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Weekend Cinéma « TéléVisions » Enquête page 17 Supplément Morgan Freeman dans la peau de Mandela a Médias de quartier, info de banlieue uee lé a «Lionel raconte Jospin », version télé Dimanche 10 - Lundi 11 janvier 2010 - 66e année - N˚20206 - 1,40 ¤ - France métropolitaine - www.lemonde.fr --- Neige,gel,sécheresse: pourquoilamétéos’affole t L’hémisphère Nord connaît une vague de froid particulièrement intense t Principale cause : la faiblesse des vents océaniques laisse passer l’air polaire S oudain, les paysages de Provence ressemblentàla Scandinavie,lesoranges de Floride sont givrées à peine mûres, et, de Londres à Pékin, de Washington à Amsterdam, l’hémisphère Nord est saisi par un hiver particulièrement rigoureux. En France, neige et verglas sèment la pagaille dans les transports : axes routiers coupés, trafic TGV ralenti… La Grande-Bretagneessuie lavague de froidla plussévère depuis trente ans. Celle-ci a déjà fait 22morts,etla sociétéd’assurances RSAestime à plus de 750 millions d’euros le coût du ralentissement de l’économie. Pour l’instant, le Royaume-Uni n’a pas connu pire qu’une température de – 27,2 oC enregistrée en 1895, en 1982, puis en 1995. Mais, dans la nuit de jeudi à vendredi, le thermomètre est descendu à moins 21,5 oC dans les Highlands écossais. Le reste de l’Europe n’est pas épargné. En Pologne, le froid a déjà fait 139 morts. En Norvège, la température a plongé à – 41˚C, le plus bas niveau depuis 1987. En Allemagne, elle est descendue à – 19˚C. Les scientifiques expliquent le froid qui frappe l’hémisphère Nord par une «phase d’oscillation nord-atlantique négative » : les vents océaniques sont plus faibles et laissent passer l’air polaire. Autre phénomène à l’œuvre : El Niño, qui provoque un réchauffement des eaux au centre du Pacifique, trop loin des côtes, donc, pour empêcher l’Amérique du Nord de grelotter et celle du Sud de subir la sécheresse. Cette anomalie pourrait durer jusqu’au printemps. A plus long terme, les climatologues s’attendent à des hivers plus doux. Réchauffement oblige… p Lire page 4 Fondateur : Hubert Beuve-Méry - Directeur : Eric Fottorino Lajusticepermetauchefdel’Etat deseconstituerpartiecivile t M. Sarkozy peut agir «comme un citoyen ordinaire» C ’est à un immigré clandestin d’origine sénégalaise que l’on doit un débat approfondi sur l’épineuse question du statut de justiciable du président de la République. En se rendant coupable d’une escroquerie à la carte bancaire sur le compte de Nicolas Sarkozy, en septembre 2008, pour un montant de 176,80 euros, Ama M’Bodji a conduit successivement deux juridictions à se prononcer sur la recevabilité de la constitution de partie civile du chef de l’Etat. Ce n’est certes pas la première fois depuis son élection que M. Sarkozy, rompant avec la tradition de ses prédécesseurs, demande aux tribunaux de lui ren- dre justice. Mais Ama M’Bodji tient une place toute particulière dans le parcours judiciaire présidentiel. Le premier jugement le concernant a été prononcé par le tribunal correctionnel de Nanterre en juillet 2009, à quelques semaines de l’ouverture du procès Clearstream, et le second, rendu vendredi 8 janvier par la cour d’appel de Versailles, intervient tout juste vingt jours avant le dénouement attendu de cette affaire. Cette proximité de calendrier ne pèse pas pour rien dans le soin apporté par les juges à la rédaction de leur décision. Pascale Robert-Diard a Lire la suite page 10 L’automobile américaine veut oublier l’année 2009 t Les petites voitures en vedette au Salon de Detroit I A Saint-Cloud, en Floride, le 7 janvier. RED HUBER / ORLANDO SENTINEL / AP ls ont longtemps été surnommés les « Big Three », en référence à leur poids dans l’économie des Etats-Unis. Mais, aujourd’hui, les trois constructeurs automobiles américains – General Motors, Ford et Chrysler – ne sont plus que les « Detroit Three », du nom de la ville où sont installés les sièges de ces entreprises. Et c’est dans cette cité du Michigan que le secteur tentera de montrer que le pire est derrière lui, à l’occasion du Salon annuel qui ouvre ses portes aux professionnels lundi 11 janvier. En 2009, l’automobile américaine a en effet connu la pire année de son histoire, avec des ventes de voitures aux Etats-Unis au plus bas depuis trente ans, l’injection de dizaines de milliards de dollars d’aides publiques, la nationalisation de General Motors ou encore la prise de contrôle de Chrysler par l’italien Fiat. Les trois constructeurs américains n’ont aujourd’hui plus que 44,6 % de parts de marché aux Etats-Unis, contre 69,7 % en 1999. Mais quelques signes laissent croire à une amélioration de la situation : les constructeurs relancent leur production, Ford a renoué avec les bénéfices, General Motors prévoit de rembourser les aides du Trésor américain d’ici à juin et envisage de revenir en Bourse en 2010. Surtout, les constructeurs proposent désormais des véhicules plus adaptés aux nouveaux goûts des consommateurs, notamment des petites voitures. p Lire page 11 UK price £ 1,50 Le regard de Plantu Les dangers du principe de précaution Entretien Le professeur François Ewald analyse la gestion de la grippe A(H1N1) à la lumière du principe de précaution, qui « oblige à exagérer la menace », dit-il, et à gérer un « risque subjectif, créé par l’imaginaire collectif ». P. 9 Les cinq raisons d’espérer d’Edgar Morin www.new-peugeot.com Rendez-vous en page centrale Demain dans 0123 « Le Monde Economie » Comment la crise a renforcé monopoles et oligopoles Enquête Pourquoi on devient « expatrié fiscal », pourquoi on cesse de l’être Débats Comment éviter la désintégration du « système Terre » ? Le philosophe Edgar Morin, dans un « Eloge de la métamorphose », parie sur les capacités de régénération propres aux sociétés et propose cinq principes d’espérance. P. 18 SOLDES à partir du 6 janvier 2010 Votre boutique Lacoste sur : www.lacoste.fr Algérie 150 DA, Allemagne 2,00 ¤, Antilles-Guyane 2,00 ¤, Autriche 2,40 ¤, Belgique 1,40 ¤, Cameroun 1 500 F CFA, Canada 4,25 $, Côte d’Ivoire 1 500 F CFA, Croatie 18,50 Kn, Danemark 25 KRD, Espagne 2,00 ¤, Finlande 2,50 ¤, Gabon 1 500 F CFA, Grande-Bretagne 1,50 £, Grèce 2,20 ¤, Hongrie 700 HUF, Irlande 2,00 ¤, Italie 2,20 ¤, Luxembourg 1,40 ¤, Malte 2,50 ¤, Maroc 10 DH, Norvège 25 KRN, Pays-Bas 2,00 ¤, Portugal cont. 2,00 ¤, Réunion 2,00 ¤, Sénégal 1 500 F CFA, Slovénie 2,20 ¤, Suède 30 KRS, Suisse 3,00 CHF, Tunisie 2,00 DT, Turquie 6,00 TL, USA 3,95 $, Afrique CFA autres 1 500 F CFA, 2 0123 Editorial RetourauRwanda Dimanche 10 - Lundi 11 janvier 2010 Chronique Une très bonne nouvelle Aujourd’hui par Serguei S T rois ans après la rupture par Kigali des relations diplomatiques avec Paris, la France est de retour au Rwanda. La reprise des contacts, annoncée fin novembre par une discrète visite de Claude Guéant, secrétaire général de l’Elysée, au président Paul Kagamé, vient d’être concrétisée par la présence, jeudi 7 janvier à Kigali, du ministre français des affaires étrangères, Bernard Kouchner. Il s’agit d’un retour par la petite porte dans un pays qui fut considéré, dans les années 1980 et jusqu’au génocide des Tutsi en 1994, comme un allié proche, et choyé comme tel. Pour le régimeissu de la tragédie, dominé par lesTutsi, laFrance,parce qu’elleaarmé les futurs génocidaires hutu et refusé de porter assistance à leurs victimes, porte une lourde responsabilité. La mise en accusation par le juge français Jean-LouisBruguière,fin 2006,del’actuelprésident, Paul Kagamé, comme instigateur de l’attentatmortelcontresonprédécesseur,considéré comme l’élément déclencheur du génocide, a été interprétée comme un affront et a provoqué la rupture avec Paris. Le retour au dialogue, trois ans après, est une démarche de raison. Mais il ne signifie nullement que les lourds contentieux soient soldés. Pour le Rwanda, il s’agit de prendre acte des gestes de bonne volonté adressés par Nicolas Sarkozy, qui ont notamment permis à Kigali, en entrant dans la procédure Bruguière, de passer à l’offensive pour la démonter point par point, nier toute responsabilité dans l’attentat de 1994 et accuser les extrémistes hutu de l’avoir perpétré. Pour la France, le Rwanda ne présente guère d’intérêt économique. En adhérant au Commonwealth et en imposant l’enseignement de l’anglais, le régime de M. Kagamé a affirmé sa volonté de rupture. Reste le motif majeur de ces retrouvailles : sans le Rwanda, très influent danslarégion, Paris ne pourrait pas peser surla situation dans l’immense République démocratique du Congo (RDC, ex-Zaïre) voisine – ni pour faire avancer la paix à l’est de ce pays, ni pourfaire valoirson intérêtpourlesressources de son riche sous-sol, notamment l’uranium. Il est à craindre que la réconciliation francorwandaise ne s’opère au prix d’un étouffement progressif de l’enquête sur l’attentat de 1994, dont les conclusions, quelles qu’elles soient, mettraient à nouveau à vif les plaies du passé. Or une relation saine ne peut se construire sur un non-dit aussi béant. Le droit à la vérité sur les événements de 1994 doit prévaloir. Au nom de l’indépendance de la justice et, en premier lieu, au nom de la mémoire des 800 000 victimes du génocide. p Société éditrice du « Monde » SA Président du directoire, directeur de la publication : Eric Fottorino Vice-président, directeur général : David Guiraud Secrétaire général du directoire : Pierre-Yves Romain Directeur du « Monde » : Eric Fottorino Directeur adjoint : Laurent Greilsamer Editeur : Michel Sfeir Directeur de la rédaction : Alain Frachon Directeur éditorial : Gérard Courtois Rédacteurs en chef : Michel Kajman, Frédéric Lemaître, Franck Nouchi,Isabelle Talès, Philippe Le Cœur (numérique), Didier Pourquery (Le Monde Magazine) Chef d’édition : Françoise Tovo Directeur artistique : Quintin Leeds ; Veille de l’information : Eric Azan ; Secrétaire général : Jean-Pierre Giovenco Médiatrice : Véronique Maurus Conseil de surveillance : Louis Schweitzer, président Gilles van Kote, vice-président Anciens directeurs : Hubert Beuve-Méry (1944-1969), Jacques Fauvet (1969-1982), André Laurens (1982-1985), André Fontaine (1985-1991), Jacques Lesourne (1991-1994), Jean-Marie Colombani (1994-2007) Le Monde est édité par la Société éditrice du « Monde » SA Durée de la société : quatre-vingt-dix-neuf ans à compter du 15 décembre 2000. Capital social : 149 017 497 ¤. Actionnaire principal : Le Monde SA. Rédaction : 80, boulevard Auguste-Blanqui,75707 Paris Cedex 13 Tél. : 01-57-28-20-00 ; télécopieur : 01-57-28-21-21 Courrier des lecteurs : par télécopie : 01-57-28-21-74 ; Par courrier électronique : [email protected] Abonnements : par téléphone : de France 0-825-000-778 (0,15 TTC/min) ; de l’étranger : (33) 3-44-31-80-48. Sur Internet : www.lemonde.fr/abojournal/ Changement d’adresse et suspension :0-825-022-021 (0,15 TTC/min) 0123 est édité par la Société Editrice du Monde (SA). La reproduction de tout article est interdite sans l’accord de l’administration. Commission paritaire des publications et agences de presse n° 0712 C 81975 ISSN 0395-2037 Imprimerie du Monde 12, rue Maurice-Gunsbourg 94852 Ivry cedex Président : David Guiraud Directrice générale : Bénédicte Half-Ottenwaelter PRINTED IN FRANCE 80, bd Auguste-Blanqui 75707 PARIS CEDEX 13 Tél : 01-57-28-39-00 - Fax : 01-57-28-39-26 on Excellence Nicolas Sarkozy a déclaré, lors de ses vœux aux Français le 31 décembre, que le sommet de Copenhague est « parvenu à faire prendre par tous les Etats des engagements chiffrés de lutte contre le réchauffement climatique». Hélas! C’est rigoureusement faux. S’agit-il d’un mensonge délibéré ou d’une incompréhension ? En toute candeur, posons que cette dernière hypothèse est la bonne. Son Excellence a, en effet, déjà Ecologie Hervé Kempf L’industrie du luxe n’a pas échappé à la crise E ssoré par la crise, le secteur du luxe doit se réinventer. On croyait le commerce de ces fastueux produits immunisé contre la récession, il n’en a rien été et l’insolente croissance annuelle moyenne du secteur entre 2003 et 2007 (7,5 % selon Eurostaf) n’a pas résisté aux retournements de l’économie en 2008. Après une forte décélération en 2008 (+ 0,3 %), le secteur mondial du luxe, largement dominé par des acteurs français, devait entreren récession en 2009. Le cabinet Bain & Company prévoyait fin octobre une chute pouvant atteindre 7 % pour les ventes de produits de luxe. En dix ans, c’est donc la deuxième crise qui affecte le luxe : 2001-2003 avait déjà En pole position pour supplanter les premiers marchés du luxe, la Chine est déjà le deuxième marché de Louis Vuitton sanctionné les excès des années 1990, selon Nicolas Boulanger, chargé du luxe chez Eurostaf. L’assainissement du secteur s’était traduit par des stratégies d’internationalisation à marche forcée – pour mutualiser les risques pays et trouver de nouveaux relais de croissance – et d’intégration de la distribution, afin d’intégrer les marges des distributeurs. Cettefois encore, la capacité de résistance à la crise est très variable selon la taille des groupes, les segments de produits et les zones géographiques. Certaines marques très haut de gamme – Louis Vuitton, Gucci, Hermès – ont peu souffert, là où les entreprises plus fragiles ont sérieusement pâti. Les arts de la table, en proie à des difficultés structurelles, ont accentué leur déclin. La bulle du champagne a éclaté. La joaillerie et l’horlogerie ont particulièrement souffert. Les exportations horlogères suisses, fleuron du secteur, ont reculé de 23,7 % en un an. Un des géants du sec- Analyse Nicole Vulser Service Economie-Entreprises teur, le groupe suisse Richemont, a, malgré son portefeuille de marques prestigieuses (Cartier, Piaget, Jaeger-LeCoultre, Montblanc, Baume & Mercier…), vu son bénéfice opérationnel chuter de 39 % au premier semestre. En revanche, la maroquinerie, qui bénéficie de marges considérables, et, dans une moindre mesure, les parfums ont bien tiré leur épingle du jeu. Des groupes aussi variés que Bernardaud, Estée Lauder, Hugo Boss, Tiffany ou les montres Zenith ont réduit leurs effectifs. Cartier, Christofle ou Daum ont eu recours à des mesures de chômage partiel. Les défaillances d’entreprises majeures du secteur n’ont pas pu être évitées en 2009. Christian Lacroix fut la plus emblématique de la fragilité économique de la haute couture. La maison doit se séparer de 90 % de ses effectifs pour se borner à gérer quelques contrats de licences. En Allemagne, Escada a été reprise par Megha Mittal, la fille unique du magnat indien de l’acier Lakshmi Mittal, mais en Italie, le groupe IT Holding (Gianfranco Ferré, Roberto Cavalli) a toutes les peines du monde à trouver un repreneur, et Mariella Burani risque aussi le dépôt de bilan. Les marchés mûrs, comme le Japon, les Etats-Unis et dans une moindre mesure l’Europe,seportent mal. Les Etats-Unis resteront d’ailleurs un marché difficile pour l’industrie du luxe «pendant des années», a estimé le directeur général de Richemont, Norbert Platt dans WirtschaftsWoche. « Aux Etats-Unis, a-t-il assuré, on a mauvaise conscience à s’offrir un article de luxe, quand le voisin ou le collègue vient peut-être juste de se faire licencier. » En revanche, les marchés émergents, la Chine en tête, apparaissent comme un formidable réservoir de croissance. En pole posi- tion pour supplanter les premiers marchés du luxe – l’Europe puis les Etats-Unis et le Japon –, la Chine est déjà le deuxième marché de Louis Vuitton ou des cognacs Hennessy. Hermès lance même sa propre marque chinoise. « Les dépenses en produits de luxe des riches et super-riches (dont l’actif net est supérieur à 1 million de dollars) vont augmenter de 20 % à 35 % sur les marchés émergents comme le Brésil, la Russie, l’Inde et la Chine dans les cinq prochaines années », promet le cabinet Bain. Dans l’Hexagone, la crise a mis en exergue le caractère éclaté du secteur, entre des grosses maisons concurrentes – LVMH ; Gucci Group, la filiale de PPR ; Chanel ; Hermès – souvent cotées en Bourse et un tissu de petits sous-traitants, de façonniers, d’ateliers qui subissent la crise de plein fouet. A la tête de soixante-dix maisons prestigieuses, le Comité Colbert défend les couleurs du luxe français à l’étranger, mais le secteur du luxe – sans doute parce qu’il est très hétéroclite – n’est pas organisé en tant que filière homogène. Des débuts d’alliances se font jour pour combattre la contrefaçon, la vente des faux sur Internet ou encore protéger à Bruxelles le système spécifique de distribution sélective. Si le ministre de l’industrie, Christian Estrosi, veut aider les façonniers du luxe, de nombreuses réflexions restent à mener pour améliorer le secteur au niveau européen et hexagonal. Se positionnant comme un think tank de la filière, le Centre du luxe et de la création a suggéré une dizaine demesurespouraider lesecteur. Parmicelles-ci figure l’idée de « Luxe Angels » : une association d’investisseurs privés pourraitsoutenir les jeunes marques. Autrepiste,un seulcrédit d’impôt créationqui fonctionnerait comme celui accordé pour la recherche aux sociétés innovantes. Pour donner de l’oxygène aux PME et éviter que le luxe, l’un des grands secteurs français d’exportation, ne délocalise inexorablement sa production. p Courriel : [email protected] Il y a 50 ans dans 0123 «Tu ne tueras pas» de Me Albert Naud «TU NE TUERAS PAS » s’adresse à ceux qui n’imaginent pas, ou qui ne veulent pas imaginer. Me Naud n’a pas caché son intention: « Mon objet est de contribuer à ruiner, dans l’esprit du public, la faveur dont jouit encore la peine de mort. » Ce public-là, il a voulu le prendre aux épaules et le tenir de gré ou de force devant la réalité d’un supplice. Il faut du courage pour lire ces pages. Elles lèveront le cœur de plus d’un. Elles feront patauger dans le sang, elles apprendront ce que signifie l’information lue au petit déjeuner : « X… a été exécuté ce matin.» Me Naud a vu, de la cellule à la fos- se commune. Il a vu la tête de 20 ans que le bourreau porte, collée à sa cuisse, jusqu’à la table des chirurgiens. Il a vu, à l’approche de la pince qui allait les prendre, cligner d’effroi les yeux de cette tête censée morte. Me Naud a voulu, après les avoir vus accomplir leurs gestes de bouchers et d’équarisseurs, «connaître ces hommes dont la profession est de tuer ». Ce sont des portraits frémissants, féroces, uniques. Alors, l’abolition ? Bien sûr. Juste, la peine de mort? Comment le serait-elle, quand on sait quelle tragique loterie décide de l’issue d’un procès criminel. Quel habitué des prétoires n’a pu penser avec Me Naud: «La peine de mort ne peut pas être juste à raison de tout ce qui manque aux hommes pour bien accuser, bien juger, bien défendre. La peine de mort ne devrait être que le châtiment des sociétés parfaites.» Utile, alors? Ici parlent les chiffres. Me Naud a examiné les statistiques de tous les pays qui ont aboli la peine capitale. Pas une seule n’indique que l’abolition ait conduit à une augmentation quelconque du nombre des homicides. Au contraire. p J.-M. Théolleyre (11 janvier 1960.) montré plusieurs fois son ignorance des principes du changement climatique : le 3 juillet 2008, il parlait du « CO2, les émissions qui font le trou dans la couche d’ozone ». Un an plus tard, il n’avait rien appris et expliquait doctement, le 23 septembre 2009, que « le carbone crée un trou dans la couche d’ozone ». Vraiment, cela fait honte à mon identité nationale que le magistrat suprême de la nation ne connaisse pas le b.a.-ba du problème majeur du siècle. N’y a-t-il personne à l’Elysée pour lui faire un petit cours de deux heures sur le climat, afin qu’il comprenne ce dont il parle ? Mais Son Excellence nous fait perdre notre temps. Je voulais vous faire part d’une très bonne nouvelle, dont nous instruit Lester Brown, vieux lion toujours rugissant et patron du Earth Policy Institute, basé à Washington. Brown observe qu’en 2009, pour la première fois depuis 1945, le parc automobile aux Etats-Unis a diminué ! Non seulement la production, qui a chuté comme partout, mais le parc : il y a moins de voitures en circulation aux EtatsUnis en 2009 qu’en 2008. Explication : le nombre de véhicules vendus (10 millions) a été inférieur à celui de ceux envoyés à la casse (14 millions), faisant passer le parc total à 246 millions de voitures. La tendance se poursuivra-t-elle ? Oui, estime Brown, à partir de l’analyse de l’âge du parc. Une première depuis 1945: aux Etats-Unis, le parc automobile a diminué. «American Graffiti», c’est fini Il y a encore plus encourageant (je sais que vous tressautez de joie sur votre fauteuil, cela me fait plaisir de vous voir bien démarrer l’année) : « La tendance sociale la plus fondamentale affectant l’avenir de l’automobile est l’intérêt déclinant des jeunes pour la voiture », observe Brown. « Les jeunes socialisent sur Internet et sur les téléphones mobiles, pas dans les voitures. » American Graffiti, c’est fini. La bagnole, c’est – excusezmoi – un truc de vieux. Eh oui, le modèle culturel de l’American way of life est en train de muter, l’équation fondatrice du désastre écologique (auto + télévision + maison individuelle) se modifie. La consommation, c’est une culture. Cette culture évolue. Aux Etats-Unis, et sans doute dans tout l’Occident. Mais ! Horreur ! Les forces obscures du mal s’opposent au progrès. Plusieurs associations écologistes viennent de sonner l’alarme : le gouvernement français favorise une relance autoroutière en laissant progresser une série de projets dont l’énumération occuperait bien plus que l’espace qu’il me reste. Alerte ! Halte au retour du Vieux Monde ! p Courriel : [email protected] Page trois 0123 Dimanche 10 - Lundi 11 janvier 2010 Une agence française, installée à Paris, est chargée par la ville-émirat du golfe Persique de créer un musée sans équivalent dans le monde Les artisans du Louvre Abou Dhabi L L’équipe de France-Muséums autour des plans du musée. Debout, en costume, Bruno Maquart. A sa gauche, Laurence des Cars. FLORENCE JOUBERT/LE CARTON/ PICTURETANK Etats.Et notre action est centrale en termesdeformation. »Une desmissions est de former des personnels émiratis. Elle ajoute que, lorsque des musées américains ont acheté des artistes français, « on les avait traités de cow-boys ». M. Maquart précise qu’il « travaille au service non d’un pays mais d’une idée. Et tant mieux si ça rapporte de l’argent à la France ! Il y a des avis contraires ? Tant mieux. Soyons jugés sur le résultat! » Un conflit vient des achats d’œuvres. France-Muséums dispose d’une cagnotte de 40 millions paran– donnéspar l’émiratenplus des 974millions. Quarante œuvres ont été achetées en un peu moins d’un an. La première, pour 21,5 millions, est un tableau de Piet Mondrian, de 1922, qui figurait, en février 2009, dans la vente du couturier Yves Saint Laurent. Ont suivi des œuvres de Cézanne, Bellini, Manet, Murillo, Ingres, un Christ sculpté en bois de tilleul de 1515. Ou un tabouret curule (vers 1920) de Pierre Legrain. De bons achats ? n’achète pas à n’importe quel prix. » Ces acquisitions doivent être validées par une commission d’acquisition (quatre Emiratis, huit Français,dontHenriLoyrette)présidée par le cheikh Sultan Bin Tahnoon Al-Nahyan, patron de la Tourism Development & Investment Company (TDIC), organisme gouvernemental d’Abou Dhabi. Ce dernier détient un droit de veto. L’a-t-il exercé? «Ce que mon équipe a proposé a été acheté », répond Mme des Cars. Elle assure que la commission permet d’« éviter tout conflit d’intérêt avec les musées français ». Est-ce si sûr ? Abou Dhabi a exposé dixneuf œuvres dans un hôtel, en mai2009. Mais on ne sait rien de la vingtaine d’autres achetées depuis. Des conservateurs pointent un conflit d’intérêts possible. « Que des Français travaillent pour un musée étranger, c’est très bien. Mais alors qu’ils coupent vraiment les ponts. Là, ils ont un pied dans chaque pays. Il y a brouillage», dénonce Didier Rykner, animateur du site Latribunedelart.com. Abou Dhabi pourrait-il obtenir une œuvre qui aurait pu finir dans un musée en France ? Non, dit-on à FranceMuséums, car la France cherche juste à combler des manques, alors qu’Abou Dhabi part de rien. « Ce que l’on propose ne gêne pas les collections françaises. » Il y en a au moins un qui est furieux. Daniel Alcouffe dirigeait jusqu’en 2004 le département des objets d’art du Louvre. Il avait essayé d’acheter une fibule (agrafe) en forme d’aigle, du Ve siècle, chef- Abou Dhabi donne à l’agence 190 millions d’euros sur dix ans afin de rémunérer les musées prêteurs. Belle carotte… Laurence des Cars a déjà une idée de ce qui sera prêté pour l’ouverture, fin 2013. «Dans un an, on aura la liste. » Le visiteur aura-t-il le sentiment de se trouver en pays arabe ? Les œuvres de cette région du monde seront en bonne place, jusqu’à l’art contemporain. La signalétique sera rédigée d’abord en arabe, puis en anglais, enfin en français. Certains ont pu s’inquiéter que les œuvres ayant pour motif la religion chrétienne et la nudité soient écartées. « Il est impossible de faire ce musée avec des interdits. Et nos confrères émiratis sont surpris que la question soit soule- vée», assure Laurence des Cars. Les premiers achats ont pu rassurer, notamment une Vénus au bain de Lagrenée. « L’Origine du monde, de Courbet, on ne l’enverra pas la première année. Mais ce fut impossible aussi de montrer ce tableau dans un musée de Washington », dit Laurence des Cars. La préoccupation est autre : montrer les œuvres dans leur contexte. « Il faut éclairer le visiteur», dit Laurence des Cars, notamment le public scolaire, une des cibles principales, auquel sera consacré un « musée des enfants». Ce contexte sera surtout donné par l’image (projections multimédias) dans un pays dominé par le multilinguisme. p M. G. Trop tôt pour juger, d’autant que les montants sont rarement divulgués. «On s’enest pas mal tirés, soutient Mme des Cars, qui voyage beaucoup, à New York, à Londres ou en Suisse. Notre budget est à l’échelle du projet, car on part de zéro ! On On n’a jamais vu unpays acheter à ce point l’image et le savoir-faire d’un autre Le défi du musée universel LE LOUVRE Abou Dhabi sera un musée universel. « C’est un pari », dit Laurence des Cars, la responsable du projet. La collection, qui occupera 6 000 m2 – ce n’est pas énorme –, embrassera toute la création, de la préhistoire à l’art actuel, sur tous les continents, de la peinture à la photographie en passant par le mobilier. Aucun autre musée de ce type existe. Ce parcours des collections est constitué de quatre ailes reliées par des sas. D’abord le monde antique. Puis l’art du Ve au XVe siècle, avec les grandes religions. Ensuite, l’art du XVe à la fin XVIIIe siècle avec les découvertes. Enfin le moderne et le contemporain. «Le parcours sera chronologique avec des thématiques, dit Lau- rence des Cars. Il sera décloisonné, riche en dialogues. » Entre art grec, mésopotamien et chinois pour la période antique, par exemple. Les quatre premières années, 300 œuvres seront prêtées par des musées français, qui seront exposées à côté des achats de FranceMuséums. Le balancier s’inversera progressivement: les prêts baisseront à 250 puis 200, et prendront fin dans dix ans. «Les premiers prêts viendront des gros musées parisiens. Puis de musées de province sur la base du volontariat, explique Laurence des Cars. Cela fait un an et demi que j’apaise cette question, mais on n’est pas dans l’hystérie, au contraire ! Le plus complexe est de gérer les rotations. La durée moyenne d’un prêt sera d’un an. » d’œuvredel’artmérovingien.France-Muséums l’a achetée pour Abou Dhabi. « C’est de la haute trahison, cet objet aurait dû entrer au Louvre », s’indigne-t-il. C’est aussi la France qui proposera le nom du directeur du musée. Un million et demi de visiteurs sont attendus chaque année, ce qui est beaucoup, comparé aux 5 millions d’habi- tants de la fédération des Emirats arabes unis. «Il y aune vraie curiosité », assure M. Maquart, qui s’appuie sur une étude sur les publics potentiels.Desscénariossontébauchés pour que le musée soit ouvert le soir et une partie de la nuit, à la fraîche. Pas sûr que l’entrée soit payante. p Michel Guerrin r Steine ier Duviv Burov ayes s&H n i l l o C ... less® s s e r t S R E P P O S T E D L S% PER E TOP D C A P S E AN US GR LE PL ONFORT EC ESPAC PUIS 1926 -lits, IS DE À PAR , canapés ub és Cl Canap fauteuils ... tion relaxa et de onvention C de la 0 40 63 rue e 01 45 77 8 ut , cica 15 Paris 9h, M° Bou er.fr 1 10h- t. www.topp tui P. gra 7 J / 7 EAUX 6 NIV O D’EXP Suivant les dates légales en vigueur e musée que le Louvre doit livrer à l’émirat d’Abou Dhabi, un des plus attendus au monde, se fabrique dans deux appartements d’unimmeuble bourgeois, au cœur de Paris : 900 m2 près du marché Montorgueil où vingt-huit personnes travaillent depuis deux ans. Mobilier épuré, art actuel au mur. Le personnel est jeune, dans le ton. L’agence s’appelle FranceMuséums et elle a pour seule mission de mener à bien l’installation des 24 000 m2 de ce musée, logé sur l’îledeSaadiyat etquidonneral’impression de flotter sur l’eau. Elle est de statut français – une société par actions simplifiée, créée en 2007. Ses salariés sont français. Le président du conseil scientifique, Henri Loyrette, le patron du Louvre, est entouré de huit responsables de musées et institutions français. L’architecte est Jean Nouvel. Mais Abou Dhabi paie tout : le nom du Louvre, le musée, les œuvres qui y seront exposées, les salaires et locaux de France-Muséums. Généreux émirat ! 974 millions d’euros sur trente ans, dont 164 millions, sur vingt ans, pour faire tourner France-Muséums. Dans un monde de l’art toujours plus mondialisé, on n’a jamais vu un pays acheter à ce point l’image et le savoir-faire d’un autre. « Les émirats sont venus nous chercher pour créer un musée original pour le XXIe siècle. Nous travaillons dans un climat de grande confiance », dit Bruno Maquart, le directeur de France-Muséums. Cette agence a quatre missions. Faire en sorte que le musée, dont le chantier démarre en ce début 2010, ouvre fin 2013. Imaginer un projet muséalnovateuretcohérent.Acheter des œuvres de qualité. Attirer le public. Un tiers du personnel est détaché pour trois ans renouvelables de musées français. Dont Laurence des Cars, qui vient d’Orsay et pilote le contenu. D’autres viennent de Guimet, du Louvre, du Quai Branly, du Centre Pompidou… Ils sont bien mieux payés qu’en France – « correctement », disent-ils – mais sans avouer combien. Pourquoi ce bonus ? « C’est quand même un risque pour sa carrière. Le projet a fait parler de lui, il n’est pas classique.» Ce projet est en effet contesté. La France braderait ses collections, ses cerveaux parce qu’elle n’a plus les moyens de financer ses musées. Mme des Cars a-t-elle l’impression de trahir ? «Je ne vois pas les choses ainsi. Il y avait des suspicions, mais on a rassuré car ce sera un musée ambitieux. Je travaille pour mon pays, car France-Muséums est le fruit d’un accord entre deux 4 Planète 0123 Dimanche 10 - Lundi 11 janvier 2010 Accord de Copenhague Inondations au Kenya L’Australie, le Canada, la Papouasie-Nouvelle-Guinée et les îles Maldives sont les quatre premiers Etats à avoir indiqué leur intention de signer l’accord obtenu lors du sommet sur le climat de Copenhague, en décembre 2009. Les autres Etats ont jusqu’au 31 janvier pour les imiter. Trente mille personnes sont affectées par des inondations causées par des pluies torrentielles au Kenya, a indiqué la Coordination des affaires humanitaires (OCHA) de l’ONU, qui craint une épidémie de choléra. Les inondations ont fait 34 morts, selon la police kenyane. www.sos-21.com Bienvenue dans un monde virtuel durable! SOS-21,jeu en ligne gratuit reconnu notamment parle Programme des Nations unies pour l’environnement permet de découvrir un univers socialement, économiquementet écologiquement responsable. Pourquoi l’hémisphère Nord subit des vagues de froid Une oscillation nord-atlantique négative affecte l’Europe et l’Amérique du Nord, par ailleurs touchée par El Niño E urope, Etats-Unis, Asie : l’hémisphère Nord grelotte. Plus que d’une seule vague de froid, il convient de parler de vagues de froid au pluriel, c’est-à-dire de flux d’air polaire déferlant sur les continents sans être forcément reliés entre eux, précise Christophe Cassou, du Centre européen de recherche et de formation avancée en calcul scientifique (Cerfacs). La faute à deux phénomènes météorologiques bien distincts mais qui, dans le cas présent, sont tous deux à l’œuvre :l’oscillation nord-atlantique (NAO) et El Niño. La circulation atmosphérique au-dessus de l’Atlantique nord est régie par la variation (l’oscillation) de la position et de l’intensité, Pour la fin du siècle, des oscillations plus souvent positives que négatives sont prévues. Et donc des hivers plus doux d’une part de la zone de dépression située sur l’Islande, de l’autre de la zone de haute pression (anticyclone) positionnée sur les Açores. «Depuis la mi-décembre, nous sommes dans une phase d’oscillation nord-atlantique négative, du fait d’une dépression sur l’Islande et d’un anticyclone sur les Açores l’un et l’autre plus mous que d’habitude », décrit Christophe Cassou. Conséquence pour l’Europe : les vents océaniques qui, d’ordinaire, tempèrent le climat continental, sont plus faibles, ce qui donne un hiver plus rigoureux. «Uneoscillation nord-atlantique négative n’est pas nécessairement synonyme de vague de froid, souligne le chercheur, mais plutôt d’occurrence accrue de vague de froid. » Et donc d’hiver contrasté, où phases de redoux et de rafraîchissement alternent, comme c’est le cas cette année. Au cours des trente dernières années, les hivers à NAO positive (donc plus chauds) ont été plus nombreux que ceux à NAO négative. Les climatologues hésitent à y voir un effet du réchauffement global. Mais leurs modèles prévoient, pourla fin dusiècle,desoscillations plus souvent positives que négatives. Et donc des hivers généralement plus doux. Les effets de l’oscillation nordatlantique négative se font sentir, actuellement, jusqu’en Europe de l’Est et en Asie. Ils expliquent aussi, en partie, pourquoi l’Amérique du nord est frigorifiée. Mais un autre phénomène entre ici en jeu : El Niño. Cette élévation anormale de la température des eaux de surface, danslabandeéquatorialeettropicale de l’océan Pacifique, est associée à des anomalies de circulation atmosphériqueau-dessusduPacifique nord et de l’Amérique du nord. Anomaliesquiprovoquentdestempératures plus froides. « L’épisode El Niño actuel, qui a commencé l’été dernieret s’est renforcéà l’automne, est atypique, indique M. Cassou. Le réchauffement des eaux se produit au centre du Pacifique, et non près des côtes du Pérou et de l’Equateur, comme on l’observe habituellement. » D’où un impact plus marqué sur les Etats-Unis. Cet épisode pourrait se poursuivre jusqu’au printemps,cequiaccroîtlaprobabilité de nouvelles vagues de froid. Reste que, pour les météorologues, la froidure de cet hiver n’a rien d’exceptionnel, en Europe du moins. Pas plus que les chutes de neige sur les régions méditerranéennes. Météo-France rappelle qu’au cours des 39 derniers hivers, des hauteurs de neige supérieures à 10 cm à basse altitude – considérées comme des « phénomènes majeurs» – ont été enregistrées à 34 reprises, soit, en moyenne, quasiment une fois par an. D’ailleurs, les prévisions saisonnières de MétéoFrance – dont le niveau de fiabilité est par nature assez faible– annoncent, pour la métropole, un premier trimestre 2010 « plus chaud » que la normale. En attendant, cinq régions et vingt-neuf départements français ont été placés en vigilance orange, en raison de la neige et du verglas. Dans le Sud-Est, les TGV accusaient, vendredi 8 janvier, plusieurs heures de retard. A Lyon, 60 % des vols ont été supprimés et la direction générale de l’aviation civile a demandé aux compagnies aériennes d’annuler 25% des vols prévus, samedi 9 janvier, sur Roissy-Charles-de-Gaulle. La Grande-Bretagne, où 22 personnes sont mortes du froid depuis le mois de décembre 2009, connaît son hiver le plus rigoureux depuis trente ans. L’Espagne, l’Allemagne ou les Pays-Bas, sont, eux aussi, transis. Outre-Atlantique, les Etats-Unis subissent les rigueurs d’un hiver polaire.DanscertainsEtats,lacolonne de mercure a dégringolé jusqu’à -45˚C. Fait exceptionnel, la Floride, habituée à la douceur hivernale, connaît les affres du gel. Jeudi 7janvier, la température est tombée à 0˚C à Miami, et les producteurs d’agrumes craignent des pertes de récolte record. L’Asie frissonne aussi. En Chine, des chutes de neige et un vent glacé en provenance du désert de Gobi et des plaines de Sibérie paralyse la circulation à Pékin. Selon les services météorologiques, les températures enregistrées dans la capitale sontlesplusbassesdepuisundemisiècle. p Pierre Le Hir Vue satellite de la Grande-Bretagne entièrement recouverte par la neige, jeudi 7 janvier. NASA/AP La Colombie décrète l’«état d’urgence environnemental» CONFRONTÉ à une sécheresse attribuée au phénomène climatique El Niño et à une vague de froid, le gouvernement colombien a instauré, jeudi 7 janvier, l’« état d’urgence environnemental » dans 25 des 32 départements du pays. Cette mesure permet notamment de fermer les parcs naturels nationaux et d’acheter, sans appel d’offres, des équipements destinés à contrôler les incendies. Le ministère de l’environnement aura par ailleurs la possibilité de légiférer par décret. Les pique-niques, les feux de bois, les barbecues dans les campagnes ou l’utilisation de la poudre dans les fêtes régionales sont inter- dits, alors que la sécheresse a déjà provoqué, dans 77 municipalités, des incendies qui ont détruit 2 216 hectares de forêts. Le ministre de la défense, Gabriel Silva, a offert des récompenses pouvant aller jusqu’à 20millions de pesos (7 000 euros) à ceux qui permettront d’identifier les incendiaires. Le code pénal prévoit une peine de prison maximale de quinze ans pour les pyromanes. L’aviation colombienne a rencontré des difficultés à juguler certains incendies à cause de l’altitude. C’est notamment le cas dans le parc Las Hermosas, sur la cordillère des Andes, situé à 4 000 mètres au-dessus du niveau de la mer. L’assistance de pays ayant l’expérience des incendies, comme les Etats-Unis, a été sollicitée. En raison de la présence d’El Niño sur le Pacifique, la saison des pluies, qui s’étend généralement de septembre à décembre, a été cette année très courte et de faible intensité. La saison sèche qui lui a succédé devrait durer encore trois mois. Floriculture compromise Les intempéries ont d’ores et déjà compromis 30 % de la production de fleurs, une des principales sources d’exportation pour la Colombie, puisqu’elle suscite 1,1 milliard de dollars (770 millions d’euros) de recettes par an. Les pertes provoquées par le gel dans la savane qui entoure Bogota, où la température a chuté jusqu’à -5˚C, concernent notamment les récoltes destinées aux Etats-Unis pour la Saint-Valentin, le 14 février. A cette occasion, les Colombiens vendent aux Américains 1,7 million de caisses de fleurs, soit 15 % de leur production annuelle. 