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Journée d’étude organisée par l’association La Maison Sublime de Rouen en partenariat avec la Ville de Rouen Les Juifs de Normandie dans la société et la culture médiévales Jeudi 3 novembre 2011 Office de tourisme de Rouen Vallée de Seine Place de la Cathédrale, Salle Georges d’Amboise PROGRAMME www.lamaisonsublime.fr PROGRAMME 9h45La présence juive en Normandie au Moyen Âge Accueil (8h30) Matinée (9h-12h15) Présidence de Henry DECAËNS, vice-président de l’office de tourisme de Rouen Vallée de Seine, président du conseil scientifique de l’association LMSR 9h00 Ouverture Rouen et la Normandie au Moyen Âge J ean-Robert RAGACHE, président de l’association LMSR uy PESSIOT, G adjoint au maire de Rouen, président de l’office de tourisme de Rouen Vallée de Seine 9h10 Les enjeux de la journée d’étude J acques-Sylvain KLEIN, délégué de l’association LMSR, auteur de La Maison Sublime, L’École rabbinique et le royaume juif de Rouen Une communauté juive importante existait à Rouen et en Normandie au Moyen Age. Trente-cinq ans après la découverte de la Maison Sublime, qui est le plus ancien monument juif de France (vers 1100), de nombreuses questions continuent à se poser : A quand remonte l’implantation de cette communauté ? Quel était son statut et peut-on réellement parler d’un « royaume juif » ? Quels métiers exerçaient les juifs en Normandie et comment se répartissaient-ils sur le territoire ? Quelles relations entretenaient-ils avec les chrétiens et avec la communauté juive anglaise ? Quelle était la topographie du quartier juif de Rouen et où peut-on situer la synagogue et la yeshiva ? Quelle était l’importance de l’Ecole rabbinique de Rouen ? Quels maîtres enseignaient dans cette académie et quelles relations entretenaient-ils avec les savants français et étrangers ? Quelle influence les oeuvres produites par les érudits de Rouen ont-elles eu, en France et en Europe ? Dans quelles conditions la communauté juive a-t-elle été expulsée d’Angleterre et de France, au tournant du XIVe siècle, et quelles conséquences en ont résulté pour le judaïsme normand ? Telles sont les principales questions auxquelles cette journée d’étude se propose de répondre. 9h30Projection du documentaire Que cette maison soit sublime réalisé par Cécile PATINGRE, avec le concours des étudiants du BTS audiovisuel du lycée Corneille de Rouen Jean-Robert RAGACHE, ancien professeur à l’IUFM de Rouen, coauteur d’une Histoire de la Normandie Une Normandie médiévale puissante par son expansion territoriale, due à des conquêtes ou des alliances, mais aussi à sa richesse agricole et à sa position maritime exceptionnelle. A cela s’ajoute une administration solide, avec un pouvoir central fort incarné par le duc, auquel est adjointe une Assemblée des barons qui deviendra Echiquier en 1130, et qui est assisté localement par des vicomtes dévoués. Longtemps, Rouen aura le rôle de capitale, par son importance symbolique (sacre des ducs) et intellectuelle et par sa puissance économique due à ses productions industrielles mais aussi à son activité portuaire. Tout cela crée une bourgeoisie d’argent puissante, à laquelle va être concédée une Charte communale au milieu du XIIe siècle, « les Etablissements de Rouen », qui lui accorde des privilèges non négligeables. C’est dans ce contexte que va se développer une communauté juive importante, qui connaîtra aux XIIe et XIIIe siècles sa période la plus faste. Vin de pommes et de poires : les juifs en Normandie de Guillaume le Conquérant à Philippe le Bel (1066-1306) Gérard NAHON, directeur d’études émérite à l’École Pratique des Hautes Études (Sorbonne) Cette communication signale d’abord les paysages juifs de la Normandie en fonction de vestiges toponymiques extrêmement nombreux suggérant une préhistoire rurale puis urbaine du judaïsme normand. Elle présente ensuite les deux siècles proprement historiques de notre Moyen Age : le XIIe siècle normand et