«RÉDEMPTION» DE GOUNOD COSTUMES DE THEATRE

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«RÉDEMPTION» DE GOUNOD COSTUMES DE THEATRE
LE PASSE-TEMPS ET LE PARTEEniï REUNIS
«RÉDEMPTION» DE GOUNOD
11 est un peu tard aujourd'hui pour parler, longuement de la belle matinée musicale, donnée dimanche 23 décembre, au
Casino ; nous tenons cependant à en féliciter les organisateurs et tout particulièrement, M. l'abbé Dallery, vicaire à l'Immaculée-Conception, dont le zèle et l'initiative ont eu raison de toutes les difficultés qui s'opposaient — en raison des
ressources relativement restreintes dont
on disposait — à l'exécution d'une œuvre
de cette importance.
La maîtrise paroissiale, admirablement
dirigée par lui, a été le point de départ
d'une interprétation hors ligne qui laissera
dans notre ville le souvenir d'une fête artistique aussi brillamment réussie qu'audacieusement conçue.
L'orchestre de l'ex-société des Concerts
du Conservatoire, sous la direction
d'Alexandre Luigini, était chargé de la
partie instrumentale; les chœurs, ne comprenant pas moins de 175 exécutants,
merveilleusement disciplinés, ont fait
preuve d'une entente parfaite des nuances:
ils ont eu — de l'avis unanime — les
honneurs de la séance.
Les solistes, M lles Mayer et Charvoz,
MM. Garet, de Lagrevol et Thonnérieu
ont droit aux plus sincères éloges.
Nous sommes heureux d'annoncer dès
maintenant — bien que la date n'en soit
pas encore fixée — qu'une seconde audition de Rédemption sera donnée très prochainement.
Il serait à souhaiter que cette seconde
audition fût accompagnée par les grandes
orgues qui mettraient encore mieux en
évidence le caractère essentiellement mystique et symbolique de l'œuvre de Gounod.
X...
COSTUMES DE THEATRE
Nous sommes heureux de reproduire l'article
suivant que notre aimable confrère L'Echo du
Midi consacre aux nombreuses variations que le
costume a subi au théâtre :
On s'est étonné souvent au théâtre, du
mélange de costumes de diverses époques,
fait qui n'est d'ailleurs point sans autre
exemple dans le répertoire classique.
Les spectateurs d'aujourd'hui sont devenus exigeants ; ils l'étaient moins jadis.
Nous ne voulons point parler, bien
entendu, de l'époque lointaine où les
Mystères résumaient naïvement tout l'art
dramatique en France. Nous aurions
d'ailleurs mauvaise grâce à reprocher
aux acteurs du Moyen-Age chargés des
rôles d'Adam et d'Eve de n'avoir imposé
la tradition du costume biblique ; et nous
sourirons moins en pensant que le vénéré
Lazare apparaissait sur les planches vêtu
en chevalier, un oiseau sur le poing, que
le Tout-Puissant portait une riche dalmatique, que la toilette de la pécheresse
Madeleine était celle d'une courtisane du
Moyen-Age, si nous examinons les étranges anomalies qui se sont produites à des
époques glorieuses de la scène française
Sans remonter plus haut que Racine
on ne lit pas sans étonnement que ses
pièces furent jouées en costume de cour.
Le grand tragique connaissait bien l'antiquité ; il s'émut, tenta de réagir contre
des exhibitions burlesques, telles que
celles du célèbre comédien Baron, qui
apparut dans le rôle d'Achille (Iphigénie)
avec des cheveux frisés et bouclés et tint
un rôle dans les Macchabées costumé en
bourgeois de Paris, avec un toquet d'enfant et des manches pendantes.
Une actrice représente Cléopâtre en
costume espagnol ! Les chefs-d'œuvre du
dix-septième siècle se succédèrent sans
rien transformer.
*
Bien des années s'écoulèrent, et les
héros Grecs ou Romains, Turcs ou Perses,n'avaientpas abdiqué la perruque poudrée et le costume de cour ! Rien n'était
changé depuis le jour où Richelieu avait
envoyé à Bellerose un habit de sa garderobe pour jouer le Cid. Cinna portait
encore la fraise plate, le haut-de- chausses
à dentelles, le justaucorps à petites basques, etc. ; les femmes avaient le corsage
court et rond, le sein entièrement découvert, la grande jupe à queue dont l'étoffe
retombait de tous côtés en plis magnifiques, les cheveux crêpés et bouffants!
Voltaire écrit ceci : « On voyait arriver
Auguste {Cinna) avec la démarche d'un
matamore, coiffé d'une perruque carrée
qui descendait par devant jusqu'à la ceinture ; cette perruque était farcie de feuilles de lauriers et surmontée d'un large
chapeau avec deux rangs de plume
rouge. »
Ce n'est point uu acteur, mais Louis XIV
qui, le premier, porta dans les carrousels
un véritable costume d'empereur romain.
Certains tragédiens s'en inspirèrent;
mais les femmes refusèrent de se vêtir à
la grecque où à la romaine, par crainte
d'altérer leur beauté.
M m' Favart, au milieu du siècle dernier,
entreprit de sérieuses réformes. Elle était
idolâtrée du public de la Gomédie-Ita*
lienne. Cependant elle rencontra de sérieuses oppositions des spectateurs.
Avant elle, les actrices représentaient
les soubrettes, les paysannes, la tête surchargée de diamants et gantées jusqu'au
coude ; aussi murmura-t-on lorsqu'elle
parut dans Baslienne habillée de laine,
les cheveux plats, avec une croix d'or,

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