70 % de la production colombienne vient de la savane de Bogota, où 5 600 hectares sont consacrées à la floriculture. La Colombie est le deuxième exportateur de fleurs au monde, après les Pays-Bas. p Paulo A. Paranagua Une compagnie d’Etat chinoise mise en cause dans la pollution du fleuve Jaune La rupture d’un oléoduc a provoqué le déversement de 150000 litres de gazole et menace l’accès à l’eau potable de millions de personnes Pékin Correspondant Pékin L Lanzhou GANSU (Huang He) a China National Petroleum Corporation (CNPC), une des plus grandes compagnies pétrolières chinoises, fait figure d’accusée après la rupture d’un de ses oléoducs, le 30 décembre 2009, qui a provoqué le déversement de 150 000 litres de gazole dans deux affluents du fleuve Jaune, le Huang He, qui est le deuxième plus long fleuve de Chine. Une alerte à la pollution a été décrétée par les autorités chinoises. L’incident s’est produit dans le nord de la province du Shaanxi et a touché les rivières Chishui et Wei. Le gouvernement local a précisé qu’un degré de pollution de Tianjin SHAANXI CORÉE DU SUD Kaifeng HENAN Wuhan Chongqing BIRMANIE u Ble uve gzi) e l n F (Ya niveau 5, le plus haut sur l’échelle chinoise, avait été relevé dans ces deux affluents, tout en précisant que la contamination de la rivière Wei, la moins touchée, était désor- Mer Jaune Zhengzhou Fleuve Jaune INDE CORÉE DU NORD HUNAN Shanghaï CHINE 250 km mais«souscontrôle ».Untel niveau de pollution rend l’eau impropre à la consommation, mais encore utilisable pour l’agriculture, ont précisé les autorités. Septcentsouvriersont étémobilisés pour réparer la fuite. Le fleuve Jaune est une source d’eau potable pour des dizaines de millions de personnes et la contamination de ses deux affluents affecte les habitants de huit villes. Des traces de pétrole ont notamment été décelées dans le réservoir du barrage de Sanmenxia, dans la province du Henan. Pour éviter que la pollution ne s’étende à Zhengzhou, la capitale provinciale, les responsables ont dû interrompre la production d’électricité de ce barrage. ZhengzhouetKaifeng,une autre importante cité voisine, totalisent unepopulationde3,5millionsd’habitants, et 95 % de l’eau courante y provient du fleuve Jaune. L’agence de presse Chine nouvelle précise que, depuis longtemps déjà, en rai- son de la pollution du fleuve,la plupart des habitants ne pouvaient plusconsommerquedel’eauminérale en bouteille. Selon des statistiques officielles, deux cents millions de Chinois n’ont pas accès à uneeau propreà la consommation. « Politique de l’autruche » La CNPC a reconnu que la pollution des deux cours d’eau avait bien pour origine la rupture d’un de ses oléoducs, mais la compagnie d’Etat a rejeté la responsabilité de l’accident sur « des travaux effectués » dans la zone de la fuite par «untroisièmeacteur»auprofilparticulièrement flou. Ce qui a provoqué des commentaires inhabituellement acerbes de la part de la Radio nationale de Chine, pour laquelle « la CNPC joue la politique de l’autruche en refusant d’accepter sa pleine responsabilité et en n’ayant pas encore proposé de dédommagements aux victimes de cette pollution». La radio a rappelé qu’un autre incidentsérieuxavaitimpliquécette même compagnie en 2005, quand une fuite de pétrole avait pollué la rivière Songhua, dans la provinceduHelongjiang, frontalière de la Russie. Cette catastrophe écologique avait provoqué une sérieuse crise diplomatique entre Pékin et Moscou. Le même commentateur de la radio chinoise a précisé que, à l’époque, la CNPC était restée « silencieuse » et qu’à nouveau « on peut mettre en doute le sens de la responsabilité dont fait preuve ce colosse d’Etat ». p Bruno Philip International 5 0123 Dimanche 10 - Lundi 11 janvier 2010 Afghanistan: la stratégie hésitante des Occidentaux Avant la conférence de Londres du 28janvier, Paris prépare prudemment une hausse de ses effectifs militaires face à l’extension de l’insurrection talibane. De lourdes incertitudes planent sur la conférence. Annoncée en novembre 2009 par le premier ministre britannique, Gordon Brown, qui est en pleine campagne électorale, elle est jugée prématurée par certains experts, car le renfort de troupes décidé par le président américain, Barack Obama, commence à peine à se mettre en place. « De quoi discutera-t-on au juste ?», s’interrogent des diplomates, d’autant que « personne n’a d’argent supplémentaire à mettre au pot ». Une autre question se pose : M. Karzaï aura-t-il formé son gouvernement avant cette date ? Cet aspect est important pour les Occidentaux, qui veulent plus que jamais obtenir de lui des engagements de « bonne gouvernance » et de lutte contre la « corruption ». Le 3 janvier, le Parlement afghan a récusé les deux tiers des ministres que M. Karzaï proposait. Des diplomates se demandent si le dirigeant afghan ne cherchera pas à tirer argument de cette situation pour faire baisser une partie de la pression qui s’exerce sur lui. L’enjeu pour les partenaires de l’Afghanistan est de relégitimer la relation avec un président dont la reconduction s’est faite dans des conditions chaotiques : fraudes au premier tour, annulation du second tour. « C’est une reprise en main un peu illusoire de Karzaï, après la tragi-comédie de l’élection », commente une source européenne. Le soutien des opinions publiques occidentales est dans la balance. Depuis 2001, les conférences internationales sur l’Afghanistan M.Sarkozy défend l’engagement français « LES CONDITIONS du retrait ne sont pas réunies », a indiqué le président de la République, Nicolas Sarkozy, vendredi 8 janvier, à Vannes (Morbihan), en évoquant l’engagement militaire français en Afghanistan, lors des traditionnels vœux aux armées. M. Sarkozy avait choisi pour cette cérémonie de retourner pour la deuxième fois en quatre mois au 3e régiment d’infanterie de marine, qui a perdu cinq soldats en Afghanistan. Le chef de l’Etat n’a pas abordé la question de ce conflit isolément : elle a été englobée dans un passage du discours concernant les opérations extérieures de la France, et « la reconnaissance que la nation porte à nos soldats déployés » – 10 000 en ce moment – « à travers le monde », « prêts à défendre nos valeurs, la paix et la sécurité internationale ». Cet engagement global « est à la hauteur des responsabilités qui incombent à un pays membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU », a affirmé M. Sarkozy. Dans ce cadre, « dès que les conditions le permettent, il est de mon devoir de faire rentrer nos soldats à la maison, comme ce sera bientôt le cas, je l’espère, pour nos troupes en Côte d’Ivoire et au Kosovo », a-t-il poursuivi. Mais « lorsque les circonstances l’exigent, il est aussi de mon devoir de les maintenir à leur poste comme c’est le cas en Afghanistan aujourd’hui ». Selon M. Sarkozy, la France doit « aider les Afghans jusqu’à ce qu’ils soient en mesure d’assumer seuls leur sécurité et leur développement dans le cadre d’un pays souverain, stable, en paix, acteur du dialogue international ». p Nathalie Guibert AFGHANISTAN O U Z B. TURKMÉN. IRAN A lors que les enjeux de la lutte contre Al-Qaida viennent d’être remis en évidence par la tentative d’attentat, le 25 décembre 2009, sur un avion de ligne reliant Amsterdam à Detroit, puis par la spectaculaire attaque-suicide du 30 décembrecontre une base de la CIA à Khost, en Afghanistan, la communauté internationale se prépare à se réunir de nouveau au chevet de l’Afghanistan. L’opérationde la coalition internationale sous mandat de l’ONU est désormais entrée dans sa neuvième année. Une conférence internationale, prévue à Londres le 28 janvier, vise à faire repartir sur de meilleures bases la relation compliquée entre le président afghan, Hamid Karzaï, réélu en novembre 2009 pour cinq ans, et les gouvernements occidentaux qui cherchent à stabiliser son pays Chef de l’Etat TA DJ I K . Kunduz Herat Kaboul Khost Kandahar PA K I STA N 200 km Hamid Karzaï Superficie 652 000 km2 Population 28,4 millions Croissance (2007) 15,6 % Espérance de vie 44 ans Indice de développement 0,352 181e sur 182 humain (2007)* *indice compris entre 0 (mauvais) et 1 (très bon) Monnaie afghani (0,01365 €) SOURCES : BILAN DU MONDE, LE MONDE, ÉD. 2010 ; PNUD se succèdent à un rythme soutenu – en moyenne une par an. Celle de Londresà laparticularité d’intervenir au moment où l’arrivée progressive de 30 000 soldats américains supplémentaires devrait, d’ici à l’été (en ajoutant les contributions nouvelles d’autres pays : 10 000 soldats, dont 7 000 de l’OTAN), porter la force internationale au-delà des 130 000 hommes. La France et l’Allemagne réservent leur réponse. Y aura-t-il des annonces à l’occasion de la conférence de Londres ? Les Etats-Unis demandent 1 500 soldats de plus à Paris, qui a déployé à ce jour 3 750 hommes sur l’ensemble du théâtre des opérations. Le président Nicolas Sarkozy serait, selon nos sources, tenté de « couper la poire en deux » en envoyant 600 ou 700 hommes de plus. L’idée est de renforcer la présence de gendarmes français (aujourd’hui 150) chargés de former des policiers afghans, d’envoyer d’autres instructeurs et aussi de dépêcher environ 200 soldats de plus pour les opérations de combat. Ce renfort est souhaité par la hiérarchie militaire française. Paris semble vouloir en savoir plus sur les intentions allemandes avantdefixer sonchoix. EnAllemagne, les retombées politiques de la « bavure » militaire de Kunduz en septembre2009 (plus de 140 civils tuésdans unbombardement) compliquent le dossier pour la chancelière, Angela Merkel. Plus généralement, le débat qui s’est focalisé ces derniers mois sur le nombre de troupes fait craindre une dérive vers le tout-militaire, au détriment de la reconstruction etavec les risques de nouvelles pertes civiles que cela pourrait comporter. Selon l’ONU, sur les 2 021 civils tués au cours des dix premiers mois de l’année 2009, près de 1 400 ont péri dans des attaques des talibans et 465 dans des actions de la coalition. Non sans calculs politiques, le président Karzaï continue de concentrer ses critiques sur les pertes causées par l’OTAN. Le représentant spécial de l’ONU en Afghanistan, le Norvégien Kai Eide, dont le successeur devrait être annoncé le 28 janvier, met en garde : « Le surge militaire ne doit pas miner les objectifs civils, qui sont tout aussi importants. Ni l’élaboration d’une stratégie à dominante politique », a-t-il dit devant le Conseil de sécurité. «Autrement, nous allons échouer. » L’année 2009 a été la plus meurtrière pour la coalition. La qualité des renseignements dont l’OTAN dispose sur le terrain vient d’être fustigée parun de ses responsables à Kaboul, le général Michael Flynn. Le débat sur le renfort des troupes fait craindre une dérive vers le tout-militaire Le ministre français des affaires étrangères, Bernard Kouchner, assure pour sa part que le « grand atout » des troupes françaises est de « savoir parler aux paysans » afghans, qui « nous font confiance ». Paris considère que la tenue d’une autre conférence internationale, au printemps, à Kaboul cette fois, permettrait de mieux souligner la volonté de transfert de responsabilités aux Afghans. p Natalie Nougayrède 6 International 0123 Dimanche 10 - Lundi 11 janvier 2010 A Detroit, le procès de l’auteur de l’attentat L’Argentine plonge dans une crise raté du 25décembre commence Le jeune Nigérian Omar Farouk Abdulmutallab plaide non coupable de six chefs d’accusation institutionnelle Reportage La justice suspend un décret de la présidence limogeant le chef de la Banque centrale Detroit (Michigan) Envoyé spécial L a justice fut ponctuelle. A 13 heures précises, vendredi 8janvier, le juge fédéral Mark Randonest entrédans lapetite salle archicombledu tribunal de Detroit. Les murmures se sont tus et les regards se sont tournés vers la frêle silhouettedel’accusé quise présenteà la barre. Ilporte deschaînes aux chevilles. Tee-shirt blanc, pantalon large et kaki, le jeune Nigérian Omar Farouk Abdulmutallab, accusé d’avoir voulu faire exploser en vol, le jour de Noël, un avion de ligne américain entre Amsterdam et la métropole du Michigan, avance encore, hésite, se place à gauche de son avocate, Miriam Siefer, debout à ses côtés. Le juge demande ses nom, prénometâge.OmarFaroukAbdulmutallab répond en anglais d’une voix polie,mais à peine audible. « Abdulmutallab, Farouk, 23 ans. » Il tire sur son tee-shirt, se déhanche. Il affirme avoir bien suivi des études secondaires. Comprend-il les charges qui lui sont reprochées ? «Oui. » A la question de savoir s’il a pris ces dernières vingt-quatre heures des pilules ou des médicaments, le jeune homme reprend : « Ces dernières vingt-quatre heures ? Oui, des antidouleurs.» Ce seront ses dernières paroles. OmarFaroukAbdulmutallablaissera à son avocate commise d’office annoncer qu’il plaide, à ce stade de la procédure, non coupable des six chefs d’accusation pesant contre lui dont « tentative de meurtre » et «tentative d’utilisation d’armes de destruction massive ». Miriam Siefer ajoute devant le juge qu’elle ne demande pas la libération de son client. « Nous acceptons la détention», conclut-elle. L’audienceestlevée.Lejugequitte la salle en empruntant la petite porte par laquelle il était entré il y a àpeine plus detroisminutes. Omar Farouk Abdulmutallab s’avance, lui, vers le côté opposé de la cour. Avant d’être reconduit sous bonne escorte policière à la prison Milan, L Des manifestants musulmans dénoncent le terrorisme, vendredi, devant le tribunal. R. COOK/REUTERS située à une petite heure de route du tribunal, il tourne pour la première fois la tête en direction du public, comme pour chercher un membre de sa famille, un proche. Des rumeurs avaient annoncé la venue de son père, qui avait alerté l’ambassadeaméricaine auNigeria, ennovembre2009, de la radicalisation de son fils. Mais il n’est pas là. «Le jour de l’incident, il était sans voix et sans expression. Aujourd’hui, il a parlé» Hebba Aref passagère du vol du 25 décembre 2009 Seule une avocate nigériane qui le représente a fait le déplacement. Elle n’esquisse aucun geste et garde le silence. Assise au premier rang, accompagnéedeplusieursmembresdesa famille, Hebba Aref n’a pas quitté du regard le jeune accusé. Originaire du Michigan, cette avocate de 27ans travaillant au Koweït se trouvait, ce 25 décembre, dans le même vol qu’Omar Farouk Abdulmutallab, six rangées derrière lui. Devant lesjournalistes,lajeunefemmevoilée dit avoir voulu « revoir une fois quiétaitcettepersonne».Etdepoursuivre:« J’airessenticommeunpincement dans mon ventre. Le jour de l’incident, il était sans voix et sans expression. Aujourd’hui, il a parlé.» Lajeunefemmeajouteencorequ’elle souhaite l’application de la peine maximale. «Il dévoie notre religion, lâche sa mère, NeveenAref,présenteàsescôtés.Ilnel’apasluecorrectement. Notre religion n’est que beauté et paix. » Des propos répétés devant l’enceinte du tribunal par une trentaine de manifestants venus braver le froid glacial. Des musulmans pour la plupart arborant des drapeaux américains comme Jay Gonbey, 36 ans,propriétaired’unepetitelibrairie et qui dit être venu pour envoyer un message à ceux qui tirent les ficelles des attentats. Sur une de ses pancartes, on peut lire : «L’islam est contre le terrorisme. » Viviane Majed porte, elle aussi, le voile, comme une poignée d’autres jeunes femmes regroupées au milieu de la rue. Originaire du Liban, elle dit avoir suivi son père, venu voilà plus de trente ans, ici, aux Etats-Unis, pour y travailler dans l’industrie automobile. Le tract qu’elle distribue se veut porteur d’un message adressé aux terroristes. Il prévient que « si vous voulez tuer des Américains, nous sommes des Américains, venez nous tuer en premier ». Un petit groupe de personnes, membres de la communauté nigériane locale, estimée à quelque 10 000 individus, se fait plus discret. Ougnika Yanke, 50 ans, luimême de confession musulmane etinstallédepuisquinzeansdansla région, affirme soutenir la guerre de Barack Obama contre le terrorisme. Surtout, il dit ne pas comprendre les motivations d’Omar Farouk Abdulmutallab: «Il est entré dans le mauvais gang, dans un pays lointain. Pourquoi?» D’après les experts, le procès pourrait être rapidement bouclé, « deux semaines, peut-être même moins », selon Peter Henning, professeur de droit à l’université Wayne de Detroit. Le jeune homme encourtlaréclusion àperpétuité. p Nicolas Bourcier e sort du président de la Banque centrale d’Argentine a soudainement plongé le pays dans une crise institutionnelle. Jeudi 7 janvier, la présidente (péroniste) Cristina Kirchner a en effet limogé par décret le chef de cette institution, Martin Redrado, dont le mandat expire en septembre. Vendredi, une juge fédérale suspendait provisoirement l’application du décret. Martin Redrado a donc repris le chemin de la Banque centrale, alors que toute la classe politique s’emparait du sujet. Les dissensions entre la présidence et la Banque centrale portent sur le paiement de la dette publique. Le 14 décembre 2009, Cristina Kirchner avait en effet décidé de créer, par décret, un fonds spécial – le Fonds du bicentenaire de la révolution de mai 1810 – qui devait être doté de 6,5 milliards de dollars (4,5 milliards d’euros). Puisée dans les réserves en devises de la Banque centrale, cette somme était destinée à payer une partie des échéances de 2010 (13 milliards de dollars) de la dette publique extérieure. M. Redrado a refusé d’opérer ce transfert, craignant les recours des créanciers privés. En retour, il a été accusé par le pouvoir de « manquement aux devoirs d’un fonctionnaire ». Lui, assure être le garant de « la confiance de tous les Argentins dans leur monnaie, la prévisibilité des changes et la stabilité financière ». Vendredi, la même juge a aussi suspendu le décret créant le Fonds de la révolution. Deuxième revers pour Mme Kirchner. Cette crise a précipité la fin de la trêve estivale. Les ténors de l’opposition sont rentrés à Buenos Aires. La députée centriste Elisa Carrio estime que « la présidente est passible d’une procédure de destitution ». Selon ses détracteurs, le décret présidentiel viole l’autonomie de la Banque centrale. Il ignore l’avis du Congrès, nécessaire pour démettre le président de l’institu- tion bancaire, alors que le gouvernement ne dispose plus de majorité parlementaire depuis les élections législatives de juin 2009. L’ancien sénateur Jorge Capitanich, gouverneur de la province du Chaco et partisan de Mme Kirchner, considère quant à lui que l’avis du Congrès est seulement consultatif. «Un changement àla tête de la Banque centrale est du ressort du pouvoir exécutif », plaide-t-il. « Peut-on retirer des réserves de la Banque centrale par un simple décret ? C’est une folie ! », s’exclame le cinéaste Fernando Solanas, député (de gauche) à Buenos Aires. « C’est un affront à tous les Argentins que de prétendre honorer la révolution de mai en payant des dettes frauduleuses et en aggravant le modèle pervers d’endettement hérité de la dictature militaire et des présidences de Carlos Menem et Fernando de la Rua », ajoute le cinéaste. « Autoritarisme » «Le problème est compliqué, car le gouvernement manque de ressources pour financer le budget », souligne Oscar Aguad, député du Parti radical (centre gauche). « Le messagequ’on envoie àtoute la planète est que l’Argentine est un pays sanslois », déplore ledéputé Federico Pinedo (droite). Le quotidien conservateurLa Nacionmet encause«l’autoritarisme »dela présidente. La Nacion accuse le gouvernement de s’approprier des ressources qui ne lui appartiennent pas, comme il le fit avec les fonds de pension privés, en octobre 2008. Cette crise institutionnelle pourrait avoir un impact économique. « M. Redrado avait gagné la confiance des marchés pour avoir bravé la crise financière internationale en limitant les coûts en termes de mouvements bancaires, note le consultant Aldo Abram. Le démettre ne peut avoir que des résultats négatifs. » p Paulo A. Paranagua La voiture de M.Karoubi, figure de l’opposition en Iran, aurait essuyé des coups de feu L’aile dure des fondamentalistes semble jouer la politique du pire devant les hésitations du pouvoir à accroître encore la répression L a violence a franchi un pas en Iran. Selon les informations publiées vendredi 8 janvier par le site Internet réformateur Kaleme, la voiture blindée qui transportait Mehdi Karoubi, une des figures de proue de la vague de contestation qui secoue l’Iran depuis la réélection contestée du président Ahmadinejad en juin 2009, a essuyé plusieurs coups de feu. Le pare-brise et une vitre arrière ont été atteints, selon son fils Hossein, mais M. Karoubi, ex-candidatmalheureux à la présidentielle et le premier à avoir dénoncé les tortures en prison, n’a pas été touché. Il s’était rendu à Ghazvin (ouest de Téhéran), dans le cadre du deuil chiite du Moharam et venait de rencontrer le dirigeant religieux Nassir Ghavami. A sa sortie, des hommes en civil l’ont insulté, selon des témoins, lui lançantdes œufset des pierres.Puis les tirs ont éclaté. La police a tenté de protéger M. Karoubi. Parmi la foule se trouvaient les plus hautes autorités des services de sécurité de la province, dont le colonel Mirbaha, sous-préfet de Ghazvin, le généralGhorbani,conseillerdupréfet ou le chef des services de renseignement des Gardiens de la révolutiondelaprovince,l’officier Khandjani. Autant de personnalités dont lespartisansdeM.Karoubiontcritiqué au minimum la « passivité ». Par la suite, le chef de la police, MassoudJafariNassab,aconfirmél’attaque mais démenti les coups de feu, alléguant que M.Karoubi «veut faire de la propagande à l’étranger ». Presque au même moment à Yazd, d’autres inconnus attaquaient la maison de l’imam de la prière du vendredi de la ville, l’ayatollah Sadoughi, un religieux proche de l’ex-président réformateur Mohammad Khatami, qui soutient la contestation. La télévision iranienne qui n’a pas mentionné les événements de Ghazvin, a diffusé un débat sur la situation dans le pays. Au cours de ce débat, un député pourtant réputé parmi les plus fondamentalistes, Ali Mottahari, lui-même fils de l’un des fondateurs de la République islamique, l’ayatollah Morteza Mottahari, assassiné au début de la révolution, s’est élevé avec virulence contre ceux qui veulent accentuer encore la répression, estimant que la crise est grave et qu’une fuite en avant ne serait que dangereuse. Un pointde vue partagé par Ali Larijani, le président du Parlement qui a défendu plusieurs personnalités du régime attaquées pour avoir dit qu’ouvrir un dialogue est encore possible. Peines de mort «Cesinterventions,quelquesheures après l’attaque contre M. Karoubi montre à quel point les autorités restent encore divisées sur la façon de répondre à la contestation, estime un analyste iranien. Il y a nettement un noyau fondamentaliste, proche de M. Ahmadinejad, avec des représentants parmi les religieux et les Gardiens de la révolution qui cherchent à tout prix l’incident pour pouvoir s’autoriser un bain de sang, quitte à mettre le Guide suprêmeAli Khamenei, devant le fait accompli. Et c’est dangereux.» C’est sans doute dans ce sens Des hommes en civil s’en prennent à la voiture de Mehdi Karoubi, dans la nuit de jeudi à vendredi, à Ghazvin. DR qu’il faut comprendre la démarche de certains religieux de l’aile la plus dure durégime qui ont encouragé les autorités judiciaires à qualifier des manifestants de « Mohareb » (« ennemis en lutte contre Dieu »), ce qui, en Iran, est passible de la peine de mort. Cinq manifestants seront jugés dans ce cadre, a annoncé, vendredi, le procureur général de Téhéran, Abbas Jafari Dolatabadi. Des condamnations à mort seraient prononcées « pour l’exemple » ? « Ce serait en violation de la Constitution, s’insurge Karim Lahidji, juriste et président de la Ligue des droits de l’homme iranienne : en effet l’article 183 dit qu’est “mohareb celui qui utilise des armes et par ce biais met la liberté et la sécurité de la population en danger” ou alors l’article 186, qui reconnaît comme mohareb “des groupes organisés et armés agissant contre le régime”. Dans tous les cas, les manifestants étaient pacifiques, pas organisés, pas armés. Ceux qui correspondent à la définition sont plutôt les miliciens qui ont mené la répression. » p Marie-Claude Decamps International 7 0123 Dimanche 10 - Lundi 11 janvier 2010 Nouvelle offensive de l’armée contre les rebelles hutu dans l’est du Congo Kinshasa demande le départ des casques bleus, qui appuient pourtant l’opération militaire Kinshasa Envoyé spécial Forces de l’ONU (Monuc) U en décembre 2009 ne nouvelle opération militaire d’envergure a été lancée, début janvier, dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC). Cette offensive bénéficie de l’appui de la majeure partie des quelque 20 000 casques bleus de la Mission d’observation des Nations unies au Congo (Monuc), à un moment où Kinshasa commence à remettre en cause la présence sur son sol du plus important déploiement de casques bleus dans le monde. Baptisée « Amani Leo », l’opération militaire prévue pour durer plusieurs mois doit permettre aux forces armées congolaises (FARDC),entre autres objectifs,de « libérer» des zones contrôlées par ceux quel’onappelleàKinshasa, les«forces négatives » : les miliciens hutus rwandais présents en RDC et qui ont participé au génocide de 1994. Mieux équipée que l’armée congolaise,la Monuc fourniraà celle-ci les renseignements militaires, l’appui logistique et sanitaire, le carburant, l’alimentation. Et, à l’occasion, elle apportera « un appui feu ». « Forces négatives » Sans cette aide, personne n’imagine que l’armée dite régulière, peu motivée et faite d’éléments disparates, puisse s’imposer face aux anciens « génocidaires », même si les effectifs de ces derniers, disséminés en petits grou- Quartiers généraux SOUDAN Gbadolite Dungu Bunia Gemena Mbandaka Kindu CONGO OUGANDA Beni Kisangani Goma Bukavu RWANDA Uvira BURUNDI Kinshasa Kalemie TANZANIE Mbuji-Mayi Moba R É P. D É M . DU CONGO Kamina ANGOLA 500 km pes dans la forêt, ne dépassent pas 6 000 combattants, selon la Monuc. Avec l’opération « Amani Leo », le rôle de la Monuc va différer de ce qu’il était lors des deux précédentes opérations aux objectifs similaires, en 2009, a prévenu à la mi-janvier son chef, le lieutenant général Babacar Gaye. Cette fois, l’appui des casques bleus ne sera pas automatique. Il n’interviendra que pour des « opérations planifiées conjointement » et qui devront être menées « dans le respect des droits de l’homme », insiste la Monuc. Le bilan humanitaire catastrophique des offensives antérieures explique les restrictions décidées par la Monuc et approuvées par le Manono Lubumbashi ZAMBIE Conseil de sécurité de l’ONU. Car si l’armée congolaise a réduit le fief des milices hutu, son comportement sur le terrain vis-à-vis des civils lui a valu d’être dénoncée par les associations non gouvernementales (ONG). Human Rights Watch (HRW), a ainsi « documenté les meurtres délibérés d’au moins 732 civils (…) par des soldats de l’armée congolaise et leur partenaire au sein de la coalition ». La Monuc juge ces chiffres surévalués. « C’est clair, il y a eu des abus », reconnaît son porte-parole militaire, le lieutenant-colonel Jean-Paul Dietrich, avant de rappeler que « les casques bleus ont cessé de fournir leur soutien à une brigade [la 213e] coupable d’exactions ». « Ce cas mis à part, la Monuc fait confiance à la justice militaire congolaise pour punir les auteurs de violences contre des civils, identifiés par la mission de l’ONU », ajoute le militaire. « Il y aurait eu une trentaine de jugements prononcés », croit savoir un porte-parole de la Monuc, Kevin Kennedy. Les auteurs de violences ont-ils été condamnés ? La Monuc l’ignore. Souveraineté Paradoxalement, la Monuc a beau apporter un soutien essentiel à l’armée dans sa lutte contre les « génocidaires », sa présence au Congo fait débat à Kinshasa. Fin novembre 2009, le président Joseph Kabila a souhaité qu’un « plan de désengagement de la Monuc » soit présenté au gouvernement « avant le 30 juin ». Pour justifier sa demande, le chef de l’Etat a mis en avant « l’amélioration nette de la situation sécuritaire dans l’est du pays ». En juin, l’ancien Congo belge célébrera – en grande pompe – le 50e anniversaire de son indépendance. Il est possible que le président Kabila souhaite à cette occasion montrer un pays vide de toute présence militaire étrangère. Même celle de casques bleus. Mais il n’est pas exclu que le chef de l’Etat veuille se débarrasser de la Monuc pour se maintenir au pouvoir le plus discrètement possible, au prix d’un tour de passe-passe constitutionnel qui lui permettrait de briguer autant de mandats présidentiels qu’il le souhaite. p Jean-Pierre Tuquoi Angola Le bus de l’équipe de football du Togo mitraillé dans l’enclave de Cabinda LUANDA. Des indépendantistes de l’enclave angolaise de Cabinda ont ouvert le feu, vendredi 8 janvier, sur le convoi de l’équipe de football du Togo qui arrivait dans le pays Brazzaville R D C pour la Coupe d’Afrique des nations (CAN-2010). L’attaque a fait Kinshasa Cabinda un mort et neuf blessés. (Angola) La Confédération africaine de football (CAF) a immédiatement annoncé le maintien de la compétition, Océan Luanda qui devait débuter dimanche à Atlantique Luanda. La fusillade a été revendiANGOLA quée par l’aile militaire du Front de 250 km libération de l’Etat de Cabinda (FLEC), qui milite depuis l’indépendance de l’Angola, en 1975, pour l’autodétermination de cette bande de terre côtière située à une cinquantaine de kilomètres au nord du territoire angolais. – (AFP.) p GABON CONGO Egypte La tension entre coptes et musulmans reste vive NAGAA HAMMADI. De nouveaux actes de violence ont éclaté, vendredi 8 janvier à Nagaa Hammadi, en dépit de l’arrestation des responsables présumés de la fusillade de mercredi contre la communauté chrétienne de cette localité de Haute-Egypte. Selon un responsable de la sécurité, des coptes ont lancé des pierres sur des magasins tenus par des musulmans à Nagaa Hammadi, où six coptes et un policier musulman ont été tués mercredi, lors des fêtes du Noël copte, dans les violences confessionnelles les plus sanglantes depuis des années en Egypte. – (AFP.) Irak Des partis sunnites menacés d’inéligibilité BAGDAD. Quinze partis politiques devraient être décrétés inéligibles au scrutin législatif prévu le 7mars en Irak, en raison de leurs liens supposés avec l’ancien régime de Saddam Hussein, estime la Commission «justice et responsabilité », instance indépendante chargée de s’assurer que l’ancien parti Baas de Saddam Hussein ne revienne pas au pouvoir. Cette recommandation doit encore être ratifiée par la commission électorale, et peut être contestée devant les tribunaux. Mais la légitimité de ses conclusions, qui pourraient raviver les tensions intercommunautaires, a déjà été contestée par les partis visés, dont le Front du dialogue national de Saleh Al-Moutlak. – (AFP.) Venezuela Le président Hugo Chavez annonce une dévaluation du bolivar CARACAS. Le président Hugo Chavez a annoncé, vendredi 8 janvier, une dévaluation du bolivar. La monnaie nationale aura désormais deux taux, selon son usage. Elle s’échangera à 2,60 pour un dollar pour les transactions jugées prioritaires par le gouvernement, et 4,30 pour les autres opérations. Le bolivar était jusqu’ici fixé au taux de 2,15 pour un dollar. Cette dévaluation est la conséquence de la baisse des revenus du pétrole. – (AP.) 8 Europe Suède Un ancien dirigeant néonazi reconnaît sa responsabilité dans l’affaire du vol d’Auschwitz STOCKHOLM. Un ex-dirigeant néonazi suédois de 34 ans soupçonné d’avoir participé au vol de l’inscription allemande Arbeit macht frei (« Le Travail rend libre») de l’ancien camp d’extermination nazi d’Auschwitz-Birkenau a admis, vendredi 8 janvier, être impliqué, dans son premier commentaire à la presse. Anders Hijgstrijm, qui a fondé et dirigé, de 1994 à 1999, le Front national-socialiste, le principal parti néonazi suédois, a reconnu qu’il devait agir comme intermédiaire pour chercher et revendre l’inscription. – (AFP.) Royaume-Uni Incident à bord d’un avion à l’aéroport d’Heathrow LONDRES. Des policiers en armes sont intervenus à bord d’un avion des Emirats arabes unis qui s’apprêtait à partir pour Dubaï au départ de Heathrow et ont interpellé trois personnes soupçonnées d’une menace d’attentat à la bombe, a annoncé la police londonienne,vendredi 8 janvier. « Une menace verbale », avait été lancée au personnel de l’avion, selon la police. – (AFP.) 0123 Dimanche 10 - Lundi 11 janvier 2010 La direction de l’UE se veut volontariste face à la crise L’échec de l’agenda de Lisbonne, qui devait faire de l’Union une puissance compétitive, impose un changement de stratégie Madrid Envoyé spécial A chacun son rôle pour redéfinir le modèle de croissance de l’Union européenne (UE). Le trio placé à la tête de l’UE a tenté, vendredi 8 janvier à Madrid, d’accorder ses violons afin de refondre d’iciaumoisdejuinla stratégieéconomique des Vingt-Sept. Herman Van Rompuy, le tout nouveau président permanent du Conseil européen, José Luis Zapatero,lechefdugouvernementespagnol, dont le pays assure la présidence tournante ce semestre, et José Manuel Barroso, le président de la Commission européenne, tâtonnent encore sur la mise en œuvre du traité de Lisbonne. Mais pour tourner la page de la récession, ils se sont promis de dépasser les petites rivalités suscitées par les nouvelles règles du jeu européen. « L’Europe a besoin d’unité, et de concertation », ont proclamé les trois hommes, après un déjeuner de travail offert par l’Espagnol. En début de semaine, c’est eudi 14 j é t a d r e i v redi 13 jan M.Van Rompuy qui avait pris l’initiative de convoquer un sommet informel des chefs d’Etat et de gouvernement, pour le 11 février à Bruxelles. D’après lui, l’Europe ne peut se contenter d’une croissance de l’ordre de 1 % dans les années à venir. Il s’agit donc de préciser à vingt-sept les réformes et les mesures susceptibles de relancer un continent affaibli par la récession. L’idée est de se projeter au-delà de la sortie de crise, pour remettre de l’ordre dans les finances publiques, et générer de nouveaux emplois, alors que la progression duchômage etlevieillissementfragilisent le modèle social européen. L’exercice est cependant redoutable après l’échec de l’agenda dit « de Lisbonne », un catalogue de bonnes intentions lancé voici dix ans pour faire de l’Europe l’économiede laconnaissance lapluscompétitive du monde en 2010. Les Européens ne sont jamais parvenus, par exemple, à consacrer 3 % de leur richesse à la recherche. A peine l’invitation était-elle lancée que M. Zapatero a proposé de rendre « contraignants » les objectifs que les Vingt-Sept pour- Guy Verhofstadt veut un changement de méthode Guy Verhofstadt, chef du groupe libéral et démocrate au Parlement européen, a écrit à José Manuel Barroso, vendredi 8 janvier, pour l’inviter à réorienter le projet de la stratégie de Lisbonne qui, selon lui, repose sur « une illusion ». La volonté était de faire de l’Europe l’économie la plus performante du monde dès 2010. Selon l’ex-premier minis- tre belge, l’échec est patent. Il faut, assure-t-il, renoncer à la méthode de « coordination ouverte » souvent basée sur le plus petit commun dénominateur pour suivre la stratégie qui a rendu possible la monnaie commune. La Commission doit être dotée des moyens de contraindre les Etats à respecter leurs engagements. – (Corresp.) janvier du merc M. Van Rompuy, le premier peut dire tout haut ce que le second pense tout bas », dit un fonctionnaire européen. Les débats s’annoncent néanmoins complexes. Car les avis divergent vite en Europe quand il s’agit de parler stratégie, voire de gouvernement économique. L’Allemagne se méfie de toute atteinte à l’indépendance de la Banque centrale européenne (BCE). Les Britanniques, surtout si les conservateurs prennent le pouvoir d’ici à juin, voient d’un mauvais œil tout renforcement des prérogatives de la Commission. Depuis quelques mois, le gouvernement français Del’avis général, l’échec de la méthode précédente tient au fait qu’il s’agissait d’un simple outil de coordination pousse, de son côté, pour que les réflexions en cours permettent de lancer une véritable « politique industrielle ». Vendredi, M. Van Rompuy s’est bien gardé de prononcer l’expression qui hérisse toujours les pays les plus libéraux. La veille en Allemagne, il s’était pourtant interrogé sur la meilleure façon de « maintenir un minimum d’activité industrielle » en Europe. Les prochains mois diront si le président du Conseil et ses interlocuteurs ont trouvé les bonnes réponses. p Philippe Ricard La justice allemande rouvre le dossier d’un demandeur d’asile mort en garde à vue E L A I C E P S N O I EDIT Cinq ans après les faits, un policier accusé de négligence est renvoyé devant la justice Ce siècle a 10 ans O R É M U UN N raient se fixer en matière d’innovation, d’éducation, de politique énergétique ou d’économie numérique. La nouvelle stratégie doit « inclure des mesures incitatives et des mesures correctives », selon le socialiste espagnol, en particulier par le biais du budget européen. De l’avis général, l’échec de la précédente méthode tient au fait qu’il s’agissait d’un simple outil de coordination, sans aucune obligation de moyens, ni de résultats. Pour M. Zapatero, le moment serait venu de donner de « nouveaux pouvoirs » à la Commission européenne pour qu’elle supervise le processus. A ses yeux, les Vingt-Septdoivent même en profiter pour faire émerger « le gouvernement économique » que certaines capitales, comme Madrid et Paris, appellent de longue date de leurs vœux. Très soucieux d’exister face à M. Van Rompuy, l’Espagnol n’exclut pas de convoquer un sommet des pays de la zone euro au cours les six mois à venir. M. Barroso, qui sera chargé de synthétiser les débats du sommet du 11 février, a salué « l’ambition » du dirigeant espagnol. M. Van Rompuy n’a pas voulu aller aussi loin dès vendredi. « Le sens de l’urgence est beaucoup plus fort maintenant qu’il y a quelques années », a-t-il observé en faisant allusion à l’impact de la crise. L’ancien premier ministre belge entend annoncer des propositions plus détaillées le 11 février. Elles seront, dit-il, préparées en concertation avec le gouvernement espagnol, et la Commission. « Le positionnement de M. Zapatero peut servir L E N N O I EXCEPT En partenariat avec Berlin Correspondante C ette affaire était devenue le symbole d’une justice impuissante face aux bavures policières. Jeudi 7 janvier, la Courdejusticefédérale(BGH)acasséun verdictdu tribunal de Dessau, dans la région du Saxe-Anhalt dans l’est de l’Allemagne, qui avait acquittéendécembre2008unpolicier après la mort en garde à vue