anglonormand jusqu’en 1204 et le XIIIe siècle capétien, depuis Philippe Auguste jusqu’à l’expulsion des Juifs par Philippe le Bel en 1306. Pour chacune de ces périodes, elle décrit le statut, la fiscalité, l’économie, la vie communautaire et privée des juifs normands. Elle met en lumière la participation normande au grand œuvre du judaïsme français médiéval, la translatio du Talmud de Babylone en Europe grâce à la composition et à la diffusion d’une immense littérature hébraïque, les tossaphot ou additions, et particulièrement les tossaphoth de Touques, la base de nos éditions du Talmud depuis la première impression d’un traité du Talmud par Israël Nathan ben Samuel et son fils Josué-Moïse à Soncino ( Italie) en 1484. L’expulsion des juifs d’Angleterre (1289) et de France (1306) et ses conséquences sur les juifs de Rouen et sur le quartier juif Alain SADOURNY, doyen honoraire de la faculté des lettres de Rouen A la fin du XIIIe siècle et au début du XIVe, pour des raisons quasiment identiques, Édouard Ier roi d’Angleterre (en 1289) et Philippe IV le Bel roi de France (en 1306) expulsent les juifs de leur royaume. Cette communication essaiera de voir, pour les Juifs d’Angleterre et surtout pour ceux de Rouen, quelles conséquences eut cette expulsion. Pour ceux de Rouen, cela signifia la vente de leurs biens et leur cession à la Commune et au maire de Rouen, la destruction progressive du Clos aux Juifs et celle des bâtiments prestigieux qui s’y trouvaient (notamment ce que l’on appelle la Maison sublime). La communication se terminera par quelques considérations sur la réinstallation de quelques Juifs dans le quartier Saint-Sever dès la fin du XIVe siècle. 11h15-12h15 Débat 12h30-15h Déjeuner à La Cave, 39 rue aux Ours Visite guidée de la Maison Sublime Après-midi (15h-18h30) 15h00Le rayonnement de l’École rabbinique de Rouen résidence de Max POLONOVSKI, conservateur en P chef du patrimoine, chargé de mission pour la protection du patrimoine juif au ministère de la Culture e la Schola Judaeorum au Clos-aux-Juifs : D le quartier juif de Rouen au Moyen Âge Jacques LE MAHO, chargé de recherche au CNRS (Centre de recherches archéologiques et historiques de Caen) Les origines du quartier juif de Rouen remontent vraisemblablement à la fin du IXe siècle, lorsque la transformation de la cité en ville-refuge sous la menace des incursions normandes entraîna une restructuration de la voirie et du cadastre dans le secteur intra-muros. Principalement destinée à rassembler dans la cité la population des faubourgs marchands, cette opération fut sans doute réalisée à l’initiative du roi Eudes, vainqueur des Normands au siège de Paris (885-887), pour permettre la reprise des activités économiques sur l’axe de la Seine. À l’instar des Scholae peregrinorum du bourg de Saint-Pierre à Rome, mentionnées dans de nombreux documents de l’époque carolingienne, la Schola Judeorum de Rouen a d’abord désigné la communauté juive de la ville, avant de désigner l’ensemble des terrains et des édifices occupés par cette communauté. À la fin du Moyen-Âge, ce quartier urbain est identifié comme « l’École-aux-Juifs » et, au dernier stade de l’évolution phonétique du vocable, comme le « Clos-aux-Juifs ». Le quartier s’ordonnait en deux séries de parcelles alignées de part et d’autre de l’actuelle Rue-aux-Juifs, entre la paroisse de Notre-Dame-de-la-Ronde (au sud) et la paroisse Saint-Lô (au nord). On ne dispose d’aucune information sur l’habitat et son organisation avant le XIIe siècle. À partir de cette date, l’archéologie atteste l’existence de plusieurs grandes demeures de pierre, offrant les caractéristiques habituelles des manoirs urbains des XIIe et XIIIe siècles : implantation en retrait de la rue, présence d’un vaste cellier en partie basse, de puits et de latrines, accès privatifs. Par leur ampleur et leur qualité architecturale, par leur plastique murale et la présence de décors sculptés (édifice de la cour du Palais-de-Justice), ces