Rencontre avec Raphaele FRIER

Transcription

Rencontre avec Raphaele FRIER
Rencontre avec Raphaële FRIER, auteur
La classe de 4e 1 participe cette année au Prix du Livre Jeunesse de Marseille. Chaque
vendredi, la classe se réunit au C.D.I. avec Mme Guigou et Mme Ayard pour lire, écrire et parler
des livres lus.
Au premier trimestre, les élèves de 4e1 ont lu deux livres de Raphaële Frier : Vol plané et
Vibrations.
Vol plané (Edition Thierry Magnier, 2012) c’est l’histoire d’une adolescente cleptomane qui traverse des
moments difficiles et arrive peu à peu à changer pour se sentir mieux.
Vibrations (Edition talents hauts, 2014) raconte l’histoire d’un harcèlement et d’une agression raciste
filmée sur téléphone portable, le personnage principal prend position et dénonce les responsables…
Nous avons débattu sur ces livres en classe et nous avons eu la chance de rencontrer Raphaële
Frier au C.D.I. du collège le vendredi 9 janvier 2015.
(Cet entretien a été retranscrit par Mme Ayard, relu par Mme Guigou et réécrit par Raphaele Frier.)
Raphaële Frier se présente : elle vit à Marseille, elle est auteur et elle est également maîtresse
d’école dans une classe d’accueil pour des élèves primo-arrivant ne parlant pas encore très bien le
français.
Elle a écrit de nombreux ouvrages pour les enfants et les adolescents :
Je veux un python pour mon anniversaire - Martin et Rosa : Martin Luther King et Rosa Parks, ensemble pour
l'égalité - Un baiser à la figue - Je vous présente Gaston - Tu serais une huître - Vol plané - Vibrations…
Sonia : Connaissez-vous quelqu’un qui est cleptomane ?
Raphaële Frier : La cleptomanie, c’est un trouble, comme une maladie. Oui j’en ai rencontré. C’est
possible de se faire aider quand on a ce problème, et on peut « guérir ».
Mariama : Comment vous vient l’inspiration ?
R.F : Mon inspiration vient comme ça. La vraie inspiration me tombe dessus sans que je m’y attende.
Quand mon esprit se détend, une porte s’ouvre, il faut être très àl’écoute de soi.
Oriana : Est-ce que vous vous êtes inspirée d’une histoire vraie pour vol plané ?
R.F : Oui, c’est parti d’une vraie histoire. Je l’ai écrite en 2011. Un jour, une lycéenne me raconte qu’elle a
été appelée pour apporter du secours à une de ses amies qui avait été arrêtée par un vigile parce qu’elle
avait volé dans un magasin. Beaucoup de ses amies ont organisé une collecte et ont réussi à rembourser
le vol commis. Après j’ai inventé l’histoire du livre, il y a ce passage du vigile qui correspond à ce qu’on
m’a raconté. Pour Vibrations, j’ai imaginé. J’ai forcément entendu parler à la télévision de scènes qui ont
pu se passer ici ou là.
Bilel : Comment vous documentez-vous ?
1
R.F : Comment je me documente ? Il y a des auteurs qui se documentent énormément, moi assez peu.
Mon geste d’écriture c’est comme un jet. Il se trouve que quand j’écris j’ai parfois besoin de documents,
par exemple dans celui qui va bientôt être publié, il y a un bâtiment qui explose. C’est une destruction
programmée pour une restructuration de cité. J’ai eu besoin de voir combien de temps mettaient des
tours pour tomber. Pour écrire mon livre Martin et Rosa, je me suis beaucoup documentée au contraire
car j’ai écrit une histoire vraie ! Par exemple, j’ai lu l’autobiographie de Rosa Parks en anglais. (Je crois
qu’elle est traduite mais je ne l’ai pas trouvée en français).
Moussa : Quand vous avez une idée, vous écrivez aussitôt sur une feuille et puis vous continuez ?
R.F : Oh toi tu dois écrire, je suis sûre que vous écrivez en secret. Une bonne idée est volatile, j’ai
toujours un carnet sur moi. En voici un, en voici un autre…(Raphaele sort des petits carnets de différents
formats et différentes couleurs). Et puis mes idées restent là, parfois elles ne deviennent rien d’autre, je
peux aussi les reprendre. J’écris toujours plusieurs histoires en même temps. J’ai toujours des endroits
où ranger mes idées.
Chaïma : Comment réagiriez-vous si un de vos enfants était confronté aux problèmes de vos livres ?
R.F : J’essaierai de comprendre, si un vigile m’appelait, je pense quand même que mon enfant passerait