d’un demandeur d’asile. Cette décision, intervenue cinq ans jour pour jour après le drame, a étéaccueillieavecsoulagement par les organisations de défense des droits de l’homme. Les faits « qui sont décrits sont difficilement compréhensibles », ont conclu les juges de Karlsruhe en renvoyant le fonctionnairedepoliceaccusédeblessuresayant entraînéla mortdevant la cour de Magdebourg. Le 7 janvier 2005, Ouri Jallow, un jeune homme de 23 ans originaire du Sierra Leone, suspecté d’avoir importuné deux femmes, avait été placé en détention provisoire dans un commissariat de Dessau. Comme il était ivre et se montrait peu coopératif, les policiers l’avaient menotté pieds et mains à un lit. Quelques heures plus tard, il était retrouvé mort dans sa cellule, son corps carbonisé. Le demandeur d’asile était, semble-t-il, en possession d’un briquet qui avait échappé au contrôle des policiers et qu’il aurait utilisé pour mettre le feu à son matelas. Lorsque l’alarme incendie s’est déclenchée, le fonctionnaire de police incriminé l’a éteinte à deux reprises, croyant à une erreur. Quand, quelques minutes plus tard, il s’est enfin rendu dans la cellule d’Ouri Jallow, il était trop tard. « L’accusé aurait peut-être pu empêcher la mort s’il avait pris les mesures de sécurité adéquates dès le déclenchement de l’alarme», a estimé la cour fédérale, qui s’étonne que le policier n’ait pas entendu les éventuels cris de la victime. Impuissance du droit Ce n’est qu’après la mobilisation d’une poignée de militants et une forte pression médiatique, qu’un procès avait fini par s’ouvrir à Dessau en 2007. Mais sans pouvoir faire la lumière sur les circonstances du décès. Le tribunal avait clôturé cette affaire par un non-lieu : pour lesjuges,ilétaitimpossibledeprouver que le policier avait volontairement cherché à blesser le demandeur d’asile, ou qu’une réaction plus rapide aurait pu le sauver. Surtout, les témoignages contradictoires ou incomplets du personnel de police avaient torpillé le travail de la justice. « Cela n’a rien à voir avec un Etat de droit », avait constaté, résigné, le juge Manfred Steinhoff. Après l’annonce du verdict, l’organisation de défense des réfugiés Pro Asyl avait accusé la police de « racisme institutionnel ». « Il y avait un mur de silence à Dessau. Avec le renvoi devant la cour de Magdebourg, l’affaire a une chance d’être éclaircie », espère Regina Goetz,avocatedelafamilledelavictime. « Dans le cas Ouri Jallow, ce n’est pas l’impuissance du droit, mais la puissance du droit qui doit se montrer », a commenté le quotidien libéral Süddeutsche Zeitung. Deson côté, la ville de Dessau,où un Mozambicain, Alberto Adriano, avait été assassiné en 2000 par des néonazis, a déjà tenté de tirer les leçons de ce drame. Un réseau de lutte contre l’extrême droite et un bureau d’aide pour les victimes de racisme ont été créés. p Cécile Calla France 9 0123 Dimanche 10 - Lundi 11 janvier 2010 «Le principe de précaution oblige à exagérer la menace» Le philosophe François Ewald met en perspective cette notion centrale dans la gestion des crises sanitaires en France P hilosophe du risque, François Ewald est professeur titulaire de la chaire d’assurances du Conservatoire national des arts et métiers (CNAM) et directeur de l’Ecole nationale d’assurances. Ancien assistant de Michel Foucault au Collège de France, il a fondé l’observatoire du principe de précaution qu’il préside et vient de coordonner un ouvrage collectif « Aux risques d’innover » (éditions Autrement). Il décrit l’origine de ce principe de gestion de risques et les possibles dérives de son utilisation. double obligation d’avoir à offrir tous les moyens pour la vaccination alors que les moyens seront utilisés librement par chacun. D’une certaine manière, le prix des vaccins en trop, c’est le prix de la liberté des gens ! Car s’ils voulaient se faire vacciner et que vous n’aviez pas les doses correspondantes, ils vous le feraient payer très cher. «Les choix faitspar Mme Bachelot dansle casdu H1N1supposent quelasociété veut se protégeraumaximum, queledécès d’uneseule personne devrait pouvoirêtre évité» Le principe de précaution s’est imposé comme principe cardinal de gestion de crise en France. Comment expliquer cette évolution ? Dans sa définition originelle, c’est un principe de gestion environnementale et non un principe de gestion de crise. Il apparaît en Allemagne à la fin des années 1960 (« Vorsorgeprinzip »). Les Allemands vont le décliner selon trois dimensions : éviter les dangers immédiats, prévenir les risques de moyen terme et avoir une gestion optimale, à long terme, des ressources naturelles. Il va ensuite prospérer sur le plan international en devenant une figure imposée de tous les traités internationaux en matière d’environnement – le premier acte important étant le Sommet de la Terre de Rio en 1992. Etait-ce une conception nouvelle de l’action des pouvoirs publics ? Pas du tout.L’idée que lesautorités en charge de la police administrative doivent faire preuve de précaution dans l’exercice de leur charge date du XVIIe siècle. On en retrouve trace dans le Traité de la police, de Nicolas de La Mare (1707), dans lequel la police de l’environnement est déjà inscrite (gestion de l’eau, de l’air, des déchets…). Sans parler strictement de principe de précaution, on retrouve la même notion dans la loi sur les communes de 1884 qui définit les devoirs du maire. Avec leprincipe de précaution, on réactive donc de vieilles notions dans un contexte d’événements nouveaux. Mais nous ne sommes pas à l’origine d’une interrogation qui, de Aristote à Hegel en passant par les jansénistes, est aussi vieille que la morale et la décision en situation d’incertitude. En France, quand apparaît le principe de précaution ? Jusqu’au Sommet de Rio, la France reste étrangère au débat. Les Français ne sont pas pionniers en la matière, ils prennent le train en marche : la première législation qui inscrit le principe de précaution,la loi Barnier de 1995, ne suscite à l’époque quasiment aucun Quelle leçon tirer pour une prochaine crise sanitaire ? L’application, demain, du principe de précaution a toutes les chances de passer par les mêmes phases : excès dans l’évaluation de la menace, puis déception. Qu’est-ce que cela veut dire de la société d’aujourd’hui ? MELANIE FREY/FEDEPHOTO POUR « LE MONDE » débat. Par contre, l’inscription de ce principe dans la Constitution, au niveau des valeurs fondatrices de la République, avec la Charte de l’environnement de 2005, a fait prendre une longueur d’avance à la France. «Ce principe a été réfléchi en fonction des responsabilités qu’il pourrait engager. Il est devenu à la fois unépouvantail et un principe de couverture» Mais en France, le principe de précaution s’est surtout fait connaître à l’occasion des crises sanitaires… Tout à fait, et c’est une spécificité française. Dans notre pays, le principe de précaution a d’abord été entendu comme principe de responsabilité de l’Etat, notamment à l’occasion de l’affaire du sang contaminé. Ce principe a été réfléchi en fonction des responsabilités qu’il pourrait engager. Il est devenu à la fois un épouvantail et un principe de couverture. En faire trop semble vous protéger d’une mise en cause éventuelle. J’ajoute qu’il y a deux manières différentes d’envisager le principe de précaution : soit on considère qu’il s’agit d’un processus de délibération qui ne préjuge pas de la décision finale – en situation d’incertitudes, j’analyse tous les paramètres et j’opte pour la solution la plus adaptée ; soit j’interprète le principe de précaution en décidant qu’à partir du moment où il y a une incertitude, je suspends toute action, j’omets d’agir : c’est la logique du moratoire. Sous le label « principe de précaution», ontrouve toutes les utilisations. Comment expliquer cette diversité d’usages ? Le principe de précaution est toujours lié à la défense d’un système de valeurs précis. Si vous considérez que la santé n’est pas une valeur qui doit être hautement protégée, alors il n’y a pas de précaution particulière à prendre en matière sanitaire. Les choix faits par Roselyne Bachelot dans le cas du risque H1N1 supposent que la société veut se protéger au maximum, que le décès d’une seule personne devrait pouvoir être évité. Si vous vous appelez Marc Gentilini ou Bernard Debré, que vous êtes médecin, que vous voyez beaucoup de gens mourir et que vous relativisez les situations, vous ne donnez pas au principe de précaution la même interprétation. Une association écologiste qui se bat contre une société qui fabrique des OGM va surpondérer la protection de l’environnement face aux bénéfices potentiels d’un progrès technique. Nous sommes donc, en réalité, dans une bataille de valeurs. Jugez-vous excessive la gestion de la crise de la grippe A par le gouvernement ? Mais le principe de précaution est en soi-même excessif ! Il commande de donner le plus grand poids au plus petit risque. Il oblige à exagérer la menace. On ne peut pas faire le reproche à Mme Bachelot d’avoir engagé une démarche de précaution, notamment au début de la crise : les informations en provenance de l’Organisation mondiale de la santé étaient très alarmistes. Vient ensuite, logiquement, la phase de la déception. Le temps passe. On découvre que les choses ne sont pas comme on les avaitimaginées. Ilfautalors s’adapter. C’est ce que tente de faire, sous des critiques qui ne sont pas toujours honnêtes, Mme Bachelot. Il faut bien voir que, dans une conjoncture de précaution, les politiques ne gèrent pas seulement le risque objectif, difficile à établir scientifiquement en raison du manque de connaissances, mais aussi le risque subjectif, créé par l’imaginaire collectif autour de la menace. La dimension de la communication, la gestion des craintes absorbent la gestion du risque « réel ». Les communicateurs prennent les choses en main et les politiques sont liés. Comment analysez-vous le fait que la population n’ait pas adhéré à la campagne de vaccination ? On assiste dans cette crise au croisement de deux logiques : une logiqueétatique classique,vaccinale et préventive, qui suppose que tout le monde va obéir aux prescriptions d’hygiène publique. Et une logique presque postmoderne selon laquelle on ne peut pas gouverner les gens par obligation parce qu’ils décident de ce qu’ils font, en fonction de l’information qu’ils reçoivent et de leurs propres jeux de valeurs. C’est une des dialectiques du principe de précaution : il ne conforte pas la légitimité du pouvoir de l’Etat, il disperse la décision au niveau des individus. Cette gestion de crise révèle une situation éminemment contemporaine. L’Etat est pris dans cette Avec le principe de précaution, on revient sur cette ascèse chère aux philosophes du XVIIIe selon laquelle un jugement juste devrait être dépassionné. Nous revendiquons un nouvel usage des émotions, de la peur en particulier, qui ne préserve pas de l’erreur. Le principe de précaution, loin de renforcer l’autorité de l’Etat, l’affaiblit et finalement prive la décision publique de sa légitimité. Enfin, en raison de l’exagération des émotions qui le constitue, il tend à placer la société dans une situation de crise, d’urgence permanente comme on le constate par exemple avec la question du climat. Cela témoigne d’un changement de paradigme politique, à une sorte d’hyperdémocratie des individus qui est fort préoccupante. Car on ne voit plus ce qui, dans un tel monde de dispersion des valeurs et des passions, pourrait rassembler les individus déboussolés. p Propos recueillis par Cécile Prieur L’ATELIER DU CLUB Canapés & Fauteuils club haut de gamme L’élection des 73e et 74e eurodéputés français est annulée U n véritable fiasco ! L’élection des deux députés français appelés à siéger à titre d’observateurs au Parlement européen, qui devait avoir lieu mercredi 13 janvier à l’Assemblée nationale (Le Monde des 5 et 28 décembre 2009), est repoussée sine die. En tout cas, elle n’aura pas lieu avant l’été. « On verra d’ici à la fin de l’année », susurre le « M. élections » du gouvernement, Alain Marleix. Le tout, maintenant, est d’habiller la reculade. La faute aux Espagnols – qui ont pris depuis le 1er janvier la présidence, pour six mois, du Conseil européen –, comme le prétend l’exécutif ? Alors que le dernier Conseil européen, réuni les 11 et 12 décembre 2009 à Bruxelles, avait décidé de lancer sous la présidence espagnole la procédure permettant de faire passer le nombre de membres du Parlement européen de 736 à 754, « les Espagnols ne sont plus aussi pressés». « Ils estiment qu’il ne leur sera pas possible de réunir une conférence intergouvernementale pour adopter le nouveau protocole », explique M.Marleix. Zapatero a bon dos. Mais quid, alors, des mesures transitoires qui avaient été envisagées: envoyer au Parlement européen des représentants «observateurs», dont l’« élection» aurait été entérinée après-coup? « Le Parlement n’admettra pas la présence d’observateurs en son sein avant l’adoption du protocole », déclare ingénument le secrétaire d’Etat à l’intérieur. Et pour cause ! Les députés européens n’ont pas du tout – mais alors pas du tout – apprécié la manière dont le gouvernement français avait envisagé de pourvoir les deux sièges supplémentaires revenant à la France depuis l’entrée en vigueur, le 1er décembre 2009, du traité de Lis- bonne. Celui-ci s’est tout bonnement pris les pieds dans le tapis. D’abord, en n’anticipant pas une situation que le Conseil européen de décembre2008 avait pourtant prévue. D’autres pays l’ont fait, en appliquant une règle simple, consistant à prendre en considération, pour l’octroi des sièges supplémentaires, le nombre de voix obtenues aux élections européennes. Dans ce cas, la «régularisation» ne pose aucun problème. « Simulacre de démocratie » A la veille de l’entrée en vigueur du traité de Lisbonne, le premier ministre, François Fillon, a demandé par courrier au président de l’Assemblée nationale, Bernard Accoyer, de désigner deux députés, un de la majorité et un de l’opposition, pour aller au Parlement européen. Quelque peu gêné de la mission qu’on lui avait confiée, M. Accoyer a décidé d’en passer par un vote en séance, qui devait avoir lieu le 13 janvier. Mais cette solution n’offre pas plus de garanties, quoi qu’en dise Nicolas Sarkozy, qui assurait, le 12 décembre 2009, à l’issue du Conseil européen, qu’elle avait eu l’aval de ses partenaires. « C’est ridicule, la polémique n’a pas de sens », balayait le chef de l’Etat, affirmant que la question était « réglée». De fait, l’opposition, toutes composantes confondues, a indiqué qu’elle refusait de participer à ce « simulacre de démocratie». Les juristes consultés ont fait savoir que, sur le plan juridique, la solution envisagée – « étrange et anachronique» – s’exposait à une contestation qui avait toutes les chances d’être jugée recevable. Et le gouvernement a enclenché la marche arrière, quitte à se passer de deux eurodéputés supplémentaires. Champion ! p Patrick Roger SO E D L .S . . S D L O .. S E L O .S S E D L’indémodable fauteuil CLUB , plus de 80 ans et toujours plus de succès ! Cuir mouton ciré, patiné, vieilli, suspension et ressorts. 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Hammadi a également critiqué l’attitude « scandaleuse et pitoyable » de la Conférence des grandes écoles, opposée à de tels « quotas ». « Seule une politique ambitieuse de rapprochement des grandes écoles et des universités permettra de lutter contre cet élitisme conservateur », a-t-il ajouté. – (AFP.) p Commerce extérieur 5,3milliards d’euros Le déficit en novembre La reprise des importations, déjà manifeste en octobre, s’est encore accélérée en novembre. Pendant ce temps, les exportations augmentaient, certes, mais plus modérément. Le « repli soudain des ventes aéronautiques obérant les bons résultats obtenus par ailleurs » – comme l’analysent les Douanes –, le déficit du commerce extérieur s’est à nouveau creusé à – 5,3 milliards d’euros. p Fiscalité Bercy publie des simulations sur la contribution économique territoriale Le ministère de l’économie a publié, vendredi 8 janvier, sur Internet, des simulations sur les conséquences de la suppression de la taxe professionnelle (TP) et de son remplacement par la contribution économique territoriale (CET) pour les collectivités locales. Elles sont disponibles sur le site www.economie.gouv.fr/tp-cet. – (AFP.) Social Perturbations à prévoir, les 13 et 14janvier, dans le transport aérien Des préavis de grève nationaux déposés par cinq syndicats de la Direction générale de l’aviation civile (DGAC) pourraient perturber, mercredi 13 et jeudi 14 janvier, le transport aérien, et contraindre des compagnies à annuler certains vols, a annoncé, vendredi 8 janvier, la DGAC. La CFE-CGC, la CGT, FO, l’UNSA et la CFDT contestent les 400 suppressions d’emplois programmées d’ici à 2011, du fait du non-remplacement d’un agent sur deux partant à la retraite. Ils s’inquiètent par ailleurs des projets de changement statutaire de la DGAC qui, selon eux, font peser « de lourdes menaces » sur ses 12 000 agents. – (AFP.)p Grand froid La ville de Paris ouvre un 5e gymnase pour les sans-abri La ville de Paris devait ouvrir, vendredi 8 janvier au soir, un cinquième gymnase, dans le 15e arrondissement de Paris, pour protéger les sans-abri du froid. Outre ses gymnases, trois salles sont déjà ouvertes en mairie. Au total, 323 places de mise à l’abri sont proposées par la mairie de Paris. La ville a par ailleurs annoncé la mise en place d’un suivi très soutenu de la centaine de sans-abri des bois de Vincennes et Boulogne. – (AFP.) p Pour la cour d’appel de Versailles, le chef de l’Etat est une victime comme les autres A vingt jours du jugement dans l’affaire Clearstream, cet arrêt confirme la recevabilité de Nicolas Sarkozy à se constituer partie civile pendant la durée de son quinquennat aaa Suite de la première page Deux questions se posaient à eux : à la première – Nicolas Sarkozy estil victime de l’escroquerie à la carte bancaire reprochée à Ama M’Bodji et à ses coprévenus – le tribunal de Nanterre et la cour d’appel de Versailles ont répondu « oui ». Les faits sont établis et reconnus. Sur la seconde–leprésidentde laRépublique est-il une victime comme les autres?–,leursappréciationsdivergent. Non, ont estimé les juges de Nanterre.Oui, ont répondu ceux de Versailles, en accordant à M.Sarkozy l’euro symbolique de dommages et intérêts qu’il sollicitait et 2 500 euros pour frais de justice. Le7juillet2009,lejugementrendu par le tribunal de Nanterre avait provoqué un certain trouble chez les juristes et chez l’avocat de NicolasSarkozy, Me Thierry Herzog,tout occupé à préparer la défense de son client dans le dossier de dénonciation calomnieuse qui allait l’opposer notamment à l’ancien premier ministre, Dominique de Villepin. En réponse aux conclusions déposées par l’un des avocats des prévenus, Me Pierre Degoul, qui avait soulevé l’irrecevabilité de la constitution de partie civile du chef de l’Etat, le tribunal, présidé par Isabelle Prévost-Desprez, avait ouvert une brèche en constatant que « le lien entre le président de la Républiqueetlesmagistratspeutlaissercroireauxjusticiablesqu’ilsne bénéficieraient pas d’un tribunal indépendant et impartial, conformément à l’article6delaConventioneuropéenne des droits de l’homme ». Mais les juges de Nanterre étaient restés à mi-chemin, en admettant la constitution de partie civile du chef de l’Etat, tout en décidant de surseoir à statuer, jusqu’à l’expiration de son mandat, sur les demandesderéparationdesonpréjudice moral. Le parquet, comme Me Herzog, avait aussitôt fait appel. Ce débat sur l’irrecevabilité de M. Sarkozy à se constituer partie civilependantla duréede son quinquennat avait ouvert le procès Clearstream. A l’appui de leurs conclusions,selon lesquelles leprésident de la République n’est pas un justiciable ordinaire, en raison de « l’importance considérable de ses responsabilités dans le fonctionnementmêmedel’autorité judiciaire », les avocats de M. de Villepin avaient bien évidemment brandi devant les juges du tribunal correctionnel de Paris le jugement rendu par leurs collègues de Nanterre. La polémique a donc rebondi devant la cour d’appel de Versailles,présidéepar Jean-PierreGetti et appelée à juger à son tour Ama M’Bodji et ses coprévenus. Leurs avocats ont notamment fait valoir que, dans ce dossier d’escroquerie, l’ordonnance du juge d’instruction est le « copié-collé » du réquisitoire du parquet, signé de Philippe Courroye, procureur de la République de Nanterre, dont les liens d’amitié avec le président de la République sont connus. Un élément supplé- mentaire, selon eux, dans l’atteinte au principe de l’égalité des armes. Autant dire que la réponse apportée par les juges de Versailles L’arrêt souligne que les prévenus «ne peuvent contester le pouvoir d’agir du président de la République comme citoyen ordinaire» était attendue sur plusieurs points. D’abord sur le rôle joué par le parquet de Nanterre. Si les juges relèvent que la qualité de la victime a conduit le procureur de la Républiqueà déployer « un zèle manifeste » dans l’enquête, ils estiment que celan’apaspourautantportépréjudice aux droits des personnes mises en cause. Ils écartent égalementl’argumenttirédelaproximi- té du procureur de la République avec M. Sarkozy, en observant que « rien n’établit que le ministère public ou l’autorité de nomination des magistrats ont pu porter atteinte, d’une quelconque façon, à l’indépendance ou à l’impartialité des juges ». En conséquence, souligne l’arrêt, les prévenus « ne peuvent contester le pouvoir d’agir du président de la République comme citoyen ordinaire ». Lesjuges deVersaillesontcependant pris soin d’ajouter, en conclusion de leur arrêt : «A supposer que l’organisation judiciaire française et la Convention européenne soient incompatibles, seule la réforme de la Constitution serait en mesure de résoudre cette contradiction. » Prudence ou parapluie ? On attend désormais l’appréciation du tribunal correctionnel de Paris dans l’affaire Clearstream. En attendant, Ama M’Bodji a été condamné à deux ans de prison, dont neuf mois avec sursis. p Pascale Robert-Diard «Le droit à un tribunal indépendant et impartial ne vise que les juges» Verbatim Extraits de l’arrêt de la cour d’appel de Versailles du 8 janvier La cour rappelle que la jurisprudence européenne «a retenu comme principe fondamental l’adage selon lequel il ne suffit pas que la justice soit rendue, il faut encore que l’on ait le sentiment qu’elle l’a été». « Cette théorie des apparences est essentielle pour considérer que la justice a été au-dessus de tout soupçon. » Sur le ministère public : «Les motifs retenus dans l’arrêt Medvedyev contre France le 10 juillet 2008 par la Cour européenne des droits de l’homme [selon lequel le procureur de la République n’est pas une Y autorité judiciaire, car il manque d’indépendance à l’égard du pouvoir exécutif] laissent à penser que la présence de celui-ci au procès est de nature, selon les termes de l’arrêt, à polluer la juridiction du jugement, a fortiori si le représentant du ministère public est un proche du président de la République (…) Toutefois, la jurisprudence admet comme principe que le droit à un tribunal indépendant et impartial ne vise que les juges et non pas le représentant de l’accusation ou celui de la défense. » Sur le rôle éminent du président de la République dans l’orga- nisation judiciaire : « Les premiers juges ont admis que le lien institutionnel entre le président de la République et les magistrats peut, à lui seul, laisser croire aux justiciables qu’ils ne bénéficieraient pas d’un tribunal indépendant et impartial. Toutefois (…) le président de la République est le garant de l’indépendance de l’autorité judiciaire, ce qui légitime (…), et même lorsque le président de la République est partie au procès, ses pouvoirs sur le ministère public et écarte toute remise en cause de l’indépendance du siège. » p La mort d’un élève poignardé relance le débat sur la sanctuarisationdes lycées Agressé vendredi 8janvier par un camarade dans son établissement du Kremlin-Bicêtre, le jeune homme de 18 ans est décédé dans la nuit H akim, le lycéen victime d’une agression au couteau, vendredi 8 janvier, au lycée Darius-Milhaud du KremlinBicêtre (Val-de-Marne) est décédé. Hospitalisé dans un état grave à l’hôpital Henri-Mondor de Créteil, le jeune homme de 18 ans est mort dans la soirée après une intervention chirurgicale de six heures. Agressé àl’intérieur du lycée par un camarade pour un différend apparemment anodin, il avait été frappé au thorax. L’agresseur présumé, un autre élève qui a pris la fuite, a été interpellé par la police durant la nuit de vendredi à samedi. Le lycée avait fermé ses portes dès la mi-journée, et seuls les journalistes attendaient devant la grille l’arrivée des ministres de l’éducation et de l’intérieur, Luc Chatel et Brice Hortefeux venus rencontrer l’équipe éducative. Les deux ministres ont insisté sur le « plan de sanctuarisation » des établissements, mis en place depuis septembre 2009. Plan décidépar leprésidentSarkozyetle précédent ministre de l’éducation, Xavier Darcos, après l’intrusion, en mars, d’une bande dans un lycée de Gagny (Seine-Saint-Denis), puis, en mai, l’agression au couteau d’une enseignante de collège à Fenouillet (Haute-Garonne). Les ministres ont aussi évoqué les « diagnostics de sécurité » réalisés depuis dans de nombreux établissements sensibles. Celui du lycée Darius-Milhaud avait été fait en décembre et, selon eux, était « bon ». En mai, la proposition de M. Darcos de multiplier les portiques de détection à l’entrée des éta- Pour l’académie de Créteil, le lycée ne connaît «ni laxisme ni mauvaise ambiance» blissements, avait été très critiquée. Ce nouveau drame tend à souligner l’absence de solutions simples. Venu un peu plus tôt sur place, le président PS de la région Ile-deFrance, Jean-Paul Huchon, a indi- Un événement qué que le lycée était « bien protégé », notamment par des portiques desécurité et descaméras devidéosurveillance installés depuis un an etdemi. Interrogé surla pertinence de ces portiques M. Hortefeux a prudemment répondu qu’il s’agissait d’une « piste », mais pas d’une « réponse unique ». Il a également insisté sur le fait que ce « drame individuel » n’était pas lié à un «phénomène de bande». M. Chatel propose « à l’ensemble des proviseurs de lycée et des principaux de collège de faire respecter une minute de silence à la mémoire d’Hakim dans la journée du mardi 12 janvier », et « suggère également d’organiser des temps de parole pour réfléchircollectivementsur lafrater- nité, le respect de l’autre et la dignitédelapersonnehumaine».Il aaussi annoncé qu’il allait réunir les chefs d’établissement « la semaine prochaine» pour « faire le point sur les mesures de sécurisation ». Parmi celles-ci figurent les « équipes mobiles de sécurité » (EMS) dont la mise en place, en cours dans toutes les académies, a été effectuée avec une large avance dans celle de Créteil, dont dépend lelycéeDarius-Milhaud.Cedispositif est composé à la fois de personnels de sécurité, au rôle dissuasif en cas de tension, et de personnels éducatifs.Cesderniers peuventrester jusqu’à plusieurs semaines dans un établissement afin de « donner de l’air » à son équipe, explique Hervé Luxembourger, commissaire de police détaché comme conseiller « sécurité » du recteur de Créteil depuis la fin septembre2009. Du début octobre à la fin décembre, l’EMS de l’académie, comprenant 45 personnes, est intervenue sous des formes diverses dans près de soixante établissements qui en avaientfaitla demande.Lesresponsables de l’académie sont par ailleurs unanimes pour souligner que le lycée Darius-Milhaud, particulièrement « bien tenu », ne connaît « ni laxisme ni mauvaise ambiance », et que rien ne laissait présager le drame survenu vendredi matin. p Luc Cédelle et Elise Vincent Rencontre autour d’ALBERT CAMUS 0123 Mardi 19 janvier à 19 h 30 Une rencontre animée par Eric Fottorino, directeur du Monde du Monde - Tél. : 0892 684 694 (0,34 €/min) Amphithéâtre 0123 80, boulevard Auguste-Blanqui, 75013 Paris © A. Duclos * Ouverture des portes à 19 heures Réservation dans toutes les Fnac et sur Fnac.com Tarif : 18 € - 12 € pour les adhérents Fnac et les abonnés Bernard-Henri Lévy Philosophe, écrivain et essayiste © M. Bancilhon En partenariat avec Jean Daniel Fondateur du Nouvel Obs et éditorialiste Michel Onfray Philosophe et écrivain Economie 11 0123 Dimanche 10 - Lundi 11 janvier 2010 En hausse La Française des jeux En baisse UPS Grâce à une croissance de 8,6 % de son chiffre d’affaires (10 milliards d’euros), la FDJ a pris, en 2009, la deuxième place des loteries dans le monde derrière Lottomatica (Italie). Le groupe américain de messagerie UPS a annoncé la suppression de 1 800 emplois aux Etats-Unis, tout en relevant ses prévisions de résultat pour le quatrième trimestre 2009. C’est le nombre de militaires qui contribueront à la sécurité du prochain Forum économique mondial de Davos (Suisse), du 27 au 31janvier. La petite station de montagne accueille chaque année le gothaéconomique et politique mondial. 5000 A Detroit, l’automobile américaine veut croire à l’éclaircie Après la pire année de leur histoire, les constructeurs lancent des modèles mieux adaptés aux consommateurs A u Salon de l’automobile de Detroit (Michigan) – qui s’ouvre lundi 11 janvier aux professionnels et aux médias, puis du 16 au 24 janvier au grand public –, tous les participants auront sans doute le même souhait : que 2009 soit reléguée au rang de mauvais souvenir, même si cette année restera forcément dans les annales comme la pire pour l’industrie automobile américaine. Avec 10,4 millions de voitures vendues, le marché américain a chuté de 21 % par rapport à 2008 et a réalisé sa pire performance depuis près de trente ans. C’est même plus d’un tiers de moins que la moyenne des ventes réalisées entre 2000 et 2007 ! Résultat : le marché automobile s’est fait rafler la place de numéro un mondial par la Chine. Les 4 × 4, que les Américains jugent trop gros, trop polluants et trop gourmands en carburant, ont poursuivi leur chute (– 24 %). Pire, la production a plongé de 35 %. Les trois constructeurs américains – General Motors (GM), Ford et Chrysler – se souviendront longtemps de 2009. Car ce qui semblait inimaginable est arrivé. A force de ne pas vouloir écouter leurs clients et engager les réformes nécessaires – stopper les rabais et crédits gratuits, réformer les systèmes de retraite et de dépenses de santé des salariés… –, GM et Chrysler ont dû déposer le bilan malgré les dizaines de milliards de dollars injectés par l’Etat américain. Le premier a été nationalisé, sommé de rétrécir en vendant des marques(Hummer),en en arrêtant certaines (Pontiac) et en fermant des usines (11 sur 47). Ledeuxième a été racheté par l’italien Fiat. Ford est le seul à avoir passé la crise sans avoir reçu le soutien de l’Etat. La réalité est là : ceux qu’on appelle désormais les « Detroit PART DE MARCHÉ DES CONSTRUCTEURS AMÉRICAINS VENTES DE VOITURES AUX ÉTATS-UNIS en % en millions General Motors Ford Chrysler (en glissement annuel) 35 20 30 16 25 1978-1982 – 31 % 2e choc pétrolier 2000-2009 – 44 % 22 millions 11 % 18 9 12 14 19,9 20 8 1973-1975 – 23 % 1er choc pétrolier 15,8 15 4 8,9 1995 2002 Three » (les « trois de Detroit »), et non plus les Big Three, n’en finissent plus de perdre des parts de marché. Ils ne représentent plus que 44,6 % du marché américain (48,1 % en 2008, 69,7 % en 1999). Pour la première fois, les constructeurs asiatiques (Toyota, Honda, Nissan, Hyundai…) ont dépassé les américains, avec environ 47 % de parts de marché. « Industrie stabilisée » Même si la reprise « ne sera pas rapide », comme le pense Karl Brauer, du site spécialisé Edmunds.com, il y a toutefois des raisonsd’espérer. «L’industrie semble s’être stabilisée », estime de son côté George Pipas, spécialiste des ventes chez Ford. D’abord, Ford et GM ont prévu de relancer leur production au premier semestre 2010. Les usines de GM devraient ainsi produire 650 000 véhicules, contre 371 000 au premier trimestre 2009. Chez Toyota, pour faire face à la demande et reconstituer l’argentier de la F1 Bernie Ecclestone – « n’est pas affectée par la nomination d’AlixPartners », la société chargée de « superviser le démantèlement progressif de Saab ». Cette liquidation « devrait prendre plusieurs mois, et fera en sorte que les employés, les concessionnaires et les fournisseurs soient protégés correctement », précise GM. 1980 1988 2000 SOURCE : STANDARD&POOR’S les stocks chez les fournisseurs, des heures supplémentaires ont été instaurées dans toutes les usines nord-américainesdu constructeur nippon. Mi-décembre 2009, il a annoncé qu’il allait aussi mettre en place une deuxième équipe composée de 800 ouvriers dans son usine de Woodstock (Ontario, Canada), qui fabrique l’un de ses modèles emblématiques, le Rav4, un 4 × 4 urbain. Parmi les autres bonnes nouvelles : Ford. Au troisième trimestre, le deuxième constructeur américain a enregistré des bénéfices – 1,1 milliard de dollars (770 millions d’euros) –, une situation inédite depuis le premier trimestre 2008. Ed Whitacre, le nouveau patron de GM, est aussi optimiste. Il a prévu un retour aux bénéfices en 2010, prévoit de rembourser intégralement les prêts du Trésor américain d’ici à juin et de faire son retour en Bourse en juillet. Plusieurs véhicules lancés par GM en 2009 se vendent bien, comme la Chevrolet Camaro ou la nouvelle version d’un crossover Cadillac. Enfin, même si de nombreux équipementiers sont toujours sous le « chapitre 11 », le régime américain des faillites, de grands noms en sont sortis, comme Delphi ou encore Lear. Après la centaine de milliards de dollars injectés dans l’industrie automobile, une douzaine de membres du Congrès se rendront à Detroit lundi, emmenés par l’inflexible élue démocrate Nancy 7 Ventes d’automobiles 10 5 Taux de chômage en % de la population active 6 1970 2009 SOURCE : STANDARD&POOR’S ET BOSTON CONSULTING GROUP 1988-1991 – 20 % Guerre du Golfe 0 10 General Motors lance la liquidation judiciaire de Saab General Motors a décidé de placer sa filiale Saab en liquidation judiciaire, a annoncé, vendredi 8 janvier, le syndicat suédois de l’industrie IF Metall, dont un représentant est membre du conseil d’administration de Saab. GM a néanmoins annoncé que l’évaluation des nouvelles offres – celles du néerlandais Spyker et d’un fonds associé à ÉVOLUTION DU TAUX DE CHÔMAGE (données mensuelles) ET DES VENTES DE VOITURES AUX ÉTATS-UNIS 2009 Jan. 2000 Août 03 Jan. 06 3 Août 2009 SOURCE : BLOOMBERG, DÉPARTEMENT DU TRAVAIL AMÉRICAIN Pelosi, qui s’était opposée à toute aide faute de plan viable. Ils verront au moins deux choses. La première, c’est que les Detroit Three vont faire leur entrée sur le marché des petites voitures. Ford va vendre pour la première fois aux Etats-Unis sa Fiesta, et aussi sa nouvelle Focus tandis que GM commercialisera au troisième trimestre 2010 sa Chevrolet Cruse. Des véhicules inspirés des modè- les vendus en Europe. Quant à Chrysler, le plus mal en point, la nouvelle direction compte sur le lancement de son Grand Cherokee pour 2010 et sur le renouvellement d’une dizaine de voitures lors du troisième trimestre pour enrayer la chute de sa part de marché (4 points entre 2007 et 2009). Detroit fera évidemment la part belle aux voitures électriques. Au total, entre 30 % et 40 % de la surface du Salon devrait concerner ce type de véhicule. Tout cela laisse espérer des jours meilleurs. « Les chiffres de décembre 2009 nous font penser que le marché va repartir à la hausse », estime Xavier Mosquet, qui dirige le Boston Consulting Group à Detroit. Selon lui, il devrait atteindre 11,5 millions d’unités. A moins d’une nouvelle récession. p Nathalie Brafman NIGER AIDER LES GENS À VIVRE C’EST LEUR PERMETTRE DE TRAVAILLER. Nord Niger. La région est pauvre, très pauvre. Directement touchée par la sécheresse, éloignée des centres commerciaux et d’échanges, la population est en détresse. Ford, un rescapé dans un paysage sinistré AVOIR DE L’EAU POUR CULTIVER (500 dons de 10 euros = 1 puits), AVOIR DES CHÈVRES POUR L’ÉLEVAGE (une chèvre = 20 euros), ils si élevés ? Pourquoi la gamme est-elle si vieillissante ? Pourquoi les besoins des clients sont-ils aussi peu pris en compte ? Selon lui, l’une des clés du redressement repose sur une harmonisation de la production internationale des véhicules pour répondre aux besoins de plus en plus homogènes des consommateurs. Plus question que les entités américaines, européenne et asiatique travaillent séparément. Des modèles plus petits Avec l’effondrement des ventes de 4 × 4 aux Etats-Unis, M. Mulally a décidé de faire tomber la part de ces véhicules sous la barre de 40 % et de proposer des modèles plus petits. En 2010, la Ford Fiesta, le modèle star de sa filiale européenne lancée il y a trente-trois ans et l’un des plus vendus en Europe, fera son entrée sur le marché américain. Trois usines américaines de 4 × 4 transformeront leurs plates-formes pour produire ce véhicule. Côté finances, pour pallier le manque de liquidités de Ford, M. Mulally a décidé d’emprunter 23 milliards de dollars. Pour obtenir cet argent, il gage les actifs du groupe, et arrive à convaincre les actionnaires dont la famille Ford, qui dispose de 5 % du capital mais de 40 % des droits de vote, de renoncer à leurs dividendes. Bien vu ! Deux ans plus tard, avec la crise financière, le robinet du crédit s’est fermé. Par ailleurs, M. Mullaly a entrepris de vendre certaines de ses marques haut de gamme, Aston Martin à un consortium d’investisseurs et Jaguar et Land Rover à l’indien Tata. Avant de céder Volvo au chinois Geely. Entre 1980 et 1990, Ford s’était lancé sur le segment des voitures de luxe. Il avait même créé une structure, baptisée Premier Automotive Group (PAG), qui devait rapporter un tiers des profits du groupe. Las ! PAG a gagné de l’argent… mais une seule fois, en 2003. p N. Bn AVOIR DU CUIR POUR FABRIQUER (une selle de chameau = 50 euros) Association Humanitaire d’Aide au Développement (Journal Officiel du 2 août 2008, annonce 1594) www.matinsdusoleil.org OUI, j’apporte une contribution de : ....…............€ (66% du montant st déductible de l’impôt sur le revenue) Ο Chèque : Matins du Soleil - BP 43 - 92380 Garches Ο Virement bancaire : association Matins du Soleil© RIB : 30002 00431 0000445650P 61 Nom………………………Prénom………………adresse…………………………….........................………… Code postal ………….tél fixe…………………tél portable………………e-mail………………….@................ Merci de retourner à : Matins du Soleil - BP 43 - 92380 Garches (pour reçu fiscal) - 01 47 10 95 95 « NOUS regardons 2010 avec optimisme ! », s’est écrié Ken Czuby, le directeur des ventes de Ford, commentant début janvier les chiffres des ventes de voitures neuves aux Etats-Unis. Des trois constructeurs américains, Ford est celui qui s’en sort le mieux. Il est le seul à avoir échappé à la faillite et à ne pas avoir demandé l’aide de l’Etat. En 2009, Ford a limité la chute de ses ventes à 15 % sur l’année, alors que celles de General Motors ont plongé de près de 30% et celles de Chrysler de 36 %. Le constructeur a même gagné plus d’un point de part de marché: une première depuis 1995. Mieux, au troisième trimestre 2009, il a gagné de l’argent, ce qui ne lui était pas arrivé depuis début 2008. Ces bons résultats sont à mettre au crédit d’Alan Mulally, son directeur général. Dès son arrivée, en 2006, cet ancien de Boeing, âgé de 64 ans aujourd’hui, n’a pas hésité à provoquer ses troupes en posant les questions qui fâchent : pourquoi les coûts de production sont- 12 Economie 0123 Dimanche 10 - Lundi 11 janvier 2010 Virgin Money, filiale de services financiers du groupe Virgin de Richard Branson, a officialisé, vendredi 8 décembre, l’acquisition d’une banque régionale britannique, Church House Trust, pour 12,3 millions de livres (13,5 millions d’euros). Elle compte en faire une plate-forme pour se lancer dans la banque de détail au Royaume-Uni. – (AFP.) Malgré la reprise, le marché de l’emploi se dégrade des deux côtés de l’Atlantique Médias Au Canada, le groupe Canwest dépose le bilan de dix quotidiens Le taux de chômage atteint 10% de la population active, aux Etats-Unis comme en Europe Le premier groupe de presse du Canada, Canwest Global Communications, a annoncé, le 8 décembre, le dépôt de bilan de ses dix grands quotidiens, dans le cadre d’une restructuration prévoyant leur mise en vente dès mi-janvier. Parmi eux, le Montréal Gazette, l’Ottawa Citizen, le Vancouver Sun et le Calgary Herald, une vingtaine de journaux locaux et plus de 80 sites, dont Canada.com. – (AFP.) L Finance Virgin Money va devenir une banque de détail Boisson Le leader mondial de la bière AB InBev supprime 10 % de ses emplois en Europe occidentale Le numéro un mondial de la bière, Anheuser-Busch InBev, a révélé, le 8 décembre, qu’il supprimerait 10 % de sa main-d’œuvre en Europe occidentale, soit 800 emplois. A la suite de l’annonce de la perte probable de 63 emplois à l’usine de Jupille (Belgique), une dizaine de membres de la direction du site ont été séquestrés, jeudi, par les syndicats. – (AFP.) Energie Une proposition de loi pour prolonger le retour aux tarifs réglementés de l’électricité au-delà du 30 juin Ladislas Poniatowski, sénateur (UMP) de l’Eure, a annoncé, le 8 janvier, le dépôt d’un projet de loi visant à permettre aux consommateurs ayant souscrit une offre auprès d’un concurrent d’EDF, (GDF Suez, Poweo, Direct Energie…) de revenir aux tarifs réglementés de l’électricité après le 30 juin. Elle a pour but de « pérenniser » l’existence de ces tarifs fixés par l’Etat et de « stimuler la concurrence, au bénéfice des petits consommateurs individuels et petites entreprises ». Aux termes de la loi actuelle, les consommateurs ayant rejoint un rival d’EDF ne pourront pas revenir aux tarifs réglementés de l’électricien public après cette date. Un article de la loi Nouvelle organisation du marché de l’électricité doit être consacré au problème, mais elle ne devrait pas être adoptée avant le 30 juin. es Etats-Unis ont détruit 85 000 emplois en décembre 2009, a indiqué, vendredi 8 janvier, le département du travail américain (en données corrigées des variations saisonnières). Le taux de chômage, de son côté, est resté stable, à 10 % de la population active. Ces chiffres ont constitué une mauvaise surprise, les analystes misant sur un solde proche de zéro. La tendance favorable du mois de novembre 2009 (plus de 4 000 créations d’emploi) n’a donc pas pu être confirmée. Pour Christine Rifflart, économiste à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), le décalage entre novembre et décembre 2009 n’a toutefois rien de « significatif. C’est une baisse de 0,06 % sur un mois. » Mme Rifflart parle au contraire de « stabilisation ». « Au début de l’année 2009, explique-t-elle, les des- tructions d’emploi touchaient 700 000 personnes par mois. » Benjamen Carton, économiste au Centre d’études prospectives et d’informations internationales (Cepii), juge lui aussi « les destructions modérées, même si on avait eu l’espoir d’un chiffre positif pour démarrer l’année ». L’économie américaine, avec une croissance légèrement inférieure à 3 % et un taux de chômage aux environs de 10 % de la population active, demeure toutefois « fragile », voire « convalescente », indique M. Carton. En valeur absolue, le nombre des emplois détruits pendant l’année 2009 (4,6 millions) est le plus élevé dans les annales du département américain du travail, qui remontent à 1939. En fait, la crise financière de l’automne 2008 n’a pas eu un impact uniforme sur l’économie américaine. La moitié des emplois détruits se sont ainsi concentrés sur deux secteurs : celui de la construction (BTP) et celui de l’industrie, lesquels représentent 15 % de l’emploi total aux Etats-Unis. En décembre 2009, le BTP a « encore perdu 53 000 emplois, et le secteur manufacturier 27 000 », indique Mme Rifflart, qui ajoute: «La fai- Les chiffres du chômage américain ont jeté un froid: 85000emplois ont encore été détruits en décembre2009 blesse des mises en chantier ne permet pas d’espérer un rebond de la demande immobilière pour le reste de l’année. » M. Carton estime de son côté que le « rebond des commandes à l’industrie, s’il est notable, ne se traduit pas par des créations d’emploi spectaculaires ». Au sein du groupe des personnes privées d’emploi, un doubleclivage se produit selon l’âge et le sexe, note toutefois Mme Rifflart. Le taux de chômage des « jeunes » (25-34 ans) s’améliore et « passe de 9,2 % à 8,2 % de la population active », tandis que celui des plus de 50 ans demeure à un niveau élevé. En outre, le chômage apparaît plus élevé chez les hommes (+ 7,9 % en décembre 2009) que chez les femmes (+6,2 %). «Ce décalage tient aux secteurs qui ont été touchés : les hommes sont plus nombreux dans le BTP et l’industrie manufacturière. » En Europe aussi, la crise est loin d’être terminée. Selon les données rendues publiques vendredi 8 janvier par Eurostat, le chômage a atteint pour la première fois le seuil symbolique de 10 % de la population active dans la zone euro en novembre 2009 (+ 0,1 % par rapport à octobre). Ces moyennes masquent toutefois des disparités importantes selon les pays. Un quart des pertes d’emploi de la zone euro est ainsi concentré en Espagne, qui affiche un taux de chômage record de 19,4 % en novembre 2009 (19,3 % en octobre). En France, il est de 10 %, et de 8,3 % en Italie. Dans presque tous les pays, la destruction d’emplois a donc continué en 2009, et pourrait se prolonger sur le moyen terme. La Commission européenne prévoit ainsi que le taux de chômage se situera à une moyenne de 10,7 % en 2010, pour atteindre 10,9 % en 2011 dans la zone euro, après 9,5 % en 2009. La stabilisation progressive du chômage ne se produirait qu’à la fin de 2010, et plus certainement au coursde l’année 2011. p Yves Mamou A Marseille, un salarié du port roué de coups pour avoir refusé d’adhérer à la CGT La cour d’appel a confirmé la peine de six mois de prison avec sursis infligée à un syndicaliste L’ACCORD PARFAIT ENTRE UN PIANISTE ET UNE ŒUVRE V RUBINSTEIN CHOPIN DÈS LE 8 JANVIER, LE DOUBLE CDLIVRET N° 1 OFFRE DE LANCEMENT 2 € * au lieu de € 6,95 « Le Monde du piano », la discothèque idéale du piano sélectionnée par notre spécialiste Alain Lompech. Redécouvrez, grâce aux plus grands virtuoses du XXe siècle, les chefs-d’œuvre de la musique classique dans 20 doubles CD-livrets. Chaque week-end avec Le Monde, vibrez avec les plus belles interprétations des maîtres du piano, accompagnées d’un livret de 44 pages contenant les biographies des artistes, un guide d’écoute des œuvres et un glossaire. Photo : Eric Bottero en plus du Monde et du Monde Magazine Plus d’informations : www.lemonde.fr/piano ou 0825 120 219 (0,15 €/minute) *Offre de lancement n° 1 et n° 2 : 2 € en plus du Monde et de son supplément Le Monde Magazine, soit 4,50 €. A partir du n° 3, chaque CD-livret : 6,95 € en plus du Monde et son supplément Le Monde Magazine, soit 9,45 €. Chaque élément peut être acheté séparément à la Boutique du Monde, 80, bd Auguste - Blanqui, 75013 Paris, ou par correspondance. Voir conditions en magasin ou sur le site www.lemonde.fr/piano. Offre limitée à la France métropolitaine, dans la limite des stocks disponibles. Visuels non contractuels. endredi 8 janvier, la cour d’appel d’Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône) a confirmé la peine de six mois de prison avec sursis infligée en première instance à un syndicaliste de la CGT employé sur le Port autonome de Marseille. Poursuivi pour violences volontaires, Guillaume Magne était accusé d’être le meneur d’un groupe d’hommes qui avaient roué de coups un collègue de travail. D’après la victime, ces violences seraient liées au fait qu’elle avait refusé de prendre sa carte à la CGT et de participer à deux mouvements de grève. Jean-Philippe Formosa a été recruté comme « conducteur d’engins » au premier semestre 2006 par le Port autonome de Marseille, récemment rebaptisé Grand Port maritime de Marseille. Plusieurs semaines après son embauche, des membres de la CGT, parmi lesquels M.Magne, luiauraient suggéré de façon assez virile d’adhérer à cesyndicat. M.Formosa ayant refusé, les pressions ont redoublé de vigueur, à tel point qu’il a demandé à changer d’équipe, d’après son avocat, Me Gaspard Jouan. Le 14 décembre 2006, à la fin d’un repas de Noël organisé dans un réfectoire du Port autonome, une altercation a éclaté entre M. Formosa et d’autres salariés. Les hommes sont sortis du local pour s’expliquer. Plusieurs individus ont alors passé à tabac M. Formosa. Bilan : des os du nez cassés, une cheville et le col du péroné fracturés. Qui a participé à la rixe ? L’enquête n’a pas pu le déterminer avec certitude. M. Formosa assure avoir été victime d’un « commando » emmené par M. Magne, ce que lesyndicaliste a nié, devant les policiers et lors de ses procès en première instance puis en appel. La CGT du Port autonome, elle, a fait paraître un communiqué, en novembre 2008, pour dénoncer la « campagne de diffamation menée (…) à [son] encontre » par M. Formosa. Selon elle, « ce salarié immoral et cupide est vraisemblablement manipulé » lorsqu’il prétend avoir « été pris à partie pour avoir refusé de se syndiquer à la CGT ». Quant aux témoins de la scène interrogés par les enquêteurs, la plupart ont indiqué qu’ils ne connaissaient pas le nom des protagonistes. « Les gens ont eu peur de parler, car ils craignaient des représailles de certains membres de la CGT, estime Me Jouan. C’est d’ailleurs ce qui ressort des procès- Dans son jugement, en 2008, le tribunal correctionnel évoquait une «loi du silence bien respectée sur le site» verbaux dressés par les policiers. » Dans son jugement rendu le 2 décembre 2008, le tribunal correctionnel d’Aix-en-Provence écrit que « la loi du silence est bien respectée sur le site ». En dépit de ces zones d’ombre, M. Magne a été condamné. « Cette décision l’a anéanti, réagit son avocat, Me Alain Molla, parce qu’il écope d’une peine de prison avec sursis,malgré soninnocence, mais aussi parce qu’il est le seul à avoir été poursuivi alors même que la victime avait nommé deux autres personnes comme étant les auteurs des coups. » D’après Me Molla, son client a l’intention de former un pourvoi en cassation. p Bertrand Bissuel Marchés 13 0123 Dimanche 10 - Lundi 11 janvier 2010 Matières premières Alain Faujas Orange frappée E n Floride, on tremble, ce week-end, pour la récolte des belles oranges de Jacksonville où les services de la météo locale annoncent un « gel féroce » de 0 ˚Celsius pendant plusieurs heures, ce qui pourrait renchérir nos boissons de l’été prochain. Pas du tout, jurent les associations de producteurs d’agrumes : la récolte ne sera pas affectée par un gel inhabituel certes, mais supportable. Les marchés, qui n’entendent jamais raison, ont préféré parier sur la catastrophe possible. Le cours de la livre de concentré de jusd’orange, qui avait déjàprogressé en 2009 de quelque 80%, a grappillé encore plusieurs points à New York par rapport à la veille et a atteint 143,5 vendredi 8 janvier. Faut-il rire ou pleurer de cette lointaine conséquence boursière du phénomène climatique El Niño dans l’océan Pacifique ? Récolte maigrichonne D’abord, rassurons les assoiffés, la pénurie ne menace en rien nos rafraîchissements. Les stocks de jus restent massifs. Au début de la campagne 2008-2009, ils représentaient encore les deux tiers de la récolte annuelle de Floride. Il est vrai que la récolte mondiale s’annonce maigrichonne. Le département américain de l’agriculture prédit que le verger brésilien, le deuxième au monde, produira lui aussi 15 % de moins que la moyenne de ces dernières années. Pourquoi cette soudaine raréfaction ? Parce que la production floridienne est affectée par la maladie du « dragon jaune » ou chancre critique, bactérie transmise aux orangers par une sorte de puceron, mais aussi par le greening, autre méchante bactérie injectée par des homoptères psyllidés. « La chute brutale de la production floridienne est donc due auttant à l’état sanitaire du verger qu’à des raisons météo, explique Eric Imbert, économiste au Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad). Les traitements insecticides et la surveillance des plantations génèrent des frais additionnels de l’ordre de 40 %. » Faut-il s’étonner si les arboriculteurs réduisent des superficies plantées moins juteuses ? Au Brésil, la situation n’est pas meilleure. « La présence du greening et les perspectives de gains offerts parla canne à sucren’encouragent pas le développement de l’oranger et aucune hausse de la production n’est à attendre dans les prochaines années », poursuit notre expert. Cette offre flageolante devrait d’autant plus vite venir à bout des stocks qui pèsent sur les prix depuis une dizaine d’années que l’on annonce un autre dégel. « La demande est repartie, notamment aux Etats-Unis, pays qui absorbe 40 % des volumes mondiaux », se félicite Eric Imbert. En effet, les boissons dites « énergisantes », type Redbull, auraient moins la cote. La bonne vieille vitamine C contenue dans le jus d’orange du petit-déjeuner – notamment le jus reconstitué, moins cher – profiterait d’un regain. On attend confirmation en Europe de ce retour en grâce. p Rebond COURS DU JUS D’ORANGE, en cent de dollars la livre de concentré, à New York 220 200 180 143,5 160 140 120 100 80 60 Janv. 2005 8 janv. 2010 SOURCE : BLOOMBERG Capitaux Isabelle Ehrhart En voiture T out en douceur, ce début d’année 2010 sur le marché obligataire de la zone euro. Il est vrai que nombreux sont les pays, notamment au sud de l’Europe, où la trêve des confiseurs prend fin le 6 janvier, jour de l’Epiphanie. Une bonne raison de laisser le marché somnoler. Sans inquiéter les professionnels, qui anticipent une activité soutenue en 2010, même si elle ne devrait pas égaler le record de 2009. Un seul émetteur s’est présenté aux investisseurs depuis le 1er janvier et il préfigure ce qui nous attend dans les prochains jours : il y aura de la voiture. Banque PSA, la filiale dédiée au crédit du constructeur automobile français, a inauguré cette nouvelle année, vendredi 8 janvier, sur le marché du crédit en euros. Forte demande L’émission totalise 750 millions d’euros, qui seront remboursés dans trois ans moyennant une prime de risque de 170 points de base (1,70 %), raisonnable pour cette signature notée Baa1 par l’agence Moody’s et BBB par Standard & Poor’s, avec une perspective d’évolution négative de la part des deux agences. La demande a été près de cinq fois supérieure au montant emprunté, preuve que les investisseurs sont pour l’instant au rendez-vous. Mais vu la liste d’attente sur le marché du crédit, mieux vaut être vif, de crainte d’être celui qui, devant la flopée d’émissions à venir, lassera les investisseurs. Car le secteur automobile va bientôt Paris Francfort Londres Eurostoxx 50 New York + 2,76 % + 1,35 % + 2,24 % + 1,78 % CAC 40 DAX 30 FTSE 100 6 037,61 points 5 534,24 points 4 045,14 points + 1,82 % Nasdaq + 2,12 % Dow Jones 3 017,85 points 10 618,19 points Tokyo + 2,39 % Nikkei 2 317,17 points 10 798,32 points La Bourse fête 2010 mais ne s’enivre pas Malgré une première semaine de hausse, les experts se gardent de tout enthousiasme S ur les marchés boursiers, l’année 2010 a commencé comme 2009 s’était terminée : bien. Trop bien, peut-être. En quelques séances, à la Bourse de Paris, le CAC 40 a franchi le seuil des 4 000 points. Pour la première semaine de l’année, entre le 4 et le 8 janvier, le marché parisien s’est adjugé 2,76 % à 4 045,14 points, après 22 % de hausse en 2009. La tendance a été identique à New York, à Londres ou à Tokyo. Sur la période les indices respectifs de ces places financières, le Dow Jones, le Footsie et le Nikkei ont gagné 1,82 %, 2,24 % et 2,39 %. Les marchés ont ainsi presque gommé l’intégralité des pertes accumulées depuis la faillite retentissante de la banque d’affaires américaine Lehman Brothers, le 15 septembre 2008. Pourtant, sur le front de l’économie, « on est dans un environnement qui reste un peu pourri », reconnaît Phillippe Waechter, responsable de la recherche chez Natixis AM. Une illustration ? Les Etats-Unis, première économie mondiale, ont annoncé, vendredi 8 janvier, la destruction de 85 000 emplois en décembre 2009. Le taux de chômage stagne ainsi à 10 % de la population active. Rien de très réjouissant… Mais pour la plupart des investisseurs, tout cela n’est pas dramatique. « Ce chiffre est décevant, mais ne remet pas en cause l’amélioration progressive de l’économie », estime Jean-Louis Mourier, analyste chez Aurel. En étant même un peu provocateur, cette reprise molle arrangerait presque lesdits investisseurs. Taux et changes Car si l’économie ne redémarre pas en fanfare, cela signifie que les politiques monétaires ultra-accomodantes mises en places par les grandes banques centrales avec des taux d’intérêt très bas destinés à soutenir l’économie, vont se prolonger. Ainsi au regard des rendements des obligations et autres produits de taux, par exemple, les actions vont encore rester un placement attractif. En outre, les investisseurs constatent que si la croissance n’est pas encore très vigoureuse, les signaux d’une embellie se sont multipliés dès 2009. Dans le secteur automobile, le Comité des constructeurs français d’automobiles (CCFA) a ainsi annoncé, le 4 janvier, que les immatriculations de voitures neuves avaient bondi de 48,6 % sur un an en décembre 2009. Ces ventes ont, certes, bénéficié du soutien de la prime à la casse. Mais les constructeurs ont aussi mis en place une organisation de combat en réduisant au maximum leurs coûts afin de doper leurs résultats. Et Renault s’est dit confiant pour le premier trimestre 2010, escomptant des ventes encore solides même après la réduction des aides publiques. Dans la foulée, les titres du constructeur, et celui de son concurrent Peugeot, ont bondi. Certes, les entreprises se sont désendettées et ont réduit leurs coûts pour maintenir leur rentabilité. Mais la crise n’est pas finie Dans les autres secteurs aussi, afin de faire face à la crise, et à une reprise atone, « les entreprises se sont assainies », remarque Grégorie Volokhine, expert chez Meeschaert, à New York. Elles se sont désendettées, ont réduit leurs La place de Shanghaï redoute un tour de vis de l’Etat Si la reprise est hésitante en Europe et aux Etats-Unis, c’est loin d’être le cas en Chine. En 2010, la République populaire pourrait connaître une croissance de l’ordre de 10 % de son produit intérieur brut. Paradoxalement, il s’agit d’une mauvaise nouvelle pour la Bourse, comme l’illustre le recul de 2,48 % de l’indice de la place de Shanghaï sur la semaine écoulée. Les investisseurs restent sur leur garde à la suite de rumeurs d’un durcissement de la politi- que monétaire des autorités chinoises afin d’éviter une surchauffe de l’économie. Selon le journal officiel China Securities Journal, Pékin aurait averti les compagnies publiques des risques d’investir en Bourse, dans l’immobilier et les produits dérivés. « Les investisseurs sont attentistes, ils ne savent pas ce que seront les prochaines décisions du gouvernement », a ainsi indiqué à l’agence Dow Jones Li Xianming, analyste à Ping An Securities. 1 ¤ = 1,4411 $ b Taux à 10 ans (France) = 3,572 % coûts pour redresser ou maintenir leur rentabilité. Vendredi, le groupe américain de messagerie UPS a donné une illustration de ce phénomène en annonçant de façon concomitante une amélioration attendue de son bénéficepour le quatrième trimestre 2009 et la suppression de 1 800 emplois. Et la Bourse apprécie ce genre de nouvelle. Les investisseursse gardent toutefois d’afficher un enthousiasme démesuré. Tous savent que la crise n’est pas terminée. Que les ménages demeureront inquiets et que laconsommation restera sans doute un peu déprimée. Les titres des groupes français de la grande distribution, comme Casino ou Carrefour, restent ainsi à la peine. Même les secteurs dits défensifs, comme la pharmacie, ne sont pasà l’abri d’une mauvaise nouvelle. Cette semaine, la ministre de la santé, Roselyne Bachelot, a annoncé que la France avait annulé une commande de 50 millions de doses de vaccin contre la grippe A (H1N1). La campagne de vaccination n’ayant pas eu le « succès » attendu. Les laboratoires concernés, comme Novartis ou GSK ont vu leurs cours reculer. La prudence des boursiers est de mise. Le milliardaire américain Warren Buffett, gourou de Wall Street, l’a rappelé en s’opposant au rachat de Cadbury par Kraft, dont il est actionnaire. Il n’est pas question, par les temps qui courent, de gaspiller son argent en surpayant une acquisition, semble dire le septuagénaire, plutôt réputé pour son flair. p Claire Gatinois b Taux à 10 ans (US) = 3,832 % Paris reprend sa charge contre le «désordre monétaire» de nouveau les solliciter par le biais de l’allemand Daimler, un émetteur traditionnel des débuts d’année, son compatriote Volkswagen ne devant, lui, pas tarder. A plus long terme, le troisième constructeur allemand, BMW, est aussi attendu, tandis que RCI Banque, la filiale dédiée du constructeur automobile Renault, ne devrait pas laisser passer l’occasion. Car chez RCI Banque, comme chez Banque PSA, les difficultés rencontrées début 2009 pour se financer ne sont pas oubliées. Le secteur était alors délaissé : les deuxgroupes français ont pu bénéficier du soutien de la Société de financement de l’économie française (SFEF), mais ont dû attendre le printemps pour émettre des obligations. Si les sociétés industrielles ou de services s’avèrent un peu lentes à réagir cette année, ce n’est pas le cas des financières, qui ont « dégainé » dès le 7 janvier avec une série d’émissions d’obligations sécurisées (covered bonds) : la danoise Nordea, la portugaise BPI, la britannique Barclays, l’espagnole BBVA, les françaises BNP Paribas ou CM-CIC. Si l’on fait abstraction des deux dernières, on note ce retour des obligations couvertes par des crédits hypothécaires émanant de pays où la crise immobilière avait déclenché une grande méfiance des investisseurs – les « cédulas » espagnols, par exemple, ont connu une longue période de dédain. C’est maintenant terminé et les obligations trouvent preneurs à des prix toujours dans le bas de la fourchette proposée. p T out au long de l’année 2008, les hommes politiques n’ont pas cessé de déplorer le chaos financier provoqué par des traders cupides, des gestionnaires aveugleset des banquiersirresponsables. De dénoncer l’irrationalité et la dangerosité des marchés. A peine le calme commence-t-il à revenir, les cours à se stabiliser et à se normaliser que ce sont les mêmes hommes politiques qui sèment le trouble, notamment sur le marché des changes. Le nouveau ministre japonais des finances Naoto Kan – à peine installé dans le fauteuil d’Hirohisa Fujii, qui, à 77 ans, a dû démissionner pour des problèmes d’hypertension – s’est prononcé en faveur d’un yen plus faible et doncfavorable aux exportations. Une rupture majeure, son prédécesseur ayant toujours répété qu’un yen fort ne gênait pas le Japon. « Ce serait bien que le yen s’affaiblisse un peu plus », a déclaré M. Kan, le 6 janvier, avant de souhaiter un niveau de 95 yens pour 1 dollar et de préciser qu’il était prêt à collaborer avec la Banque du Japon pour y parvenir. Le lendemain, il n’a pas exclu une intervention sur le marché des changes : « Prendre des mesures sur les taux de change quand c’est nécessaire fait partie des devoirs et des prérogatives du ministère des finances. Je suis conscient de ces devoirs et de ces prérogatives. » Ces déclarations fracassantes lui ont valu un ferme rappel à l’ordre du premier ministre Yukio Hatoyama, qui a expliqué que « le gouvernement ne doit par principe pas discuter du marché des changes». «Les taux dechange sont décidés par le marché », a fini par concéder l’impétueux M. Kan. Dans le passé, le Japon est intervenu massivement sur le marché des changes pour affaiblir le yen en achetant des dollars ; mais il ne l’a plus fait depuis 2004. Le billet vert, tombé fin novembre 2009 à 85 yens, son plus bas niveau en quatorze ans, s’est repris depuis : il cotait, vendredi, 92,6 yens. Le retour des prêcheurs En France, c’est le président de la République en personne qui a décidé de sonner la charge contre « les disparités monétaires ». En présentant le 6 janvier à Cholet (Maine-et-Loire) ses vœux aux « forces économiques », M. Sarkozy a estimé qu’elles représentaient un«problème absolument considérable », qui devait être « au centre des débats internationaux » en 2010. « Si on fabrique en zone euro et qu’on vend en zone dollar, avec le dollar qui tombe et l’euro qui monte, comment pouvez-vous compenser le déficit de compétitivité » des entreprises françaises, s’est-il inquiété. « Le désordre monétaire estdevenu inacceptable », a-t-il renchéri le lendemain. « Le monde est multipolaire, le système monétaire doit devenir multimonétaire », a-t-il encore lancé. Dans la foulée de M. Sarkozy, c’est le premier ministre François Fillon qui y est allé, le 8 janvier, de son petit couplet monétaire : « Il faut faire en sorte que les parités monétaires reflètent davantage les fondamentaux économiques. » Cette offensive a surpris puisque le billet vert a repris des couleurs, l’euro revenant de 1,5140dollar mi-novembre 2009 à 1,44 dollar. A l’origine de ce mouvement, le sentiment d’opérateurs pour lesquels la reprise économique pourrait être plus rapide et vigoureuse aux Etats-Unis qu’en Europe, ce qui conduirait la Réserve fédérale (Fed) à relever ses taux plus tôt que la Banquecentrale européenne(BCE). Les déclarations de MM. Sarkozy et Fillon n’ont en tout cas guère eu d’impact sur les cours. Vendredi après-midi, l’euro a même rebondi à la suite des statistiques décevantes du chômage américain. Il est vrai que, pour les marchés, seule compte la parole du président de la BCE, Jean-Claude Trichet, « M. Euro » et, dans une moindre mesure, celle de la chancelière allemande, Angela Merkel. Personne en revanche ne prête la moindre attention aux discours des autres prêcheurs.p Pierre-Antoine Delhommais Janvier 2010 Un monde post-racial Qu’en est-il du racisme aujourdhui ? Sciences Ecologie : arrêtez de nous culpabiliser ! Littératures Camus, l’« homme rare ». La chronologie du mois toujours avec Les Clés de l’info Pour préparer et réussir vos examens www.lemonde.fr/dosdoc © TIM SIMMONS PEUG MOTION & Consommation mixte (en l/100 km) : de 4,9 à 7,6. Émissions de CO2 (en g/km) : de 130 à 180. PEUGEOT 3008. LE NOUVEAU CROSSOVER. GEOT & EMOTION www.new-peugeot.com 16 Valeurs 0123 SOURCE : BLOOMBERG Dimanche 10 - Lundi 11 janvier 2010 en euros à Paris 1,2 260 1,07 1,1 1,0 0,9 254,55 11,4 250 11,0 240 10,6 7,5 10,97 7,3 7,145 7,1 41,8 30,8 41,6 30,4 41,4 6,9 41,2 6,7 41,0 41,25 30,0 + 17,7% + 13,3% + 10,6 % + 9,25 % – 1,12% – 3,13 % 10,2 230 9,8 220 31 déc. 2009 8 janvier 2010 31 déc. 2009 8 janvier 2010 6,5 31 déc. 2009 8 janvier 2010 29,2 40,8 31 déc. 2009 8 janvier 2010 31 déc. 2009 29,545 29,6 31 déc. 2009 8 janvier 2010 8 janvier 2010 THOMSON Espoirs ERAMET Part à vendre UBISOFT Recommandée EUROTUNNEL Régulier ESSILOR A contre-courant GEMALTO En panne Le titre Thomson a bondi de 17,7 % à la Bourse de Paris entre le lundi 4 et le vendredi 8 janvier, à 1,07 euro. Les investisseurs espèrent que le groupe spécialisé en technologies de l’image va tirer bénéfice de l’engouement du public pour les films en 3D. Par ailleurs, le fait que le plan de restructuration de la dette du groupe ait été validé par la majorité de ses créanciers, en décembre 2009, a pu rassurer les investisseurs. Ce plan doit être soumis à l’approbation des actionnaires lors de l’assemblée générale prévue le 27 janvier. Le cours du groupe minier Eramet (nickel, manganèse…) a fortement progressé, de 13,3 %, entre le lundi 4 et le vendredi 8 janvier, à 254,55 euros. L’actionnariat devrait évoluer dans les prochains mois, Areva ayant annoncé la vente de sa participation de 25 % pour financer son développement dans le nucléaire. Le Fonds stratégique d’investissement (FSI) négocie aujourd’hui le rachat de cette part, mais les discussions achoppent sur le prix, le FSI valorisant Eramet à un niveau inférieur à ce que souhaite Areva. Le titre de l’éditeur français de jeux vidéo, créateur de Rayman ou Assassin’s Creed, a progressé de 10,6 % entre lundi 4 et vendredi 8 janvier, à 10,97 euros, à la suite de recommandations d’analystes conseillant aux investisseurs de passer à l’achat sur le titre. Les chiffres de vente de consoles de salon (Wii de Nintendo, XBox 360 de Microsoft et PS3 de Sony), en hausse sur la fin 2009, ont également pu pousser les investisseurs à l’achat. Ces ventes pourraient augurer d’une augmentation des volumes de vente des jeux. Le titre de l’exploitant du tunnel sous la Manche a augmenté de 9,25 % entre le lundi 4 et le vendredi 8 janvier, à 7,145 euros. Cette croissance, régulière au cours de la première semaine de l’année, paraît contradictoire au vu des récents problèmes de l’Eurostar. Jeudi 7 janvier, un train a de nouveau été bloqué dans le tunnel suite à un incident technique qui a provoqué de nombreux retards. Mais les investisseurs ne semblent pas inquiets de ces difficultés, qui n’ont pas affecté négativement le titre Eurotunnel. Le titre du numéro un mondial du verre correcteur, Essilor, a perdu 1,2 % en cinq séances, à 41,25 euros. En 2009, cette action réputée défensive, car moins sensible que d’autres à la conjoncture, avait réalisé un parcours exemplaire avec une hausse annuelle de 24,4 %, un peu supérieure à la moyenne de l’indice phare de la Bourse de Paris. L’annonce du rachat pour 388 millions d’euros, le 16 décembre 2009, de l’américain FGX, spécialiste de la lunette prémontée ou lunette de lecture, avait encore été saluée. Le leader mondial de la carte à puce Gemalto a été pénalisé par le « bug » qui a rendu 30 millions de cartes bancaires inutilisables outre-Rhin. Principal fournisseur en cartes de paiement des banques allemandes, le groupe a perdu 3,13 % à la Bourse de Paris entre le lundi 4 et le vendredi 8 janvier, à 29,545 euros. La procédure corrective du dysfonctionnement pourrait coûter cher : de 250 millions à 300 millions d’euros, selon la presse allemande. Gemalto n’a pas précisé quelle part de cette somme il assumerait. VALEURS DU SBF120 Valeur Valeurs françaises et zone euro Vendredi 8 janvier 19h40 Valeur Dernier cours Sem. préc. % var. /heb. % var. 31/12 ACCOR ..........................◗ 37,83 38,25 -1,11 ADP .....................................◗ 58,43 56,33 3,73 AIR FRANCE-KLM ..............◗ 11,99 11,00 9,00 AIR LIQUIDE .......................◗ 82,46 83,03 -0,69 ALCATEL-LUCENT ...........◗ 2,62 2,38 9,91 ALSTOM ............................◗ 53,15 49,06 8,34 ALTEN .................................◗ 19,61 19,50 0,56 ALTRAN TECHNO. .............◗ 3,86 3,72 3,68 ARCELORMITTAL................ 33,65 32,18 4,57 AREVA CIP ............................ 370,55 349,00 6,17 ARKEMA .............................◗ 27,77 26,00 6,81 ATOS ORIGIN .....................◗ 34,05 32,09 6,11 17,11 16,54 3,48 AXA ....................................◗ BENETEAU .........................◗ 12,49 10,72 16,51 BIC ......................................◗ 49,80 48,30 3,12 BIOMERIEUX .......................◗ 81,39 81,68 -0,36 BNP PARIBAS ACT.A .......◗ 59,60 55,90 6,62 79,46 1,31 BONDUELLE........................◗ 80,50 BOURBON ..........................◗ 29,19 26,35 10,78 BOUYGUES ........................◗ 37,17 36,42 2,06 BUREAU VERITAS...............◗ 36,82 36,41 1,14 CAP GEMINI ......................◗ 34,22 31,97 7,04 CARBONE-LORRAINE ........◗ 27,66 25,40 8,90 CARREFOUR ......................◗ 34,49 33,56 2,79 CASINO GUICHARD ............◗ 60,61 62,53 -3,07 CGG VERITAS .....................◗ 17,34 14,93 16,11 CIMENTS FRANCAIS .........◗ 77,34 74,00 4,51 CLUB MED...........................◗ 13,56 12,85 5,53 CNP ASSURANCES ............◗ 68,99 67,76 1,82 CREDIT AGRICOLE ............◗ 13,47 12,36 8,98 DANONE ............................◗ 42,65 42,83 -0,42 DASSAULT SYSTEMES ......◗ 41,41 39,75 4,18 DERICHEBOURG................... 3,50 3,11 12,51 DEXIA ................................... 4,98 4,46 11,57 EADS ..................................◗ 14,35 14,09 1,88 EDF .....................................◗ 42,14 41,56 1,40 EDF ENERGIES NOUV. ........◗ 38,47 36,01 6,83 39,45 6,46 EIFFAGE ..............................◗ 42,00 ERAMET ..............................◗ 254,55 220,75 15,31 ESSILOR INTL ....................◗ 41,25 41,75 -1,20 EULER HERMES ..................◗ 55,80 52,29 6,71 EURAZEO ...........................◗ 51,93 48,84 6,34 EUROFINS SCIENT. ...........◗ 40,00 38,19 4,74 EUTELSAT COMMUNIC. .....◗ 22,85 22,46 1,74 FAURECIA ..........................◗ 17,70 15,40 14,94 FONC.REGIONS. ................◗ 72,03 71,38 0,91 FRANCE TELECOM ............◗ 17,33 17,43 -0,57 -1,11 3,73 9,00 -0,69 9,91 8,34 0,56 3,68 4,57 6,17 6,81 6,11 3,48 16,51 3,12 -0,36 6,62 1,31 10,78 2,06 1,14 7,04 8,90 2,79 -3,07 16,11 4,51 5,53 1,82 8,98 -0,42 4,18 12,51 11,57 1,88 1,40 6,83 6,46 15,31 -1,20 6,71 6,34 4,74 1,74 14,94 0,91 -0,57 Plus haut Plus bas Divid. net Code ISIN 38,90 37,24 1,65 T FR0000120404 59,30 56,00 1,38 T FR0010340141 12,08 11,05 0,58 T FR0000031122 84,50 81,04 2,25 T FR0000120073 2,69 2,37 0,16 T FR0000130007 53,28 49,45 1,12 T FR0010220475 19,75 19,30 n/d FR0000071946 3,89 3,67 0,20 T FR0000034639 33,88 32,07 0,16 S LU0323134006 378,00 346,20 7,05 T FR0004275832 27,89 25,85 0,60 T FR0010313833 34,85 31,71 0,40 T FR0000051732 17,41 16,56 0,40 T FR0000120628 12,49 10,70 0,43 T FR0000035164 50,48 48,40 1,35 T FR0000120966 83,85 80,52 0,81 T FR0010096479 59,88 56,11 1,00 T FR0000131104 82,07 79,01 1,50 T FR0000063935 29,49 26,30 0,90 T FR0004548873 37,70 36,32 1,60 T FR0000120503 37,40 36,02 0,72 T FR0006174348 34,47 32,00 1,00 T FR0000125338 27,66 25,43 0,62 T FR0000039620 34,99 33,45 1,08 T FR0000120172 64,50 60,01 2,53 T FR0000125585 17,50 14,92 1,22 FR0000120164 77,48 73,92 3,00 T FR0000120982 13,60 12,85 1,00 T FR0000121568 70,25 67,81 2,85 T FR0000120222 13,50 12,41 0,45 T FR0000045072 43,33 42,41 1,20 T FR0000120644 41,59 39,82 0,46 T FR0000130650 3,59 3,12 0,08 T FR0000053381 5,05 4,50 0,68 T BE0003796134 14,48 13,71 0,17 T NL0000235190 42,24 41,03 0,55 A FR0010242511 39,22 36,10 0,27 T FR0010400143 42,02 39,10 1,20 T FR0000130452 257,30 220,00 5,25 T FR0000131757 41,98 40,84 0,66 T FR0000121667 56,84 52,31 1,50 T FR0004254035 52,40 48,97 1,20 T FR0000121121 41,95 38,25 0,10 T FR0000038259 22,95 22,39 0,13 D FR0010221234 18,00 15,40 1,10 T FR0000121147 75,80 71,40 5,30 T FR0000064578 17,78 17,20 0,60 A FR0000133308 LES BOURSES DANS LE MONDE 8/1, 22h23 Pays Indice Dernier cours % var. /heb. Mini 2008 6058,02 923,78 2642,67 2606,15 353,77 12240,50 6716,91 4051,41 4687,79 6399,75 6185,61 2871,02 3464,20 2338,30 22173,15 3112,85 23911,07 5/1 8/1 8/1 8/1 8/1 5/1 8/1 8/1 8/1 8/1 8/1 8/1 5/1 8/1 7/1 8/1 8/1 5961,25 876,18 2493,10 2521,73 336,75 11986,10 6490,51 3950,61 4544,23 6098,80 5918,52 2799,47 3382,71 2187,09 21152,18 2974,93 23317,12 7/1 4/1 4/1 4/1 4/1 4/1 4/1 4/1 4/1 4/1 4/1 4/1 4/1 4/1 31/12 4/1 4/1 13,80 13,40 13,80 12,40 Cours de l’euro 100 Yens 1,07951 0,74862 0,67356 1,10480 Euro 1,44150 133,58000 336,96 4/1 2387,97 31/12 0,89940 1,47540 Achat Livre 1,60290 148,46540 1,11430 30,29 76,14 30,50 6,54 2,79 93,31 66,75 83,52 42,02 16,96 38,76 21,16 17,04 28,39 57,81 28,41 19,48 78,00 78,38 17,97 12,68 24,55 53,58 3,55 % var. /heb. 0,30 -2,50 -3,13 9,25 9,92 1,33 8,01 4,41 1,15 2,24 2,23 2,20 6,90 0,62 4,07 -0,39 6,19 -0,40 3,43 6,23 4,14 2,85 7,41 11,28 % var. 31/12 0,30 -2,50 -3,13 9,25 9,92 1,33 8,01 4,41 1,15 2,24 2,23 2,20 6,90 0,62 4,07 -0,39 6,19 -0,40 3,43 6,23 4,14 2,85 7,41 11,28 Plus haut 30,70 79,30 31,42 7,25 3,10 94,99 72,75 89,54 42,88 17,69 40,15 21,90 19,27 29,45 60,90 29,32 20,82 79,85 81,50 19,09 13,30 25,58 57,83 3,96 Plus bas 29,92 73,75 29,35 6,60 2,77 92,00 68,24 83,30 41,76 16,96 38,50 21,03 16,71 28,10 57,80 27,52 19,42 76,92 77,77 17,86 12,65 24,57 53,50 3,56 Divid. net 0,80 1,98 n/d 0,04 0,04 1,03 3,25 0,34 1,00 0,25 0,70 0,50 0,44 1,25 2,00 1,30 0,70 1,44 0,35 0,85 0,35 0,44 1,00 0,45 Code ISIN Valeur A FR0010208488 S FR0010040865 NL0000400653 T FR0010533075 T FR0000121881 T FR0000052292 T FR0000035081 T FR0004035913 T FR0000120859 T FR0000125346 T FR0010259150 T FR0000073298 T FR0000077919 T FR0000121964 T FR0000120537 T FR0000130213 T FR0010307819 T FR0000120321 A FR0000121014 T FR0000053225 T FR0000051070 A FR0010241638 T FR0000121261 T FR0000120685 Dernier cours NEOPOST ............................◗ 58,28 NEXANS .............................◗ 58,76 NEXITY ................................◗ 27,20 NICOX .................................. 6,10 ORPEA .................................◗ 32,59 PAGESJAUNES ...................◗ 7,49 PERNOD RICARD ..............◗ 58,91 PEUGEOT ...........................◗ 26,50 PPR ....................................◗ 87,66 PUBLICIS GROUPE .............◗ 29,36 REMY COINTREAU .............◗ 36,59 RENAULT ...........................◗ 39,38 REXEL .................................◗ 10,60 RHODIA ...............................◗ 13,78 SAFRAN ..............................◗ 14,54 SAFT...................................... 34,59 SAINT-GOBAIN .................◗ 38,90 SANOFI-AVENTIS .............◗ 55,65 SCHNEIDER ELECTRIC ....◗ 80,32 SCOR SE .............................◗ 17,66 SEB ......................................◗ 41,50 SECHE ENVIRONNEM. .......◗ 61,73 SECHILIENNE SIDEC ..........◗ 26,65 SES ......................................◗ 15,38 SILIC ....................................◗ 84,56 SOCIETE GENERALE ........◗ 52,08 SODEXO ..............................◗ 40,94 SOITEC ................................◗ 11,32 SPERIAN PROTECTION .....