ADAMS, une autre vision du paradis

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ADAMS, une autre vision du paradis
ADAMS, une autre vision du paradis
Ils étaient récemment en Europe pour quelques dates. Allemagne, Luxembourg, Pays-Bas, seuls
quelques villes ont eu la chance d'apercevoir le duo angélique. ADAMS, ou la genèse d'un projet
ambitieux qui conjoint visual kei et homosexualité, dans une esthétique troublante et travaillée.
Adam, chanteur et visage phare du projet, et Shota, guitariste et producteur, ont accepté de nous
rencontrer et d'évoquer leurs envies futures.
Pouvez-vous vous présenter?
Je suis Shota, voici Adam. Nous sommes le groupe ADAMS, un duo « Neo-Sexual », venu du Japon.
Neo-Sexual, que voulez-vous dire?
(Shota)Par ce terme, nous entendons créer un nouveau genre, quelque chose d'unisexe, qui efface
les barrières entre hommes et femmes, car l'amour est universel. Notre son est comme ça,
également. Ce sont des chansons d'amour, qui n'appartiennent ni à la pure scène visual kei, ni à la JPop, ni à la scène club. C'est un mélange sans frontières de tout cela, pour un nouveau genre
musical.
Racontez-nous l'histoire du groupe.
(Shota)Nous nous sommes rencontrés il y a trois ans environ. Au départ nous faisions partie du
même groupe, mais cette aventure n'a pas duré et la formation s'est séparée quelques mois plus
tard. Il faut savoir que je suis également, et surtout, producteur via ma société HighfeeL JAPAN.
Adam m'a contacté peu de temps après cette séparation pour que je le produise en tant que
chanteur solo, car en tant qu'artiste il cherchait une nouvelle voie.
(Adam)Et il a accepté...
(Shota)Et j'ai composé quelques titres pour lui, au début, dans un style très J-Pop. Mais je n'étais pas
satisfait. Ce n'était pas assez. Il fallait créer un projet qui suscite l'intérêt des gens. C'est comme ça
que j'ai ajouté une touche de visual kei et que j'ai envisagé de rejoindre Adam dans un duo qui
intégrerait la scène « Boys Love », qui est très active – notamment au niveau des manga – et
brûlante. Et pour ajouter de la qualité à ce projet, pour ne pas être un simple duo homosexuel, nous
avons envisagé cette « nouvelle genèse » selon laquelle Adam, dans la Bible, était double, à la fois
homme et femme. Ce n'était pas Adam et Eve, c'était Adam et Adam, une entité unique et double à
la fois, qui est à l'origine du monde. D'où le pluriel... ADAMS.
Vous situez la naissance du groupe à 2021, soit dix ans après sa création, qu'est-ce que cela
signifie?
(Shota)C'est directement lié à ce concept de « nouvelle version de la Genèse ». En quelque sorte,
nous ne sommes pas encore humains, pas encore créés en tant qu'Hommes. Mais vous pouvez
également rattacher ça au projet musical. Pour un groupe, 10 ans, c'est long. C'est un gros projet.
Mais je convoite ces dix ans. Au nom de la sincérité que je porte envers Adam et ADAMS.
Le thème de l'homosexualité est omniprésent dans votre groupe. Comment l'idée d'aborder ce
thème vous est-elle venue ? Avez-vous des motivations particulières par rapport à cela ?
C’est une façon d’illustrer l’amour universel. « Love is Love », peu importe à qui il est destiné. Si on
écoute nos chansons sans voir les clips, on peut croire qu’il s’agit de messages d’amour d’un homme
à une femme, ou autre. Les sentiments sont les mêmes. C’est ça que nous voulons exprimer, c’est
aussi un appel à la tolérance.
L'homosexualité semble être un sujet moins évident à aborder au Japon qu'en Europe. Comment
ressentez-vous cela de votre point de vue japonais ?
Hmm… Non en réalité c’est facile. Je ne dirai pas que les Japonais sont ouverts à l’homosexualité,
mais en tout cas ils sont ouverts à la découverte. Ils sont curieux. Beaucoup d’artistes japonais sont
ouvertement gay et ils sont néanmoins très populaires. C’est un peu étrange de dire ça mais les
Japonais ont tendance à s’intéresser à ce qui les effraie. C’est comme regarder une vidéo pour adulte.