un sale quart d’heure : Il faudrait parler beaucoup, savoir pourquoi il a agi ainsi. Sévir et parler ou parler
et sévir ? Ce n’est pas comparable le voleur et le harceleur. Si je découvrais que mon enfant est le
harceleur, je serais très en colère, très triste, déçue, peinée, hors de moi. J’irais à la police, comme Clara.
Mais cela ne peut pas m’arriver !
Akim : Comment choisissez-vous vos personnages ?
R.F : Mes personnages, ce sont eux qui me choisissent. Je les découvre en écrivant mon histoire. C’est
au fur et à mesure de l’écriture que je comprends mes personnages.
Mehdi : Pourquoi choisissez-vous ces thèmes ?
R.F : Ce sont des sujets qui m’intéressent, ce sont des sujets de société, je parle de sujets qui me
touchent. La question du racisme me dérange, j’écris une histoire dans laquelle je mets un personnage
en difficulté, je tiens les ficelles.
Randa : A quel âge avez-vous commencé à écrire ?
R.F : Quand j’étais à l’école primaire, j’adorais. Adolescente j’y ai passé beaucoup plus de temps. Pour
mes 14 ans j’ai demandé une machine à écrire.
Nazim : Vous l’’avez toujours ?
R.F : Oui, je l’ai toujours.
Eliès : Lisez-vous vos livres ?
R.F : je les lis quand je rencontre des enfants, je lis des passages ou des livres entiers quand ils sont
courts. Quand je publie, l’éditeur m’envoie des exemplaires des livres, alors je lis, je vois ce que c’est
d’être lecteur de mes livres. Quand j’ai reçu Tu serais une huître, il s’est passé quelque chose. J’ai appelé
mon personnage principal Myriam, je reçois mon paquet, je lis et je me dis c’est dingue car mon
deuxième prénom c’est Myriam. Sans le savoir j’avais appelé un de mes personnages par mon deuxième
prénom !
Mehdi : Cela veut dire que vous avez écrit une histoire sur vous ?
R.F : Cette petite fille me ressemble sans doute…
Moussa : Vos élèves savent-ils que vous êtes auteur ?
Je ne mélange pas tout. Je suis maîtresse, je fais mon travail de maîtresse. Je leur lis beaucoup
d’histoires.
Inès : Ecrivez-vous des histoires sur votre métier ?
R.F : Le prochain livre se passe dans les quartiers nord de Marseille. Et puis, il y a 5 ans, je travaillais
dans une classe de CE1. Dans ma classe, il y avait deux élèves amoureux qui s’écrivaient des petits
mots. Un jour la petite fille a laissé le petit mot ouvert sur sa table. Il était écrit : j’aime D et il m’aime
aussi, j’en ai la preuve, il a mis son doigt dans la flaque….et mon histoire commence ainsi.
Inès : Quel est votre livre préféré ?
R.F : J’en ai beaucoup, mon préféré c’est souvent le dernier que j’ai écrit alors c’est Vibrations. Mon
prochain s’appellera Poussés par le vent
Hakim : Quel est votre premier livre ?
R.F : c’est Un baiser de la figue
Moussa : Qu’est-ce que vous éprouvez quand vous écrivez vos livres ?
R.F : Quand j’écris je ressens un soulagement. Grâce à l’écriture je trouve des réponses, comme une
chasse aux trésors, une course d’endurance. A la fin il y a le trésor, cela me fait du bien.
Brahim : Avez-vous du temps pour votre famille ?
R.F : Oui j’en ai, je fais tout pour en avoir. Quelqu’un dans la création est accaparé par ce qu’il a à dire, il
est habité par cela. J’y pense beaucoup. A la maison on peut me reprocher d’être trop devant l’ordinateur
ou dans mes pensées…
Oulfa : Ecrivez-vous sur papier ou sur ordinateur ?
R.F : Les deux, j’écris dans mes petits carnets sinon j’écris directement sur l’ordinateur…
Je vais vous lire le début d’un de mes livres : Tu serais une huître…
« Parfois les maisons ont des noms. Celle de mes grands-parents, par exemple, s’appelle « la
Randonnière ». Chaque année, j’y passe le mois d’août avec ma sœur et mes cousins. C’est une maison
à la campagne, pleine d’araignées, de BD déchirées qui sentent le vieux papier, de coussins tricotés et
d’escaliers qui montent au grenier… »
La suite au C.D.I. …
3
Sonia, élève de 4e1et Raphaële Frier
Pour en savoir plus sur les livres de Raphaële Frier :
Vous pouvez regarder ce mini site sur internet: http://minisites-charte.fr/sites/raphaele-frier/

Documents pareils