◗ 49,00 STALLERGENES ................... 59,89 STERIA GROUPE ................◗ 22,48 STMICROELECTR. ............◗ 6,44 SUEZ ENV. ..........................◗ 17,07 TECHNIP ............................◗ 52,22 TELEPERFORMANCE .........◗ 23,83 TF1 .......................................◗ 14,01 THALES ...............................◗ 35,41 THOMSON ..........................◗ 1,07 TOTAL .................................◗ 46,01 UBISOFT ENTERTAIN ........◗ 10,97 UNIBAIL-RODAMCO .........◗ 154,85 VALEO .................................◗ 26,82 VALLOUREC ......................◗ 134,35 VEOLIA ENVIRON. ............◗ 25,10 VILMORIN & CIE .................◗ 85,39 VINCI ..................................◗ 41,43 VIVENDI ..............................◗ 20,86 WENDEL ..............................◗ 45,94 ZODIAC AEROSPACE .........◗ 30,95 Sem. préc. 57,67 55,82 25,46 5,83 31,63 7,80 59,91 23,66 84,24 28,50 35,60 36,20 10,20 12,61 13,69 33,76 38,07 55,06 81,78 17,50 39,70 59,94 28,35 15,76 85,00 48,95 39,87 9,99 50,39 58,85 21,51 6,42 16,12 49,40 22,68 12,89 35,95 0,91 45,01 9,92 153,70 24,53 127,05 23,12 86,50 39,47 20,80 42,80 29,13 % var. /heb. 1,06 5,27 6,83 4,69 3,04 -4,04 -1,67 12,00 4,06 3,00 2,78 8,80 3,92 9,24 6,17 2,44 2,18 1,07 -1,79 0,91 4,53 2,99 -6,00 -2,38 -0,52 6,39 2,68 13,29 -2,76 1,77 4,53 0,28 5,83 5,71 5,07 8,65 -1,49 17,71 2,23 10,58 0,75 9,34 5,75 8,54 -1,28 4,97 0,31 7,34 6,27 % var. 31/12 1,06 5,27 6,83 4,69 3,04 -4,04 -1,67 12,00 4,06 3,00 2,78 8,80 3,92 9,24 6,17 2,44 2,18 1,07 -1,79 0,91 4,53 2,99 -6,00 -2,38 -0,52 6,39 2,68 13,29 -2,76 1,77 4,53 0,28 5,83 5,71 5,07 8,65 -1,49 17,71 2,23 10,58 0,75 9,34 5,75 8,54 -1,28 4,97 0,31 7,34 6,27 Plus haut 58,50 59,10 27,84 6,38 32,61 7,99 60,85 26,97 87,94 29,62 37,80 40,00 10,81 13,95 14,79 34,90 39,29 56,79 82,74 17,90 41,66 62,20 29,69 15,70 86,29 52,51 42,85 11,64 50,20 60,20 23,05 6,59 17,22 53,32 24,18 14,10 35,84 1,11 46,15 11,29 157,50 27,36 135,90 25,90 88,60 41,59 21,47 46,30 31,30 Plus bas 57,49 55,78 25,51 5,86 31,36 7,46 58,42 23,72 83,54 28,50 35,30 36,75 10,02 12,55 13,69 33,35 38,06 55,11 79,41 17,55 39,15 59,00 26,61 15,00 84,50 49,21 39,72 10,01 48,35 58,57 21,43 6,35 16,13 49,32 22,68 12,87 34,20 0,90 45,26 10,01 151,80 24,40 127,25 23,16 84,13 39,58 20,73 42,70 28,94 Divid. net 1,65 2,00 1,50 n/d 0,10 0,96 0,50 1,50 3,30 0,60 0,65 3,80 0,37 0,25 0,17 0,68 1,00 2,20 3,45 0,80 0,94 1,30 0,60 0,56 4,30 1,20 1,27 n/d 1,20 0,45 0,12 0,03 0,65 1,20 0,44 0,47 1,05 0,33 1,14 n/d 2,00 1,20 6,00 1,21 1,77 0,52 1,40 1,00 1,00 Code ISIN A FR0000120560 T FR0000044448 T FR0010112524 FR0000074130 T FR0000184798 T FR0010096354 A FR0000120693 T FR0000121501 T FR0000121485 T FR0000130577 T FR0000130395 T FR0000131906 T FR0010451203 T FR0010479956 S FR0000073272 T FR0010208165 T FR0000125007 T FR0000120578 T FR0000121972 T FR0010411983 T FR0000121709 T FR0000039109 T FR0000060402 T LU0088087324 T FR0000050916 T FR0000130809 T FR0000121220 FR0004025062 T FR0000060899 T FR0000065674 T FR0000072910 A NL0000226223 A FR0010613471 T FR0000131708 T FR0000051807 T FR0000054900 T FR0000121329 D FR0000184533 A FR0000120271 FR0000054470 D FR0000124711 T FR0000130338 T FR0000120354 T FR0000124141 T FR0000052516 A FR0000125486 T FR0000127771 T FR0000121204 T FR0000125684 Cours en euros. En gras : CAC40. ◗ : valeur pouvant bénéficier du service de règlement différé (SRD). # : valeur faisant l’objet d’un contrat d’animation. Plus haut et plus bas : depuis le 1/1/2008. n/d : valeur non disponible. A : acompte, D : divers, S : solde, T : totalité. Indice Dernier cours PSI 20 FTSE 100 index FTSE techMark 100 index SUÈDE OMX REP. TCHÉQUE Exchange PX 50 8839,75 5534,24 1771,65 973,44 1154,50 % var. /heb. Maxi 2008 Mini 2008 8/1 8/1 8/1 8/1 23/11 8839,75 5551,66 1774,70 974,90 1195,69 8/1 7/1 8/1 8/1 24/8 8475,45 5410,82 1704,82 951,72 628,50 4/1 4/1 4/1 4/1 18/2 ICEX 15 263,66 30/6 RTS 1444,61 31/12 Swiss market 6617,88 8/1 National 100 54797,90 8/1 355,20 1508,42 6635,78 54972,94 2/1 18/11 8/1 7/1 212,05 498,20 6494,90 51668,41 1/4 23/1 7/1 31/12 2411,39 70936,60 11971,62 3684,55 10619,40 2317,60 1893,25 11418,34 1145,39 33080,05 5/1 6/1 6/1 7/1 8/1 8/1 8/1 2/12 8/1 8/1 ROYAUME UNI PER Pays 16,90 13,20 ASIE-OCÉANIE Indice Dernier cours ISLANDE 13,00 SUISSE TURQUIE 12,80 AMÉRIQUES Merval Bovespa CANADA TSX Composite CHILI Ipsa ETATS-UNIS Dow Jones ind. Nasdaq composite Nasdaq 100 Wilshire 5000 Standards & Poors 500 MEXIQUE IPC 2389,45 70262,70 11953,83 3706,87 10618,19 2317,17 1892,59 11333,82 1144,98 32892,04 ARGENTINE 13,60 10,70 12,80 13,20 Franc S. 0,97714 90,51412 0,67778 0,60957 1,64050 Vente couronne danoise .......................................................7,4403 ....................................7,4410 couronne norvég. .........................................................8,1723 .....................................8,1753 couronne suédoise ....................................................10,3421 ..................................10,3538 couronne tchéque .....................................................26,2590 ..................................26,2790 dollar australien ............................................................1,5601.....................................1,5607 dollar canadien .............................................................1,4827 .....................................1,4867 dollar hongkong ..........................................................11,1777 ....................................11,1827 dollar néo-zéland. ........................................................1,9556 ....................................1,9586 forint hongrois.........................................................267,6800 ...............................267,8800 leu roumain ..................................................................4,2321 ....................................4,2446 rouble ..........................................................................42,8713 ..................................42,8783 BRÉSIL 7/1 8/1 8/1 8/1 8/1 8/1 8/1 1/12 8/1 8/1 2305,44 30/12 68587,16 4/1 11746,11 4/1 3556,91 30/12 10430,69 4/1 2285,22 7/1 1867,62 7/1 6772,29 6/3 1116,56 4/1 32120,74 4/1 All ordinaries 4942,20 8/1 Shangaï B 253,75 8/1 Shenzen B 617,76 8/1 CORÉE DU SUD K Composite 1695,26 8/1 HONG KONG Hang Seng 22296,75 8/1 HKEX LargeCAp 26112,65 8/1 INDE Bombay SE 30 2213,00 8/1 ISRAËL Tel Aviv 100 1094,04 7/1 JAPON Nikkei 225 10798,32 8/1 Topix index 941,29 8/1 MALAISIE KL composite 1292,98 8/1 NOUVELLE-ZÉLANDE All ordinar. 791,89 8/1 SINGAPOUR Straits Time 2922,76 8/1 TAÏWAN Weighted 8280,90 8/1 THAILANDE Thaï SE 738,96 8/1 AUSTRALIE CHINE 14,90 11,80 EUROPE RUSSIE 343,59 5/1 2480,90 5/1 Sem. préc. % var. /heb. Maxi 2008 Mini 2008 PER PER MARCHÉ DES CHANGES 8/1, 22h23 92,63500 0,69372 0,62387 1,02340 30,38 74,24 29,55 7,14 3,07 94,55 72,10 87,20 42,50 17,34 39,62 21,62 18,21 28,57 60,16 28,30 20,68 77,69 81,07 19,09 13,20 25,25 57,55 3,95 PORTUGAL DAX Index 6037,61 8/1 Euro Neu Markt Price IX 919,14 8/1 AUTRICHE Austria traded 2588,49 8/1 BELGIQUE Bel 20 2591,64 8/1 DANEMARK Horsens Bnex 353,23 8/1 ESPAGNE Ibex 35 12163,00 8/1 FINLANDE Hex General 6690,24 8/1 FRANCE CAC 40 4045,14 8/1 CAC Next20 4673,61 8/1 CAC Mid100 6387,17 8/1 CAC Small 90 6185,61 8/1 SBF 250 2871,02 8/1 CAC IT20 3437,27 8/1 GRÈCE ASE General 2327,57 8/1 HONGRIE Bux 22197,11 8/1 IRLANDE Irish Overall 3080,75 8/1 ITALIE S&P Mib index 23811,13 8/1 LUXEMBOURG Lux Index PAYS BAS Amster. Exc. Index 341,94 8/1 POLOGNE WSE Wig 20 2440,42 8/1 ALLEMAGNE Dollar GDF SUEZ ..........................◗ GECINA ...............................◗ GEMALTO ...........................◗ GROUPE EUROTUNNEL ...... HAVAS ................................◗ HERMES INTL .....................◗ ICADE ..................................◗ ILIAD ...................................◗ IMERYS ...............................◗ INGENICO ...........................◗ IPSEN ..................................◗ IPSOS ..................................◗ JC DECAUX .........................◗ KLEPIERRE .........................◗ LAFARGE ...........................◗ LAGARDERE ......................◗ LEGRAND ...........................◗ L’OREAL .............................◗ LVMH MOET HEN. .............◗ M6-METROPOLE TV ..........◗ MAUREL ET PROM ..............◗ MERCIALYS.........................◗ MICHELIN ..........................◗ NATIXIS ..............................◗ Pays Maxi 2008 UNION EUROPÉENNE NEW YORK ($) TOKYO (¥) PARIS (¤) LONDRES (£) ZURICH (FR. S.) Dernier cours 11,80 13,60 15,50 13,30 18,70 17,00 AFRIQUE DU SUD All share BRVM TAUX COURANTS OR Taux d’intérêt le 8/1 Taux de base bancaire ....................................6,60 % Taux des oblig. des sociétés privées ...........4,54 % Taux d’intérêt légal .........................................3,99 % Vendredi 8 janvier 22h23 france royaume-uni italie allemagne japon états-unis suisse Taux 3 mois Taux 10 ans Taux 30 ans 0,35 0,51 0,35 0,35 0,11 0,17 0,06 0,69 0,61 0,69 0,69 0,27 0,25 0,25 3,48 4,15 3,93 3,31 1,28 3,78 2,00 4,18 4,53 4,81 4,15 2,29 4,66 2,40 Marchés à terme le 8/1, 22h23 Echéance paris cac 40 ter. 1/10 euro notio. ERROR euro st. 50 3/10 francfort bund 10 ansERROR londres euribor 3m. 3/10 new york dow jones ERROR s. & poors 3/10 Premier prix Dernier prix Contrats ouverts 4046,50 4056,50 348260 3023,00 3029,00 1979831 99,28 1134,50 99,30 1141,20 789193 318720 Crédit immobilier à taux fixe taux effectif moyen ............................................5,52 % usure ...................................................................7,36 % Crédit immobilier à taux variable taux effectif moyen ............................................5,60 % usure ...................................................................7,46 % Crédit consommation (- de 1 524 euros) taux effectif moyen...........................................15,82 % usure .................................................................21,09 % Crédit renouvelable, découverts taux effectif moyen...........................................15,54 % usure .................................................................20,72 % Crédit consommation (+ de 1 524 euros) taux effectif moyen ............................................7,33 % usure ...................................................................9,77 % Crédit aux entreprises (+ de 2ans) moyenne taux variable ......................................6,93 % usure taux variable ............................................9,24 % moyenne taux fixe ...............................................6,11 % usure taux fixe ....................................................8,15 % (Taux de l’usure : taux maximum légal) 131,91 8/1 134,38 4/1 130,91 7/1 PER - Price Earning Ratio (ou cours/bénéfice) : cours de Bourse divisé par le bénéfice par action estimé pour l’exercice courant. PER : FactSet JCF Estimates ; données : la Cote Bleue. n/d : valeur non disponible. TAUX Taux j.le j. 4876,30 4/1 16,10 250,38 7/1 610,94 7/1 1661,10 30/12 21689,22 4/1 12,90 25338,09 4/1 2175,71 31/12 1064,97 31/12 10608,14 4/1 20,00 912,48 4/1 1264,82 31/12 15,10 769,90 31/12 2863,45 31/12 8138,58 31/12 16,90 725,65 4/1 AFRIQUE COTE D’IVOIRE 15,10 15,50 4963,60 7/1 256,64 6/1 629,39 4/1 1707,90 7/1 22548,03 7/1 26283,13 7/1 2233,37 6/1 1098,31 6/1 10791,04 5/1 937,02 7/1 1299,69 7/1 784,82 7/1 2945,06 7/1 8369,54 7/1 742,30 30/12 MÉTAUX Cours % var. /heb. ONCE D’OR EN DOLLAR ................1126,75 OR FIN KILO BARRE ..................20600,00 OR FIN LINGOT ..........................24800,00 PIÈCE 20 FR. FRANCAIS .................146,80 PIÈCE 20 FR. SUISSE .....................146,00 PIÈCE UNION LAT. 20 ......................147,50 PIÈCE 10 US$ .................................470,00 PIÈCE 20 US$ .................................930,50 PIÈCE 50 PESOS MEXICAINS ........945,00 ............... ............... ............... ............... ............... ............... ............... ............... ............... DENRÉES Vendredi 8 janvier 22h23 Cours % var. /heb. BLE ($ CHICAGO) ...............................5,65 CACAO ($ NEW YORK) ................2705,00 CAFE (£ LONDRES) ..................................... COLZA (¤ PARIS) ............................288,50 MAÏS ($ CHICAGO) .............................4,21 ORGE ($ WINIPEG) .........................156,30 JUS D’ORANGE ($ NEW YORK) ......135,00 SUCRE BLANC (£ LONDRES) .........725,60 SOJA TOURT. ($ CHICAGO) ...........298,50 ............... ............... ............... ............... ............... ............... ............... ............... ............... Vendredi 8 janvier 22h23 Cours LONDRES ALUMINIUM COMPTANT ($/T) .................... ALUMINIUM À 3 MOIS ($/T)......................... CUIVRE COMPTANT ($/T) .......................... CUIVRE À 3 MOIS ($/T) ............................... ETAIN COMPTANT ($/T) .............................. ETAIN À 3 MOIS ($/T) ................................... NICKEL COMPTANT ($/T)............................ NICKEL À 3 MOIS ($/T) ............................... PLOMB COMPTANT ($/T) ............................ PLOMB À 3 MOIS ($/T) ................................ ZINC COMPTANT ($/T) ............................... ZINC À 3 MOIS ($/T) ..................................... NEW YORK ARGENT À TERME ($/once) ...............18,46 PLATINE À TERME ($/once) ....................... % var. /heb. ............... ............... ............... ............... ............... ............... ............... ............... ............... ............... ............... ............... ............... ............... PÉTROLE Vendredi 8 janvier 22h23 Cours % var. /heb. LIGHT SWEET CRUDE ......................83,48 ................ BRENT (LONDRES) ...........................81,46 ................ WTI (NEW YORK) ...............................82,66 ................ Enquête Horizons 17 0123 Dimanche 10 - Lundi 11 janvier 2010 Photos du tournage d’« Invictus ». Dès 1994, Nelson Mandela avait désigné Morgan Freeman pour jouer son rôle à l’écran. La ressemblance entre les deux hommes est devenue évidente avec le temps. KEITH BERNSTEIN/WARNER/THE KOBAL COLLECTION Samuel Blumenfeld E n ce soir de décembre, Morgan Freeman doit se rendre à Soweto pour assister à la première d’Invictus, le nouveau film de Clint Eastwood, où il incarne Nelson Mandela. Le lendemain, l’acteur déjeunera dans la demeure de l’ancien président de l’Afrique du Sud. Un rituel, depuis ce jour de 1994 où le leader sud-africain, tout juste élu président en avril, le premier à la tête d’un gouvernement non racial dans ce pays, avait estimé, lors d’une conférence de presse, que la vedette de Seven et d’Impitoyable serait l’acteur idéal pour l’incarner à l’écran. Morgan Freeman avait alors cru que le ciel lui tombait sur la tête. Il ne recherchait en aucun cas pareille élection. « C’était une sanction. Si Mandela me voulait, je devais assumer cette responsabilité. » En attendant de retrouver Nelson Mandela pour déjeuner, Morgan Freeman réside dans son quartier général habituel, à Johannesburg, au Saxon, là où, après vingt-sept années d’incarcération, le leader politique rédigea en 1990 ses Mémoires, Un long chemin vers la liberté. La demeure a été, depuis, transformée en un impressionnant palace, où l’on aperçoit quelques touristes privilégiés. Freeman ne les voit pas. L’acteur américain ne croise plus personne depuis longtemps au Saxon, si ce n’est l’ombre tutélaire de Mandela. Freeman est devenu la mémoire improbable de ce lieu, capable d’en dresser la topographie abstraite, avant sa rénovation. L’acteur a intégré depuis longtemps sa dimension symbolique. En terminant ici son livre, Mandela racontait plus que l’histoire de sa vie. Il mettait également un point final à l’apartheid. Morgan Freeman avait fixé des préalables auprès de Nelson Mandela avant de travailler avec lui. Il était alors question d’adapter à l’écran Un long chemin vers la liberté. Pendant des années, Freeman a obtenu un accès privilégié auprès du chef d’Etat, le suivant des jours entiers dans l’exercice de ses fonctions, « chose qu’aucun autre leader n’aurait pu m’accorder ». Les deux hommes se sont ensuite revus à intervalles réguliers. Dans la maison de Mandela, bien entendu, puis à New York, Washington, Memphis et Monaco. Freeman recherchait des détails physiques. La manière dont Mandela se tient, marche et parle. « Je voulais tenir sa main. Etablir un lien invisible. Interpréter Mandela consistait à l’incarner, pas à l’imiter. » Au final, rien ne s’est produit. Un long chemin vers la liberté, récit d’une vie, se révélait un livre trop dense pour se plier aux impératifs de durée d’un long métrage. Morgan Freeman a traversé ces années auprès du président sud-africain comme Fabrice del Dongo à la bataille de Waterloo. Sans rien voir. Sans tout comprendre. A commencer par l’épisode qui servira plus tard de base à Invictus, en l’occurrence la victoire en Afrique du Sud, devant son public, de l’équipe nationale lors de la Coupe du monde de rugby en 1995, transformée par Mandela en triomphe politique. En venant à bout de la Nouvelle-Zélande, les Springboks, emblème de la suprématie blanche du temps de l’apartheid, deviennent l’étendard d’une nation, y compris pour sa majorité noire. Lorsque Mandela termine en 1999 son mandat de président, Freeman prend d’abord la mesure de ce qui le sépare de son modèle. Une enfance tranquille à Charleston, dans le Mississippi, pour l’acteur, dans un quartier noir, où la ségrégation en vigueur dans les années 1940 le préserve de toute manifestation raciste. « Il n’y avait pas de violences, les Noirs ne croisaient tout simplement jamais la route des Blancs. » Mandela était, lui, marqué au fer rouge de l’apartheid. Morgan Freeman n’a jamais fait du retour en Afrique un préalable à son épanouissement identitaire. Même lorsqu’il avait réalisé, en 1992 au Zimbabwe, son premier film, Bopha !, cen- Lerôle d’unevie Morgan Freeman L’acteur américain personnifie Nelson Mandela dans «Invictus», de Clint Eastwood, qui sort en France le 13janvier. Pendant quinze ans, fasciné, il aura côtoyé l’ancien chef d’Etat sud-africain, tourné autour de ce personnage, si proche et si lointain, avant d’en trouver enfin la clé sé se dérouler en Afrique du Sud, où il n’avait pu se rendre faute d’obtenir une autorisation de tournage, il imaginait mal comment ce pays pourrait devenir un jour le centre de gravité de son existence. « Je ne veux pas être catalogué comme afro-américain. Je ne suis pas africain. Mon héritage n’a rien à voir avec l’Afrique. » Son héritage est américain. Il se résume dans les sept lettres de son nom d’esclave affranchi, ce Freeman qui signifie « homme libre ». « C’est mon histoire, martèle l’acteur, et je réclame seulement le droit de l’approfondir. » «Interpréter Mandela consistait à l’incarner, pas à l’imiter» Morgan Freeman Jamais, peut-être, Morgan Freeman n’avait autant touché au cœur de son identité qu’en interprétant, en 1987, le maquereau de La Rue, de Jerry Schatzberg, le film qui le révélait au grand public, à 50 ans passés. Pauline Kael, l’influente critique du New Yorker, se demandait alors s’il n’était pas le meilleur acteur du monde. Morgan Freeman avait partagé la vie d’un proxénète à Chicago pour préparer son rôle. « La chose la plus importante pour lui était de tout savoir de ses prostituées, et de s’assurer qu’elles ne sachent rien de lui. » Pour l’acteur, le maquereau fait partie de l’histoire des Noirs américains, au même titre que la guerre civile. Il incarnait la part maudite de la communauté aux Etats-Unis, qui n’avait pas encore tout à fait tourné la page de l’esclavage. C’est en découvrant, en 2008, le livre d’un journaliste anglais, John Carlin, Déjouer l’ennemi : Nelson Mandela et le jeu qui a sauvé une nation (publié en France par les éditions Ariane), récit détaillé de l’accession de Mandela au pouvoir et de la manière dont il instrumentalisa, avec génie, la victoire de son pays en Coupe du monde, que Morgan Freeman « tient » Mandela. « Un seul coup de pied, le drop du demi d’ouverture Joel Stransky, dans les prolongations contre la Nouvelle-Zélande, modifie les fondamentaux d’un pays. L’enceinte d’un stade concentrait les enjeux du combat politique de Mandela. » Freeman achète les droits de l’ouvrage pour le proposer à Clint Eastwood, sous la direction duquel il avait tourné Impitoyable (1992) et Million Dollar Baby (2004). « Lui seul pouvait adapter ce livre. S’il avait dit non, j’aurais laissé tomber et je ne serais jamais devenu Mandela. Je me souvenais du Eastwood d’Un frisson dans la nuit et de Josey Wales hors la loi, qui mettait sa masculinité à l’épreuve, exposait sa vulnérabilité. Je recherchais cette sensibilité pour raconter cette histoire. En outre, un film comme Bird, sa biographie de Charlie Parker, montre qu’au-delà de son goût pour le jazz Eastwood possède une connaissance profonde de la communauté noire. » Surtout, Freeman avait trouvé dans ce personnage la clé qui lui permettrait de lier son histoire à celle de Mandela. D ans ses recherches, Freeman avait pris la mesure du charisme si particulier de Mandela, qui concevait son activisme à la manière d’un acteur. Dans les années 1950, quand il était déjà l’un des visages proéminents du mouvement anti-apartheid, le jeune Mandela était tiré à quatre épingles. Il était le seul Noir dont les costumes étaient confectionnés par le même tailleur que celui de l’homme le plus riche du pays, le magnat de l’or et des pierres précieuses, Harry Oppenheimer. Dans une autre vie, Mandela aurait pu devenir une « matinee idol », un jeune premier hollywoodien. D’autres facteurs objectifs sont entrés en ligne de compte. Mandela s’apprêtait à fêter son 77e anniversaire lorsque l’Afrique du Sud a remporté la Coupe du monde. Freeman avait 72 ans, en 2009, lors du tournage d’Invictus au Cap. La ressemblance physique entre Freeman et Mandela devenait évidente avec le temps. Leur grande taille d’abord, et une même silhouette filiforme. Les cheveux ensuite, naturellement tournés vers l’arrière, plaqués sur le crâne, les tempes apparentes, devenus gris prématurément. Il y avait, enfin, chez Mandela et Freeman, une aptitude pour le sport de haut niveau. La boxe que Mandela, étudiant en droit, pratiquait avec assiduité dans les années 1930. La danse classique et les claquettes chez Morgan Freeman quand il envisageait une carrière de danseur à Broadway. Plus que tout, le goût pour les pompes réunit les deux hommes. Celles que le leader politique s’imposait chaque jour durant les vingt-sept années de son incarcération, entre 1964 et 1990, dans l’île prison de Robben Island, puis dans celle de Pollsmoor, dans la banlieue du Cap, où son obsession pour sa condition physique rendait fous ses compagnons de cellule. Morgan Freeman s’infligeait le même exercice pour parfaire son corps de danseur, « des heures parfois, jusqu’à vomir ». Lorsqu’il ne travaille pas, Morgan lit. Des livres d’histoire toujours. Il se penche sur les différents conflits qui ont ensanglanté son pays. La seconde guerre mondiale à laquelle participa son père, au sein de l’US Air Force. La guerre civile qui donna un nom à ses ancêtres. « L’histoire américaine fait l’impasse sur bien des épisodes. Avant de tourner Glory en 1989, personne ne savait que des Noirs avaient combattu pendant la guerre civile. » Au fil des ans, Freeman a appris à vivre avec les fantômes d’un conflit qui l’a façonné, participant activement à la production de deux documentaires télévisés dont les titres ont valeur de manifeste : The Civil War (1990) et Slavery and the Making of America (2005). La « guerre civile » et « l’esclavage et la construction de l’Amérique », donc, obsessions d’un homme qui gardera toujours un pied dans le passé. La fréquentation de Mandela a permis à Freeman de prendre la mesure d’une autre réalité. Installer un consensus dans son pays n’a pas permis à cet exceptionnel chef d’Etat d’instaurer la paix chez lui. Invictus est aussi le récit de cet échec personnel. Mandela était un homme seul, séparé de sa femme depuis 1992, hanté par la mort de son fils aîné, en 1969, puis celle de son fils cadet en 2000. Il est devenu le père d’une nation, sans parvenir à devenir un père de famille. Demain, Morgan Freeman retournera chez Nelson Mandela. Invictus et Clint Eastwood figureront au menu de ce déjeuner rituel. Puis les deux hommes reprendront le fil d’une conversation jamais interrompue pour confronter, une fois encore, leurs fantômes respectifs. p 18 Horizons Débats Revue Haro sur la pensée française ! A force de sacraliser la pensée française des sixties, de sanctifier la déconstruction et de stariser la subversion subventionnée, cela devait bien finir par arriver. Pas un inédit de Michel Foucault (1926-1984) qui ne soit unanimement célébré, pas un tapuscrit de Roland Barthes (1915-1980) qui ne soit uniformément commenté… Remixés et bien souvent dénaturés par quelques épigones en mal de légitimité, les concepts phares de la « pensée 68 » seraient devenus les mots de passe d’une certaine radicalité distinguée. Au point que les concepts de « rhizome » ou de « multitude », de « spectacle » ou de « biopouvoir » apparaissent aux yeux de quelques iconoclastes comme les références obligées d’un conformisme subversif garanti par l’Etat et les médias. Ce « trop de théorie » avait déjà été débusqué par l’écrivain Annie Le Brun qui, dans La Nouvelle Revue française (n˚ 582), avait pointé le talon d’Achille de cette pensée française largement plébiscitée aux Etats-Unis : sa capacité à réaliser en pratique ce qu’elle dénonce en théorie. En un mot, Annie Le Brun reprochait à la French theory, au style « désespérément universitaire », de n’être qu’une « combinaison de dispositifs de pouvoir, en fait peu différents de ceux que ses représentants prétendirent dénoncer ». Ironie de l’histoire, les principaux défricheurs de la folie, de la déraison, de la délinquance, de la différence et de la marginalité seraient devenus les principales figures de la nouvelle officialité. Créée en 2009, la revue L’Autre Côté a décidé d’y consacrer son premier numéro afin de résister à la séduction d’une pensée française dont on n’aurait retenu que le jargon et le caractère abscons. L’autre côté, n˚1, La French Theory et ses avatars, 82 pages, 15 ¤ Animée par Séverine Denieul, la directrice de la publication, et Jean-Marc Mandosio, essayiste et traducteur, la revue en noir et blanc frappe fort. Jean-Marc Mandosio raille la flagornerie des « foucaultphiles » et des « foucaulâtres », capables d’attribuer à Michel Foucault, non seulement une pensée, mais également un «corps de gauche»… Séverine Denieul s’attache à démonter les boursouflures conceptuelles de la théorie « Queer », tentative de dépasser les notions de sexe et de genre notamment défendue par la philosophe américaine Judith Butler, dont le « féminisme destructeur » oscillerait entre fumeuses ruminations métaphysiques et résignation politique. L’opération rappelle celle menée par Alain Sokal et Jean Bricmont dans Impostures intellectuelles (1997), démontage corrosif des usages abusifs des mathématiques ou des sciences physiques par certains maîtres de la philosophie contemporaine. Il y a beaucoup de pertinence et d’impertinence, de justesse et d’injustice dans ce numéro de L’autre côté. Quelques raccourcis aussi. Car la boîte à outil de la French theory a produit autant d’inepties que d’œuvres réussies. Difficile aussi de ranger des auteurs parfois très disparates dans le même panier d’une postmodernité qui aurait renvoyé les notions de vérité et d’objectivité dans les poubelles de l’Histoire. Tout n’est pas relativisme, cynisme ou ésotérisme jargonnant dans la pensée critique française étudiée sur les campus américains. Loin des agitateurs patentés d’idées pseudo-subversives, beaucoup cherchent même encore à soustraire la philosophie du pathos de la fin, tout comme le philosophe Jacques Bouveresse, dont la revue s’inspire, chercha dans les années 1980 à maintenir les conditions d’une recherche de la vérité face au relativisme généralisé. La théorie française est parfois survendue. Mais elle n’est pas univoque. Il faut également aller voir de l’autre côté de son miroir déformant. p Nicolas Truong 0123 Dimanche 10 - Lundi 11 janvier 2010 Pour éviter la désintégration du «système Terre», il faut d’urgence changer nos modes de pensée et de vie. Tout est à transformer pour trouver de nouvelles raisons d’espérer Eloge de la métamorphose Q uand un système est incapable de traiter ses problèmes vitaux,il se dégrade, se désintègreoualorsil estcapabledesusciter un meta-système à même de traiter ses problèmes : il se métamorphose. Le système Terre est incapabledes’organiser pourtraitersesproblèmes vitaux : périls nucléaires qui s’aggravent avec la dissémination et peut-être la privatisationdel’armeatomique;dégradation de la biosphère ; économie mondiale sans vraie régulation; retour des famines; conflits ethno-politico-religieux tendant à se développer en guerres de civilisation. L’amplification et l’accélération de tous ces processus peuvent être considérées comme le déchaînement d’un formidable feed-back négatif, processus par lequel se désintègre irrémédiablement un système. Le probable est la désintégration. L’improbablemais possibleest lamétamorphose. Qu’est-ce qu’une métamorphose ? Nousen voyons d’innombrables exemples dans le règne animal. La chenille qui s’enferme dans une chrysalide commence alors un processus à la fois d’autodestruction et d’autoreconstruction, selon une organisation et une forme de papillon, autre que la chenille, tout en demeurant le même. La naissance de la vie peut être conçue comme la métamorphose d’une organisation physico-chimique, qui, arrivée à un point de saturation, a créé la métaorganisation vivante, laquelle, tout en comportant les mêmes constituants physico-chimiques, a produit des qualités nouvelles. La formation des sociétés historiques, au Moyen-Orient, en Inde, en Chine, au Mexique, au Pérou constitue une métamorphose à partir d’un agrégat de sociétés archaïques de chasseurs-cueilleurs, qui a produit les villes, l’Etat, les classes sociales, la spécialisation du travail, les grandes religions, l’architecture, les arts, la littérature, la philosophie. Et cela aussi pour le pire : la guerre, l’esclavage. A partirdu XXIe siècle se pose le problème de la métamorphose des sociétés historiques en une société-monde d’un type nouveau, qui engloberait les Etats-nations sans les supprimer. Car la poursuitedel’histoire,c’est-à-diredesguerres, par des Etats disposant des armes d’anéantissement, conduit à la quasi-destruction de l’humanité. Alors que, pour Fukuyama,les capacitéscréatrices del’évolution humaine sont épuisées avec la démocratie représentative et l’économie libérale,nousdevons penser qu’aucontraire c’est l’histoire qui est épuisée et non les capacités créatrices de l’humanité. L’idée de métamorphose, plus riche que l’idée de révolution, en garde la radicalité transformatrice, mais la lie à la conservation (de la vie, de l’héritage des cultures). Pour aller vers la métamorphose, comment changer de voie ? Mais s’il semble possible d’en corriger certains maux, il est impossible de même freiner le déferlement techno-scientifico-économico-civilisationnel qui conduit la planète aux désastres. Et pourtant l’Histoire humaine a souvent changé de voie. Tout commence, toujours, par une innovation, un nouveau message déviant, marginal, modeste, souvent invisible aux contemporains. Ainsi ont commencé les grandes religions : bouddhisme, christianisme, islam. Le capitalisme se développa en parasite des sociétés féodales pour finalement prendre son essor et, avec l’aide des royautés, les désintégrer. La science moderne s’est formée à partir de quelques esprits déviants dispersés, Galilée, Bacon, Descartes, puis créa ses réseaux et ses associations, s’introduisit dans les universités au XIXe siècle, puis au XXe siècle dans les économies et les Etats pour devenir l’un des quatre puissants moteursdu vaisseauspatial Terre. Lesocialisme est né dans quelques esprits autodidactes et marginalisés au XIXe siècle pour devenir une formidable force historique au XXe. Aujourd’hui, tout est à repenser. Tout est à recommencer. Tout en fait a recommencé, mais sans qu’on le sache. Nous en sommes au stade de commencements, modestes, invisibles, Edgar Morin Sociologue et philosophe MARTIN BUREAU/AFP Né en 1921, Edgar Morin est directeur de recherches émérite au CNRS, président de l’Agence européenne pour la culture (Unesco) et président de l’Association pour la pensée complexe. En 2009, iI a notamment publié « Edwige, l’inséparable » (Fayard). A lire également, « La Pensée tourbillonnaire - Introduction à la pensée d’Edgar Morin », de Jean Tellez (éditions Germina) marginaux, dispersés. Car il existe déjà, sur tous les continents, un bouillonnement créatif, une multitude d’initiatives locales, dans le sens de la régénération économique, ou sociale, ou politique, ou cognitive, ou éducationnelle, ou éthique, ou de la réforme de vie. Ces initiatives ne se connaissent pas les unes les autres, nulle administration ne les dénombre, nul parti n’en prend connaissance. Mais elles sont le vivier du futur. Il s’agit de les reconnaître, de les recenser, de les collationner, de les répertorier, et de les conjuguer en une pluralité de chemins réformateurs. Ce sont ces voies multiples qui pourront, en se développant conjointement, se conjuguer pour former la voie nouvelle, laquelle nous mènerait vers l’encore invisible et inconcevable métamorphose.Pourélaborerles voies qui se rejoindront dans la Voie, il nous faut nous dégager d’alternatives bornées, auxquelles nous contraint le monde de connaissance et de pensée hégémoniques. Ainsi il faut à la fois mondialiser et démondialiser, croître et décroître, développer et envelopper. L’orientation mondialisation/démondialisation signifie que, s’il faut multiplier les processus de communication et de planétarisation culturelles, s’il faut que se constitue une conscience de « Terrepatrie », il faut aussi promouvoir, de façon démondialisante, l’alimentation de proximité, les artisanats de proximité, les commerces de proximité, le maraîchage périurbain, les communautés locales et régionales. L’orientation « croissance/décroissance» signifie qu’il faut faire croître les services, les énergies vertes, les transports publics, l’économie plurielle dont l’économie sociale et solidaire, les aménagements d’humanisationdesmégapoles,les agricultures et élevages fermiers et biologiques, mais décroître les intoxications consommationnistes, la nourriture industrialisée, la production d’objets jetables et non réparables, le trafic automobile, le trafic camion (au profit du ferroutage). L’orientation développement/enveloppement signifie que l’objectif n’est plus fondamentalement le développement des biensmatériels,del’efficacité,delarentabilité, du calculable, il est aussi le retour de chacun sur ses besoins intérieurs, le grand retour à la vie intérieure et au primat de la compréhension d’autrui, de l’amour et de l’amitié. Il existe déjà, sur tous les continents, unbouillonnement créatif» Il ne suffit plus de dénoncer. Il nous faut maintenant énoncer. Il ne suffit pas de rappeler l’urgence. Il faut savoir aussi commencer par définir les voies qui conduiraient à la Voie. Ce à quoi nous essayons de contribuer. Quelles sont les raisons d’espérer ? Nous pouvons formuler cinq principes d’espérance. 1. Le surgissement de l’improbable. Ainsi la résistance victorieuse par deux fois de la petite Athènes à la formidable puissance perse, cinq siècles avant notre ère, fut hautement improbable et permit la naissance de la démocratie et celle de la philosophie. De même fut inattendue la congélation de l’offensive allemande devant Moscou en automne 1941, puis improbable la contreoffensive victorieuse de Joukov commencée le 5 décembre, et suivie le 8 décembre par l’attaque de Pearl Harbor qui fit entrer les Etats-Unis dans la guerre mondiale. 2. Les vertus génératrices/créatrices inhérentes à l’humanité. De même qu’il existe dans tout organisme humain adulte des cellules souches dotées des aptitudes polyvalentes (totipotentes) propres aux cellules embryonnaires, mais inactivées, de même il existe en tout être humain, en toutesociétéhumaine desvertus régénératrices, génératrices, créatrices à l’état dormant ou inhibé. 3. Les vertus de la crise. En même temps que des forces régressives ou désintégratrices, les forces génératrices créatrices s’éveillent dans la crise planétaire de l’humanité. 4. Ce à quoi se combinent les vertus du péril : « Là où croît le péril croît aussi ce qui sauve.» La chance suprême est inséparable du risque suprême. 