belles demeures de notables procèdent d’un souci de représentation semblable à celui des maisons des chanoines de la cathédrale à la même époque. l’école rabbinique de Rouen : Une brève histoire de sa découverte, du travail de ses érudits et des ramifications touchant à l’histoire intellectuelle de la Normandie et de la France Norman GOLB, professeur à l’Université de Chicago, auteur de Les Juifs de Rouen au Moyen Âge, portrait d’une culture oubliée et de The Jews in Medieval Normandy Le véritable début des découvertes touchant à la communauté juive de Rouen et aux activités de ses érudits remonte au début des années 1960, avec la découverte par l’auteur d’un document ancien, provenant de la Geniza du Caire et conservé à Cambridge, qui évoquait la figure de Reuben bar Isaac de Rodom (Rouen/Rotomagus) et la tragique confiscation de ses terres par le duc de Normandie au XIe siècle. Cette découverte conduisit l’auteur à l’identification ultérieure, dans des manuscrits hébraïques médiévaux, d’une trentaine d’autres textes ou fragments de texte mentionnés, dans ces mêmes manuscrits, comme étant d’origine rouennaise. La plupart de ces textes traitait des activités académiques de certains érudits juifs rouennais, activités s’exerçant principalement dans une école d’enseignement supérieur (yeshiva ou école juive). Quelques mois seulement après la publication par l’auteur, au printemps 1976, d’un livre sur le sujet, les vestiges d’une structure monumentale, datant des débuts du XIIe siècle, furent découverts dans la cour du Palais de Justice, à l’endroit précis où l’historien rouennais Charles de Beaurepaire avait mentionné l’existence d’une « Ecole aux Juifs ». Les travaux des érudits et des étudiants de l’Ecole aux Juifs de Rouen, ainsi que la diffusion du savoir de cette académie vers l’est européen, avant et après l’âge d’or de cette école, constitueront le sujet principal de cette communication. L’auteur présentera également, brièvement, les principales autres écoles rabbiniques de la France médiévale, dont, malheureusement, plus aucun vestige ne subsiste aujourd’hui. Par à un concours de circonstances totalement fortuit, seuls les vestiges de l’Ecole de Rouen subsistent encore, qui permettent de témoigner de l’éclat littéraire et intellectuel des érudits de la communauté juive dans la France médiévale. e rôle social du savant itinérant : L l’exemple d’Abraham Ibn Ezra Gad FREUDENTHAL, professeur à l’Université de Genève et directeur de recherches émérite au CNRS 17h30 Conclusion des travaux Max POLONOVSKI 18h00 Clôture de la journée Valérie FOURNEYRON, députée maire de Rouen 18h15 R emise de la Médaille de la Ville à Serge BRARD et Raymond BOSQUAIN, anciens employés de l’entreprise LANFRY et découvreurs de la Maison Sublime en 1976 Cocktail de clôture Jean-Pierre ALLALI, écrivain et journaliste, dédicacera son roman Les Vengeurs de la Maison Sublime, paru en septembre 2011 aux éditions Glyphe La journée est placée sous la direction scientifique de Max POLONOVSKI Conception graphique et photographies - point de vues Une des lumières de la vie intellectuelle de Rouen au XIIe siècle était un savant tout à fait étranger à sa culture : Abraham Ibn Ezra. L’oeuvre d’Ibn Ezra comprend l’exégèse biblique, la grammaire, la poésie, l’astronomie et l’astrologie. Ces domaines d’intérêt, de même que la substance de la pensée d’Ibn Ezra, reflètent le curriculum de la science gréco-arabe en Andalousie, son pays natal. Comment se fait-il qu’Ibn Ezra soit parvenu à Rouen, après avoir séjourné en Italie et en Provence? Pourquoi est-il devenu un savant itinérant? Je proposerai à cette question une réponse d’ordre sociologique. Pour étayer mes propos, je comparerai le rôle social d’ Abraham Ibn Ezra à ceux d’autres savants contemporains, notamment Judah Ibn Tibbon d’un côté et les rabbins de Tzarfat de l’autre. 16h30 Débat La journée d’étude bénéficie du soutien de Fondation du Judaïsme Français www.ca-rouen.justice.fr