problèmes, les bailleurs de fonds ont témoigné peu d’intérêt à la RCA. Dr Lakouete a souligné que JUPEDEC et les organisations similaires avaient conservé la capacité à intervenir sur le terrain, même en milieu de crise. JUPEDEC s’employait à travailler en collaboration avec des groupes religieux, des universités locales, des banques et des compagnies de téléphonie mobile, en vue d’élargir leur accès, mais aussi d’engager la diaspora dans la promotion du plaidoyer. JUPEDEC essaie d’amener différents groupes ayant Bureau de la Coordination des Affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA) Coordination Saves Lives | www.unocha.org Forum régional de Politique humanitaire 2013 pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre 2013 - OCHA | 19 accès sur le terrain et les acteurs internationaux (à savoir le système de cluster) à aider à renforcer la sensibilisation aux besoins et actions humanitaires. Une partie du travail JUPEDEC consiste à renforcer le réseau de plaidoyer sur la sécurité, le climat et la santé au niveau régional et promouvoir la collaboration entre les ONG nationales et internationales. Au cours de la discussion, les participants ont souligné le défi de l’intégration de l’extrême pauvreté dans les systèmes de financement, compte tenu de la nécessité d’avoir des cautions et garanties. L’exigence de garanties exacerbe davantage le problème, car dans le processus de formalisation et de normalisation, le plus souvent, les institutions de micro-finance ne soutiennent plus les populations les plus vulnérables, vu que l’accent est davantage mis sur la rentabilité et l’identification des emprunteurs qui ne peuvent pas remplir les conditions requises pour un prêt d’un montant minimum. Plusieurs participants ont également noté que, bien que les avantages de l’accroissement de l’accès au financement soient connus, les acteurs de la micro-finance participent rarement aux interventions humanitaires en cas de crise. Ceux qui ont réagi à cette observation ont noté qu’il y avait un grand besoin d’éducation financière pour remédier à cette absence notable ; des études ont montré que même les personnes qui gagnent moins de 2 USD par jour peuvent investir, mais elles ne savent pas comment accéder aux services financiers pour faciliter cet investissement. La discussion a ensuite porté sur le rôle des humanitaires dans la prise en charge des besoins de l’extrême pauvreté qui sont souvent laissés en rade des projets humanitaires (lorsque leurs besoins ne découlent pas d’une crise) et des programmes de développement. Plusieurs participants ont réitéré la nécessité d’identifier les ONG nationales les plus fiables et les voies et moyens de leur fournir un financement assuré. Dans cette optique, il est nécessaire d’examiner d’autres mécanismes de financement, des parrainages locaux, des liens avec les microcrédits dans les projets humanitaires et les acteurs du secteur privé à travers des programmes de responsabilité sociale des entreprises. Les participants ont déploré le manque de financement des bailleurs de fonds pour des groupes nationaux et des acteurs émergents tels que les réseaux de bénévoles. Un appel a également été lancé pour plus de partenariats intra-régionaux, en notant que les pays comme le Sénégal avaient des ressources relativement importantes, comme les professionnels de la santé, qui pourraient être mobilisées pour répondre aux crises humanitaires régionales telles que celle qui sévit en RCA. Un certain nombre de personnes ont noté que dans de nombreux pays, aucun ONG nationales n’était représentée dans l’Équipe de pays ou d’autres structures de coordination ; les participants ont appelé à plus d’intégration. Un autre participant a souligné la nécessité pour les ONG nationales d’établir des plateformes communes de coordination et de plaidoyer qui leur donnerait une voix collective plus forte pour influencer les gouvernements et les acteurs internationaux. Bureau de la Coordination des Affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA) Coordination Saves Lives | www.unocha.org Forum régional de Politique humanitaire 2013 pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre 2013 - OCHA | 20 MESURES SUBSÉQUENTES Au cours de la séance de clôture du Forum, les participants ont été invités à fournir quelques réflexions et recommandations finales sur la façon de renforcer la réponse humanitaire dans la région. Parmi les suggestions, on note : • • • • • • • • • • Plus de soutien pour les innovations en matière d’information et de communication ; Investir dans la création de bases de données exhaustives de référence et d’information opérationnelle ; Investir dans les communications bidirectionnelles à grande échelle avec les personnes concernées et investir dans les systèmes et partenariats technologiques, si nécessaire ; Renforcer la communication entre les acteurs humanitaires ; Investir davantage dans la traduction dans les langues locales ; Soutenir les acteurs africains dans la création de plates-formes d’assistance humanitaire ; Encourager plus de rotation du personnel et des échanges de personnel entre les différents types d’organisations ; Mettre davantage l’accent sur la prévention / anticipation des conflits que sur l’intervention ; Mettre en place un mécanisme durable pour le partage des connaissances et identifier les meilleures pratiques dans la région ; et Accroître l’engagement et les partenariats officiels avec les ONG nationales. Il a également été question de se baser sur le Forum en organisant un réseau régional d’ONG nationales pour commencer à traiter certaines des questions soulevées. Pour sa part, OCHA s’engage à : 1. Veiller à ce que les résultats du Forum soient intégrés au Forum politique mondial de Décembre 2013, ainsi qu’au Sommet humanitaire mondiale de 2016. En outre, OCHA préparera un rapport méta-analyse qui regroupera les principaux thèmes de tous les forums politiques de 2011 à 2013 et proposera des actions stratégiques concrètes. 2. Continuer à promouvoir la coordination et la collaboration avec les ONG nationales et les nouveaux groupes, et apporter un soutien à tous les réseaux nouvellement créés. 3. Considérer comment il peut mieux promouvoir l’expansion des réseaux de partage de connaissances au niveau régional. Bureau de la Coordination des Affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA) Coordination Saves Lives | www.unocha.org