5. L’aspiration multimillénaire de l’humanité à l’harmonie (paradis, puis uto- pies, puis idéologies libertaire /socialiste/communiste, puis aspirations et révoltes juvéniles des années 1960). Cette aspiration renaît dans le grouillement des initiatives multiples et dispersées qui pourront nourrir les voies réformatrices, vouées à se rejoindre dans la voie nouvelle. L’espérance était morte. Les vieilles générations sont désabusées des faux espoirs. Les jeunes générations se désolent qu’il n’y ait plus de cause comme celle de notre résistance durant la seconde guerre mondiale. Mais notre cause portait en ellemême son contraire. Comme disait Vassili Grossman de Stalingrad, laplus grande victoire de l’humanité était en même temps sa plus grande défaite, puisque le totalitarismestalinienensortait vainqueur. Lavictoire des démocraties rétablissait du même coup leur colonialisme. Aujourd’hui, la cause est sans équivoque, sublime: il s’agit de sauver l’humanité. L’espérance vraie sait qu’elle n’est pas certitude. C’est l’espérance non pas au meilleur des mondes, mais en un monde meilleur. L’origine est devant nous, disait Heidegger.Lamétamorphoseseraiteffectivement une nouvelle origine. p Nouvel An par Chappatte Sur la carte : « Bonne année de la part d’Al-Qaida » ; l’agent de la CIA : « Ça, c’était posté du Yémen. » Dessin de Chappatte paru dans l’« International Herald tribune ». [email protected] Débats Horizons 19 0123 Dimanche 10 - Lundi 11 janvier 2010 Pas facile d’imaginer «Sisyphe heureux» dans l’Algérie contemporaine Les atrocités de la décennie sanglante ( 1990-2002) ramènent à Camus A Stockholm le 10 décembre 1957, Albert Camus disait avec les mots puisés dans la lumière et la misère de sa terre algérienne qu’il était «voué à tirer de son être double les créations qu’il essaie obstinément d’édifier dans le mouvement destructeur de l’histoire ». Le 11 décembre 1957, l’histoire emportait mon père assassiné par un enfant de sa ville. Le 12décembre, au foyer des étudiants de Stockholm, interpellé par un Algérien, l’enfant de Belcourt lança à la face du monde: «Je crois à la justice, mais je défendrai ma mère avant la justice. » Malgré ses correspondances troublantes, Camus n’était pas encore entré dans ma vie. C’est sa mort qui le fera surgir entre les murs du lycée de Benaknoun. Le 5 janvier 1960 plus exactement, notre classe de philos’enflamma,etcettefois,Françaiset Algériens étaient d’accord: Camus le traître est mort! Inscrits au programme, je venais de découvrir en cette année 1960 : Noces à Tipaza – «Je comprends ici ce qu’on appelle gloire : le droit d’aimer sans mesure » –, Le Mythe de Sisyphe, L’Etranger. Souvenir lumineux de mes lectures sous les arbres du parc du lycée. Je cherchais et je trouvais dans ces pages les mots pour comprendre et accepter mon désir de bonheur que l’absurdité du destin cruel tenait loin de moi, inaccessible et coupable. J’apprenais aussi que la beauté était d’autant plus souveraine qu’elle naissait de cette absurdité même, car toutes choses étaient périssables. J’apprenais aussi le sens du mot liberté à cent lieues de celui de libération qui occupait tous les esprits. J’en savais déjà la force subversive, il la disaitparfaitement. «Dansce grandtemple déserté par les dieux, toutes mes idoles ont des pieds d’argile. » Aussi, les batailles autour de leur Camus ne m’intéressaient pas, et comme j’avais appris à échapper à la fougue des rouleaux de la mer, je plongeais en apnée avec les mots limpides de mon Camus. De ces lectures est née une reconnaissance qui me lie à lui pour toujours. C’est avec lui que je fuirai les vertus joyeuses du socialisme quand je chercherai refuge loin des chantiers bruyants de la Révolution agraire et de la reconstruction. Wassyla Tamzali Avocate, directrice des droits des femmes à l’Unesco, auteur d’« Une femme en colère » (Gallimard, 2009) Et puis surtout en cette année 1960, la querelle sur « la justice et ma mère » venait trop tard pour moi. L’histoire avait choisi, la violence avait fait son œuvre, et j’attendais la justice qui comblerait le trou creusé par la mort de mon père. Mais la justice n’est pas venue, la violence ne s’est pas tue. Elle restait là, tapie sous le rêve d’un pays fraternel, incrustée dans notre histoire. Dans les années 1990, elle explosa. Mon pays se réveilla en proie à une guerre fratricide. Alors je suis retournée à Camus. Aprèsunlong« détour».J’avaisété déso- Ces hommes qu’il nomme Arabes pourquoi refuse-t-il de les appeler Algériens ?» rientée par son mutisme devant le désir de liberté des hommes de cette terre qu’il connaissait si bien. Comment avait-il pu être à ce point sourd à notre désir d’être libres ? Avait-il comme Meursault le cœur aveugle ? Ces hommes qu’il nomme Arabes tout le long de ses écrits, ses conférences,pourquoirefuse-t-ildelesappeler Algériens? Comment ne pas y voir une volonté d’occulter notre appartenance à cette terre, et le lien de ce pays avec nous. Une posture anhistorique, jusque dans sa réponse à l’AlgériendeStockholm,etc’estcequime frappeleplus aujourd’hui:« Jamaisjen’ai parlé ainsi à un Arabe ». L’Algérien, c’est lui Camus. Plus encore, Camus, le romancier de la condition humaine dans ce qu’elle a d’absurde et de tragique, nous a gommés du Roman de la vie. Il ne nous donna pas la chance de raconter notre histoire. Il nous voyait à peine dans nos villes : « Alger est plutôt italienne. L’état cruel d’Oran a quelque chose d’espagnol. Constantine fait penser à Tolède. Les cités dont je parle sont des Albert Camus recevant le prix Nobel de littérature, en 1957. ROGER-VIOLLET villes sans histoire. » Absence d’histoire qu’il revendique pour justifier une Algérie qui n’existerait que fécondée par son regard, son amour. Que proposait-il en réponse à cette volonté d’indépendance des Arabes ? Des constructions politiques hasardeuses par lesquellesilessayepathétiquementde donner corps à la fiction d’un pays avec deux peuples. Un pays helvétisé. Comme les pieds noirs libéraux, il pensait que le régime colonialpouvait s’amender,etque si on avait fait les réformes sociales nécessaires, les Arabes n’auraient jamais réclamé leur indépendance. Quel fourvoiement ! Dans ma maison opulente, on ne rêvait que d’indépendance, même quand la mort frappa sous les traits d’un jeune Kabyle. Les années 1990 me ramènent à lui. Les crimes innommables, les assassinats d’hommes et de femmes algériens, certains mes amis, par des Algériens me replongent dans la violence politique. La déclaration que j’avais refusé d’entendre, cinquante ans avant – « J’ai toujours condamnélaterreur,jedoiscondamneraussi un terrorisme qui s’exerce aveuglément… Je crois à la justice, mais je défendrais ma mère… » – prenait un sens nouveau. Et urgent. Ce que je m’étais interdit de penser, « entre la justice et mon père », tant les mots sont impossibles,quand la vie avance avec des exigences égales et opposées, venait lentement à la surface. Après ce long détour, je comprenais enfin ce qu’Albert Camus avait essayé de dire, avec trop de mots sans doute, un agaçant donneur de leçon disaient de lui ses amis, s’épuisant dans de longues explications pour maintenir entier l’enchantement de la jeunesse, ce tempsdel’innocenceoùil n’étaitpasnécessaire de choisir entre la justice et sa mère, la justice et son père. Il semble alors que sa plume ardente et prolixe n’est là que pour mieux fuir devant la réalité de l’histoire, indifférente et silencieuse comme Catherine, la mère, de ce silence qui l’obsède. Qu’importe, ces pages tomberont dans l’oubli. Ce qui reste, ce que j’entendais moi danslesnuitsfiévreusesdela décennienoire qui assombrissait mon pays de lumière, c’est que si la violence était nécessaire elle n’était jamais justifiable. «Il était pour ainsi dire cette inaltérable affirmation », dira Jean-Paul Sartre. L’enfant d’Alger, à travers lejeuneAlgériendeStockholm,lefrèredouloureux dont il se sent plus proche que des Français, nous exhortait, nous jeunes Algériens nés de la guerre, des maquis, de la torture, des attentats, des liquidations sommaires, de ne jamais accepter la violence comme moyen politique. Il nous demandaitdeprendrelecheminétroitentrelaviolence nécessaire et la violence injustifiable. Une voie étroite, celle de la morale politique, la seule qui met fin à l’emprise de la violence sur nos vies quand elle n’est plus nécessaire. Sans cela, les raisons de la violencesontchaque foisrenouvelées, etjustifiées. Et, inexorablement la violence se transmet d’une génération à l’autre plus sûrement que l’art de la moisson et de la cueillette des olives. Sortir de la violence est difficile à penser, et encore plus à faire. Une tâche colossale. Il faut vaincre pour cela le mépris des hommes chez ceux qui commandent, la peur chez les autres, les haines. Faut-il désespérer ? Camus nous donne en exemple Sisyphe, voué par les dieux à une tâche absurde. Il nous dit aussi que contre les dieux, Sisyphe, parce qu’il comprend sa condition tragiqued’homme, trouve la liberté de narguer ces mêmes dieux. Aussi sombres que soient les temps que nous vivons, l’Algérie encore, cette liberté trouvée, nous place au-dessus du malheur, et nous donne le goût de l’action. Avec Albert Camus, il nous reste le choix de croire Sisyphe heureux. p aLire aussi un hors-série du «Monde » , «Albert Camus : la révolte et la liberté », 122 pages, 6,50 ¤. Fallait-il préférer sa mère à la justice ou affronter les ultras de l’OAS? Quand le courage était du côté d’un «prof de philo» méconnu d’Oran L e professeur dephilosophieparlait de liberté et d’engagement et moi je me disais qu’il n’était pas le mieux placé pour discourir sur des catégories qu’il semblait avoir en exécration : dictant ses cours, cassant et sarcastique, ramenant tout à un bergsonisme invraisemblable, il n’avait pas – c’est le moins que l’on puisse dire – la cote auprès des élèves. Ce jour-là, il demanda inopinément, en regardant vaguement dans ma direction, qu’on – il ne nommait pas sa piétaille – évoquât des noms de penseurs engagés. Je citai Sartre et Camus. Cela se passait durant l’année scolaire 1960-1961, dans un lycée d’Oran,deuxième ville d’Algérie, dans une classe de terminale philo qui ne comptait que deux Arabes, sous-ensemble étique, certes, dont je faisais partie. Le professeur me foudroya du regard et me dit, sur un ton méprisant : «Savez-vous qu’à l’occasion de la remise du prix Nobel, M. Camus a été pris à partie par un étudiant algérien sur son silence à propos de la guerre qui a lieu ici et que M.Camus a répondu qu’il préférait sa mère à la justice ?» Je n’en savais rien. Tout avait entretenu mon ignorance jusque-là : l’âge, le confinement de l’internat mais surtout la censure de tout ce qui touchait aux «événements ». Censure officielle et censure subjective : mafamillecomptantbeaucoupde nationalistes morts ou croupissant en détention, elle redoutait que je n’eusse à encourir l’anathème de « famille de fellaghas » qui était déjà notre lot au village natal – et d’abord de la part de certains de nos voisins arabes. J’étais écrasé de honte. Le silence qui suivit la saillie du professeur fut de plomb et dura une éternité. Je me sentais comme livré tout entier à ma propre mort Messaoud Benyoucef Ancien professeur de philosophie, écrivain, auteur du « Nom du père » (éd. de L’Embarcadère, 2005) symbolique et le professeur devait veiller à cequeriennevîntadoucirle travaildemortification qui était à l’oeuvre chez l’impétrant insensé qui avait perdu une occasion de ne pas l’ouvrir. La nature exacte de ce qui venait de se produire ne commencera à se dévoiler à moi que quelques semaines plus tard, après que le professeur aura fait un autre écart – un pas de côté – pour dénoncer avec des mots cinglants, et sur une tonalité que nous ne lui connaissions pas, ce qui était arrivé une journée auparavant : la ville, subitement, avait été prise de l’un de ses accès de folie homicide que l’on nommait « ratonnade » et qui la laissait pantelante et ivre de sang. Les lettres de menace, bientôt suivies d’attentats à l’explosif, n’intimidèrent pas l’homme qui prolongea ses diatribes contre les auteurs de ces actes par des articles dans le seul journal capable de les accueillir, Oran républicain, un quotidien de gauche, l’homologue d’Alger républicain. Je considérais, éberlué, un homme seul défiant et combattant par le verbe ce qui était en train de devenir, à vue d’œil, une toute-puissante organisation armée qui allait plonger la ville dans un cataclysme. Je compris alors que ma malencontreuse réponse avait servi de prétexte bienvenu à quelqu’un qui avait décidé d’en découdre dans les pires conditions qui se puissent imaginer,simplement parcequ’iln’enpouvait plus de se taire. Pourledireautrement,jecomprisquela chose politique avait fait une entrée retentissante dans le sanctuaire clos et supposé neutre du savoir et ce, par décision de celui dont c’est le devoir de garantir l’étanchéité des « lieux » aux scories du monde extérieur. Et d’un mot, d’un seul, le professeur avait fait de son coup de sabot à Camus une force de dissolution immédiate de tout le théâtre d’ombres parquoi la véritédes choses était travestie : plus encore que le mot «guerre », celui d’« algérien » était le tabou suprême ; or il avait été prononcé et cela valait, ipso facto, reconnaissance d’une appartenancepolitiquepropreà unpeuple auquel ce droit était encore dénié. La classe – ce groupe d’élèves unis, bon an mal an, par les nécessités du management pédagogique – ne s’en remit pas ; le professeur cristallisa, en effet, sur sa personne la haine des élèves les plus politisés, ceuxque l’ondésignaitàl’époquepar leterme d’ultras. L’émergence de ce petit groupe délimita par effet spontané les contours des autres sous-ensembles : les tièdes, majoritaires et suivistes, les rebelles à l’ordre ultra, les trois qu’il me faut nommer (Joseph,Pierre et Saïman,ces deux derniers me sauveront simplement la vie lors d’une ratonnade) et les deux Arabes que nous étions, élevés maintenant, à nos propres yeux, à la dignité politique d’Algériens. Cette première chose qu’accomplit le professeur, appelons-la reconnaissance, catégorie par laquelle advient généralement l’atomisation des fantasmes unicitaires. Mais par son rejet du paralogisme fallacieux de l’écrivain – présentant sous la forme d’une disjonction exclusive, ou ma mère ou la justice, ce qui n’était que l’aveu candide qu’il ne pouvait imaginer pour sa mère d’autre statut que celui que lui garantissaitl’oppressiond’unpeuple–,notreprofesseur nous disait quelque chose que je compris comme ressortissant à l’essence même de la vie : il faut oser penser contre « la mère » justement, contre l’ordre de la tribu, contre l’ordre du sang. Cette seconde chose-là, appelons-la, comme le poète, « la petite voix qui dit non»,oubiencommelephilosophe,principe de négativité, pour célébrer la divine puissance du négatif (et aussi, je l’avoue, pour donner quelque chose en pâture à mon surmoi hégélien). La leçon de mon Je considérais, éberlué, unhomme seul défiant et combattant par le verbe ce qui était en train de devenir une toute-puissante organisation armée» professeur se dégageait, maintenant, dans l’éclat du concept: pour avoir été incapable de consentir au négatif, pour avoir craint de se hisser sur ses sommets solitaires, Camus se fermait les voies de la reconnaissancede l’autre parquoi l’on esthumain. Et la formule peut aussi se lire dans le sens inverse. Et voyez comme vont les choses : c’est au moment précis où l’on feint de débattre de l’image de soi pour mieux stigmatiser ceux que l’on accuse de ne pas avoir renoncé à l’ordre et aux oripeaux de la tribu, que l’on élève Camus – cet homme qui n’a pas renoncé à l’ordre de sa tribu – au rang de totem national. Ces temps, décidément, sont scélérats qui voient le Barnum indécent de ceux qui sont revenus de tout, de ceux qui ont renié tout et son contraire, de ceux qui n’attendaient qu’un alibi solide pour se soustraire à leur simple devoir d’humain, de ceux qui ne rêvaient que de dénoncer les « pièges de l’engagement » pour pouvoir se consacrer – enfin ! – à leur petitesse, s’ébranler pour de fabuleuses ripailles derrière une effigie qui n’en peut mais, certes, mais qui aurait dû y penser. Voilà pourquoi, dès que j’entends « Camus », je dégaine mon prof de philo, l’hommequim’aappris cequ’être unhommeveut dire,l’hommequia renduà jamais impossible que je puisse devenir ségrégationniste ou rentier d’une culture de la dette et/ou de la haine à l’endroit d’un pays et d’une nation qui m’auront autant mutilé que régénéré. Mais j’allais oublier : au mois de juin, après avoir passé la dernière épreuve du bac et alors que j’attendais dans la cour d’honneur le moment propice – celui où les groupes de jeunes Européens se disperseraient – pour quitter le lycée et rentrer chez moi, je vis, se dirigeant vers moi, un condisciple ; c’était le chef des ultras de la classe ! Il me dit que je n’avais, désormais, nul intérêt à me trouver en ville (entendons:lavilleeuropéenne)etquesicelaarrivait et qu’il me rencontrât, il me ferait la peau,lui-même.C’estainsiqu’ilparla,posément, calmement puis il ajouta : « Et voilà pour ton prof !», en me tendant un bout de papier. C’était un tract. Il y était écrit : « Yves Vié-LeSage, chrétien-progressiste. Condamné à mort ». La signature comportait les trois lettres de l’entreprise de l’Apocalypse [OAS, Organisation armée secrète]. p 20 Culture 0123 Dimanche 10 - Lundi 11 janvier 2010 Epoustouflant Denis Podalydès en Dr. Jekyll Au Théâtre de Chaillot, l’acteur interprète le héros de Stevenson Théâtre Q ui est-elle, cette étrange créature qui s’avance dans la pénombre ? Un homme ? Un monstre ? Un comédien ? Ou tout cela à la fois, que résume, sur le plateau de la salle Gémier, au Théâtre de Chaillot, un acteur magique : Denis Podalydès, qui interprète et met en scène Le Cas Jekyll, réécriture contemporaine, par l’auteure française Christine Montalbetti, du mythe inventé par Robert-Louis Stevenson à la fin du XIXe siècle. C’est le spectacle qui va faire fureur à Paris, en cette rentrée de janvier, avant de (re)partir en tournée un peu partout en France jusqu’à l’été (il a été créé à la maison de la culture d’Amiens en mai 2009) : parce qu’il est fin, drôle, et enveloppe délicatement son intelligence dans les replis d’un pur plaisir théâtral. Et que Denis Podalydès y est plus que jamais époustouflant, dans cette partition qu’il s’est taillée à sa mesure. Il faut dire qu’elle semble faite pour lui, l’histoire du respectable Dr. Jekyll et de son double noir, Hyde, hantant de ses forfaits les bas-fonds de Londres, tant elle se loge au cœur même du mystère de l’acteur, cet explorateur par essen- ce des zones les plus obscures de l’homme. Le voici donc tel qu’on le découvre dans son antre victorien de guingois, ce Dr. Jekyll qui d’emblée, dans la confession qu’il livre de son inquiétante aventure, plonge le spectateur dans l’espace d’un récit et d’un mystère trop rares sur les scènes françaises : un petit homme tout ce qu’il y a de respectable, en costume de tweed brun bien coupé (par Christian Lacroix). Mais voilà : « La vérité, c’est que la vie studieuse que je menais alors me paraissait, comment dire, une chose étriquée. » Alors, Jekyll inventa Hyde, créature de pulsions, libérée de toute morale. Et Hyde prit peu à peu possession de Jekyll, comme un rôle prend peu à peu possession d’un comédien, en Alors, Jekyll inventa Hyde, créature de pulsions, libérée de toute morale une troublante opération de dédoublement à l’intérieur d’un même être. Ce qui est totalement jouissif, dans ce Cas Jekyll, c’est que la transformation progressive de Jekyll Denis Podalydès en pleine transformation en monstre velu, dans « Le Cas Jekyll ». AGATHE POUPENEY en Hyde offre à la fois la matière d’un formidable suspense théâtral, et une extraordinaire matière de jeu pour Denis Podalydès. C’est peu de dire que les métamorphoses de l’acteur sont fascinantes. Elles n’ont pourtant rien de spectaculaire. Quelques signes – deux mains velues, une perruque – y suffisent. Mais le corps du comédien, à l’image de ce que constate le savant fou qu’il incarne – « Notre corps est éminemment plastique et malléable », affirme Jekyll – se transforme insensiblement au fil de la représentation. Il y a par moments des échos de Le «Pocahontas bolivien» reconstitué U n film muet à la gloire des Indiens précolombiens vient d’être restauré en Bolivie, quatre-vingts ans après son tournage,. Wara Wara était sorti en salles à La Paz en janvier 1930, puis avait disparu de la circulation, sans qu’aucune copie ne soit conservée. Producteur de la restauration, Eduardo Lopez Zavala est fasciné par cette œuvre indigéniste, un cas unique dans le cinéma des premiers temps en Amérique latine. « C’est le Pocahontas bolivien », s’exclame-t-il. Dans son atelier de La Paz, ce jour-là, on travaille sans relâche le soir pour peaufiner les derniers détails. Il espère présenter bientôt le film, accompagné de la publication des œuvres musicales, picturales et littéraires de José Maria Velasco Maidana (vers 1900-1989), interprète et réalisateur de Wara Wara. Créateur polyvalent, Velasco Maidana appartenait à une avantgarde intellectuelle à la fois www.zigzag-territoires.com BERLIOZ I SYMPHONIE FANTASTIQUE I LE CARNAVA L ROMAIN I ANIMA ETERNA BRUGGE JOS VAN IMMERSEEL ANIMA ETERNA BRUGGE & ZIG-ZAG TERRITOIRES présentent Sorties vendredi 8 janvier 2010 Maestro Arte la 5e symphonie de Beethoven dimanche 10 janvier 2010 Le tempérament frondeur de Jos van Immerseel aidant, l’accent se porte sur la gaieté irrévencieuse de Beethoven, ses défis insolents... L’allégresse décomplexée, la virtuosité roborative des musiciens d’Anima Eterna rendent à la musique de Beethoven sa rugueuse tonicité. Gilles Macassar I ffff Telerama I 23/04/08 Concerts Symphonie fantastique de Berlioz aux Folles Journées de Nantes les 29 et 30 janvier 2010 moderne, liée aux innovations comme le cinéma, et traditionaliste, à la recherche des racines de la nation. Sa démarche rejoint les peintres, écrivains et photographes du Cuzco, qui ont lancé à la même époque – les années 1920 – un mouvement indigéniste au Pérou. En 1989, Mario Fonseca Velasco, neveu du réalisateur, a trouvé dans un placard 70 boîtes contenant des centaines de morceaux de négatif nitrate, hautement inflammable. A défaut d’une copie du film, Fernando Vargas a reconstruit le montage à la manière d’un puzzle, aidé par une pièce théâtrale à l’origine de l’argument et des récits publiés par la presse lors de la sortie. « Petite superproduction » Wara Wara, sous-titré « le drame d’une race », évoque le XVIe siècle, lorsque les Espagnols détruisirent la société andine. Une scène présente l’exécution au garrot de l’Inca Atahualpa. Une princesse indienne s’éprend d’un conquistador au prénom significatif, Tristan, joué par Velasco Maidana luimême, qui s’est souvenu sans doute de la tradition courtoise et du romantisme allemand. Le tournage a eu lieu dans des extérieurs des environs de La Paz et sur le lac Titicaca. « Pour l’époque, dans un pays dépourvu de tradition cinématographique, c’est une petite superproduction », note le conservateur Pedro Susz, qui a envoyé les matériaux trouvés à la cinémathèque de Munich, pour des travaux de préservation. La musique du compositeur Cergio Prudencio accompagne l’action avec l’émotion requise. Le baiser final annonce une nouvelle patrie fondée sur les deux «races ». Un programme d’actualité, alors que le président d’origine aymara Evo Morales entame son second mandat le 22 janvier.p Paulo A. Paranagua (La Paz, envoyé spécial) Richard III le boiteux dans cette créature hybride, clin d’œil parmi d’autres à un Shakespeare qui est le premier grand poète de la dualité fondamentale de l’homme. Et c’est comme si Jekyll accouchait de sa part noire, lui donnant forme – presque – humaine, en une étonnante opération de transmutation théâtrale. Cet objet théâtral singulier est porté par la magie d’une atmosphère à laquelle concourent tous les éléments du spectacle. La scénographie pleine de poésie d’Eric Ruf, qui joue magnifiquement avec l’espace du plateau : l’antre jekyllien, très Radeau de la Méduse, en avant-scène, et, au fond, les docks de Londres sous la lune, d’une beauté expressionniste à couper le souffle. Les lumières en clair-obscur de Stéphanie Daniel. Le texte d’une ironie vive et délicate de Christine Montalbetti. L’utilisation de la voix off et du hors-champ, qui donne une qualité très littéraire à la mise en scène… Alors on la poursuivrait encore longtemps, cette trop courte balade dans l’envers de Londres et dans l’envers de l’homme, menée avec allégresse par un guide hors pair, en la personne de Denis Podalydès dont, décidément, l’étendue du talent et des curiosités ne cesse d’étonner. p Fabienne Darge « Le Cas Jekyll », de Christine Montalbetti, d’après Robert-Louis Stevenson. Mise en scène et interprétation : Denis Podalydès. Théâtre national de Chaillot, 1, place du Trocadéro, Paris-16e. Tél. : 01-53-65-30-00. Du mercredi au samedi à 20 h 30, dimanche à 15 h 30, jusqu’au 23 janvier. De 12 ¤ à 27,50 ¤. Durée : 1 h 15. Puis tournée jusqu’en mai 2010 : Le Havre, Reims, Suresnes, Lyon, Aix-en-Provence, Madrid (Espagne), etc. Un monde envoûtant et érotique Le «Julie» de Boesmans tient à la fois du théâtre et de l’opéra L e Belge Philippe Boesmans (né en 1936) est de ces compositeurs qui ont la chance de voir leurs œuvres créées en de hauts lieux (le Théâtre de la Monnaie de Bruxelles lui a commandé ses quatre premiers opéras, l’Opéra de Paris le cinquième) et immédiatement repris dans d’autres institutions prestigieuses. Parce que trois de ses cinq ouvrages lyriques – Reigen, (1993), Wintermärchen (1999), Julie (2005) – sont écrits en allemand – La Passion de Gilles (1983) et Yvonne Princesse de Bourgogne (2009) sont en français –, les maisons d’opéra germaniques y sont peut-être encore plus sensibles que ne le sont nos institutions. Pourtant, Julie, d’après MademoiselleJulie(1888), d’AugustStrindberg, a fait l’objet d’une reprise, par le Festival d’Aix-en-Provence, de sa production originale (signée LucBondy auteur, avecMarie-Louise Bischofberger, du livret) et, comme Reigen, que beaucoup considèrent comme le chef-d’œuvre lyrique de Boesmans, cet opéra de chambre a suscité plusieurs mises en scène, dont celle du Canadien Matthew Jocelyn, produite par la Scène nationale d’Orléans, présentée à Paris, puis dans quelques villes françaises. Julie a été également enregistré sur disque (1 CD Cyprès) et gravé sur DVD (BelAir Classics). De quoi faire verdir les compositeursmoinschanceuxou,tout simplement, moins doués. Car Boesmans a le don de savoir faire des opéras. Il y excelle par l’inventivité et l’expressivité de son langage, par sa capacité à être de son temps sans faire table rase du passé, par son adresse redoutable à composer une manière de musique spectrale, non par connivence avec les musiciens du groupe de l’Itinéraire mais parce qu’il convoque des fantômes du répertoire musical, pas vraiment cités dans le texte mais dont certains motifs récurrents, dans Julie, rappellent Kristin (Agnieszka Slawinska) et Jean (Alexander Knop). GÉRARD BEZARS/« LA RÉPUBLIQUE DU CENTRE » ici un incipit de Schubert ou de Mendelssohn, là des Wesendonck Lieder de Wagner (on entend même le spectre de Shéhérazade de Rimsky-Korsakov dans les solos de violon !). L’auditeur se sent à la fois en terrain familier et au long cours aventureux d’un monde sonore envoûtant et érotique. Conversation Ce qui manque peut-être à Julie pour être unchef-d’œuvre à la hauteur de Reigen, de Wintermärchen ou de Yvonne Princesse de Bourgogne, c’est l’usage brillant que fait d’ordinaire Boesmans des lieux communs du genre lyrique (airs, ensembles, chœurs, etc.). Parce que Julieest uneconversation, l’expression musicale dutexte se cantonne à une sorte d’arioso (entre l’air et le récitatif) continu qui, s’il a pour mérite de laisser la pièce respirer, quasi intacte, a l’inconvénient d’aplanir quelque peu, selon nous, sa progression dramatique. Mais, cette réserve exprimée, on s’empressera de dire que si la création lyrique était toujours de la qualité de cette Julie, la vie musicale en serait considérablement enrichie. On n’aura pas retrouvé en cette nouvelle production la cruauté glaçante de la mise en scène princeps de Luc Bondy. Mais le travail de Matthew Jocelyn (assez banalement éclairé) et le professionnalisme de la distribution (moins convaincante que celle de la création), de l’ensemble belge Musiques nouvelles et du chef, Jean-Paul Dessy, sont loin de desservir l’opéra du compositeur belge. p Renaud Machart « Julie », de Philippe Boesmans. Par Carolina Bruck-Santos (Julie), Alexander Knop (Jean), Agniszka Slawinska (Kristin), Ensemble Musique nouvelles, Jean-Paul Dessy (direction), Matthew Jocelyn (mise en scène). A l’Athénée Théâtre Louis-Jouvet, 17, rue Boudreau, Paris 9e, le 8 janvier. Jusqu’au 13 janvier. De 14 €à 40 €..Tél. : 01-53-05-19-19. Sur le Web : athenee-theatre.com. Reprise du spectacle à la Maison de la culture de Bourges, le 22 janvier (Tél. : 02-48-67-74-74), à l’Espace Malraux, Scène nationale de Chambéry et de la Savoie, le 27 avril (Tél. : 04-79-85-55-43), à la Rampe, Echirolles, le 11 mai (Tél. : 04-76-40-05-05). Culture 21 0123 Dimanche 10 - Lundi 11 janvier 2010 Le jour où l’eau de la Seine faillit noyer le zouave du pont de l’Alma Une exposition commémore la crue monumentale qui paralysa Paris il y a cent ans Photographie D e l’eau jusqu’au sommet des arcades des ponts, des barques flottant au milieu des artères haussmanniennes, des bourgeois en habit allant voir l’inondation comme on se rend au spectacle… La grande crue qui a frappé Paris en janvier 1910 a marqué les esprits des contemporains, même au-delà des frontières de la France. Sa mémoire a été entretenue depuis un siècle par de nombreuses images, (cartes postales, photographies…), à la fois étranges et familières. Pour commémorer le centenaire de l’événement, la Bibliothèque historiquedelavilledeParisamontéuneexposition :plus decent tirages originaux de photographies souvent inédites issues de son fonds, enrichie d’apports d’autres collections parisiennes (le Musée Carnavalet, la Bibliothèque Forney, les Archives de Paris et l’agence Roger-Viollet), et quelques acquisitions récentes. Le résultat est une passionnante évocation de cette crue, qui réussit à être spectaculaire sans basculer dans l’anecdote. La montée des eaux, causée par d’abondantes pluies et la fonte des neiges, commence le 20 janvier 1910. En une semaine, le niveau monte de 3,80 m à 8,50 m. Plus de 450 hectares se retrouvent sous l’eau, douze arrondissements sont touchés. Les gares d’Orsay et des Invalides sont inondées, comme celles de Lyon et de Saint-Lazare. Le boulevard Saint-Germain, en janvier 1910. BHVP/ROGER-VIOLLET L’électricités’arrête,lesquais deSeine sont envahis. L’eau s’engouffre même dans les tunnels du tout récent métropolitain. En quelques heures, la ville est paralysée. Comme les Halles échappent à l’inondation,la villene connaîtpasdepénurie alimentaire. Mais les entrepôts de Bercy sont noyés. En leur centre se forme un lac malodorant de 5 mètresde profondeur,àlasurface duquel flottent des barriques. De nombreux Parisiens s’amusent du visage insolite qu’a soudain pris leur environnement. Les chevaux suppléent les tramways, des canots réquisitionnés permettent aux Parisiens de circuler… «Avenue Montaigne, on a organisé des promenades de plaisance en barque. Pour deux sous, on passe au pied des hôtels les plus cossus, et des photographes prennent de vous un portrait d’inondé pour la somme de 50centimes»,écrit GuillaumeApollinaire dans Paris Journal, le 29 janvier 1910, au plus fort de la crue. L’exposition s’attarde, images à l’appui, sur les saynètes incongrues, spontanées ou pas, entraînées par l’inondation, et qui feront le tour du monde. Le parcours thématique permet d’aborder tous les aspects de l’épisode. La crue fut brutale, les eaux mirent plus d’un mois à se retirer. Outre lesdégâts matériels (estimés à 400 millions de francs or), l’inon- dation, réveillant des peurs ancestrales, a provoqué un élan national de solidarité envers les 150 000 Parisiens et 200 000 banlieusards sinistrés. Ainsi les affiches collectées à l’époque témoignent-elles de la crainte des épidémies manifestée par les autorités. C’est pour les éviter que le préfet de police Louis Lépine fit déverser les déchets directement dans la Seine. L’image des monceaux d’ordures déversés depuis le pont de Tolbiac est saisissante. Durant toute l’année 1910, des opérations caritatives sont organisées pour venir en aide aux sinistrés. Dans le même temps, les cartes postales commémoratives connaissent un engouement spectaculaire. La mairie propose à qui le veut des plaques émaillées qui doivent être fixées sur les murs à la hauteur maximale de la crue, pour que les immeubles gardent la trace del’événement.EtpourquelesParisiens n’oublient pas que le danger n’est pas écarté : malgré les aménagements du cours de la Seine, Paris restevulnérable.Lesbassinsderetenue assurent une baisse du niveau de 60 centimètres seulement. p Jérôme Gautheret « Paris inondé 1910 ». Du 8 janvier au 28 mars, du mardi au dimanche de 13 heures à 19 heures, nocturne le jeudi jusqu’à 21 heures. Galerie des bibliothèques, 22, rue Malher, Paris 4e. Visite virtuelle de l’exposition et cartographie interactive : inondation1910.paris. fr Instantané Musique Requiem tendance swing INTRODUIRE la voix oraculaire de la sibylle dans le parcours d’une messe pour les morts, telle est l’une des nombreuses originalités du Requiem de Thierry Lancino, qui a été donné en création, vendredi 8 janvier, Salle Pleyel, à Paris. Déployé dans un somptueux prologue, le chant (mezzo-soprano) de la prophétesse qui officiait dans la baie de Naples prépare l’auditeur à un parcours spirituel des plus énigmatiques. Le compositeur Thierry Lancino a redistribué les cartes du requiem avec la complicité de l’écrivain Pascal Guignard. Les exclamations du Kyrie sont, par exemple, lancées avant le « requiem aeternam » qui ouvre traditionnellement l’Introït. Mais le résultat est très prenant, comme le Dies Irae, qui semble investi par une nuée de feux fol- lets à tendance swing. La partition écrite par ce Français de 55 ans résidant aux Etats-Unis manifeste de grandes qualités dramatiques. Souvent par le recours à des dispositifs inédits (le piano préparé évoque la grotte de la sibylle) mais parfois en toute simplicité (la prière chantée a cappella par la soprano soliste). Aussi peu dogmatique que le texte qui lui sert de support, la musique de Thierry Lancino balaye un large champ esthétique sans jamais paraître hybride. p Pierre Gervasoni Requiem (création) de Thierry Lancino. Heidi Grant Murphy (soprano), Nora Gubisch (mezzo-soprano), Stuart Skelton (ténor), Nicolas Courjal (basse), Orchestre philharmonique de Radio France, Eliahu Inbal (direction). Le 8 janvier, Salle Pleyel, Paris. Téléchargement Marie-Françoise Marais présidente de l’Hadopi Conseillère à la Cour de cassation, Marie-Françoise Marais a été nommée présidente de la Haute Autorité pour la diffusion des œuvres et la protection des droits sur Internet (Hadopi), qui enverra ses premiers avertissements entre avril et juillet, a annoncé Frédéric Mitterrand, vendredi 8 janvier. Instituée par la loi du 12 juin 2009 de lutte contre le téléchargement illégal, cette structure est composée de neuf membres. Elle est appuyée par une « commission des droits » de trois magistrats. Art Escroquerie sur un faux Picasso Une antiquaire californienne est poursuivie pour avoir vendu un faux Picasso commandé par ses soins à un faussaire. Elle avait acheté 1000 dollars un dessin, « La Femme au chapeau bleu », avant de le vendre 2 millions de dollars à une collectionneuse. Mme Khan est notamment poursuivie pour contrefaçon et subornation de témoin. Les agents du FBI ont saisi chez elle un tableau de Willem De Kooning, acheté 720 000 dollars, avec une partie des gains de son escroquerie présumée. Après GRAN TORINO “CLINT EASTWOOD en état de grâce. Magnifique !” #### Studio Ciné Live “Un grand film d’émotions.” Paris Match “Bouleversant.” Version Femina 3 AU CINÉMA LE 13 JANVIER NOMINATIONS AUX GOLDEN GLOBES ® MEILLEUR RÉALISATEUR - CLINT EASTWOOD MEILLEUR ACTEUR - MORGAN FREEMAN MEILLEUR SECONDE RÔLE - MATT DAMON 22 Culture Rendez-vous 0123 Dimanche 10 - Lundi 11 janvier 2010 A l’expo avec La fabrique de la culture Galeries Didier Daeninckx Christian Boltanski met la dernière main à sa pyramide Atiq Rahimi Ecrivain Galerie VU Le cinéaste et écrivain Atiq Rahimi a revisité les collections de la galerie VU en s’inspirant du mot persan « Djan », qui signifie à la fois le corps et l’esprit. Il en tire une exposition élégante, où le corps semble vouloir se détacher du sol, où la nudité, au lieu de dévoiler, cache nombre de fantômes. La photographie se prête à merveille à ces petits jeux d’absence-présence. On relit avec un œil neuf des photos connues : la série « La Chute » de Denis Darzacq, où des adolescents voltigent en l’air, ou les travestis de la rue Blanche de Christer Strömholm. Plus loin, Hicham Benohoud présente quatre séries récentes où, avec des bouts de ficelle (littéralement), il exprime tensions et violences. Toutes les séries ne sont pas aussi réussies que son travail fondateur, sur la salle de classe, mais les visages en gros plan de jeunes Congolais, défigurés par de simples fils tendus sur le visage, sont efficaces. p Claire Guillot Le plasticien orchestre l’exposition «Personnes» au Grand Palais, avec valises de vêtements, néons crépusculaires et battements de cœur A MARTIN BUREAU/AFP L’écrivain Didier Daeninckx publie des romans noirs et des livres de fiction qui reviennent souvent sur des affaires politiques ou sociales – l’Affiche rouge, dans « Missak », l’exhibition de Kanak lors de l’Exposition coloniale de 1931 dans « Cannibale ». Il ira voir l’exposition « Doisneau, du métier à l’œuvre ». La première fois que j’ai rencontré Robert Doisneau, il devait faire un portrait de moi pour la revue La Vie ouvrière, en 1985. Il m’a emmené dans la rue Watt, un coin sinistre du 13e arrondissement de Paris, on voyait les voies de la gare d’Austerlitz. Pour la photo, il m’a donné un flingue, et il m’a dit de le mettre en joue avec le joujou! A ce moment-là, une voiture de police est passée, elle a ralenti, un flic a sorti la tête de la voiture, avec son képi. Mais il a reconnu Doisneau: il s’est contenté de lui faire un grand signe. Et une semaine après, j’ai reçu une enveloppe avec de beaux timbres de collection: Doisneau avait fait cinq tirages qu’il m’a envoyés. Dans mon bureau, j’ai une reproduction d’une image très peu connue de Doisneau: un montage qui montre des usines qui crachent de la fumée sur un ciel gris, superposées à des mains d’ouvriers mutilées. C’est une image d’une très grande violence, qui montre les marques du travail sur le corps humain. Une photo saisissante, elle vous prend au col. Les gens qui la voient pensent tout de suite à l’artiste John Heartfield, mais personne ne pense à Doisneau! J’ai envie de voir une exposition qui montre une autre face du photographe. On lui a donné un côté sucré, gentil, mais, dans son œuvre, il y a des choses qui résistent. C’est comme pour Willy Ronis ou Jacques Prévert : chez eux, il y a ce côté joyeux, 1936, les congés payés, l’amitié… Ils ont posé un regard sur le peuple, pas un regard extérieur parce qu’ils en faisaient partie, ils ont montré l’amour, la solidarité. Mais ils ont eu aussi un regard sans gentillesse sur le monde, sur la cruauté, sur les corps abîmés. C’est comme Prévert, dont on a fait le poète des gentils cancres: il y a chez lui des textes d’une grande violence». p Propos recueillis par Claire Guillot Y « Doisneau, du métier à l’œuvre », Fondation Henri-Cartier-Bresson, 2,impasse Lebouis, Paris-14e. Mo Gaîté. Jusqu’au 18 avril 2010.Tél. : 01-56-80-27-00. travers les verrières enneigées du Grand Palais passe le soleil, lumière d’aurore légèrement rose. «Vous ne pouviez pas tomber plus mal. C’est la plus mauvaise des lumières », dit en riant Christian Boltanski.Les visiteurs de «Personnes » ne pourront faire cette expérience. L’artiste a décidé que latroisièmeéditionde«Monumenta» n’aurait pas lieu au printemps, comme les précédentes, mais en hiver. A cette saison, les jours sont plus courts. Or l’éclairage joue un rôle essentiel dans « Personnes». Dans la trop douce lumière de neige, il faut imaginer la nef telle qu’elle sera, envahie de pénombre, éclairée seulement par des tubes de néon accrochés bas, à peine plus de 1,60 mètre au-dessus du sol, et par la « douche » de lumière qui descendra des hauteurs sur une pyramide de vêtements de plus de 10 mètres de haut. Pour l’heure, des assistants disposent les vêtements sur les structures en tubes et grillages qui supportent le tas. De temps en temps, un élévateur hisse jusqu’à la plateforme supérieure un sac de plastique blanc, lourd d’un quintal d’habits récupérés. Pour la pyramide, Boltanski a voulu qu’ils soient de couleurs vives et de toutes sortes : pulls, chemises, tee-shirts. Trop parfaite régularité