C’est tabou mais on le fait quand même.
Votre single Bittersweet est sorti il y a peu de temps. Contrairement à Kimi no sei / Boku no sei,
sorti quelques mois avant, le son est beaucoup plus violent. Est-ce une sorte de réponse à votre
dernier single ? Comment expliquez-vous ce choix ?
(Shota)En réalité Kimi no sei/Boku no sei était un single à part. On ne l’a sorti qu’en format de
téléchargement. C’était un challenge spécial car c’est notre première ballade. Bittersweet fait en fait
écho à Dizzy Love, notre premier « vrai » single. J’ai fait le deuxième plus hard, c’est vrai, parce que la
scène visual kei est en demande de ça, donc j’ai essayé. Je crois que c’est l’évolution naturelle de
Dizzy Love.
Maintenant, quels sont vos projets à venir ? Un nouvel album ? Une tournée prochaine ?
Ah ah, c’est un secret. Pas d’album pour cette année du moins, un nouveau single peut-être.
Vos clips sont d'une réelle beauté artistique, et semblent chaque fois raconter une histoire. Chaque
vidéo sont-elles liées directement aux paroles du titre qu'elle illustre ? Pouvez-vous en choisir une,
et nous en raconter l'histoire ?
(Shota)D’accord, prenons justement Boku no sei. Les paroles sont très tristes au fond, et la vidéo
n’est pas liée au texte, au contraire des autres clips. Cette vidéo est une sorte de miracle. Le
réalisateur, Ryôta Sakai, nous a présenté deux scenarios. Le premier était très simple et très lié aux
paroles, j’aimais beaucoup. Ryôta avait très bien compris le sens de la chanson. Mais ensuite il m’a
présenté un deuxième scénario complètement fou, et j’ai choisi cette deuxième version. Car j’étais
en recherche de quelque chose de bizarre, de tordu. Cette vidéo semble triste et pourtant elle est
dingue. Car très simplement, dans ce clip, j’ai tué Adam et je vis une histoire d’amour avec son
cadavre. On peut y voir une allégorie de la mort, du deuil, etc., mais je préfère la prendre dans son
sens le plus bizarre, et donc au premier degré.
Vous venez tout juste d'achever votre tournée européenne. Aviez-vous certaines peurs avant cela ?
Quels sont vos ressentis actuels sur cette tournée ?
Nous n’avions aucune crainte, mais au final nous avons eu beaucoup de surprises, dans le bon sens
du terme. Le gens, les vues, les lieux, tout a été formidable. Nous avons oublié un moment que nous
étions des Japonais en Europe.
A la rencontre de quelles villes aimeriez-vous aller dans l'avenir ?
(Shota)J’ai vraiment envie d’aller en Russie et en Pologne.
(Adam)Moi je voudrais vraiment voir Paris.
Vous utilisez énormément de plateformes internet pour votre groupe : OHP, Facebook, Twitter, ou
encore Tumblr. Ainsi, vous semblez très proche de vos fans, bien plus que d'autres groupes. Quel
est votre point de vue vis-à-vis de cela ?
(Shota) En réalité je veux garder une vraie distance par rapport aux fans, dans la réalité, dans la vie
privée. C’est quelque chose que je veux protéger. Je veux vendre du rêve. Par contre, les plateformes
internet permettent d’avoir un lien avec les fans. C’est un peu comme un compromis. Je ne donne
pas tout, mais je garde un lien. J’ai moi-même été fan de nombreux artistes étant plus jeune, et je
n’aurais pas voulu qu’ils me donnent leur vie en pâture, je n’aurais même pas voulu les rencontrer en
privé. Car ça aurait été la fin de mon rêve.
Pour nos lecteurs qui ne vous connaisse pas encore, quelle chanson leur conseilleriez-vous
d'écouter en premier?
(Shota) Kissin’in the dark
(Adam) Kimi no Sei
Pour finir, pouvez-vous laissez un message à vos fans ?
(Shota) “I love my fans, always. Miss you, kiss.”
(Adam) “Thank you, always.”
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Propos recueillis par Aurélie Vandecasteele pour Nippon Project

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