D’autres assistants extraient d’autres sacs des dizaines de manteaux sombres – bruns et noirs dominent – et les étalent sur le sol de la nef en formant des carrés égaux. Ce travail est minutieusement accompli par d’anciens élèves des Beaux-Arts. Le premier jour du montage, l’artiste en a réalisé trois, comme modèles. En passant, il modifie les rapports entre les tons ou dérange un peu la disposition quand elle est d’une trop parfaite régularité. La division en carrés ordonne la nef sur toute sa longueur. Elle est d’autant plus sensible qu’aux Galerie VU. 2, rue Jules-Cousin, Paris-4e. Tél. : 01-53-01-05-03. Mo Sully-Morland ou Bastille. Du lundi au samedi, de 14 heures à 19 heures. Jusqu’au 16 janvier. www.galerievu.com. Christian Boltanski sous la nef du Grand Palais. PAOLO VERZONE/VU POUR « LE MONDE » angles de chaque figure sont boulonnées dans le ciment quatre poutresd’acier.Des filinstendusendiagonale soutiennent les tubes de néon, un par carré. Les poutres portent aussi des haut-parleurs. Ils diffuseront le son d’un cœur qui bat, celui d’une personne par carré. Depuis plusieurs années, Boltanski a entrepris en effet de réunir des centainesd’enregistrementsdebattements pour ses « Archives du cœur ». On les entendra dans un demi-jour de crépuscule, tout en marchant entre les carrés de manteaux étendus comme autant de symboles de l’absence. « Du côté des carrés et des battements de cœur, dit Boltanski, on est encore du côté de l’existence. La pyramide, c’est la mise à mort de masse.»Sanscesse,unepincemontée sur une grue prendra, élèvera et laissera retomber des vêtements sur le haut du tas. On songe à l’œuvrede1988,faiteelleaussid’habits récupérés, que Boltanski avait nommé « Réserve Canada », nom donné dans les camps aux bara- ques où étaient triés et stockés les effets des victimes des chambres à gaz. Il confirme l’interprétation. Et précise : «Les vêtements, c’est un fripier qui les a fournis. Il les reprend après la fin de l’exposition. Beaucoupserontmisenpiècespourfabriquer du feutre d’isolation. Bien sûr, ça m’afaitpenser aufeutre faitavec les cheveux des morts dans les camps. J’ai vu chez lui une machine terrible qui déchiquette les vêtements.J’aipenséunmomentlamettre ici. Ce serait trop dur pour le visiteur. Mais l’idée demeure.» ll ne refuse pas le mot « tragique». «Il faut que le visiteur reçoive une émotion. Pour moi, il était hors de question de proposer une petite niaiserie conceptuelle, genre un verre d’eau tout seul au milieu de la nef vide. J’ai de plus en plus de mal avec ce genre-là. Je veux que ceux qui viendront,etquineseront pasforcémentdeshabituésdesgaleriesd’art, aient quelque chose à voir, qu’ils aientdesraisonsdeparcourir l’espace, de s’arrêter, de regarder.» Ce principe d’expression ferme- Foules et obsession de la mort à Ivry À « PERSONNES », au Grand Palais, répond une deuxième exposition simultanée de Christian Boltanski, « Après», au MAC/VAL d’Ivry, du 15janvier au 28mars. Pour cet espace moins singulier – et moins difficile – que la nef du Grand Palais, l’artiste a conçu un dispositif au long duquel le visiteur retrouve plusieurs des figures et formes obsessionnelles de l’artiste : les images de foules confuses dont la projection s’arrête en donnant le sentiment d’isoler un individu, les labyrinthes de cubes noirs, les mannequins géométriques drapés de noir dont s’échappent des voix posant des questions effrayantes : «As-tu souffert en mourant ? », «De quoi es-tu mort ? » « C’est plus fort que moi, dit calmement Boltanski. Quand je regarde une actrice dans un film des années 1940 ou 1950, je ne peux m’empêcher de me demander : comment est-elle morte, de quoi, quand ? Bien sûr, ce sont les questions que chacun se pose à propos de lui-même ou d’autres. » Cette façon de poser si directement des questions communes à tous compte pour beaucoup dans la reconnaissance générale dont l’artiste bénéficie aujourd’hui en France. On apprenait ainsi en début de semaine qu’il avait été choisi par Culture France et la délégation aux arts plastiques du ministère de la culture pour occuper le pavillon français lors de la Biennale de Venise, en 2011. Choix judicieux, au regard de la puissance expressive de l’œuvre et de son rayonnement. Mais choix tardif. Invité à participer à la Documenta de Cassel dès 1972, deux ans après ses premières Vitrines de référence, puis une deuxième fois en 1987 – privilège rare –, il a attendu 1981 pour être exposé au Musée d’art moderne de la Ville de Paris et 1984 pour le Centre Pompidou. Ses travaux ont été largement reconnus en Allemagne, en Suisse et aux EtatsUnis dès les années 1980. « Personnes » sera présenté à l’Armory, à New York, dans une version adaptée au lieu. p Ph. D. ment établi, Boltanski a cherché quelle forme lui donner dans ce lieu aux dimensions et à l’architecture si spécifiques. « Etre invité à exposer ici, c’est comme l’être à créer un opéra dont la musique serait déjà composée et dont il faut écrire le livret. Bien sûr, j’ai pris dans mon garde-manger d’idées, dans mon vocabulaire d’artiste. Mais il fallaittrouvercommentfairealliance avec le lieu. » Pour la lumière, il a donc trouvé la solution la plus radicale : l’hiver. « Pour la hauteur, j’ai pensé aux mosquées. Leurs coupoles sont très hautes, mais le sol est couvert de tapis et les lustres suspendus très bas. Il m’a paru évident qu’il fallait aller dans le sens de l’horizontale plus que de la verticale. On ne peut se mesurer à des hauteurs pareilles.J’ai fait grandir la pyramide et, maintenant, je m’inquiète de la taille de la grue. » Catherine Grenier, commissaire de « Personnes », précise qu’en début de réflexion elle a essayé de calculer combien il faudrait de tapis pour couvrir le sol de la nef. « C’était dément. Des milliers. De toute façon, Christian a vite trouvé son idée définitive.» Définitive, mais pas achevée. Tout en discutant, Boltanski regarde son œuvre se faire. « Je me sens dans la position d’un cinéaste. Son film est écrit, mais il ne sait ce qui va se passer que quand le tournage commence. A l’heure actuelle, tout n’estpasparfait.Ily aunpointàpartir duquel une exposition bascule du bon côté. Je ne n’ai pas encore atteintce point. Il faut quejechange quelques petites choses, que j’introduise un peu de désordre. » p Philippe Dagen « Personnes », Monumenta 2010, du 13 au 21 janvier, au Grand Palais, avenue Winston-Churchill, 75008 Paris. Entrée 4 ¤, tarif réduit 2 ¤. De 10 h à 19 h les lundis et mercredis , de 10 h à 22 h du jeudi au dimanche, fermé le mardi. Lise Sarfati, Patrick Zachman, Eric Hartmann Magnum Gallery L’agence Magnum a désormais une vitrine en plein Saint-Germain-des-Prés, où sont vendus tirages, livres, posters. C’est une galerie, mais cela ressemble plutôt à un lieu de rendez-vous pour photographes tant on y croise de têtes connues. Après la grande exposition d’ouverture conçue par le voisin, l’éditeur Robert Delpire, on peut y voir des travaux de Lise Sarfati, « Austin, Texas », portraits d’adolescentes picturales plongées dans leurs pensées, et des images plus anciennes ou méconnues, comme de délicats petits formats noir et blanc de Patrick Zachman ou d’Eric Hartmann. p Cl. G. Magnum Gallery, 13, rue de l’Abbaye, Paris- 6e. Tél. : 01-53-42-50-27. Mo Saint-Germain-des-Prés. Ouvert du mardi au samedi de 11 heures à 18 heures. www.magnumgallery.fr. Thierry Dreyfus Galerie Claude Samuel Connu pour ses mises en lumière spectaculaires de bâtiments (le Grand Palais) ou de défilés, Thierry Dreyfus expose pour la première fois à la galerie Claude Samuel des images personnelles, où l’on retrouve son obsession pour la lumière, traitée comme une matière. Si certaines œuvres ressemblent à des exercices de style virtuoses un peu lisses, il y a aussi des trouvailles étonnantes, avec des miroirs qui créent des trous dans l’espace, ou bien des ampoules qui effacent l’image au lieu de l’éclairer. p Cl. G. Galerie Claude Samuel, 69, avenue Daumesnil, Paris-12e. Tél. : 53-17-01- 11. Mo Gare-de-Lyon. Du mardi au vendredi de 10 heures à 13 heures et de 1 4 h 30 à 19 heures, le samedi de 11 heures à 19 heures. Jusqu’au 16 janvier. www.claude-samuel.com LE 6H30-10H Nicolas Demorand Lundi 11 janvier à 8h20 : James Ellroy, invité exceptionnel franceinter.com FRANCE INTER LA DIFFÉRENCE Rendez-vous Culture 23 0123 Dimanche 10 - Lundi 11 janvier 2010 Lever de rideau Sélection CD Les incantations blues punk de Jeffrey Lee Pierce Okou Un CD avec Nick Cave, Debbie Harry, Lydia Lunch et autres complices rend hommage au défunt leader du Gun Club A lbum hommage à Jeffrey Lee Pierce (1958-1996), défunt leader du Gun Club, un des groupes les plus marquants – et méconnus du grand public – de l’histoire du rock américain, We AreOnlyRiders–TheJeffreyLeePierce Sessions Project se démarque de la moyenne des « tribute albums ». Le genre commande en général de faire reprendre les plus fameux morceaux d’un artiste par quelques stars ou jeunes gens dans le vent. Conçu par le guitariste londonienCypress Grove, avec qui Pierce avait enregistré un album, en 1992 (Ramblin’ Jeffrey Lee and Cypress Grove With Willie Love), We Are Only Riders ne se compose, à une exception près, que de morceaux inédits joués par des musiciens choisis en priorité pour leur relation personnelle avec cette figure du punk blues de Los Angeles. « Il y a trois ans, se souvient CypressGrove,j’ai retrouvéune cassettedes maquettes très sommaires enregistrées par Jeffrey au moment où nous travaillions sur notre album. Ces morceaux inachevés pouvaientêtrel’occasionde rassembler des amis et admirateurs pour compléter ce travail et rendre hommage à Jeffrey. » Le casting est loin d’être négligeable. Le ténébreux crooner australien Nick Cave ; Debbie Harry, chanteuse de Blondie, groupe dont Pierce fut le président du fan-club, à la fin des années 1970 ; Lydia Lunch, icône trash de l’avant-garde new-yorkaise ; l’inquiétante voix grave de Mark Lanegan ; celle aux aigus fêlés du disciple David Eugene Edwards, ex-16 Horsepower ; le Bad Seeds Mick Harvey… A une époque où la new wave plastifiait ses refrains sous la blancheur des néons, le Gun Club lardait les siens de guitare slide Ils investissent ce répertoire avec une touchante conviction, démontrant leur compréhension des obsessions et du destin d’un chanteur à la noirceur flamboyante, mort fauché, seul, malade. Ces morceaux tardifs de Pierce troquent l’hystérie électrique contre une vision crépusculaire des dérives existentielles. La gravité altière de Nick Cave ou de Lanegan, la mélancolie de Debbie Harry (Lucky Jim, seul titre connu sur lequel on entend la guitare posthume de JLP), le timbre tortueux de Johnny Dowd ou la vitalité des jeunesDanoisdes Raveonettes rappellent que, malgré les épreuves, l’inspiration de Jeffrey Lee Pierce ne s’était pas tarie CommelesouligneCypress Grove, « Jeffrey est régulièrement cité comme uneinfluencemajeure d’artistes célèbres comme les White Stripes, les Pixies ou REM. Mais peu de gens connaissent l’homme et sa musique ». Toutes les occasions sont bonnes, en effet, pour partir à L’exposition consacrée au géant américain de la trompette entre dans sa dernière semaine. Ceux qui doutent encore de l’opportunité d’accorder à la musique une place dans les musées doivent impérativement se rendre à La Villette. Films, objets, pochettes de disque et, bien sûr, beaucoup de musique. La chanteuse Tatiana Heintz, Française de mère ivoirienne, et Gilbert Trefzger, guitariste suisse de mère égyptienne, nous indique leur site officiel, forment le groupe Okou dont le premier album, Serpentine, a belle allure et pas mal d’originalité. Un rien blues, un rien folk, un rien jazz, un rien pop-soul acoustique… avec banjo, tuba (Dave Bargeron) et arrangements de cordes (Gil Goldstein). La voix de Tatiana Heintz est caressante, douce, sans être éthérée. Même délicatesse dans le jeu de guitare et banjo de Gilbert Trefzger qui, là aussi, ne laisse pas ses doigts filer dans la brume. Chacune des quatorze compositions accroche l’oreille, par une conception fine et l’attention à en faire de vraies chansons. Okou peut certes faire penser à Yael Naïm ou Norah Jones (Jay Newland est à la production), mais sans que l’on pense que cela soit par manque de personnalité. p Sylvain Siclier 1 CD AZ/Universal Music. Steve Shehan &Nabil Othmani Awalin Membre du Hadouk Trio (une Victoire du jazz en 2007), le percussionniste franco-américain Steve Shehan continue son compagnonnage avec la musique et la poésie touarègues, vers lesquelles l’a emmené Baly Othmani, On a souvent cru déceler chez Jeffrey Lee Pierce quelque chose de Jim Morrison... PETER NOBLE/REDFERNS la découverte de l’intensité d’un musicienquelecinéasteWimWenders décrivit comme « l’un des plus grands chanteurs de blues de tous les temps », de chansons dont Jack White, le leader des White Stripes, affirme qu’« elles devraient être enseignées à l’école ». L’écoute des premiers disques duGun Club,Fireof Love(1981),Miami (1982), Death Party (1983), The Las Vegas Story (1984) (ces trois derniersviennent d’être réédités, enrichis chacun d’un CD live au son brut de décoffrage) reste une expérience saisissante. A ses débuts, ce Texan aux origines mexicaines a mêlé en précurseur la violence punk à la noirceur du blues rural et du hillbilly. A une époque où la new wave plastifiait ses refrains sous la blancheur des néons, le Gun Club lardait les siens de guitare slide, de rythmes vaudou et d’incantations de prêcheur sorti de La Nuit du chasseur, le film de Charles Laughton (1955). Avec ses allures de Marlon Brando péroxydé et bouffi par l’alcool, le chanteur semblait invoquer les démons de la déchéance. Plus blues dans Fire of Love, plus country dans Miami, plus ambitieux dans les arrangements de The LasVegasStory, maistrop autodestructeur et caractériel pour construire une carrière, il changera souvent de musiciens et s’essaiera àune carrière solo (l’excellent Wildweed, en 1985). Souvent mieux accueilli en Europe qu’aux Etats-Unis, ce Jim Morrison trash avait une belle cote enFrance.Grâce aux articles dePhi- lippe Garnier, correspondant à Los Angeles du magazine Rock & Folk, grâce à la maison de disques New Rose et à l’admiration particulière des Français pour les figures maudites du rock. Le groupe Noir Désir devra une bonne part de son incandescence à la furia du Gun Club. C’est aussiun Français, le cinéasteHenri-JeanDebon, quia filméJeffrey Lee Pierce, en 1992, alors que celui-ci vivait à Londres, sans contrat, avec une santé dégradée. Une quinzaine d’années plus tard, ilenatiréundocumentaire,Hardtimes – Killin’Floor Blues (récemment sorti en DVD), sans doute un des films les plus tristes et vrais jamais tournés sur la solitude d’un rocker déchu. « Pour moi, retient aujourd’hui le réalisateur, c’était la voix la plus sensuelle et la plus habitée qui soit. Et aussi une des plus colériques. Mais c’était une rage incroyablement lyrique. » Dans Hardtimes, on croise Nick Cave et aussi Cypress Grove, qui, à l’époque, taquinait le blues avec l’Américain. « C’était un personnageintensequi avaittendanceàtourner cette intensité contre lui-même, insiste le concepteur de We Are Only Riders. A la fin, ses démons ont pris le dessus. » p Stéphane Davet We Are Only Riders - The Jeffrey Lee Pierce Sessions Project, 1 CD Glitterhouse/Differ-ant. Miami, de The Gun Club, 2 CD Cooking Vinyl ; Death Party, de The Gun Club, 2 CD Cooking Vinyl ; The Las Vegas Story, de The Gun Club, 2 CD Cooking Vinyl. Hardtimes - Killin’ Floor Blues, d’HenriJean Debon, 1 DVD Choses Vues. Dernière minute Musique « We Want Miles » Serpentine Cité de la musique. 221, av. Jean-Jaurès. Paris-19e. De 12 heures à 18 heures. Les 15, 16 et 17 janvier, nocturnes exceptionnelles jusqu’à minuit. Tél. : 01-44-84-44-84. www.citedelamusique.fr Biennale de quatuors à cordes A la Cité de la musique également, la quatrième Biennale de quatuors à cordes propose, du 12 au 17 janvier, une intégrale de la musique pour quatuor de Schubert en quinze concerts, ainsi que huit créations de musique contemporaine. Parmi les treize ensembles français et internationaux conviés, les Arditti, Borodine, Diotima, Emerson, Hagen, Juilliard, Prazak, Ysaÿe. Cité de la musique, du 10 au 17 janvier. poète et musicien de Djanet, au sud de l’Algérie, avec qui il a enregistré trois albums. Après le décès de son père, en 2005, Nabil Othmani, 24 ans, prend le relais pour transmettre à Shehan l’héritage poétique touareg. Autour de la voix tendre du chanteur algérien, qui s’accompagne à la guitare et au luth, le musicien tisse des mystères colorés, trace des lignes fluides et mélancoliques. Au langage toujours subtil de ses percussions, il ajoute d’autres teintes instrumentales, les siennes propres (piano, basse, synthés – un peu trop gourmands d’espace) ou celles des copains (Didier Malherbe, Ibrahim Maalouf, Claude Samard…). Nabil Othmani sort par ailleurs Tamghart In (1 CD Reaktion, collection « Le chant des fauves »), son premier album solo. p Patrick Labesse 1 CD Naïve. Christophe Desjardins Alto/Multiples Près de deux heures et demie d’alto et pas une seconde de lassitude à l’écoute du somptueux récital enregistré par Christophe Desjardins ! Référencé (par son titre qui renvoie à Eclats/Multiples de Pierre Boulez), mais nullement dogmatique (programme de quatorze pièces au langage renouvelé), cet album est réparti sur deux CD. Le premier rassemble des solos (de Paul Hindemith à Elliott Carter) qui ont balisé le XXe siècle. Le second réunit des œuvres qui font écho au passé et nécessitent le recours à plus d’un alto. Le procédé du re-recording permet à Christophe Desjardins de maîtriser les exigences d’un trio (Ockhegem-Maderna), d’un quatuor (Rihm) et même d’un septuor (Messagesquisse de Boulez) avec une telle qualité expressive qu’on oubliera la technique pour ne parler que de magie. p Pierre Gervasoni 2 CD Aeon. Othmar Schoeck Notturno Christian Gerhaher (baryton), Rosamunde Quartett. Le compositeur suisse Othmar Schoeck (1886-1957) est l’auteur de ce chefd’œuvre singulier, un Notturno (1931-1933) pour baryton et quatuor à cordes, empreint d’une mélancolie crépusculaire et de cette couleur propre à un XIXe siècle qui n’en finissait pas de finir. La densité extraordinaire de cette musique (une vraie polyphonie à cinq voix et non des Lieder accompagnés par quatre cordes) a dû convaincre les interprètes (excellent quatuor, voix intelligente, fine, kaléidoscopique de Christian Gerhaher, qui a l’art de faire oublier l’enregistrement de Dietrich Fischer-Dieskau) de s’en tenir à ce court programme de… 43minutes. Il y avait largement la place pour d’autres pièces de cet important compositeur, singulièrement méconnu. p Renaud Machart 1 CD ECM New Series/Universal. 24 & Vous 0123 Dimanche 10 - Lundi 11 janvier 2010 Du vent, des planches et de la neige Elément indissociable du décor estival de nos plages avec sa floraison d’ailes multicolores, le kite a décidé de prendre ses quartiers d’hiver. La neige et la montagne sont devenues le cadre des nouveaux ébats de cette pratique sportive, mais aussi de loisir, associant un support de glisse à un cerf-volant de traction. Du 11 au 17 janvier, sur le site du col du Lautaret (Hautes-Alpes, à 2058 mètres d’altitude), le World Snowkite Masters sera l’occasion pour les vainqueurs des championnats de France freestyle qui se déroulaient samedi 9 et dimanche 10 janvier, de défier les meilleurs riders mondiaux en ski ou en snowboard. Créé pour un usage nautique dans les années 1980 par deux frères bretons, Bruno et Dominique Legaignoux, le kite, qui compte près de 30 000 pratiquants et plus de 10 000 licenciés, est devenu la deuxième discipline de la Fédération française de vol libre (FFVL) derrière le parapente. Activité écolo-compatible, l’aile fonctionne avec des énergies éternellement renouvelables : la force du vent conjuguée à la puissance d’une vague ou, désormais, à l’attraction d’une pente. Grâce au programme Hand’Icare, lancé par la FFVL, les personnes handicapées peuvent aussi éprouver ces sensations inédites. Autre objectif de la fédération : permettre, à terme, que le kite puisse figurer en tant que sport de démonstration « cerfvolant de sport » aux Jeux olympiques. p Jean-Jacques Larrochelle (PHOTO DR) Informations : Federation.ffvl.fr et Serre-chevalier.com/Snowkite-Masters Trouverlesmotspourrépondreauxenfantsadoptés La réforme de l’adoption, en préparation, préconise notamment de renforcer l’accompagnement des familles Psychologie E xpliquer l’adoption n’est pas toujours chose facile pour les parents adoptifs. Et, pour l’heure, l’accompagnement fait trop souvent défaut. Son renforcement est à l’étude dans le cadre de la réforme de l’adoption, en préparation au secrétariat d’Etat à la famille. C’était l’une des préconisationsdu rapport surl’adoption réalisé par Jean-Marie Colombani (ancien directeur du Monde), remis en 2008au président de la République. Cet accompagnement pourrait être développé dans le cadre des consultations d’orientation et de conseils en adoption (COCA). Très vite, les enfants cherchent à savoir d’où ils viennent. Questionner ses origines, c’est établir les assises de son monde intérieur, structurer son sentiment d’appartenance et se forger un sentiment de sécurité. Il y a quelques décennies, il était possible de cacher à un enfant qu’il était adopté. La révélation qui s’ensuivait était souvent violente et traumatisante. « Tous les psychologues s’accordent à dire qu’il faut que l’enfant ait le sentiment de l’avoir toujours su », assure Cécile Delannoy, mère adoptive et aujourd’hui grand-mère. En France, 80 % des enfants sont adoptés à l’étranger, et 60 % d’entre eux ont plus de 2 ans, ce qui a rendu cette culture du secret obsolète. L’adoption est intégrée dans le discours des parents, et c’est bien souvent une évidence pour les enfants. On dit au bébé : « Comme je suis content(e) de t’avoir ramené à la maison », « Quand on est venus te chercher… », « Quand tu es arrivé… » Mais les choses se compliquent lorsque vient le temps des questionnements, entre 3 ans et 6 ans, quand l’enfant adopté se confronte au regard des autres. « C’est une fausse équation de considérer que maternité égale grossesse, et pourtant elle infiltre tous les esprits », explique la psychanalyste Geneviève Delaisi de Parseval. Un enfant peut ainsi revenir bouleversé de l’école parce que l’un de ses camarades lui aura dit que sa mère n’est pas sa vraie maman. « On est dans une biologisation des liens qui fragilise les parents adoptifs, déplore la psychanalyste Sophie Marinopoulos. En ce sens, l’adoption vient nous interpeller sur ce qu’est véritablement la parentalité. » Pour répondre avec justesse à son enfant, les parents adoptifs ne doivent pas douter de leur position. « Il faut que les parents puissent respecter la dame qui a donné naissance à leur enfant, et la remercier pour leur avoir fait ce don, considère Mme Delaisi de Parseval. Ce remerciement symbolique est une façon de se libérer en partie de la dette qu’ils ont envers elle. » Les parents adoptifs ne doivent pas douter de leur position Plus lesparents se sentiront légitimes,plus les réponses seront faciles. D’autant que la façon dont les petits formulent leurs interrogations peut les heurter, les blesser. « Les jeunes enfants ne mettent pas de points d’interrogation », poursuit Mme Marinopoulos. Ils procè- dent par affirmations. « Tu n’es pas mon vrai papa » signifie ainsi : « qu’est-ce qui fait de toi mon vrai père ?» « Tu n’es pas ma vraie maman » équivaut à : « faut-il que je sois sorti de ton ventre pour que tusois ma mère ? » « Ce que l’enfant a envie d’entendre, c’est qu’il est à la bonneplace.Ce dialogueva permettre la construction du lien familial », analyse Mme Marinopoulos. « Les parents devront répondre aux interrogations de leur enfant qu’ils sont ses vrais et ses seuls parents, quand bien même celui-ci n’est pas issu de leurs corps », explique Mme Delaisi de Parseval. Mais cela ne signifie pas gommer les parents biologiques. « Il est nécessaire, pour se construire son identi- té narrative, que l’enfant ait, dans la mesure du possible, le maximum d’informations sur ses parents de naissance », poursuit la psychanalyste. Par ailleurs, il importe, pour sa construction psychique et sexuée, que l’enfant sache qu’il est issu d’un homme et d’une femme. Pascale et son mari, comme beaucoup de parents adoptifs, ont composé un album de photos pour Anna, leur petite fille de 10 ans, adoptée dans un pays de l’Est. Ils y ont mis des images du voyage, à l’aéroport, de l’orphelinat, etc. L’enfant s’yplonge régulièrement, le montre à son entourage. La question la plus douloureuse que leur a posée leur fille est cel- le de savoir pourquoi ses parents biologiques l’avaient abandonnée. « Tes parents n’ont pas pu, n’ont pas su t’élever », lui répondent-ils. La question du pourquoi taraude tous les enfants adoptés. « Il est important d’en parler, explique Françoise Vallée, psychologue clinicienne à l’espace adoption du conseil général de Loire-Atlantique. Il faut que l’enfant donne du sens à cela car, faute de réponses, il risque de penser qu’il n’était pas un bon bébé. Il faut lui donner les raisons dont on dispose dans le dossier, en se mettant à sa portée. » Face aux demandes des enfants d’aller dansleur pays d’origine, voire de rencontrer leur mère biologique, la prudence s’impose. « En demandant à aller dans le pays où il est né, l’enfant peut questionner la solidité du lien avec sa famille adoptive. Est-ce que je suis au bon endroit ? », remarque Mme Marinopoulos. Si, malgré la réassurance de ses parents, l’enfant persiste, mieux vaut que cette décision soit accompagnée par des professionnels. « Il faut y réfléchir, en discuter, tester les motivations, explique Mme Vallée. Cela peut prendre six mois, voire un an. » Car la déception risque d’être forte. « A l’adolescence, le retour dans le pays d’origine peut aggraver les choses. Il semble plus facile chez les enfants plus jeunes, vers 7-9 ans », analyse Cécile Delannoy, qui soutient des familles dans le cadre d’une association. Dans tous les cas, il faut que l’enfant sache que, là-bas, il sera un étranger. p Martine Laronche « Au risque de l’adoption », de Cécile Delannoy (La Découverte/Poche, 2008, 280 p., 11 ¤). « Moïse, Œdipe et Superman », de Sophie Marinopoulos, Catherine Sellenet et Françoise Vallée (Fayard, 2003, 352 p., 20 ¤). « Famille à tout prix », de Geneviève Delaisi de Parseval (Seuil, 2008, 389 p., 22 ¤). La mode «éthique» combat les clichés pour se faire une place dans les rayons A la différence de l’alimentation, l’offre d’habillement bio ou équitable reste méconnue des Français, qui l’associent encore au style «baba» Tendance F ini l’époque où style « équitable » rimait avec ponchos péruviens et autres tenues folkloriques. 2010 sera l’année de la mode « verte », qu’on se le dise. Du jean à la robe de mariée en passant par la lingerie, les chaussures ou le jogging, tous les rayons de l’habillement y passent. «La mode éthique est loin des clichés “babas cool” des années 1970. On la trouve aussi bien en couture qu’en prêt-à-porter, sportswear, streetwear, ainsi que dans l’univers du bébé », confirme Isabelle Quéhé, fondatrice de l’Ethical Fashion Show, dont la prochaine édition se tiendra lors de la semaine de la mode à Milan, en février. Si on a longtemps reproché aux vêtements bio leur manque de goût, les créateurs rivalisent désormais d’innovation pour proposer des collections à même de séduire tous les consommateurs. «Chic et éthique ne sont pas incompatibles, au contraire », insiste Franck Zins, PDG de la maison Zins, qui s’est associée à une jeune créatrice de prêt-à-porter d’origine malienne. Ensemble, ils ont créé BaFaro pour Zins, une ligne qui décline vestes sahariennes, pantalons, pulls, T-shirts et bermudas faits de coton biologique et de fibre de lait. « L’idée, c’est qu’on peut être élégant tout en restant cohérent avec ses valeurs de consommateur responsable », précise Franck Zins. Il a même décidé d’apporter une petite touche originale à ses modèles, en doublant les poches d’un tissu anti-ondes. Preuve qu’on peut être respectueux des hommes et de l’environnement, et dans l’air du temps. Autres signes d’évolution : les filières de fabrication se multiplient en France et à l’étranger et les catalogues s’enrichissent. « De plus en plus de marques proposent des collections construites et complètes », constate Evelyne Chaballier, directrice des études économiques et prospectives à l’Institut français de la mode (IFM). Y compris dans le sport, à l’image de la jeune griffe française Sébola, qui a développé une gamme de vêtements alliant éthique, esthétique et technique, confectionnés à base de bois ou de polyester recyclé. Manque de publicité Pourtant, la mode éthique peine à émerger. Selon une récente étude de l’IFM, 35 % des consommateurs ignorent l’existence d’une offre d’habillement bio et/ou équitable. Contrairement à d’autres secteurs, comme l’alimentation ou l’automobile, la mode responsable pêche par son manque de publicité et sa distribution. Résultat : une offre peu visible et encore limitée. Quant aux clichés, ils sont encore bien accrochés aux étiquettes. « Bien souvent, quand on démarche, on doit faire face aux a priori et à l’amalgame entre éthique et ethnique ou hippie, déplore Leticia Amorin, cofondatrice de Pampa & Pop, une ligne féminine, colorée et pétillante venue d’Argentine, qui fait la part belle au cuir en proposant vestes cintrées et sacs à main tendance. On ne veut pas être catégorisé : on est d’abord mode et ensuite on est éthique. » Signe encourageant : les Fran- çais sont chaque année plus nombreux à acheter des vêtements bio ou éthiques, note l’IFM. Une tendance qui s’accompagne d’une prise de conscience croissante : « Les gens commencent à se poser des questions sur la provenance des produits. Et quand l’impact carbone sera visible sur chaque vêtement [l’affichage carbone obligatoire sur les produits de grande consommation est prévu pour 2011], ça les poussera forcément à modifier leurs critères d’achat », conclut Evelyne Chaballier. p Elisabeth Pineau Sur le Web Ethicalfashionshow.com Disparitions 25 0123 Dimanche 10 - Lundi 11 janvier 2010 Expert de la lutte contre le dopage Jacques de Ceaurriz L e directeur du département des analyses de l’Agence française de lutte contre le dopage (AFLD) et du Laboratoire de Châtenay-Malabry (Hauts-deSeine), Jacques de Ceaurriz, est mort, mardi 5 janvier, à 60 ans. Avec sa consœur Françoise Lasne, il aura fait sortir la lutte antidopage de l’âge de la préhistoire en mettant au point le test de détection de l’érythropoïétine (EPO) dans les urines. Publiée en 2000 dans la revue scientifique Nature, la méthode a été appliquée pour la première fois lors des Jeux olympiques de Sydney, en 2000, puis sur le Tour de France, en 2001. Depuis, nombre de sportifs ont dû rendre leurs trophées pour avoir abusé de cette hormone qui améliore considérablement les capacités d’endurance en augmentant l’afflux de globules rouges dans le sang. Avec Jacques de Ceaurriz à sa tête, le Laboratoire antidopage de ChâtenayMalabry est devenu le plus performant du monde. Quand les laboratoires de Los Angeles ou de Madrid affichent des taux de prélèvements positifs de 1 % à 2 %, celui de Châtenay dépasse les 5 %. Homme de l’ombre « La lutte contre le dopage dans le sport perd l’un de ses scientifiques les plus éminents, souligne l’Agence mondiale antidopage (AMA). Jacques de Ceaurriz était non seulement un chercheur émérite, mais également un homme d’une générosité scientifique exceptionnelle, avide de partager ses recherches avec la communauté antidopage pour faire constamment avancer la lutte contre le dopage dans le sport. » Outre l’érythropoïétine, le chercheur français et son équipe sont également à l’origine de la mise au point du test de dépistage des corticoïdes, autre substance très prisée des sportifs. Ses derniers travaux concernaient les autotransfusions sanguines, technique de dopage toujours indécelable et revenue à la mode dans le milieu sportif depuis les progrès réalisés dans la détection de l’EPO. Pharmacologue de formation, le professeur de Ceaurriz avait commencé par enseigner la chimie-toxicologie à la faculté de pharmacie de Châtenay-Malabry tout en travaillant sur les pathologies professionnelles liées aux pollutions industrielles pour le compte de l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS) de Nancy avant de traquer les produits interdits dans les urines des sportifs. C’est davantage par « opportunité » professionnelle que par « vocation » qu’il prend la tête du laboratoire, en 1997, après le Homme de l’ombre, Jacques de Ceaurriz,par l’efficacité des résultats de son laboratoire, s’est tout de même attiré quelques inimitiés célèbres dans le monde du sport. En 2005, le septuple vainqueur du Tour de France, Lance Armstrong, s’en prend à son travail après les révélations du journal L’Equipe selon lesquelles le laboratoire de Châtenay-Malabry a, au cours d’analyses rétrospectives, retrouvé des traces d’EPO dans les urines de l’Américain prélevées lors de sa première victoire en 1999. Un an plus tard, un autre coureur américain, Floyd Landis, se lance à son tour dans une vaste campagne de dénigrement du laboratoire. Bataillon d’avocats à l’appui, il conteste son contrôle positif à la testostérone lors du Tour de France 2006 qu’il avait remporté. Concomitamment, le laboratoire de Jacques de Ceaur- 16 mai 1949 Naissance à Auxerre 1997 Directeur du Laboratoire de Châtenay-Malabry 2000 Publication du test de détection urinaire de l’érythropoïétine 2007 Directeur du département des analyses de l’Agence française de lutte contre le dopage 5 janvier 2010 Mort à Paris Jacques de Ceaurriz, en juillet 2007. ROBERTO FRANKENBERG POUR « LE MONDE » départ à la retraite de Jean-Pierre Lafarge. Jacques de Ceaurriz, qui a pratiqué le football et l’athlétisme lorsqu’il était interne au Prytanée militaire de La Flèche (Sarthe), rappelait aussi qu’il ne se sentait pas investi d’une mission pour rendre le sport plus propre. « Contrairement à ce que l’on pourrait imaginer, au laboratoire, il n’y a pas de militantisme. On est des professionnels, disait-il au Monde après un Tour de France 2007 une nouvelle fois marqué par les scandales de dopage. On est assez froids. Cela correspond à la brutalité de nos résultats : c’est positif ! » riz est victime d’une attaque informatique. Des documents internes sont envoyés aux médias et aux instances dirigeantes du sport mondial dans le but de discréditer ses résultats. Une information judiciaire est toujours en cours au parquet de Paris pour identifier les commanditaires de l’intrusion informatique, mais la piste de l’enquête mène vers un ancien entraîneur de Floyd Landis. En mai 2007, Jacques de Ceaurriz, qui quittait rarement sonbureau, avait dû passer dix jours à Malibu, en Californie, pour défendre le dossier du laboratoire dans la procédure lancée par l’Agence américaine antidopage contre le coureur. Il y avait remporté une victoire éclatante. Au sein du mouvement sportif, seule la Fédération française d’athlétisme a déploré dans un communiqué la disparition du directeur du laboratoire de ChâtenayMalabry. « Jacques de Ceaurriz incarnait l’honneur de la lutte antidopage. Contre vents et marées, il a permis le progrès et l’innovationdans ce domaine ô combien sensible pour l’éthique du sport », écrit Bernard Amsalem, le patron de l’athlétisme français. Pas un mot, en revanche, à ce jour, du ministère de la santé et des sports ou des dirigeants du Tour de France. p Stéphane Mandard Chanteuse américano-mexicaine Lhasa de Sela O bjet d’une affection particulière des milieux musicaux et des fans, fraternelle et nomade, la chanteuse américano-mexicaineLhasa de Sela est morte, le 1er janvier, à son domicile de Montréal, des suites d’un cancer du sein. Elle était âgée de 37 ans. Née le 27 septembre 1972 à Big Indian, dans l’Etat de New York, Lhasa tenait son prénom de sa mère, américaine, en référenceà la capitale du Tibet, et son nom, ainsi que la langue espagnole dans laquelle elle chantait, de son père mexicain. Ainsi Lhasa réconciliait-elle le bouddhisme du Toit du monde et les catéchumènes du Yucatan. Venue à la musique par le Québec, où elle s’était installée, elle conquit Montréal avec La Llorona, paru en 1997, ce qui lui permit de venir représenter le Québec au Printemps de Bourges la même année, section Découvertes, puis d’intégrer le label français Tôt ou Tard. Cetteenfant de la balle(une vie itinérante, neuf frères et sœurs, dont une sœur trapéziste, une autre funambule, une troisième acrobate de cirque) qui chantait dans les bars de San Francisco à l’âge de 13 ans, avait conquis les cœurs avec un album latin, aux sonorités quelque peu âpres, réalisé avec le guitariste québécois Yves Desrosiers, et riche de chansons incontournables, tel El Desierto, un tube rude comme une pomme de terre gelée, sombre et enluminé comme la cathédrale de Mexico. Elle y reprenait La Llorona (la 27 septembre 1972 Naissance dans l’Etat de New York 1997 « La Llorona » (Tôt ou Tard) 2003 « The Living Road » (Tôt ou tard) 2009 « Lhasa » (Warner Music) 1er janvier 2010 Mort à Montréal « pleureuse », inspirée de Cihuacoalt, l’épouse de Quetzalcoatl, le Serpent à plumes des Aztèques), chanson traditionnelle mexicaine rendue célèbre par l’égérie mexicaine de Pedro Almodovar, Chavela Vargas. Là où Vargas, et toute une dynastie de chanteuses mexicaines, pleurait le cœur dans la gorge, Lhasa ajoutait de la country, une certaine dose d’hystérie rock, et développait une voix peu commune, barrée Lhasa au festival des Vieilles Charrues, en 2004. DAVID LEFRANC/GAMMA par la respiration et des cassures volontaires. Derrière cet édifice touchant parce que fragile, Yves Desrosiers, ex-comparse du rocker québécois Jean Leloup, avait placé un tamis de banjo, de caisses claires, d’accordéon, de scie musicale, guitare hawaïenne, violoncelle, placé à la manière klezmer ou pan-bulgare. Les textes de Lhasa, écrits en espagnol, avaient du nerf, de la graine de passion. Après le succès de La Llorona, elle s’était installée à Marseille pendant plus de deux ans pour préparer son deuxième album, The Living Road, lancé à Montréal en 2003, interprété cette fois en espagnol, en français et en anglais, et toujours teinté de ses origines bigarrées – du gospel à la ranchera. En 2009, était paru un troisième album, Lhasa, pour lequel une tournée européenne était prévue à l’automne 2009. Mais, en raison de problèmes de santé, elle avait dû l’interrompre en mai après deux concerts en Islande et après avoir présenté son nouvel album au Théâtre Corona, à Montréal, et aux Bouffes du Nord, à Paris. Elle travaillait à un quatrième disque où elle voulait interpréter des chansons des Chiliens Victor Jara et Violeta Parra. Lhasa avait notamment collaboré avec des artistes tels qu’Arthur H, Patrick Watson et les Tindersticks. En 2005, elle avait été sacrée meilleure artiste des Amériques aux Awards for World Music de la BBC. La Llorona, The Living Road et Lhasa se sont vendus à plus d’un million d’exemplaires à travers le monde. p Véronique Mortaigne 26 Météo & Jeux < -10° - 5 à 0° -10 à -5° 0 à 5° Ecrans 5 à 10° 10 à 15° 30 km/h TF 1 Brest -2 0 -4 -2 -2 1 T Orléans -3 -1 Nantes -4 2 0 102 Besançon Clermont-Ferrand Limoges -4 -2 -6 -4 Paris Lyon 0 -3 101 -2 -1 4 Marseille -4 2 -4 0 -1 3 Jours suivants Mardi Nord-Ouest Rome Istanbul Athènes Tunis Tunis 1015 Beyrouth Rabat 4 8 Thalweg Tripoli Tripoli A Dépression Front froid Jérusalem 4 8 -3 0 -2 1 -4 -1 -7 0 -6 -2 -13 -3 -7 2 -6 -2 -8 1 4 8 Amsterdam Athènes Barcelone Belgrade Berlin Berne Bruxelles Budapest Bucarest Copenhague Dublin Edimbourg Helsinki Istanbul Kiev La Valette Lisbonne Ljubljana Londres Luxembourg Madrid Moscou Nicosie Oslo Prague Reykjavik faibleneige -2 0 assezensoleillé 13 15 bienensoleillé 2 6 cielcouvert 6 10 faibleneige -2 1 faibleneige -5 -3 faibleneige -2 -1 pluieetneige 2 5 averseséparses 8 11 cielcouvert 0 1 pluieetneige 0 4 0 2 éclaircies -15 -10 brouillard averseséparses 12 16 1 3 pluiemodérée averseséparses 10 12 6 12 faiblepluie -1 3 pluieetneige 0 1 pluieetneige -5 -4 faibleneige aversesdeneige -4 5 -15 -13 éclaircies 16 20 éclaircies -7 -4 brouillard -5 -4 neigesoutenue 6 7 pluieetneige brouillard cielcouvert assezensoleillé brouillard bienensoleillé pluiemodérée neigesoutenue cielcouvert neigesoutenue pluieetneige -10 5 4 -5 -8 7 -6 -2 -10 0 -8 9 10 -4 -6 9 -3 0 -8 4 Alger assezensoleillé Amman bienensoleillé Bangkok assezensoleillé Beyrouth éclaircies Brasilia éclaircies Buenos Aires beautemps Dakar assezensoleillé Djakarta orageux Dubai beautemps Hongkong faiblepluie Jérusalem bienensoleillé Kinshasa averseséparses Le Caire beautemps Mexico cielcouvert Montréal éclaircies Nairobi averseséparses 2 11 23 20 19 21 22 26 18 17 17 24 12 5 -21 15 11 24 33 24 28 33 29 30 24 20 22 31 28 14 -12 24 Riga Rome Sofia Stockholm Tallin Tirana Varsovie Vienne Vilnius Zagreb FRANCE 3 Dans le monde New Delhi New York Pékin Pretoria Rabat Rio de Janeiro Séoul Singapour Sydney Téhéran Tokyo Tunis Washington Wellington beautemps beautemps éclaircies assezensoleillé faiblepluie risqueorageux brouillard assezensoleillé bienensoleillé bienensoleillé assezensoleillé averseséparses beautemps aversesmodérées Cayenne Fort-de-Fr. Nouméa Papeete Pte-à-Pitre St-Denis aversesmodérées bienensoleillé averseséparses risqueorageux assezensoleillé éclaircies Outremer 7 21 -7 -3 -10 -3 15 24 8 15 26 33 -9 1 26 31 21 31 0 11 4 9 5 10 -8 -1 11 18 24 27 24 27 26 26 26 27 25 28 27 29 Météorologue en direct au 0899 700 703 1,34 € l’appel + 0,34 € la minute 7 jours/7 de 6h30-18h 1 4 2 6 Ile-de-France -5 -1 0 3 2 3 Nord-Est -8 -3 -5 -1 -2 0 DUBAÏ PLUS SOUVENT 12 by Sud-Ouest -4 3 3 10 5 10 Sud-Est -3 4 3 5 4 5 20.35 Football. Coupe de France (32es de finale). En direct. 22.40 Le Plein de buts. Magazine. 23.15 et 1.10 Soir 3. 23.35 Mad Max p Film George Miller. Avec Mel Gibson (Australie, 1979, 90 min) W s. CANAL + VOL S PAR SEMAINE Film Christophe Barratier. Avec Gérard Jugnot, François Berléand (Fr. - All. - Sui., 2004) s. 22.10 Faites entrer l’accusé. Jacques Plumain, le fantôme de Kehl U s. 23.35 Journal, Météo (15 min). FRANCE 3 20.35 Inspecteur Barnaby. Série. Danse avec la mort. Avec John Nettles, Laura Howard, Jane Wymark (GB, 2006) U s. 22.15 et 1.50 Soir 3. 22.40 7 à voir. La relève. Magazine. Invités : Benjamin Lancar, Lauriane Deniaud, Marie Bové, Alain Dolium s. 0.01 Journal d’une fille perdue ppp Film Georg Wilhelm Pabst. Avec Louise Brooks, Josef Rovensky (All., 1929, muet, N., 130 min). CANAL + 20.45 Rugby. Championnat Top 14 (18e journée) : Toulouse - Clermont-Auvergne. En direct. 22.35 L’Equipe du dimanche. Magazine. 23.40 Ramène tes fesses... à Copenhague. Documentaire (40 min) s. ARTE 20.45 L’Aventure humaine. M6 Série. Cobayes. Après la guerre (saison 5, 19 et 20/23, inédit) U ; A toute vitesse U. Le Chemin de croix V. Avec Michael Stahl-David (2008) s. 23.40 Afterlife. Série. Do l’enfant do V. Dans la peau de l’autre U (S2, 3-4/8, 100 min) s. Au dé départ de Paris. by Air France : signé Air France. 20.35 Les Choristes Film Neil LaBute. Avec Samuel L. Jackson, Patrick Wilson (Etats-Unis, 2008) U s. 22.40 Kali. Série [1 à 3/3] U s. 23.55 Mes stars et moi Film Laetitia Colombani. Avec Kad Merad, Catherine Deneuve (France, 2008, 85 min) s. 20.40 Numb3rs. airfrance.fr FRANCE 2 20.50 Harcelés Les Rois mages Sur les traces du mythe (2008). 21.35 Louise de Prusse. Documentaire. 22.30 Boum ! Film Alain Gsponer. Avec Katja Riemann (All. - Suisse, 2006, 100 min) s. Mercredi Jeudi -5 1 Invités : Sylvie Vartan, Eddy Mitchell, Madness, Garou, Collectif Métissé, Patrick Topaloff... s. 22.50 On n’est pas couché. Invités : Chantal Jouanno, Nicolas Rey, Kamini, Cristiana Reali et Pierre Cassignard... s. 1.25 L’Objet du scandale. Invités : Catherine Breillat, Jacques Weber... (120 min) s. Le Caire CANADA Abondantes précipitations près des côtes occidentales Lundi On retrouvera un ciel souvent gris sur la moitié nord de la France, ainsi que de Rhône-Alpes au Midi-Pyrénées et sur le Pays Basque en passant par le Massif Central. Quelques flocons tomberont parfois sur ces régions. Des éclaircies se développeront en revanche du Pays Nantais au Bordelais et le mistral nettoiera le ciel en Méditerranée. D Film Louis Leterrier et Corey Yuen. Avec Jason Statham, Shu Qi, Matt Schulze (2002) U s. 22.30 Les Experts. Série. Drôle d’endroit pour des rencontres. Fou furieux (S7, 3 et 4/24) V ; Le Mystère de la chambre forte (S3, 23/23, 145 min) U s. 20.35 Les Années bonheur. Bucarest Ankara Séville Occlusion Lever 04h43 Coucher 13h01 Lever 08h42 Coucher 17h13 10Sofia 05 Lisbonne Lisbonne Front chaud Ajaccio 80 km/h Températures à l’aube 1 22 l’après-midi Aujourd’hui Anticyclone Duel homme/femme. Jeu. Invités : Eve Angeli, Dave, Christine Bravo, Catherine Laborde... 23.10 New York unité spéciale. Série. Egoïste U. Enfants des rues V (saison 10, 19/22, inédit ; saison 9, 11/19) s. 0.45 Affaires non classées. Série. La Marque du diable [1 et 2/2] (saison 1, 3 et 4/8). Avec Amanda Burton (115 min) V s. FRANCE 2 Odessa D Zagreb Belgrade Alger En Europe -1 3 TF 1 20.45 Le Transporteur p Budapest Madrid Nice Perpignan St-Guillaume Coeff. de marée 45 D 10 15 A Montpellier Kiev Milan Barcelone Barcelone -3 -1 -3 2 Biarritz Dimanche10janvier 20.45 Le Grand Quiz du cerveau. Munich Vienne Berne 0 1010 Chamonix 1000 -8 -4 05 10 Bordeaux Toulouse 15 10 101 Grenoble 10 km/h Bruxelles -5 -3 T Moscou Copenhague Minsk Amsterdam Berlin Varsovie Prague Londres -4 -2 -4 1 15 km/h -4 -2 Dijon Poitiers Dublin Strasbourg Rennes St-Pétersbourg Riga Edimbourg 1030 1025 Metz 1005 Helsinki Oslo Stockholm 1035 -3 -2 PARIS -1 2 3 A Châlonsen-champagne -3 -1 1 www.meteonews.fr -3 1 Caen Les soirées télé > 35° Samedi9janvier Amiens Rouen 30 à 35° Reykjavik -2 0 45 km/h 25 à 30° 10.01.2010 12h TU Lille 0 2 20 à 25° En Europe Dimanche 10 janvier 2010 Le froid persiste Cherbourg 15 à 20° 0123 Dimanche 10 - Lundi 11 janvier 2010 ARTE 20.39 Thema. De la CIA à la NSA. 20.45 Les Trois Jours du Condor pp Film Sydney Pollack. Avec Robert Redford, Faye Dunaway, Cliff Robertson (Etats-Unis, 1975) s. 22.35 NSA, l’agence de l’ombre Documentaire s. 23.30 Sting. A Winter’s Night (GB, 2009). 0.30 La Lucarne. Les Shawaks d’Anatolie (2008, v.o., 95 min). M6 20.40 Zone interdite. Comment vivre quand on a perdu la mémoire ? s. 22.45 Enquête exclusive. Au cœur des urgences de nuit (80 min) U s. Les jeux Mots croisés n˚10-009 Sudoku n˚10-009 7 Retrouvez nos grilles sur www.lemonde.fr 1 2 3 4 5 6 7 8 9 3 Solution du n˚10-008 1 9 10 1 1 12 I 1 2 7 8 II 7 III 3 IV 2 6 7 9 1 9 5 4 2 5 4 6 7 8 3 9 1 7 9 6 3 2 1 5 8 4 1 3 8 9 4 5 7 6 2 9 8 3 4 1 2 6 5 7 5 2 7 8 6 3 4 1 9 4 6 1 7 5 9 2 3 8 3 7 5 1 8 4 9 2 6 6 1 9 2 3 7 8 4 5 8 4 2 5 9 6 1 7 3 Expert Complétez toute la grille avec des chiffres allant de 1 à 9. 2 3 Chaque chiffre ne doit être utilisé qu’une 6 9 5 seule fois par ligne, par colonne et par 8 5 carré de neuf cases. http://yangeorget.blogspot.com/2009/12/sudokus.html V VI VII VIII IX Euro Millions X Résultats du tirage du vendredi 8 janvier. Horizontalement I. Brève rencontre dans la confusion. II. Pour obtenir un maximum de liquide. Descend des Grisons. III. Prépare le chanvre. Vient du fond des fosses. IV. Renforce les bordures. La rousse est printanière. V. Ouverture de gamme. Les autres chez Jean-Paul. Dans l’erreur. VI. Solitaire qui n’aime pas rester seul. Suit le vu. Rend le renvoi plus difficile. VII. Souple et vif. Le ciel des poètes. VIII. Homme d’étude. Négation. IX. Au cou des belles Tahitiennes. Dans les Alpes avant J.-C. X. Se font souvent dans le désordre. Verticalement 1. Un tube qui peut faire des succès. 2. Protection en surface. Descend du Jura. 3. Bonne fortune d’hier. Pour refermer. 4. Refuge. Assura les affaires. 5. Leur place est à la cuisine. 6. Au service des travailleurs… en principe. Annonce sur le tapis. 7. Fait la tête. Irlande des poètes. 8. Saleté. Entre en résistance. 9. Peut dire n’importe quoi. A perdu sa fraîcheur. 10. Fait passer un bon moment. Fermez aux bouts. En tenue. 11. Ouvre la porte des cabinets. Assure le rapprochement. 12. Chargées à l’intérieur. Philippe Dupuis Solution du n° 10 - 008 Horizontalement I. Lance-pierres. II. Epeires. Eole. III. Ipomée. Ségur. IV. Tune. RTT. NEP. V. Mi. Naguère. VI. Etayera. An. VII. Tige. Nuement. VIII. IV. Rets. Puni. IX. Vagir. Eue. En. X. Enregistrées. Verticalement 1. Leitmotive. 2. Appui. Ivan. 3. Néon. Eg. Gr. 4. Cimenterie. 5. Ere. Aa. Erg. 6. Peer Gynt. 7. Is. Tueuses. 8. Stère. Ut. 9. Rée. Ramper. 10. Rogne. Eu. 11. Elue. Année. 12. Serpentins. 4, 5, 14, 44, 46, 8 e et 9 e Rapports : 5 numéros et e e : pas de gagnant ; 5 numéros et e : 840 125 ,40 ¤; 5 numéros : 158 942,60 ¤ ; 4 numéros et e e : 8 962 ,90 ¤ ; 4 numéros et e : 325,50 ¤ ; 4 numéros : 145,50 ¤ ; 3 numéros et e e : 107,10 ¤ ; 3 numéros et e : 31,20 ¤ ; 3 numéros : 17,80 ¤ ; 2 numéros et e e : 32,70 ¤ ; 2 numéros et e : 9,80 ¤ ; 1 numéro et e e : 14,10 ¤. Les résultats du Loto sont publiés dans nos éditions datées dimanche-lundi, mardi, mercredi et vendredi. Tous les jours Mots croisés et sudoku ; Samedi daté dimanche-lundi Echecs Rédaction : 80, boulevard Auguste-Blanqui,75707 Paris Cedex 13 Tél. : 01-57-28-20-00 ; télex : 202806F ; télécopieur : 01-57-28-21-21 Courrier des lecteurs : par télécopie : 01-57-28-21-74 ; Par courrier électronique : [email protected] Médiatrice : [email protected] Abonnements : par téléphone : de France 0-825-000-778 (0,15 TTC/min) ; de l’étranger : (33) 3-44-31-80-48. 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Leur match en finale des prétendants au titre mondial à Belgrade en 1977 fut l’un des duels les plus dramatiques de l’histoire du jeu. Cette rencontre fut notamment le théâtre d’une célèbre anecdote. En milieu de match, alors qu’il était largement mené après un départ calamiteux, Spassky prit une curieuse habitude. Au lieu de rester sur scène comme cela était la coutume, il s’assit dans la salle parmi les spectateurs, suivant sa propre partie depuis l’échiquier de démonstration. Il ne revenait faire face à Kortchnoï que pour jouer ses coups, avant de retourner s’asseoir dans le public. Désarçonné par ce comportement, Kortchnoï perdit plusieurs parties d’affilée avant de demander un time-out pour raisons médicales, arguant non sans humour qu’il avait des problèmes de vision, car il ne voyait plus son adversaire. Kortchnoï remporta finalement ce match, qui le qualifia pour le championnat du monde de 1978 contre Anatoli Karpov. Trentedeux ans plus tard, les anciens rivaux se retrouvaient pour un match amical en huit parties. Kortchnoï, toujours aussi alerte à 78 ans, fut le premier à ouvrir le score dès l’entame du match. Spassky égalisa lors de la partie suivante. Kortchnoï-Spassky, Elista (5e partie), 2009 : 1. c4, e5 ; 2. Cc3, Cc6 ; 3. Cf3, Cf6 ; 4. a3, d5 ; 5. c×d5, C×d5 ; 6. Dc2, Fe7 ; 7. e3, a6 ; 8. Fc4, Cb6 ; 9. Fd3 (une conception originale, mais qui sera magistralement réfutée par Spassky), Dd7! ; 10. b3? (ne voyant pas venir le danger, Kortchnoï poursuit son développement. Il était encore temps de battre en retraite par 10. Fe2, f5 ; 11. d3), f5 ; 11. e4, g5!! (la superbe pointe du jeu noir); 12. e×f5, g4 ; 13. C×e5 (un sacrifice désespéré, mais l’alternative13. Cg1, Cd4 n’était guère meilleure), C×e5 (en trois coups brillants, Spassky a obtenu une position gagnante); 14. Fe4, Cc6 ; 15. Ce2, Ff6 ; 16. Tb1, Dd6 ; 17. h3, g×h3 ; 18. T×h3, Fd7 ; 19. Td3, Df8 ; 20. F×c6, F×c6 ; 21. Te3+, Rd7 ; 22. Fb2, Cd5 ; 23. Dd3, F×b2 ; 24. T×b2, D×a3 ; 25. Tc2, Tae8 ; 26. Dd4, Rc8, et les Blancs abandonnèrent. Après une victoire supplémentaire de chaque côté, la rencontre s’acheva finalement sur le score équitable de 4 points partout. Problème n˚218 (problème de Vilner [1925] et Tkatchenko [2009]) : les Blancs jouent et font mat en trois coups ***. 8 7 6 5 4 3 2 1 a b c d e f g h Solution du problème n˚217 : 1. F×g6+!, et les Noirs abandonnèrent, puisque, après 1. …, R×g6 ; 2. D×c2, la tour noire en e4 est clouée. Joël Lautier Carnet 27 0123 Dimanche 10 - Lundi 11 janvier 2010 AU CARNET DU «MONDE» Décès Elisabeth Elefant-Amoura, son épouse, Agathe, Elvire et Lise, ses filles, Zahra Amoura, sa mère, Hadi, Zahia, Youcef, Zahir, Lila, Saïd et Larbi, ses frères et ses sœurs, Toute sa famille Et ses amis, ont l’immense chagrin de faire part du décès de Aïssa AMOURA, le samedi 2 janvier 2010, à l’âge de cinquante-deux ans. L’inhumation aura lieu lundi 11 janvier, à 14 h 45, au cimetière du Montparnasse, 3, boulevard Edgard Quinet, Paris 14e. Ceux qui le souhaitent pourront apporter quelques fleurs blanches. Cet avis tient lieu de faire-part. Madeleine Arthuys, son épouse, Sophie, Bertrand, ses enfants, Joachim, Ruben, Thomas, Simon, Clara, Julie, Léo, Paul, ses petits-enfants, ont la tristesse de faire part du décès de Philippe ARTHUYS, survenu le 6 janvier 2010. Une cérémonie aura lieu à PonlatTaillebourg en Haute-Garonne, en la chapelle Saint-Jean, suivie de l’inhumation au cimetière, le lundi 11 janvier, à 11 heures. Cet avis tient lieu de faire-part. Saint-Martin de Castillon. Apt. Paris. Mme Jacques Bruant Et ses enfants font part du décès de M. Jacques BRUANT, directeur des Cours Bruant-Pollès, à Paris de 1963 à 1996. survenu le 12 décembre 2009, en Avignon. Mme Jean Carlen, née Geneviève Helmer, Mme Liliane Carlen-Chevrou, M. Patrice Carlen-Helmer, et leurs conjoints, Christian et Laurence, leurs petits-enfants et enfants, Agnès, Sabine, Jérôme, Thomas et Astrid Ainsi que toute leur famille, font part de la disparition de M. Jean CARLEN, ancien chef des Services artistiques de FR3 à Lyon, survenue le 6 janvier 2010, jour de l’Epiphanie, dans sa quatre-vingt-dixième année. La cérémonie religieuse sera célébrée le lundi 11 janvier, à 15 h 30, en la chapelle du cimetière Saint-Jean à Mandelieu, suivie de l’inhumation. La famille remercie celles et ceux qui pourront ou souhaiteront s’associer à son espérance. Cet avis tient lieu de faire-part et de remerciements. Gilles et Marie-Claude Charaire, Claude et Philippe Charaire Goubaux, ont la tristesse de faire part du décès de Mme Véronique CHARAIRE, née KOVACS, survenu en son domicile, le 30 décembre 2009. La cérémonie religieuse a été célébrée le mercredi 6 janvier 2010, en l’église Saint-Germain-des-Prés, Paris 6e, suivie de l’inhumation au cimetière du Montparnasse, Paris 14e. 126, quai Louis Blériot, 75016 Paris. Mme René DEVILLER née Andrée PICQUET, veuve en première noce du capitaine Robert BATTISTELLI, s’est éteinte le 8 janvier 2010, à Paris, à presque cent deux ans. La célébration d’Adieu aura lieu le mardi 12 janvier, à 14 h 30, à Notre-Dame de l’Assomption, Paris 16e (métro Ranelagh). Geneviève (†) et Louis (†) Roule, Jean et Marie-Renée Deviller, Jacques et Nicole Deviller, Marie-Dominique et Félix Martin et leurs familles, Les familles Picquet, Théry et Battistelli. [email protected] Laurent et Hélène Ryckelynck, son fils et sa belle-fille, Eva et Léa Ryckelynck, ses petites-filles, Lionel et Sylvie Chouchan, Anne Chouchan, Denise Daubresse, son frère et ses belles-sœurs, Jérôme et Massako Chouchan, Laure Chouchan, Olivia et Andrea Calamai, Thomas et Marie-Anne Chouchan, ses neveux et nièces, Françoise et Jean-Louis Baril, Renaud et Martine Ryckelynck, Isabelle Carnoy, ses beaux-enfants et leurs conjoints, Les familles Chouchan, Piermont, Ryckelynck, Baril, Carnoy, Ses amis, Bertrand Weil, son frère, Françoise Klotz, sa belle-sœur, Rémi et Danièle, Chantal et Alain, Didier et Véra, ses enfants, Tous ses petits-enfants, arrière-petitsenfants, neveux et nièces, ont la tristesse de faire part du décès de Anne Marie KLOTZ, née WEIL, survenu le mercredi 6 janvier 2010. Les obsèques auront lieu dans l’intimité familiale. ont la tristesse de faire part du décès de Simone SOUCHI, épouse RYCKELYNCK, résistante, créatrice d’entreprise, artiste, le 6 janvier 2010, dans sa quatre-vingt-septième année. Ceux qui le souhaitent pourront lui rendre un hommage au crématorium du cimetière du Père-Lachaise, salle de la Coupole, Paris 20e, entrée Gambetta, le mardi 12 janvier, à 14 h 10. Gustave Girardot a la douleur de faire part du décès de son compagnon Jean-Antoine CLEMENTE, survenu à Nice, le 3 janvier 2010. Né à Barcelone le 8 décembre 1920, enfant de la République espagnole qui l’avait mobilisé avec la classe dite « Biberon » en 1937, blessé sur le front de l’Ebre, réfugié en France et interné au camp de Barcarès en février 1939, puis « résident privilégié », participe à la résistance dans le Var et au débarquement de Provence et enfin, naturalisé français en 1970 et Pacsé dès décembre 1999, il était toujours resté fidèle aux idéaux de cette République tout en soutenant les luttes tant pour l’égalité sociale que pour la libération sexuelle. « Verde que te quiero verde » Romancero Gitano. Federico Garcia-Lorca. Après l’incinération opérée le lundi 11 janvier, dans la plus stricte intimité, ses cendres seront, selon ses volontés, répandues dans la Méditerranée « Mare Nostrum ». 191, rue Saint Charles, 75015 Paris. 47 ter, rue du Maréchal Joffre, 06000 Nice. Verrières-le-Buisson (Essonne). Cécile, Jacques, Danielle Fournier et leurs conjoints, Gabriel, Diane, Nicolas et Héloïse, ses enfants et ses petits-enfants, ont la tristesse de faire part du décès de M. Paul FOURNIER, survenu le jeudi 31 décembre 2009, à l’âge de quatre-vingt-sept ans. Selon ses souhaits, les obsèques ont eu lieu dans l’intimité familiale. 6, avenue du Général Leclerc, 91370 Verrières-le-Buisson. Marylise Lebranchu, députée, Liliane Guevel, Françoise Garnier, Thomas Puijalon, Mathilde Casteran, sont profondément tristes de faire part du décès accidentel de Rennes. Paris. Jacqueline Le Nail, son épouse, Mari, Donasian et Aziliz, ses enfants, Pierre et Marie-Madeleine Le Nail, ses parents, Elisabeth et Bertrand Cavalier, Françoise et Emmanuel Hedde, Denis et Isabelle Le Nail, Jean-Marie et Claire Le Nail, Pierre et Marie-Joseph Hérault, ses beaux-parents, Christine et Jean-Pierre Hérault, Marie-Claude et Bruno Reucheron, Sylvie et Christophe Hérault Et tous ses neveux et nièces, petits-neveux et petites-nièces, recommandent à votre prière Bernard LE NAIL, HEC 70, secrétaire général du CELIB (1979 - 1983), directeur de l’Institut culturel de Bretagne (1983 - 2000), éditeur (Les Portes du large, depuis 2001), décédé le 5 janvier 2010, à l’âge de soixante-trois ans. Les obsèques ont été célébrées le vendredi 8 janvier, à 14 heures, en l’église Saint-Clément (Rennes, quartier Cleunay). La famille remercie le personnel hospitalier des services d’urgence et de réanimation chirurgicale de Pontchaillou (Rennes). Marie Renée LE GRAND, nous a quittés le 31 décembre 2009, au Caire. Elle participait à la Marche pour la liberté et la paix à Gaza. Molitg-les-Bains. Levallois-Perret. Philippe Leroux, son fils, Sylvie Leroux-Triail, sa belle-fille, Angéline, Cyprien, Agathe, ses petits-enfants, ont la tristesse de faire part du décès de Marcel LEROUX, survenu le 3 janvier 2010, à l’âge de quatre-vingt-cinq ans. Il repose en paix auprès de son épouse, Geneviève. Les obsèques ont eu lieu le 8 janvier, suivies de l’inhumation au cimetière de Molitg-les-Bains. 18, carrer d’Amunt, 66500 Molitg-les-Bains. Notre globe-trotter Michel Pierre ROUSSEAU, kinésithérapeute, géographe et historien, leur collaborateur, collègue et ancien collègue, à l’âge de trente-deux ans. nous a quittés soudainement à l’âge de soixante ans, le 5 janvier 2010, pour un long voyage. Il sera dans nos cœurs et pensées pour toujours. Grenoble. Anne, son épouse, Marie-Odile, Laurence, Hélène, Olivier, ses enfants, Ses petits-enfants, Sylvie, Roland, Béatrice, ses beaux-enfants et leurs enfants, Mme Simone Chappellon, sa sœur, ont la douleur de faire part du décès du docteur Robert HUGONOT, professeur à l’université de médecine, officier de la Légion d’honneur, commandeur dans l’ordre du Ouissam Alaouite, à l’âge de quatre-vingt-sept ans. ont la tristesse de faire part du décès, à l’âge de cinquante-huit ans, du docteur Dominique MEYNIEL, praticien responsable du pôle urgences et médecine de l’hôpital Tenon, chevalier de la Légion d’honneur. Urgentiste passionné, il a contribué par son action tant au sein de l’AP-HP qu’au niveau national à la profonde modernisation des urgences hospitalières. Admirable médecin, il était pour tous un exemple d’humanisme, d’ouverture aux autres, de générosité, de créativité, de capacité à rendre les relations humaines chaleureuses et constructives, amenant chacun à donner le meilleur de soi-même au service des malades. Ils expriment leurs vives condoléances Le président de l’université Paris Descartes, Le doyen de la Faculté de médecine, L’ensemble de la Communauté médicale, ont la tristesse de faire part du décès, le 22 décembre 2009, de Michel PAILLARD, professeur de physiologie, ancien doyen de la Faculté de médecine Broussais - Hôtel Dieu, ancien chef de service des explorations fonctionnelles de l’hôpital européen Georges Pompidou. Ils expriment leurs sincères condoléances à sa famille et à ses proches. A Jeanne Moreau. Je suis mort hier. Votre souvenir m’accompagne réchauffe mon cœur désemparé. A vous pour l’éternité, psychologue - psychanalyste, ancienne syndicaliste agricole, Hervé LE BORGNE, Les obsèques civiles auront lieu le lundi 11 janvier 2010, à 15 heures, en la salle municipale de Ploujean, à Morlaix (Finistère). Le président du conseil d’administration de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris, Le directeur général de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris, Le président de la Commission médicale d’établissement de l’Assistance publiqueHôpitaux de Paris Et toute la communauté hospitalière de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris, Marina, son épouse, Jeannine, sa sœur, Daniel, leurs enfants et petits-enfants, Idir, son fils spirituel, Brigitte et leurs enfants, Roulla, Hassan et leur fils, Andreas, Koulla et leur fils, Georgina, Kypros et leurs enfants, Toute sa famille Et amis d’ici et d’ailleurs. La cérémonie religieuse sera célébrée le lundi 11 janvier, à 14 h 30, en la chapelle de « Ma Maison », les Petites Sœurs des Pauvres, 10, rue Gandolière, Lyon 3 e, suivie de l’incinération à 16 heures, au crématorium de la Guillotière, 177, avenue Berthelot, Lyon 7e. David SARKISYAN. Les amis Et les collègues de David SARKISYAN, directeur du musée d’architecture de Moscou, ont la douleur de faire part de son décès survenu le 7 janvier 2010, à Munich. me M Philippe Séguin, son épouse, Patrick Séguin et Sandrine Nunez, Catherine Séguin et Pierre-François Decouflé, Pierre et Claire Séguin, Anne-Laure Séguin, ses enfants et leurs conjoints, Alexandre, Héloïse, Adrien, Juliette, Aurélien et Pauline, ses petits-enfants, M. Dominique Pasqualini et Mme Abigaïl Lang, M. et Mme Frédéric Pasqualini, ses frères et belles-sœurs, Mme Bernadette Hauradou, sa tante Et toute sa famille, ont la tristesse de faire part du décès de M. Philippe SÉGUIN, Premier président de la Cour des comptes, ancien ministre, ancien président de l’Assemblée nationale française, ancien député des Vosges, ancien maire d’Épinal, grand croix de l’ordre national du Mérite. La cérémonie religieuse sera célébrée le lundi 11 janvier 2010, à 15 heures, en la cathédrale Saint-Louis-des-Invalides, Paris 7e. L’inhumation aura lieu au cimetière de Bagnols-en-Forêt (Var), dans l’intimité familiale. Juan Somavia, directeur général du Bureau international du travail, Jean-François Trogrlic, directeur du Bureau de l’OIT en France, Les memebres du personnel, ont appris avec grande tristesse la disparition de Philippe SÉGUIN, ancien représentant du Gouvernement français au conseil d’administration du BIT, président du conseil d’administration de 2004 à 2005, La cérémonie religieuse sera célébrée le mardi 12 janvier 2010, à 10 h 30, en l’église Saint-Louis de Grenoble, suivie de la crémation dans l’intimité familiale. Ni fleurs ni couronnes mais plutôt vos dons seront versés aux Petites Sœurs des Pauvres, à l’association RETINA France et au Centre de la lutte contre le cancer Léon Bérard. décédé le 7 janvier 2010. Un recueil de dons sera disponible au profit de l’association PHARES. Dans l’attente de la cérémonie, il repose à l’hôpital Edouard Herriot, à Lyon 3e. Ils présentent à sa famille et à ses proches leurs sincères condoléances. Les membres fondateurs, Le Bureau Et les adhérents du Club Valmy, rassemblé autour des valeurs qu’il portait, ont la grande tristesse de faire part de la disparition de Philippe SÉGUIN, Premier président de la Cour des comptes, ancien ministre, ancien président de l’Assemblée nationale. Ils s’associent à la peine de sa famille et de ses proches et leur présentent leurs profondes condoléances. Le conseil d’administration de l’association d’amitié « Comité France-Turquie » a le très grand regret de faire part du décès de son président d’honneur Philippe SÉGUIN, admirateur de Mustafa Kemal Atatürk et grand ami de la Turquie. Marc Bernardin, président. (Le Monde du 9 janvier.) Marie-Danièle Wanecq, son épouse, Jean et Gertraud Wanecq, son frère et sa belle-sœur, Jean-Louis et Martine Wanecq, Henri et Virginie Wanecq, François et Marguerite Wanecq, ses fils et belles-filles, Perrine Wanecq et Matthieu Bergon, Matthieu et Rosa Wanecq, Thomas, Florent et Adrien Wanecq, Caroline et Benoit Pailloux, Charles-Antoine et Camille Wanecq, Justin et Joséphine Wanecq, ses petits-enfants, Lou, Emma, Prune, ses arrière-petites-filles, Alexandre et Florence Laurent, Stéphane et Sophie Laurent, Raphaële et Philip Roffey, ses beaux-enfants et leurs enfants, Valentin et Oscar Laurent, Romain, Arthur et Annabelle Laurent, Constant, Clémence et William Roffey, Anne Waton, son épouse, Eric Waton et Kevin Waton et sa mère, ses fils, Nicholas et David, ses petits-fils, André, Nathalie et Esther Castagné, ont la tristesse de faire part de la disparition de Christian WATON, écrivain, scénariste, dialoguiste, survenue le 5 janvier 2010, dans sa quatre-vingt-deuxième année. Une bénédiction sera donnée en l’église Notre-Dame d’Auteuil, le lundi 11 janvier, à 10 h 30. L’inhumation se fera au cimetière Saint-Lazare, à Montpellier, le mardi 12 janvier, à 14 h 30. 135, rue de Sèvres, 75006 Paris. 4, rue Aubriot 75004 Paris. 21, rue Pierre Guérin, 75016 Paris. Nantes. Le docteur Samuel Zupnik, son époux, David et Myriam, ses enfants, Hannah, sa petite-fille adorée, ont l’immense tristesse de faire part du décès de Agnès Chantal ZUPNIK, née REYMINGER, survenu le 7 janvier 2010, à l’âge de soixante-dix ans. Un dernier hommage lui sera rendu le jeudi 14 janvier, à 14 h 45, au crématorium du cimetière-parc de Nantes. Cet avis tient lieu de faire-part et de remerciements. Anniversaires de décès Il y a dix-sept ans, Xavier CORMENIER nous quittait. Les familles Fournier, Duflocq, Gauthier, Le Guay, Parayre, Chaufour, Jauny, Pellissier, ses beaux-frères et belles-sœurs Et toute la famille, Avec celui que nous aimons nous avons cessé de parler et ce n’est pas le silence. Gérard Lavergne. ont la douleur de faire part du décès de M. Claude WANECQ, architecte DPLG honoraire, survenu le 6 janvier 2010, dans sa quatre-vingt-neuvième année. La cérémonie religieuse sera célébrée le lundi 11 janvier, à 14 h 30, en l’église Saint-Pierre, 90, avenue du Roule, à Neuilly-sur-Seine. Cet avis tient lieu de faire-part. 3, rue Edouard Nortier, 92200 Neuilly-sur-Seine. Elias HARRUS, 10 janvier 2008 - 10 janvier 2010. La douleur de l’absence. La douceur du réconfort : Il nous accompagne au quotidien. « Le vrai tombeau des morts c’est le cœur des vivants ». Sarita, sa femme, Ses petits-enfants, Ses arrière-petits-enfants, Sa famille. 28 0123 Dimanche 10 - Lundi 11 janvier 2010 La France a peur, la France épargne Economie Pierre-Antoine Delhommais A u-delà de la chance unique que représente le fait de pouvoir décrire en direct un événement historique, il y a, pour les journalistes économiques, depuis le début de la crise des subprimes, une satisfaction toute particulière. Presque un petit goût de revanche. C’est d’être (mieux/enfin?) considérés par leurs confrères travaillant dans des domaines autrement plus nobles et prestigieux. Les relations internationales sont essentielles, bien sûr, tout est naturellement politique, tout est probablement écologique, mais, sûrement et définitivement, tout est économique. A commencer par les préoccupations des citoyens. Américains, Chinois, Russes, Espagnols, Allemands, Grecs, Islandais, Dubaïotes, pour tous, c’est ça aussi la mondialisation, le podium des tracas est le même. En un l’économie, en deux l’économie et en trois l’économie. Les Français ne font pas exception. Leur première inquiétude, pour 2010, selon un sondage Harris Interactive pour RTL : la dégradation du marché de l’emploi (69 %), contre 33 % pour les conséquences du réchauffement climatique et 18 % pour la menace terroriste. Leurs raisons d’espérer ? La reprise économique (64 %) – pauvres Français, qui n’ont pas encore été touchés par la grâce de la décroissance –, puis la hausse du pouvoir d’achat (57 %) – ,pauvres Français, qui n’ont toujours pas compris que consommer c’est pécher. Loin, loin derrière, la prise de conscience des enjeux écologiques, avant une hypothétique victoire de la France à la Coupe du monde de football. Billet Robert Solé Génie français On peut voir dans cette hiérarchie la confirmation déprimante que l’intérêt personnel l’emporte sur l’intérêt collectif ou au contraire le signe encourageant, comme diraient les Anglais, que l’église est remise au milieu du village. Au final, les Français se disent en majorité optimistes (60 %) pour 2010. Optimistes, mais précautionneux. En 2009, le taux d’épargne des ménages a progressé de 2 points, pour atteindre 17% des revenus, un niveau qu’on n’avait plus vu depuis 1983. Preuve supplémentaire de cette prudence, ce sont des placements extrêmement sûrs que les Français plébiscitent (Livret A et assurance-vie). Première explication, la peur du chômage, qui incite à mettre de l’argent de côté en prévision d’un éventuel coup dur. Deuxième piste – plus polémique –, l’envolée de la dette publique, qui pourrait être à l’origine de cette épargne de précaution, phénomène connu, en science économique, sous le nom d’effet Ricardo-Barro. C’est en 1974 que l’économiste américain Robert Barro publie dans Journal of Political Economy un article qui va faire du bruit: « Are Government Bonds Net Wealth? » Une offensive en règle contre l’activisme budgétaire keynésien, qui prétend stimuler les dépenses privées en creusant les déficits budgétaires. Voilà, en (très) résumé, ce que dit Barro, qui reprend un thème esquissé par David Ricardo au début du XIXe siècle : les agents économiques, rationnels, anticipent que les dépenses publiques financées par l’em- prunt nécessiteront tôt ou tard des hausses d’impôts. En conséquence, au lieu de consommer, ils augmentent leur épargne pour qu’eux-mêmes ou leurs enfants (c’est l’altruisme intergénérationnel) puissent payer ces futurs impôts. Dans ces conditions, les efforts du gouvernement pour doper les dépenses des ménages par l’emprunt sont neutralisés et les relances keynésiennes vouées à l’échec. La dette publique ne peut permettre un accroissement de la richesse privée, elle ne peut avoir aucun effet positif sur la croissance. Depuis que ce théorème a été énoncé il Les agents économiques, rationnels, anticipent que les dépenses publiques financées par l’emprunt nécessiteront tôt ou tard des hausses d’impôts y a trente-six ans, controverses théoriques et évaluations empiriques contradictoires n’ont pas cessé. Avec la crise des subprimes et son caractère extrême, on va peutêtre enfin en savoir plus sur sa validité. En attendant, l’épargne augmente un peu partout dans les pays industrialisés. Aux Etats-Unis, son taux est passé de 0 %, au moment de la faillite de Lehman Brothers, à 7 %, son plus haut niveau depuis quinze ans. Au Royaume-Uni, en un an, il a bondi, sautant d’un taux négatif à près de APRÈS “L’ÎLE” LE NOUVEAU FILM DE PAVEL 6 %. Les Français se situent donc nettement au-dessus – même s’ils sont loin des Chinois (près de 50 %), obligés de mettre de l’argent de côté pour tout; leurs dépenses de santé, leurs retraites, etc. De quoi nourrir l’idée reçue d’une exception française en matière d’épargne, d’une France économe et prévoyante au milieu d’un monde inconséquent vivant à crédit. Idée certes plaisante, mais qui a l’inconvénient de ne pas vraiment se vérifier sur une longue période. La France est en ligne avec les autres grands pays, ses habitants ne sont pas plus fourmis ou cigales que les Allemands ou les Italiens. Mais le mythe d’une France du bas de laine a la vie dure. Il est vrai qu’il a été entretenu dans les manuels scolaires, notamment au travers d’une figure symbolique: celle de Sully, « mythe de l’épargnant modèle», selon l’expression de l’historien Laurent Avezou, avec ses avatars contemporains (Pinay, Balladur). Consécration posthume, le surintendant des finances d’Henri IV prêtera même, en 1939, son effigie à un billet de banque de 100 francs. Michelet, pourtant, avait observé que Sully fut avant tout un homme d’affaires modèle, «un restaurateur admirable de la fortune publique [qui] avait une attention extrême à la sienne. Non qu’il ait volé. Mais il se fit donner beaucoup » . Bien avant Ricardo et Barro, Sully avait compris les liens très étroits entre finances publiques, épargne et création de richesses privées.p Courriel : [email protected] LOUNGUINE CRÉDITS NON CONTRACTUELS - © ALEXANDRA MOROZOVA SI UN PRIX NOBEL de bureaucratie existait, la France n’aurait aucun mal à le décrocher, grâce à l’invention du double trait d’union. L’histoire est très simple. Depuis le 1er janvier 2005, les parents peuvent donner à leurs enfants soit le nom du père, soit celui de la mère, soit les deux. Mais ce nom composé ne peut être transmis à la génération suivante, contrairement à des patronymes établis, comme JoliotCurie ou Ledru-Rollin. Alors, pour éviter la confusion – et c’est là que le génie français se manifeste – une circulaire a imposé, sur les registres d’état civil, un double trait d’union aux bénéficiaires de la loi. Par exemple Dupont--Durand. Trouvant la chose grotesque, des parents ont saisi la justice. Celle-ci a mis cinq ans pour leur donner raison : on va finalement tirer un trait sur le double tiret. Nos nobélisables avaient-ils besoin d’inventer un nouveau signe de ponctuation ? La langue française n’en manque pas. Chaque famille aurait pu choisir le plus adapté à sa situation : Dupont & Durand pour les couples très unis, Dupont ? Durand pour les indécis, Dupont@Durand pour les branchés et, bien sûr, Dupont = Durand pour les défenseurs de la parité. p Le livre du jour Je veux être président! CEUX qui ont côtoyé Jean-François Copé durant ses années lycée et grande école se souviennent d’un élève « un peu fayot », empressé à lever la main et à vouloir participer, et qui agaçait pas mal de monde avec sa prétention à vouloir devenir président de la République. Cette ambition dévorante, quasi obsessionnelle, ne l’a pas quitté. «Je n’ai jamais eu de problème de grosse tête, confie-t-il aux auteurs de Copé, l’homme pressé. Elle était grosse dès le départ.» Le portrait que dressent Solenn de Royer et Frédéric Dumoulin, journalistes respectivement à La Croix et à l’AFP, du député de Seine-et- Copé, l’homme pressé Solenn de Royer et Frédéric Dumoulin L’Archipel, 352 p., 19,95 € Marne, président du groupe UMP de l’Assemblée nationale, maire de Meaux, président de la communauté d’agglomération du pays de Meaux, membre du bureau politique de l’UMP, secrétaire départemental de la fédération UMP de Seine-et-Marne, président-fondateur des clubs Generationfrance.fr et avocat dans le puissant et prestigieux cabinet Gide-Loyrette-Nouel est fidèle, soigné, précis, complexe. A l’image de leur sujet. Aucun des aspects les plus controversés du personnage n’est éludé, à commencer, justement, par le ris- que de mélange des genres entre ces diverses activités, ainsi que son rapport à l’argent, qui peuvent prêter le flanc à la critique sur les plans de la morale et de l’éthique. «Gagner de l’argent, c’est un sujet tabou en France, s’insurge M. Copé. Mais réussir, ça veut dire gagner de l’argent et en être fier. Il faut être capable de parler de tous ces sujets sans états d’âme. » Sans pour autant aller jusqu’à mettre sur la place publique ses revenus, que les auteurs évaluent à 30000 euros mensuels. Plus que le président de la République. C’est un des traits de caractère qui, au fond, rapprochent le patron des députés UMP de celui auquel il aspire à succéder. Entre les deux hommes, en effet, si l’inimitié est réelle, les analogies sont profondes. Ce côté décomplexé – «j’assume» –, cette capacité à rebondir après les échecs ou les faux pas, cette manière très « pro » de faire de la politique, à l’américaine. « JFC» a observé dans les moindres détails tout ce qui a permis à Nicolas Sarkozy d’asseoir sa victoire, il en a assimilé les ressorts. Et c’est avec le même souci d’organisation méthodique qu’il s’applique à en reproduire les mécanismes en vue de 2017, ou… qui sait ? Il veut être prêt à toutes les hypothèses, se rendre incontournable dans tous les cas de figure, quel que soit le scénario. Toujours prêt, au cas où.p Patrick Roger pTirage du Monde daté samedi 9 janvier 2010 : 439 435 exemplaires. 123 Nos abonnés et PAD trouveront avec ce numéro le cahier « TéléVisions ». PIOTR MAMONOV OLEG IANKOVSKI TSAR, UNE ŒUVRE GRANDIOSE LE POINT UNE FRESQUE SPECTACULAIRE TÉLÉRAMA LOUNGUINE, STAR DE TOUTES LES RUSSIES LE NOUVEL OBSERVATEUR BAROQUE, ARDENT, D’UNE ENVERGURE SAISISSANTE PREMIÈRE ### UN FILM PUISSANT ET MAGISTRAL LE FIGARO FLAMBOYANT, BRULANT COMME LA GLACE, INOUI STUDIO CINÉLIVE ### LE 13 JANVIER